Denis Hardy, le premier maire de Longpont |
|||
Acte de mariage de Denis Hardy et Marie-Catherine Dauphin (1753) Février 2008
C. Julien Chronique du vieux Marcoussy
Cette Chronique retrace la vie de Denis Hardy, le premier maire de Longpont-sur-Orge (cant. Montlhéry, arr. Palaiseau, Essonne) élu en 1790.
Etat civil du maire de Longpont L'acte de baptême . "L'an 1730, le 24 de décembre a été baptisé Denis fils de Michel Hardy et de Anne Gilot son épouse, vigneron, le parrain Denis Le Clair jardinier, la marraine Geneviève Guionet, tous de cette paroisse qui ont déclaré ne sçavoir signer. signé Bernerd curé de Longpont". Signatures de Michel Hardy le tonnelier (1729) et Denis Hardy (1790).L'acte de mariage. Après les fiançailles célébrées la veille, la bénédiction nuptiale fut donnée le 20 novembre 1753 par Simon Le Barbée, curé de Longpont, à Denis Hardy et Marie-Catherine Dauphin. Marie-Catherine est la fille majeure de Marc Dauphin et de Marie-Elisabeth Hanias, les parents décédés. Elle demeurait au Mesnil. Parmi les témoins du marié, on note des notables locaux : Claude Le Marechal, procureur de la Chambre des Comptes de Paris, Jacques Suzanne le notaire de Montlhéry, Thomas Jacques Mouville, officier du Roy, et Pierre Bazille son beau-père, Pierre Hardy son oncle et Denis Leclerc son beau-frère (1). Cosme Bouzinard est le témoin de la mariée. Marie-Catherine fut conduite devant l'autel par son oncle Claude Dauphin. Signatures des membres du Conseil communal lors de l'inventaire du Prieuré le 14 mai1790.
La famille Hardy La famille Hardy est établie depuis longtemps à Longpont. En 1529, on trouve Guillaume Hardy qui possède des terres au chantier des Champs Familieux. En 1632, Michel Hardy possède plusieurs vignes : 12 perches et demie au chantier de Croix-Rongefert ( ?), la même surface aux Garences et 37 perches à la Rangée. Son frère Jehan passe des baux à cens au prieuré de Longpont en 1634 et 1639. Cette famille était très catholique et servit l'église de Longpont comme bedeaux et marguilliers. Tous les Hardy se trouvaient parmi les plus forts contribuables de Longpont. Un Michel Hardy fut aussi censitaire du prieuré sous Henri II. Michel était le prénom porté par le fils aîné dans la famille Hardy. Le trisaïeul Michel dit le jeune était marié à Louise Bauce. En 1627, il afferma 3 arpents de prés au prieuré de Longpont moyennant 60 livres par an. Le grand-père Michel " le bedeau ", né en 1660, exerçait la profession de tonnelier et était marié en premières noces à Geneviève Cordeau (1666-1711) qui lui donna 9 enfants dont Michel le jeune, père de Denis. Les époux Hardy participaient activement à la vie de la communauté longpontaise, lui en tant que bedeau, elle en tant que sage-femme. Après cinq ans de veuvage, Michel le bedeau se remaria avec Marie-Elisabeth Le Clerc qui lui donna sept autres enfants dont l'oncle de notre maire, Pierre Hardy, qui fut aussi bedeau de Longpont à l'âge de 17 ans succédant à son père. Michel, dit le " bedeau ou le tonnelier ", a été inhumé dans l'église de Longpont le 22 janvier 1737. Son fils Michel dit " le procureur " (1694-1742), le père de Denis, épousa Anne-Catherine Gilot en 1720. Elle était sa cadette d'un an. Anne-Catherine était veuve de Nicolas Hanias. Elle était née à Longpont où ses parents demeuraient rue de Châtres. Michel se déclarait vigneron, il fut procureur fiscal de la paroisse et garde de la terre et seigneurie de Longpont. Le couple eut 9 enfants : Alexis (1721), Anne (1723), Anne-Catherine (1726), Anne-Geneviève (1726), Catherine (1728), Denis (1730), Anne (1733), Anne-Nicole (1735), et Julien (1739). Natif de Longpont, laboureur et vigneron, regardant sa signature soignée, on devine que Denis Hardy est un homme instruit qui a appris à lire, compter et écrire "à la petite école de Longpont". Par la déclaration et titre nouvel du 13 octobre 1767, on apprend que Denis Hardy habite une maison chargée de 5 sous 5 deniers de cens " assise au bas de Longpont sur la rue qui descend à la Chaussée ", l'actuelle rue du Dr Darier. Un bail à cens avait été passé 50 ans plus tôt pour cette maison par la tante Geneviève Hanias, veuve de Jacques Moreau puis par " Michel Hardy en lieu de place de Nicolas Hanias à cause de Anne-Catherine Gillot femme en première noce dudit Michel Hardy ". Cette maison était chargée d'une rente de 35 livres non rachetable. Ses voisins sont Bon Goix, Denis Dauphin et Fiacre Frémont. La maison de la famille Hardy est tenue par la tante Elisabeth Geneviève, veuve de Denis Leclerc " batimens en la vüe assis accès le cimetière ". Bien que n'étant pas un gros propriétaire terrien, Denis Hardy compte parmi les notables de la paroisse. Il possède quelques perches de vignes aux Tuyaux et au vignoble de Guiperreux, les Bas-Provins. Avant d'être élu maire, Denis a été procureur fiscal de la paroisse, syndic et marguiller (1784-1786) ; c'est dire qu'il avait une parfaite connaissance de la paroisse. Le couple Denis Hardy Marie-Catherine Dauphin eut cinq enfants : Sous l'Ancien régime, un "syndic" était nommé pour la paroisse et provoquait des assemblées plusieurs fois par an (assemblées générales des "manants"), au son de la cloche, le dimanche, sous le grand ballet (porche de l'église) après la messe. L'on peut considérer que les assemblées de paroisse étaient un peu les ancêtres de nos conseils municipaux actuels. Le curé participait à cette assemblée où l'on parlait très démocratiquement de réparation d'église, de moissons, d'impôts, etc. Bien souvent on voyait aussi le notaire et le procureur fiscal du prieuré Notre-Dame qui appelaient les censitaires pour dresser les déclarations de titre nouvel et les baux emphytéotiques.
L'élection du premier maire Au XVIIIe siècle, les villages n'avaient pas de maire. Les magistrats des paroisses rurales sont la plupart du temps réduits à deux : le collecteur de la taille et le syndic qui sont habituellement élus par l'assemblée générale des habitants. Le syndic est sous l'autorité du subdélégué de l'intendant de la province et le représente en ce qui concerne l'exécution des lois, l'ordre public, la milice ou les travaux de l'état. C'est la fonction qu'occupa Denis Hardy en 1784-86. La première grande loi municipale est votée en décembre 1789 (2). Les “agents municipaux” sont élus au suffrage censitaire parmi les plus riches de la commune. Les élections au conseil général de la commune de Longpont eurent lieu le 31 janvier 1790 dans la grande salle du Prieuré (3), le procès-verbal que nous publions n'indique pas le nombre de votants, ni le nombre de voix obtenues pour chacun des élus. Appliquant la loi du 14 décembre 1789, la commune de Longpont compte 93 citoyens actifs sur une population de 598 habitants. Un électeur payait 3 livres au titre de citoyen actif. En fonction de cette population, la loi prescrit l'élection d'un maire et cinq officiers municipaux, formant le corps municipal ; de plus, douze notables forment le conseil général de la Commune. Les citoyens actifs élisent également le procureur de la commune. Le greffier est élu par le Conseil général de la commune. Le scrutin eut lieu sous la présidence de Vincent Guignard, syndic, et de Pierre Clozeau, membre de la municipalité. Au corps municipal siègent le maire Denis Hardy, et les officiers Simon Bourgeron, Pierre rousseau, Jacques Bourgeron, Pierre-Alexis Bazille et Gabriel Pinoteau. Denis Hardy est âgé de 59 ans lors de son élection comme premier magistrat de la commune. Procès-verbal de la première élection municipale à Longpont.Les 12 notables sont : Jacques Guéroux, Robert Moreau, Pierre Guéroux, Jacques Loches, Jean-Baptiste Peuvrier, Pierre Dauphin, François Martin, Charles Montgobert, Denis Montet l'aîné, Simon Collet, Cosme Le Roux et Pierre Girardeau (4). Initialement les communes de moins de 5.000 habitants n'avaient pas de secrétaire de mairie. Un greffier est élu pour remplir ce rôle. C'est Jean-Baptiste Clozeau qui devient greffier en 1790 à Longpont. Le 9 janvier 1792, Pierre Rousseau est élu maire. Il est remplacé par Jean-Baptiste Peuvrier, élu le 30 Frimaire an II (20 décembre 1793) dont le mandat fut très perturbé pendant la Terreur étant déclaré " coupable de négligence dans la fourniture de grains au district de Corbeil ". Denis Hardy est réélu une seconde fois maire de Longpont le 22 nivôse an III (11 janvier 1795). Claude Cossonnet (gendre du maire, âgé de 41 ans), Jacques Guéroux, Charles Joseph Nion, Come Roux et Claude Guilbert sont élus officiers municipaux.
Plan du bourg avec les bâtiments publiques de 1789 : l'église, la cure et le prieuré.
Les premiers actes du maire de Longpont Suite aux lettres patentes de Louis XVI du 26 mars 1790, l'inventaire du Prieuré de Longpont fut établi en vue de sa dissolution. " Nous Maire, procureur syndic et membre de la municipalité de la paroisse de Long Pont, département de Seine-et-de-l'Oise, …, sommes transportés au Prieuré Notre Dame de cette paroisse de Long Pont ou étant introduit en une grande salle à droite du vestibule ". En fait, Denis Hardy connaît bien les lieux ; il est un familier des moines puisqu'il est leur locataire et censitaire. A l'article 5 du procès-verbal, il est écrit " 125 perches de luzerne loué aussy la présente année seulement à Mr Hardy, maire de cette paroisse, savoir 114 perches désignées sous le nom du jardin du prieur titulaire, et onze perches sur la terrasse en face de la maison entre le perron et le petit bosquet moyennant 52 livres 10 sols, sur quoi a été payé 15 livres ". Puis, le greffier a écrit que Denis Hardy paie une rente annuelle et perpétuelle de 5 livres (celle qui est chargée sur sa maison). Nous ne rappellerons pas les fonctions définies par la loi. Toutefois, citons les quatre grandes attributions des maires de 1789 :
Notes (1) Sous l'Ancien régime la majorité était atteinte à l'âge de 25 ans. De ce fait, Denis était sous la tutelle de sa mère [ la Révolution , favorable aux jeunes générations, abaissa l'âge de la majorité à 21 ans (loi du 20 septembre 1792).]. Anne-Catherine Gillot, veuve en 1742 à 49 ans, s'était remariée avec Pierre Bazile (27 ans), fils de Pierre Bazile et Marianne Bourgeron. Denis Leclerc est le mari de Catherine, sœur de Denis Hardy. (2) La constitution de l'an III (1795) modifie l'administration municipale. Les municipalités de moins de 5000 habitants sont dissoutes. Chaque municipalité élit un agent communal et son adjoint. Les agents communaux d'un canton forment la municipalité cantonale avec à sa tête un président. Longpont fit partie de la municipalité cantonale de Montlhéry. C'est le maire de Montlhéry qui est élu président de la municipalité cantonale de Montlhéry. Les registres de l'état civil sont tenus au chef lieu de canton. Tous les mariages sont célébrés à Montlhéry le décadi (le dixième jour, le vingtième jour et le trentième jour de chaque mois). Sous le Consulat et l'Empire les maires sont nommés sur proposition des préfets. (3) Sous la Révolution , il n'y avait pas de mairie à Longpont (la maison commune comme on disait à l'époque). Les seuls bâtiments que l'on pourrait qualifier "publiques" étaient : l'église, la cure (presbytère) et les bâtiments conventuels du prieuré. Ces derniers seront vendus comme bien national et la cure sera un temps l'école de Longpont. (4) À quelques exceptions près, on retrouve les mêmes personnes qui ont signé le cahier de doléances de Longpont en avril 1789.
Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention de l' auteur et autorisation écrite
|