Le domaine du Houssay (1361-1636) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _---------------------------- -- - Mai 2010 Extrait du plan terrier de Marcoussis accroché à Auteuil avant son déplacement aux AD91.JP. Dagnot
Cette chronique se propose de décrire l'histoire d'une propriété à Marcoussis située à l'est de la commune dans la butte entre le Ménil Forget et Bellejame. Le domaine du Houssay sera créé et détenu par une famille pendant près d'un siècle. Le cadastre actuel comporte deux chantiers du même nom « Le Houssay Ouest » (section AN) et le « Le Houssay Est » (section AO) (1).
Le premier document mentionnant le chantier Une vente importante de biens, datant de 1361 par les tuteurs de Jehanne de Vaugrigneuse, mentionne des droits dus notamment par Jehan Mignongnet de six deniers pour sa vigne du Housset... Notons avec réserve la description de Malte-Brun qui déclare que cet endroit était un fief relevant du roy et composé d'une habitation de peu d'importance avec détails que l'on ne trouve pas habituellement dans ce type de déclarations "garenne, bruyères, bois dans lesquels dominait le houx" ... Ce chapitre très romancé est la source d'un certain nombre d'erreurs qui continuent de subsister. On connaît la situation de Marcoussis à la sortie de la guerre de Cent Ans. La paroisse et ses environs ont été dévastés. Le village se reconstruit lentement à partir de la deuxième moitié de XVe siècle.
Le Housset au XVIe siècle L'étude des seigneurs de Bellejame via le minutier central des archives nationales a permis de dénicher un acte daté de 1549 concernant Pierre Lemaistre, notaire et secrétaire du roy, greffier en sa chambre des comptes, qui vend à Guillaume Petit, laboureur demeurant au Houssay, paroisse Marcousssy, deulx setiers de bled mestail, bon, loyal, marchant moyennant le prix et somme de six livres tournois ... En 1552, honorable personne Marin Aujouaire, marchand demeurant à Linas, époux de Loyse Guignard, baille à rente à Guillaume Petit, joueur d'instruments au Housset, paroisse de Marcoussis, époux de Simone Luart, les cinq neuvièmes de 3 espaces de maison au dit Houssay et 72 perches de terre et vigne au dit lieu, tenant aux hoirs de deffunt Symon Petit et de deffunt Estienne Petit (2). La même année, Jehan Davou, laboureur demeurant au Brueil (le Breuil), paroisse d'Épinay-sur-Orge, époux de Catherine Bassonet, vend à Jehan Lefèvre, demeurant au Houssay, paroisse de Marcoussis, ung quartier de vigne à Marcoussis, appartenant du propre de la dite Bassonet. En 1577, honorable homme, maistre Jean Richer, commis à l'exercice du greffe de la prévôté et châtellenie de Montlhéry, comme procureur et se faisant et portant fort de Marie Lehoux, sa femme, héritière pour une neuvième partie de feu maistre Jehan Lehoux, seigneur de Guillerville, paroisse de Linas, son père, baille à Guillaume Peuvrier, laboureur au Houssay, paroisse de Marcoussis, un demi arpent de bois taillis en une pièce au dit Houssay (tenant d'une part à la demoiselle de Beljambe), moyennant une rente annuelle de 24 sols tournois à la Chandeleur, qui est affectée sur un quartier de vigne à Montlhéry, lieu-dit les petits champs. Témoings: maistre Pierre Fontaine, procureur à Montlhéry, et Michel Beauvays, meunier à Guillerville, paroisse de Linas (2). La même année, Gilles Dubois, vigneron à Chenainville, paroisse de Marcoussis, fils de Guillaume Dubois, se marie avec Magdeleine Petit, fille de feu Guillaume Petit, du Housset, et de feu Simone Luard (2). Plusieurs seigneurs possèdent des droits sur ce petit endroit, le prieuré Saint-Pierre de Montlhéry pour sa part prélève des droits sur un demy arpent de vigne dont Jehan Hardy fait la déclaration... En 1581, cette fois c'est Guillaume Peuvrier, laboureur au Houssay, paroisse de Marcoussis, veuf en premières noces avec des enfants mineurs, de feu Germaine Lefèvre, qui s'unit avec Jacquette Seconneau, veuve de Yves Menaut, vivant laboureur à Egly (2). Un bourgeois de Paris, Martin Chaby, achète par deux fois , huit escus d'or de rente annuelle & perpétuelle sur deulx espasses de maison couvertes de chaulme court jardin avec troys quartiers assy audit Houssay... Les vendeurs sont Gilles Theauldet, Jehan Pasquier et Guillaume Peuvrier. On note également une vente par Louis Liger, laboureur à Villejust, à Augustin Liger, laboureur au Houssay, paroisse de Marcoussis (2). La veuve Jehanne Galleran ne manque pas de revenus, elle rachète à Jean Gellin, vigneron de Nozay, ung quartier de boys taillis, contigu à ses terres du Houssay... En 1584, Guillaume Peuvrier, qualifié cette fois du métier de vigneron, retient à titre de loyer, de Pierre Louvet, procureur en la cour de parlement de Paris, une vache sous poil noir, ..., moyennant 24 livres de beurre provenant de ladite vache à livrer en son hostel à Linois... L'année suivante il prend à bail une vigne à Montlhéry de Marye Laudebrye épouse dudit Pierre Louvet... Toutes ces informations proviennent d'études notariales. Une autre source d'informations est issue du dépouillement de déclarations censuelles de la seigneurie de Marcoussis. Bien que partielles, ces aveux apprennent que le Houssay est un petit hameau habité par plusieurs familles et que d'autres y possèdent des vignes et des terres. Les intéressés peuvent venir de Nozay, Linas ou Montlhéry. La liste ci-dessous permet de connaître: Ces listes peuvent paraître insipides. Néanmoins elles montrent à l'évidence que ce chantier est possédé par de simples propriétaires, seul le seigneur de Beljambe vient jouxter un certain nombre de parcelles. Remarquons également l'ascension sociale d'un "Petit" devenu bourgeois de Paris.
Claude du Moulin et Magdeleine Vallée Ce chapitre est consacré à deux familles. La première, les "Vallée" qui sont implantés à Marcoussis depuis une génération, où Gilles Vallée, procureur en la cour de parlement de Paris, possède une résidence d'été à Marcoussis. Il est le père d'un fils Claude et de trois filles dont Magdeleine. La seconde, les "du Moulin" apparaissent à Marcoussis en 1600. D'une transaction faite en 1609, on apprend que Claude Dumoulin a acheté l'office de recepveur des barrages en la ville prévôté et vicomté de Paris en 1600. La même année il épouse Magdelene Vallée. Le couple demeure à Paris, rue de Bièvres, paroisse Saint-Etienne-du-Mont. Une transaction complexe les concerne dans la succession de Gilles Vallée, père de Magdelene, où les parts s'expriment en huitième. Les jeunes mariés ont des besoins de liquidités, ils constituent à Nicolas de la Place, advocat, 16 escus sol de rente annuelle sur: La suite va montrer que cet homme cherche à accroître son patrimoine. Il va comme c'est habituel faire des achats en ciblant le lieu digne d'intérêt, en l'occurrence Marcoussis. C'est ainsi que l'on peut noter: - En 1603, noble homme, Claude Dumoulin, receveur des deniers destinés à l'entretien des ponts, chaussées et pavés de la vicomté de Paris, et Magdeleine Vallée sa femme , demeurant à Paris rue de Bièvres, paroisse Saint-Estienne du Mont, font de bonne foy avec Nicolas David notaire royal de Montlhéry un échange de terres. C'est à savoir que ledit David délaisse à Du Moullin: - En 1604, la vente d'un ensemble de maisons au Houssay réalisée par Clémence Gaultier épouse dûment autorisée de Martin Dubois, vigneron demeurant audit lieu à noble homme Claude du Moullin, receveur pour le roy des barrages, ponts ... Les lieux consistent en: - La même année, Hugues Jacquemard, marchand de Marcoussis, cède plusieurs pièces de terre moyennant 24 lt. - En 1605, Gilles Dubois, vigneron demeurant à Chenanville, et Madeleine Petit sa femme de luy authorizée, lesquels volontairement recongnoissent & confessent avoir vendu .... à noble homme Claude Dümoülin, recepveur ... , plusieurs pièces de terre assises au lieu du Houssay ..., moyennant le prix & somme de vingt livres tournoy ... - En 1607, Noel Peuvrier, vigneron demeurant au Houssay estant de présent en cette ville de Montlhéry en son nom et comme se faisant fort de Loyse Legrand sa femme, à laquelle il promet de faire ratiffier, ..., transportent & délaissent à noble homme Claude Dumoullin, ..., ung arpent de pré en deux pièces assis au Houssay, cette vente faicte à la charge de cens et moyennant le prix & somme de 90 livres tournoy ... - Le même jour, Claude Dumoulin, ..., en son nom d'une part et Marguerite Moiron veuve de Guillaume Petit, vivant vigneron, tant en son nom que comme tutrice des enffans mineurs dudit deffunt & d'elle, estant de présent en cette ville de Montlhéry, lesquels ont vollontairement recongnu faire l'eschange des héritages qui s'ensuivent, c'est à scavoir, ...., plusieurs arbres fruitiers, ... moyennant le prix & somme de dix livres tournoys, ... - La même année, fut présent Loys Feuilleret, laboureur de vignes demeurant au hameau du Houssay, lequel a volontairement recongnu avoir vendu par ces présentes, à noble homme Claude Dumoullin, ..., une pièce audit lieu, selon les bornes, du Houssay au Ménil Fruger, item la tierce partie de cinq perches ..., cette vente faicte moyennant trente livres tournois, ...,puis vingt livres, ... passé en la maison dudit Dumoulin. - En 1608, Philippe Prieur marchand bourgeois et Jehan Brisac marchand de Linois, lesquels ont, se faisant fort de leurs enfans, confessent avoir vendu à noble homme Claude Dumoullin, .... , demeurant à Paris, rue de Beydau?, paroisse st Etienne du Mont, une pièce au vignol du Houssay pour vingt livres tournoys de rente. - En 1609, Jehan Dupineau, vitryer demeurant à Montlhéry, époux de Barbe Petit, vend à Claude du Moulin, recepveur pour le roy des barrages & deniers destinez aux ponts et chaussée de la ville de Paris: Arrêtons là la liste des acquisitions au Houssay. Ces achats forment une propriété de sept arpents. Nous verrons également qu'il procède de manière similaire au Guay dans une chronique consacrée à la ferme dite de l'Hôtel-Dieu, et qu'il en est également le créateur! Durant ces premières années du XVIIe siècle, Claude du Moullin est en procès avec Pierre Lepigeon, porte gaban ordinaire de la maison du roy, & naguères receveur desdits barrages, demeurant au conté de Clermont. Une transaction va conclure ce différent sans grand intérêt sinon que les comptes concernant l'office de recepveur des barrages l'année 1599 sont faits par Lepigeon et que notre personnage a acquis sa charge en 1600.
En 1612 son beau-frère, Claude Vallée, réunit ses soeurs pour régler un problème de rente constitué par son père Gilles en 1572. Ce dernier avait donné en bail à rente à l'époque, plusieurs vignes au Buisson Rond à Charles Poupard . Les héritiers Poupart n'ont pas honoré la rente (3), les vignes sont à l'abandon, et les héritiers Vallée demandent des comptes! Passons sur les détails qui nous font également connaître la famille Vallée. Robert Poupart laboureur demeurant à Marcoussy et sa femme Jehanne Lebreton, et Jehan Lefort vigneron audit Marcoussis et sa femme Marie Poupart, sont contraints à déguerpir et à régler aux Vallée une indemnité de 90 livres. Claude du Moulin représentant son épouse en percevra le quart. Revenons à notre personnage qui la même année va opérer un achat important. Pour ce faire, il va s'endetter en constituant deux rentes adossées à ses biens. Les prêteurs sont: Cette somme de 7.200 lt va être employée à l'achat de l'office de recepveur alternatif desdits barrages, dont jouit à présent Nicollas le Chaloux. La vente est faite moyennant 8.400 lt. Ces textes ne permettent pas de faire la différence entre les deux offices, ce qui est certain le dernier doit être plus lucratif! Notons les termes du second office dans les actes postérieurs "recepveur antien et alternatif des barrages de la ville presvoté et vicomté de Paris". Notre personnage reste dans le milieu des gens de robe il fréquente donc des procureurs dont ceux de Montlhéry et en 1614, il est le parrain de la fille de Guillaume Divry procureur de Montlhéry et de Catherine de la Fontaine. Il continue d'acheter ou d'échanger : Son épouse Maddeleine Vallée décède en 1615 . Les années qui suivent, le veuf continue de menus achats de terres.
Claude du Moulin et Jehanne Martin En 1618, il décide de se remarier. La nouvelle épouse, Jehanne Martin, est la veuve d'Esmé Guesdon fourier ordinaire du roy. Ils s'unissent en communauté de biens avec les termes suivants: La vie continue à Marcoussis, le domaine du Houssay est constitué, les nouvelles acquisitions se font à l'autre extrémité de Marcoussis pour agrandir la ferme du val du Guay. Notons l'acquisition du fief des Biez qui sera détaillé dans la chronique sur la ferme de l'hôtel Dieu. Cet achat est important pour notre personnage, il est noble mais sans titre. À partir de cette époque, ayant payé à Jehanne de Gaignon, dame de Marcoussis, 350 livres et ayant reçu le quint denier attaché audit fief , il va demander l'autorisation de porter le titre de sieur des Biez. En 1622, Claude Dumoulin, rachète 100 livres un quatrier de vignes à Noel Peuvrier vigneron demeurant au Houssay. Il loue des terres au Moquet et agit en son nom et comme tuteur de sa fille Marie. Un document de 1629 est intéressant pour deux raisons. La première est contenu dans la dénomination de notre personnage: Claude Dumoulin, escuyer, sieur des bieds, Bourgeois de Paris, de noble il devient désormais escuyer, sieur des Bieds et Bourgeois de Paris. La seconde concerne la propriété du Houssay, il s'agit d'une prolongation de bail faite à Jean Bontemps, vigneron demeurant au Houssay. Ce dernier pourra continuer de loger et d'habiter dans une chambre basse avec deux petites pièces à costé au bout de la gallerie avec un morceau de pré desquels ledit Bontemps jouit actuellement à la réserve des fruits qui viendront des arbres du pré, à charge: En 1632, Marie Dumoullin fille majeure jouissant de ses droits, rappelle à son père deux obligations passées sous le seal du Châtelet de Paris, la première le 31 juillet 1615, l'autre du premier février 1617, le père est obligé de lui verser la somme de sept vingt treize livres! L'année suivante, elle loue pour trois ans à Estienne Dalanoy, cordonnier de Marcoussis, une maison estable et jardin derrière, sur le champ de foire, tenant à la bailleresse, .., moyennant 13 livres de loyer. Six mois après un second bail est fait pour le même logis. Le contenu est analogue à certains détails près la mitoyenneté est faite avec la grande maison et jardin lui venant de sa mère, les 13 livres sont devenue 14. En 1635, Claude Dumoulin, baille jusqu'à six ans, à Louis Hurteaux boullanger à Marcoussis, une maison manable avec cour et jardin, moyennant 30 lt, le lieu n'est pas précisé le locataire renouvelant son bail. En 1636, Claude Dumoulin, et sa fille Marie, laquelle s'est installée à l'écart de son père rue Saint Thomas, faulxbourg Saint Jacques, estant de présent en leur maison size au Houssay, lesquels pour libérer la somme de 653 livres qu'ils doivent à Guillaume Divry pour des sentences du bailly de Marcoussis datant la première de 1629, sont contraints à rembourser en plusieurs termes, le premier de 300 livres à prendre sur les revenus de la ferme du guay tenue par Eloy Petit ... Cette contrariété a peut être déstabilisé notre bourgeois, en effet cinq mois après, on trouve dans le registre paroissial son inhumation dans l'église de marcoussis. À suivre ...
Notes (1) plan cadastral actuel du Houssay (2) Actes provenant du dépouillement des études de Montlhéry réalisé par Pascal Herbert. (3) Les guerres de religion sont probablement à l'origine du non paiement des Poupart.
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