La fin du domaine du Houssay (1750-1809) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------------------------------------------- -- - Janvier 2011 Généalogie simplifiée des Le Ragois.JP. Dagnot
Cette chronique est le quatrième et dernier volet de l'histoire d'une propriété assise à Marcoussis située à l'est de la commune dans la butte entre le Ménil Forget et Bellejame. Nous nous étions arrêtés lors du décès de Marie Madeleine d'Albon. Cette chronique va mettre en évidence quelques erreurs commises par les historiens sur ce domaine. Nous verrons également la destruction de cette maison bourgeoise au début du XIXe siècle.
Le Houssay à Bénigne III Le Ragois Reprenons le récit en 1750, Bénigne, légataire universel, est devenu propriétaire des biens de sa mère, donc d'une maison à Paris et également de celle du Houssay. Ce personnage a une soixantaine d'années et à marié sa fille Félicité en 1746. Le domaine du Houssay est une résidence secondaire. Fin août, le garde chasse du seigneur de Marcoussis, Louis Leblond fait baptiser son fils François Denis, le parrain Denis Bouquet se déclare officier de Mr le marquis de Bretonvilliers, demeurant au Houssay, la marraine est Marie François Rigué, demoiselle de la marquise de Tombebeuf également du Houssay. Bénigne fait partie des notables, en juin 1753, lors du baptême de Bénigne Dardoise, fils de Jacques, domestique de la marquise de Tombebeuf, le parrain est Bénigne le Ragois, la marraine, la marquise de la Roche, présente également Marie Françoise Lemaistre de Bellejame. L'année suivante, cette fois il s'agit du baptême de Claudine Chatain, fille du jardinier du marquis de Bretonvilliers, la marraine, haute et puissante dame Claudine Leragois, veuve de Jean-Baptiste Sacriste marquis de Tombebeuf, colonel au régiment de la Sarre, le parrain, Jean-Baptiste Sacriste fils mineur du déffunt, marquis de Tombeboeuf. Le registre des tailles de 1755, confirme Bénigne LeRagois, marquis de Bretonvilliers, faisant partie des privilégiés et donc exempt de tailles. En fin d'année, a lieu le mariage de Jacques Manon et de Marguerite Wisel, on note la présence de Bénigne le Ragois, marquis de Bretonvilliers, de la fille de ce dernier et de son mari le marquis de Tombeboeuf. La semaine suivante, un accident survient en la maison bourgeoise du Houssay, le décès par noyade du cocher de la marquise de Tombeboeuf. Un procès verbal de cadavre dressé par Jacques Susane, bailly du baillage de Marcoussis, Laurent Poullet, procureur fiscal, disant qu'entre onze heures et minuit, le cocher de madame la marquise venoit de tomber accidentellement dans un puits étant sur la terrasse de la maison bourgeoise du marquis de Bretonvilliers, ils auroient trouvé un cadavre, que plusieurs domestiques venoient de retirer dudit puits où il paraissoit estre tombé pour tirer de l'eau pour abreuver ses chevaux; et pour constater l'état actuel dudit cadavre, la chute qu'il a fait dans le puits et les causes qui ont pu occasionner sa mort, nous avons nommé François Dauvers, chirurgien juré pour visiter ledit cadavre. Sur quoi, le chirurgien de Montlhéry, Laurent Poullet et le greffier sommes entrés dans la bassecour, montés sur la terrasse faisant face à ladite maison bourgeoise, par un escalier étant dans l'angle à droite en entrant sur une autre terrasse où est un puits à manivelle ... description du puits ... avons trouvé un corps mort gisant le visage tourné vers le ciel, à l'endroit de la position de la tête environ une pinte de sang dépanchée qui nous a paru provenir d'une plaie avec déchirement étant au crane dudit cadavre qu'on nous a dit être celui de Barthélemy Beurré, dit la Pierre, cocher de la marquise... Pas d'autre évènement jusqu'en 1760, année en laquelle le marquis de Bretonvilliers est décédé à Tonnerre. Son inventaire après décès à Marcoussis, cite les pièces suivantes: L'année suivante la succession ne doit pas présenter grand intérêt, les deux héritières sont Claudine Leragois, marquise de Tombeboeuf et sa nièce, Charlotte, marquise de Laumary. Lesdites renoncent à la succession pour s'en tenir aux donations mentionnées sur leurs contrats de mariage respectifs. Un curateur est nommé pour régler la succession vacante. Néanmoins, plusieurs contestations sont apparues entre le curateur et les marquises, lesquelles font appel aux commissions extraordinaires du conseil d'état. Par un jugement rendu par lesdits commissaires, il a été ordonné que le curateur feroit les diligences nécessaires pour parvenir à la vente de la maison du Houssay :
Ainsi en 1763, haute et puissante dame Claudine Le Ragois de Bretonvilliers, veuve du marquis de Tombeboeuf, colonel du régiment de la Sarre infanterie, demeurant rue de Sèvres, paroisse Saint-Sulpice, d'une part, le tuteur de très haute et très puissante dame, Charlotte Bénigne Le Ragois de Bretonvilliers, mineure émancipée par mariage, veuve de Marc Antoine Front de Beaupoil, marquis de Lanmary, d'autre part, lesdites marquise de Tombeboeuf et Laumary seules représentantes de haut et puissant seigneur messire Bénigne Le Ragois, ..., leur père et ayeul, la marquise de Tombeboeuf de son chef, et la marquise de Laumary comme seule et unique héritière de François Mathias Le Ragois, son père, capitaine au régiment Dauphiné cavalerie qui était fils et donataire par son contrat de mariage du feu marquis de Bretonvilliers. Lesdites marquises ont vendu à Anne Madeleine Gomé de la Grange, fille majeure demeurant à Paris, rue Cassette, faubourg Saint-Germain paroisse Saint-Sulpice, une maison scize au hameau de Houssay, paroisse de Marcoussis près Montlhéry, ayant son entrée par une ruelle donnant sur le chemin de Montlhéry à Marcoussis: Chaque description apporte son lot de renseignement, l'examen détaillé de la description ci-dessus et celui du plan terrier de Marcoussis, montre sans ambiguïté la maison bourgeoise et l'entrée du domaine. Trois ans après, bien que ne concernant pas le Houssay, Charlotte Le Ragois convole en secondes noces. Ladite dame, veuve, mineure, fille de François Mathias Bénigne Leragois et d'Adélaïde Chertemps de Seuil, se marie avec Charles Letellier, marquis de Montmirail, en présence et de l'agrément de leurs majestés le Roy, la Reyne, de Monseigneur le dauphin, Madame la dauphine..., comme aussy de la marquise de Pompadour,..., fait et passé à l'égard de leurs majestés et de la famille royale, au château de Versailles . Le contrat est en séparation, la dame apporte 38.000 livres dont 10.900 en deux berlines et quatre chevaux (valeur du Houssay), 14.800 en diamants et bijoux!! Apparemment la tante Claudine n'est pas invitée.
Signatures de Louis XV, Marie Leszczynska, du dauphin et de leurs filles.
Le Houssay à Jean Charles Millot et Elisabeth Fontaine Le passage d'Anne Gomé de la Grange n'a pas laissé de trace à Marcoussis. Trois ans après l'achat aux Leragois, ladite demoiselle, majeure demeurant à Saint-Germain-des-prés vend au sieur Jean Charles Millot du Sureau, bourgeois de Paris et Elisabeth Joseph Fontaine son épouse, demeurant rue de Seine, faubourg Saint-Germain, une maison sise au hameau du Houssay, ayant son entrée par une ruelle donnant sur le chemin de Montlhéry à Marcoussis, concistant en une porte cochère, première cour non pavée, à droite de laquelle sont deux ediffices couverts de thuiles, apenti, l'un appliqué a un fournil et l'autre composé de deux travées, au fond de la cour, un corps de logis composé de quatre travées dont trois au rez de chaussée voutées et la quatrième avec plancher, lesquelles sont remises, foulerie, serre, écurie, un étage au dessus servant de logement au jardinier composé de plusieurs chambres, pointe de grenier couvert de thuile, une tourelle à chacun des deux pignons dudits corps de logis dans l'une desquelles tourelles est par bas, une serre pour le jardinier et au dessus un fruitier carelé et plafoné, et dans l'autre par le bas est une vacherie et par le haut une chambre sans cheminée plafonée et carelé. Ensuite une seconde cour dans laquelle est un autre corps de logis aussi composé de quatre travées servant d'écurie, un jardin en terrasse à gauche des deux cours clos de murs à hauteur d'appuy, dans ledit jardin en face de ladite première cour est un principal corps de logis bourgeois simple en profondeur composé de trois croisées de face, flanqué de deux pavillons de chacun une croisée élevé d'un rdc, d'un premier étage et d'une pointe de grenier couverte de thuiles en combles et croupe à égouts de toutes parts, vestibule, salle à manger lambrissée, grande chambre garde robe, office, cave voutée sous ledit office, cuisine tenant à la salle à manger, four à paste, garde manger, chambre carelée au dessus au premier étage, cabinet d'assemblée, chambre à coucher garde robe corridor vers le jardin entre les deux pavillons qui communique à deux chambres, chambre à coucher au fond dudit corridor et garde robe; dans la pointe du grenier six chambres de domestiques et un garde meuble, jardin et parterres terrasse et puits, dans lun desdits jardins, chapelle domestique couverte de thuiles en comble brisé, jardin potager clos de murs contenant deux arpents divisé en cinq terrasses et planté d'arbres fruitiers. La suite de l'acte comprend la description des terres, vignes bois. Ladite vente faite moyennant 14.200 livres. Comme le veut la coutume, notre bourgeois se rend chez Grignon notaire de Marcoussis pour faire la déclaration de la maison du Houssay (intitulé uniquement). Notons dans les années qui suivent deux acquisitions: Le sieur du Houssay décède dans les années qui suivent et sa veuve Elisabeth Fontaine, lors de la confection du terrier par la comtesse d'Esclignac, déclare ses biens au Houssay le 28 juin 1783 . De son contrat de mariage fait avec le défunt fait en communauté de biens, il est stipulé que les meubles et les conquêts immeubles reviennent au survivant. La Révolution arrive, le onze frimaire an 3, devant Jean Maître Jean, officier municipal de Marcoussis, le citoyen Pierre Charlemagne Lhomme, chirurgien en notre commune âgé de 33 ans, déclare que Josephe Elisabeth Fontene, domiciliée à Paris, section de la halle aux bleds, est décédée hier en sa maison de Marcoussis, âgée de 76 ans... Les scellées ont été posées à Paris et à Marcoussis. Les héritiers sont nombreux, notons parmi ceux-ci un nommé, Nicolas Dorigny, émigré, héritier pour 1/76e. De ce fait, la Nation déclare les biens de la veuve Millot "biens nationaux" et mis en adjudication au district de Versailles. Le processus classique s'enclenche, la commune de Marcoussis en prairial, fournit à Versailles un extrait de la matrice des rôles de la commune dont le total représente 15 arpents et taxé à 510 livres. En messidor, un expert reprend le dossier et déclare que la maison et dépendances représente 21 arpents. Que cette succession avait été dévolue pour moitié à Suzanne Dorigny, seule héritière de la branche paternelle, elle-même décédée entre temps. Des héritiers de cette dernière, se trouve un ayant droit pour 1/64e qui parait émigré. En conséquence il a été procédé à l'apposition de scellées, le mobilier a été prisé et vendu, la part de l'émigré a été versée à la caisse publique. Du fait de la part de l'émigré indivis, il est procédé à la vente de l'ensemble par adjudication. La mise à prix est fixée à 100.000 livres et la date de l'adjudication définitive au 21 thermidor. Les inventaires et partage tant à Paris qu'à Marcoussis se déroulent en germinal et messidor. En thermidor, le notaire de Montlhéry envoie la description des biens à adjuger: Notons au passage de cette description, la confirmation de la ruelle conduisant à la porte d'entrée et la chapelle adossée à un mur. Le 9 fructidor a lieu la première réception d'enchères. une première offre est faite à 191.550 livres.
Le Houssay à Etienne Piat Le 24 fructidor a lieu l'adjudication définitive. Reprenons le texte de la vente: Peu de documents sur ce personnage qui en l'an 3 demeure à Paris, rue de l'échelle Honoré, section des Thuileries. Sans avoir trouvé le bail, la maison bourgeoise du Houssay est louée à une dame de Courmont. Le nouveau propriétaire constate avec regret qu'il a acquis le Houssay plus de cinq fois l'estimation et cherche un vice de forme. Ainsi, en vendémiaire an 8, suite à de multiples pétitions du citoyen Piat visant à faire annuler l'adjudication du Houssay de l'an 3, il obtient cette annulation, et a déclaré qu'il renonçait à cette acquisition. Le préfet voyant d'éventuels ennuis, demande au citoyen Boudier, notaire à Marcoussis, conjointement avec l'agent municipal de la commune (1) faisant provisoirement les fonctions de maire, de procéder à l'estimation du domaine du Houssay. Il précise qu'ils doivent fixer le revenu en capital sur le pied de 1790, le revenu desquels biens calculé à raison de huit fois et que le citoyen Piat a renoncé à son acquisition. Quatre mois après, par décisions des consuls du 16 fructidor an 8, il est réintégré dans cette propriété. L'achat du Houssay pour 1.000.000 de livres même en assignats ne devait pas être l'affaire du siècle! Afin de récupérer quelques deniers, il demande à l'administration de ne pas être imposé au titre des contributions foncières pour les années 7 et 8 . Vu les avis des maires, adjoints, et commissaires répartiteurs, il résulte que l'arrêté de vendémiaire an 8, qui a prononcé la nullité de la vente, que le pétitionnaire n'a pas quitté la jouissance de cette propriété, notamment par la location qu'il avait faite à la dame de Courmont à qui il l'avait loué, que les fruits ont été récoltés par le concierge . Que ce domaine est majoritairement planté en bois, dont une partie a été vendu au début de l'an 9, qu'ainsi il n'y a pas lieu de faire droit à sa demande. L'affaire traînera jusqu'en l'an 11. En 1800, le citoyen Etienne Piat, homme de loi, demeurant à Paris, rue du coq Héron, section de la halle aux bleds, ce jour en sa maison de campagne du Houssay, baille au citoyen Pierre Charles Brizard, cultivateur, et Marie Anne Petit sa femme, pour douze ans, la maison appelée vulgairement l'habitation du jardinier, composée de trois chambres basses dont une à feu, fruitier attenant, colombier à côté, laiterie attenant à la chambre à feu, grenier sur le tout couvert de thuiles, petite écurie sous la laiterie, foullerie sous la chambre à feu, remise et réserve sous les chambres non à feu, cave ayant son entrée par la remise, petite réserve sous le colombier, cabinet d'aisance et toit à porcs adossé à la terrasse, fournil. Le bailleur se réserve la maison bourgeoise, la terrasse et l'usage du puits dans le jardin. Suit une liste de terres... Le bail est conclu moyennant douze douzaine d'oeufs, douze paires de poulets gras, une moitié de porc, quinze livres de beurre fondu et 270 francs de loyer.
Le Houssay à Jean Courard Raou En 1801, Etienne Charles Piat, demeurant à Paris, rue Coquillère, division du Mail, vend au citoyen Jean Courard Raou, scellier, demeurant à Paris, rue de Bussault, division du faubourg Montmartre, une maison composée: En l'an 12, Marie Anne Petit a perdu son mari. Elle demeure dans la maison du jardinier, en son nom et et comme tutrice de ses quatre enfants mineurs, également Charles et Marguerite ses deux enfants majeurs, lesquels déclarent qu'ils se désistent purement et simplement du bail conclu en l'an 9 avec Etienne Piat, ce qui est accepté par le propriétaire actuel Jean Courard Raou, représenté par Etienne Piat.
Le domaine du Houssay en 1820 (plan napoléonien).
En l'an 13, le second de l'Empire, le temps n'a pas arrangé l'état de la propriété, le notaire Louis
Étienne Boudier prépare une vente par adjudication du domaine. De nouveau,
Étienne Piat représente Jean Conrard Raou. Le notaire expose qu'il a fait placarder des affiches de la vente du domaine du Houssay, jardin, terre et bois en dépendant: que ce domaine consiste maintenant: Nous arrivons en 1809, pour constater la vente de l'ancien lot n°3 par les héritiers de Denis Cossonnet. Il s'agit maintenant d'un terrain sur lequel existait un bâtiment supprimé. L'acquéreur n'est autre que le propriétaire du lot contigu Noel François Potron, marchand de bois. Que se passe-t-il à Marcoussis ? En l'espace d'une dizaine d'années, nous avons assisté à la démolition de l'église et de plusieurs bâtiments du monastère des Célestins, du château de Marcoussis, du domaine du Houssay, et de la ferme du Mesnil Forget au dessus du Houssay. Le commerce des pierres doit être lucratif! Signalons pour terminer sur ce hameau, le bail d'une maison aujourd'hui disparue suite à la construction de la maison de retraite au niveau du feu rouge de l'étang neuf. L'acte est rédigé en 1893, il s'agit de la maison dite de Ravaillac louée avec quelques terres (2).
Maison dite de Ravaillac.
Notes (1) Il n'y a plus de maire entre l'an 4 et l'an 8. L'administration se fait par canton; Marcoussis dépend de celui de Longjumeau et est représenté par un adjoint. (2) Cette maison fera l'objet d'une chronique spécifique.
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