Les seigneurs de Guillerville à Linas |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _--------------------- ------ Octobre 2008 ajout mars 2009 Extrait d'un plan provenant de l'atlas de Trudaine.JP. Dagnot
Cette chronique s'inscrit dans la série consacrée aux seigneurs de Linas. Les documents anciens proviennent comme à l'accoutumée d'établissements religieux. Ce lieu situé à Linas est homonyme avec celui proche d'Oysonville! Il y a d'ailleurs peut-être un lien.
Les documents patronymiques En consultant le cartulaire de Longpont, nous sommes en 1136, « Nous faisons savoir universellement que Guillaume de Guillerville donna à Dieu et aux moines de Longpont, dix deniers de cens (à Luisant de la vigne que tenait Eudes de Chevreuse) (1), desquels Engelard acquittait deux deniers, et Hermann de Buisien huit, pour le repos de l'âme de son père Warin. De cela, les témoins furent Gui de Vaugrigneuse, son frère Bochard, Hugues de Liers, Jean de Massy, Galgrid Poodus et son fils Geoffroy, Hesselin de Linas, Renaud Escharat, Eudes Eglins et beaucoup d'autres, Jean, le serviteur, et son frère Yvon ». Neuf ans après, « Hugues d'Orsay, fils de Galeran, surnommé Payen Castel, prenant les habits de moine, donna à Dieu et à Sainte Marie de Longpont où oeuvrent les moines et aux moines de ce lieu, la moitié de tout ce qu'il possède dans le village appelé Écharcon, à savoir deux hostises & un demi [droit de] champart sur la terre que les hôtes tiennent, avec l'accord de sa mère Obeline, en outre, ils posèrent l'acte de ce don sur l'autel. Ceux qui ont vu et entendu : Bernard, fils de Turgis, Duran de Guillerarvilla ; Simon, frère du moine Théodore ; Geoffroy, régisseur de Savigny ; Jean de Plessis ; le cuisinier Josbert ; le boulanger Josbert ; Théodore, fils du régisseur Arnulf & Geoffroy, son frère. Après cela, vinrent les frères du susdit Hugues, à savoir Robert et Gaucher qui approuvèrent le don qui posèrent sur l'autel de Sainte Marie le don que leur frère faisait, en présence de : Gui, le prêtre de Linas ; les charpentiers Jean & Letard ; le bouvier Meingod ; les cuisiniers Josbert et Robert ». En 1156, une charte de l'évêque Thibault confirme les possessions de l'abbaye des Vaux de Cernay. Retenons seulement pour la chronique qui nous concerne Garinus de Guillervilla, alium in perpetuum in vinea que sita est inter duas aquas. Ce chevalier donne une vigne située entre les deux rivières. En 1234, un amortissement de vignes assises apud prata de Buison par Guillaume Jean & Pierre de Guillerville chevaliers, frères. Toujours la même année, le prieuré de Longpont accorde au chapitre de Linas l'amortissement d'une vigne en la censive de la dame de Guillerville. Six ans après, des lettres de Raymond, archidiacre de Paris, faisant connaitre que Jean, dit Bouet de Corterbof écuyer et Alipdis sa femme, ayant acquis pendant leur mariage le cens & la dixme du blé & du vin de Capremonte, et ledit Jean ayant constitué ses exécuteurs testamentaires Guillaume de Leuville & André de Chouanville, chevaliers, ces derniers vendent au chapitre lesdits biens du deffunt; Fidéjusseurs les deux susnomés ainsi que Pierre de Guillerville, chevaliers, et Barthélémy de Rota, écuyer. Mention également de la ratification d'un legs fait au chapitre de Linais, d'un muid de vin sur une vigne en la censive de Jean de Guillerville, chevalier. Nous sommes en 1266, une donation est faite au chapitre de Linas par Philippe Paté, chanoine dudit Linas, de partie de maison qu'il avait à Montlhéry en la censive du roy, contigüe à la maison et porpris de Guillaume de Guillerville, chevalier, pour être après son décès et celui de son père, affectée aux distributions du choeur. On retrouve en 1290 dans les archives du prieuré de Longpont la mention de Guillaume de Guillerville écuyer. Trois ans plus tard, le lundi après la feste de Sainct Denys, Guillaume de Guillerville, écuier et damoiselle Jehanne sa feme font savoir en tant que seigneur dominant qu'ils amortissent un achat de quatre arpents faict par les religieux de Sainte Catherine, toutes les masures et le jardin, séant à Maudestour ... mouvant de nous en fié . Nous arrivons en 1307 le lundi après la Saint André apostre, Guillaume, sire de Guillerville, escuier et dame Jehanne sa femme... l'acte concerne Leuville. Cette énumération, pas très intéressante, est néanmoins insuffisante pour dresser une relation entre les différents patronymes. On peut simplement affirmer que la famille de Guillerville règne sur ce fief durant les XIIe et XIIIe siècles. Peut-être faute de mâle ou en raison d'alliance, ce lieu va passer des Guillerville aux mains des Chanvilliers, Chauvilliers, Deschainvilliers, selon l'époque. Les traces de ces derniers apparaissent au sud de la région de Montlhéry. Les paroisses de Chetainville (Cheptainville), Oysonville, et Allainville apparaissent avec ce patronyme. Nous nous contenterons de citer les intéressés avec leur titre. Néanmoins le lieu Chainvilliers existe et est voisin de biens non concernés par Guillerville mais en relation avec la famille de Chainvilliers. Passons en revue les membres de cette famille de manière chronologique.
Bennes ou René de Chainvilliers Le premier document mentionnant ce personnage est une vente de rente à Bennes de Chainvillier, escuier et à ses hoirs, de quatre livres parisis, à Villiers-Martin le mardi après la Penthecoste de 1317. Il est suivi, cinq après, par la vente au même devant le tabellion de la prévosté d'Yevre-le- Chastel de droits de dixmes à Villiers-Martin. En considérant que ce nom de lieu a pu voir s'inverser ses termes, on aurait Martin-Villiers puis Marsainvilliers. On retrouve les noms de Chainvillier, Marcinvilliers et Yèvre-le-Chastel dans un périmètre de quelques kilomètres à l'est de Pithiviers... L'information suivante vient de l'auteur de l'Anastase qui a du trouver dans un recueil de titres de la châtellenie: "Isabelle héritière de Guillerville espousa en l'an 1330 René d'Eschainvilliers, chevalier d'une noble maison de la Beausse". La suite de son propos n'est pas reprise en raison de quelques doutes... En 1341, "dimanche que l'on chante en sainte église, quasimodo, devant le prevost d'Oysonville, Marguerite, veuve de Pierre le Hardy, vend au procureur d'Isabelle, dame de Guillerville soubz Montlhéry, et à noble homme Bennes de Chanvilliers, chevalier, sept livres de cens, appelez les cens Dallainville (Allainville-aux-Bois) que ont de cousture destre a Villiers-Martin" . On voit apparaître dans cet acte la confirmation de la relation entre les deux familles Guillerville et Deschainvilliers. Cet acte tendrait aussi à confirmer que les deux Guillerville en Essonne (proche Oysonville et à Linas), viennent du même patronyme. L'année suivante, mardi avant la Nativité, nous reprenons un acte déjà utilisé pour les seigneurs de Villejust, il s'agit de l'adveu rendu par Pierre de Villejust, escuier, à noble homme Bennes Deschanvilliers, sire de Guillerville, de 56 arpens de terres en plusieurs pièces, une pièce & le jardin joignant à icelle que l'on dit a feu Guyart... Nous sommes à Villejust qui relève de Guillerville (Linas), fief dominant. De ces quelques actes il apparaît que le patronyme Chainvilliers se trouve dans la région de Pithiviers. Qu'un chevalier nommé Bennes de Chainvilliers a épousé une dame de Guillerville. Enfin, que le lieu "Guillerville" à l'ouest d'Etampes est en relation avec Oysonville ( moins d'un kilomètre entre les deux vilages). De plus, il existe également un troisème lieu portant ce nom entre Saint Sulpice et la Briche, voisin de Cheptainville! De fortes chances pour qu'il ait la même origine.
Les Chainvilliers et Chetainville Neuf ans plus tard, une déclaration de terre est rendue par Jehan Boucher à noble homme Jaques de Chainvilliers pour trois arpents et une masure séant à Chetainville .... En 1361, extrait d'un achat important réalisé à Marcoussis par Raoul Lavenant, notaire, retenons trois quartiers de vignes séant au vignol de Guillerville en la censive de Monseigneur Jacques de Chainvilliers ... Ce personnage vit à Chetainville (Cheptainville) et en est le seigneur. En 1383, Jehan le Thiais procureur de noble homme Jaques de Chainvilliers, chevalier... traite une déclaration de cens concernant Chetainville. S'agit-il du précédent ou de son fils lui ayant succédé? En 1387, un aveu d'une maison à Chetainville, tenue en fief de noble homme Jacques de Chanvilliers, chevalier, seigneur de Chetainville. Ou l'homme est âgé ou plutôt est-ce le fils? Sa fille apparaît en 1396 comme noble dame Jehanne de Chainvilliers. Elle baille à Estienne Closier une pièce de pré. Un autre acte de la même année la montre avec les mêmes qualités et avec la confirmation qu'elle est fille de Jacques, chevalier.
Mathurin de Chainvilliers et Guillerville Ce personnage est cité une première fois par un bourgeois de Paris que nous avons déjà rencontré à Villejust. Nous sommes en 1373, Thibault Douzeaulx, marchand de vin, rend aveu pour une rente de 12 livres parisis à noble homme Machelin Deschainvilliers. La même année Pierre de Villejust rend également son aveu audit Machelin Deschainvilliers seigneur de Guillerville. Deux ans après, une lettre de prise à chef cens ou rente annuelle & perpétuelle pour Jehan Patroullard de noble homme Mathurin Deschanvilliers, chevalier seigneur de Guillerville pour une pièce de vigne. Deux autres actes la même année, confirment notre personnage et sa qualité: Un aveu est rendu en 1389, par Machelin Deschanvilliers, chevalier, au seigneur de Chastres (Arpajon), pour raison de ce qui est tenu en fief dudit seigneur de Chastres, consistant en ce qui suit:
Adam, Huet & Pierre Deschainvilliers Citons les enfants de Mathurin qui se partagent avec leur mère les biens du défunt père: En décembre 1406, citons un bail à rente par Pierre P? à Mahiet Letellier, à croix de cens, d'une pièce de vigne au chantier de Guillerville, tenant à la feme de Pierre de Chanvilliers. Et en septembre 1407, une autre lettre d'acquisition, où cette fois c'est Pierre de Chanivilliers escuier eschanson du roy, qui vend ung hostel court jardin granche coulombier moyennant deux mille livres. Ce serait plûtot la description de Villejust.
Mathurin et les droits de pressoirage Ce petit seigneur voit arriver Jehan de Montagu et son appétit insatiable pour les terres de la région. Comme nous l'avons déjà dit il vend à titre de chef cens ou rente annuelle de petits biens . Egalement il procède de la même façon avec les droits attachés à certaines terres dont les vignes auxquelles sont attachés des droits de pressoirage. On peut citer les documents suivants:
Les Chainvilliers, Guillerville et Montlhéry Dans l'histoire des fiefs relevant du bourg de Montlhéry notons les phrases ci-dessous, écrites au XVIIe siècle:
Jehan de Montagu Nous avions déjà aperçu l'appétit du personnage
profitant, sans aucun doute, de sa position à la cour de Charles VI. On le retrouve à Guillerville pour: Pierre ayant reçu les parts du reste de la famille, revendra au seigneur de Marcoussis le reste de la seigneurie. Montagu n'en profitera que deux ans, jusqu'au jour tragique de sa décapitation.
Le passage de Louis comte palatin L'arrivée du
duc en Bavière, frère de la reine, à qui le dauphin de France avait donné la seigneurie de Marcoussis, suite à la fin malheureuse de Jehan de Montagu, n'est pas pour rassurer les propriétaires étant dans sa mouvance. Ils se pressent comme c'est la coutume de déclarer leurs biens, ainsi pour Guillerville et les lieux en dépendant: Après toutes ces déclarations, on passe de Jehan de Montagu à Jehan I de Graville, avec un seul seigneur cité, le duc de Bavière. Pas une seule fois le nom de Charles de Montagu n'est apparu. La réintégration du fils de Montagu parait purement de principe (chronique à venir). Les troubles entre Armagnacs et Bourguignons devenant de plus en plus importants, suivis par la défaite d'Azincourt, puis par l'arrivée des Anglais font partie aussi du contexte. Ainsi à la fin de cette guerre, il ne reste plus que 12 foyers à Marcoussis! La région est en ruine et désolation. Les seigneurs devenus méfiants envoient des procureurs pour gérer le quotidien.
Jehan I de graville Un seul document pour Guillerville témoigne du passage de Jehan I. C'est une nomination faite en 1438 par ledit Jehan I de Graville tuteur et administrateur de Jehan II de Graville son fils mineur, qui institue pour garde et capitaine du chateau de Marcoussis, Guillaume Le Roy, et en outre le laisse jouir du moulin de Guillerville, pendant l'espace de six années.
Jehan II de Graville La vie reprend dans la région, les us et coutumes également. Michel Michel receveur de la terre de Guillerville, assure à nouveau la recette des droits, notamment pour les biens vendus à rente ou chef cens cinquante ans plus tôt. Les vassaux comme celui de Villiers sous Longpont rendent de nouveau leurs adveux:
Guillerville sous Louis de Graville Ce seigneur prend possession de ses titres en 1458. Homme avisé, il délègue à sa mère Marie de Montauban, pouvoir pour gérer le quotidien, comme nous venons de le voir ci-dessus. On le retrouve quelquefois lorsqu'il est présent à Marcoussis: - en 1467, dans un bail à cens par le seigneur de Guillerville à Pierre Opinel laboureur de Montlhéry, d'ung arpent de friche à Guillerville, tenant ... d'autre part au chemin qui tend du pressoir de Guillerville au bois de Leuville ... - puis en 1469, Guillaume Chanterel, advocat, advoue à Loys de Graville sgr de Graville Chastres & Guillerville à cause de son fief de Guillerville: - en 1499, sentence portant main levée à Guillemette de Vic veuve de Jean Havin d'une saisie féodale faite par le procureur du roy du trésor du fief de Villiers qui est dit relevé en plein fief de Guillerville. La même année, Louis de Graville présente ses foy et hommages en raison de ses terres et seigneurie de Gometz et aussi de Marcoussis, il y est fait aussi mention des parties de fief et censive notamment de Guillerville, relevant du roi à cause de son Châtelet de Paris. à suivre ...
Notes (1) Mots entre crochets barrés dans la charte originale
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