Le moulin de l'Abbaye à Gif (5) (1725-1755) |
|||
Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _-----------------------;;;--___--octobre 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr
C.Julien JP. Dagnot
Cette chronique est le cinquième volet de l'histoire du moulin de l'Abbaye à Gif-sur-Yvette, qui, sous l'Ancien régime, appartenait aux « dames abbesse, religieuses et couvent de Notre-Dame du Val de Gif » comme il est dit dans les documents anciens. Après avoir décrit les baux du XVIIe siècle, nous sommes arrivés sous le règne de Louis XV.
Le moulin au XVIIIe siècle Un mémoire fut rédigé au XVIIIe siècle par le receveur et procureur pour être consulté par les religieuses de l'abbaye royale du Val de Gif. « Cette abbaye possède un moulin sur la rivière d'Yvette au bas des murs de leurs jardins. En remontant la rivière, il y a un autre moulin nommé Jommeron appartenant à la seigneurie de Courcelles. Le seigneur de ce moulin prétend que parce que le moulin de Jommeron est souvent engorgé l'abbaye est obligée de faire faire un glacis sur la rivière au-dessus de son moulin : ce qui souvent luy déroberoient l'eau et l'empêcheroit de tourner. Aussi le meunier de l'abbaye prétend bien que si la demande a lieu il demandera des dédommagements . Le seigneur de Courcelles prétend qu'il y a eut autrefois un glacis au-dessus du moulin de l'abbaye ce dont on ne convient pas et aucuns des anciens ne se souvient d'y en avoir vû. Ce moulin est au milieu de terres et de prés appartenant à l'abbaye par fondation et dotation royale et les personnes qu'on a déjà consultées assurent qu'on ne peut l'obliger à déprimer son moulin pour remédier à l'engorgement de celuy de Jommeron dont le maître y peut remédier autrement. « L'abbaye qui possède ce moulin depuis plus de 600 ans, n'a jamais rien innové dans sa position et ainsy il paroit qu'elle ne peut être contrainte à mettre les choses dans l'état où elles n'ont pas été précédemment. Il n'en est pas ainsy du moulin de Jommeron et autres dépendants de la seigneurie de Vaugien, où de celle de Courcelles. On a chargé le diamètre des roues pour faire tomber l'eau dessus, au lieu de la prendre par-dessous. Il semble que c'est donc bien plutôt au seigneur à remettre ses moulins dans l'état ancien et qu'il ne peut exiger que le moulin de l'abbaye soit privé de l'eau qui lui est nécessaire ».
Le pont du moulin Un mémoire déposé aux archives concerne le pont du moulin de l'abbaye de Gif sur l'Yvette que les religieuses veulent reconstruire. Des oppositions se font jour, et le procureur pose une question centrale : « sçavoir si ce pont qui a toujours servi pour les harnois, charrettes et carrosses peut le réduire par ladite abbaye pour les gens de pied et de cheval seulement ? ». Première raison . Le chemin du moulin de l'abbaye de Gif n'est pas un grand chemin royal pour aller d'une ville à une autre, et par où passent les coches et autres voitures publiques pour la commodité des foires et marchés des lieux circonvoisins, mais seulement un chemin Daizana pour la commodité de ladite abbaye à son moulin et pour celle des parents et amis des dames Religieuses, qui y passent quelquefois on esté pour venir les voir. Seconde raison . Le grand chemin pour passer du haut pays par le vallée, est à Grignon assez proche dudit moulin de l'Abbaye, vis-à-vis du bourg de Gif et passant au milieu, c'est un chemin pavé à pont et à chaussée de pierre, par où toutes les voitures passent commodément, ainsy les habitants dudit bourg de Gif, qui sont les seulz qui pourroient prendre quelques intérestz à la réduction du pont dudit moulin, dont plus que suffisamment dédommagez par celuy de Grignon, qui est leur véritable et direct passage. Troisième raison . Mesdames les abbesse et Religieuses de ladite abbaye sont dames de la rivière, du moulin et dudit chemin comme faisant partye de leur fief, terre et seigneurie de Damiette. Ainsy par toutes ces raisons, elles sont en droit de réduire leur pont de la manière qu'elles jugeront à propos, le Roy, ny le public n'y étant point lézés. Cependant, on prétend que le public est en possession immémoriale de faire passer sur ce pont tous les harnois et charrettes, et que cette possession est confirmée à cause du voisinage de Versailles, et que Monseigneur le Dauphin venant quelquefois chasser dans le pays, il y pourroit passer avec ses équipages. Mais, il semble que toutes ces raisons ne sont pas capable de détruire le droit incontestable qu'a l'abbaye de faire de son pont ce qu'elle voudra, reste à examiner si elle a autant d'intérest, que de droit, à réduire ce pont de la manière que le propose la mère à Hernard. Son dessein est de le réduire d'une largeur, à n'y passer que les gens de pied et de cheval, avec les bosses de charges, et mesme la chaize roulante et les tombereaux de l'Abbaye, mais comme la chaize et les tombereaux ont la mesme voye que les carrosses et mesme que les charrettes, à un demy pied près, il semble que ce demy pied d'épargne de largeur, sur deux toises de longueur, que contient le pont, ne mérite pas qu'on ne change la situation ordinaire, et que l'on donne atteinte à la charité que l'abbaye exerce envers le public depuis tant d'années, ainsy le dessein tombe de luy mesme fondé sur une si petite économie, et sur un intérest si léger, outre que l'esperon qui soutient le pont et qui est de bonne pierre est de largeur a y bâtir pour passer charrettes ; c'est pourquoy fondé sur le principe de charité, sur l'intérest mesme de l'abbaye, et sur le sage avis de l'apostre, qui dit que tout ce qui est permis, n'est pas quelquefois bon à faire, j'estime que l'on peut laisser le pont en la manière qu'il est, en le faisant raccommoder, quand besoin sera.
Le meunier Jacques Lebrun fils En 1725 la veuve Le Brun fait rétrocession à son fils du bail du moulin de l'Abbaye « Pardevant Louis Deniset, principal notaire et tabellion des villes, baillage de Chevreuse soussigné furent présentes dames Marie Éléonore de Béthune d'Orval, abesse, Marie Anne Françoise de Pouchat de Ségur coadjutrice, sœurs Louise Feydeau prieure, Marie Thérèse de Miramion souprieure, Françoise Pasquier, Marguerite de Vallon de Couvrelle, Louise de Beaulieu, et Anne Antoinette Fréret dépositaire, toutes religieuses professes de l'abbaye royale…assemblées en leur parloir de Saint-Joseph lieu ordinaire pour délibérer de leurs affaires, d'une part, et Marguerire Jamart, veuve de deffunt Jacques Le Brun, vivant marchand meunier du moulin de ladite abbaye paroisse de Gif, elle mendinère du même moullin y demeurante estante de présent en ladite abbaye audit parloir, d'autre part. Laquelle veuve Le Brun auroit dit qu'elle ne seroit plus en l'estat de faire valoir ledit moulin et qu'elle désireroit pas conséquent le cedder à son fils cy après nommé, c'est pourquoy a esté fait ensemble ce qui suit. C'est à sçavoir que ladite veuve Le Brun du consentement desites dames abbesse, prieure et religieuses a par ces présentes ceddé et abandonné à Jacques Le Brun son fils demeurant avec ladite mère audit moulin estant dejourdhuy audit parloir à ce prenant et acceptant le droit qui luy appartient dans le bail dyudit moulin de ladite abbaye fait à ladite veuve et audit deffunt,son mary conjointement par lesdites dames pardevant Archangé, commis du notaire soussigné le 30 juin 1723 et ce pour le temps qui en restera à expirer à compter du jour Saint-Marin d'hiver… ». Le 8 avril 1733, le bail du moulin de l'Abbaye et de 14 arpents de prez et terre labourable est passé pour trois, six, neuf années depuis la saint Martin d'hyver 1732 jusqu'à pareil jour 1741 moyennant 600 lt en argent et la mouture franche du grain nécessaire à l'abbaye à Jacques Le Brun et Marguerite Péchot , sa femme. « Pardevant Louis Deniset, notaire gardenotte et garde scel de Sa Majesté, receu au Châtelet de Paris, résidant en cette ville de Chevreuse soussigné, furent présents dames Éléonore Marie de Béthune d'Orval, abesse, Marianne de Ségur de Puchat coadjutrice, sœurs Louise Feydeau prieure, Marie Claude Sevin de Miramion sous-prieure, Marguerite de Vallon, Louise Beaulieu, Marie Françoise de Brulart, Marie de Champlaye, Bénédictine de Verne, Jeanne Grassot, Anne Jeanne de Villebois des Nariant, Antoinette Angélique Beaulieu de Pizene, Marie Félix, Marguerite Beaulieu de Pizene, Marguerite de Gauville, Louise Cherier, Louise Brière, Anne Louise Hequin, Marie La Bigre, Anne Vallot Anne Antoinette Fréret dépositaire, Marie Burel, Maris Agnès de La Cour, Marie Dany, Marguerite Baudin, Antoinette de La Cour, Antoinette Thérèse Fréret, Catherine Meiguain, Lazarre Mony de Percey, Simone Mony de Percey, Jeanne Elisabeth Devallier, Claude Le Blanc, Marianne Leau, Françoise Le Bigre, Jeanne Marie de Valles, Catherine de Tourville, Catherine Le Juge, Louise Jullie Le Juge,et Marie Thérèse de Chaulière, toutes religieuse professe de l'abbaye royale de Notre-Dame du Val de Gif capitulairement assemblées… ont baillé et délaissé à titre de loyer fermage et prix d'argent pour 3, 6 ou 9 années au choix des preneurs… à Jacques Le Brun et Marguerite Péchot sa femme… ».
De nouveau en 1740 , un bail du moulin est consenti à Jacques Le Brun à commencer à la Saint-Martin 1741 moyennant la somme de 600 lt. Les lettres de Gabriel Gérosme de Bullion, conseiller du roi, prévôt de la ville et vicomté de Paris font savoir que pardevant Nicolas Eslore, notaire « Furent présentes sœurs Louise Feydeau prieure, Marie Thérèse Sevin de Miramion sous-prieure, Louise de Beaulieu, Marie Françoise de Champclair, Jeanne Grassot, Anne Jeanne de Villebois de Mareuil, Antoinette Angélique Beaulac, Marie Felix, Jeanne Marguerite Beaulac, Louise Chérier, Louise Brière, Louise Hecquen, Marie Elisabeth Le Bigre, Marie Anne Vallot, Marie Durel, Marie Davy, Marie de La Cour, Antoinette Fréret, Catherine Françoise Mianas, Marie Suzanne de Mauny de Percey, Bonne Simone de Mauny de Percey, Jeanne Elisabeth de Vallet, Anne Claude Leblond, Marie Anne Leau, Marie Françoise Le Bigre, Catherine Françoise de Tourville, Marie Catherine Lejuge de Bouzonville, Louise Julie Lejuge de Bouzonville, Marie Thérèse de Chantint, Catherine Petit, et Jeanne Marie de Valles secrétaire. Toutes religieuses professes de ladite abbaye et capitulairement assemblées au son de la cloche en la manière ordinaire en leur parloir de Saint-Joseph, lieu ordinaire où elles traitent de leurs affaires temporelles. Lesquelles ont par ces présentes baillé et délaissé à titre de loyer, fermage et prix d'argent pour 3, 6 et 9 années au choix dudit preneur cy après nommé…à Jacques Le Brun et Marguerite Pechot, sa femme qu'il autorise… C'est à savoir un moulin à eau appelé le moulin de l'Abbaye de Gif… etc.
La reconstruction du moulin Plusieurs documents dont des quittances d'artisans attestent la reconstruction à neuf de la chambre du moulin en 1739-1740. Les travaux sont dirigés par Jacques Le Brun, meunier depuis plus de vingt ans. Dans une quittance du 19 décembre 1742 : « Jay soussigné reconnois avoir reçu de mesdames religieuse de l'abbaye royalle du Val de Gif, la somme de huit cens livres à quoy c'est monté la construction de la chambre du moulin de ladite abbaye, savoire en une quittance de six cens quarante livres à quoy ledit baille monte présentement et cent soixante livres en argent qu'elles m'ont remis. Fait au moulin de l'Abbaye de Gif le dix neuf décembre milsept cens quarante deux ». Signé, Jacques Le Brun. En avril 1741 . « Mémoire pour les ouvrages de serrureries que jay faittes et fournies pour le bâtiment neuf du moulin de labbayë de Gif. Premièrement pour avoir fournÿ les gonds et pentures, crochests et tourniquets et patte et en plâtre des portes et contrevents et avoir façonné deux cens dix huit livres de fer pour les grilles des croisées. Le tout se monte tant pour les façons que fournitures à la somme de vingt cinq livres dont je quitte le seiur Jacques Le Brun. Fait à Gif le premier avril mil sept cens quarante et un ». Signé François Havard
Moulin et pont sur une rivière (dessin d'Hubert Robert, XVIIIe s.).En aoust 1740 , un mémoire du bois de charpente pour Monsieur Le Brun « qui l'a commandé den le ver du parc de Janvry » : Le mémoire récapitulant les travaux de reconstruction du moulin en 1740 fait la liste des quitances de la dépense faite pour la chambre neuve du moulin de l'Abbaye de Gif. Savoir: Et en dessous de ce mémoire, il est écrit pour le régisseur : « Ce sera pour 779 lt. 11 s. 9 d. qu'il faudra que je fasse rente au denier vingt après que mes dites dames m'auront remboursé de la ditte somme ».
Le meunier Jacques Pescheux En 1742 , le bail à loyer du moulin de l'Abbaye est accordé par la mère supérieure Françoise de Ségur avec les religieuses réunies au parloir du couvent à Jacques Pecheux. Le moulin faisant de bled farine situé au-dessous des murs et clos de la dite abbaye sur la rivière d'Yvette avec tous les logements, dépendances et ustensiles tournant et travaillant est baillé « à titre de loyer, fermage et prix d'argent moyennant la somme de 640 lt pour 9 années à commencer à la saint Martin 1743 ». Le preneur s'engage à cultiver et ensemencer les terres, tenir les prés nets de bonne nature et fauchés, enfin de préserver le tout en bon état… ledit preneur doit couper, émonder deux fois pendant la durée du présent bail les aulnes et hayes qui sont sur lesdites terres et prés, entretenir iceluy le pont du moulin que les dames ont fait refaire à neuf, curer et nettoyer la rivière en commençant le curage après Jaumeron jusqu'audit moulin et la rendre en fin des présentes à fond vif depuis le moulin de Jaumeron jusqu'à la fosse appelée les Goids… Ce jourd'huy, dix novembre mil sept cent quarante trois sont comparu pardevant Nicolas Moret, notaire royal reçu au Châtelet de Paris, résident en la ville de Chevreuse soussigné, Laurent Brossard rabilleur de moulin demeurant aux Quatre-vent, paroisse de Gif et Nicolas Tardiveau meusnier demeurant à Rodon étant tous deux ce jour en cette ville de Chevreuse, experts nommés et choisis par sçavoir ledit Brossard par Jacques Pescheux, meusnier entrant du moulin de l'abbaye de Gif et ledit Tardiveau par Jacques Le Brun meusnier sortant dudit moulin à l'effet de faire la prisée et estimation de tous les ustensiles, moulant, tournant, et travaillant d'iceluy moulin. Lesquels ont dit et déclaré quils se sont le jour d'hier dix heures du matin transportés audit moulin de l'abbaye de Gif, pour parvenir à ladite prisée et estimation où étant après avoir examiné lesdits moulants, tournants et travaillants, il ont ensemble procédé à icelle prisée de la manière et ainsy qu'il suit. En 1752 , le bail du moulin de l'Abbaye et ses dépendances est fait à Jacques Pecheux, meunier, et Marguerite Machelard, sa femme duement autorisées, dont la première année commencera à la saint Martin 1752. L'abbaye de Gif est alors gouvernée par Louise Henriette Feydeau avec le titre de prieure, l'une des plus anciennes sœurs du monastère. Elle est secondée par la sœur Marie Thérèse Sevin de Miramion, dépositaire du couvent et sous-prieure. Sont également présentes Marie Françoise Champclair, Marie Jeanne Villebois de Mareuil, Jeanne Marguerite Beaulac, Marie Françoise Le Bigre, Louise Brière, Marie Vallot, Marie Delaroue, Marie Davy, Antoinette Fréret, Marie Lazare de Mauny de Percey, Bonne Simone de Mauny de Percey, Jeanne Elisabeth de Vallet, Anne Claude Leblond, Marie Anne Leau, Catherine Servaise Villiers de Nainville, Marie Catherine Lejuge de Bouzonville, Jeanne Marie de Walles sœur dépositaire et Catherine Petit, toutes sœurs professes de l'abbaye.
La lettre de l'abbesse au seigneur de Gif Lettre à Monsieur Merault seigneur de Gif en son château de Gif du 16 septembre 1755 par l'abbesse de Notre-Dame de Gif, la mère Françoise de Tourville, qui demande l'avis de Merault sur la chicane du sieur Olivier au sujet des problèmes rencontrés sur les moulins de l'Yvette dans la paroisse de Gif. « Je n'ay apris que depuis deux jours, Monsieur, l'accident arrivé à Madame Merault. Mon dessein estoit toujours d'envoyer aujourd'hui savoir des nouvelles de l'état de sa santé, et vous faire, Monsieur, tous nos compliments sur un évènement qui ne peut que vous être fort sensible, et auquel nous prenons part comme à tout ce qui vous intéresse. À suivre…
Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite |