Le moulin de l'Abbaye à Gif (1) (XIIIe-XVIe siècles) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _--------------------------___---_--août 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse *** (*)
Extrait de plan terrier du comté de Limours.
C. Julien JP Dagnot
Cette chronique relate l'histoire du moulin de l'Abbaye, l'un des cinq moulins qui « travaillaient et tournaient » sur la rivière d'Yvette en la paroisse de Gif (com. ch.-l. cant. Gif-sur-Yvette, Essonne). Cette usine est située sur l'Yvette entre le pont de la Chartrie en amont et celui de Grignon en aval. Enfin, mentionnons que l'histoire de l'abbaye Notre-Dame du Val de Gif fut écrite par l'abbé Jean-Marie Alliot qui fait quelques allusions au moulin des religieuses bénédictines (1). Une description nous est donnée dans une déclaration de foy et hommage de 1778 « le moulin de la ditte abbaye assis au dessous de l'enclos d'icelle avec ses écluses, bâtiments, cour et jardin, le tout contenant environ un arpent et traversé par le chemin de Coupières à la ditte abbaye tenant d'un côté du nord à la rivière d'Yvette et à la décharge de l'écluse dudit moulin, d'autre au midi et d'un bout du levant aux dittes dames à cause de l'article suivant, d'autre du couchant à elles mêmes à cause de leur fief de Damiette faisant le numéro 854 du plan de la seigneurie de Gif ». Toutefois, il faut noter que la décharge du moulin fut construite au XVIe siècle après plusieurs procès avec le moulin de Jaumeron situé en aval. Ainsi la carte d'état-major du XIXe siècle montre bien la rivière morte et le bief du moulin.
Extrait d'une carte d'état major (IGN).
Les lettres de l'évêque de Paris Après sa reconstruction sous l'impulsion de l'évêque de Paris, Maurice de Sully, l'une des premières possessions du monastère Notre-Dame de Gif, se trouve un moulin, voisin de l'enclos conventuel « quandam molitum molendini proxum ejusdem monasterio », et qui porte depuis le nom de moulin de l'abbaye , alimenté par les eaux de la rivière d'Yvette. L'existence de ce moulin semble être antérieure à la restauration du couvent, toujours est-il qu'au tournant du XIIIe siècle, il était possédé en indivis, une moitié à l'abbaye et l'autre au meunier qui l'exploitait. Ce partage peu commun se termina par une chicane entre les religieuses et le meunier Eudes Baptesté et sa Marguerite sa femme « Odonem Bateste et Margaretum uxorem ejus », qui fut résolue par le jugement de trois arbitres nommés par Eudes, évêque de Paris. La transaction fut passée l'an 1201 , avec le meunier Odon Baptesté et sa femme, « pour raison de quelques droits qu'ils prétendoient sur le moulin de l'Abbaye, et qui sont réglez par ladite transaction ». Ainsi, le litige prit fin et le moulin devint la pleine propriété du couvent de Gif. Lettres de l'évêque de Paris pour le moulin de l'abbaye de Gif (1201).
L'acte de concordat en langue latine peut se traduire par ceci : « Odon par la grâce de Dieu évesque de Paris à tous ceux qui ces présentes lettres verront salut. Sçavoir faisons, que comme nous avons veu par le rapport de Foulques doyen de Saint-Denis et de maître Gérard et de maître Guibert, chanoine de Saint-Paul, qu'ayant procez entre les Religieuses de Gif d'une part et Odon Baptesté et Marguerite sa femme d'autre part, par devant les mesmes juges délégués du Saint-Siège apostolique pour certaines moutures du moulin proche du monastère. Ils se seroient enfin amiablement accordez en la manière qui s'en suit. C'est à sçavoir que ledit Odon et sa femme ont quittés pour toujours au susdit monastère dont le droit qu'ils avoient sur la moitié du moulin, à condition que lesdites religieuses leur payeroient et à leur héritiers par chacun an à certains termes prescripts, la quantité de dix huict septiers de bon méteil et six septiers d'avoyne, à sçavoir six septiers à la saint Rémy, six septiers à Noël, six septiers à Pasques et six septiers à la saint Jean, et s'il arrivoit que lesdites Religieuses fussent inquiéttés par quelqu'un à l'absence du susdit Odon et sa femme, lesdittes Religieuses pourroient justement retenir le bled cy dessus mentionné jusques à ce que ledit Odon et sa femme les fissent jouir paisiblement et en outre que si par la négligence desdittes Religieuses, ledit moulin venoit à dépérir, elles ne laisseront par pour cela de payer le bled susdit dans ces deux mesures de bleds y sont compris quatre septiers pour les champarts qui estoient deubs par les susdittes Religieuses audit Odon et sa femme. L'abbesse de Gif et ledit Odon et sa femme ont signé en notre présence cette transaction et se sont promis de la garder en foy de quoy du consentement de l'une et l'autre partye avons faict apposer à ces présentes notre scel. Faict et passé l'an de notre Seigneur mil deux cens et un et de notre pontificat le cinquième ». Avant la fin du XIIIe siècle, l'abbaye du Val de Gif pouvait prétendre être à la tête d'une seigneurie ecclésiastique importante possédant un domaine utile avec son moulin banal, plusieurs fermes agricoles, des droits dîmiers sur de nombreuses paroisses et de multiples droits seigneuriaux et droits fiscaux de toute nature. La subsistance des religieuses était assurée par de nombreux domestiques mais aussi par les redevances en nature stipulées par les clauses des baux à ferme ; la farine leur était livrée par le meunier du moulin de l'Abbaye, possédé en pleine propriété mais aussi par les meuniers des moulins dans lesquels l'abbaye possédait des rentes. En ce qui concerne le moulin de l'Abbaye, ce bien était d'un rendement certain ; outre la redevance d'une certaine quantité de « bled mousture », le meunier était contraint de moudre les grains que les religieuses recevaient des dîmes. De plus, au XIVe siècle, l'abbaye de Gif possédait différents droits sur les moulins de Bures, de Jaumeron et de l'Étang. L'inventaire de 1630 mentionne :
Mémoire " quand on fera des baux du moulin " Sous le titre « Mémoire faict au suict du moulin de l'Abbaye de Gif », l'un des procureurs de l'abbaye, au XVIIe siècle, donne les instructions en conseillant de « lire ce mémoire quand on fera des baux du moulin ». Il est de l'ancienne fondation de la maison de Gif, cela paroit par les admortissements déclarations faicte au sujet des recherches quant à faire aux communautés ecclésiastiques pour leur faire payer leur droits de finances et acquets. Le seigneur de Gif n'a peü prétendre aucune redevance soit pour les cens et autres charges de paroisse ni retenu pour le luy en quoy que ce soit. À chaque fois qu'on fera des baux du moulin avec grand soin ou d'affermer la pesche de la rivière au meusnier ou au moins ne pas manquer de ce la reserver, cela est de conséquence pour faire veoir une possession continüelle du droit de pesche, lequel à coté acquis par le contrat de vente du fief de Damiette. Ce droit de pesche commence depuis le moulin de Geaumeron à un endroit qu'on appelle la Fosse aux Gouix, cette fosse en un certain endroit ou le lit de la rivière est plus creüe qu'ailleurs, et cet endroit est au bout de la pierre appelée de pré appelé les sept arpents à requint du moulin qui font la séparation d'un autre prez de Gif lesquelz prez de Gif sont entre les sept arpents du moulin et le pont qu'on appelle communément Guignon, cette fosse aux Gouix faisant séparation de l'un et de l'autre. Obligez le meusnier à chaque renouvellement de bail de planter quelques arbres à cidre, principalement des poiriers qui est le meilleur fruit à cidre, l'obliger que les arbres soient reprir, c'est-à-dire vifs, qu'il s'engaige par les garantir bien reprir par la mesme clause. Qu'il soit tenu de souffrir faire les grosses réparations quant principalement cela n'ira pas à grand temps car si cela assoit ung temps considérable ensemble qu'on sera obligé de l'indemniser et de luy faire quelque diminution. Avoir soin de faire une nouvelle prisée à chacque renouvellement de bail, tant pour Mesdames de Gif, parce que le meusnier avoit quelque fois laissé faire les choses de son dire et pour luy mesme qui pouvoit savoir augmenté, dont Mesdames de Gif ne voudroient pas profiter à son désavantage. Avoir soin de lire les baux précédant ceux qu'on fera soit pour y mettre les clauses ordinaires qu'on met dans les baux ou pour s'éclaircir de ce dont ignore le plus à propos. Tout ce qui sera à priser en ce qui n'est point cité aux clauses avecq chaux et plastre ni attaché le fer par des clous. Avoir soin de dire aussi dans ces baux que le moulin le jardin et 2 arpens tant terre que pré qui sont à costé pour les 4 arpents 53 perches de terre de l'autre costé du chemin qui aboutissant sur le bord de la rivière sont de l'ancienne fondation et dotation de la maison de l'Abbaye.
Le moulin au XVe siècle Le temporel de l'abbaye de Gif se trouva réduit à peu de choses à la fin du règne de Louis XI. La gestion de Marguerite d'Orouër fut une catastrophe, d'un caractère autoritaire, cette abbesse avait aliéné la majeure partie des biens, à l'exception du moulin de l'Abbaye et de l'enclos du couvent, allant jusqu'à faire des baux emphytéotiques de 99 ans « finiz, accompliz et révoluz » (bien évidement ce sont des aliénations déguisées). Comme le moulin de l'Abbaye touchait à l'enclos du couvent, et que d'ailleurs il était indispensable pour la nourriture des religieuses, on se donnait bien garde de l'aliéner pour longtemps, afin de conserver sur lui toute l'autorité compatible avec la nécessité d'y entretenir un meunier. À cette époque, les baux étaient généralement faits pour une durée de trois ans. Au moment où Hélie de Forges, la nouvelle abbesse prit possession de Notre-Dame de Gif, en 1487 , le moulin de l'Abbaye, ou du moins ce qui en restait, était aux mains d'un certain Pierre Blavays. Tout y était en ruine et l'habitation du meunier n'existait même plus. Au mois de juin 1488, l'abbesse passa un bail de trois ans, au profit de Robert Aillet ou Aiglet , à la condition qu'il ferait bâtir pour le meunier « une maison en maçonnerie, garnie de planchers, de charpente et d'une couverture en bardeau ». Aillet semble s'être conduit, jusques là, comme un meunier sérieux à qui on renouvela le bail le 20 juin 1491 : « pardevant le substitut du tabellion royal de la prévôté de Châteaufort furent présentes les dames abbesse et religieuses de Gif qui confessent bailler à Robert Aillet, musnier demeurant au moulin de l'Abbaye de Gif en la chastellenie de Chasteaufort, leur moulin situé au bas du couvent ». Les lettres de Denis Cochin prévost de Montlhéry mentionnent que pardevant le substitut du tabellion de la châtellenie de Châteaufort « fut présent Robert Aillet, demeurant au moulin de l'Abbaye de Gif, chastellenie de Chasteaufort, meunie, lequel de son bon gré, sans contrainte,recoignoit et confesse devant ledict subsitut avoir prins et retenu à ferme et moison de grain et de son bon gré et bonne volonté, sans contrainte, jusqu'à trois ans révolus et accomplis, le moulin assis en la paroisse de Gif avec 16 arpents de terre, un jardin assis devant ledit moulin avec ses dépendances et appartenances. Ledit Robert Aiglet est tenu de faire faire une maison avec charpenterie et autre chose nécessaire à faire maison, ladite maison avec cheminée et deux planchers, clos nécessaire tant de fermeture et de clefs et d'une couverture en bardeau moyennant que ledit Robert Aiglet jouira pendant trois ans à ce titre de mouture … Faict le 7 juin 1488,… etc. ». Nous sommes bien au moment où l'on relève les ruines de la guerre. Le bail du moulin ne comporte donc aucune redevance en nature (mouture) ni en argent, mais seulement le prix de la maison correspond au loyer.
Bail du moulin de l'Abbaye (20 juin 1491).Le 11 juillet 1492 fut présent en sa personne Robert Aillet, meunier demeurant au moulin de l'Abbaye de Gif, chastellenie de Châteaufort, leque de son bon gré et bonne volonté, sans nulle contrainte, confesse avoir pris à tiltre de ferme, loyer et moison de grain du jour de Saint-Jean-Baptiste passé jusques à trois ans accomplis des relligieuses abbesse de l'abbaye Nostre-Dame de Gif, c'est à savoir le moulin d'icelle abbaye avec appartenances et dépendances, tout ce qu'il y avoir en icelluy pour en jouir par ledit meunier ledit temps de trois années durant, moyennant ce que le preneur sera tenu de rendre par an audit bailleur et outre de deux muids et demy de mouture qui est chacun mois de deux septiers et demy et sera tenu de faire audit moulin une roue et un rouet tout neuf et le temps desdits trois ans… et proffit du droit de pesche qu'il prendra poisson c'est à savoir depuis la grande écluse jusqu'à la fosse de Gouix… ». Le meunier Aillet était un homme sérieux qui renouvela son bail plusieurs fois avec les religieuses et demeura au moulin jusqu'en 1500.
Les meuniers au XVIe siècle Dans l'inventaire des titres de l'abbaye se trouve une liasse de papiers se rapportant au moulin de l'abbaye dont le bail du 28 mars 1500. « Item, une liasse attachée ensemble la première est une lettre passée soubz le scel de Gommetz le Chastel dit Saint-Clair pardevant Noël Belot tabellion audit lieu contenant Rolan Huot marchand meusnier avoit pris à tiltre de moyson du jour de Pasques prochain jusques à trente neuf ans de dame Florence de Forges, sœur abbesse de ladite abbaye, ledit moullin et ses appartenances aussy ung quartier de terre au bout de la cour dudit moullin, lesquels baillez le 28 mars 1500. Signé, Belot ». Ce meunier resta six ans à Gif. Lesdits deux, trois, quatre, cinq sont des baux faictz aux desnomméz en datte du 16 juin 1503, en 1488, signé Sue tabellion audit Gometz, le 30 juing 1491 signé Sevage commis du tabellion de Montlhéry, du 1er juillet 1492 signé dudit Sue, et du 18 mars 1499 signé dudit Belot auxquels sont encore attachéz plusieurs aultres, sont iceux inventoriés. Un nouveau bail du moulin de l'Abbaye est passé le 28 mai 1506 devant Noël Belot, notaire de la prévosté de Chasteaufort au nom de hault et puissant seigneur, monseigneur l'admiral de Graville, seigneur de Gommetz-le-Chastel . Fut présent en sa personne Robin Auvet, marchand, lequel de son bon gré, bonne volonté sans contrainte confesse avoir pris à titre de moison jusqu'à 39 ans accomplis et révolu, le moulin de la dame abbesse de Notre-Dame de Gif. C'est à savoir un moulin appartenant à ladite abbaye qui se comporte en un quartier de terre et quatre arpents au bout de la route du moulin tenant d'une part à la morte rivière et autre, moyennant la quantité de 30 setiers de grains, bon loyal et marchand. Ce bail a été vidimé le 5 mars 1560. Le 15 may 1513, sentence et appointement entre les dames de Gif et Michel Compenen avec une commission et deux rapports touchant le moulin de l'Abbaye appartenant auxdites dames de Gif. L'acte est adressé par le chambellan du roi et garde de la prévôté de Paris. Maître Jehan Le Picart au nom et comme procureur des religieuses, abbesse et couvent de Gif et Michel Compenen et sa femme, et la femme de Jacquet Chonel comme par provision des droits, lesdit mariéz fassent leur aulmones aux demanderesses des charges auxquelles ils ont prins eux et leurs prédécesseurs le molin et autres héritages des appartenances diceluy dont est quelques, (?) et oultre à entretenir ledit molin quy est en ruyne et décadence de réparations nécessaires ensuivant le bail de telle manières que les charges deubs à icelles religieuses… Ledits mariés seront tenus de paier les charges…Une transaction des réparations nécessaires et convenables devra faire voir et visiter le molin. Bail du moulin du 12 mai 1515 passé à Arnoult Laferment, musnier demeurant au moulin de Bures et de Gif, lequel confesse avoir prins à ferme et pension jusqu'à huit ans des religieuses, abbesse et couvent de N.-D. du Val de Gif, … cest à sçavoir, un moulin avec le jardin tout fossoyé tenant à la roue du moulin, item 5 quartiers de pré… , item un arpen…ce bail fait moyennant la quantité de 9 boisseaux de blé, également d'aller quérir le blé à ladite abbaye et le rendre moulu, fournir et eddifier (?),… et fournir un gasteau. Bien qu'il y ait eu quelques tentatives de réforme et de redressement du temporel de l'abbaye de Gif, sous la prélature de Jeanne de Francières, abbesse de 1505 à 1514, le seul bien fonds échappé à la dilapidation générale, était le moulin de l'Abbaye. Comme depuis l'année 1500 on le louait pour un an seulement, et pour trois ans tout au plus, plusieurs meuniers y passèrent assez rapidement. Ces changements ne contribuaient guère à sa prospérité; et cette malheureuse épave devint à son tour une nouvelle source de discussions et de procès. L'abbesse et Blaise le Vacher, procureur du couvent, prétendaient que le moulin était en ruines , et que le meunier devait y faire des réparations; celui-ci soutenait au contraire que tout était en fort bon état. Une sentence du prévôt de Paris donna gain de cause aux religieuses; mais la communauté n'eut de paix de ce côté-là qu'en louant au mois de mars 1515, le moulin pour huit ans à Arnoul Ancemert . Un autre article de l'inventaire du XVIIe siècle mentionne : « Item, deux pièces attachées ensemble, la première est ledit bail fait dudit moullin pour neuf ans à Jean Jacques Pivit demeurant à Gif, ledit moullin avecq cinq quartiers ou environ de pré, un petit clos près ledit moullin contenant ung arpent et demy de terre environ et encore deux arpens de terre labourable, aulnoy, pré que pasture sciz entre ledit moullin et la closture, en datte du 25 aoust 1526 et la deuxième est le procès verbal de la prisée des ustansiles du moullin du 11 may 1528, ladite prisée inventoriée audit bail ». Élue abbesse en 1537, Hélène Brulard dut faire face aux attaques de Jean Frédeval, curé de Gif et de Thomas Gombault, son vicaire ; mais les religieuses les sachant privés de l'appui du fougueux René de Bellay, passaient outre sans se tourmenter de leur opposition. Une querelle de clocher intervint à propos de l'usage de donner la sépulture, dans le petit cimetière de l'abbaye, aux serviteurs et familiers du couvent, et notamment au meunier de l'Abbaye et sa famille. Frédeval prétendait que cette coutume lésait les droits de la cure. L'abbesse fut assez habile et assez heureuse, pour triompher de cette mauvaise opposition. Un nouveau bail du moulin de l'Abbaye est passé en mars 1550 par devant Guillaume Petit, tabellion, procureur. Fut présent en leur personne les religieuses de Gif qui donnent et baillent leur moulin appelé moulin de l'Abbaye, à pension de grain jusqu'à neuf ans, audit sieur Arnoult Mache , meunier demeurant audit moulin…, ledit moulin avec son jardin tout fossoyé. Le bail moyennant la quantité de 9 boisseaux de bled mouture. Bail du moulin accordé le 13 janvier 1560 à « Pierre Suzanne marchant demeurant à la Folye Regnault, paroisse de Gometz-la-Ville, confesse avoir prins à titre de ferme, pension, moison de grain les choses cy après déclairées à noble dame Jehanne de Blosset… prieure » suit la liste des sœurs « représentant grande et saine partie de tout le couvent, assemblées à la grille du parloir au son de la cloche, c'est assavoir ung moulin à mouldre avec maison, estable, court, jardin derrière ledit moulin, et oultre le moulin avec un arpen… Ce bail et prinsé faict pour cinq années moyennant 3 muyds 4 septiers de bled mousture de moison, deux douzaines de chappons au jour de Noël, ung grand gasteau le premier jour de janvier. Le preneur fera mouldre les bleds et aultres grains des religieuses, aller quérir les grains dicelles en leur maison. Un acte de prisée du moulin est fait le 24 février 1560 à la requeste de noble dame Jeanne de Blosset abbesse de l'abbaye Nostre-Dame du Val de Gif, il a été procéddé à l'estimation du moulin de l'Abbaye des tournant et travaillant lesquels ont esté prisez par Guillaume Langloys laisné, meunier, et Gervais Vaultier, charpentier, etc. Premièrement, ung arbre troussé garny de quatre frettes deux tourillons et chevessié, prisés à la somme de 22 livres tournois. Item, la plotte garnye de fer avec la nille, estimé 6 livres . Item, la meule dormante de 13 poulces d'épaisseur à raison de 15 sols le poulce, qui fait la somme de 39 lt. Item, ung engin servant à lever la meule avec le chable, prisé 3 lt. Item la sarche, le meuble et fléau, prisés 5 lt. Item, la meule dormante d'épaisseur 5 poulces, estimée à la somme de 19 lt. Item, la huche recevant la farine, pour 35 sols. Item, une pièce de bois servant… et 2 vannes pour 15 sols tournois, etc… Faict les an et jour qui dessus en présence de Gilles Besnier et Jacquet Paignon, tesmoings.
Pendant la prélature de Jeanne de Carnazet (1571-1584), femme très entendue en affaire, l'état du temporel s'améliora d'une façon significative. Pour cela elle s'entoure de conseils utiles ; c'est elle qui s'occupe très activement d'améliorer l'état du moulin. Dans ces temps-là on n'était pas toujours heureux en meuniers. Ceux-ci changeaient bien souvent, et avaient de fréquents démêlés avec les religieuses, comme il arrive d'ordinaire aux propriétaires qui vivent trop près de leurs fermiers. En 1576 toutefois, on mit la main sur un certain Jean Griffon , qui fit un bail de six ans. Il l'acheva tout entier et le renouvela même, ce qui donna quelque répit à la communauté. À suivre…
Notes (1) J.-M. Alliot, Histoire de l'abbaye et des religieuses bénédictines de N.-D. du Val de Gif (Libr. A. Picard, Paris, 1892).
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