Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis

(XVI) L'histoire revisitée

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _---------------------- --------- Juin 2010

C. Julien

 

 

 

Cette chronique est la seizième partie de la biographie de Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis et autres lieux. Cette fois nous avons relevé les inexactitudes qui ont été introduites par de nombreux historiens. Le résultat de cette étude a été le dépouillement de plus de 800 ouvrages citant l'amiral de Graville. Pour certains, ce n'est que quelques lignes, pour d'autres des chapitres entiers consacrés à ce brillant homme d'État.

Nous avons considéré le travail de Paul-Michel Perret comme étant l'ouvrage de référence bien que quelques petites fautes puissent être relevées. C'est la thèse de doctorat qu'il publia en 1889 «  Notice biographique sur Louis Malet de Graville  ». Le jeune savant, ancien élève de l'École des Chartes, mort prématurément à l'âge de trente-deux ans, est le maître incontesté de l'Histoire du règne de Louis XI. Passionné par l'histoire de la fin du XVe siècle il explora les archives vénitiennes, florentines, milanaises, génoises, etc. (1).

Enfin, notons que l'amiral est cité dans l'œuvre de Victor Hugo «  Notre-Dame de Paris  » au chapitre IV du premier livre intitulé «  Maître Jacques Coppenole  ». La scène se passe en 1482 à la fin du règne de Louis XI. Hugo fait "glapir un huissier entre deux rimes" pour annoncer «  Messire Louis de Graville, chevalier, conseiller et chambellan du roi, amiral de France, concierge bu bois de Vincennes !  ».

 

 

L'incertitude historique

Une des erreurs le plus souvent rencontrée est relative à la date de naissance de Louis Malet. Nous l'ignorons et la détermination de son âge ne peut-être qu'approximative. Ainsi quand on lit «  À l'âge de vingt-cinq ans, Louis Malet entra au service de Louis XI et fut assez habile pour ne pas mécontenter ce prince ombrageux. Il s'était d'ailleurs attaché à la fortune de son oncle maternel, Jean de Montauban, grand amiral de France…  ». Paul-Michel Perret a démontré l'invalidité de cette assertion. Il donne la majorité de Louis vers 1470 quand il rentre au service le Louis XI. Loin d'être premier chambellan comme le prétend Leroux de Lincy «  et fit ses premières armes sous son patronage. Nommé par le crédit de cet oncle premier chambellan du roi  ».

Nous trouvons de nombreux textes qui comporte des inexactitudes sur la qualité de Louis de Graville comme amiral de France . La première qui peut être citée est la date de prise de fonction d'amiral de France, quand on sait que la dignité fut accordée immédiatement à la mort de l'amiral de Bourbon en janvier 1487. De nombreux auteurs sont fantaisistes à ce propos. On pourrait comprendre la confusion classique en l'année «  ancien style  » débutant au 1er avril et l'année «  nouveau style  » qui commence au 1er janvier. Dans sa note, l'éditeur des Mémoires de Philippe de Commynes écrit : «  Louis Malet, seigneur de Graville, de Marcoussi, et de Bois-Malesherbes, gouverneur de Picardie et de Normandie, pourvu de la charge d'amiral l'an 1485…  » (2).

 

 

L'histoire serait-elle revisitée ??

Louis-François Du Bois écrivit en 1825 : «  1484. La charge d'amiral est donnée à Louis Mallet ( ?), seigneur de Graville, qui eut en même temps le gouvernement de Honfleur  » (3). Dans Wikipedia : «  Louis Malet de Graville est nommé amiral de France en 1486, après la mort de Louis de Bourbon, comte de Roussillon  », assertion identique à celle du Larousse  : «  Louis Malet de Graville est nommé amiral de France en 1486, après la mort de Louis de Bourbon, comte de Roussillon  ». Puis d'un autre auteur : «  Louis de Graville, petit-fils de Jacqueline de Montagu, fut le plus illustre représentant de sa maison. Chambellan et Conseiller de Louis XI, nommé amiral de France en janvier 1487  ».

Les lettres de provision de Graville comme amiral ont échappé aux chercheurs, mais la date peut être approchée avec une assez bonne précision. Le bâtard de Bourbon, son prédécesseur, mourut le 19 janvier 1487. Les dates de deux quittances permettent d'encadrer celle de la provision : dans sa quittance du 24 janvier, Jean Lallemant, commis aux finances reconnaît avoir reçu de Denis Duval, grenetier de Dieppe, 300 l .t. partie de 3.000 l .t. ordonnées à Louis, seigneur de Graville, «  chambellan et conseiller du roy  » pour sa pension de 1487. Le 31 janvier il donne une quittance sur ses gages d'Amiral qui s'élèvent à 2.000 l .t. par an. Il a donc été nommé amiral entre le 24 et le 31 janvier 1487 par le roi Charles VIII .

 

 

L'art de vérifier les dates

D'autres erreurs peuvent être citées. Dans le bulletin de la SHACEH (No. 71 paru en 2001, pp. 7-18), M. Wilmart écrit «   Le 5 mai 1479, le roi Louis XI autorise son cousin, l'amiral de Graville, à bâtir des halles en sa seigneurie de Milly, afin de relancer le commerce…  » . Voilà une erreur mineure, un abus de langage pour désigner Louis de Graville à une époque où il n'avait pas reçu l'office de l'amirauté.

La notice sur le château de Graville dans «  La passion des Châteaux  » nous explique «  En 1500, Louis Malet de Graville (1441-1519), futur amiral de France, occupe le château. Il épouse Marie de Balsac  ». Dans le bulletin de la Société Historique et Archéologique de Rambouillet : «  Louis Malet de Graville , amiral de France dès 1486 jusqu'en 1508, et de 1511 au 30 octobre 1516, jour de sa mort, fut l'un des personnages les plus important…  ».

La lettre de Louis de Graville à Charles VIII occupé par son expédition en Italie a été donnée par Michel Perret, probablement par erreur, comme étant du 28 février alors que la missive envoyée de San-Germano par le roi mentionne le 28 janvier. Cet auteur commet une faute quand il nomme Louise de Balsac, femme de l'amiral, au lieu de Marie (note, page 180).

Nommé gouverneur de Picardie au cours de l'été 1494, Louis Malet «  sire de Graville de Montaigu et de Marcoussy  », amiral de France, fait à cette époque et non en 1498 comme le dit par erreur le Père Daire, son entrée officielle dans la ville. «  L'admiral de France à présent lieutenant du roi ès marches de Picardie en l'absence de Mr. le comte de Ligny estant en l'armée au voyage de Naples vient en ceste ville…  ». Le maire, Antoine Clabault l'accueille avec tous les échevins «  ilz yront faire luy en son hostel la révérence comme il appartient… » (4).

L'auteur des Notes sur le Voyage de Don Pedro Nino en Normandie , Charles de Robillard dit : «  Quand il mourut vers 1453, il y avait longtemps déjà que Madame de Bellengues était descendue dans la tombe. Après que le page de Nino fût venu la dégager de sa parole, elle n'avait pas tardé à épouser un seigneur d'une des plus riches familles du royaume, Louis Malet de Graville, sieur de Montagu, qui devint grand maître des arbalétriers de France  » Il est évident qu'il faut lire «  Jean  », grand-père de Louis (5).

 

 

En parlant de Graville, qui assista au Conseil du roi à Montargis, Perret dit «  Il y célébra sans doute les fêtes de nouvel an, car il y était encore au début de janvier 1485  ». L'auteur a oublié qu'au Moyen âge et jusqu'en 1564, le nouvel an débutait le 25 mars, jour de l'Annonciation (dit vieux style). L'édit de Paris de Charles IX fixa au 1er janvier le commencement de l'année jour de la Circoncision (nouveau style).

Michel Perret est courtois avec Malte-Brun ; il fait néanmoins remarquer que son collègue croit injustement que Louis de Graville avait reçu, de son père, en 1458 la seigneurie de Marcoussis. Par contre, Graville portait le titre de seigneur de Marcoussis dans un acte du 6 mai 1479. Il semble qu'il ait eu l'usufruit de cette terre, peu de temps avant.

 

 

Les manques de rigueur

Il est surprenant de voir les historiens «  les plus patentés  » donnant des biographies de Louis de Graville sans vérifier leur source. Nous avons évoqué le procès du duc de Nemours auquel Graville participa activement ; accusé comme «  crimineux de lèse majesté  », il fut décapité le 7 août 1477. Selon Dufey de l'Yonne «  le roi donna une partie des biens de Jacques d'Armagnac à Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, qui avait dirigé cette procédure, une autre partie au duc de Graville et à d'autres, et s'adjugea le reste  ». Louis de Graville ne porta jamais le titre de duc . À ce propos donnons l'horrible destin de cette famille, ordonné par le roi : «  les jeunes fils du condamné furent attachés sous l'échafaud, et fixés perpendiculairement et directement sous le poteau de décollation, pour sentir couler sur leur tête et leur visage le sang de leur père. Ils furent ensuite ramenés à la Bastille  ; le gouverneur les faisait fustiger en sa présence chaque semaine, et on leur arrachait une dent chaque mois ; l'un pérdit la raison et la vie en prison ; l'autre fut tué dans un combat en Italie  » (6). Peut-on être plus cruel ?

Le bibliophile Jacob (Hist. du XVIe siècle) dit que «  Louis de Graville n'eût pas conservé sa situation à la cour du roi Louis XII sans le mariage de sa fille unique avec Charles d'Amboise  ». Cela nous paraît une erreur double : il fut disgracié et il avait plusieurs filles.

L'auteur de l' Histoire du Siège de Rouen en 1418 , accumule les confusions en écrivant : «  Malet de Graville, capitaine de cette garde de la reine, ne s'en déclara pas moins dauphinois… Il était, avec la Pucelle d'Orléans, au sacre de Reims… Son second fils, l'amiral de Graville, gouverna la France sous le régence d'Anne de Beaujeu, et s'y enrichi tellement…  ». Mise à part, la filiation fautive, certes Louis de Graville participa au gouvernement de Madame de Bourbon, mais ne fut jamais premier ministre comme le laisse entendre M. Gaillard. Encore une fois, dans un Précis des travaux de l'Académie des Belles-Lettres nous lisons : «… Louis Malet de Graville, sieur de Montagu, qui devint grand maître des arbalétriers de France. Louis de Graville s'attacha à la personne de Charles VII ; il se signala par  ».

Dans les Mémoires biographiques et littéraires par Philippe Guilbert donne une étrange description de la famille de Graville «  Girardi villa  » (7). Commençant par dire que Louis de Graville, «  seigneur d'une bourgade située à deux kilomètres du Havre, fut un personnage distingué sous Louis XII et François 1er… Il sortit de la vie le dernier jour d'octobre 1516 », il continue par dire «  un autre seigneur de Graville s'était distingué dans le combat glorieux livré par Dunois, en 1427, sous les murs de Montargis…  », sans aucune mention qu'il s'agissait de Jean V Malet. Puis, le biographe termine par une note dans laquelle on lit «  Le dernier sire de Graville fut Jean V, grand maître des arbalétriers, grand pannetier et grand fauconnier de France ; il mourut sans enfans mâles en 1516  ». Le lecteur avisera qu'il s'agit d'une "belle salade historique".

Mais, il n'est pas le seul. Joseph Morlent qui rédigea «  Le Havre ancien et moderne » fait la même faute «  Louis de Graville fut amiral de France sous Louis XII. Le dernier sire de Graville fut Jean VIII grand-maître des arbalétriers et grand-fauconnier de France ; il mourut, sans enfans mâles, en 1516  ». Nous passons de Jean V à Jean VIII !!

Jean-Benoît Cochet a fait une erreur quand il décrit la sépulture des Malet à Graville dans son ouvrage «  Les Églises de l'arrondissement du Havre  ». Après avoir dit que Louis de Graville avait fait des présents dignes de son grand coeur et notamment «  à la cathédrale de Rouen, une cloche de 666 livres , qui, à cause de lui, fut appelées Louise de Graville  », l'auteur commet plusieurs erreurs grossières «  Le même avait fondé à Marcoussis un couvent de Célestins et c'est là qu'il fut surpris par la mort  ».

Brantôme se trompe lorsqu'il dit que Charles de Chaumont avait seulement vingt-cinq ans quand il devint gouverneur du Milanais ; il en avait vingt-sept. Les ambassadeurs vénitiens le représentent, à cette époque, comme un homme à qui l'on donnerait trente-deux à trente-quatre ans, parlant facilement et jouissant auprès du roi d'un grand crédit.

Plusieurs auteurs ont écrit que Louis de Graville avait été capitaine du Mont-Saint-Michel. Ceci est impossible car Imbert de Batarnay, sieur du Bouchage, en 1464 reçut la capitainerie du Mont, laquelle demeura plus d'un siècle dans sa famille. Ici il faut voir une confusion entre Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel où Graville accompagna le roi en pèlerinage à l'abbaye, les 26-28 octobre 1487. D'autres historiens prétendent que Louis de Graville participa à l'expédition d'Italie, il n'en est rien. Il s'agit d'une mauvaise interprétation d'une lettre datée du 20 août 1495 à propos de la conqueste de Naples «  la compagnia di monsignore l'amiraio di Franza  » était à Verceil.

Guillaume Doyen, historien de la ville de Chartres et de Beauce dit : «  Jacques de Vendôme, qui succéda à son père en tous ses biens, prenoit la qualité de vidame de Charles, en 1485, prince de Chabannois, etc. Il épousa Louise de Graville, sœur de l'amiral de Graville, de laquelle il eut Louis de Vendôme, qui étoit vidame en 1506  ». L'auteur commet deux inexactitudes que nos lecteurs auront détectées : Louise est la fille de l'amiral et Louis devint vidame au décès de son père en 1507 (8).

 

 

Malte-Brun et Graville

Nous avons déjà parlé des inexactitudes introduites par Malte-Brun dans son ouvrage Histoire de Marcoussis édité en 1867 ; erreurs qui l'ont plagié «  à l'état brut  » ultérieurement. En ce qui concerne Louis de Graville, nous relevons celles dans le chapitre cinquième. (p. 90) l'auteur laisse entendre qu'en partant pour la conquête de Naples, le roi fut accompagné par Graville «  au-delà des Alpes  ». Puis, Malte-Brun écrit «  pour le récompenser de ses services loyaux, lui donna, en 1494, le gouvernement des deux importantes provinces de Picardie et de Normandie  ». Cette assertion est contredite trente ans plus tard par Michel Perret, le biographe de Graville qui est catégorique à ce sujet.

Il est vrai que Graville fut nommé, le 20 août 1494, à Vienne, gouverneur de Normandie pour suppléer le duc d'Orléans qui prenait part à l'expédition et de Picardie pour remplacer le maréchal d'Esquerdes (ou des Querdes) qui venait de mourir. Voici le texte de Perret, page 166 qui met les choses en bon ordre : «  L'amiral ne suivit pas le roi et Anne de Bretagne jusqu'à Grenoble, mais il leur fit ses adieux à Lyon. Ainsi contrairement à ce qu'a avancé le père Anselme, il n'entra pas en Italie, il s'empressa, au contraire, de remonter vers la Picardie , menacée par le neutralité ambiguë de Maximilien  ».

Dans le paragraphe qui suit Malte-Brun n'a pas vérifié les dates , ainsi Graville devient amiral en 1486 ( ?), Charles d'Amboise est mort en 1510 ( ?) en Italie. Une nouvelle inexactitude est apportée quelques lignes plus bas «  L'Amiral avait acquis, vers 1507, les fiefs de la Ronce et de Chenanville, le premier situé sur le territoire de Marcoussis, le second sur celui de Linas ; il possédait encore, sur ce même territoire de Linas, les deux fiefs de Guillerville et de Fontenelles…  ». La preuve de ce que nous avançons est vérifiée de deux côtés :
- Les déclarations de foy
et hommage de Louis de Graville données au roi en 1482, 1483 et 1499, au moment du changement du vassal ou du suzerain sont formelles : «  Savoir vous faisons que notre amé et féal chambellan Loys seigneur de Graville nous a aujourdhuy [2 novembre 1482] fait en noz mains les foy et hommaige que tenu nous estoit… item, du chastel terre et seigneurie de Marcoussis, Villiers, Vallaron, la Ronce , Nozay… de l'ostel, seigneurie et appartenances de Chetonsville…  ». La désignation est clairement énoncée. Les mêmes termes sont repris le 16 octobre de l'année suivante. Louis XII reçoit la même déclaration le 12 juillet 1499.
- Le
20 décembre 1500, haulte et puissante dame Marie de Balsac, femme de Loys de Graville, seigneur de Marcoussis, Milly et autres lieux, laquelle fait un codicille à son testament. Parmi, les différents articles, la dame de Graville mentionne qu'elle : «  donne et délaisse sa mestairie et appartenances dicelle ( La Ronce ) apportées de son conquest, assis en la paroisse de Marcoussis, aux pauvres estudians qui sont et qui seront au collège de Montagu...».

Pour ne pas accabler Malte-Brun, nous pouvons croire qu'en 1507, Louis Malet avait agrandi son domaine en achetant des parcelles à La Ronce , mais en aucun cas avait acquis le fief à proprement parler.

Malte-Brun a commis deux autres «  petites perles  » dans le même chapitre en parlant de François 1er , qui n'étant que l'héritier présomptif de la Couronne , serait venu à Marcoussis vit une jeune fille qui lui «  inspira une passion telle que le triomphe ne put l'assouvir, et qu'après la mort de son oncle le roi Louis XII…  ». Les erreurs de ces lignes :
- François est qua
lifié de « duc d'Angoulême », ce qui n'a jamais été. Il ne fut que comte, comme ses ancêtres du rameau Valois-Angoulême.
- F
rançois n'est pas le neveu de Louis XII. Il n'est que son cousin, issu de la branche des Valois-Orléans par Jean d'Angoulême, oncle de Louis XII. François 1 er marié à Claude de France était aussi le gendre de Louis XII.

 

Blason de Louis Malet, amiral de France sur le donjon de Jouy (Cher).

 

 

Les plus belles perles

Parmi des erreurs grossières notons celle de Georges Pillement auteur des Environs de Paris inconnus (1961) : «  Malesherbes, qui s'appelait primitivement Soisy, avait pour seigneur Jean de Montaigu, qui fut le favori de Charles VI et surintendant des Finances. Sa veuve épousa l'amiral de Graville qui réédifia le château ». Nous évitons les commentaires.

Plusieurs autres inexactitudes peuvent être relevées que le lecteur corrigera de lui-même. Dans Les Églises de l'arrondissement du Havre , Jean-Benoît Cochet écrit «  il avait fondé à Marcoussis un couvent de Célestins  ». Edouard Gosselin et Charles de Beaurepaire ont donné des Documents authentiques et inédits pour servir à l'histoire de la marine en écrivant «  Louis de Graville , décédé sans enfants en 1516…  ».

Dans son livre «  les Moines au temps de la Réforme   », Jean-Marie Le Gall fait une faute quand il cite une libéralité pieuse de l'amiral de Graville aux tertiaires Saint-Eutrope-lès-Chartres , au lieu de Châtres (ancien nom d'Arpajon). Dans le catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale, l'auteur écrivit «  L'amiral de Graville étoit mort le 30 octobre 1516, ce volume, à sa mort, passa dans les mains de sa cinquième fille ». En 1825, Joseph Morlent prétend «  Le dernier sire de Graville fut Jean VIII, grand-maître des arbalétriers et grand-fauconnier de France ; il mourut, sans enfans mâles, en 1516  ».

Dans un vieux recueil de mémoires historiques de 1766 par Piganiol, à propos de la seigneurie de Milly-en-Gâtinais, Louis de Graville est qualifié de « chambellan du roi aussi amiral de France, duc de Vendôme, vidame de Chartres  ». L'auteur fait une confusion entre Graville et son gendre Jacques de Vendôme.

«  Charles d'Amboise II de nom avait épousé le 28 juin 1435, Jeanne Malet, seconde fille et héritière de Louis Mallet, sire de Graville et de Marcoussis…  » nous dit sans vergogne M. Artaud, auteur des Recherches Historiques sur la Forteresse de Jouy et le château de Sagonne . Espérons que ce ne soit qu'une coquille, car voilà une fille se serait mariée avant la naissance du père. Mais, l'an 1435 ne peut pas se transformer pas en 1491.

Parmi les auteurs fâchés avec les dates historiques, nous citons «  Veuve en 1510, Jeanne de Graville n'avait pour soutien qu'un fils qui, tout jeune encore, s'était rendu digne de porter le nom d'Amboise; mais, en 1524, à la trop fameuse bataille de Pavie, il tomba au premier rang, en défendant les jours de son roi  ». Le veuvage de Jeanne est du 11 février 1511 et la bataille de Pavie eut lieu le 24 février 1525. Un autre donne : «  Charles d'Amboise IIe du nom, seigneur de Chaumont,…, amiral de France en 1509 » . Le lecteur corrigera en 1508.

Parmi les records des plus belles perles, citons celles du site " La Passion des Châteaux " à propos du château de Graville à Vernou-sur-Seine (Seine-et-Marne) «   En 1500, Louis Malet de Graville (1441-1519), futur Amiral de France, occupe le château. Il épouse Marie de Balsac  ». Encore un auteur fâché avec les dates !

 

 

À propos du trépas de l'amiral

La date du décès de Louis Malet de Graville est «  à géométrie variable  ». Le lecteur appréciera. Dans un rapport de M. de La Tour publié, en 1862, dans le Bulletin de la Société Historique de l'Orléanais (vol. 3, p. 254) nous lisons : «  Louis de Graville se trouva à la bataille de Saint-Aubin-des-Cormier, et en d'autres occasions ; il mourut le 3 octobre 1516, âgé de soixante-dix-huit ans  ». Cet auteur donne l'inscription sur la pierre tumulaire de Louis de Graville « … Admiral et Grand-Maître des Arbalestriers de France… lequel décéda en l'an 1515  ». On comprend que la gravure a engendré des erreurs.

En écrivant La Chronique d'une ancienne ville royale, Dourdan, capitale du Hurepoix , Joseph Guyot commet une faute quand on connaît la date de la mort de l'amiral : «  Un très-curieux codicille, trouvé en 1515, après la mort de ce seigneur, et précisément daté de 1513, année de l'achat de Dourdan…  ».

Un autre auteur insiste avec cette date de 1515 : «  Le couvent des Pères Cordeliers de Malesherbes, paroisse de Soisy-Malesherbes, fut fondé l'an 1496, par Louis de Graville, amiral de France, qui décéda l'an 1515, et par dame Marie de Balzac, son épouse, et fut basty au commencement du XVIe siècle par leurs libéralitez  ». Il faut avouer à sa décharge que le graveur de l'épitaphe sur la pierre tombale de l'Amiral a inscrit : «  Ci-git Mre Louis, sire de Graville, seigneur de Marcoussis…lequel décéda en l'an 1515  » (9). On ne peut évoquer la «  datation vieux style  » puisque le décès eut lieu en octobre.

Dans le Journal d'un Bourgeois de Paris sous François 1er, il est dit «  Au dict an mil cinq cens seize, en novembre, messire Loys de Graville, admiral de France, chevalier, seigneur de Marcoussy, mourut audict lieu de Marcoussy, et en son lieu, fut fait admiral monsieur de Bonnyvet  ». Dans une note du protocole des déclarations de foy et hommage faites au roi, l'auteur donne : « … et le 29 octobre 1516, date du décès de l'amiral  ».

M. Brianchon, auteur d'un monographie sur la sépulture de Guillaume Malet, fondateur du prieuré de Graville est très confus en ce qui concerne la sépulture de Louis Malet de Graville «  L'amiral de Graville, dont le corps fut inhumé à Marcoussis, dans l'église des Céleslins ou des Cordeliers de Malesherbes, légua son cœur à l'église du prieuré de Graville, où il doit reposer encore aujourd'hui » (10).

À suivre…

 

 

Notes

(1) P. Meyer, P.M. Perret, 1861-1893 , Bibl. de l'École des Chartes, vol. 54 (1893) pp. 535-539.

(2) M. Michaud, dans Mémoires pour servir à l'Histoire de France , tome IV (Ed. du Code Civil, Paris, 1837) p. 232.

(3) L.-F. Du Bois, Résumé de l'Histoire de Normandie (Libr. E. Babeuf, Paris, 1825) 328 p.

(4) A. Janvier, Les Clabault, famille municipale amiénoise (Hecquet-Decobert, Amiens, 1889) p. 213.

(5) Dans les lettres du mardi 16 mai 1419 donnent que Madame Johanne de Bellengues de Beuzemonchel et de Montagu donna cent sols de rente à la fabrique de Notre-Dame de Rouen, nous lisons «  Madame Johanne de Bellengues, demourante à présent à Rouen, icelle à présent femme de noble homme Monseigneur Jehan de Graville, chevalier…  ».

(6) Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture , vol. 13 (chez Michel Lévy, Paris, 1857).

(7) P.-J.-E Guilbert, Mémoires biographiques et littéraires par ordre alphabétique , tome 1 (chez Mari, Rouen, 1812) pp. 517-518. Ouvrage dédicacé à Mr. le baron de Rollin, préfet de la Seine-Inférieure .

(8) G. Doyen, His torien de la ville de Chartres, du pays chartrain et de Beauce , t. I (Deshayes, Chartres, 1786)

(9) P.M. Perret, Notice biographique de Louis Malet de Graville (A. Picard, Paris, 1889) p. 207.

(10) M. Brianchon, Reconnaissance de la Sépulture de Guillaume Malet , in : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses (Impr. Lepelletier, Le Havre 1868) p. 163

 

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