L'Hôtel-Dieu de Montlhéry
Cette chronique est le premier volet d'un établissement situé proche l'église , qui a fusionné avec la maladrerie de Linas pour finir au XXe siècle en maison de soins, enfin actuellement, à usage de maison de retraite.
J-P Dagnot. Février 2014.
Vue aérienne actuelle.
L'Hostel-Dieu vu par François de Dinan
Cette maison est un des plus anciens et plus spatieux édifices de Montlhééry et il paroist par la structure et espoisseur extraordinaire de ses murs tant du dedans que du dehors que cette place pouvoit estre un lieu de deffense dans les tems de guerre. Elle est assise au milieu et dans la principale rue de la ville proche l'église parrochiale qui en estoit autrefois la chapelle soubs le tiltre de Nostre Dame de Lhostel Dieu ainsy que en est faict foy cette inscription « Je suis Jeanne de Lozon et appartient à la chapelle de Nostre Dame de Lhostel Dieu » qu'il m'a été rapporté par des anciens habitans avoir été mis et gravée sur une des anciennes cloches de l'église laquelle avec quelques autres ledict sieur Brente lors curé feit en sorte de faire refondre pour effacer la mémoire de la vérité de ce faict.
Quant au revenu du dict Hostel Dieu, il consiste en trente huict arpens de terres quatre arpens ou environ de prez un quartier de bois et quelques rentes et censives le tout de valeur et revenu de cinq cens livres par chacun an.
La consistance de la maison est de deux corps de logis l'un sur la Grande rue et carrefour de l'église dans lequel sont deux salles pour la retraitte et le repos des pauvres passans, une chambre pour les malades et quelques autres chambres et cénacles pour la commodité et habitation des administrateurs. L'autre sur le derrière qui estoit autrefois le logement des vicaires et le lieu des petites escoles, entre lesquels deux corps de logis y a un jardin raisonnablement grand.
Il n'y a rien de certain touchant la fondation de cet Hostel-Dieu que quelques uns attribuent à la piété de dame Hodierne l'une des comtesse de Montlhééry , fondatrice du monastère de Longpont de laquelle il sera parlé en son lieu et quelques autres, et celle des habitans de la ville qui par une vertu d'hospitalité ont de tems en tems donné de leurs biens à cet hospital pour subvenir aux necessitez les plus urgentes des pauvres passans pour lesquels seulement il a originairement été establi, ce qui faict qu'à proprement parler il mérite plutost le nom d'hospital que celuy d'hostel Dieu dont le tiltre n'appartient qu'aux maisons destinées pour la retraitte et entretien des pauvres malades, tant forains que de la ville, lesquels néantmoins dans une urgente nécessité on ne laisse pas d'y recepvoir et gouverner autant bien que la modicité du revenu de cette maison le peut permettre.
Les habitans de la ville ont pendant un long tems eu la conduitte et l'administration du revenu de cet hospital ou Hostel Dieu dont ils donnoient le soing à celuy d'entre eux qu'ils eslisoient pour en estre l'administrateur, de quoy il leurs est très mal arrivé ayant lesdicts administrateurs mesmes aucuns des habitans qui les avoient esleus été depuis très rigoureusement poursuivis par Messieurs de la générale réformation pour raison de ce maniment et administration mesmes condamnez en des restitutions de sommes notables pour s'estre de leur authorité privée et sans aucun ordre de la ditte chambre jugéré dans ledict mandement . Environ l'année 1570, les habitans proposèrent à la garde de cet Hostel Dieu la personne de sœur Marie Lenormant, religieuse professe de l'abbaye de Dourdan, ordre de Sainct-Benoist aux gages de dix escus par chacun an que luy estoient payez de quartier en quartier par celuy d'entreux qui en avoit l'administration. Laquelle sœur Marie Lenormant prit de sa majesté des lettres de confirmation en datte du 15 octobre 1575, et deux ans après d'est la ditte sœur Lenormant faict pourvoir purement et simplement de la ditte administration par autres lettres de provision de la ditte majesté du 23 septembre 1581, nonobstant lesquelles elle n'a laissé en l'année 1595 de prendre de Monseigneur l'Archevesque de Bourges lors grand aumosnier de France [Renaud de Beaune de Sambançay] une nouvelle nomination à la ditte administration laquelle elle a d'abondant faict confirmer par autres lettres de sa Majesté du 13 febvrier 1595 lesquelles lettres de provision et confirmation elle a faict enregistrer au greffe de Montlhééry. Mais en l'année 1600, le décès de la ditte Marie Lenormant estant arrivé, Guillaume Gratien, lors serviteur domestique de Monsieur le Cardinal de La Rochefoucault s'est en l'année 1601 faict pourveoir par le Roy de cette administration sur la nomination de ce cardinal, lors grand aumosnier de France et sur l'opposition des habitans à sa prisez de possession et installation est intervenu un premier arrest de la Cour le 24 febvrier 1612 par lequel il fut entre autres choses ordonné par manière de provision et sans prejidicist aux droits des parties au principal que les deniers saisis et arrestez entre les mains des fermiers et débiteurs du dict Hostel dieu seroient mis ès mains de Messire Mathurin Bligny, notaire royal à Montlhééry pour estre par lors convertis et employez aux necessités des pauvres et réparations dudict Hostel Dieu à la charge d'en rendre compte ainsy qu'il auroit faict en l'année 1614 par devant Messieurs de la générale réformation sur la poursuitte qui en auroit pour ce été contre luy faitte par le sieur Gratien, et depuis Jean Brizard, marchand dudict Montlhééry, son fermier adjudicataire du revenu temporel dudict Hostel Dieu en l'année 1630 . À ce Guillaume Gratien a succédé Jean Jacquet docteur en médecine qui en l'année 1641 à la faveur et recommandation du sieur Patrix en a été pourveu par lettres de provision de Monseigneur le duc d'Orléans, seigneur apanagiste du comté de Montlhééry, auquel le droit et la faculté de disposer des hospitaux et maladreries de son apanage avoit été privativement à tous autres concédé par arrest du Conseil du 8 juillet 1648 et plusieurs autres au long rapportez par le sieur Piètre en son livre intitulé l'Appanage de son Altesse Royalle Monseigneur le duc d'Orléans. Estant arrivé Jean Jacquet en a toust après été évincé par le nommé Josse qui s'en est faict pourveoir par le Roy sur la présentation de Monsieur le cardinal Antoine [Barberini], grand aumosnier de France, et en à présent possession sans aucune opposition de la part dudict Jacquet ni d'aucun autre. Lequel Josse, deux ou trois mois après la prise de possession, en a disposé au profit de sœur Catherine Bourguillot, religieuse de l'ordre de Saint-Benoist qui en a pris aussy des lettres de provisions de sa majesté sur pareille nomination du dict sieur grand aumosnier et en a pris possession après avoir préalablement faict veoir et visiter le dict Hostel Dieu en ma présence en conséquence de la commission de Messieurs de la générale réformation pour ce a moy envoyé dont j'ai dressé mon procès-verbal.
En l'année 1664, m'ayant été réputé par le substitut du procureur du Roy exerçant lors la charge pour l'absence du dict procureur du Roy qu'il y avoit de l'indécence que dans ledict Hostel Dieu où habitait une religieuse, il n'y eust aucun lieu particuler pour y faire prier Dieu aux pauvres et y faire aussy par la ditte religieuse ses exercices de dévotion, et qu'il y avoit dans la ville quelques gens de bien qui l'avoien assurée de faire les frais qui conviendroient pour y en accomoder un soubs le tiltre d'oratoire comme par forme de dédommagement de la distraction par les habitans long tems y avoit faitte de l'ancienne chapelle pour en faire leur paroisse, et en conséquence mestant sur ce réquisitoire avec des maçons et charpentiers transporté sur le milieu pour informer et cognoistre de l'endroit qui seroit trouvé le plus convenable à ce desseing et moins utile à l'Hostel Dieu. Il n'en auroit point été trouvé de plus propre qu'un recoing de la salle des hommes que l'obscurité du lieu leur faisoit servir de cloaque et l'endroit d'un vieil escalier inutile et ruineux y attenant, lequel de leur advis auroit été achevé de démolir et en son lieu et dudict recoing a été ce requérant ledict substitut et de mon ordonnance prattiqué le dict oratoire et ce sans qu'il en ait cousté aucune chose à l'Hostel Dieu ainsy qu'il se peut veoir par les comptes que la ditte sœur Catherine Bourguillot a depuis annuellement rendu par devant Messieurs de la générale réformation de la despense et recepte par elle faitte en sa ditte administration et sans que aucuns des habitans y ayent trouver à redire, en sorte que, depuis ce tems la ditte religieuse a faict dans ce petit oratoire tant en publiq qu'en particulier plusieurs exercices de dévotion, mesmes y a faict tous les jeudis de la sebmaine saincte la cérémonie du lavement de pieds des apostres à la veue tant des habitans du lieu que des bourgs et villages circonvoisins que la singularité de l'action et la décoration extraordinaire de cet oratoire y attiroient en grande affluence. Ce que veu par cette religieuse et que mesmes il y avoit anciennement en cet Hostel Dieu une chapelle dont on avoit depuis faict la paroisse elle s'est en l'année 1667 pourveue par devant Monsieur l'évesque de Coutance au nom et comme grand vicaire de Monsieur le grand aumosnier lors absent du Royaume et luy auroit demandé pour les raisons cy-dessus qu'il luy fut permis de restablir cette chapelle soit dans ledict oratoire ou dans tel autre lieu de l'Hostel Dieu qui seroit jugé à ce le plus convenable par telle personne qu'il luy plairoit nommer pour en faire la visitation et bénédiction sur cette requeste Mr de Coutance, ordonne qu'avant faire droit sur la bénédiction requise visitation seroit faitte en la présence et du curé de Linois et de moy de tous les endroits dudict Hostel Dieu par tels expers qui seroient par moy nomméz d'office, qui donneroient avec nous sur ce leur advis dont je dresserois mon procès-verbal, pour ce faict et rapporté estre par luy faict droit sur l'establissement et bénédiction de la chapelle en question. Mais comme le curé de Montlhééry ennemi de ce desseing en faisoit renverser l'exécution par quelques personnes de qualité qu'une trop légère prévention auroit engagé dans son parti, quoyque par ce procès-verbal il fut rapporté n'y avoir audict Hostel-Dieu aucun lieu plus propre pour l'establissement de cette chapelle que le lieu du dict oratoire au lieu par Monsieur l'évesque de Coutance d'achever cet ouvrage de justice aussy bien que de piété dont il avoit luy mesme auparavant authorisé le desseing et de contribuer de sa part ainsy qu'il est obligé à la conservation et au restablissement des droits temporels et spirituels de cet Hostel-Dieu, on prétend luy avoir faict ordonner sur ce procès-verbal sans entendre la religieuse ni autre connoissance de cause que ledict oratoire seroit abattu et dénier à la diligence de la ditte religieuse trois jours après la signification du jugement, sinon et à faute de ce faire dans ledict tems et iceluy passé qu'il seroit permis audict sieur curé de le faire faire ce qui seroit exécuté nonbstant oppositions ni appellations quelconques. Mais sur l'advis que la sœur Bourguillot a eue de ce jugement et avant mesmes qu'il luy ait été signifié, elle y a formé son opposition par une requeste qu'elle a derechef présentée à Monsieur de Coutance qui l'a retenue par devers luy sans luy en rendre aucune raison, ni justice laquelle elle auroit été contrainte d'attendre de Monsieur le grand aumosnier à son premier retour en France, mais peu après et dans l'année suivante est arrivé le décès de cette religieuse et à ce moyen l'administration de cet Hostel Dieu a été donnée par Monseigneur le premier président, seigneur engagiste de Montlhééry à une fille des sœurs de la Providence appelée Soutif qui, sur la nomination s'en est faict pourveoir par lettres de Monsieur le grans aumosnier confirmées par autres lettres de sa majesté en sorte que présentement ce petit bénéfice est entre les mains de ses bonnes sœurs qui après avoir peu après relevé cette sœur Soutif en envoyant de temps en tems de nouvelles sœurs de leur maison pour en avoir l'administration.
Malgré quelques petites erreurs ce récit fait la synthèse de l'histoire de ce lieu. Le prévôt nous renseigne également sur les soeurs de la Charité. Que des suppositions jusqu'à 1580, à cette date les habitans proposent la soeur Marie Le Norman religieuse profès de l'abbaye de Dourdan ordre de Saint-Benoist au gage de 10 escus. Ladite soeur administrant en 1585, également en 1595; son décès en 1600 (erreur); la reprise par Guillaume Gratien, serviteur, domestique du cardinal de la Rochefoucault en 1601 pourvu par le roy; l'opposition des habitans à sa prise de possession.
La chronologie concernant ce lieu
À son retour de la seconde croisade, vers 1149, Louis VII fonda dans le bourg de Montlhéry la maladrerie de Saint-Pierre, pour les pauvres malades, appelée aussi Hôtel-Dieu, et à côté de cet établissement il fit construire la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel qui, plus tard agrandie, devint l'église paroissiale sous le vocable de la Trinité.
En 1160, d'après F. Martin la fondation de l'Hôtel-Dieu est due à Louis VII. Il s'agit peut-être d'un autre document signalant le même évènement.
Il faut attendre 1517, pour trouver Simon le Normant procureur au chatelet de Paris au nom et comme administrateur de lostel dieu de Montlhéry d'une part et Jehan Gourby prestre curé de cette paroisse de Montlhéry d'autre part lesquelles parties font une transaction sur une cession de bail...
Nous arrivons en 1545, honorable homme Jehan Lehoux, fermier de l'hostel dieu de Montlhéry baille à loyer pour six ans à Jean Hardy, marchand de Montlhéry, la grange dudit hostel dieu près l'église dudit lieu.
En 1551, le prévôt de Montlhéry et Joseph Poynet procureur du roy de la prévosté certifient qu'il est utile d'avoir une religieuse hospitalière en l'hôpital royal de ce lieu , pour apporter les soins aux malades et pour l'instruction des jeunes filles de Montlhéry; ils supplient l'abesse Martume, d'autoriser soeur Magdeleine Gilbert, religieuse en ladite abbaye de devenir hospitalière de l'Hôtel-Dieu de Montlhéry.
Quatre années après, à la requeste à nous faicte par Pierre Bernard administrateur de la maladrerie fondée au lieu de Montlhéry, avons fait visité par maçons charpentiers laboureurs et gens se congnoissant les lieux eddifices et les terres d'icelle maladrerie... Il s'agit de dresser un procès verbal en vue de saisie.
Fin 1558, plusieurs représentants de l'Hostel-Dieu de Paris commis par la cour de parlement de Paris au gouvernement dicelluy hostel dieu, que de tout temps appartient à Montlhéry et environs plusieurs censives, et pour avoir certitude du vrai ont demandé aux détempteurs de bailler leur déclairation... C'est une ouverture classique de confection d'un papier terrier, refait en raison des guerres.
Dans un acte datant de 1577, Didier Hersant, laboureur de vignes, demeurant à Linois, est qualifié gouverneur et administrateur de la maladrerie de Montlhéry et Linois, lequel constitue son procureur honorable homme Jehan Duruy, marchand de Montlhéry pour plaider, se substituer, recevoir les deniers dus à ladite maladrerie, tant en rentes qu'en droits seigneuriaux appartenant à ladite maladrerie.
En 1578, un procès a lieu entre Nyon procureur de Pierre Bourelier, marchand hostellier demeurant à Lynois et cy devant fermier & adjudicataire de la ferme et revenu temporel de l'hotel Dieu de Montlhéry, demandeur, et Ramboust procureur de Clément Sallé à présent fermier dicelle d'autre part, ... Il s'agit du paiement d'un labour...
Deux ans après, à la requeste de Prudon procureur du roy, avoit été donné assignation à tous les manans et habitans de ceste ville de Montlhéry, pour procéder à l'élection d'un administrateur de lhostel Dieu de ceste ville, nous sommes transportés en la geolle et auditoire dudit Montlhéry... suit la liste des notables, ... assignation accoustumée à tous les habitans pour procéder a l'élesction d'un gouvernement avec Loys Gourby pour avoir la charge de recepvoir et payer, ... la pluralité des habitans de Montlhéry et un seul de Linoys... Il s'agit d'un renvoi, la procédure n'étant pas régulière. Le 9 janvier 1581, une assemblée d'habitants de Montlhéry est convoquée en l'auditoire au son de la cloche pour « eslire deux gouverneurs ».
En 1582, à l'issue d'un jugement, il fut donné par les administrateurs des pauvres malades contagieux de la malladrerie en ceste ville, jusqu'à la somme de ung sol tournois à chacun des mallades par Rihard Legrand marchan et Mor Jure boucher, lors administrateurs par chacune semaine, ..., pain, chair, ... fagots, ..., seront remboursés par les administrateurs de lhostel dieu sur les habitans... Montlhéry ne fut pas excepté par la peste qui sévissait en France.
En fin d'année, un compte de charge de l'administration de l'hostel dieu, est rendu par honneste personne Michel Hargenvilliers, marchant drapier, demeurant à Montlhéry, en tant que gouverneur et administrateur dudit Hotel dieu de Montlhéry et du revenu temporel d'icelluy, pour deux années dudit temporel... avoit reçu de Clément Sallé 80 escus pour une année du temporel consistant en rentes sur maison, terre, prés ...
Dans un document de 1584, on peut lire: supplie humblement que Didier Hersant demeurant à Lynois, disant que par lettres patentes du roy nostre seigneur données à Paris le 27 juillet 1576, à Allain et Catherine, ses enffans aveugles et qui auroient perdu la vue, luy auroit donné et octroyé le régime gouvernement et administration de la malladerie dudit Montlhéry size à Lynois, pour reprendre entretien la chapelle et maison des mallades, nourritures, habitz, vestemens et choses nécessaires ». Bien que dite de Montlhéry il s'agit de celle de Linois.
Nous arrivons en 1595, le procureur du roy en saisie et arrest d'une part, Denis Thomas fermier du revenu temporel de l'hostel dieu de Montlhéry et Jehan Dubois son procureur d'autre part, Il est question de paiement de trois années de loyer, dues à Barthélémy Deschateaux soy disant pourvu du gouvernement dudit hotel dieu, 10 escus à Maistre Richard Dulac maistre descolles de la ville , et à soeur Marie Lenorman somme qui luy est due de sa pension ...
À partir de 1600, nous entrons dans une période où le nommé Guillaume Gratien va faire parler de lui. Ainsi en 1608, sur la requeste du substitut du roy allencontre de Guillaume Gratien, qu'il soit tenu d'apporter le livre des exploits desquels il se prétend titulaire de l'hostel dieu de Montlhéry et de faire deffensse au fermier et sous fermier du revenu de l'Hotel Dieu de Paris ... que faute d'administrateur pour faire face au danger qui s'est déjà présenté par trois fois depuis dix à douze ans par les feux que les pauvres ont mis audit Hotel-Dieu qui est situé joignant l'église ... le procureur demande que François Loyseau, fermier général dudit Hotel-Dieu, Cyrien Jacquet vicaire et Jehan Gourby, sous fermier dudit hostel payent leur dettes et que ledit Gratien soit pourvu du titre de gouverneur et administrateur dudit Hotel-Dieu... En bref deux entités prétendent administrer l'Hôtel-Dieu, cela va durer jusqu'en 1624.
Rappelons comme déjà cité dans la chronique sur la maladrerie de Linas qu'en 1609, une assemblée déclare que dedans l'enclos de Montlhéry, ny proche d'iceluy, il n'y a jamais eu aucune maladrerie fondée que cette dernière est située à Linois fondée de Saint Lazare, entre Linois et Chastres, que depuis quinze ans Symon et Nicolas Sauvageot, prestre doien curé dudit Montlhéry...
Plan des lieux en 1767.
La même année, un bail du temporel de l'Hôtel-Dieu est très clair, fut présent en sa personne, Mr Guillaume Gratien, gouverneur et administrateur de l'Hôtel-Dieu de Montlhéry, demeurant à Paris, rue et paroisse Saint Landry, lequel confesse avoir baillé et délaissé à titre de ferme et prix d'argent, jusques à trois ans à honneste personne Martin Anceau, marchand de Montlhéry, le revenu du temporel, dudit Hôtel-Dieu, non compris la maison d'icelluy, cour et jardin et ce que la religieuse occupe pour elle à son habitation, le surplus utilisé pour les pauvres et commodités du bailleur, le reste demeurant audit preneur, et consistant en une grange maison lieu et jardin avec la quantité de 42 arpents de terres labourables et 5 de prés avec les cens et droits seigneuriaux ... Ce bail fait moyennant 200 livres, 100 pour la soeur Marie Lenormand et 100 pour le bailleur, fournir chaque mois de semaine en semaine, vingt bottes de feurre ou paille pour coucher les pauvres, prévoir six livres pour les réparations dudit Hostel Dieu, selon qu'il sera dit par nous seigneur de la Chambre de la Chatité Chrestienne, surveiller pour empescher qu'il ne s'y retire gens de mauvaises vies et faire aussi que les corps morts soient enterrés selon qu'il est accoutumé, sans débours pour le bailleur... Guillaume Gratien, domestique du cardinal de la Rochefoucault, a pu obtenir l'administration de l'Hôtel-Dieu malgré l'opposition des habitants; il délègue toutes les taches et se contente de percevoir des revenus.
En 1610, une supplique est adressée au prévost de Montlhéry par le procureur du roy, que journellement il reçoit des plaintes du mauvais gourvernement quy est à présent à l'hospital dudit Montlhéry, disant que plusieurs pauvres mendiants tant dudit Montlhéry que estrangers sont décédés des rues et chemins et faulte d'estre subvenus et sollicités, sans le secours du saint sacrement, douze ou quinze vieilles personnes septuagénaires natives de Montlhéry et faubourgs, réduits à extrème nécessité, infirmes de malladies et n'ont de quoy se subvenir sans le secours dudit Hostel Dieu et revenus dicelluy par celui qu'on en prétend l'administration... Ce considère qu'il a adverti le prétendu administrateur par devant une trentaine de manans en la maison de la malladerie dudit Montlhéry et qu'il est un mauvais exemple.
L'année suivante, le procureur de Loys Mareschal...à la requeste de Guillaume Gratien administrateur de l'hostel Dieu dudit Montlhéry et maladrerie de Linois sur Jehan Brizard ... Ne retenons que cette phrase, Gratien détient les deux entités.
De nouveau la même année, le procureur du roy attaque Guillaume Gratien, soy disant administrateur de l'hostel dieu de Montlhéry, assigné pour tenir taverne et cabaret, ledit Gratien faict taverne vend et debite du vin en la maison et cave dudit hostel dieu, mesmes aux pauvres qui y sont et vivent .... Sur quoy avons faict prohibition et deffense de vendre des pots de vins audedans du logis et cave dudit hostel dieu, à peine de 50 livres d'amende... Le personnage ne manque pas d'imagination.
En 1612, les habittans de Montlhéry ont attaqué Guillaume Gratien et gagné leur procès: Mathurin Bligny fait un estat brief de la recepte des deux tiers du revenu temporel de l'Hostel Dieu de Montlhéry, notifié par arrest de la cour en date du 24 février 1612, pour estre par luy employé à la nécessité des pauvres et réparations d'iceluy hostel, cet arrest fait en présence de la chambre de la réformation générale des hospitaux et malladreries de France à Paris. Mathurin Bligny de ce fait reçoit Martin Anceau, fermier judiciaire dudit hosl Dieu, lui demande la somme des deniers incripts sur le livre des receptes. Lesquels deniers ledit Bligny a employé aux nécessités dudit hostel dieu en la forme cy après déclairée...
La même année, Guillaume Gratien, suite à ses procès perdus adresse une directive à Pierre Asselin, et le sollicite pour que tous et chacuns les pauvres tant sains que malades qui passoient dans ledit hotel dieu fassent l'objet d'advenir à Mathurin Bligny et soyent consignés sur un registre...
Côté religieux, en 1613, une soeur s'adresse au prévôt de Montlhéry, soeur Jehanne de la Salle, humble religieuse du monastère de Notre-Dame de Gif, demeurant à présent au bourg de Chastres à l'hospital dudit lieu, disant qu'elle a été pourvue de lhospital de l'hostel Dieu de Montlhéry par la nomination de soeur Marye Lenorman, religieuse dudit hospital, avec l'assentiment de Monseigneur le cardinal Duperon... touttefois avec les droits attribués à Gratien, soit disant administrateur dudit hospital... Officiellement le terme soit disant est employé par tous.
Notons la même année le bail par Guillaume Gratien, administrateur de lhostel dieu et malladerie de Montlhéry, ladite malladrerie située à Linois, lequel audit nom et comme adjudicateur à loier du revenu du temporel de laditte malladrerie, confesse avoir baillé jusqu'à cinq ans à Anthoine Cardon, laboureur à la Pellerine, ledit revenu consistant en terres, prez, droit de foire, cens, à la charge:
- de dire chanter et célébrer chaque dimanche une messe basse en la chapelle de ladite malladrerie où se fait la bénédiction de l'eau bénite,
- de faire les réparations de ladite chapelle jusqu'à six livres,
et moiennant 210 livres tournoys. Gratien jouit toujours des deux entités.
En 1619, Guillaume Gratien, administrateur de l'hotel dieu de Montlhéry, y demeurant, advoue tenir à titre de cens annuel et perpétuel, de Monsieur Hiérosme Lemaistre, ...., seigneur de Guillerville, cinq quartiers de terre au lieudit lescluze ... Ledit Gratien déclare qu'il ne possède aucun titre.
Début 1620, Thomas Lefébure, taillandier en oeuvre blanche, demeurant à Montlhéry s'est transporté en l'hostel dieu dudit Montlhéry, a conduit Martin Novel, pauvre compagnon taillandier en oeuvre blanche, aagé de vingt ans ou environ, de présent mallade et détenu en grande infirmitté depuis le jour des roys derniers en lhostel du sieur Laurent pour le norrir... parlant au sieur Gratien, l'a interpellé de prendre et recepvoir ledit Novel pendant sa malladie... Gratien explique que les trois à quatre mil livres de revenus ne suffisent pas à payer la norriture, la paille, les visittes du chirurgien...
Fin 1622, Gratien doit se servir largement, une assemblée des habitans en nom collectif, à l'issue de la messe aujourd'huy dite et chantée en l'église sainte Trinité dudit Montlhéry au son de la cloche pour traicter de leurs affaires publicques suyvant le mémoire publié au prosne à la diligence de leur sindic, sur l'assignation baillée audits habitans par Messieurs de la Chambre de la généralle réformation des hospitaux malladerye de France à Paris, à la requeste de Guillaume Gratien soy disant administrateur de l'hostel dieu dudit Montlhéry, afin d'ordonner que lesdits habitans prendront la charge du revenu dudit hostel dieu, lesquels ont nommé et constituer leur procureur Mr (en blanc) pour par espécial, dire remontrer que les dits habitans ne peulvent accepter ladite charge daultant que icelle est grandement onéreuse tant à cause que la plupart des logis et bastimens dudit hostel dieu sont en ruyne et décadence depuis seize ou dix huit ans que ledit Gratien s'est mis en possession et jouissance diceulx, que aussi lesdits habitans avoient mis en procès ledit Gratien ... Notre personnage de plus n'entretient pas les lieux.
Deux ans plus tard, les juges de la chambre de la réformation des hopitaux de france entamment un procès contre Guillaume Gratien administrateur de l'hostel dieu et Arnoul Bourdon, marchan de Montlhéry, adjudicataire du revenu dudit hostel d'une part et Louys Divry procureur et sindic des habitans requiert audit Bourdon de payer la valeur de 1.500 bottes de paille et de faire faire les réparations nécessaires aux bastiments dudit hostel dieu... Toujours le même refrain Gratien gère mal, les plaintes sont continuelles et il est touours là...La chambre ordonne qu'à la diligence du procureur du roy, il sera élu deux notables de Montlhéry pour administrer gratuitement l'hotel dieu de Montlhéry pour une période de trois ans. Fait en l'hostel abbatial de Sainte-Geneviève à Paris.
Nous arrivons en 1627, un acte difficile à déchiffrer décrit l'élection d'un administrateur des revenus du temporel de la maladerie de Montlhéry.
En 1628, une assemblée des habitans constitue leur procureur sindicq, Anthoine Hervy, sergent roïal, auquel ils ont donné pouvoir d'intervenir en l'instance qui a esté intenté à la requeste de Monsieur le procureur du Roy de la chambre de la générallité de la refformation des hospitaux et malladrerie de france à l'encontre de Jehan Dubois et François Divry procureurs royaux, pour la restitution d'un matelas et une couverture de Castalongne qui ont été emportés par ledit Dubois hors de l'hotel Dieu dudit Montlhéry ... cela a esté pendant le temps de deux années dernières que la contagion, a estée grande audit Montlhery et ce en raison de la mort qui gouvernoit et faisoit enterer les mallades et pauvres décédés de ladite contagion qu'il plaise à messieurs ordonner que sur le revenu dudit hostel dieu il sera acheté ung aultre mattelas et couverture pour le service des pauvres ...
Nous sommes en 1630, un compte rendu donné par Jean Brizard , marchand de Montlhéry adjudicataire du revenu de lhostel dieu de Montlhéry, à Louis Huault, commissaire de la chambre de la réformation générale des hospitaux et maladerie de France ... Un autre compte également est rendu en 1633 par Jean Boizard.
Rappelons en 1664, d'après François de Dinan, la création d'un lieu pour prier pour la religieuse en place. Une demande fut faite pour rétablir l'ancienne chapelle dans l'oratoire, opposition du curé de Montlhéry et jugement pour la détruire...
À la fin de l'année, soeur Catherine Bourguillot, religieuse administratrice de l'hotel dieu de Montlhéry, y demeurant, confesse advoue tenir à titre de cens annuels & perpétuel portant lotz ventes ... de dame Marye Louise Grisson espouze de hault et puissant Messire François, comte de Montgommery, ..., héritière de son père Mre Pierre Grisson, ..., 16 arpents de terres, ...
En 1668, la chambre générale des hospitaux de France étant avertie que l'hotel Dieu de Montlhéry est vacant et destitué de légitime administrateur par le décès de soeur Bourguillot, et qu'il est besoin d'en bien remplir la place, en agréant la proposition du cardinal grand aumonier de France, nous nommons soeur Marguerite Chétif, fille de la communauté des soeurs de la Charité des pauvres malades, pour régir, gouverner les fruits et revenus dudit Hostel Dieu, faire célébrer le service divin, nourir et alimenter les pauvres ... Mademoiselle de Lamoignon ayant appris la mort de la religieuse, fit toute diligence pour faire pourvoir notre soeur Marguerite Chétif qu'elle aimait fort et obtenant une lettre du cardinal Antoine et un brevet du roy. On lui donna une compagne parce que cet hopital de paysan où il n'y avoit pas assez d'occupation pour deux filles...
Un mémoire des revenus de l'Hôtel Dieu daté de 1668 est intéressant car il précise que deux soeurs de la Charité sont servantes des pauvres malades et assistent aussi les passants selon leurs revenus et rendent compte à la soeur administratrice qui est une soeur de leur communauté en l'occurence Marguerite Chétif. Au chapitre recepte:
- le fermier qui tient les terres de l'Hotel-Dieu paye 400 livres en deux fois,
- de plus il donne 200 bottes de paille,
- la grange de l'Hôtel Dieu est louée 15 livres,
- la petite maison est louée 25 livres,
- trois rentes pour 5 livres.
Notons fin 1681, Soeur Françoise Moret, soeur de la charité, administratrice de l'hotel dieu de Montlhéry, y demeurant laquelle baille pour trois ans à François Leroyer, marchand, 37 arpents en plusieurs pièces ...
En 1695, Pierre Chicoil de Corbigny, advocat commis par Monseigneur Phélipeaux, intendant de la généralité de Paris, à l'administration des biens de l'ordre de Saint-Lazare, aux sieurs administrateurs de l'hôtel Dieu de Montlhéry représenté par François Morice, bourgeois de Paris et trésorier de l'hôtel Dieu ... Cette phrase pour montrer l'imbrication complexe des responsables.
Terminons cette chronique par la réunion en 1697, de la maladrerie de Linas à l'hôpital de Montlhéry qui sera traitée dans la prochaine chronique.
À suivre...