Le Plessis-Saint-Père (I) (1265- 1640)

communément appelé La Croix-saint-Jacques

Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------- _-------ajout janvier 2014 - Avril 2010

Extrait d'un plan terrier des Chartreux (1650).

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique se propose de narrer l'histoire d'un lieu situé avant la Révolution à Ballainvilliers et ensuite à la Ville-du-Bois, (Essonne). A ce jour les douves subsistent, l'emplacement du château comprend quelques bâtiments qui servent à la commune de centre de loisirs et communément appelé ferme de la Croix Saint Jacques. Il est bon avant de replonger dans la cadre historique, de relire les chroniques sur les fermes du grand Rouillon de Nozay et du petit Rouillon à Villejust . En effet cette chronique prolonge l'histoire de ce centre de vie autour d'un cours d'eau depuis sa source jusqu'à Ballainvilliers.

Le Plessis-saint-Père se trouve à quelques pas de la voie romaine Lutetia-Genabum. Ce chemin deviendra par la suite, route royale de Paris à Orléans, pour devenir de nos jours route nationale RN20.

 

 

Les premiers documents

Citons le document bien connu de 1265, où Pierre & Ansel de Ballenviller, chevaliers , prirent avec d'autres, l'évesque de Paris qui étaient Renaud de Corbeil de détacher Ballenvilliers de Lonjumeau & d'y établir une cure dont dépendrait le Plessis saint Père, Villeboissen, ...

Puis celui de 1314, déjà maintes fois utilisé: Enguerrand, sires de Marigny acquiert de Béraud de Mercoeur... C'est à savoir la haulte, la moiene et la basse justice des lieux dessous només des villes de Locummel, de Chaplan, de Villebon,... , de Balisy le petit, de Balizy le grand, de Ballainvilliers, de Villebousain, de Villiers sous Longpont, et du Pleseiz saint Père, desquels lieux la justice desdites est prisée 27 livres et 15 soux 6 deniers parisis de rente par an. item les fiefs qui sensuivent ...

En1388, une déclaration en forme d'aveu concerne un fief assis en la paroisse de Ballainvilliers au terroir du Plessis saint Père. Il s'agit de déclarer des biens au suzerain le seigneur de Guillerville. Aymery Plante advoue tenir en une foy et homage de noble homme Machelin Deschanvilliers à cause de son hostel & seigneurie de Guillerville , les choses cy après déclarées en la ville & terroir du Plessis saint Père en la paroisse de Ballainvilliers, c'est à savoir neuf deniers & maille de cens qu'a droit de prendre par an audit Aymery, Thibaud Gonelle pour demi arpen et demi quartier de terre séant au terroir dudit Plaissy... Michelin Deschanvilliers lui-même déclare au seigneur de Chastres ses biens, rappelle ceux faits par son vassal et ajoute pour son compte cinq droitures sur Villejust et le Plessis saint Père (sa déclaration comporte 94 rubriques!).

Il n'est toujours pas question d'une demeure. En fouillant dans les documents du prieuré Saint-Laurent de Montlhéry, il est fait mention en 1406, de cens et rentes que les religieux ont droit de prendre sur cinq quartiers tant friches que bois, séant au Plessis sainct Père, tenant au chemin qui va du Plessis à Lunesi, à la femme Robin Gardouin et à Geoffroy le muet, à la charge de 12 deniers parisis de cens et 5 soux parisis de rente.

 

 

Le Plessis saint Père fin XVe siècle

La première mention de la seigneurie du Plessis saint Père date de 1484. La collation de ce document réalisée en 1650, nous apprend que M. Martin de Bellefaye, seigneur du Plessis saint Père, conseiller en parlement, lequel baille à ferme pour 20 années à Pierre Dané, laboureur demeurant à Ballainvilliers, la justice moyenne et basse juqu'à 60 sols parisis et au dessous, à lui appartenant audit lieu du Plessis saint Père avec les cens, ventes, saisines, amendes exploits, profits émoluments droits seigneuriaux et aultres quelconques qu'il peut avoir audit lieu du Plessis à cause du fief de Guillerville. Ledit bail fit moyennant 20 sols parisis de loyer par an. Le suzerain de Guillerville , à cette époque, n'est autre que Loys de Graville qui possède cette seigneurie.

L'année suivante, dans le censier des Chartreux de Saulx, Maistre Martin Bellefaye, conseiller en la court de parlement, déclare neuf arpens de pré assis audit lieu dit la croix de Buthe, sur le grand chemin de Paris à Montlhéry, à l'endroit du chemin de Ballainvilliers pour venir aux boys de ladite abbaye qui furent anciennement à Eymery Plantevigne.

En 1488, des lettres de Charles VIII, faites à Charenton, ordonnent au parlement de vuider au plus tôt les procès relatifs au comté de Périgord ... en se conformant aux instructions royales qu'apportera le conseiller Martin de Bellefaye. Cette lettre est un exemple, le conseiller est plusieurs fois cité dans les lettres du parlement de l'époque.

Une autre source provient des démêlées que le comte de Noailles, qui a échangé le comté de Montlhéry avec le roi, fait à tous ses vassaux au XVIIIe siècle. En l'occurence il demande des comptes au seigneur de Bellejame, marquis de Bullion, également possesseur du fief de Guillerville. Ce dernier se justifie en déclarant que le fief du Plessis saint Père dépendoit anciennement des censives à prendre sur divers héritages ainsy qu'il résulte de la déclaration faite par Martin de Bellefais, seigneur dudit Plessis saint Père, au seigneur de Marcoussis qui étoit alors seigneur dudit Guillerville , inscrite dans un registre en papier d'écriture fort ancienne, mentionné au procès verbal compulsatoire des archives dudit Marcoussis, dans une requeste de Messire Louis Lemaistre seigneur dudit Guillerville, par Charles Guignard, huissier le 6 octobre 1649.

Un autre document du même genre déclare qu'en 1490, le sieur de Bellefaye auroit vendu la terre et l'hostel seigneurial du Plessis saint Père tenu en fief du seigneur de Graville, à cause de son hostel de Bellejambe.

Citons pour terminer sur Martin de Bellefaye, le poète François Villon qui cite dans son "grand testament" au chapitre Verset :

CLXXXI

Pour tout ce fournir et parfaire,
J'ordonne mes executeurs
Ausquelz fait bon avoir affaire
Et contentent bien leurs debteurs.
Ilz ne sont pas moult grans vanteurs
Et ont bien de quoy, Dieu mercys !
De ce fait seront directeurs.
Escryptz : je t'en nommeray six.

CLXXXII

C'est maistre Mertin Bellefoye,
Lieutenant du cas criminel.

Qui sera l'autre ? J'y pensoye :
Ce sera sire Colombel;
S'il lui plaist et il lui est bel,
Il entreprendra ceste charge.
Et l'autre ? Michiel Juvenel.
Ces troys seulz et pour tout j'en charge.

 

Le Plessis-saint-Père au XVIe siècle

Voyons une famille parisienne nommée Dosserot. L'ancêtre Josse Dosserot vit fin XVe siécle. Il décède en 1530 en laissant un inventaire après décès, rare à cette époque. Cette famille de marchand possède des biens au nord de Paris, Drancy, Bobigny, Panthin... Le tuteur de ses enfants, probablement son frère, nous intéresse, il s'agit de Guillaume Dosserot.

 

 

Ce personnage apparaît en 1509 d'une manière très claire : Guillaume Dauxerot, marchand bourgeois de Paris baille jusqu'à 9 ans à Estienne Desforges, laboureur demeurant au Plexis Saint-Père prez Montlhéry, ung hostel et ses appartenances assis audit lieu du Plexis avec toutes les terres, prez, boys, buissons, aunoyes... Ce bail et prins faict moyennant quatre muids et demy de grain, deux parts mestail le tiers avoyne, rendu à Paris en lhostel du bailleur avec la somme de 16 livres. On voit apparaître en marge 15 arpents.

On le retrouve à Paris avec d'autres en 1522, représentant l'oeuvre et fabrique de l'église Saint-Sauveur dans une constitution de 25 livres de rente.

Signalons en 1543, un marché de pavage de la route royale, depuis la Croix-saint-Jacques jusqu'à Montlhéry. Ce document, vu son état, incommunicable aujourd'hui a été dépouillé au XIX siècle: Nicolle Violle maître ordinaire en la chambre des comptes, commissaire sur le fait du pavage et du rétablissement des chaussées de la vicomté de Paris, représenté par Denis Pasquier, paveur juré du roy, pour faire tout le pavé depuis la Croix saint Jacques estant par dela le village de Lonjumel, jusques à Montlhéry, moyennant six sols six deniers la toise, pour main d'oeuvre et fourniture du sablon, à charge de l'entretien la première année.

Dans les premières minutes des études de Montlhéry en 1544, Guillaume Chrestien, laboureur de vignes au Plessis-Saint-Père, et Jehanne Tannier, sa femme, vendent à Jehan Froissant, laboureur à Roullon, un demi arpent de vigne et friche à Roullon (1) .

Comme c'est fréquent à cette époque, il faut se contenter du peu de documents existant. Ainsi en 1548 Morlet Asselin, marchand tonnelier demeurant à Montlhéry, confesse avoir reçu de deffunt honorable homme Guillaume Dosseroc , en son vivant marchand bourgeois de Paris , par les mains de Jehan Landier, la somme de 67 sols tz pour la vente d'une baignoire, d'une cercle à cuve et de 2 meules de cercles (1) .

 

Plan fin XVIIIe siècle mentionnant les chantiers (AD91)

 

L'année suivante, une vente de vignes va nous permettre de connaître les voisins du fief du Plessis. Pierre Migenon, laboureur demeurant au Plessis saint Père paroisse de Ballainvilliers, et Marion Cordeau sa femme, confessent avoir vendu à honneste personne Nicollas Trichet , marchant demeurant à Longjumel, un quartier et demi de vignes en deux pièces, la première au chantier dit le Plessis tenant à Gervais Cordeau, d'un bout aux héritiers de feu Guillaume Dosserot et d'autre audit vendeur, et l'autre pièce contenant demi quartier près la pièce ci dessus, tenant d'une part à Hémon Cordeau, d'autre part audit vendeur, d'un bout aux héritiers Dosserot, ... lesdits biens venant de Symon Cordeau, en censive du prieuré saint Pierre du château de Montlhéry et chargé de 8 deniers de rente envers les héritiers de feu Guillaume Dosserot. Ce vendu moyennant 36 lt.

Les héritiers ne sont toujours pas nommés! En 1556, une vente de plusieurs pièces de terres nous permet pour l'une d'elles, de dire que les voisins au Plessis sont toujours les héritiers de feu Guillaume Dosserot ...

L'année suivante, Jehanne Peuvrier, veuve de feu Gervais Martin, de Montlhéry, confesse devoir payer à Michelle Martin, veuve de feu Jehan Landier, du Plessis-Saint-Père, près la croix Saint-Jacques, la somme de 24 livres 10 sols tz pour loyers et occupations d'héritages, et pour « labeurs et charriages ».

En 1561, Jehan Bourgeron laboureur demeurant à la Ville-du-Boys vend à l'église et fabrique Saint Germain de Nozay, une rente de six sols sur un demy arpen de terre assis au terroir du Plessis-Saint-Père, tenant d'une part à Michel Bourgeron, d'autre part aulx héritiers de feu Guillaume Dosserot d'un bout sur le grand chemin royal, d'autre bout au petit chemin, en la censive du prieuré Saint Pierre de Montlhéry ...

Les registres terriers religieux notamment ceux du prieuré Saint Pierre et Saint Laurent de Montlhéry, sont égalements de précieuses sources d'informations. Dans celui de 1563:
-
Jehan Mainfroy pour un arpent de pré à Roullon au champtier du Plessy Sainct Père,
-
Jehan Froissant demeurant à Roullon pour 3 arpents au Plessy au chantier de la Fontaine Richard, tenant au chemin du Plessy à Lunaisy,
-
Nicolas Froissant demeurant à Roullon, pour 42 perches à la Fontaine Richard tenant à ...

Ces nombreuse références en marge " au Plessis saint Père " permettent de situer les biens à Roullon, au champtier du Plessis-saint-Père, à Nozay. Ce qui revient à dire que la vallée depuis la route royale jusqu'à Villejust forme un hameau qui a existé jusqu'à la fin des guerres de religion. Retenons, selon le scribe, les différentes formes utilisées pour citer le propriétaire qui nous intéresse: hoirs de feu Guillaume Dusserot, Dousserot, Dosseroc.

Les titres de l'église de la Sainte Trinité de Montlhéry permettent de citer en 1567, Nicolas ROUX de Montlhéry, baillant à rente à Fiacre Guérin du Plessis-saint-Père, un arpent au terroir de Rouillon, tenant au chemin du Plessis à Rouillon, aux hoirs Guillaume Dosserot ...

En 1572, cette fois c'est le terrier du prieuré Saint Laurent de Montlhéry. Une déclaration signale Jacques Rousselet pour 7 quartiers de terre. Voyons le détail de la déclaration sis près la croix Saint Jacques dont l'un des tenants est le pré de la ferme du Plessis. Le futur beau-père d'Ambroise Paré, continue son implantation autour de la Ville-du-Bois.

De toutes ces données, on peut dire que les successeurs de Martin de Bellefaye sont des parisiens aisés, qu'en plus de leur demeure, une ferme a été construite. Ces parisiens outre les terres ont également des vignes et des bois. On peut même supposer que Jehan Landier avait la confiance des parisiens et était probablement leur fermier.

En 1577, Jehan Mullot, marchand bourgeois de Paris, fait un bail à loyer d'une maison court jardin et trois quartiers estant à costé du jardin de ladite maison assis au Plessis Saint Père. Le preneur Mathurin Magnan, vigneron doit en échange traiter de toutes façons les vignes du bailleur. Deux années après, ce dernier confesse avoir ceddé quité et délaissé au proffit de Guillaume Mainfroy, le bail fait par Jehan Mullot marchant, bourgeois de Paris, une maison court jardin avec trois quartiers de terre assis audit lieu. Pour cautionner le transport, Jehan Bourgeron laboureur de vignes demeurant à Rouillon, Pierre Mainfroy vigneron demeurant à Lunaisy paroisse de Nozay seportent garant du preneur. La logique voudrait que ce bourgeois soit l'un des héritiers de feu Guillaume Dosserot. On peut estimer que la propriété est, à cette époque, constituée par une maison bourgeoise (baignoire de 1548), une ferme comprenant plusieurs bâtiments dont une pour le jardinier ou vigneron qui soigne les vignes.

 

 

Claude Perrot I

La suite de ce récit va concerner une famille , qui pendant deux générations, possédera ce domaine. Le premier, Claude I Perrot, conseiller du roi, exercera la fonction de président aux enquêtes du Palais de Paris.

 

 

Parmi les rares références trouvées sur cet homme, signalons la plus ancienne en 1585, année où il achète 67 lt de rente sur le grenier à sel de France. L'année qui suit, il est cité dans un bail à rente local où Michel Bourgeron, laboureur demeurant en la ferme de Lunaizy, vend à Claude de Lavoisier, procureur du roy, une rente annuelle adossée à un ensemble de biens. Retenons simplement une maison à la Ville-du-Bois et un arpent de terre au terroir du Plessis saint Père, tenant à Monsieur le président Perot, ... d'un bout au chemin royal de Paris à Orléans...

Le terrier du prieuré saint Pierre du château de Montlhéry, mentionne Loys Gallot vigneron à Villebouzin, pour un arpen de terre & taillis en trois pièces dont la première est assise au Plessis saint Père tenant ... à Mr Claude Perot ... le même a également acheté à Jehan Bourgeron ung quartier de terre et friche au même lieu.

En 1597, Jacqueline Rousselet, veuve d'Ambroyse Paré achète trois arpents tant bois, taillis, que terres. Ces biens sont assis au terroir de la Ville-du-Bois près et au dessus de la ferme de la Croix saint Jacques au lieu du Plessis Saint Père. Suit la description des sept pièces concernées dont nous ne retiendrons qu'elles sont souvent mitoyennes avec le sieur Perrot. Quelques jours plus tard, Jehan et Ancelot Guérin, laboureurs de vignes demeurant à la Ville du Bois, les vendeurs, confessent avoir reçu la somme de trente six escus d'or soleil pour la vente de troys arpents au terroir du Plessis Saint Père.

En 1601, Marguerite, fille de Claude I Perrot et de Catherine Croquet, se marie Jehan de Chaulmes seigneur de Bures-sur-Yvette.

La même année, Thomas Thirofle, laboureur demeure à la Croix saint Jacques, paroisse de Ballainvilliers. Au vu des lieux et de son qualificatif, il doit avoir pris à bail les terres du Plessis saint Père. Donc, de son bon gré,il confesse avoir baillé à titre de loyer jusqu'à troys ans à Jacques Leguillard, vigneron de Longpont, une pièce de pré de deux arpens en la prairie de Longpont appartenant à la ferme que le dit Thirofle tient à moison de Monsieur Perrot conseiller en parlement. Ce bail fait moyennant trois escus un tiers par arpent.

 

 

L'année suivante nous retrouvons les héritiers Paré, et l'acquisition de Jacqueline Rousselet de 1597. Noble homme Henry Symon, à cause d'Anne Paré sa femme, Catherine Paré sa soeur, héritières de deffunte dame Jacqueline Rousselet leur mère, .., tous demeurant à Paris rue des Hirondelles, Pierre Bonnefonds et Alexis Paniers vignerons à la Ville-du-Bois, reconnaissent estre détempteurs lesdits Paré de trois arpens et les vignerons d'un arpen de bois et jardin avec fruitiers, le tout en une pièce, au "plaisir sainct pierre", tenant aux hoirs de feu le président Perrot sur lesquels quatre arpens la fabrique de Ballainvilliers a droit de prendre treize sols de rente annuelle rachetable quatre escus...

En 1603, Jehanne Chicquet, veuve en dernières noces de Thomas Thirofle laboureur demeurant en la ferme du Plessis communément appelée la Croix saint Jacques, paroisse de Ballainvilliers, laquelle volontairement transporte à Georges Delavanne son gendre, laboureur demeurant à Nozay, tous les droits qu' elle pouvoit prétendre du bail fait par la damoiselle Perrot depuys sept moys aux charges clauses et conditions qu'elle avoit et pour en jouir ledit Delavanne le temps porté par ledit bail, délaisse également troys jumens sous poil noir et les deux asnes sous poil gris garnys de leur harnoys, une charette, un tombereau, troys herses, deux charrues, garnyes de leur rouelles et fers dix bestes à cornes, troys cochons, avecq deulx couches de boys deulx lits garnys de plumes deulx couvertures de catalongne, une rouge l'autre blanche, les grains tant battus et que à battre sous les greniers & granges de ladite ferme, cinquante livres d'étains; ce transport fait moyennant le paiement des moisons et aussi 180 livres...

La veuve se retire au profit de son gendre. Ce dernier n'est pas resté longtemps puisque dans une transaction datant de 1607 est cité Jehan Baron laboureur demeurant en la ferme du Plessis saint Père.

En 1612, Catherine Croquet, veuve de feu Monsieur le Président en sa cour de parlement, règle un litige à son profit d'une rente avec arrérages qui ne concerne pas notre sujet ...

 

 

Claude Perrot II

La même année, Claude II Perrot, escuier, seigneur du Plessis, demeurant à Paris ... lequel confesse avoir baillé à tiltre de loier et ferme, jusqu'à neuf années, à Germain Pathou, laboureur demeurant à Palaiseau et Jehanne Redon sa femme:
- une ferme appelée le Plessis sainct père assis à Ballainvilliers, laquelle consiste en maison écurie grange, coulombier , jardin, prez, vignes et 110 arpents de terres labourables. Ce bail fait à la réserve des bois qu'il avoit prin naguères, moyennant la quantité de trois muids et demi de grain, scavoir deux muids de bled, ung muid et demy d'avoyne, .... paier les cens au prieur de saint Pierre, quatre douzaines de pigeonneaux tant qu'il y en aura au coulombier, & six chappons gras quand le bailleur sera audit lieu du Plessis,
- fumer le jardin du bailleur,
- 150 lt pour rach
at des chevaulx & harnois propre pour le labourage ...

Après avoir réglé l'essentiel avec son fermier, il procède de manière analogue avec Pierre Jubelin, jardinier. Claude II Perrot, escuier, seigneur du Plessis, demeure à Paris rue des Monnoyes, paroisse saint Germain l'Auxerrois. Ses biens au Plessis doivent également lui fournir l'accessoire. Ainsi, Pierre Jubelin promet à de le servir domestiquement avec sa femme, de jardiner en sa maison et terre du Plessis, entretenir le jardin enclos dudit seigneur, les pépinières estant autour de la maison arbres et hayes, faire eslaguer les six quartiers de vignes... sera tenu de porter en la ville de Paris les herbes et fruits de saison qui seront à maturitté ... d'estre logé en la maison du jardinier ... cette promesse faicte moyennant six septiers de bled ... 90 lt en deniers... avoir et nourrir un vache et fournir les fromages ...

Quelques mois après, dans un acte d'échange entre Anne Paré et la fabrique saint Fiacre, les témoins qui attestent demeurent au Plessis, il s'agit de Germain Pathou laboureur et curieusement Denis Turot jardinier en la ferme du Plessis st père. Les engagements pris par Pierre Jubelin devaient être trop contraignants!

Ce seigneur dynamique est devenu grand maistre des eaux et forests de France. Il ne doit pas être commode, au bout de deux années, Claude Perrot établit un nouveau bail des terres de la ferme du Plessis. Il a déménagé et demeure maintenant rue des Poictevins,paroisse st André des Arts. Pierre Bourgeron, marchand laboureur demeurant à la Ville-du-Bois proche Montlhéry, ainsi que sa femme Robine Beschepoix, lequel prend à titre de loyer & prix d'argent jusqu'à neuf années:
- toutes les terres labourables deppendant de la terre & seigneurie du Plessis sainct Père paroisse de Ballainvilliers,
- avec tous les bois & taillis qui deppendent dicelle terre,
- la grange & une étable pour mettre trois chevaulx de charue ensemble,
- une des étables à vaches estant dans la cour de la maison seigneurialle , dudit Plessis saint Père.
Les te
rres & bois seront baillés par mesure, laquelle mesure sera faicte à commun fraiz. Ce présent bail faict à la réservation que faict le sieur bailleur :
- de la maison seigneurialle du Plessis st père,
- du clos & jardin à fruits
et des pourpris d'icelle maison excepté la grange & estable,
- ensemble un clos de vignes de haies contenant environ sept quartiers et des autres vignes deppendant de ladite terre & seigneurie,
en o
utre moyennant le prix et somme de cinquante sols tournois pour chacun arpen tant de terre que bois, .., conditions classiques, fournir ung quarteron de gerbes de paille, payer les droits au prieur de st Pierre du chateau y compris les dixmes. Il est fait mention d'un jardinier ou vigneron demeurant aussi en la maison du Plessis qui pourra faire pasturer ses quatre vaches avec celles du preneur. Présent, Germain Patou fermier de la terre et seigneurie du Plessis st Père lequel a vu le présent bail fait par le seigneur et se désiste de celui fait en 1612 dicelle terre & seigneurie.

Au décès du président Perrot, sa veuve a du administrer les biens, et faire un premier partage laissant une masse en indivis. En 1616, les héritiers se réunissent : Christofle Perrot, conseiller du roy en sa cour de parlement, sieur de la Malmaison, demeurant à Paris, paroisse st André des arts Claude Perrot, chevalier, sieur du Plessis, aussy conseiller du roy, maistre enquesteur & général réformateur des eaux & forests de france du département d'Anjou Thouraine & le Mayne, demeurant rue des Poictevins, .., & Jehan de Chaulnes, escuier, sieur de Bures, lesquels baillent à titre de ferme & prix d'argent le greffe de Nogent ... moyennant 225 livres...

Notons en 1618, un échange local entre noble homme (rayé) Claude Perrot, chevalier, conseiller du roy et grand maistre des eaux et forestz de France, sieur du Plessis saint Pair, demeurant à Paris, estant de présent en sa maison seigneuriale du Plessis saint Pair en la paroisse de Ballainvilliers et Pierre Richer, vigneron, ... lesquels font eschange de vigne ! fait et passé en l'hostel seigneurial dudit Plessis. signé Perrot.

La même année, se confirme le partage partiel qui avait eu lieu au décès de Claude I. Christophe Perrot sieur de la Malmaison, conseiller du roy en sa cour de parlement, d'une part, Claude Perrot escuier, sieur du Plessis, conseiller du roy & grand maistre des eaux & forests de France, d'autre part, et Jehan de Chaulme, escuier seigneur de Bures et Marguerite Perrot sa femme se réunissent. Lesdits frères & soeur, enfants héritiers de deffunt Claude Perrot vivant, conseiller du roy en ses conseils d'état & privé, et premier président en sa cour de parlement et de dame Catherine Croquet, jadis sa femme leur père & mère, disant lesdites parties que les biens cy après leur appartiennent en commun et sont à partager entre eulx de la succession desdits deffunts; ils ont fait trois lots égaux à tirer au sort:
- premier échu à Claude, sieur du Plessis, ferme prez Dammartin 65 arpents terres 35 bois..... 10.000 livres;
- second lot à Marguerite, ferme à Bois d'Arcy 80 arpens de terre 7000 livres + rentes ;
- troisième lot à Christofle, sieur de la Malmaison, ferme à Saint Bris, greffe de Nogent sur Seine + rentes.
Les intéres
sés mis en possession des titres concernés.

A la même époque toujours trouvé dans les chicanes faites par Noailles au XVIIIe siècle, le prieur de saint Pierre exerçait sondroit de censive sur plusieurs acquisitions faites par Messire Claude Perrot, grand maître des eaux & forêts, notamment avec Jehan & Ancelot Guérin frères vignerons de la Ville-du-Bois, pour quelques perches de bois .

En 1619, Claude Perrot à première vue a été annobli et c'est l'achat d'un quartier de bois à Pierre Rousseau qui nous apprend ce changement de titre.

Comme tout personnage désirant montrer sa puissance, les achats continuent. Cettte fois c'est un marchand de Palloiseau Nicollas Dennetz qui vend à Messire Claude Perrot, ..., sieur du Plessis-sainct-Pair, (le noble homme a disparu, le notaire précédent avait commis une erreur!):
- 2 ar
pens 3/4, fief, pasture, saulsoye, bois taillis où il y a quatre espasses de masure en partie abbatue , sans bois thuile chevrons, au champtier de la fosse Cagé à Nozay, tenant au chemin de la Ville-du-Bois à Lunaisy, et au chemin de Marcoussis à Lonjumeau,
- cinq quartiers de terre labourable au même chantier, ....
moyennant 240 livres, passé au lieu seigneurial dudit Plessis.

En 1623, le jardinier du Plessis-St-Pair, Spire Redon, achète une maison à la Ville-du-Bois. Le logis que lui a attribué son maître ne doit pas lui paraître suffisant ...

L'année 1625 voit la rencontre de deux personnages influents: d'une part, Claude Perrot, escuyer, sieur de Plessis Saint père, et de l'autre, noble homme Jehan Laurent secrétaire ordinaire de la chambre du roy, se portant fort pour Pierre Allix, commissaire ordinaire des guerres, maréchal des logis au régiment de Navarre. Les deux sont parisiens et le représentant du second, agit pour harmoniser les biens acquis lors de la déconfiture des filles d'Antoine Paré. Les biens échangés sont marginaux dans les propriétés et l'échange se fait, but à but, sans soulte. Pierre Allix a obtenu sa propriété que l'on persiste à tort à appeler aujourd'hui "la maison d'Ambroise Paré", dans une adjudication par décret sur Henry Symon et Anne Paré sa femme.

La même année, ces parisiens s'intègrent au village. On les rerouve présents lors du baptème de Louyse Buché, le parrain Jehan Laurent secrétaire à la chambre du roy, demeurant à Paris, la marraine Louyse Perrot fille de Claude écuyer sieur du Plessis & grand maistre des eaux et forestz , demeurant audit Plessis communément appelé la croix saint Jacques.

Ces parrainages semblent leur plaire, l'année suivante ils agissent de même pour le baptème de Marguerite Pellier, le parrain Claude Perrot, seigneur du Plessis, ..., la marraine damoiselle Marguerite Laurens fille de noble homme Jehan Laurens, secrétaire à la chambre du roy.

En fin d'année, Jacques Paupe vend à Messire Claude Perrot ... estant de présent en sa maison du Plessis st père, ung arpen de terre labourable à Ballainvilliers, tenant au seigneur acheteur, en la censive du seigneur de Ballainvilliers chargé de douze deniers pour arpen, moiennant la somme de soixante livres. Passé au lieu seigneurial du Plessis...

En 1627, le sieur du Plessis récupère des liquidités sur des rentes qu'il possède. Ainsi il perçoit 400 lt de Jacques Lecerf, chanoine de saint Merry, receveur du chapître. Une somme de 300 lt est également reçue pour une autre rente que devait Pierre Allix; ce paiement se fait selon le rang des personnages et donc à la Grand maison de la Ville-du-Bois.

Le domaine prend forme, petit à petit, les achats permettent son agrandissement. En 1628, Jehan Barraguet, laboureur au grand roullon, paroisse de Nozay, vend à Claude Perrot, un arpent de bois taillys où il y a quelques pieds de chênes assis au terroir de rouillon moiennant la somme de 185 livres. Passé audit lieu seigneurial du Plessis, présent Jehan Petit domestique qui sait signer.

La famille Perrot compte maintenant un descendant mâle. Louis Perrot fils de Claude Perrot et d'Anne de Breuil, est le parrain de Louyse Bonenfant.

Le personnel au service de notre personnage s'accroît, André Jubinier, chartier au service de Claude Perrot, escuyer, Sieur du Plessis saint Père, demeurant en sa maison de la croix saint Jacques...

En 1633, c'est au tour de Claude Perrot, fille du grand maistre des eaux & forests de France d'être la marraine d'Anne Simoy.

Le dernier acte concernant Claude Perrot date de1640. Pierre Fontaine huissier audiencier de Montlhéry et Marguerite Sallet sa femme, confessent debvoir à Mre Claude Perrot, conseiller du roy, chevallier, seigneur du Plessis, ..., demeurant à Paris, faulx bourg Saint Germain rue Princesse... Ils reçoivent dans une obligation, 600 livres en escus d'or, pistolles d'espaigne, d'istallye, fait en la maison seigneuriale dudit sieur Perrot du Plessis, ... Notre personnage est devenu chevallier.

A suivre ...

 

 

Notes

(1) Minutes extraites du dépouillement des minutes des notaires de Montlhéry par réalisé par Pascal Herbert.

 

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