Les seigneurs de Guillerville à Linas (3) 1579-1626

Extrait de l'atlas de Trudaine.

JP. Dagnot

Cette chronique s'inscrit dans la série consacrée aux seigneurs de Linas. C'est le troisième volet consacré aux seigneurs de Guillerville. Nous nous étions arrêtés avec la famille Lehoux en 1586. Nous reprenons maintenant en 1578, en nous consacrant à une autre famille les Leroyer.

La famille Leroyer à Montlhéry

Le personnage que nous nommons Loys I est le premier époux de Françoise Lehoux. L'homme est un marchand de Montlhéry, qualifié de bourgeois de Paris, vivant aisément. Uni à une Lehoux, il intervient dans les successions de cette famille, notamment pour la succession du premier seigneur de Guillerville en 1546 de Guillaume Lehoux en 1555. Il décèdera début 1568.

Guillerville sous Loys II Leroyer

Le second Loys II, fils du premier a reçu une éducation sérieuse, en 1575, il va obtenir de son oncle le greffier et seigneur de Guillerville, sa charge de greffier, moyennant 3.600 livres, cette charge dans la famille depuis 30 à 40 ans. Trois ans après, une vente judiciaire intervient au siège dudit Montlhéry, de la terre et seigneurie de Guillerville, appartenances et deppendances, Loys II Leroyer est adjudicataire de cette seigneurie moyennant la somme de 3.000 lt. Le lendemain, par devant Boisneuf, notaire à Montlhéry, il va porter ses hommages à son suzerain le seigneur de Villebouzin.

Deux ans après, une transaction est faite entre Jean Delorme, le Jeune, archer de la compagnie du duc de Longueville, et Jeanne Leroyer, sa femme, d'une part, et Louis Leroyer, greffier en chef de la ville, prévôté et châtellenie de Montlhéry, d'autre part, à propos du partage commencé entre eux concernant la succession de feu Louis Leroyer, leur père. Les dits Delorme et sa femme ont hérité de la moitié d'une maison à Montlhéry, « ou soulloit pendre pour enseigne le gros tournoys », où demeurait le dit défunt.

Début 1579, le nouveau seigneur de Guillerville, accorde une souffrance à Robert de Grouches, mineur seigneur de Villiers. On le retrouve la même année comme greffier en chef ..., lequel confesse avoir vendu à Jehanne Asselin trois escus de rente sur une maison à Linoys, moyennant 133 escus de principal. Egalement il baille à titre de ferme & moison de grain, jusqu'à six ans, à Pierre Beauvilliers le moullin à eau dudit Guillerville, appelé d'ancienneté le grand moullin que soulloit dernièrement tenir Michel Leroy.

En 1580, le seigneur de Guillerville entretient son moulin, il a besoin d'une roue neuve: Jehan Lesueur, charpentier demeurant à Marcoussis, confesse avoir faict marché et convenances et promet à Loys Leroyer, ... , et Pierre Beauvilliers, musnier demeurant audit moullin & acceptant de fournir & faire de bon boys neuf audit moullin bien et duement, une roue pour prendre l'eaue qui fait mouldre ledit moullin , ledit Lesueur fournir le boy de chesne et clouds qu'il conviendra pour faire ladite roue, ce marché faict moyennant la somme de 20 escus d'or que lesdits Leroyer & Beauvilliers s'engagent à payer. Le délai est de deux mois.

L'année qui suit, Loys Leroyer promet de payer à Niccolas Lemayre marchand de Juvisy, la somme de 1440 escus, et pour demeurer quite, icelluy Leroyer résigne au dit Lemayre sondit office de greffier... laquelle résignation demeurera nulle ... En bref le seigneur de Guillerville engage son office pour couvrir une constitution de rente.

En 1582, la seigneurie de Villebouzin a changé de seigneur, et de ce fait, honorable homme Louis Leroyer , greffier en la ville & prévosté & chatellenie de Montlhéry, seigneur de Guillerville, s'est transporté au chastel de la Motte de Villebouzin pour présenter ses foy & hommage, a demandé sy Monseigneur Messire Robert de Grisson, conseiller notaire & secrétaire du roy, lieutenant de son hostel, seigneur dudit lieu de la Motte de Villebouzin, un soy disant secrétaire domestique nommé Mathieu Chappellin est comparu pour luy signifier qu'il servait de concierge...

En fin d'année, Louis Leroyer, loue à Amanyon Lesné meusnier , et Guillemette Guidon sa femme, le moulin de Guillerville appelé d'ancienneté le grand moulin, avec les maisons estables et autres, que soulloit tenir Jehan Gillet, jardin et appartenances d'allentour jusques aux vieilles murailles et vestiges des murs allentour dudit moulin et rivière dicelluy ...

En 1585, Loys de Mornay seigneur de Villiers-sur-Orge présente les foy et hommage à Amagnon Lesné, musnier dudit lieu. ... se transporte au lieu seigneurial de Guillerville appartenant à honorable homme Mr Loys Leroyer greffier de la prévosté, seigneur dudit Guillerville, au devant de la principalle porte et entrée dudit lieu seigneurial auroit appelé par troys fois à haulte voix icelluy seigneur, seroit apparu Amagnon Lesné, musnier dudit lieu ...

Notons la même année le baptême de Denis Rousseau fils de Denis, le parrain noble homme Loys le Royer, greffier à Montlhéry & seigneur de Guillerville, la marraine dame Françoise Leroy femme de noble homme Guillaume de Rodon ... Serait-il devenu noble? ou plutôt est-ce une erreur du curé...

En 1586, le greffier rachète une partie des rentes constituées pour acquérir la seigneurie de Guillerville à François Lehoux sergent royal à Montlhéry, y demeurant, héritier pour moitié de deffunt Jehan Lehoulx, son frère vivant seigneur de Guillerville, et Jehanne Berthe sa femme autorisée, soit 400 escus sol de 33 escus de rente, faisant moitié de 66 constituée à Pierre Fontaine et Jehan Richer, tuteurs de François et Amanyon Lehoulx ses frères, venant de la vente judiciaire de la terre et seigneurie de Guillerville.

Le mois suivant il remplace son beau-père Hugues Lemaçon dans le bail du moulin de Selles sur la Juine à Lardy. Les actes sont peu nombreux citons en 1588, le paiement de 20 escus par Loys Leroyer au seigneur de Bellejambe. Passons sur les actes spécifiques au moulin, ladite seigneurie n'ayant pas d'autres biens, mis à part les droits.

Notons en 1595, un jugement qui confirme la mouvance de la terre & seigneurie de Villiers-sur-Orge relevant de celle de Guillerville.

Côté familial, relevons en 1598 le baptême de Jehan fils de Loys Leroyer seigneur de Guillerville et Ysabeau Lemasson. Egalement lors du baptême de Henry Lesné fils de son meunier , le parain Loys Leroyer sieur de Guillerville . Toujours la même année les fiançailles de Catherine Leroyer fille de maistre Loys seigneur de Guillerville, avec Jean Chantereau.

En 1599, notre seigneur continue de procréer: baptême de Hugues fils de Loys Leroyer, seigneur de Guillerville et d'Ysabel Lemasson, le parrain Anthoine Heruy, commissaire de la prévôté.

L'année suivante, Jehan Olivier, seigneur de Leuville, des fiefs du Petit Paris et du Couldray, advoue tenir à une seullement foy et hommage, de Loys Leroyer seigneur de Guillerville, ... lesdits fiefs.

En 1601, Robert de Balsac, seigneur de Montagu, Chastres, constitue son procureur spécial Loys Leroyer seigneur de Guillerville, auquel il donne pouvoir et puissance de régir et gouverner en son absence ladite terre & seigneurie de Chastres, ...., passé au lieu seigneurial de la Roue. Les seigneurs locaux ont donc confiance en lui.

La même année, le baptême d'Elizabeth Chauvereau, fille de Jehan et Guillemette Leroyer, la marraine Elizabeth Leroyer fille de maistre Loys Leroyer.

Notons en 1603, le baptême de Loys fils d'Anthoine Rolland docteur en médecine, les parrains Loys Leroyer sieur de Guillerville et Pierre Beauperrin notaire.

En 1604, Noel de Compans, trésorier général de France en Picardie vient présenter ses foys & hommages pour la seigneurie de Villiers, à cause de l'acquisition faite par eschange, avec Louis de Mornay, seigneur de Villarceaux et auparavant de Villiers mouvant en plain fief de Guillerville, ... ledit Compans s'est transporté au moulin où la femme d'Henry Lesné musnier demeurant audit lieu seigneurial, lui répond qu'il n'y a personne pour le recevoir, ledit Compans signifie qu'il se propose de payer les 600 livres correspondant aux droits de relief correspondant à une année de revenus.

On retrouve notre personnage en 1609 dans une assemblée d'habitants de montlhéry qui déclare qu'il n'y a jamais eu de malladrerie dans l'enclos de Montlhéry, ny proche diccelluy, et quicelle est située à Linois, fondée de Saint-Lazare, ...

De nouveau en 1610, la seigneurie de Villiers est la cause cette fois d'une souffrance, en raison du décès de Noel de Compans, vivant sieur de Villiers-sur-Orge. Baptiste de Bermond, curateur de Fleury et Loyse de Compans, frère et soeur ses enfans de lui et de Loyse Dreulx... ledit se rend au lieu seigneurial de Guillerville, ou estant en ce lieu il a demandé à Henry Lesné, meusnier du moullin de Guillerville, s'il pouvait voir Loys Leroyer ...

Notons en 1612, Simon Beschepoix, marchand demeurant à la Ville-du-Bois, et Perrine Philippes, sa femme, qui constituent leur procureur Loys Leroyer, seigneur de Guillerville, demeurant à Montlhéry, pour intenter toute action nécessaire afin d'obtenir « les droits et choses deppendant de l'heredité » de la dite Phillipes ...

En 1613, un document important concerne le fief de Guillerville. Il s'agit d'un procès concernant Jacques Fontaine, sergent royal, contre Charlotte Lehoux et Jehan Poyrier :
- Jacques Fontaine, huissier, audiencier à Montlhéry, en son nom et comme ayant les droits cédés de Françoise Lehoux sa mère veuve de feu Pierre Fontaine son père, lui vivant tuteur de Magdelaine Lehoux, vivante femme de Pierre Asselin et héritière pour la neuvième partie de feu Jehan Lehoulx l'aîné, vivant seigneur du fief, moulin, terre et seigneurie de Guillerville
- contre Charlotte Lehoux, veuve de Jehan Cordeau, marchand, céddante de Jehan Poirier, sergent royal à Montlhéry et Catherine Cordeau sa femme, fille dudit défunt et de ladite Charlotte Lehoulx, ayant les droits cédés comme héritiers de Guyonne Asselin, vivante fille de Pierre Asselin et de ladite Magdelaine Lehoulx ; icelle Charlotte Lehoulx, héritière pour un quart en la moitié dudit fief de Guillerville, à cause de feu Amagnon Lehoulx son frère , qui était héritier pour moitié avec feu François Lehoulx, sergent royal à Montlhéry, son frère , de feu Jehan Lehoulx le jeune, sergent royal à Montlhéry son frère , fils aîné dudit Jehan Lehoux l'aîné, leur père, et aussi père de ladite Charlotte Lehoulx, soeur desdits Jehan le jeune, François et Amagnon.
- feu Jehan Lehoulx, sergent à cheval au Châtelet de Paris et sieur du fief de Guillerville, son grand père, a laissé 7 enfants dont l'aîné était feu Jehan Lehoulx l'aîné son père, et en tant que tel propriétaire dudit fief. Ledit Jehan Lehoulx son père en a joui de 1546, année du décès dudit Jehan Lehoulx, sergent, jusqu'en 1576, année du décès dudit Jehan Lehoulx l'aîné père d'icelle Charlotte.
- Au jour du décès dudit Jehan Lehoulx l'aîné, son père, il laissait 9 enfants: 3 fils (Jehan le jeune, François et Amagnon) et 6 filles (Marie, Charlotte, Françoise, Anne, Magdelaine et Marguerite) .
Ledit Jehan Lehoulx le jeune, son frère est décédé en 1578 pendant l'exécution testamentaire. Le fief est revenu auxdits François et Amagnon ses frères au moyen de la renonciation par leurs soeurs.
Led fief a été vendu à Me Louis Leroyer, lors greffier en chef de Montlhéry, adjugé moyennant la somme de 3000 Livres tz .
Ces phrases permettent d'apporter en une fois une somme d'informations importantes, et au début XVIIe siècle, d'avoir une terminologie des Jehan Lehoux, différente de celle rencontrée au fil des ans.

Dernier acte concernant les Leroyer seigneur de Guillerville: Louis Leroyer, greffier de la prévosté de Montlhéry, & Elizabeth Le masson sa feme de lui autorisée demeurants audit Montlhéry, lesquels nomment Louys Leroyer leur fils aisné, doyen & curé dudit Montlhéry pour cedder et transporter à Monsieur Hiérosme Lemaistre de Beljambe, ..., le fief terre & seigneurie de Guillerville qui se consiste en maison moulin grange estable cour jardin, mouvant de la seigneurie de Villebouzin...

Guillerville sous Hiérosme Lemaitre

Donc fort de cette procuration, la semaine suivante, Louys Leroyer, licencié en droit canon, curé & doyen de Montlhéry, en son nom & procureur de Loys Leroyer, cy-devant greffier de la prévosté de Montlhéry, et d'Elisabeth Lemasson sa femme, ses père & mère, délaisse définitivement à toujours, à noble homme Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe, demeurant rue Pierre Sarrazin, paroisse Saint-Benoit, le fief terre & seigneurie de Guillerville consistant en:
- maison, moulin à eau, grange, estable, court, jardin, & pourpris ,
- un clos d'arbres fruitiers ...,
- cinq quartiers de pasturages, tenant à ladite maison,
- trois arpens de bois proche ledit lieu,
- un arpen & demy de pré,
- cinq quartiers de bois
- 21 lt de rente admortie
- cinq fiefs relevant de ladite seigneurie (Villiers, Couldray, Petit Paris, Boissière, Villejust); à l'exception d'une petite maison couverte de thuilles & chaulme court jardin, cour & jardin derrière et 20 perches de clos, acquise de Jacques Lehoux; letout mouvant de la seigneurie de Villebouzain,
- en contre eschange le seigneur de Beljambe, cedde 687 lt de rente, en cinq contrats ...

La quinzaine suivante, la scène se déroule à Montlhéry, le greffier et sa femme, après lecture de l'échange ci-dessus, ratifient la transaction.

Comme à l'accoutumée Hiérosme Lemaistre présente ses serments de foy, hommage et fidélité au seigneur de Villebouzain, Jehan de Grisson. Il paie la somme de 220 livres pour les profits de fief, à charger de bailler l'aveu & dénombrement dans le temps de la coustume. La scène maintenant ne se passe plus au moulin mais dans une étude parisienne.

Le seigneur de Beljambe ayant agrandi ses biens à l'ouest de la vallée, il continue par des parcelles adjacentes à la chapelle de Guillerville. En 1617, il acquiert de Louise Roger et de son fils Jehan Prieur notaire royal, un jardin contenant demy arpen enclos de murailles & hayes vives prez de la chapelle avecq jardin il y a plusieurs arbres fruitiers tenant à Nicolas Angot Pierre Chasteau Leonnard Lecoq, d'n bout aux audit acheteur à cause de son moullin, d'autre bout à la rue... moyennant 120 livres.

L'année suivante, maistre Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe & de Guillerville, ..., tant en son nom que comme patron de la chapelle saincte Catherine dudit Guillerville d'une part, & Pierre Chasteau sergent roial à Montlhéry, Nicolas Angot, marchand & Jeanne Chasteau sa femme, disant ledit Lemaistre qu'il avoit fait appel devant les les gens des requestes du Palais à Paris pour que lesdits apportent et présentent les tiltres en vertu desquels ils possédoient un jardin contenant vingt deux perches assis et tenant d'une part à ladite chapelle, Lesdits prétendoient estre dans nouvelle appartenance et demandoient à estre rembousé du prix porté par leur contrat afin que icelluy jardin fut réuni au domaine de ladite chapelle. Que ils ignoroient que ledit jardin eust esté cy-devant des appartenances de ladite chapelle et que eulx et leurs prédécesseurs en estoient en possession et jouissante depuis plus de cent ans... Le seigneur de Beljambe comme patron de la chapelle cedde à titre d'eschange et permutation un quartier et demy de vigne ... Lesdits ceddent le dit jardin tenant à ladite chapelle, au chemin qui tend de Linoys à Marcoussis, ... d'un bout au chemin qui descend au moullin de Guillerville ... Serait-ce une partie du terrain vague actuel à l'angle des rues de Guillerville.

En 1619, Hiérosme Lemaistre vieillissant envoie: Charles Asselin, voyer & arpenteur, se portant fort pour Hiérosme Lemaistre, ... , comme patron de la chapelle Sainte-Catherine, dudit lieu de Guillerville d'une part, Léonnard Leroy, tuteur de Nicolas Chasteau font eschange... Le procureur du seigneur de Beljambe procède de même avec les autres héritiers . Ces derniers reçoivent 10 perches de vignes et cèdent la tierce partie d'ung jardin de 23 perches assis et tenant à ladite chapelle, d'autre part audit seigneur, d'un bout à Loys Leroyer, d'autre au chemin qui descend de la chapelle au moullin en censive dudit seigneur de Guillerville. Ces tenants lèvent toute ambiguïté, il s'agit bien du terrain vague actuel, que des parties n'ont su attribuer la propriété à la fin du XVIIIe siècle.

L'année 1626 voit la fin du seigneur de Guillerville, Hiérosme Lemaistre, à l'agonie, meurt le lendemain de la rédaction de son testament, notifie qu'il veut estre enterré dans la chapelle Sainte Catherine de Guillerville.

À suivre ...

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