Le domaine du Houssay (1690-1750) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------------------------------------- -- - Janvier 2011 Extrait du plan terrier de Marcoussis avant son transfert de l'orphelinat d'Auteuil aux AD 91.JP. Dagnot
Cette chronique est le troisième volet de l'histoire d'une propriété assise à Marcoussis située à l'est de la commune dans la butte entre le Ménil Forget et Bellejame. Nous nous étions arrêtés lors de la vente du domaine par René Eury à Jean-Baptiste Piquot . Elle correspond comme nous le verrons à la période de "la maison bourgeoise".
Le Houssay à Jean-Baptiste Piquot Regardons en détail cette acquisition, René Eury, sieur de la Pavelle, et damoiselle Marie du Moullin, sa femme demeurant à Paris, rue Saint-Jacques, paroisse Saint-Benoist, de présent au Houssay, lesquels confessent avoir vendu, ceddé, quitté, porté, délaissé, à Jean-Baptiste Piquot, escuyer, maréchal des logis du roy, demeurant à Paris, rue de Richelieu, paroisse Saint-Eustache, acceptant, une maison appelée la Houssay contenant : Côté vie locale, notons en 1692 le baptême de Charlotte Boutry, le parain maitre Charles Desprez, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, la marraine Charlotte Piquot femme de Monsieur d'Anglebert, bourgeois de Paris. La famille Piquot s'intègre aux habitants et à ses notables. Début 1700, relevons le baptême de Louis Filliau, fils de Louis huissier, la marraine demoiselle Madeleine Dawsécourt, femme de Monsieur François Piquot, bourgeois de Bar en Loraisne. Les documents retrouvés sont rares, contentons nous des intitulés, ainsi le sieur Piquot rembourse en 1702 une rente adossée au Houssay chez Leroy notaire à Montlhéry. En 1707, au cours du baptême dans l'église de la sainte-Trinité de Montlhéry, de Jean-Baptiste Sigonneau fils de Mathieu, officier chez le Roy et d'Elizabeth Lemercier, le parein Jean Baptiste Piquot, maréchal des logis du Roy... La même année notre personnage demeurant à Paris rue des Saint-Pères, paroisse Saint-Sulpice, se marie avec Dame Marie-Suzanne de Néély, veuve de Pierre de la Richardière, aussy mareschal des logis du Roy. Elle est tutrice des enfants qu'elle a eu de son premier mariage, il n'y aucune communauté de biens entre les époux, lui apporte 5.000 livres de douaire, sur 20.000 reçus pour sa charge de Mareschal des logis du roy, et s'il dédède avant sa promise, cette dernière aura la jouissance de la maison du Houssay et des meubles. Les déclarations de biens faites au seigneur de Marcoussis ont été l'objet d'autodafés durant la Terreur, et du notaire Blondeau, ne reste que le répertoire mentionnant en 1708, la déclaration du Houssay au sieur d'Entraigues réalisée au baillage de Marcoussis. La demeure du Houssay n'est plus l'objet de location, elle sert de maison de campagne, il faut se contenter de faits divers comme celui arrivé en 1710. Jean-Baptiste Picquot, sieur du Houssay, maréchal des logis de sa Majesté, de présent en sa maison du Houssay, comparait au greffe du baillage, et rapporte que ce jour dhuy sur les cinq heures de relevé au dedans du grand parc de monsieur le marquis d'Entragues, accompagné de Picart son domestique, il a rencontré Antoine Arenger qui s'en est pris audit Picard, qui l'aurait dénoncé à Mme d'Entragues, comme l'ayant rencontré plusieurs fois chassant, à quoy ledit Picard fit response que cela n'estoit point vray, après quoy ledit Arenger a dit au sieur du Houssay, Monsieur vostre laquais s'en repentira, en jurant et menassant... Notons en 1716, Léon Peuvrier, marchand tanier, demeurant à Marcoussis, lequel vend à Jean-Baptiste Picqot, ..., 22 livres de rente sur un demi arpen planté en fruitier à la Roche Garnier ... En 1720, réapparaît la rente de 25 livres constituée en 1690, par René Eury et damoiselle Marie Dumoulin, lors propriétaires de ladite maison du Houssay. Louis Manon rachète la rente à Jean-Baptiste Picquot, qui confesse avoir reçu 562 livres pour le rachat de 25 livres de rente, payé avec cinq billets de banque roialle de 100 livres, six de 10, le reste en monnaie. La semaine suivante, ayant dû ranger les titres du domaine, il s'aperçoit qu'il détient à titre de cens portant lods et ventes, deux arpents de friches et bois tenant d'une part à la garenne de Bellejamme, d'autres au domaine du Houssaye. Ces deux arpents relèvent du prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry. Dans la reconnaissance de ce bail il fait référence aux déclarations des propriétaires précédents qui nous donnent la chronologie du domaine: Le sieur du Houssay décède en 1727, le premier inventaire a lieu à Paris. N'ayant pas de descendants, les héritières sont ses nièces. Notons dans les caves parisiennes un demi-muid de vin rouge, cru du Houssay. Le mois suivant, à Marcoussis, à la demande d'Henry d'Anglebert, bourgeois de Paris, exécuteur testamentaire, son beau-frère, de sa femme Marie-Suzanne de Néély, de ses nièces Anne, Jeanne, Agathe et Thérèse Picqot, en présence du procureur du baillage Guillaume Cordeau, nous, Jérome Blondeau, notaire & tabellion de Marcoussis, sommes transportés en la maison du Houssay, appartenante audit deffunt... La description qui promettait d'être très instructive est décevante aussi biens pour les lieux que pour les papiers. Relevons simplement jardins & enclos, en bon état de labour et fossés, six cent cinquante pieds d'arbres fruitiers de différents fruits compris les espalliers... A la fin de l'analyse des papiers connus, la veuve exhibe son contrat de mariage qui mentionne qu'elle a droit à la jouissance des meubles et du domaine du Housset. Au dernier trimestre, les héritières font alors procéder à l'estimation du domaine par des experts pour la vente et prisée de la maison du Houssay estant de la succession de deffunt Jean-Baptiste Picquot sieur du Houssay... avons trouvé en la maison du Houssay au lieu du hameau appelé le Houssay ... sommes entrés par une grande porte qui fait face à la rue dudit hameau dont l'entrée donne sur une basse cour où sont plusieurs petits bastimens couverts de thuilles contenant huit espaces composés de différents logements ... le logement servant à loger le jardinier, ... escurye, foulerye, toit à porcs, bucher, poulailler, ... puis la maison bourgeoise avec un parterre en terrasse contenant quatre espasses de bastiments avec deux pavillons aux deux bouts, le tout couvert de thuilles; lesdits bastiments composés par le bas d'une petite salle, une cuisine, un garde manger, un office, deux chambres, antichambre, un autre petit logement et un fournil avec un passage pour aller à la cave , escallier pour monter aux logement de dessus qui sont composés d'une grande chambre... au bout est une chapelle d'un espasse couvert de thuille... Suit la description des terres. Ce document très mal écrit permet néanmoins de voir que la maison bourgeoise contient quatre travées et qu'une chapelle est construite. Sans avoir trouvé l'adjudication, on retrouve un dénommé Jacques Cochereau, qui comme nouveau propriétaire, fait en juin 1728, la déclaration des terres dépendant du prieur du prieuré de Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry en juin 1728. Ce nouvel arrivant ne laissera pas d'autre trace de son passage.
Préambule sur la famille Le Ragois Faisons un bref résumé de l'histoire des Le Ragois, en nous appuyant sur des actes notariaux, en effet le dictionnaire de la noblesse traitant cette famille comporte quelques erreurs. Le premier des Bénigne, escuyer, sieur de Bourgneuf décède en son hôtel parisien en 1646. Un inventaire après décès est requis par sa veuve Catherine Gobelin qui est sa seconde épouse.
Le fils de ce personnage, issu du premier mariage est connu sous le prénom de Bénigne I . Il est marié avec Claude Elisabeth Perrot de Saint-Dié. De cette union sont issus Bénigne II, chevalier seigneur de Bretonvilliers, Jean-Baptiste, chevalier seigneur de Sain-Dié. Il aura la charge de président de la chambre des comptes. Bénigne I décède en son hôtel parisien en 1700. Son épouse lui survivra dix ans. En décembre 1710, elle rédige son testament :Dame Claude Elisabeth Perrot de Saint-Dié, veuve de Messsire Bénigne Leragois, chevalier, seigneur de Bretonvilliers, conseiller du roy en ses conseils, président en la chambre des comptes de Paris, demeurante en son hostel, ile Nostre-Dame, paroisse Saint-Louis, estant au lit malade en une chambre ayant vue sur la rivière Seine du costé du quay de la Tournelle... le reste classique. La semaine suivante Elisabeth décède. Sa bru, Dame Marie Madeleine d'Albon, veuve elle aussy de Messire Bénigne II Leragois, chevalier, seigneur de Bretonvilliers, conseiller du roy en son conseil, président en la chambre des comptes, agissant comme tutrice honoraire de Bénigne III Leragois, chevallier, seigneur de Bretonvilliers et de demoiselle Claude Elisabeth Le Ragois, enfants mineurs de ladite dame, habile à se porter héritière pour un cinquième d'Elisabeth Perrot... et aussi par les quatre autres enfants de Claude Perrot : Jean Baptiste, Marie Angélique, Françoise, Hyacinte Madeleine. Passons sur le détail de la succession qui ne concerne pas le Houssay et notons que la veuve est tutrice de ses enfants mineurs et que nous allons suivre son histoire qui passera par le Houssay. Cet acte permet d'établir que la charge de président de la chambre des comptes à Paris, a été achetée Par Bénigne I et qu'il l'a transmise à son fils. Enfin signalons un frère de Bénigne II, prénommé Jean-Baptiste qui décède en 1712, et de ce fait apportera des héritages aux enfants de Bénigne II.
Le Houssay à Marie Madeleine d'Albon Cette veuve en 1713, Marie Madeleine d'Albon, veuve de Bénigne Le Ragois, seigneur de Bretonvilliers, président en la Chambre des Comptes , achète la seigneurie de Groslay au nord de Paris. Elle en fait l'aveu, l'année suivante, en s'intitulant Dame de Groslay. Elle revendra cette seigneurie en 1729, ainsi que les fiefs de Fleury, Boubiers, du Marchais, Gascourt et du Rocher. La même année, elle acquiert le domaine du Houssay de Jacques Cochereau, acte que nous n'avons pas retrouvé. Quelques mois après elle obtient, par Monseigneur de Vintimille archevesque de Paris, la permission de faire célébrer la messe dans sa maison du Houssay. Elle fait également par devant Blondeau, déclaration au terrier de Marcoussis de ladite maison du Houssay, qu'elle a acquise du sieur Jacques Cochereau. Elle advoue tenir à titre de cens annuels portant lods et ventes de Messire Alexandre de Balsac d'Illiers, marquis d'Entragues, ..., la maison lieux et héritages qui ensuyvent: La nouvelle dame du Houssay est alors âgée de 68 ans. Pourquoi est-elle arrivée à Marcoussis? L'explication de transmettre les biens qu'elle avait reçu par les successions de Bénigne II et Jean-Baptiste est probable. En effet, la valeur de Groslay est supérieure à 100.000 livres, celle du Houssay inférieure à 15.000 livres. Son fils va devenir maréchal de camp et des armées du roy, l'acquisition de cette charge en est peut-être la raison. Donc notre dame s'installe à Marcoussis et s'intègre à la vie locale. En fin d'année a lieu le baptême Marie Madeleine Vavasseur fille de Jacques, jardinier du Houssay, le parrain Messire Henri Louis Lemaistre, la marraine dame Marie Madeleine Dalbon veufve de Messire Bénigne de Bretonvilliers, président en la chambre des comptes, présents également Anne d'Albon et Louis Christophe de Bullion. En mars 1730, dans une acquisition d'un quartier de bois taillis, chantier les Sorts proche le Houssay, tenant d'une part et d'autre à ladite dame, on apprend qu'elle réside à Paris et qu'elle vient en sa maison de campagne au Houssay. Le vendeur se nomme Claude Brizard il est vigneron et demeure à Marcoussis. Apparemment le Houssay est habité constamment notamment par des domestiques. Ainsi en 1731, le baillage de Marcoussis enregistre le récit de François Desjardins domestique de madame de Bretonvilliers, demeurant au Houssay, qui s'est dit aagé de 43 ans, lequel déclare que lundy dernier en allant de Marcoussis au Houssay, accompagné de Jacques Vasseur, jardinier au Houssay, en passant devant la porte de Pierre Groulon, ils ont vu le nommé Claude Aranger, vigneron, lequel leur a demandé de venir avec lui chez ledit Groulon où il y avait grand bruit. Ce dernier leur a ouvert et ils ont vu un particulier à terre blessé au visage ... L'année suivante, la scène se déroule cette fois en l'église de Marcoussis, il s'agit de baptiser Alexandre Louis Henri d'Illiers né en 1723! sont présents Alexandre de Balsac d'Illiers et Louise Philberte de Xaintrailles, ledit Alexandre Louis Henri, Mme Dalbon de Bretonvilliers, Anne d'Albon, 8 frères Célestins. La position sociale de la dame Dalbon est sans équivôque, elle est présente aussi bien chez le seigneur de Marcoussis que chez celui de Bellejame.
Signatures du seigneur et de la dame de Marcoussis, du baptisé, et de la dame du Houssay.
L'analyse du registre des tailles de la paroisse de Marcoussis de 1741 montre que la dame du Houssay fait partie des exemptés. Cette même année, voit le décès de sa brue Félicité de Milan. En 1742, notons le mariage de Nicolas Adam et Suzanne Meunier dont la mère demeure chez la dame de Bretonvilliers, présents Jean Adam, maître d'hotel de Bellejame, ainsi que les filles Lemaistre. Début 1744, inhumation de Thérèse Vavasseur aagée de 8 moisfille de Jacques jardinier du Houssay. En fin d'année, le jardinier est de nouveau père d'un fils Jean dont le parrain est le commandeur du Déluge et la la marraine Claudine Augustine Le Ragois, fille de Bénigne Le Ragois, marquis de Bretonvilliers, maréchal de camp des armées de sa majesté. En 1746, a lieu le mariage de Claudine Augustine Le Ragois fille mineure de Bénigne, devenu entre temps seigneur de Noisy-le-Sec (1). L'époux se nomme Jean-Baptiste Henry de Sacriste, marquis de Tombebeuf, ... colonel au régiment de la Saare. La dame du Houssay se sent vieillir, elle rédige un testament en 1748, à Paris en sa demeure rue Saint-Claude du Marais, paroisse Saint-Paul, en bonne santé de corps et aussi saine d'esprit et s'est même transportée en l'étude, laquelle dame ... récit classique: En septembre 1749, le prieur du prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent du chasteau desmoly de Montlhéry réclame à la dame présidente de faire sa déclaration pour les héritages dépendant de son prieuré. Le mois suivant, sous forme d'un codicile informe, la présidente ajoute à son testament qu'elle donne au pauve honteu de la paroise ou je decedere la some de deus cens livre au lieu des cens. Outre le leg que jai fai ama femme de chamebr je luy done tous mes abis linge et arde... l'orthographe a volontairement été reproduit, montrant malgré l'âge un degré d'instruction très moyen. Les faits se font plus rapprochés, fin novembre, a lieu le mariage de Nicolas Chatain jardinier de Madame de Bretonvilliers, cet évènement se passe en deux temps, devant le notaire de Marcoussis: d'un document très abîmé on peut lire que ce jardinier de Madame de Bretonvilliers demeure en son château, ... les présent du costé de l'époux de très haute et puissante dame Marie Madeleine Dalbon... Ce sera la dernière fois où la dame sera présente. En janvier, la dame décède et la cérémonie religieuse se déroule sans la présence de Bénigne qui est occupé par la succession de sa mère. La dame étant décédée au Houssay, l'inhumation de Marie Madeleine d'Albon se déroule à Marcoussis: l'an 1750 le 10 janvier haute et puissante dame Marie Madeleine Dalbon décédée d'hier agée de 89 ans, veuve de ... a été inhumée dans le choeur de cette église par nous, prieur curé, en présence de Messire Bénigne Le Ragois de Bretonvilliers, son fils maréchal de camp et armées du roy, de messire Joseph Ignace comte de Sparre, maréchal de camp et armées du roy, de messire Jean Dumerle de Blanbuisson, commandeur du Déluge... La semaine suivante, son fils Bénigne III demande l'inventaire qui se fait à Paris puis à Marcoussis. Notons les pièces visitées: À suivre ...
Note (1) La seigneurie de Noisy-le-Sec est dans la famille Le Ragois depuis 1643, acquisition par Claude. Elle passera suivant les successions aux diffréntes branches de la famille. Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite
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