L'abbaye Notre-Dame du Val de Gif (17)
Le temporel (1630-1790)
Dans ce chapitre, le dix-septième volet de la série sur l'abbaye Notre-Dame du Val de Gif, nous présentons la suite du terrier de 1630, document majeur de la gestion du couvent au XVIIe siècle. Précédemment, nous avons donné les articles 1 à 18 relatifs au temporel situé dans le Hurepoix aux environs du couvent. Puis, nous donnons l'état des revenus du monastère en 1771 et le rôle des impositions de 1790.
C. Julien, J.P Dagnot - Juillet 2013
Signatures des sœurs de Mornay, l'une abbesse et l'autre coadjutrice du couvent de Gif.
Le terrier de 1630
Dans cette partie nous examinons les biens immobiliers hors Hurepoix, les rentes sur le domaine des Aydes et autres privilèges de la seigneurie ecclésiastique (*).
19 La ferme de Puiseux (lez Louvres), en France : 94 arpents.
Audit lieu de Puyseux est assiz une maison, lieux et héritaiges qui sont tenus et possédez par lesdites dames tant en fief que roture et ont droit de champart tant audit Puyseux qu'à Chastenay en France, des tiltres contenant laquelle terre et ses appartenances et dépendances en ce qui en a esté reconnu sont inventoriées. « Item, cinq pièces attachées ensemble. La première est coppie en papier non signé d'un contrat passé pardevant Hartault et de Saint-Germain, notaires au Chastelet de Paris, l'an 1405, le dimanche 4 octobre, contenant Charles Duporelen, pannetier de Monsieur le duc de Bourgongne, avoit baillé, ceddé et délaissé à noble homme messire Guillaume Drouart, advocat, conseiller du Roy en son Chastelet et à Collette sa femme… et receveur des héritaiges et possessions immeubles cy déclarés et disoit avoit esté remis en fief dudit Puyseux Chastenay et ses environs aplain déclarez audit contrat qui est ung eschange ».
« La deuxième est une lettre en parchemin passée soubz le scel de Chasteaufort de laquelle appert frère Jacques Le Clerc, religieux nourri en ladite abbaye de Gif, accorde, donne, cedde par donation yrrovocable entre vifs auxdites dames abbesse religieuses et couvent acceptant à laquelle de ladite abbaye tout et chacune les fiefs, seigneuryes, terres et revenus des biens immeubles … ledit contrat en datte du 5 septembre 1520. La troysième est un aultre contrat passé en datte du 20 décembre 1520, qui est un acte de ratiffication par ledit Le Clerc religieux procureur en ladite abbaye ».
Les possessions des moniales de Gif dans la plaine de France.
« La troisième pièce est un acte de foy et hommaige faicte à ladite dame de Bellefontaine par Anthoine Pilart, prebtre pour homme vivant et mourant pour lesdites dames, laquelle avoit réuni et quitté la proffict du fief qui leur estoient deubz aussy les dépens moyennant bon payement qui luy en avoit esté faict, ledit acte en datte du 7 mars 1601. La quatrième est ung aultre exploit de saisie faict à la requeste du sieur de Bellefontaine du mesme fief en tenant auxdites religieuses, le 21 juillet 1623. La cinquième est une main levée de ladite saisie faicte et donnée par ledit sieur de Bellefontaine moyennant la somme de 100 livres tournoys par le proffict du fief et receu Jean Dupuy procureur desdites dames, le 22 aoust audit an 1623, signé Maynard. La sixième est une transaction faicte par ledit Dupuy au proffit du sieur de Bellefontaine, en fin de laquelle est une quittance de ladite somme receue, le 25 desdits moys et an. Et la septième et dernière pièce est une déclaration non signée et arresté des héritaiges tenus en fief dudit sieur de Bellefontaine paraphé ne varientur ».
« La quatrième est un autre contrat passé soubz ledit scel de Chasteaufort par devant Desou commis de Jean Rullet tabellion, est un eschange faict entre lesdites dames d'une part, et Jehan Demoisiaux sieur et seigneur de Maisons-sur-Seyne, damoiselle Françoyse Le Clerc sa femme, noble homme messire Jean Le Clerc conseiller du roy, lieutenant général au bailliage de Meaulx seigneur de Quines d'autre part, par laquelle lesdites dames religieuses avoient ceddé comme porté audit tiltre d'eschange, et promis garantir par leur faicts de promesse que la sœur Françoyse de Louet l'une des sœurs religieuses audit de Marseillet Le Clerc, tout le droit part et portion que auxdites dames religieuses competeoit et appartenoit des terre et seigneurye dudit Quincy, la maison de Villeon, Sorsuoy et autres lieux ensemble des rentes, le tout aplain déclaré par ledit contrat. Et pareillement le douaire soit préfix ou constinué de ladite Louet, le tout appartenant auxdites religieuses auroit esté la susdite donation et profession de ladite Louet. Et pour en contre eschange ledit sieur de Marseillet Le Clerc avoit céddé et transporté audit tiltre d'eschange auxdites religieuses les deux parts dont la troysième faisoint le tout d'une maison, lieux, terres, préz, cour et rente assiz et perceptible à Puyseux et Chastenay-en-France et ensemble les deux parties de la ferme de Compans et les deux parties de 72 livres parisis de rente prise au villaige de Baron et deubs par les enffants et héritiers Guillaume Petit et tout droit avoient en ung moullin au villaige de Byèvre… lesquels droits, partie et portion et rente sur ledit moullin à cause de messire Adam Le Clerc et damoiselle de Chastillon père et mère desdits messire Jean et damoiselle Le Clerc… ledit contrat en datte du 6 septembre 1526, signé dudit Rullet. La cinquième est un acte passé par les mesmes personnes dessus nommées audit contrat d'eschange par lequel avoit recogneu avoir retiré chacun la propriété demeurée par les contracts d'eschange. Lesdites pièces inventoriées ».
20 La ferme de Compans , en France, canton de Claye (Seine-et-Marne) : 23 arpents.Audit Compans est scitué une ferme consistant en 60 arpents de terre ou environ, laquelle faict partye des biens immeubles donnez à ladicte abbaye par ledit frère Jacques Le Clerc et sœur Françoyse Louet sa mère par le contract de donation et d'eschange cy devant inventoriez soubz deux pièces. « La première est coppie collationnée en son original par Boullay commis du tabellion de Chasteaufort d'ung contract passé pardevant Paguyse et son confrère, notaires au Chastelet de Paris, par lequel appert le frère Jacques Le Clerc fondé de procuration desdites dames religieuses et couvent du 28 may 1530 énoncé, signé Marguerite Gouge abbesse, avoit baillé, ceddé et transporté à tiltre de rente à Anthoine Bridault laisné laboureur demeurant audit Compans et Antoinette Rousseau sa femme, ladite maison, lieux et terre assiz audit Compans à plain déclaré en nombre, tenant et aboutissant et revenu de 12 solz parisis de rente à prendre sur lesdits (?) par le contract faict moyennant 80 livres tournoys de rente de bail d'héritaiges rachaptable à la somme de 2.000 livres tournoys selon que plus au long cy-contenu par ledit contract en datte du 19 juing 1535 énoncé, signé Nicolas et son confrère. Au doz d'iceluy est une quittance de la somme de 1.000 livres tournoys ledit rachapt son prix de la moitié de la rente, icelle quittance du 17 septembre 1535 ».
« La deuxième est une sentence de Messieurs les procureurs du Pallais donnée au proffit desdites dames abbesse et couvent dudit Gif par laquelle Anthoine Bridault, Jeanne Gallet sa femme, Jean Benoist tuteur des enffants de luy et de feue Claude Bridault sa femme, Pierre Bridault, Jean Baillet et sa femme, tous héritiers dudit deffunt Anthoine Bridault et Anthoinette Rousseau sa femme, par lesquels avoit esté dit ayant esgard aux lettres par les dessus obtenus, le 25 juing 1577 et icelle que la Cour avoit … ledit bail à rente faict le 2 juing 1535 audit deffunt Bribault et sa femme des lieux et héritaiges appartenances lesquels savoient délaissé audit sieur deffunt Bidault et sa femme desdits lieux et héritaiges, lesquels savoient délaissés au sieur Chosset et en ce faisant condamnez lesdits deffunts à laisser par souffrir paisiblement lesdits Chosset desdits lieux avecq restitution des fruictz depuis constitués en cause et revenus par elles au sieur Chosset la somme de 1.000 livres tournoys faisant partye des 2.000 livres tournoys à payer ensemble… faict le 21 aoust 1579. Est assuré que l'original du contract et ladite sentence en forme sont … par ledit Bridault… lequel appel auroit faict non seulement leur… et distribution et justice en ladite Cour, laquelle instance d'appel auroit esté discontinuée tout… et jusques à ce que mettant en ordre les papiers et tiltres … y aura eyu lumière des pièces … et en estant de justice, et pourtant non… et fait redistribuer Monsieur Lepbre conseiller en la quatrième chambre des enquêtes, et seroient l'advenir du Conseil fait appel en ladite Cour tant des héritiers défendeurs qui estoient … parties desdits héritaiges … »
21 Le droit de franc-salé , réduit à 40 minots de sel, payés le prix du marchand, à prendre au grenier à sel de Paris.
Droit de dix minots de scel conceddez auxdites dames en payant seulement le prix du marchand à prendre ledit scel au grenier à scel de Paris. « Item, douze pièces attachées ensemble. La première est une requeste présenté par Monsieur… proccureur desdites dames au Roy ne ratiffie es substances du droit ancien accordé et alloué payer les anciens droits du franc-sallé pour leur provision de leur couvent, pour qoiy icelles très humblement au Roy supplier Sa Majesté leur voulloit concedder et accorder le droit sur laquelle requeste avoit esté ordonné et seroit communiqué à Messire Anthoine Feydeau fermier général des gabelles de France pour luy jouir estre et donner que lesdites partyes en ladite ordonnance faite au Conseil du Roy tenu à Paris le 18 mars 1623, signé de Guouguault ».
« La deuxième est le consentement dudit Feydeau pour concentroye que luy estoit que… lesdites dames religieuses le privilège de droit sallé pour en jouir chacun an de douze minots de scel à prendre, mesure de Paris en payant le prix de cent sols, fait à Paris le 10 janvier 1624. La troisième sont les lettres patentes obtenues du Roy notre Sire par lesquelles par la cause … Sa Majesté avoit confirmé et vériffié en temps que besoing seroit donné, conceddé et accordé auxdites dames abbesse et couvent de Notre-Dame du Val de Gif, la quantité de dix minots de scel mesure de Paris à prendre par chacun an à perpétuité au grenier de ladite ville, payé et quitte de tous droits de gabelle, … à la charge de payer le droit du cisant ( ?) tant seulement pour estre la quantité de scel employé à leur nourriture… , et mandé à Messeigneurs des Comptes Cour des Aydes, thrésorerie générale de France… au grenier à scel de Paris… à perpétuité d'un don. … ordonné à paris au mois de febvrier 1624. Signé, Louys ».
« La quatrième est un arrest de la Cour des Aydes du 23 mars 1624. La cinquième est la sentence des officiers du grenier à scel de Paris par laquelle ils auroient ordonné que ladite seroit enregistrée pour y avoir recours en datte du 13 avril audit an. La sixième est ung aultre arrest de ladite Cour des Aydes de justice par lequel ladite Cour a ordonné que lesdites religieuses jouiroient de l'exemption de 6 livres d'augmentation de franc sallé ce faisant que les officiers et adjudicataires du grenier à scel de Paris… de laquelle quantité de dix minots de scel sans payer par elles les droits de gabelle qu'ils constituent de faire, du 28 febvrier 1628 ».
22 Des rentes sur le domaine de Paris, sur les Aydes , sur les greniers à sel, sur Louis Hurault, comte de Limours, sur le fief du Cormier (comté de Limours) , sur les recettes générales, sur Claude de Pradines , s'élevant à la somme totale de 730 livres 4 3 sous.
« Vingt huict livres deux sols six deniers de rente à prendre sur ledict domaine par lesdictes religieuses abbesse et couvent. « Item, treize pièces attachées ensemble. La première est une lettre du Roy Charles donnée à Fontainebleau le 15 juing l'an de grâce mil troys cent quatre vingt cinq, signé par le Roy à allencontre de Monseigneur le duc de Bourgongne pour defaut au sieur Giraut pour le faict de la guerre se faisant à fermier, députez à l'encontre les gens du Parlement demandant une amende de 200 livres à laquelle Pierre de Conchet a esté condamné envers Sa Majesté audit parlement faire bailler aux religieuse de Gif la somme huit vingt livres pour cause de certaines rentes qu'elles avoient droit de prendre sur les aumônes de sa dite Majesté, des arréraiges recueillis dudit domaine. Signé Hélie de Forges et Florence de Forges, sœur Marguerite la Grange. La dixième est une coppie présentée par Messieurs de Comptes une certaine somme que lesdites dames ont droit de prendre sur les aumônes. La onziesme contient un amendement pour payement d'une année d'arréraiges à la Saint Jean Baptiste 1531 du 28 may 1533. La treizième est une quittance faict par Madeleine de Montenay naguère abbesse de ladite abbaye à Monseigneur Claude Aubenoit receveur du domaine de Paris ».
Les rentes dur l'Hôtel de Ville et la ferme des Aides étaient un des placements considérés comme les plus sûrs et les plus respectables par ceux qui désiraient faire fructifier leur argent Après 1522, les rentes ont été assignées sur les revenus fiscaux ordinaires du royaume : aides, gabelles, cinq grosses fermes, tailles et postes. On payait les intérêts, dit arrérages (1).
23 Vingt livres de rente sur les Aydes par Nicolas de Richelieu procureur de ladite dame Magdeleine de Montenay.
« Item, une lettre de sentence donnée au Chastelet de Paris entre Messire Nicolas de Richelieu procureur de ladite dame Magdeleine de Montenay, d'une part, et Maître Girard Jubert, procureur de Messire Anthoine Feydeau commis au payement des rentes sur les Aydes, par laquelle après que ledit de Richelieu auroit en sa… et repliques et ledit Jubert en ses deffenses et offrir baillée … par Feydeau avoit esté commencé payer à ladite dame abbesse les arréraiges de 20 livres tournois de rente constituée par le prévost des marchands des eschevins de la ville de Paris de laquelle estoit question depuis le dernier mars 1604 et l'avoit recognu par ledit deffenseur … esté encore deubs les arreraiges de l'advant jusques en fin de l'année 1609… prendroit d'autre preceddant qu'il dit avoir payez à Mr. Ruset ( ?) président en l'eslection d'Amyens et vente d'un transport pour lesquelles ladite dame se pourvoiroit … duquel transport ledit Feydeau feroit apparoir … ladite sentence en datte du 12 novembre 1615. Signé Drouart à laquelle sentence sont attachez deux mémoires.
Le premier faisant mention de troys rentes, le premier article dudit mémoire contenant et faisant mention d'une rente de vingt cinq livres de laquelle sera fait mention en l'article subséquent. Et le second article d'un mémoire contenant une aultre rente de 20 livres tournois constituée auxdites religieuses abbesse et couvent par ledit sieur prévost des marchands et eschevins de Paris le 16 janvier 1569. Sur les ? et au dessoubz dudit article est escrit Madame de Gif, née Lecoubast a esté payé des arreraiges depuis l'année 1595 jusques à la fin de l'année 1601. Le troisième article est une aultre rente de vingt huict livres deux sols six deniers que ladite abbaye a droit de prendre chacun an sur le domaine de Paris…
24 trois septiers de blé mouture de rente perpétuelle, sur un moulin à blé qui soulleoit estre assis sur la rivière descendant au pont de Geuisseau [moulin de l'Étang]. En 1630, ce moulin n'existait plus, mais l'emplacement appartenait aux escoliers du collège Mignon à Paris.
« Ledit moulin n'est plus un ancien édifice, avoit seulement la place que l'on dit appartenir au principal bénéficiaire et escoliers du collège Mignon, lesquels ont abandonné ladite place et quoi que ce soit il y a longtemps, qu'elle est inutile, et il y a par grand apparence que sur cette place jamais bastie aucun moullin. Soulleoit ladite place d'aultant qu'il n'est pas seulement chargée de ladite rente mais d'autre redevance envers les religieuses du Val de Grâce et deux septiers de bled envers le seigneur de Gif. Encore ladite place ne peut valloir que soixante solz… et la rente n'est plus exigible comme il avait esté procceder à la visite d'ung commissaire examinateur de Paris en datte du 27 febvrier 1534. Par laquelle ladite redevance est encore dit estre exigible, na esté faict aultre description de laquelle enqueste de proceddure…ladite redevance par nous conservée en cas qu'il en appert que celuy moullin soit réédifié sur ladite place ».
25 L'exemption des dîmes au profit de l'abbaye .« Item, deux pièces attachées ensemble, la première est un acte en parchemin datté du 9 novembre 1442 auquel est pris ung admortissement du Roy Louys roi de France et duc d'Aquitaine datté de l'an 1154 signé Moustière. La deuxième pièce est un brevet obtenu du feu Roy Henry le Grand portant exemption de ladite charge de décimateur tant par le passé que l'advenir du 2 juing 1594 ».
26 L'admortissement de tout le revenu temporel de l'abbaye, par le roi Louis VII, en 1138.« Item, dix pièces attachées ensemble, la première est une lettre de sentence donnée par Messire Françoys Bouchet, conseiller du Roy, lieutenant général au bailliage de … ordonnant pour les francs fiefs et nouveaux acquits en la prévosté et vicomté de Paris par laquelle après avoir ouy messire Blaize Vacher prebtre et procureur des dames religieuses abbesse et couvent, lesquelles ont baillé et transporté de la dite abbaye tout le revenu temporel de ladite abbaye a formé icelle de tout estoit de l'ancienne fondation de ladite abbaye et d'avoir admorty et par dudit admortissement mis et produit de ladicte ordonnance de ladicte année 1467 ».
« Une attestacion faicte par ledict tabellion de Chasteaufort dattée du 28 septembre en laquelle en signoit cinq tesmoings nommés en icelle avoit attesté ce qui est énoncé … lesdites religieuses auroient esté sans payer finances au Roy es main Lenée à eulx. Faict à Paris du premier octobre 1541. Et ung vidimus passé audit Chastelet de Paris l'an 1467, le 24 novembre de certaine lettre et brevet du Roy Louys datté de l'an mil cent trente huict, par lequel seigneur avoit admorty tous les revenus transportéz se ladite abbaye et église de Gif. La troysième est une sentence donnée par ledit commissaire du Roy sur la faict des admortissements à Paris en laquelle est icelle déclaracion du bien et revenu de ladite abbaye ensemble ledit admortissement advenu en ladite année 1138. Lesdites religieuses avoient esté récompensée sans finance pour raison de leur possession par laquelle comme des choses biens admortis, du dernier juillet 1522, signé Barbier, Nicolau, Bertfilot, Guyot prebtre. La quatrième coppie d'ung acte du 5 octobre 1548 contenant saisye faicte au couvent faulte d'avoir fourny la déclaration du revenu d'icelle ».
« Item, ung compte en parchemin de la recepte et despences faict par maître Jean Reddé prebtre curé de l'Eglize de Leudeville recepveur et procureur des dames religieuses depuys le second jour moys de 1384 jusqu'au onzième jour de febvrier 1388, contenant 24 rolles. Item, ung aultre papier de recepte faict dudit revenu et estat de despence par dame Jeanne de Francières lors abbesse dudit monastère au jour Saint-Rémy 1503… ».
27 Le fief de la Croix-Guyon , sis à Mittry, en France, canton de Claye (Seine-et-Marne) : 43 arpents.
28 Les bois à la Gombaudrerie, au Fonceau de Ragonnant.
Six arpents de boys tailliz assis au lieu-dit le Fonceau du Grand Ragonnan. « Neuf pièces attachées ensemble. La première est ung contrat en parchemin passé soubz le scel de Châteaufort, le 31 décembre 1636 par lequel appert Martin Gallard manœuvrier demeurant audit Ragonnan et Claude Payen sa femme avoient solidairement vendu auxdites dames abbesse et religieuses de ladite abbaye, lesdits six arpent de boys tailliz moyennant la somme de 900 livres tournoys ainsy qu'il est plain au long déclaré par ledit contrat. Signé le Marquant. La deuxième est ung procès-verbal de mesuraige dudit boys faict par Gilles de Maile, sieur dudit Ragonnan et ledit Martin Gallard, le 30 décembre 1638. La troisième est un contrat en parchemin passé par devant Galloys et Bergeon, notaires audit Châteaufort le 6 septembre 1637 par lequel appert Pasquet Langloys, cordonnier demeurant à Chevreuse avoit baillé à tiltre de rente la totallité de 4 arpens un quartier dudit boys, le tout moyennant 44 livres 8 solz tournoys de rente d'héritaiges ainsy qu'il est plain au long déclaré par ledit contrat. Signé de Galloys et Bergeron »….
29 et diverses acquisitions à Damiette et à Frileuse, au champtier de la Fosse Ardon, etc.
« Ung aultre contract en parchemin passé soubz le scel de Chasteaufort le 9 juing 1642 par lequel appert messire Claude de Pradines, conseiller du Rou, avoit donné auxdites dames abbesse, religieuses et couvent par donation faicte entre vifs la somme de 25 livres tournoys de rente rachaptable de la somme de 500 livres à prendre ladite rente chacun an sur tout et chacun des biens meubles et immeubles spéciallement sur une maison, cour et jardin à Savigny-sur-Orge, contenant troys arpents de terre ou environ, 80 arpens de terre labourable, 10 arpens de pré ou environ et 4 arpents de boys thailliz, le tout assis au terrouer de Savigny et Épinay, ainsy qu'il est plain au long déclaré par ledit contrat. Signé par Le Marquant ».
Vente d'une terre à Gometz-la-Ville
Du dernier jour de décembre 1638, par devant Pierre Boullay, commis de maître Le Marquant, principal tabellion de la prévôté royale de Châteaufort, furent présents en leur personne Marin Gallard, manœuvrier demeurant au Grand Ragonnant, paroisse de Gometz-la-Ville et Claude Payen sa femme de luy deuement octorizée pour l'effet qui suit, lesquels ensemble l'un pour l'autre et chacun d'eux seul ou pour le tout sans denision disoient faire l'un de l'autre renonceant aux droits de denision, ordre de droit de fidenission. Ont recogneu avoir vendu, ceddé, quitté, transportant et délaissant depuy et à toujours et garantir solidairement de tous troubles… aux dames abbesse relligieuses et couvent de l'abbaye de Nostre Dame du Val de Gif, ordre de saint Benoist, représenté par noble dame Magdeleine de Mornay, Anne de Mars soubzprieure, Marie de Pradines portière et Catherine Rauquise, relligieuses en icelle abbaye… C'est assavoir six arpents de terre plantées en boys taillis excepté ung arpent et demy ou environ qui sont présentement en buisson assis au champtier dit le Fonceau du Grand Ragonnant et borné de cinq bornes, sçavoir deux proches et attenantes le jardin de la maison du sieur Rondeure, deux dans la sente tendant de la maison audit Vaugien, la cinquième sur le bord du fossé faisant séparation dudit boys et la terre labourable du sieur de Vaugien… Lesdits héritages chargés au prix de 2 sols 6 deniers de cens par an et en oultre d'une portion de poulle aussy de cens pour arpent payable chacun an au jour de Saint-Rémy… Lesdits vendeurs seront tenus de planter à distance de deux pieds et demy, d'huy en quinze jours prochains de bon plan vif de boys de chesne et le surplus de ladite pièce de six arpents et iceluy pendant le temps de quatre années… Et oultre moyennant la somme de 900 livres tournoys payées comptant par lesdites dames auxdits vendeurs en la présence dudit commis et tesmoings soubzsignés… en pistolles d'Espaigne ayant cours en ce royaume de France, la somme de 160 livres 18 sols 4 deniers et pour le surplus montant la somme de 739 livres 1 sol 8 deniers tournoys lesdites dames seront tenues les payer en plusieurs termes….
Hameau du Grand Ragonant à Gometz-la-Ville (cadastre napoléonien).
Le revenu du temporel en 1771
Par suite d'aliénations ou d'échanges, une partie de ces biens n'était plus en la possession de l'abbaye de Gif à la fin du XVIIe siècle, et cependant le revenu était considérablement augmenté. Il était de 9.918 livres en 1704, de 11.163 livres en 1747, et de 17.275 livres en 1771. Le nombre des religieuses avait été, au contraire, en décroissant; il était de 52 en 1693, de 36 en 1747, de 21 en 1759, et enfin de 8 seulement en 1771 ; la défense faite, en 1735, de recevoir de nouvelles religieuses, devait nécessairement amener ce résultat.
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Évolution du revenu de l'abbaye de Gif au XVIIIe siècle.
La dernière déclaration est du 15 novembre 1771 ; elle fait connaître les différentes ressources et les charges de l'abbaye ; à ce titre, elle nous a paru offrir de l'intérêt.
Recettes de 1771
Biens non affermés.
Notre maison, enclos et jardin, contenant en tout 27 arpents, lesquels biens ne nous rapportent autre profit que le logement et nous engagent en de fréquentes réparations, à cause de leur antiquité (1'article des déclarations antérieures).
Une ferme nommée Gousson, sur le territoire que nous faisons valoir par nos mains, consiste en une maison et autres bâtiments, et 60 arpents de terre labourable, qui peuvent produire 6 muids de froment, estimé aujourd'hui à 30 t. le septier, le tout faisant 2,400 lt.
Le fief dit Damiette, consistant en 57 arpents de terres labourables, à seigle, dont plusieurs ne rapportent guère que la façon, mais que le prix actuel des grains fait estimer à raison de 20 lt. le septier, le tout faisant 4,800 lt. Plus, nous recueillons, tant sur la terre de Gousson que sur celle de Damiette, la quantité de 6 muids d'avoine, à raison de 20 lt. le septier, le tout faisant 4,440
Plus, environ 40 milliers de foin, à 25 lt. le cent, le tout faisant 2,500 lt.
Plus, le produit de 36 arpents de bois 400 lt.
Total 8,240 lt.
Redevances sur quelques dîmes. Nous percevons sur la dîme de Gif, 47 septiers de seigle, estimés à 20 lt. le septier, le tout faisant 250 lt. Plus, 5 septiers d'avoine, à 20 livres , le tout faisant 400 lt. Sur celle de Saclay, 6 septiers de blé méteil, à 25 livres , le tout faisant 450 lt. Plus 5 septiers d'avoine, à 20 livres , le tout faisant 100 lt. Sur le territoire de Villiers-le-Bascle, 2 septiers de blé à 25 livres , le tout faisant 50 lt. à reporter. 650 lt. Et 2 septiers d'avoine 40 lt. Plus, sur la dîme 43 lt. La somme de 12 livres représentant les grains que l'abbaye percevait, de temps immémorial, sur les dîmes de Châtillon, 42 lt.
total 745 lt.
Biens affermés . Une ferme appelée La Noue, sur la paroisse des Molières, consistant en une maison et autres bâtiments, 80 arpents, tant terres que prés, affermés la somme de 320 lt. en argent, et 48 septiers de blé froment, estimés à 30 livres le septier, le tout faisant 860 lt. Un moulin à eau, proche les murs de l'abbaye, sur la rivière d'Yvette, et environ 42 arpents de terre et prés, affermés à la veuve Jacques Pécheux pour la somme de 650 livres en argent, et la mouture d'environ 20 muids de blé, le tout faisant la somme de 4,250 lt. Une maison (dite de l'Image-Saint-Jean), sise au village de Gif, louée pour la somme de 400 lt. Le fief de la Croix- Guyon, consistant en 43 arpents de terres labourables, situés à Mittry, en France, affermés pour le prix de. 360 lt. 83 arpents de terre, au territoire de Compans, Thieux et lieux voisins, affermés pour le prix de 290 lt. Une ferme, située sur la paroisse de Saint-Aubin, consistant en une maison et autres bâtiments, 56 arpents de terres labourables et 42 de pâtures, affermée à Jacques Farcy, la quantité de 48 septiers de blé froment, évalués à 30 livres le septier, faisant la somme de 540 lt.
Somme totale 3,700 lt.
Rentes sur le Roy . L'abbaye a droit, de temps immémorial, de recevoir, à titre de fondation royale, sur le domaine du Roy, la somme de 28 lt. 2 s. 6 d. Nous possédons six contrats sur l'hôtel de ville de Paris 4,522 lt.
Somme totale 4,550 lt. 2 s. 6 d.
Rentes foncières. Une rente sur une maison sise à Saint-Clair (enseigne de la Corne de Cerf) 33 liv. Une rente sur une maison sise à Damiette 30 lt. Une rente sur 2 arpents de vigne 7 lt.
Somme totale. ..... 70 lt.
Récapitulation de la recette. Biens non affermés 8.240 lt. Redevances 745 lt. 2 s. Biens affermés 3.700 lt. Rentes sur le Roy 4.550 lt. 2 s. 6 d. Rentes foncières 70 40 lt.
Somme totale 17.275 lt. 44 s. 6 d. Nota. — Nous recevons, chaque année, environ 4.000 livres des pensions alimentaires des religieuses, casuel qui diminue successivement.
Charges de 1771
Honoraires et nourriture de deux ecclésiastiques 4,000 lt. Entretien et nourriture de 8 religieuses 4,000 lt. Gages et nourriture de 25 domestiques 8,750 lt. Entretien des bâtiments 800 lt. Exploitation des terres 4,500 lt. Redevances 80 lt. Frais des 6 minots de franc salé que notre abbaye a droit de recevoir sur le grenier de Paris 402 lt. Décimes 404 lt. 8 s.
Somme totale 16,633 lt. 8 s.
Nous recevons 17,275 lt. s. 6d. Nous dépensons 16,633 lt. 8s. Partant il reste 642 lt. 6 s. 6 d. Nous, soussignée, certifions la présente déclaration véritable, en foi de quoi nous avons signé, le 15 novembre 1771. Signé, sœur Jeanne-Marie Desvalles, dépositaire.
Le procès-verbal de 1790
Le procès-verbal d'estimation, fait le 23 octobre 1790, donne à l'enclos de l'abbaye une valeur de 11,750 livres , l'arpent étant compté à 500 livres . Les bâtiments conventuels, qui étaient en assez bon état, surtout les bois et charpentes des combles, furent estimés à 7,225 livres . Les bâtiments extérieurs, employés au service de la ferme, ne furent comptés que pour mémoire, h cause de leur mauvais état. Le pressoir, malgré quelques réparations urgentes, fut estimé à 1,200 livres . La charpente du clocher était fort mauvaise, et les quatre petites cloches ne pouvaient être comptées que pour le service de l'horloge. Il n'y avait dans la maison qu'une seule chambre, meublée d'anciens meubles, dont les lits seuls avaient quelque valeur. À la fin d'une notice, écrite vers le commencement du XVIIe siècle, et recueillant les traditions relatives à la fondation de l'abbaye de Gif, on lit le passage qui suit : « Les anciennes armes de l'abbaye de Notre-Dame du Val de Gif étaient : Une Nostre-Dame dans un tabernacle d'un costé, et de l'autre un saint Blaise ; la figure d'un chef de Royne, avec trois fleurs de lis à l'entour (c'est ce que l'on voit sur le sceau de l'année 1361, no 8,456, que nous avons décrit plus haut); trois fleurs de lis et un lion, l'écusson étant surmonté d'une crosse d'abbesse ». «Celles qui sont à présent sont trois fleurs de lis ; cela est dans plusieurs endroits de la maison et au-dessus des portes, ce qui n'est point dans toutes les autres maisons qui ne sont pas de fondation royale».
Le rôle des impositions de 1790
En vertu du décret de l'Assemblée Nationale, sur les impositions, en date du 26 septembre 1789, sanctionné par la déclaration du roi le 27 septembre, le sieur Duval, commissaire nommé par commission des députés du bureau intermédiaire du département, fut chargé d'établir, le 4 avril 1790, le rôle des impositions directes à percevoir sur la paroisse de Gif. Le résultat donne une somme totale de 13,009 lt 10 deniers. Le procès-verbal est signé par les membres de la municipalité : Breton, maire, Pescheux et Moran, officiers, Cresson, Petit, Robin, Bernier et Simart, notables. On remarquera sur le procès-verbal du rôle que la division administrative est celle de l'ordonnance de 1787, on évoque la paroisse de Gif, la province d'Isle-de-France, l'élection de Paris et département de Saint-Germain.
Premier feuillet du rôle des impositions à Gif en 1790.
Le rôle des impositions ordinaires fait apparaître que l'abbaye est imposée pour « les biens sujets à l'imposition », de la manière suivantes, qui est une ébauche des futures taxes foncières que nous payons de nos jours :
imposition principale :
les bâtimens : montant des redevances 200 lt., imposition10 lt.
tout le terrein en loué et imposé
reçoit en gros de M. le curé, pour 277 lt.
la partie des bâtimens louée au sieur Berier, pour 150 lt.
54 arpens de terre loués au sieur Guignard, pour 700 lt.
53 arpens de terre, 26 arpens de pré, 25 arpens de bois et 15 arpens de friches loués au sieur Jacques Pescheux pour 1,800 lt.
un moulin avec 11 arpens de pré, pour 1,000 lt. soit un total des redevances 3,927 lt. et imposition de 196 lt. 7 sols. Ce qui fait un total d'imposition de 206 lt. 7 sols moins un dégrèvement de 93 lt. 7 sols, soit l'imposition au principal de 113 lt.
impositions accessoires de l'imposition principale : 56 lt. 15 sols
capitation et ses accessoires : 84 lt.
prestation représentative des travaux gratuits des routes : 14 lt. 10 sols. soit une imposition se montant à la somme de 268 lt. 5 sols.
Notons que pour la maison curiale, son jardin, 9 arpents de prés, son gros moins les charges envers l'abbaye, le curé de Gif paie une imposition de 467 lt. 16 sols, et le vicaire pour la maison de la fabrique et ses émoluments qu'il reçoit de la fabrique est imposé à raison de 35 lt. 10 sols. Les Célestins de Marcoussis sont imposés à 1 lt. 16 sols dont 16 sols de principal pour deux arpents de terre loués à Marin Boèle. Les Hospitaliers de Saclay payent 5 lt. 2 sols pour 6 arpents de terre loués à Charles Dausarc. Madame la comtesse de Briosne, dame du lieu, s'acquitte de la somme de 394 lt. 4 sols pour les contributions et 23 lt. 6 sols pour la prestation des travaux des routes.
Notes
(*) Le texte original du XVIIe siècle a été conservé.
(2) M. Moulin , Les rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris sous Louis XIV , Histoire, économie et société, vol. 17 (1998) pp. 623-648.