Le moulin de Guisseray à Bruyères-le-Châtel
Cette chronique est consacrée à un des moulins de Bruyères appelé moulin Guisseray. Ce moulin a dépendu des seigneurs de Bruyères-le-Châtel de la fin du XIIIe siècle jusqu'à la Révolution. Probablement au début du XIXe siècle, les limites entre Bruyères et Breuillet ont changé et le moulin se situera à Breuillet.
J.P Dagnot - Avril 2015
Le premier acte trouvé date de 1297, il s'agit d'un échange par lequel Thomas sire de Bruyères, confesse qu'il avoit pris et reçu à toujours de religieux homme Ichier de Manteuil prieur des frères de la sainte meson de lospital st Jehan de Jérusalem en france, le moulin que ledit religieux avoient à Guisseroy et trente souls parisis de cens ou rentes que le commandeur de Chauffour prenoit chacun an sur leur meson du Déluge pour ce que la meson du Déluge tient de la meson de Chauffour au terroir de Bruyères .... Les hostes de Guisseroy qui estoient baniers dudit moulin demeureront frans et quites dudit ban à toujours ... fetes et donné le lundi après les brandons.
Il faut attendre la sortie de la guerre de Cent Ans pour retrouver une mention du moulin; ainsi en 1462, un aveu et dénombrement rendu au roy par Messire Loys de Bohan dit de la Rochette, chevalier, seigneur de Bruyères le Chastel lequel advoue tenir à une foy et hommage du roy à cause de la vicomté de Paris, les terres et seigneuries qui ensuivent, acquises par lui faictes du nommé Jehan de Voisin escuier auquelles les terres estoient eschues par le décès de Philippe de Voisin, son père :
- une baronnie chastel et chastellenie de Bruières avec haute moienne et basse justice, ....
- item quatre moullins, l'un appelé Morant qui antiennement soulloit valoir quatre muids et de présent ne vaut que seize septiers, l'autre le moulin neuf lui soulloit valoir antiennement trois muids et de présent ne vaut rien par ce qu'il est en ruine, l'autre appelé le moulin de tournoye qui soulloit valloir quatre muids et de présent ne vaut rien par ce qu'il est en ruyne et estoit anciennement le moulin bannier de Bruières, l'autre appelé le moulin de Guisseray qui soulloit valloir trois muids et de présent ne vaut qu'un muid...
Les actes sont rares , nous arrivons en 1595, Jehan Lambert au nom du seigneur de Bruières et Boissy sous st Yon, lequel baille à titre de loier et admodiation de grain, pour trois ans, à Loys Jourdoin, musnier demeurant en la paroisse de st Chéron, c'est à savoir un moullin à eau, tournant et travaillant appelé le moullin de Guisseray, dépendant de la seigneurie de Bruyères, maison, jardin, trois quartiers de terre, deux arpents .... ce bail faict moyennant la quantité de deux muids de blé mestail mesure dudit Bruières...
En 1618, Guillaume Chardon tabellion establi en la baronye et chastellenie de Bruières le Chastel se rend au moulin de Guisseray avec Estienne Viviers, musnier, qui rend les moullans, tournans et travaillans appartenant audit moulin pour prisée... l'arbre garny de ses cinq frettes prisée 21 livres , la roue... le rouet avec sa chausse... la poislière avec deux chaises... le fer et la nille... la meule de dessous ... la meule de dessus... legrans et le petit engin ... le chasble... la couverture des meubles... la huche et les deux blutteaux ... le pallier... les trois vannes...
Neuf ans après, Michel Rousseau, musnier demeurant au moullin de Guisseray paroisse de Bruyères le Chatel, lequel volontairement confesse a voir ceddé et transporté par ces présentes à Guillaume Audry aussy musnier, c'est à savoir la bail à luy faict par le seigneur de Bruyères dudit moulin de Guisseray fait en 1627 pour le temps qui reste à courir dudit bail, le bail faict moyennant trois muyds de bled mestail...
La semaine suivante a lieu la prisée du moulin, établie par Guimmaume Chardon, tabellion, demandée par Madame du lieu, des moullans, tounans et travaillans dudit moulin de Guisseray, à la requeste de Michel Rousseau demeurant audit moullin, lequel a ceddé son bail à Guillaume Audry ... l'arbre qui a perdu une frette! 24 livres, ... dito 1618.
En 1649, notons un bail fait par madame Lemairat, à Jean Parigault meunier demeurant au moulin de Guisseraye dudit moulin avec les lieux terres prés en dépendant...
Nous arrivons en 1654, fut présent Claude Cassé musmier demeurant au moullin de Guisseray lequel recognoist avoir retroceddé à Firmain Dalleine meunier demeurant à la Boissière, le transport audit Cossé fait par Jean Parigault dudit moullin de Guisseray...
Le même jour, à la requeste de Claude Cassé musnier demeurant au moullin de Guisseray et de Firmain Dallaine aussi musnier demeurant à la Boissière, a été faite la prisée du moullin de Guisseray appartenant à Monseigneur Lemairat, seigneur et baron de Bruyères le Chastel:
- l'arbre garny de quatre frettes et deux torillons long de 11 pieds garny de ses chaussières et porte chevestres, 30 lt,
- une roue de douze pieds de diametre garnye de ses embrassures 32 lt, ...
Notons en 1685 le bail du fief vulgairement appelé Montauban, en la paroisse de Breuillet à Noël Lebouc, meunier au moulin de Guissairet...
En 1786, extrait des minutes du greffe de la maitrise des eaux et forêts de Paris, Guillaume Cavelier de la Guillaumerie, conseiller du roi, me suis transporté au moulin de Guisseray en présence d'Isidore Foye, propriétaire dudit moulin, dans un différent avec Lisy avocat propriétaire du moulin de Trévoix au dessus de celui de Guisseraye ...
La même année, un document trouvé sur Internet signale que ce moulin à farine a été partiellement reconstruit en 1786...
La chemise d'un dossier du service hydraulique des ponts et chaussés, sur la rivière Remarde pour le moulin de Guisseray, usine commune de Breuillet mentionne de 1786 à 1864 les intitulés suivants:
- 9 août 1786, PV d'état des lieux,
- 10 juin 1839, PV de visite des lieux,
- 5 juillet 1839, arrêté autorisant l'établissement de l'usine,
- 25 septembre 1848, PV de visite des lieux,
- 25 février 1849, proposition de réglement, nivellement,
- 4 juillet 1849, rapport sur la seconde enquête,
- ....
- 21 décembre 1864 rejet d'une plainte du maire d'Arpajon contre l'usine.
Ce moulin produit au XIXe siècle un peu moins que les autres et subit plus fortement la concurrence.
La production de farine cesse vers 1870. Le moulin va être transformé en corderie en 1884. La filature Guilbert propriétaire des lieux fabriquait des ficelles employées dans les épiceries. La fabrication de fils et ficelles de lin pour emballage alimentaire se développe et reste jusqu'au bout l'activité principale de la corderie.
En 1919, à la suite du mariage de Raymond Prieur avec Suzanne Guilbert, c'est la famille Prieur qui prend le contrôle de la société. Dans les années 2000, les Prieur cèdent l'exploitation au groupe Meyer-Sansboeuf.
À la suite d'un incendie, la société Meyer-Sansboeuf exploitant la corderie décide de sa fermeture en 2005. Opposés au déménagement de leur outil de travail, les ouvriers occupent la corderie en
2006 et laissent photographier les machines.