Le moulin de l'abbaye à Gif (2) (1563-1616) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _-------------------------___---_--août 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse *** (*)
C. Julien JP. Dagnot
Cette chronique est le deuxième volet de l'histoire du moulin de l'Abbaye à Gif-sur-Yvette, qui, sous l'Ancien régime, appartenait aux « dames abbesse, religieuses et couvent de Notre-Dame du Val de Gif » comme il est dit dans les documents anciens. Après avoir donné les anciens documents du XIIe au XVe siècle, nous suivons la chronologie. Conservant la tradition des chroniques, nous avons gardé l'orthographe des textes originaux.
Le moulin au XVIe siècle Commençons par le bail fait à Estienne Boissière: Du XXe jour d'apvril mil cinq cens soixante trois après Pasques, fut présent en personne Estienne Boissière, marchant demeurant à Courcelles, parroisse de Gif, confesse avoir prins et retenu à tiltre de ferme, pencion et moison de grain du premier jour de may prochainement venant jusques à trois ans et trois despouilles faiz et aultres cy après déclarées de noble dame Jehanne de Blosset, abbesse de labaye de Notre-dame de Gif, comparant et acceptant par sœur Marie de Herguismen, relligieuse de ladite abbaye à laquelle ladite dame de Blosset a donné et baillé permission de bailler à ferme les moutures et fermes appartenantes à ladite abbaye. Et aussi en la présence et par le consentement de sœur Marie Guimier, sœur Parette Poullain Chantré, sœur Loyse Daltier, sœur Claude le Rousse et tout le couvent dudit lieu. Icelles assembléez à la grille du parloir au son de la clochette pour accorder ce qui s'ensuit, présentes bailleresses et accepteresses ledit temps durant. C'est à sçavoir : Le bail suivant est fait six années après: Furent présentes noble dame Jehanne de Blosset abbesse de l'abbaye Nostre Dame du Val de Gif, sœur Geneviefve, sœur Catherine, etc… et Magdeleine Sonfin, toutes religieuses professes en ladite abbaye, assemblées devant la grille de leur église pour faire les affaires de leur abbaye, confessent avoir bailler de moison et pension de grain des choses cy-après délaréez du présent jour jusques à trois ans, à Denis Ronvondde, marchant munier demourant au moullin des relligieuses. C'est assavoir ung moullin à eau à mouldre bled assis sur la rivière d'Ivette sis en dessoubz de l'abbaye, maison, estables, court et jardin devant ledict moullin… moyennant deux muitz et demy de bled mousture mesure de Chasteaufort que ledit preneur promet et une demye douzaine de chappons, le tout par chacun an… ».
Voyons maintenant un acte de prisée du moulin contre Jean Aubry naguère lors meunier est dressé en 1573 . « À la requeste de noble dame Jehanne de Carnaset abbesse de l'abbaye Notre-Dame du Val de Gif, pardevant Gilles Malenon principal tabellion en la chastellenie de Chasteaufort, il est proccédé à la prisée et estimation des ustensiles tournants travaillants du moullin de l'abbaye et autres meubles appartenant dudit moullin, après le départ de Jehan Aubry, meusnier. Ont comparu Jehan Devert, maistre charpentier demeurant à Montlhéry, et Gilles Besnier, marchand à Gif, lesquels ont visité et prisé ledit moulin, comme il ensuit. Suite à cette prisée un nouveau bail du moulin faict à Anthoine Buhot, les mêmes termes sont utilisés. Depuis deux ans, l'abbaye de Notre-Dame du Val de Gif est dirigée par noble dame Jehanne de Carnazet présente à cette occasion, accompagnée par la communauté dont sœur Genevièfve Fournier, sœur Charlotte de Grand-Rue, sœur Marie Guymine, sœur Pierette Poullain, sœur Catherine Pommeret, sœur Jehanne Parisse, sœur Catherine Mahiel, soubz prieure, sœur Claude La Rousse, sœur Madeleine Solin, toutes religieuses professes de ladite abbaye assemblées à la grille pour traiter les affaires de ladite abbaye confessent avoir bailler à tiltre de ferme de moison et pension de grain et choses cy-après déclaréez, à Anthoine Buhot, marchant demeurant à présent à Bures à ce prenant et acceptant pour luy, ung moullin à eau à mouldre bled assis sur la rivière Divette proche ladire abbaye, maison et estable, court et jardin derrière ledit moullin, le tout contenant ung arpent de terre ou environ… Puis, les clauses d'entretien classiques et le montant du loyer « moyennant la quantité de vingt septiers de bled de mouture, mesure de Chasteaufort tant que le preneurs demeuroit audit moulin, avec six chappons et un gasteau au premier jour de l'an… ». Le bail faict en l'étude de Hierosme Le Roy en présence de Jehan Nussier et Simon Raymond, témoins. Un autre acte de prisée du moulin de l'Abbaye est dressé le même mois où il est constaté que le meunier est parti " à la cloche de bois ". « À la requeste de noble dame Jehanne de Carnazet abbesse de l'abbaye Nostre-Dame du Val de Gif et de Grousson procureur de icelles furent présents Jacques Capot demeurant paroisse de Saint-Clair et Marin Hervy cordier demeurant à Bures auxquels de Gouson le procureur des religieuses, lequel il nous a été montré troys petites bêtes porchines dont ung masle et deux femelles lesquelles ont esté cy-devant appartenant à Michel Touchet lequel ayant tenu à tiltre de ferme le moullin des Religieuses s'en serait allé et absenté hors du pays pour ne pas payer le fermage… ». Toutefois, le procureur fait mettre en garde les trois bêtes et fait procéder à la prisée et estimation du moulin, etc. Les lettres accordent, trois ans plus tard le bail du moulin à Jean Griffon. « À tous ceulx… Pierre Prous, licencyé ès loix, advocat en la Court de Parlement, juge et garde pour le Roy de la prévosté et chastellenie de Chasteaufort, et hault et puissant seigneur messire François d'Escoubleau, chevalier des ordres du Roy, gentilhomme ordinaire de Monsieur frère du Roy, seigneur de Jouy-en-Josas et seigneur adjudicataire de la prévosté et chastellenie de Chasteaufort, salut. Faisons savoir que pardevant Guillaume Carré substitut commis de Gilles Maillenoux, tabellion royal juré de ladicte prévosté dudit Chasteaufort, furent présentes en leurs personnes les Relligieuses abbesse et couvent de l'abbaye N.-D. du Val de Gif lesquelles confessent ce jourdhuy bailler à tiltre de loyer moison de grain à commencer du quinziesme jour d'octobre venant jusques à six dépouilles à Jehan Griffon, marchant et laboureur demeurant à Gif à ce présent, promet audict tiltre pour luy ledict bail, le moulin à eau et appartenances ». Il s'agit de 5 quartiers de pré appartenant auxdites religieuses. « Item aussy baille, délaisse audict Griffon toutes les terres labourables et non labourables… ». Le bail est passé moyennant la redevance de « 16 septiers de bled mousture que ledit preneur promet bailler auxdictes dames relligieuses par chacun an, avec ungne demi douzaine de chappons et ung gasteau d'ung minot de bled au jour de l'an ou aux Roys… ». Les clauses sont celles ordinairement celles rencontrées, en particulier l'obligation d'habiter le moulin et d'y mettre meubles et ustensiles du ménage pour la garantie d'une caution en cas de saisie. Trois ans plus tard, le 22 juin 1579, le moulin de l'Abbaye est affermé au même meunier. En 1579, par les lettres de Florent Lecques, licencyé ès loix, advocat à la Court de Parlement, juge et garde pour le Roy nostre sire de la prévosté et chastellenie de Chasteaufort par devant Gilles Maillenoux tabellion royal juré en ladite prévosté, furent présentes en leurs personnes nobles dames Jehanne de Blosset abbesse de l'abaye du Val Nostre Dame de Gif, sœur Geneviefve Séguyer prieure, sœur Charlotte de Grand-Rue soubz-prieure, sœur Jehanne de Oariis, sœurs Isabelle Bouchon, Geneviefve Fourmyes, Marie Guyunde, Pierrette Poullain, Geneviefve Pillart, Claude La Rousse, Jehanne Pany, Catherine de Poumereul, Catherine Mahiel, Magdelaine Bouchon, Marguerite Lesgnartiffinay, Magdelaine Sontil, touttes religieuses et professes de ladite abbaye assembléez à la grille pour traicter des affaires deladite abaye, confessent avoir baillé à tiltre de ferme de moison et pension de grain et choses cy-après déclarées… de troys ans en troys ans et promettent garantir ledit temps durant à Jehan Aubry, marchand boulanger demeurant à Chaulmusson, paroisse de Lymours, a ce présent promet et acceptant pour le temps durant. C'est assavoir ung moulin… etc. avec 5 quartiers de pré tenant à la morte rivière… Les clauses dévolues au preneur sont classiques : rendre le tout en bon état, faire les menues réparations aux bâtiments, entretenir les terres et les haies les entourant, et faire une prisée en fin de bail. Le tout moyennat la quantité de 16 septiers de bled de mousture, mesure de Chasteaufort tel que ledit preneur et ses gens mouldront audit moulin, sans frauldes que de faryne et moison de grain que ledit preneur a promis bailler aet payer auxdites relligieuses pour chascun an avecq un minot de bled forment aussy par chascun an, le tout pour faire un gasteau ... Relevons la morte rivière qui permet au meunier d'isoler son moulin quand il le souhaite. Un nouveau bail du moulin est fait en 1592 à Clément Gain, marchand demeurant paroisse de Saint-Rémy, qui confesse bailler à titre de loyer et moison de grain à commencer au jour de feste de Toussainctz jusques à six ans, à ce jour présent audit titre pour lui ledit temps durant. C'est assavoir le moulin consistant en maison, estables, grange, chambre, assis sur la rivière d'Yvette proche ladite abbaye… Ledit bail moyennant la quantité de seize septiers de mouture à livrer en ladite abbaye de trois moys en trois moys par esgalle portion et bailler auxdites dames six chappons et ung gateau d'un minot de bled aussi par chacun an au jour des Roys…
Un dernier bail du moulin pour ce siècle est faict à Simon David en 1595 . Par devant Guillaume Carré, substitut du tabellion royal furent présentes les relligieuses abbesse de Notre-Dame du Val de Gif en leur personne Antoinette de La Béraudière abbesse, sœur Catherine Mahiel prieure, sœur Madeleine Soutin, sœur Jehanne de La Salle, sœur Catherine Guy, sœur Marthe Cossard, sœur Claude La Marle et sœur Catherine Fourchal, touttes assemblées au son du timbre à la grille de leur abbaye, faisant… lesquelles de leur bon gré et bonne volonté ont baillé à tiltre loyer et moison de grain à commencer le quinzième jour de janvier prochain pour le temps de neuf ans à Symon David, marchand munier, et sa femme, de présent demeurant au moulin de Jaulmeron paroisse dudit Gif. C'es assavoir le moulin à eau assis en la paroisse de Gif…Le présen bail moyennat dix huict septiers de bled mousture que les preneurs s'obligent bailler de trois moys et trois moys, aussy ung gasteau d'ung minot de bled forment chacun an au jour des Roys…
Le moulin au XVIIe siècle Sous la prélature de Madeleine de Montenay, la gestion fut confiée à des procureurs et des prêtres qui vécurent près de l'abbesse à des titres divers. La mère supérieure trouvait en eux des auxiliaires dévoués et éclairés pour l'aider à faire son œuvre. Les trois frères Pierre, Jacques et Guillaume Sarrazin, tous trois prêtres, remplirent tour à tour les fonctions de procureur. Ils avaient aussi d'autres petits bénéfices, comme la cure de Janvry, dont Jacques Sarrazin était titulaire; mais la plus grande partie de leur temps était employée à gérer les affaires temporelles des moniales. Le 18 septembre 1600, un bail à ferme est fait par l'abbaye de Gif à Bonnaventure Ragnon de la ferme de l'abbaye, déclaré consister en la basse-cour, grange, estables, pressoir, jardin dit le jardin des futurs ans, toutes les terres labourables dépendantes de l'abbaye scises en la vallée par ladite abbaye à raison de cinq boisseaux de seigle à chacun arpent, mesure de Chasteaufort, avec six chappons, six poules, un porc gras de quatre mois et autres charges par chaque année. Une prisée du début du XVIIe siècle décrit le moulin de l'abbaye sous l'administration de Jacques Sarrazin. « …moulin à faire bled farine appartenant aux dames abbesse religieuses du couvent Nostre Dame de Gif de la paroisse dudit Gif et en la présence de maistre Jacques Sarrazin, prêtre, greffier, procureur et recepveur pour lesdites dames en ladicte abbaye et aussi de Guillaume Beudin, meusnier demeurant en la paroisse de Bures seroient comparus Jacques Ridonet, charpentier demeurant en ladicte paroisse de Gif et Jehan Herisson l'aîné aussi meusnier demeurant en ladicte paroisse de Bures nommez et accordez tant par ledict Sarazin audict nom que ledit Boudin sçavoir par iceluy Sarazin en la personne de Jacques Ridonet, charpentier, et par iceluy Boudin de la personne dudict Herisson pour faire la prisée et estimation des ustensiles tournant et travaillant dudict moullin pour jouir selon ladicte prisée à iceluy Beudin selon le bail à loyer et de moison, ce jourdhuy à luy faict, par ledict Sarazin dudit moullin de Gif pour satisfaire aulx clauses d'iceluy bail, lesquels susdicts Herisson et Ridonet ont à l'instant et de la présente que dessus des témoins cy-après nommez proccédé à ladicte prisée selon et ainsi que d'après ensuict.
Suit un autre bail en 1609: Simon David, meunier demeurant au moulin de Gif, afferme le moulin de l'Abbaye. Le bail commence le premier jour de janvier prochain jusques à neuf ans. Ledit David ne reste pas, Guillaume Beudin reprend le moulin en 1611; « A tous ceulx qui ces présentes lettres… Par devant Mathieu Polurire, principal tabellion royal juré en ladite prévosté et chastellenie soubz signé, fut présent en la personne maître Jacquin Sarazin prêtre habité en l'abbaye Notre-Dame du Val de Gif, fondé de procuration de la dame abbesse… lequel audit nom confesse avoir baillé et délaissé à tiltre de loyer et moison de grains… à Guillaume Beudin, musnier demeurant de présent dans la paroisse de Bures… c'est assavoir le moulin à eau faisant de bled farine assis en la paroisse dudit Gif, aussy cinq quartiers ou environ de pré et ung arpent ou environ de terre proche ledit moulin avecq deux arpens de terre et d'aulnoy… ». Le même jour la prisée du moulin est réalisée : devant Mathurin Polurire?, principal tabellion royal de la prévosté de Chasteaufort estant au moulin faisant de bled farine appartenant aulx dames abbesse religieuses et couvent Nostre Dame de Gif, la prisée et estimation en présence de Jacques Sarazin, procureur pour lesdictes dames, et Guillaume Beudin meusnier demeurant en la paroisse de Bures, de Jacques Ridonet, charpentier demeurant en ladicte paroisse de Gif et Jehan Vrisson laisné aussy meusnier demeurant en la paroisse de Bures nommez et accordez tant par ledit Sarazin audit nom que ledict Beudin, sçavoir par icelluy Sarazin la personne de Jacques Ridonet, charpentier, et par iceluy Beudin la personne dudit Vrisson, pour la prisée estimation des ustancilles tournant travaillant dudict moulin, ladicte prisée pour iceluy Beudin suivant le bail à loyer de ce jourdhuy à luy faict par ledict Sarazin, dudict moulin... La prisée cite comme d'usage, l'arbre troussé garni de ses frettes et tourillons, la roue et ses trois tourillons prisés 70 livres tournois, le fer avec la nille pour 16 lt., la meule courante garnie de ses accessoires pour 40 lt., la meule gisante pour 33 lt., le chable pour 30 st ., les moulinets haut et bas pour 4 lt., etc. Un nouveau meunier de la famille des Haniard arrive en 1618, par devant Jacques Saultrup, commis de Jehan Mille principal tabellion royal de la prévosté de Chasteaufort fut présent en sa personne messire Jacques Sarazin, prestre curé de Janvry au nom et comme procureur receveur de l'abbaye Nostre Dame de Gif et fondé de procuration de la dame abbesse par acte passé devant Mathurin Lelièvre, le 20 octobre 1610, lequel confesse avoir baillé et délaissé à tiltre de loyer pour le temps de neuf ans à Jehan Haniart, meunier demeurant en la paroisse de Gif. C'est assavoir…etc. Dans une liasse sont les procédures faites contre le nommé Besnière laisné, meusnier du moulin de l'Abbaye pour avoir payement des loyers dudit moulin dans laquelle liasse il y a une obligation dudit Besnière de la somme de 94 livres du 12 juin 1616 . Un bail a donc dû être passé suite au départ anticipé de Beudin... À suivre…
Notes (1) Vocabulaire de l'art du meunier , in Encyclopédie Méthodique, arts métiers mécaniques, vol. 5 (chez Panckoucke, Paris, 1783), p. 56. (2) La nille ou l'anille est une pièce de fer ayant la forme de deux C adossés au milieu de laquelle est un trou carré qu'on nomme l'œil de l'anille. L'anille est incrustée et scellée avec du plâtre ou du plomb dans le milieu de la partie intérieure de la meule courante.
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