Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis

(XIX) Les cousins bretons

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _---------------------- --------- Juin 2010

C. Julien

JP. Dagnot

 

 

 

Nous présentons le dix-neuvième volet de l'histoire de Louis de Graville. Dans la chronique précédente nous avons donné une généalogie partielle de la famille maternelle de Louis de Graville. Il n'est pas inutile de poursuivre pour comprendre les réseaux de pouvoir de l'amiral de Graville et son ascension au sein du gouvernement royal. Continuons l'étude des descendants de Guillaume de Montauban, son grand-père. Encore une fois, nous allons observer que le sire de Graville était en parenté avec les plus grands personnages du royaume : un duc de Bretagne, un vicomte de Thouars, un maréchal de France, un archevêque et plusieurs évêques.

 

 

Les cousinages de l'amiral

Dans une chronique précédente «  Les cousins de Messire l'amiral  » nous avons évoqué la parenté de Louis de Graville avec les rois Valois. Il fallut remonter à un ancêtre commun : Barnabé Visconti. Ainsi Louis XI, comme ses successeurs, le nommait «  notre cher et féal cousin conseiller et chambellan Loys sieur de Graville  », dans les déclarations des foy et hommaiges liges .

Pour revenir à des parents plus proches, nous considérons les cousins germains ou issus de germain, tant du côté paternel que maternel. Toutefois, ce sont ceux de la famille de Montauban qui furent les plus prestigieux (cf. tableau). Nous ne trouvons pas moins qu'un duc de Bretagne, un généralissime de l'armée française, un maréchal de France, un cardinal et trois évêques.

 

 

 

La branche Rieux-Montauban

La branche Rieux-Montauban est issue de Béatrice de Montauban mariée à Jean III Rieux, noble breton, sire de Rieux, Rochefort, Ranrouët, baron d'Ancenis, etc. La famille Rieux est très puissante et illustre donnant plusieurs maréchaux de France : Jean II, Pierre. Leur fille, Louise-Marie fut mariée à Louis d'Amboise beaux-parents de deux personnages illustres du XVe siècle, Pierre II de Bretagne et de Louis 1er de La Trémoille. Le fils, Jean IV de Rieux (1447-1518) joua un rôle important dans l'histoire franco-bretonne. De la même génération que son cousin germain Louis de Graville, Jean IV fut régent et maréchal de Bretagne. En 1488, il commande l'armée bretonne à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Il fut le tuteur de la duchesse Anne de Bretagne qui lui donna 100.000 écus d'or pour reconstruire le château de Ranrouët. Changeant de camp à maintes reprises, il devient lieutenant général du roi en Bretagne et combat en Italie aux côtés de Charles VIII.

Françoise d'Amboise, fille de Louis d'Amboise, vicomte de Thouars et prince de Talmont, et de Louise-Marie de Rieux était la petite-fille de Béatrice de Montauban, la tante de Louis de Graville. Elle épousa, en juin 1441, le duc Pierre II de Bretagne (1418-1457) mais n'eut pas d'enfants de cette union. Le règne de Pierre, de 1450 à 1457 n'a pas marqué l'Histoire ; il fut préoccupé à régler sa succession en mariant sa nièce Marguerite à son cousin, futur François II de Bretagne.

Louis II de la Trémoille (1460-1525), qui avait épousé Marguerite d'Amboise, était le beau-frère du duc de Bretagne, et était ainsi petit-cousin par alliance de l'amiral de Graville. Appartenant à l'une des plus vieilles familles du Poitou, Louis de La Trémoille fut très proche de Louis de Graville, en tant que chambellan du roi et familier de la régente Anne de Beaujeu. Il devient le chef de l'armée royale et est victorieux en Bretagne. En 1488, il est nommé lieutenant général du royaume. Louis de La Trémoille est considéré comme le plus génial des généraux du XVe siècle.

 

 

Le cousin Rohan-Gié

Au début du XVIe siècle, le procès de Pierre de Rohan, maréchal de Gié a fait grand bruit dans l'histoire. Louis Malet de Graville fut mêlé à cet évènement. Pierre de Rohan , dit le maréchal de Gié , né en 1451 était le fils de Louis 1er, seigneur de Guéménée, et de Marie de Montauban, cousine germaine de Louis Malet. Il fut seigneur de Gié, vicomte de Fronsac à cause de sa femme Françoise de Penhoët, puis par mariage comte de Guise en 1503. Par sa mère, Marie de Montauban, fille de l'amiral Jean de Montauban, petite-fille de Bonne Visconti, il était parent :

  • petit-fils de Jeanne de Navarre, seconde femme du vicomte Jean 1er de Rohan, elle-même petite fille du roi Philippe III le Hardi,
  • parent de Louis de Graville, fils de sa grand-tante ,
  • parent du roi, à cause d'Isabeau de Bavière, petite-fille d'Etienne Visconti,
  • parent du duc d'Orléans, fils de Valentine Visconti.

La jeunesse de Pierre fut tumultueuse. En 1457, sa mère empoisonne son père, qui meurt, laissant un testament dans lequel il refuse à sa femme la tutelle de leurs enfants. Marie de Montauban échappe à la justice, se remarie avec Georges II de la Trémoille , seigneur de Craon. Cousin de Louis de Graville, Pierre de Rohan, sire de Gié, fut élevé par son grand-père l'amiral Jean de Montauban, l'ami et le collaborateur de Louis XI. Les deux cousins se considéraient comme des frères (1).

 

 

Âgé de vingt-cinq ans, Pierre de Rohan reçut le bâton de maréchal de France, que Louis XI, pour le lui donner, avait retiré au vieux maréchal Rouault. Ayant noué des relations avec le duc d'Orléans et Dunois, le maréchal de Gié dut se réfugier dans son château du Verger. Il dut au sire de Graville de pouvoir «  se replacquer avec Madame de Beaujeu  » devenue régente à la mort se son père. Le succès des négociations avec les barons bretons assura à Pierre de Rohan une grande influence dans les Conseils de la régence ; cette influence, qu'il partageait avec son cousin et ami, l'amiral de Graville, ne fit que s'accroître en 1485, quand les Bretons, dirigés notamment par le vicomte de Rohan et par Louis de Guéménée, soutenus par la France , s'emparèrent violemment du gouvernement de la Bretagne. Gié et Graville employèrent toute leur diplomatie à désarmer pacifiquement les princes.

Le maréchal de Gié fut provisionné de la capitainerie de Granville par lettres patentes données par le roi Charles VIII à Poitiers le 19 février 1486. «  Charles, par la grâce de Dieu, roy de France… pour considération des grants, très agréables et recommandables services que nostre chier et feal cousin le sieur de Gié… avons donné et octroié, donnons et octroions, par ces présentes, l'office de capitaine des nos villes, chastel et place de Grandville, en nostre païs et duchié de Normandie… et tels et semblables que les avoit et prenoit à cause de ce nostre feu cousin l'admiral [Louis de Bourbon]  ». S'agissant d'un port en Normandie et ayant été la possession de son prédécesseurs, Louis de Graville, amiral de France, signa l'acte de provision.

En 1494, le maréchal de Gié est accusé d'avoir «  dict et proféré plusieurs mauvaises parolles  ». Plusieurs personnages prêtèrent la main à la campagne d'accusation sous l'emprise de sentiments divers : Louis de Graville pour plaire et courir après un regain de faveur auprès du roi. Il était en disgrâce et revint effectivement en faveur à la suite de la chute du maréchal en reprenant son rang au Conseil. Le procès de Pierre de Rohan, maréchal de Gié, succombait sous la disgrâce d'Anne de Bretagne et tombait du sommet des honneurs.

Le procès criminel de lèse-majesté intenté en 1504 fut successivement instruit et avec un soin tout particulier, devant la juridiction du Grand Conseil, toute nouvelle alors, puis devant la juridiction, de droit écrit, du parlement de Toulouse. Le crime de lèse-majesté fut basé sur un acte préventif du chef de gouvernement contre «  un coup d'Etat de la reine  » : le roi allait mourir, on accusait le maréchal de Gié d'avoir donné des ordres pour empêcher la reine d'enlever sa fille et de la mener en Bretagne. La reine se serait ainsi dérobée au royaume pour marier Claude avec un prince étranger. Elle aurait agi irrégulièrement (2).

Le 9 février 1506, le Parlement de Toulouse rendit son arrêt : il privait Pierre de Rohan de la garde du comte d'Angoulême et de ses commandements militaires, le suspendait cinq ans de son office de maréchal et l'exilait de la Cour pendant le même temps. Il le condamnait à rembourser les gages de quinze mortes-payes employés à son service. Il était absout du crime de lèse-majesté. Il écrivit son testament le 19 avril 1509. Gié choisit pour exécuteurs testamentaires deux amis intimes dont pourtant il n'avait pas eu fort à se louer : Graville, qui l'avait abandonné, et Segré, qui dans son procès avait laissé entendre qu'il l'abandonnerait s'il recevait du roi une marque de faveur. Pierre de Rohan trépassa à Paris le 22 avril 1513 après Pâques «  en l'ostel des Tournelles, et de là fust amené le corps et mis en sépulture au couvent de Saincte-Croix du Verger qu'il avoit fondé  ».

 

 

La famille d'Espinay

Les d'Espinay, dont le patronyme est souvent écrit Lsepinay ou l'Espinay et même Épignac par Benoît Mailliard, sont issus d'une ancienne famille de la haute noblesse bretonne. Au début du XVe siècle, Richard d'Epinay, seigneur de Champeaux, chambellan du duc François 1er de Bretagne, avait épousé en secondes noces Béatrix de Montauban, tante de l'amiral de Graville, fille de Guillaume de Montauban et de Bonne Visconti. Descendants des Visconti, les Espinay étaient donc cousins des Valois. Parmi les dix enfants du couple, six entrèrent en religion : quatre évêques, un cardinal et une abbesse à Saint-Georges de Rennes de 1486 à 1520.

 

 

 

Monseigneur de Bordeaux

L'aîné des quatre frères d'Espinay, André, est né vers 1451 à Champeaux près de Vitré en Bretagne. Il eut une carrière ecclésiastique prestigieuse. Il commença comme prieur clunisien de Saint-Martin-des-Champs à Paris. Protonotaire apostolique en 1476, il devint chanoine à la cathédrale de Bordeaux où son oncle Arthus de Montauban était archevêque.

André d'Epinay a été sollicité comme négociateur dans plusieurs situations difficiles pour la régente Anne de Beaujeu (3) qui le considérait comme «  un fin diplomate  ». Une première fois, en 1484, André d'Espinay défendit les intérêts du roi pendant la réunion des États généraux de Tours. Favorable au rattachement de la Bretagne à la France , il fut l'un des représentants du roi aux pourparlers qui aboutirent au traité de Sablé dit «  traité du Verger  » signé avec François II de Bretagne le 19 août 1488 «  pour cet effect, il leur dépesche messire André d'Espinay, cardinal de Bordeaux, et le sire du Bouchage, avec adresse à Rieulx, mareschal de Bretagne, et charge de leur offrir hommes et moyens…  ». Au cours de cette même année s'ouvrait la succession du duché de Bourbon, l'homme de confiance «  Monseigneur de Bordeaux  » ainsi que Jean de Mas, seigneur de l'Isle usèrent de tout leur talent pour convaincre Charles de Bourbon, archevêque de Lyon malade, de se désister au profit de son frère Pierre, mari d'Anne de Beaujeu. Tout dévoué à la politique de la Cour de France, il négocia le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII.

L'archevêque de Lyon mourut le 13 septembre 1488 et le siège archiépiscopal fut l'objet d'une chicane et d'un scandale avec les chanoines de l'Eglise de Lyon et leur candidat Hugues de Talaru, archidiacre. Le chroniqueur contemporain Benoît Mailliard, grand prieur de l'abbaye de Savigny-en-Lyonnais (4). Après la déconvenue de Lyon, d'abord prieur puis abbé de Sainte-Croix de Bordeaux, ensuite archevêque de Bordeaux, André d'Espinay fut élevé au cardinalat le 14 mars 1489 du titre de Saint-Martin des Monts par Innocent VIII (selon Pijart). Dès lors il siège au Conseil du roi à côté de son cousin l'amiral de Graville qui avait négocié de chapeau du cardinal. Le 8 février 1492, le cardinal de Bordeaux couronna Anne de Bretagne reine de France. Le conflit lyonnais qui durait depuis onze ans, cessa le 23 décembre 1499 par la résignation d'Hugues de Talaru. André d'Espinay resta peu de temps comme archevêque de Lyon puisqu'il mourut à Paris, au palais des Tournelles le 10 décembre 1500 et fut inhumé aux Célestins.

 

Visite de l'amiral de Graville et de ses cousins d'Espinay aux Célestins de Marcoussis (miniature du terrier de Marcoussis, fin XVe s.).

 

Le versificateur anonyme du «  Poème fait à la louange de la dame de Beaujeu  » évoque l'archevêque de Bordeaux dans le sonnet LXI :

« Au regard du cardinal de Bourdeaulx,
Je croy qu'il s'en va tost à Rome,
Il a fait oindre ses bouseaulx
Despuis qu'il a perdu son homme ;
Je vous dis bien pour toute somme
Depuis qu'on defrocha Graville,
Il a perdu tout son estille ».

Graville et d'Espinay, les deux cousins germains, parents du duc d'Orléans, étaient très proches l'un de l'autre. Louis de Graville étant fils unique, s'était trouvé une fratrie dans les frères d'Espinay, notamment avec André et Jehan. Les contemporains nommaient André d'Espinay par «  Monseigneur de Bordeaux  » ou «  le Cardinal de Bordeaux  ». L'auteur fait allusion au chapeau de cardinal reçu en mars 1488 par l'action de Louis de Graville auprès du Saint-Siège (voir plus bas). «  Ce qui prouve que ce poème est de la fin de cette année, ou des premiers mois de l'année suivante  », nous dit M. Lancelot (1729).

L'auteur au reste s'est trompé, lorsqu'il dit que le cardinal ira «  bien-tost à Rome  », sa prédiction est fausse, il n'y alla point alors. Les deux vers suivants prouvent que la faveur et l'autorité du sire de Graville étaient alors diminuées. On ne trouve rien de bien précis là-dessus dans les autres historiens. Selon Le Laboureur ( Tombeaux des Personnes illustres , p. 116), et Pijart, l'épitaphe d'André d'Espinay était ainsi conçue : « Cy gist Révérend Père en Dieu Messire André d'Espinay, cardinal, archevesque de Lyon et de Bordeaulx, primat de France et d'Aquitaine, zélateur et bienfaiteur de l'Ordre des Célestins, qui trespassa à Paris, aux Tournelles, le 10e jour de novembre, l'an de grâce 1500. Priez Dieu pour luy »

 

 

Le procureur de l'amiral

Deux des frères d'André d'Espinay, furent aussi évêques «  par la grace du roy et le la reyne Anne de Bretagne  » : Robert, évêque de Lavaur, puis de Nantes en 1491 et Jean qui, d'abord chanoine à Rennes, lui succéda à Nantes en 1493 après avoir occupé le siège de Mirepoix de 1486 à 1493. En 1500, Jean d'Espinay fut transféré à Saint-Pol-de-Léon et son compétiteur, Guillaume Guéguen, secrétaire de la reine Anne, fut évêque de Nantes. Il mourut en 1503. Le Terrier de Marcoussis mentionne que Jean fut également abbé commendataire d'Aigues-Vives au diocèse de Tours.

Pendant qu'il était occupé par ses activités au sein du gouvernement du roi, l'amiral de Graville avait délégué, comme tous les grands seigneurs, ses pouvoirs pour la gestion de ses terres. Ainsi, à la fin du XVe siècle, la procuration générale des terres et seigneuries franciliennes de Loys Malet de Graville fut mise dans les mains Jean d'Espinay, évêque de Mirepoix. Ce prélat, frère cadet d'André était donc le cousin germain de l'amiral. Nous avons vu à plusieurs reprises, dans cette série de chroniques, que Louis de Graville n'était pas souvent à la maison, étant toujours par monts et par vaux, suivant la Cour dans des déplacements incessants. Il lui fallait un homme de confiance qui eut la tâche de rationaliser la gestion de son patrimoine. Rien qu'à Marcoussis la réserve foncière était de 1.286 arpents. Il choisit son cousin Jean d'Espinay qu'il chargea de commander le fameux Terrier de Marcoussis dont l'intitulé annonce le contenu en 1493 est mentionné à plusieurs reprises (5).

Le récent article de Sandrine Pagenot, décrit parfaitement, la commande du «  manuscrit profane  » par l'évêque de Mirepoix (6). La rédaction du Terrier de Marcoussis fut commencée en 1493 puisque les déclarations des tenanciers ont été reçues à partir du 5 janvier et que Jean d'Espinay est qualifié d'évêque de Mirepoix, fonction qu'il quitta en novembre de la même année. Plus qu'un catalogue ordinaire des tenanciers de la seigneurie, le Terrier de Marcoussis est un ouvrage très raffiné, caractéristique de la Renaissance française. Il semble évident que l'ouvrage ait été démantelé par des «  chasseurs de belles images peu scrupuleux  », l'une des miniatures avait rejoint la collection Wildenstein, aujourd'hui au musée Marmotan. Selon la description qu'en fait Durrieu l'auteur d'un fac-simile noir et blanc de l'intégrité des miniatures du Terrier connu en 1926, il y en avait :
- quatre montrant des mondanités ayant pour cadre historique le château de Marcoussis,
- trois représentant les intimes de l'amiral de Graville,
- six ayant trait à la chasse dont Louis de Graville était un grand amateur,
- plusieurs autres
aux des champs, le moulin banal, la cour de ferme, l'arpentage et la pêche des étangs de Marcoussis.

Une des grandes enluminures du terrier de Marcoussis représente une visite de l'amiral de Graville et quatre prélats de ses cousins, les quatre frères d'Espinay au monastère des Célestins de Marcoussis : André, le plus éminent, archevêque de Bordeaux, Jean l'aîné évêque de Mirepoix, Robert évêque de Nantes et Jean le jeune évêque de Valence. Guillaume, l'évêque de Laon est absent. Depuis l'époque de leur oncle Arthur de Montauban qui s'était retiré au couvent des Célestins de Paris, les deux familles vouaient une dévotion particulière aux moines de Marcoussis. Le cardinal de Bordeaux avait même choisi sa sépulture aux Célestins de Paris. Cette miniature comme celle représentant la visite du roi Charles VIII et du Dauphin à Marcoussis a une grande signification politique. Il faut y voir le rapprochement de la Bretagne et de la France , les Espinay occupant des sièges épiscopaux bretons et l'amiral de Graville étant l'un des ministres du roi.

Plusieurs actes de l'administration de Jean d'Espinay sont arrivés jusqu'à nous (Archives Départementales de l'Essonne, série 13J). Dès juin 1486, l'évêque de Mirepoix était procureur et délégué de l'amiral pour ester en justice. Dans un bail à cens à Estienne Le Prévost du 28 mars 1493, l'amiral de Graville affirme avoir donné pouvoir et autorité à son cousin afin de gouverner ses biens, terres, seigneuries, héritages et possessions immeubles «  de bailler les terres appartenans et dependans d'icelluy terres et seigneuries et icelluy avons constitué ordonné et étably notre procureur général et certain messager spécial en touste et chascune de nos causes et querelles meus et à mouvoir tant en demandant comme en deffendant en toutes cours…  ».

À suivre…

 

 

Notes

(1) Ayant échappé à la justice bretonne, Marie de Montauban se remaria avec Georges de La Trémoille , seigneur de Craon. Le nouvel époux, parfaitement au courant des périls de son hyménée, finit par faire enfermer sa femme qui mourut dans un cachot en 1476.

(2) M. de Maulde, Procédures politiques du règne de Louis XII (Impr. Nationale, Paris, 1885).

(3) Voir : Monique Roussat, Actes des journées d'études sur l'Arbresle (1996) et Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France dans Rives méditerranéennes (2000).

4) Chronique de Benoît Mailliard, Grand-Prieur de l'Abbaye de Savigny en Lyonnois, 1460-1506 , traduction de Georges Guigue (Impr. Louis Perrin, Lyon, 1883) 238 pages. Ce religieux donne des informations météorologiques que nous jugeons instructives : «  en l'an 1488, il y eut très peu de foin et le vin valut, au mois d'aoust au pays de Lyonnois, 26 gros puis 28. Le Vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte, qui fut le douzième jour de juin, entre midi et la sixième heure après midi, s'abattit une terrible tempête, qui, en plusieurs endroits de ce pays de Lyon, détruisit beaucoup de vignes et de blés. Cette tempête dura pendant cinq heures et au-delà, reprenant par intervalles. Ce jour-là la foudre tua plusieurs hommes, bœufs et vaches. Et le lundi 27 du mois de juillet qui suivit, à l'heure de vêpres environ, s'abattit encore une terrible tempête avec un vent furieux… nombre de maisons s'écroulèrent, de gros arbres furent arrachés et brisés par le milieu, les meules de blé furent emportées et tout le blé reliant à moissonner fut détruit; enfin, jamais, de mémoire d'homme, une telle tempête ne s'abattit et jamais tel ouragan souffla sur ces pays. Le mercredi 9 décembre 1489, le vent du nord souffla toute la nuit. Le lendemain jeudi, il plut abondamment. Le vendredi et le samedi suivant, le vent du nord reprit impétueux. Le lundi 1er mars, l'an 1489, entre la neuvième et la dixième heure du matin, il y eu un grand et terrible tremblement de terre dans les pays d'Auvergne… si bien que le château de Pontgibaud fut presque renversé et l'abbaye de Moissac s'écroula sur plusieurs points  ».

(5) Bien que portant le titre de «  Terrier de Marcoussis  », ce volume ne concerne pas directement la seigneurie de Marcoussis mais plusieurs autres terres et fiefs du Hurepoix appartenant à Graville.

(6) S. Pagenot, Le Terrier de Marcoussis, un manuscrit profane commandé par l'évêque Jean d'Espinay à la fin du XVe siècle , dans la collection «  L'artiste et le Clerc , commandes artistiques de grands ecclésiastiques à la fin du Moyen âge » (PUPS, Paris, 2006).

 

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