Les Frères de l'Hôpital de St-Jean-de-Jérusalem

Chevaliers du Temple en vert. Frères de St Jean de Jérusalem en rouge.

Mai 2008

Chronique du vieux Marcoussy

JP. Dagnot

 

 

Cette Chronique a pour but de résumer un certain nombre de remarques pour mieux aborder l'histoire de ces ordres de chevalerie dans notre région. Elle ne se veut pas didactique et sert de préambule des récits spécifiques à venir sur plusieurs lieux.

Les commanderies installées dans les différents pays permettaient par leurs revenus, à équiper et à entretenir les armées et flottes destinées à la conquête de la Terre Sainte.

Parmi ces ordres, le plus ancien est celui de l'Hôpital St-Jean-de-Jérusalem qui fut le plus illustre et que nous décrirons dans cette chronique. La suivante sera consacrée aux Templiers.

De nos jours, certains lieux portent des qualificatifs templiers et plus rarement hospitaliers associés à celui de commanderies. Ils sont attachés à des lieux de toute sorte, maison, ferme, moulin, église ...

Le but est, lors de l'étude d'un lieu, d'utiliser les documents récupérés à l'époque de la Révolution, dans la maison du Temple à Paris, et que possédaient les chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem. Ces documents, du Grand-prieuré de France, sont actuellement conservés aux Archives Nationales. Ils représentent plus de 10.000 titres et 800 registres et concernent la France et la Belgique.

On peut considérer que cet ordre ne devint militaire en 1099, qu'après la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon. Comme il concernait les chrétiens, plusieurs pays d'Europe étaient engagés et à l'époque ils étaient regroupés par langue. Pour la langue française, trois établissements existaient, en Aquitaine, en Champagne et le Grand-prieuré de France à Paris.

Le grand-maître de l'Hôpital résidait à Jérusalem et avait sous ses ordres le prieur de l'Hôpital en France. Ce dernier avait des subalternes par région. Pour établir des commanderies ces frères recevaient du roi, des seigneurs, et des ecclésiastiques, des revenus de villes, des droits religieux, prébendes, dîmes, ainsi que des terres. Le Saint siège de plus, affranchit ces ordres de toute juridiction. A partir de ces dons, les frères bâtissaient église ou chapelle et avec d'autres biens, formaient des commanderies avec privilège royal de haute, moyenne et basse justice.

Revenons à la région de Montlhéry qui dépendait du Grand-prieuré de France. Au milieu du XIIème siècle, ces commanderies commencèrent à s'organiser. A la fin du XIIe, celle de Corbeil apparaît. Au milieu du XIIIe c'est le tour de Melun. On n'a pas trouvé la fondation d'un certain nombre d'entre elles notamment celle du Déluge.

Précisons qu'une commanderie portait à cette époque le titre de Chambre prieuriale et était attachée à la dignité du Grand Prieur de France. Le siège de ce grand prieuré fut d'abord installé à Paris, puis transféré à Corbeil au commencement du XIIIe siècle, au prieuré de St Jean en l'Isle fondé par la reine Alix, mère de Philippe Auguste. Il y resta jusqu'au jour de 1311 où il retourna à l'ancienne maison du Temple de Paris, à la suite de la dévolution faite au profit des Hospitaliers de tous les biens des Templiers par le concile de Vienne.

En dépit des demandes infondées de trois rois successifs au début du XIVe siècle, cet ordre commença sa réorganisation. en nommant des servants d'armes ou des chapelains suivant l'importance du lieu. Ce fut de peu d'effets en raison de la guerre de Cent Ans qui arrivait. Les lieux furent laissés à l'abandon, les terres retournant en friches. Le rapport fait au pape Grégoire XI en 1373 mentionne pour l'origine hospitalière: Corbeil et Paris, et pour celle templière: Chauffour, Estampes. Malheureusement, le Déluge et Balizy, sont ignorés dans ce document, peut être en raison de leur état de délabrement.

A la fin de la guerre de Cent Ans, un constat des commanderies confirmait leur état lamentable ou leur abandon. Ce fait confirmé également par la plupart des chroniques décrivant les lieux de notre région. Le grand prieur de l'époque considérait même qu'il en coûterait plus à remettre les friches en état qu'à acheter de nouvelles terres (à l'amortissement près). A cette époque le Déluge est mentionné comme inhabité depuis plus de 40 ans.

Pour rétablir la situation, l'administration des commanderies changea. Les commandeurs n'étaient plus obligés d'exploiter eux-mêmes les domaines. Ils eurent le droit de les affermer. Pour les commanderies moins importantes, elles disparurent pour être remplacées comme membres de plus importantes:
- Le Déluge, Chauffour et Villedieu-les-Maurepas (Troux) furent réunis à l'Hôpital ancien,
- Melun à Corbeil.

 

 

A la Révolution ne subsistait pour le sud Parisien:
- la commanderie de l'Hôpital ancien ou St Jean de Latran,
- la commanderie de Corbeil,
- la commanderie d'Etampes .

 

en vert les frères de l'Hôpital en rouge l'ordre du Temple.

 

1°) La commanderie de l'Hôpital ancien ou St Jean de Latran

La maison des chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem à Paris a porté différents noms. Les plus anciens documents citent simplement la maison de l'Hôpital, Au XIVe siècle, elle devient l'Hôpital ancien pour la différentier de la nouvelle maison qu'on venait d'établir au Temple. Elle s'appellera ensuite maison de St Jean de Latran puis au XVIIe siècle baillage de la Morée.

Un acte de donation de 1175 fait par Robert d'Arpenty à la maison de l'Hospital à Paris, de terres à la Norville "apud Norvillam" mentionne le frère Gérard gardien et économe de cette maison, custos provisor dispensor. Ces qualificatifs équivalent à ceux de maître ou de commandeur.

Nous arrivons en 1189 et un acte parisien ne concernant pas la région mais intéressant car c'est le premier où les frères de l'Hôpital accordent à Guillaume de Bagneux une maison moyennant une rente de sept livres; L'intérêt réside dans le représentant de l'Hôpital: Frère Garnier de Naples Neapolitanus qui cumule deux dignités celle de prieur de l'Hôpital en Angleterre et maître de l'Ordre en France, prior Hospitalis in Anglia et preceptor ejusdem in Francia. Le même document cite également les frères Jacques et Anselme qui le représentent en France pour les affaires de l'Ordre vicem Prioris gerentes in Gallia. La double dignité de prieur va se retrouver durant le XIIIe siècle et notamment pour notre région.

Les membres qui composaient au XVe siècle, la commanderie de l'Hôpital de Paris comprenaient dans notre région:
- l'ancienne commanderie de La Villedieu-les-Maurepas avec ses dépendances,
- l'ancienne commanderie du Déluge,
- les maisons de Chauffour, de Saclay, de St Aubin et des Loges.

En 1633, cette commanderie fut démembrée et perdit une grande partie de ses membres, il ne resta plus pour nous que les Loges, Saclay, le Déluge et Chauffour.

 

 

2°) Les membres de l'Hôpital parisien:

a) Maison de Saclay

C'était une maison que les Hospitaliers de Paris formèrent au XIIIe siècle au moyen de plusieurs acquisitions qu'ils firent à Saclay et aux environs. La première en 1194 contient l'abandon par noble dame Ozanne la Vilaine, à Dieu et aux pauvres de l'Hôpital de Jérusalem, de tout ce qu'elle possédait à Saclay et aux environs.

Des lettres de l'abbé de Ste Geneviève, du mois de juin 1228, portent que Gaudefroy Pasquier de Vaucresson et sa femme Adeline, ont renoncé aux droits qu'ils possédaient sur la terre de Saclay, cette dernière donnée aux Hospitaliers par Guillaume de Saclay.

Au XVIe siècle, la maison de Saclay consistait en une belle ferme et 300 arpents qui fut incendiée en 1633.

 

b) Maison du Déluge

On ne possède pas de titres primordiaux sur cette maison. Relevons que cette commanderie a beaucoup souffert des guerres du XVe siècle. En 1479, au vu de son état, le chapitre provincial déclara que cette commanderie serait réunie à St-Jean-de-Latran.

La seigneurie de Linas fut rattachée à cette maison au XVIe siècle. Voir la chronique spécifique.

 

c) Maison de Chauffour

La terre et seigneurie de Chauffour, situées à deux lieux d'Etampes, se composaient au XVe siècle, d'une maison avec 120 arpents de terre.

Plusieurs fiefs relevaient de cette maison: Sermaise, la Ménagerie, la Croix de Fer, Fontaine Lirault, Saint-Evroult, Vausalmon, Villeconin, Bruyères-le-Châtel. La liste semble impressionnante il ne s'agit que des droitures ou de biens limités.

 

 

3°) La commanderie de Corbeil ou le prieuré de St-Jean-en-l'isle

C'est dans la seconde moitié du XIIe siècle que les frères de l'Hôpital commencèrent à posséder des biens par un don de Thierry Galeran. Ce lieu devint un des principaux établissements de France. Il servit de résidence aux grand-prieurs au XIIIe siècle. Cet endroit perdit de son importance après la mise en possession des biens des Templiers.

 

 

4°) Etampes voir dans la partie suivante Templiers.

 

à suivre: les frères de la milice du Temple.

 

 

Notes

(1) Cette chronique reprend une partie des travaux de Mannier.

 

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