ecusson1
ecusson1
Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr

Le moulin de Francherel à St-Germain-les-Arpajon

 

Cette chronique est la synthèse de documents recueillis sur ce moulin. Anciennement nommé Francherel et Fransureau, il fut ensuite appelé Boisselle. Madame Pluquet a publié, dans le bulletin de l’association Art et histoire du pays de Châtres, l'histoire de ce moulin. Le but de cette chronique est de rassembler les notes collectées.

 

J.P Dagnot - - Juin 2007, revu Juillet 2010, refondu Février 2015

 

tiré du plan d'Arpajon de 1731.

 

Les documents anciens

En 1239, Pierre de Châtres, seigneur, et Osanne sa femme, vendent aux "frères de l'hospital de Jérusalem" deux livres parisis qu'ils possèdent sur une portion du moulin "Fancherel". À la même époque, Girardus del Diluvio (Déluge) et Théobaldus del Diluvio, vendent un fief à Willy, au nord de la région parisienne, cette remarque pour confirmer l'erreur qui a persisté plusieurs siècles sur ces personnages et leur présence dans la région de Marcoussis!

 

 

 

Un autre achat par les mêmes "frères de lhospital", d'une autre partie du moulin dit de Flancharel, a lieu huit ans plus tard, vendu par Johanes Deus et Eva son épouse. L'année suivante, le moulin est arrenté à Thomas de Faucherel.

En 1249, Ansollus de Chastres fait un don manuel de deux setiers de bled se prenant sur le moulin de Fancherel de Chastres appartenant en partie au maistre et frères de l'hospital.

Les achats se poursuivent en 1276 par un autre achat de droits, Michalis, seigneur de la Norville, vend au trésorier et frères de l'Hôpital, des droits sur un moulin appelé Flancherel

En 1284, un vidimus d'acquisition d'une partie du moulin de Francherel, près de l'église Saint germain de Chastres, est fait devant Guillaume le Ferron, garde du seel de la prévosté d'Estampes, par noble homme Estienne de Quincampoix, procède à un échange but à but sans soulte avec "frère Jehan de Villers, mestre de l'Hôpital saint Jean de Jérusalem et avec les frères dudit Hôpital" pour 40 sous parisis de cens d'une portion dudit moulin...Passons sur le détail de cet acte fort long et retenons quelques noms, Jehan de Chastres, Ansel et Pierre d'Orsay seconds seigneurs du moulin, Guillaume de Chalo, Jehanne la Bricharde.

 

 

Le moulin au XIVe siècle

En 1307, la fameuse répression arrive et l'on peut conclure sans avoir vu une seule fois le terme Déluge que ce moulin appartenait non pas aux templiers mais aux hospitaliers parisiens.

Début 1376, Le résumé au dos d'un document résume: bail à rente du moulin a tan dict de Francherel avec le droit de pesche moienant seize sextiers de grain dont il y a huict sextiers trois minots pour Monsieur le commandeur de Sainct Jehan de Latran. Le recto donne le détail: devant le prevost de Montlhéri, Clément Gouju, tanneur demeurant à Chastres soubz Montlhéry et Jehanette sa femme, et Jehan Petit tanneur, demeurant à Linois soubz ledit Montlhéri et Jehanette sa femme, lesquels confessent par devant nous pris à toujours et perpétuellement pour le temps advenir, de religieux homme et honneste frère Pierre de Provins commandeur de lospital ancien de Sainct Jehan de Jerusalem à Paris et des appartenances dudit hospital, un moulin nouvel a battre tan, appelé le moulin de Francherel soubz Chastres estant de toutes parts avec ses aysances quelles que elles soient, tant de rivière, pescherie, ayant maison comme autre appartenance et tous les profits revenus, pour le prix et some de 16 sextiers de grain a payer chacun an, audit commandeur et à ses successeurs, dont il y a 8 sextiers 3 minots pour monsieur le commandeur, 3 sextiers au maistre de lospital de Chantelou, 7 minots aux religieuses dames et abesse du couvent de Saint Remy des Ladres, 1 minot au maistre et proviseur de la maladrerie de Chastres, 1 sextier au curé de Saint Denis de la Norville les Chastres, 1 mine au curé de Saint Germain de Chastres... Suivent les conditions classiques et nombreuses d'un tel bail à vie; on voit également que le moulin est grevé par plusieurs ordres. Madame Pluquet signale que ce moulin à tan, au XVIIe siècle, est situé de l'autre côté de l'Orge par rapport au moulin à eau. Ce lieu va donc comporter deux moulins, un à tan et un à blé.

 

 

Le moulin après la guerre de Cent Ans

Il faut attendre 1462, pour retrouver trace de moulin, le verso du document résume: moulin de Francherel cens quatre deniers parsisis, rente soixante sols pariris, bail à rente desdits; voyons le recto: devant le garde de la prévosté de Paris, Jehan Pinot et Hugues de Combes clercs de notaire en son chastellet de Paris, fut présent en sa personne Jehan Perier demeurant à Chastres soubz Montlhéry, lequel de son bon gré, pour son prouffit confesse avoir prins et retenu à tiltre de cens et rentes à toujours, de religieuse et honneste personne frère Regnault, licensié en droit, commandeur de l'Hospital ancien Saint Jehan de Jérusalem, fondé à Paris, à présent du Déluge et de Ballizy, qui au nom et pour ladite commanderie", baille à rente pour toujours, à Jehan Perier demeurant à Chastres soubz Montlhéry (Arpajon), "une place ou jadis soulloit avoir molin et ses appartenances nommé jadis le molin de francherel, avec le jardin d'iceluy et trois quartiers d'aulnoys et une chaussée, appartenant audit commandeur et lui estant advenu par décret par devant l'auditoire de la prévosté de Montlhéry .... chargé de quatre deniers de cens, oultre moyennant 60 sols parisis de rente annuelle et perpétuelle et non rachetable. Ledit preneur promet y réédifier un moulin bon et loyal, d'ici deux ans, le rendre tornant moullant... tenant icelle place à molin d'une part aux prés de lospital de Chantelou, du maistre de st ladre ... Notons que c'est le commandeur de l'Hôpital ancien, lui-même qui gère ce moulin comme quelques autres. Il s'agit du moulin à "bled".

Ces moulins comme beaucoup d'autres dans la région n'ont donc pas traversé la Guerre de Cent Ans. Pour retrouver des droits réels et substanciels, les bailleurs ont donc recours aux baux à vie ou à rente perpétuelle. Notons également que ce droit n'apparait pas dans le cueilloir du Déluge de 1473, puisqu'il relève directement du grand prieur.

 

 

Le moulin au XVIe siècle

En 1527, un titre nouvel rappelle le bail à vie fait en 1462; le verso du document reprend moulin de Francherel, Chastres cens 4 deniers parisis, rente 60 sols parisis, titre nouveau pour le paiement desdits cens & rentes. Le recto: devant Jehan de la Barre garde de la prévosté de Paris, par devant Jean Dupré et Hector Besenier notaires au chastellet de Paris, est comparu Audry Putier laboureur et meunier demeurant au moulin de Francherel près Chastres soubz Montlhéry, lequel recongnait et confesse qu'il est à présent détenteur et propriétaire:
- dudit moulin de Francherel et maison appartenances d'icelluy, tenant d'une part aux religieuses de sainct Eutrope,
- item troys quartiers d'aulnoys,
- et ung arpent et demy de chaussée ou environ, tenant au pré sainct Ladre, à Mr de la Bretonnière au chemin de Chastres à Corbeil, à la rivière,

en lesquels biens, noble et religieuse personne frère Guillaume Quynon, prieur de sainct Jehan en l'Isle lez Corbueil, commandeur de sainct Jehan de Latran à Paris, a droit de prendre et percevoir par chacun an le jour de la st Remy quatre deniers de cens et soixante sols parisis de rentes ...

Ce document confirme la gestion directe des droits du moulin par le commandeur de Saint Jean de Latran. En effet l'Hôpital ancien a été remplacé suite à une réorganisation de cet ordre. Le grand prieur se réserve toujours les droits des moulins baillés à vie, donc appartenant à des particuliers tant qu'ils versent la rente.

Notons un intitulé en 1534 , la visite des moulins de Falaise et de Franc Sureau, rivières et chaussées en dépendantes, près de Chastres en vertu de l'ordonnance du prévôt de Montlhéry, qualifié de garde des eaux, forests et gruerie de Séquigny.

Nous arrivons en 1585, dans un partage, Pierre Guillard marchand musnier demeurant au moulin de Franc Sureau paroisse de sainct Germain les Chastres , en son nom à cause de sa femme Marguerite Lesné, ... et consorts héritiers et détempteurs d'une maison cour jardin à Carouge...

Trois ans après, nous trouvons un nouveau meunier: Amagnon Lesné musnier demeurant à présent au moullin de Franc Sureau paroisse sainct Germain les Chastres, baille à tiltre de rente perpétuelle... un demy quartier de pré à Linois tenant au chemin de la rivière au moulin de Bizon. Le moulin a changé de propriétaire.

En 1595, notons l'acquisition devant Le Vacher tabellion de Chastres, par Estienette Guilleminot et Jehan Marin à Pierre Darras, esleu, la quantité de huit septiers de bled mestail à prendre sur le moulin de Franc Sureau siz sur la rivière d'Orge en la paroisse de sainct Germain lez Chastres...

Début 1598, Amagnyon Lesné, musnier demeurant à présent au moulin de Franc Sureau, paroisse st Germain lez Chastres, lequel de son bon gré baille à titre de rente annuelle, ... terres, ... demy quartier venant de l'acquisition faite de feu Nicolas Haniard ...

Peu avant la fin du 16ème siècle, Charles le Prince déclare qu'il a reçu d'une acquisition de défunte Estiennette Guilleminot la quantité de huit septiers de bled de rente perpétuelle sur le moulin de Franc Sureau en la paroisse de Saint Germain les Chastres et qu'il n'a aucun droit sur ce moulin qui relève du grand prieur de France à cause de sa commanderie Saint Jean de Latran.

 

 

Le moulin au XVIIe siècle

Fin 1618, Jehan Gougy, sergent royal, demeurant à Monlhéry, confesse avoir reçu de Jehan Lyenard musnier demeurant au moulin de Franc Suzeau, paroisse de st Germain les Chastres, 200 lt pour le remboursement d'une rente...

En 1620, un procès a lieu au chastellet de Paris entre Hiérosme Lemaistre, seigneur de Bellejambe, propriétaire du moulin Carouge concernant "la curure de la rivière" que Jehan Liennard jadis meunier au Carouge n'a pas fait correctement en quittant ce moulin. De ce fait, ce meunier, actuellement au moulin de Francherelle, s'engage "corps et biens " à payer 48 livres de dommages et intérest", et en ce cas la sentence restera nulle.

En 1631, relevons le bail à vie de la seigneurie du Déluge fait à noble Claude Couasse du Mesnil, seigneur du Portan, chevallier en dévotion dudit ordre St Jean de Jérusalem, estant de présent en ceste ville de Paris, logé dans ladite commanderie et acceptant par luy sa vie durant , la jouissance de la terre et seigneurie du Déluge, consistant en:
- chapelle, ...
( description de la seigneurie) ...
- item soixante sols parisis de cens et rentes deubs par chacun an sur le moulin Fransureau , assis près Chastres...

L'année suivante, le moulin est cité, Henri Antoine le Prince, rend aveu de la terre de la Bretonnière tenue du roy, notre sire, de monseigneur frère unique de sa Majesté à cause de son apanage à une seule foi-hommage du comté de Montlhéry. Ladite terre et seigneurie de La Bretonnière se consistant :
- En un château, cour, basse-cour, colombier, étables, granges et bergeries...
- Droit de minage et mesurage, hallage, plaçage et alouage, langaiage, forage et rouage, voirie, pêche et chasse, droit de garenne, censive et rentes évaluées à 26 livres tournois, 26 volailles sur plusieurs particuliers, et sur le moulin Francsureau, 4 poules, 2 chapons, un gâteau de f
leur de farine et un plat de poisson...

Notons en 1641, dans l'inventaire des titres de la châtellenie de Montlhéry, la pêche sur la rivière d'Orge depuis Châtres ...

En 1666, le moulin change de nom et devient le moulin de la Boiselle. D'après Topics Topos, au XVIIe siècle le bâtiment comporte trois niveaux : au rez-de-chaussée se trouve la cage du moulin, le mécanisme et la cuisine du meunier, au premier étage une grande salle et une chambre à feu, et au troisième un grenier, où étaient entreposés les sacs de grains.

 

 

Le moulin au XVIIIe siècle

Ce moulin était possédé en 1777 par Monseigneur Philippe de Noailles duc de Mouchy marquis d'Arpajon et comte de Montlhéry . Il était aussi propriétaire en amont des moulins Cerpied et Picot et en aval des moulins de la Boiselle et de Falaise sur la paroisse st Germain.

En 1781, devant le notaire d'Arpajon, le fondé de pouvoir de Noailles Mouchy a affermé pour neuf années les moulins de St Germain et de la Boisselle.... au citoyen Nicolas Chevalier, meunier demeurant au moulin de Boisselle, le bail fait moyennant :
- 2200 livres de fermage,
- 6 journées de voiture à quatre chevaux,
- six canards...

Deux années après, nous retrouvons Nicolas Chevalier, marchand meunier au moulin de la Boisselle, prend à bail 20 arpens de terres labourables, à révérente dame Jeanne Buquet supérieure du couvent et monastère royal de St Eutrope les Chanteloup, moyennant 300 livres.

La Révolution arrive, Philippe de Noailles est enfermé lors de la conspiration des prisons puis est guillotiné en l'an 2. Ses héritiers émigrent et leurs biens sont confisqués et vendus en l'an 4.

Au bureau des ventes, le 11 messidor, une soumission par les citoyens Claude Joseph Coeurdevey et René Aubert Tisserand est faite aux citoyens administrateurs du département de la Seine-et-Oise: Citoyens, le 21 prairial dernier nous avons soumissionné, tant à Arpajon qu'à Saint Germain, les objets suivants :
- potager du chateau,
- deux moulins logement et jardin,
- .....,
le tout situé en la commune de St Germain provenant des héritiers Noailles Mouchy, émigrés. Egalement soumission du chateau, cour, parc, avec dépôt de 120.000 livres.
Exposent que la soumission d'un des moulins, Falaise, proche la maison principale doit être rejetée vu la faiblesse de la soumission du citoyen Binet .
- en outre que le moulin appelé de Boiselle soumissionné avec 11.000 livres doit si l'on est sage doit être réuni à la présent demande.

En frimaire an 5, une pétition des sieurs Tisserand et Courdevey, propriétaires à Arpajon et St Germain. L'acte de vente passé à leur profit pour deux tiers:
1°) dans deux moulins à eau, l'un appelé le moulin de st Germain ci-devant dit La Falaise, et l'autre de la Boisselle, leurs batiments jardins et dépendances,
2°) dans le ci-devant chateau de st Germain avec ....
lesdits pétitionnaires veulent entrer en possession de leur acquisition...

Notons en l'an 10, l'acquisition du dernier tiers.

Fin prairial an 12, de nouveau une pétition des sieurs Tisserand et Courdevey propriétaires à Arpajon et St Germain. Après examen le directeur de l'enregistrement estime qu'il y a lieu d'expédier un mandat de 2.073 frs pour solder les acquisitions.

 

 

 

Le moulin de 1842 à nos jours

Notons en 1842 la constitution du règlement du moulin par ordonnance royale. À cet effet la création de deux déversoirs et d'une deuxième vanne de décharge sera imposée (topic).

En 1847, le propriétaire se nomme Hache.

 

Vue du moulin au début du XXe siècle.

 

Toujours selon Topics, vers 1850, aprés un incendie, un quatrième étage est rajouté; il permettra d'installer les "nouvelles techniques" : le tatare et le blutoir. Un moteur à pétrole est installé et vient seconder la force hydrolique. En 1922, l 'activité meunière cesse et un an plus tard le moulin devient une annexe de l'usine de chaussures d'Arpajon "Les chaussures maison". En 1927, s'installera
"Les chaussures Devos", puis en 1932 "Les cordonneries de la Boiselle". Il a été racheté en 1968 par la mairie de Saint-Germain-les-Arpajon qui l'utilise pour des activités culturelles, le club des anciens occupe le rez-de chaussée et le premier étage; Ensuite la commune vend le tout sous forme de bail emphithéotique à une société immobilière EMMAX IMMO. Des travaux sont réalisés pour réaliser un local de boulangerie et des appartements au dessus. Le boulanger n'est toujours pas arrivé...