Le fief du Clos Gaillard |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _---------------------------------- Février 2009 Plan terrier de La Ville-du -Bois (1782).C. Julien
Cette chronique relate une partie de l'histoire du fief du Clos Gaillard qui, sous l'Ancien régime, était situé sur la seigneurie de La Ville-du -Bois. Le territoire de La Ville-du-Bois ne constituait pas un fief unique, mais était, comme partout, morcelé en une multitude d'arrière-fiefs et censives placés sous la juridiction éminente du seigneur de Marcoussis. En parlant de La Ville-du -Bois en 1756, l'abbé Lebeuf dit que ce lieu est devenu plus considérable que Nozay, la paroisse-matrice, à cause « du voisinage du grand chemin de Paris à Orléans et la facilité d'avoir de l'eau ». Puis, décrivant les lieux, l'historien écrit « le bas du coteau est sablonneux, on y voit beaucoup de vignes ». C'est un fait bien établi que La Ville-du-Bois était un village où le vignoble dominait, d'ailleurs le plan d'intendance, dressé en 1785, indique que la surface plantée en vignes atteint 274 arpents 96 perches dont les 9/10èmes sont situés sur le terroir de La Ville-du -Bois. Le nom « Gaillard » a donné plusieurs toponymes tels : le lieu-dit « champtier Gaillard », la « voye du Petit Chemin de Gaillard » nommée dans un bail à cens de 1529, le « ru de Gaillard » ruisseau aujourd'hui oublié qui, prenant sa source sur les graviers de La Ville-du -Bois, se mêle aux eaux du Mort-Ru du côté du Mesnil, le « chemin de Gaillard » qui fut prolongé jusqu'à la route royale en 1724. Enfin, le « lavoir Gaillard », démoli en 1953, était alimenté par la source même du ru.
Le fief du Clos Gaillard Comme l'indique le plan de la " Terre et Seigneurie de Nozay et La Ville-du -Bois faisant partie de la châtellenie de Marcoussis ", dressé par le géomètre Dubray en 1781, la terre et fief du Clos Gaillard était comprise dans la haute justice de Nozay et La Ville-du -Bois. C'était un arrière-fief du chapitre de la collégiale Saint-Merry de Linas. Le dimanche 15 octobre 1724, une assemblée des habitants de La Ville-du-Bois est réunie à la sortie de la messe, au sujet des réparations à faire au ru de La Ville-du -Bois servant de lavoir, au chantier Gaillard, en la censive du chapitre de Linas. Le lendemain, la délibération des chanoines de Linas « capitulairement assemblés au son de la cloche en la manière accoutumée » concerne la question du ru et du lavoir que les habitants de La Ville-du-Bois font construire dans le chemin qui conduit du grand chemin à La Ville-du -Bois, chantier Gaillard, en la censive du Chapitre. Nous ignorons la date d'acquisition du chantier du Clos Gaillard par le chapitre de Linas, mais nous pouvons supposer une donation pieuse quoique bons nombres des biens possédés par les chanoines de Saint-Médéric l'étaient par achat. Nous savons qu'une décision capitulaire de 1236 avait attribué à la prébende du doyen Robert, le cens que percevait le Chapitre « apud Fontem Gallardi » qui est la source du ru de Gaillard à La Ville-du-Bois. L'inventaire des titres « Littere de possessionibus et redditibus quos vel quas habemus apud Villam Bousen et loca circiter adjacentia » montre que les chanoines avaient constitué un vignoir, puisqu'un acte de 1275 notifié par Jean Roussel, prévôt de Montlhéry, concerne la vente faite par « Ode de Saint-Merri de Linais » et Isabelle, sa femme, à Philippe Pâté, clerc chanoine de Linas, d'une vigne à « Villebousein », en la censive du Chapitre. Il s'agirait du vignoble du Clos Gaillard, proche les Graviers de La Ville-du -Bois . Outre la seigneurie ecclésiastique de Linas, la communauté composée du doyen, du chantre et des chanoines, possédait de nombreuses terres qui étaient affermées dans le Hurepoix. Ainsi, un acte notarié du 23 janvier 1602 mentionne un bail passé par les chanoines de terres à Villebouzin, chantier de Morru, « sur le vieil chemyn des Noies de Belle Dames », au terroir de Longpont, lieudit le « Buisson Chandellier », et au chantier dit « le Fondrée, sur le chemin qui tend de l'église Saint-Merry à Bizon », au terroir de Linas, près l'église, au chantier de « la Croix-Cosson », au lieudit « Saint-Ladre », tenant, d'une part, au ruisseau qui descend de la « Gouttière », au lieudit « Chupin », tenant, d'un bout, au chemin qui tend de Saint-Ladre à Marcoussis, au chantier dit « Champ de Merle », tenant au chemin de Saint-Ladre à Marcoussis. Alexis de Tocqueville expliquant « Pourquoi les droits féodaux étaient devenus plus odieux au peuple en France » écrivait à propos des biens du clergé « On sait que les seigneurs ecclésiastiques jouissaient des mêmes avantages; car l'Église, qui avait une autre origine, une autre destination et une autre nature que la féodalité, avait fini néanmoins par se mêler intimement à elle, et, bien qu'elle ne se fût jamais complètement incorporée à cette substance étrangère, elle y avait si profondément pénétré qu'elle y demeurait comme incrustée. Des évêques, des chanoines, des abbés possédaient donc des fiefs ou des censives en vertu de leurs fonctions ecclésiastiques ; le couvent avait, d'ordinaire, la seigneurie du village sur le territoire duquel il était placé ». À La Ville-du-Bois, au XVIIIe siècle, nous trouvons le seigneur laïc haut justicier en la personne du seigneur de Marcoussis et une multitude d'autres seigneurs dont des communautés ecclésiastiques possédant des arrière-fiefs: les bénédictins de Longpont, les célestins de Marcoussis, les chanoines de Linas, le prieur de Saint-Pierre du château de Montlhéry, les religieux de Saint-Eloy. Tous percevaient des droits de censives et des rentes foncières. Le registre terrier de 1523 concerne les « Papiers des cens, rentes, terres, préz, boys et autres droictz appartenant aux Doyen et Chappitre de l'église collégial Monsieur Sainct-Merry de Lynois soubz Montlehéry ». Parmi les cens perçus par le Chapitre, il y a ceux à « Caillart sur noble homme Jaques Helegrin, sieur de Villebousin ». Il s'agit de droits féodaux sur le chantier du Clos Gaillard à La Ville-du -Bois.
Le vignoble des chanoines Depuis l'arrivée des moines clunisiens de Longpont au XIe siècle, la plus grande partie cultivée du terroir de La Ville-du -Bois était occupée par les vignes. Situé sur le rebord du plateau de Nozay, la petite plaine de La Ville-du -Bois présente un sol constitué par un mélange argilo-calcaire filtrant grâce aux cailloux, autrement dit la « terre à grouette ». D'ailleurs le toponyme du lieu-dit « les Graviers » désigne bien la nature du sol propice à la viticulture. Le Clos Gaillard situé à proximité du pavé royal de Paris à Orléans est un terrain relativement plat d'une contenance d'une dizaine d'arpents au plus (2). Pour cette terre les chanoines rendaient foy et hommage au seigneur de Marcoussis. Dans un traité d'agriculture du XVIIe siècle, nous lisons « En général pour planter vigne, qui puisse proffiter à l'abondance et bonté du fruict, faut que la terre soit facile, aisée, subtile, et moyennement meuble : non pas que telle terre soit seule bonne pour vignes, mais pource qu'elle est la propre et convenable aux vignes. Les terres glaireuses, pierreuses, ou grouetteuses et graueleuses, et qui ont force cailloux ou argile en fond, et couverts de terre, sont bonnes, pourveu qu'il y ait de la terre grasse parmy, et qu'elles soyent souvent rafraichies de labeur jusques à leur grouette. En terre glaireuse, argileuse et forte, le premier labeur doit estre assez profond, tel terroir veut trois labourages pour le moins. Tels lieux produisent vins forts et délicats, mais icelles qui ont les pierres ou cailloux en haut en grande quantité, ne sont propres pour la vigne, à cause qu'elles musent l'esté pour la chaleur qu'elles reverbèrent et en hyver à cause de leur froideure excessive… ». Le terroir de La Ville-du-Bois, adossé au sud-est du coteau boisé, possède une orientation privilégiée également favorable à la culture de la vigne qui demande un air plus chaud « elle s'esjouyt d'un petit vent doux et gracieux, et veut estre tournée vers l'orient ou le midy… ». Abrité des vents dominants par les massifs de Saint-Eloy et de Joncs-Marins, la petite plaine possède aussi un sol sablonneux « aussy le lieu sablonneux luy est propre, qu'il rend le vin au gout assez délicat si elle est secouruë de fumier ». Le prieuré Notre-Dame de Longpont était le gros décimateur à La Ville-du-Bois, et, à ce titre prélevait toute la dîme de vin. Au XVIIIe siècle, la dîme du vin, elle était la suivante : « 2 pintes par barrique mesure de Montlhéry» ou « 10 pintes de vin par chacun arpent de vigne» sauf à Montlhéry, Linas et Marcoussis où elle n'était que de 8 pintes; l'on trouve également 36 livres pour 100 arpents. La plus répandue était 10 pintes par arpent de vigne. Elle avait surtout pour but d'éviter la fraude par fausse déclaration (1). À raison de 20 livres tournois le prix moyen de vente du pinçon de vin rouge, l'assiette, calculée en 1719 sur cette base, équivalait donc à une somme de 25 sols tournois l'arpent à raison de dix pintes l'arpent. La dîme de vin prise sur le terroir de La Ville-du-Bois était très productive puisqu'elle rendait 4 queues qui font 1.600 litres de vin. En 1601, une sentence de Jean Porteau, prévôt de Montlhéry, était rendue contre plusieurs vignerons de Linas, portant que le Chapitre sera payé à l'avenir du droit de dîme de vin à raison de huit pintes de vin par arpent de vigne.
Les vignerons de La Ville-du-Bois Le chantier de La Fosse aux Moines était en partie le vignoble de La Ville-du -Bois. Sur le registre terrier du prieuré Notre-Dame de Longpont commencé en 1529, on trouve le nom des censitaires, vignerons de La Ville-du-Bois : Gervais Froissant, Innocent et Jean Harragne, Nicolas Lebas l'aîné, Jean Lebas l'aîné, Jean Lebas le jeune, Colas Lebas le jeune, Albert Lebas, Henri Picquet, Arthur Petit, Etienne Barbier, Jean Caiger, Pierre Bignault. La veuve d'Henri Puyvert, Jeanne Lebas, avait aussi quelques ceps de vigne à cet endroit. Les frères Robert, Antoine et Denis Rousseau possédaient des vignes à La Ville-du-Bois au chantier des Trous appelé parfois Guéderon . Leurs cousins étaient tous vignerons ; il y avait Colas, Guillaume, Antoine et Jean Rousseau le Jeune dit Loche. Situé sur le coteau oriental des bois de Saint-Éloy, le vignoble de La Ville-du-Bois s'étendait sur les Therouennes, les Trous, les Vallées et les Graviers descendant jusqu'à la grande route d'Orléans. Ici, les paysans de Nozay avaient leurs vignes; ils partaient tôt le matin et empruntaient la voie Menuesse et le chemin de la Procession et « descendaient à la Villedubois » pour aller travailler leurs vignes. Jean Lemoyne l'aîné comme Denis Rousseau allait souvent au chantier des Graviers. Aux Trous, on pouvait voir aussi Denis Trousseau et sa marmaille. Le chantier des Vallées était fréquenté par les enfants de feu Charlot Asselin qui cultivaient ici quelques ceps pour la consommation familiale. Au lieu-dit les Doilliers, Michel Martin l'aîné entretenait aussi quelques quartes de vigne. Le terrible hiver 1709 eut des répercutions importantes sur l'économie agricole de la région de Montlhéry puisque tous les blés d'hiver gelèrent en terre. C'est le 7 janvier que commença l'un des plus terribles froids dont on a gardé le souvenir, un hiver, comme dit Saint-Simon, qui « fut de deux mois au-delà de tout souvenir ». Si les documents de La Ville-du-Bois sont muets à ce propos, ceux de Longpont sont plus loquaces. Voilà ce que le curé de Longpont écrivit : « L'an 1709, le 16 février, a été inhumé dans le cimetière de cette église, le nommé Claude Bihory, jardinier de cette paroisse, dont le corps a été trouvé mort dans les vignes du vignoble de la Ville-du-Bois, à cause des neiges et du grand froid ».
Les censitaires du Chapitre de Linas C'est l'inventaire des titres du chapitre de la collégiale Saint-Merry de Linas qui nous renseigne sur les censitaires de La Ville-du-Bois, les vignerons qui passent des baux à cens et rentes pour les lopins de terre qu'ils cultivent « au champtier du Clos de Gaillard ». Le 12 novembre 1667, un bail à nouveau cens et rente est passé devant Josse, notaire à Montlhéry par Messieurs du chapitre de Linois au profit de Vincent Trouillet demeurant à Villebouzin, d'un demy quartier de terre scis au terroir de la Villedubois , champtier du Clos Gaillard, moyennant 2 sols de cens et 15 sols de rente payable annuellement le jour de saint André. Devant Leroy, notaire à Montlhéry, un titre nouvel est passé le 25 mars 1685 par Denis Bouquet, vigneron au Mesnil et autres solidaires, au profit du chapitre de Linois, de 2 sols de cens et 15 sols de rente düe annuellement le jour de saint André à prendre sur un demy quartier de vigne assis au terroir de La Ville-du-Bois, champtier du Clos Gaillard. Chez le même notaire, le 12 mai 1717, un titre nouvel est passé par Marguerite Simon, veuve de Louis Trouillet, au profit de Messieurs du chapitre de Linois, de 2 sols de cens et 15 sols de nouveau cens annuellement le jour de saint André à prendre sur un demy quartier de vigne assis au terroir de La Ville-du -Bois, champtier du Clos Gaillard. Le 20 janvier 1754, c'est Louis Trouillet, vigneron à La Ville-du-Bois qui passe un titre nouvel pour douze perches et demie de terre au Clos Gaillard, chargé de 2 sols de cens et 15 sols de rente foncière. Le dimanche 2 mai 1784, à la sortie des vêpres, François Cossonnet et sa femme Elisabeth Trouillet, ainsi que Eutrope Rousseau et Antoine Carré, tous vignerons demeurant à La Ville-du -Bois, sont solidaires pour passer un titre nouvel de 15 sols de gros cens payable le jour de saint André à prendre sur un demy quartier de terre au terroir de la Villedubois , champtier du Clos Gaillard tenant d'un côté aux mineurs Denis Dauphin, d'autre à la veuve Toraille, d'un bout vers nord au chemin de la Villedubois au grand chemin royal de Paris à Orléans et au château de Villebouzin et d'autre à Simon Martin (3).
Au cours du temps, de nombreuses rentes foncières avaient été constituées au profit de « Messieurs le vénérables religieux, doyen, chantre et chanoines de l'église collégialle de Saint-Médéric de Linois ». D'une manière classique, la rente était assise sur les terres et les vignes. Ainsi, nous trouvons des rentes sur toutes les parcelles du Clos de Gaillard. En empruntant la définition au célèbre Pothier, nous dirons que « le bail à rente foncière est un contrat par lequel le bailleur cède en propriété un héritage ou quelques droits immobiliers, sous la réserve d'une rente annuelle soit en argent soit en denrées, soit en quotité de fruits, à la prestation de laquelle le preneur s'oblige tant qu'il possèdera l'héritage ou les droits immobiliers concédés ». Irrachetables sous l'Ancien régime, les rentes foncières ont été déclarées essentiellement rachetables par les lois des 3 novembre 1789 et du 29 décembre 1790 (4).
La rente foncière de la famille Robin Le 4 mars 1653, un bail à rente est passé par Guillaume Duhüe, tixier en toile demeurant à Linois et marie Mesnard sa femme au profit de Mathurin Carré, vigneron à La Ville-du-Bois et sa femme, « de plusieurs pièces de terres scituées au terroir de la Villedubois en différents champtiers, ledit bail fait moyennant 13 livres tournois de rente payable annuellement le jour de saint Martin d'hiver ». Le 24 janvier 1664, Guillaume Duhüe, tixier demeurant à Linois et marie Mesnard sa femme, transportent le bail à rente au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 6 livres 10 sols de rente düe annuellement le jour de saint Martin d'hiver par Mathurin Carré, vigneron à La Ville-du-Bois à prendre sur plusieurs héritages. Le 7 janvier 1683, un titre nouvel est passé par Jullien Robin, vigneron à La Ville-du-Bois, en son nom et comme tuteur de Jean Robin, son fils, au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 6 livres 10 sols de rente düe annuellement le jour de saint Martin d'hiver par Mathurin Carré, vigneron à La Ville-du-Bois à prendre sur un quartier et demy de vigne scis au terroir de La Ville-du-Bois en trois pièces. La première d'un demy quartier au champtier des Couquaines, la seconde d'un autre demy quartier au champtier des Gaudrons et la troisième aussy d'un demy quartier au champtier des Trous. On comprend ici le morcellement extrême des terres à La Ville-du-Bois ; en prenant l'arpent de Paris de 100 perches ( 18 pieds pour perches) valant 3.419 centiares, ainsi chaque pièce de vigne contenait 430 m2 environ. Le 12 juillet 1717, un titre nouvel est passé par Jean Robin, vigneron à La Ville-du-Bois, au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 6 livres 10 sols de rente düe annuellement le jour de saint Martin d'hiver, à prendre sur plusieurs héritages scis au terroir de La Ville-du-Bois. Le 14 avril 1749, un titre nouvel est passé devant Bedée, notaire royal à Montlhéry, par Germain carré, marchand, et Marie Anne Dauphin sa femme, Germain froissant, François Brou et leurs femmes, au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 6 livres 10 sols de rente foncière düe annuellement le jour de saint Martin d'hiver, à prendre sur un demy quartier de terre au terroir de La Villedubois , champtier des Gobelets, une quarte et demye de terre audit terroir, champtier des Renaudins, un demy quartier de terre audit terroir, champtier des Guedrons et un autre demy quartier audit terroir, champtier des Trous.. En 1789, le cueilloir du chapitre de Linas mentionne les noms des censitaires : Jean Froissant, garde de l'Hôtel de Ville de Paris, demeurant à La Ville-du-Bois ; Fiacre Cossonnet dit Lemoine, vigneron à La Ville-du-Bois.
Les rentes foncières au Mesnil Non loin du Clos de Gaillard, le chapitre de Linas possédait des rentes foncières au Mesnil, paroisse de Longpont. Nous donnons ici ces baux passés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le 20 novembre 1612, un bail à rente est passé par Messire Antoine Lanouillier, procureur à Montlhéry, au profit de Jean Denis, vigneron à Villebouzin, d'une maison, cour, jardin assis au Mesnil tenant d'une part et d'un bout à Martin Bussier, d'autre part à Pasquier Peuvrier l'aîné et d'autre part sue la rüe du Mesnil, une quarte de terre scise proche Le Mesnil lieu-dit le Colombier tenant d'une part à Pierre Dubois, d'autre à Michel Peuvrier à cause de sa femme d'un bout à Pierre Caron et d'autre bout audit Bussier et autres. Ledit bail fait moyennant 8 livres 10 sols de rente payable annuellement le jour de Noël. Antoine Lanouillier vend une rente foncière au profit des chanoines de Linas. La transaction de 15 livres 15 sols tournois de rente en deux parties a lieu le 20 janvier 1619. C'est « à sçavoir l'une de 7 livres 5 sols düe sur Jacques Cordeau, vigneron de Linois, chacun an le jour de saint Martin d'hiver, et l'autre de 8 livres 10 sols düe par Jean Denis, vigneron au Mesnil chacun an le jour et fête de Noël. Ladite vente faite moyennant 305 livres ». Un titre nouvel est passé devant Divry, notaire à Montlhéry, le 16 janvier 1656 par Jean Denis, Jean Mezouille et Philippes Denis sa femme et autres, au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 8 lt 5 st de rente düe annuellement le jour et feste de Noël à prendre sur les héritages scis au Mesnil. Le 2 janvier 1668, Jean Mezouille, vigneron à Villebouzin, Jean Moreau tuteur de Louise Denis et autres, tous solidaires passent titre nouvel au profit de Messieurs du chapitre de Linois de 8 lt 5 st de rente foncière à prendre sur une maison scise au hameau du Mesnil. Puis, Jean Moreau et Thomas Denis, vignerons au Mesnil passent un titre nouvel le 1er mai 1680 pour cette rente foncière. La même rente de 8 lt 5 st est encore assise sur la maison du Mesnil quand le sieur Nicolas Dubois, bourgeois de Paris passe un titre nouvel au profit des chanoines de Linas. Ainsi les bourgeois de Paris à la recherche de biens fonciers dans les environs s'installent dans la région de Montlhéry. Le 30 juillet 1735, un titre nouvel est passé par Claude Le Maréchal, bourgeois de Paris, Jacques Peuvrier, vigneron et Claude Denis, aussy vigneron à Villebouzin, au profit du chapitre de Linas de 8 lt 5 st de rente foncière payable le jour de Noël à prendre sur un quartier de terre situé au Mesnil à présent enclavé dans le parcq dudit sieur Le Maréchal et sur trois quartes de vigne au Mesnil. Un titre nouvel est passé devant Le Roy, notaire à Montlhéry, le 22 avril 1693 par Alexandre Gouffier et Françoise Boutry, sa femme, au profit du chapitre de Linas, de 4 livres des rente foncière düe annuellement le jour de saint Martin d'hiver à prendre sur trois quartiers de terre au terroir du Mesnil champtier dit Le Boulay. Le 7 novembre 1705, un titre nouvel de la même rente est passé par Jean Gouffier, Denis Dauphin et Marguerite Nion sa femme et autres. La terre reste dans les mains de la famille Gouffier puisque le 30 juillet 1735, ce sont les frères Jean, Alexandre et Jeran-Baptiste Gouffier, vignerons demeurant à Longpont qui passent un titre nouvel au profit du chapitre Saint-Merry. Après le décès de Jean Gouffier, sa veuve Elisabeth Finet et leur fils Jean passe titre nouvel pour la même terre au chantier du Boulay, près du moulin à vent. Puis, le 24 décembre 1786, un titre nouvel est passé par François Alexandre Poigneux et Marie-Elisabeth Gouffier, sa femme, Louis Dominique Gouffier, mineur, Nicolas Gouffier, Jean-Antoine Gouffier, Jean-Claude Gouffier et Jacques Gouffier, tous vignerons demeurant à Longpont, au profit de Messieurs du chapitre de Linas, de 4 livres de rente foncière payable le jour de saint Martin d'hiver à prendre sur trois quartes de terre au terroir du mesnil, chantier du Boulay, un quartier de terre au même chantier et un autre quartier au chantier des Villarceaux.
Notes (1) À La Ville-du-Bois, on conservait le vin dans des futailles qui portaient le nom de pinçon contenant 223 litres 20 centilitres. La pinte dite de grand chapitre, mesure de Montlhéry valait 1 litre 40 centilitres. Un pinçon équivalait donc environ à 160 pintes . (2) On peut remarquer sur le plan terrier « l'ancien chemin royal » qui, suivant le tracé de la voie romaine conduisait le trafic routier au travers la ville de Montlhéry par la porte de Paris et la porte Baudry. Le nouveau tracé qui échappait à la montée de la rue Fromagère date du milieu du XVIIIe siècle. (3) Il faut comprendre la terre qui appartient au seigneur de Villebouzin. (4) L'embarras des législateurs de 1789 fut immense quand il fallut démêler la rente seigneuriale de la rente foncière. En pleine période montagnarde (septembre 1793), le Comité de Législation proposait que toutes les rentes seraient réputées « purement foncières quelles que soient les qualifications qu'elles aient eues originellement », à cause que les notaires avaient utilisés à tort l'expression « cens et rentes ».
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