Jean VI Malet de Graville, seigneur de Marcoussis (II) Le gentilhomme |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _------------------------------- Avril 2010 JP. Dagnot
C. Julien
Cette chronique est le second volet de l'histoire de Jean VI Malet, seigneur de Marcoussis, Bois-Malesherbes et autres lieux. Après avoir vu le sire de Graville retenu prisonnier pendant dix-sept ans par Edouard IV d'York, roi d'Angleterre, nous retrouvons ce personnage dans la gestion de son héritage de Marcoussis. Nous nous intéressons également à Marie de Montauban, dame de Graville qui, contrairement à ce qui est souvent écrit, vivait encore en 1479. De ce fait, nous en déduisons que Jean VI Malet de Graville n'eut qu'une seule épouse.
Jean VI de Graville et Marie de Montauban Jean VI de Graville fut allié à l'une des plus puissantes familles bretonnes (1). Il épousa damoiselle Marie de Montauban, la seconde fille de « haut et puissant seigneur » Guillaume de Rohan, seigneur de Montauban, prince de Léon en Bretagne, chancelier de la Reine de France, et de Madame Bonne de Milan, fille unique de « haut et puissant prince Charles de Milan » ou de Visconti, seigneur de Crémone et de Parme. La seigneurie de Montauban était une baronnie d'ancienneté, qualifiée par la suite de comté. Le fief fut confisqué en 1465, par le duc Jean V qui le remit à Louis II de Rohan-Guéméné. Marie de Montauban avait trois soeurs et deux frères dont Jean de Mautauban qui, ayant été maréchal de Bretagne, fut nommé amiral de France par Louis XI, puis cumula plusieurs emplois dont celui de bailli du Cotentin, l'office de grand maître et réformateur des Eaux et Forêts en 1461, et la charge de receveur général des finances de Normandie. Il était gouverneur de La Rochelle quand il mourut en mai 1466. Le second frère, Artus de Montauban suivit une carrière militaire, puis, étant le principal auteur de la mort de Gilles de Bretagne, prit le froc de moine Célestin à Marcoussis, d'où dit le père Anselme « le roi Louis XI qui le favorisoit, le retira pour le faire archevêque de Bordeaux, où il fit son entrée le 18 novembre 1467 ». Il mourut à Paris en 1478 à l'âge de 64 ans. Les sœurs de Marie sont : (i) Isabeau de Rohan-Montauban mariée à Tristan du Perier, chevalier, seigneur de la Roche-Diré qui fut exécuté « pour ne pas s'être trouvé au Parlement tenu à Rennes, en 1482 » ; (ii) Béatrix mariée le 13 septembre 1435 à Richard d'Epinay et (iii) Louise, alliée à Gui de La Motte seigneur de Vaucler et de Lorfeit. Certains généalogistes donnent que Marie de Montauban mourut avant l'âge de 25 ans vers 1440. L'incertitude de cette date pose un problème pour déterminer la naissance de l'amiral Louis de Graville dont certains historiens proposent 1438. L'exactitude de cette date supposerait que Marie de Montauban décéda suite des couches d'un enfant ou de grave maladie. Il n'en est rien puisque nous trouvons de nombreux actes notariés citant cette « noble et puissante dame » jusqu'en 1479 . Il est intéressant de savoir que Marie de Montauban descendait du roi Saint-Louis au septième degré (c.f. tableau). Selon Pijart, Marie de Montauban « fille du seigneur de Montauban en Bretagne fut inhumée en l'église de Marcoussis près la sépulture du fondateur ».
Filiation rattachant Marie de Montauban au roi saint-Louis.
La mère de Marie, parfois nommé Bonne d'Armagnac était demoiselle d'honneur de la reine Isabeau de Bavière et sa cousine « ducem de Montauban, cancellariam Regine et consanguineam suam » (2). Elle épousa, en septembre 1411, Guillaume de Montauban, et reçut de la reine, à l'occasion de ses noces, un présent de 1.000 livres en vaisselle d'or. Dans son journal, Nicolas de Baye, mentionne que le 22 mai 1413, les Parisiens en armes, sous la conduite du prévôt des marchands, firent éruption dans l'Hôtel Saint-Pol pour y « nettoyer le jardin du Roy et de la Royne, et de le débarasser des certaines mauvaises herbes très périlleuses qui s'y trouvoient, c'est-à-dire de quelques serviteurs et servantes qu'il falloit sarcler et oster, afin que le demeurant en valust mieux ». Le frère de la reine « Loiz, duc de Bavière » fut pris et mis en prison au Louvre, Regnault d'Angennes, chambellan du dauphin et Charles de Villiers furent conduits « en la Conciergerie du Palaiz ». Pendant cette journée d'émeute « et aussy en icelle Conciergerie avoient esté amenées prisonnières la dame de Montauban, nommée Bonne d'Armignac, cousine de la Royne et sa chancelière, et femme du seigneur de Montauban, la dame de Chasteaulx, la dame de Noviant…, et pluseurs aultres femmes de l'ostel de la Royne et de madame la Dauphine comme l'en dit ». En fait, ce furent les personnes soupçonnées d'appartenir au parti Armagnac ou Orléaniste qui étaient arrêtées par les partisans Bourguignons.
Jean VI de Graville, seigneur de Marcoussis À la fin de la guerre de Cent ans, la vie économique reprend dans le Hurepoix, les us et coutumes, également. Un nommé Michel, receveur de la terre de Guillerville, assure à nouveau la recette des droits, notamment pour les biens vendus à rente ou chef cens cinquante ans plus tôt. Les vassaux comme celui de Villiers-sous-Longpont rendent leurs « adveux » : Charles de Garenne à Jehan de Graville, à cause de sa seigneurie de Guillerville pour lhostel neuf de Villiers, d'ung manoir au carrefour ... Cette déclaration faite pour officialiser ses biens en vue la vente qui suit. En 1450, Olivier de Méel, noble breton accusé d'avoir assassiné Gilles de Bretagne s'était réfugié en France au château de Marcoussis chez Jean VI Malet de Graville. L'époux de Marie de Montauban abritait un vassal de son beau-père. Le frère aîné de Marie, Jean de Montauban, maréchal de Bretagne était soupçonné de quelque complicité dans le crime dont son frère Arthur était l'auteur principal. Plus tard, deux écuyers du comte de Richemont arrivèrent à Marcoussis pour enlever le fugitif qui fut condamné et décapité à Vannes le 8 juin 1451. Dans un acte de 1452, noble homme Jehan Malet, chevalier, seigneur de Graville, et seigneur de Marcoussis, affirme pour vérité quil lui est advenu par le trépas de madame Jacqueline de Montagu, sa mère, 60 arpens de terres labourables en deux pièces : Cet acte met en évidence des éléments importants: la succession de Charles de Montagu n'est pas terminée, la seigneurie est à cette époque encore en grand délabrement et enfin l'acquisition de plus de 40 hectares de terres et bois par les Célestins. Jehan VI est ainsi obligé de vendre une partie de son patrimoine pour restaurer le reste.
Aveu rendu à Jean VI Malet par Jacques Olivier le 22 avril 1479.
L'achat est important pour les Célestins, six mois après une quittance confirme le paiement. Le seigneur de Marcoussis déclare « Je, Jehan de Graville, chevalier, chambellan du roy, confesse avoir reçu des Célestins de Marcoussis, un sac moyen plein d'escus faisant mention des terres et seigneuries acquises par feu messire Jehan de Montagu, père de feue madame ma mère , lesquelles pièces ne les ai gardées et leur demanderait si elles pouvaient m'estre utiles ». En 1453, une lettre du roy est adressée à Jehan Malet « de pouvoir vendre le droit qu'il a de la seigneurie de Marcoussis ». Un aveu et dénombrement est fourni le 15 août 1454 par Guillaume de Vic « pour lhostel à neuf » à cause de son fief de Villiers-sur-Orge à Philippe de Liancourt fondé de pouvoir de Jehan, seigneur de Graville à cause de sa seigneurie de Guillerville. Trois ans plus tard, au mois de novembre, la dame de Montauban, femme de Jehan de Graville, confesse avoir reçu foy et hommage de Guillaume de Vic, conseiller au parlement pour raison du fief de Villiers mouvant du seigneur de Graville à cause de sa seigneurie de Guillerville . Le 6 octobre 1456, un aveu est fait à Jehan, seigneur de Graville, à cause de sa seigneurie de Saint-Yon. Dans la chronique précédente nous avons eu connaissance du contentieux entre les héritiers de Jean de Montagu : Sarrebruck contre Graville. Un arrêt de partage eut lieu le 11 septembre 1454 entre Jehan VI de Graville et Robert de Sarrebruche, seigneur de Commercy: Nous ne reparlerons pas en détail de cette affaire qui dura plusieurs décennies. Alors que l'un des protagonistes était dans les geôles anglaises, une décision importante de sauvegarde fut prise en 1470 par le roi Louis XI. « Loys par la grâce de Dieu, roy de France, concerne la garde du château de Marcoussis, rappelant que le roy a toujours entre ses mains la terre de Marcoussis, pour cause du procès qui est pendant en notre Cour de Parlement à Paris entre mondit cousin d'une part et le seigneur de Commercy les comtes de Braine et de Roucy d'autre part , veut que le cousin joysse des reevenus d'icelluy Marcoussis, le cousin absent et prisonnier en Angleterre , ne peut garder le château de Marcoussis... nommons Loys de Graville pour en recevoir les revenus ». Le différend repris de plus belle quand Jean VI Malet revint de captivité et fut éteint par une transaction à l'amiable. Un acte important est rédigé en 1458. C'est une lettre de donation faite par devant Jehan de la Varenne et Guillaume du Moustier, clercs de notaires du Roy nostre sire en son Châtelet à Paris. Fut présent en sa personne noble et honorable seigneur Monseigneur Jehan Mallet, chevalier, seigneur de Graville de Marcoussis-lez-Montlhéry, du Bois-Malesherbes et de la Brisette, et conseiller, chambellan du roy nostre sire, faisant sa demeure quant à présent audit Marcoussis, lequel messire Jehan Malet de son bon gré, confesse avoir ceddé et transporté à toujours perpétuellement et vray don irrévocable à noble homme Loys Malet, escuier, fils et luy et de noble dame Madame Marie de Montauban, sa femme pour luy ses hoirs et ayant cause, les seigneuries terres et appartenances de Graville Marcoussis, Bois-Malherbes, de la Brisette et généralement toutes et chacunes les terres, seigneuries, cens, rentes, justices, revenus, maisons, manoirs, fours, granches, mestairies, prés, aulnoys, saulsoys, molins, rivières... dorénavant possédées à toujours paisiblement à iceluy escuier son fils signé Moustier. Une clause spéciale d'usufruit apparaît à la fin de l'acte « sera tenu ledit fils de nourrir, garder et entretenir ledit seigneur et dame bien et notablement leur vie durant ».
Procuration donnée par Jehan de Graville à Marie de Montauban (1462).
Le roi Louis XI monte sur le trône de France le 22 juillet 1461. L'article 63 de la coutume de Paris exige que le serment de foy et hommage soit rendu à chaque mutation, soit qu'elle arrive de la part du vassal, soit qu'elle arrive de la part du seigneur dominant. Ainsi trois mois après, foy et hommage est rendu au roy par Jehan, sieur de Graville, pour les terres de Marcoussis... Trois jours passent, étant à Paris, Jean Malet rend à nouveau son serment de fidélité au roi. « Jehan, seigneur de Graville, fait hommage au roi de France, des terres et seigneuries qui s'ensuivent à luy appartenant ; c'est assavoir de la baronnie et seigneurie de Graville tenue et mouvant du roy à cause du vicomté de Monstierviller, du chastel et seigneurie de Marcoussis, d'un fief assis à Chastres soubz Montléhéry, d'un fief appelé Sainct-Yon et d'un fief appelé Chatainville tenuz de nous à cause de notre chastel et chastellenie dudit lieu de Montléhéry et avec ce des fiefz appelez de Hangest et de toutes ses autres terres et seigneuries assises esdicts bailliage, prévosté et viconté et de leurs appartenances et appendances. Fait à Paris… » Une lettre de foy et hommage est donnée en 1468 pour Messire Jehan, seigneur de Graville, lequel seigneur de Graville estoit prisonnier en Angleterre et pour luy Loys de Graville a fait les foy et hommage à Monseigneur l'évesque d'Orléans Thibault par la grâce de Dieu, évesque d'Orléans. La lettre précise « est venu par devant nous Messire Loys de Graville, chevalier , son père est destenu prisonnier par les anciens ennemis de France au royaume d'Angleterre ». Le suzerain accorde répit et souffrance de faire les foy et hommage jusqu'à son retour d'Angleterre . Les biens viennent de son père Jehan VI de Graville. En 1474, le roi Louis XI se montre généreux en « remerciements des services donnés par messire Jehan de Graville ». Au mois de septembre, le roi donne des lettres portant restitution au seigneur de Montagu, fils de Jehan de Graville, les biens saisis son aïeul par ordre du roi Jean en 1355. Le mois suivant, des lettres donnent la haute justice de Graville en faveur de Jean Malet de Graville et de Loys, son fils.
Jean VI Malet, seigneur de Gometz Plusieurs actes nous montrent la gestion de la seigneurie de Gometz-le-Châtel. En 1461, les religieuses, abesse et couvent de Saincte Clerc de Saint Marcel les Paris , sont en procès avec Jehan, seigneur de Graville, escuyer. Il s'agit d'une sentence pour 25 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle, qu' icelles dames ont droit de prendre sur la terre et seigneurie de Gomez et deppendances d'icelle . En 1469, Guillaume de Villetain, seigneur de Gif, avoue à Jean de Graville, chevalier, conseiller et chambellan du roy, seigneur de Gometz-le-Châtel, deux fiefs en la chatellenie de Gometz : premièrement, ung fief appelé la Folie-Rigault contenant une masure ou soulloit avoir maison, cour, granche, jardin, item 50 arpents en une pièce avec 11 arpents de boys, séant à la Hacquinière; et l'autre fief appelé la Folie-Ardouyn où jadis eut maison, cour, granche, deux arpents de jardinage . L'année suivante, le même vassal refait son devoir pour un fief appelé Frileuse contenant 90 arpents tenant audit Frileuse et à l'abbesse de Gif, avec 20 arpents de boys. On apprend également, en 1477, que par faute de devoirs de foy et hommage non faits, Thomas de Bouteville, procureur de Guillaume de Bergerac, se voit saisir le fief de Ragonnant à lui eschu par le trépas de Nicolas de Bergerac, escuier de Monseigneur de Gometz . Egalement la haute justice, moyenne, et basse, qui avoit esté mis en les mains du seigneur de Gometz . En 1482, l'amiral de Graville, présente son aveu et dénombrement pour ses terres de Gometz, Marcoussis, ... Vaularon, etc. On le retrouve cinq années après recevant, en tant que suzerain, l'aveu par Guillaume de Villetain des fiefs de la Folie-Rigault, Jodouin et Frileuse. Jean VI Malet fut très attentionné à doter l'église de son fief de Graville qu'il édifia en 1480 « la chapelle Saint-Michel d'Ingouville fut hautement considérée dans la chevalerie médiévale française ». Elle fut, avec le prieuré de Graville dominant l'embouchure de la Seine entre le Havre et Harfleur, l'un des bâtiments les plus anciens de la ville. Jean VI Malet est mort en 1482 . Alors que Jean VI Malet est décédé depuis huit ans, dans un acte daté du 28 avril 1490, nous lisons « Jehan de Graville confesse avoir baillé à titre de croix de cens, perpétuellement à Pierre et Jehan Javrois ». Il semble encore une fois que Louis se soit transformé en Jehan sous la plume du notaire.
Les procurations de Marie de Montauban Plusieurs actes donnent la preuve que l'épouse de Jean VI Malet n'était pas morte en 1440 et réfutent les généalogies anciennes (3) . Alors qu'il est prisonnier, le 9 septembre 1462, Jehan de Graville donne procuration générale à sa femme, Marie de Montauban, pour rendre le serment de foy et hommage et recevoir l'aveu et dénombrement du fief du Petit Paris (Leuville). Le 24 avril 1469, une procuration est donnée par Marie de Montauban à son procureur et substitut pour recevoir les devoirs féodaux sur une terre au Mesnil-Forget. « Guillaume de la Rivière, procureur substitut de noble et puissante dame, Madame Marie de Montauban, dame de Graville, de Bois-Maleshesrbes et de Chastres, au nom et comme procureur de noble et puissant seigneur Jehan de Graville, seigneur de Chenanville, supléé fondé de pouvoir par lettres de procuration entière donnée sous le sceau dudit seigneur de Chenanville du 9 septembre 1462 comme lettre de substitution passée devant la prévosté d'Étampes… ». La lettre de procuration poursuit en détaillant les droits sur la douairie de la dame de Graville « et souffrant ses vassaux, recevoir aveu baillé de cette dame au nom de sa bonne volonté, … la somme de sept francs en bonne monnoye ayant cours, dudit seigneur de Graville à cause de sa seigneurie de Chenanville… ». Deux autres actes importants pour notre démonstration donne la preuve irréfutable que Marie de Montauban est encore en vie en 1479. En février 1477, une lettre de bail à chef cens au nom de Jehan de Graville est donnée à Marie de Montauban, dame de Graville pour un manoir à Maurepas. En décembre de la même année, Marie de Montauban, femme de Jean de Graville, confesse avoir reçu Jean Havin au nom et comme fondé de pouvoir de monseigneur Jehan de Graville en foy et hommage de son fief de Villiers-sur-Orge à cause de la terre de Guillerville auquel a été transcrit un acte d'aveu et dénombrement... Revenu à Marcoussis, Jean Malet reprend sa condition de seigneur dominant. Un aveu est fait le samedi 22 avril 1479 par Jacques Olivier devant Etienne Comtesse et Mathurin, notaires au Châtelet de Paris à noble et puissant seigneur messire Jean de Graville, conseiller et chambellan du Roy d'un héritage provenant de Thomas de Brétigny, de son conquêt et composé de la maison du Petit-Paris avec deux arpents d'aulnoye.
La mort de Jean VI de Graville Jean VI de Graville serait mort au cours de l'été 1482, au mois de juillet ou août, au Pont-de-Chamois (4). Selon Perret, la mort doit être antérieure en juillet, au moment où le receveur de la terre de Graville fit le voyage à Marcoussis « pour des affaires de la seigneurie » en rencontrant Louis de Graville. En effet, on lit, dit le biographe « dans le compte d'où nous extrayons ces renseignements, que le receveur en question, avant de se rendre à Marcoussis, alla porter de l'argent à Madame de Graville, au Pont-de-Chamois. Si M. de Graville eût été encore vivant, on ne comprend pas pourquoi l'argent eût été destiné à sa femme et non à lui. Il est probable que Jean de Graville mourut subitement, que sa veuve eut besoin d'argent et que le receveur de Graville profita de son voyage pour aller prendre à Marcoussis les instructions de l'héritier. Les délais écoulés jusqu'à la célébration des funérailles auraient été remplis par le transport du corps ». Dans tous les cas le décès est antérieur au 30 août 1482, puisque « les vendredy et samedy pénultième et derrain jour d'aoust mil IIIIc IIIIxx et deux »furent célébrées, à Graville même, « le service et enterrement de mondit seigneur de Graville ». Il mourut au Pont-de-Chamois, et c'est par eau que son corps fut transporté à Graville, moyennant 98 livres 2 sols et 6 deniers.
Notes (1) Le nom de Montauban n'apparaît qu'à la fin du XIIe siècle. Vers 1157, les terres sont érigées en seigneurie au profit de la baronnie de Gaël-Montfort. Plusieurs membres de cette famille se sont distingués comme Bertrand de Montauban, gouverneur de la Prévôté de Paris, tué à la bataille d'Azincourt, en 1415. Arthur de Montauban devient l'un des plus ardents persécuteurs de Gilles de Bretagne, en 1450. Jean, son frère, chambellan de Charles VII et maréchal de Bretagne, fait avec le duc François la campagne de Normandie en 1450, puis celle de Guyenne sous Charles VII. La seigneurie de Montauban était une baronnie qui avait un colombier et exerçait un droit de haute justice, justice patibulaire à quatre piliers, dans la ville de Montauban-de-Bretagne où les seigneurs avaient une cohue, un cep, un poteau à collier, un auditoire et une prison. (2) A. Tuetey, Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris (Libr. Renouard, Paris 1888). (3) P. Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France (Cie des Libraires associés , Paris, 1733) – A. de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse (Vincent, Paris, 1767) - J. de Courcelles, Le Dictionnaire Universel de la Noblesse (Bur. Gén. De la Noblesse de Fr., Paris, 1821) - P.M. Perret, Notice Bibliographique sur Louis Malet de Graville (chez Picard, Paris) 1889). (4) Le Pont-de-Chamois n'est autre que le pont de Samois, village sur la rive gauche de la Seine entre Montereau-Fault-Yonne et Melun « qui est l'ung des plus beaux pontz de pierre qui soit sur ladite rivière ».
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