Le château de Janvry (2)

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _------------------------------_Décembre 2012

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Extrait du terrier Anjorrant (coll. particulière). .

JP Dagnot

C. Julien

 

 

Cette chronique est le deuxième volet de l'histoire et de l'architecture du château de Janvry. Après avoir évoqué le premier hôtel seigneurial, nous parlons du château actuel qui est resté presque intact depuis le XVIIe siècle (*).

 

Le parti pris d'architecture

Depuis la fin du XVe siècle, les seigneurs n'avaient plus aucun motif d'habiter des forteresses, et chez eux le désir était presque général de se procurer une existence plus agréable en apportant aux dispositions de leurs vieux châteaux des changements importants (1). À partir de 1627, le château de Janvry se transforma en une maison aristocratique, certes d'un style Louis XIII dépouillé de tout artifice, mais en conservant quelques touches de la période féodale : les douves et fossés, le pont, les tours et la ferme adossées au corps de logis principal.

Dans le but d'obtenir, sinon toujours un plan rectangulaire, du moins un peu plus d'espace, certains seigneurs n'hésitèrent pas cependant à sacrifier entièrement la demeure des ancêtres ; on en vit même qui, devenus plus riches par suite de faveurs extraordinaires du roi ou grâce à d'heureuses aventures, firent choix de nouveaux emplacements, rendant ainsi sa liberté à l'architecte. L'ancien château de Janvry fit place au nouveau qui ne garda que le soubassement et fondations anciennes du XVIe siècle.

Tout en offrant un style moderne pour son époque, le maître d'œuvre utilisa des éléments existants. La survie de l'architecture passée se manifeste encore au château de Janvry. La persistance des tours, encadrant le logis principal et les ailes de la cour d'honneur, la présence de fossés et douves, la persistance de la motte seigneuriale, de forme trapézoïdale, occupant tout l'espace disponible en adossant la ferme à l'aile méridionale de la cour d'honneur sont des éléments qui rappellent l'architecture militaire du XVe siècle. Les tours ne sont pas que des éléments décoratifs, mais constituent un système de butée efficace, seul moyen d'adosser les pignons sans ajout de contreforts. En construisant six petits pavillons (que l'on peut voir comme des tours) qui encadrent les bâtiments, l'architecte assure les principes opposés et basés sur le système des poussées ou pressions obliques, et sur la stabilité inerte qui apparaît comme la même logique absolue à Janvry.

À une époque où la sécurité était souvent compromise par les bandes de pillards qui parcouraient les campagnes, à moins de creuser de nouveaux fossés, il ne fallait pas songer à se priver de ceux depuis longtemps existants, en changeant le périmètre primitif. Le pont de pierre remplace le pont-levis. Tous les fossés étaient initialement mis en eau, alimentés par les eaux pluviales des bâtiments, alors que de nos jours seules les douves donnant sur la place du village sont alimentées.

Plus précisément, nous pouvons considérer que la situation du château de Janvry placé au centre du village ne permettait pas la mise en place d'un parterre en avant du corps de logis. L'ensemble est délimité par les fossés et les douves, faute d'une perspective d'entrée de la motte castrale. L'allée de peupliers avec sa demi-lune fut établie plus d'un siècle après la construction du château.

 

 

Pour ce qui regarde l'aisance et commodité

Dans son traité d'architecture intitulé «  Manière de bastir pour touttes sortes de personnes  », Pierre Le Muet donne toutes les règles de l'architecture du XVIIe siècle (2). Ces règles sont dictées par l'harmonie, la symétrie et l'ordre respectant le nombre d'or. Nous donnons ici quelques règles de ce traité publié en 1623, au temps de la construction du second château de Janvry.

Que les appartements soient assis les uns auprès des autres, selon le besoin qu'ils ont l'un de l'autre, et dégagés entr'eux le plus que faire se pourra.
Que les principaux appartemens, comme les salles et chambres principales soient accompagnées d'une garderobe, et aussi d'un cabinet, s'il se peut faire.
Que chaque appartement soit d'une grandeur convenable pour le service à quoy cous l'avez destiné. Et pour cet effect, il sera à propos, aux lieux non contraints d'observer les mesures suivantes :
• la salle aura de 22 à 24 pieds de largeur, auquel cas on luy pourra donner de 34 à 36 pieds de longueur. Mais en grands bastiments il sera bon de donner à la longueur le double de la largeur.
• La hauteur du premier estage sur les longueur et largeur susmentionnées pour la salle, pourra estre depuis 13 pieds jusques à 14 pieds , sauf à augmenter selon cette mesme proportion, quand l'on donnera plus de longueur et de largeur à la salle.
• Pour les chambres, elles auront 22 ou 24 pieds , et est toujours bon qu'elles soient quarrées.
• En la construction des chambres, il faut avoir esgard à la place du lict, qui est ordinairement de 6 pieds en quarré, et la ruelle de 4 à 6 pieds , et à la situation de la cheminée, laquelle en ceste considération ne doit pas estre située justement au milieu, mais distance d'iceluy de quelque 2 pieds , afin de donner place au lict et par ce moyen l'inégalité est peu recognoissable.
• La moindre garde robe aura de largeur de 9 à 10 pieds , et ayant davantage de place, de 15 à 16 pieds .
• Les portes du dedans du logis auront de largeur 2 pieds et demy et 3 pieds au plus, en de grands bastiments, 4 pieds . Leur hauteur sera de 6 pieds et demy à 7 pieds .
• L'escalier aura de 11 à 12 pieds de largeur. La hauteur des marches sera de 5 poulces et demy à 6 poulces. Le giron de la marche sera d'un pied outre la saillie, laquelle sera de 2 poulces ou environ. A propos de faire les marches en tournant, on n'en pourra faire plus de 10 au demy cercle.
• Les fenestres auront d'ouverture de 4 pieds à 4 pieds et demy entre les deux tableaux, ou pieds droicts. Pour leurs hauteurs, elles se termineront le plus près des plancher ou solives que faire se pourra, comme 6, 8,..,12 poulces au plus.
• Les chem
inées…

 

 

Plan général du château de Janvry

L'emplacement du château, corps de logis et ses deux ailes est un quadrilatère de longueur 47 mètres sur 42 mètres de large et est occupé du côté de la grille d'entrée (3) par une grande cour ou cour d'honneur de 30 mètres de largeur sur 40 mètres de profondeur. Le corps de logis est encadré par deux petits pavillons donnant sue le par cet deux grands pavillons donnant sur la cour d'honneur fermée par un grand portail décoratif en fer forgé.

Dans l'aile méridionale, qui sépare la grande cour de la basse-cour, est pratiqué un passage pour les voitures. La basse-cour destinée à la ferme est entourées de l'ancien logis du fermier, des offices, écuries, étables, grange et remises, lesquels dégagent par une porte particulière donnant sur la rue du côté de l'église du village.

Au fond de la grande cour et en face de la grille d'entrée s'élève le bâtiment principal, le corps de logis qui a une longueur de 42 mètres sur 13 mètres de largeur, lequel est une construction s'élevant sur deux niveaux dissymétriques caractérisés par un nombre différents de baies de part et d'autre de la porte d'entrée : la façade occidentale du corps de logis comprend trois fenêtres à gauche de l'entrée principale, et seulement deux sur le côté droit. De même, la façade orientale du bâtiment présente cinq fenêtres à la droite de la porte d'entrée, et quatre sur la gauche. Cette absence de symétrie due à l'évolution de l'architecture des bâtiments est unique dans le style Louis XIII. Cette dernière considération nous donne l'indice de l'existence de deux périodes dans la construction du château. Cet indice semble être confirmé par la disposition et l'architecture des voputes de la cave du corps de logis.

 

 

 

Description succincte du château

Nous ignorons le nom de l'architecte de Janvry (4). Nous pourrions évoquer l'un des artistes, ou l'un de leurs élèves qui travaillèrent sous les règnes d'Henri IV et Louis XIII, comme Salomon de Brosse ou Louis Métézeau ou sous le ministère de Richelieu, comme Clément Métézeau ou Pierre Le Muet. «  En la construction de tout bastiment, on doit avoir esgard à la durée, à l'aisance ou commodité, à la belle ordonnance, et à la santé des appartements  », nous dit Pierre Le Muet dans son traité d'architecture.

Le château est construit selon un plan classique, un corps central avec un rez-de-chaussée et un second niveau sans étage mansardé avec cinq baies vitrées par niveau, dominé par un fronton pyramidal à corniches rampantes, au centre percé d'un oculus, répertoire antique, placé pour marquer l'entrée d'un édifice. Un fronton identique souligne l'entrée arrière donnant sur le parc. Le tracé théorique du tympan crée un rapport de proportion idéal entre sa hauteur et sa plus grande largeur. Ce rapport est de 5/24 (à peu près 1/5).

Construit dans le style Louis XIII, le château proprement dit est composé d'un corps de logis principal flanqué de deux ailes, formant un « U », s'ouvrant sur la cour d'honneur, dessin qui est le shéma typique de la Renaissance. Le « style Louis XIII  » en architecture est un style de transition ; il reste très marqué par les styles des règnes précédents, mais poursuit le mouvement qui mènera au Classicisme. Les fenêtres s'agrandissent et surtout gagnent en verticalité et les meneaux de pierre sont remplacés par des châssis de menuiseries.

Le logis s'ouvre sur le parc avec une vaste terrasse à l'orient. Divers éléments d'architecture sont rappellent le style Louis XIII sans toutefois montrer les caractéristiques pures de ce style, c'est-à-dire que le bâtiment de Janvry est caractérisé par deux niveaux réguliers, sans lucarnes dans le toit et absence de briques avec leurs harpes qui entourent les ouvertures. Ni colonnes, ni pilastres, ni moulures, ni corniches architravées d'un ordre colossal. Une seule corniche courante pour marquer les deux niveaux. Toutefois, l'aspect de cette demeure aristocratique est assuré par l'harmonie et les proportions de l'ensemble. Cette architecture du début du XVIIe siècle correspond à une période de calme intérieur après plusieurs décennies de troubles civils liés aux guerres de religion. C'est une architecture de transition sans artifices d'embellissement que l'on peut trouver dans les palais royaux. Avec la construction d'un tel château, le seigneur de Janvry voulut montrer sa richesse et son ascension sociale au sein de l'administration royale.

Le logis principal est composé d'un soubassement, on y accède par plusieurs marches, et d'un ordre au-dessus, lequel embrasse deux rangs de croisées l'une au dessus de l'autre. Toutes les baies possèdent une persienne à deux vantaux comportant un assemblage à claire-voie de lamelles inclinées. La façade de la cour d'honneur est sobre, voire austère. Les murs sont recouverts d'une gangue d'enduit qui parfois laisse apparaître les gros moellons, montrant la texture des murs. La maçonnerie est composée de pierre de grès « graisserye » et meulières extraites de carrière du pays ; cette maçonnerie met en évidence un système décoratif rustique et le style sobre et sévère à Janvry. L'enfilade classique du rez-de-chaussée dans le corps de bâtiment est assurée par des murs de refend transversaux (bien définis dans les caves).

L'ensemble est coiffé d'une toiture en ardoise ornée d'épis de faîtage en zinc. Seules les couvertures de la grange et l'étable-bergerie sont faites de tuiles plates. Quelques vasistas ont été pratiqués tardivement dans les toitures pour l'éclairage des combles.

En façade, la toiture du corps central est percée de sept lucarnes en bâtière dont une grande à fronton triangulaire classique, quatre plus petites à frontons arrondis et deux oculus. A l'arrière, une grande lucarne à fronton triangulaire encadrée de deux autres à frontons curvilignes.

 

 

Les pavillons et les ailes

À Janvry, le mur gouttereau de la façade classique, avec une l'organisation de la distribution des baies, rejoint deux tours massives ou pavillons rectangulaires à trois niveaux sur lesquels s'appuient les murs pignons. La poussée des pignons est aussi retenue par les deux petites tours en saillie dans le prolongement du mur gouttereau que du coté de la façade orientale. La maçonnerie des pavillons est faite d'un blocage de pierres meulières et caillasse avec les harpes en moellons de grès grisâtre, «  pierre de gresserie  » comme on disait au XVIIe siècle.

Le château de Janvry comprend six pavillons dont deux fermant le quadrilatère sur le pignon des ailes septentrionale et méridionale. C'est encore un élément de symétrie qui rappelle bien l'architecture militaire des XIVe et XVe siècles. Tous les pavillons sont coiffés par un toit à deux croupes avec pente forte d'ardoise orné d'épis de faîtage en zinc. Les pans des toitures des pavillons se terminent en queue de vache, créant une rupture dans la pente afin de projeter l'eau de pluie au-devant de la façade.

L'harmonie architecturale de l'ensemble est assuré par un déport des pavillons terminaux sur les pignons des ailes, et trouvent ainsi leur soubassement dans les fossés secs. Notons le glacis du soubassement formé de blocs assemblés à joints vifs dans le soutènement du mur donnant sur le fossé qui pourrait rappeler les fondations du château primitif.

L'aile septentrionale a été conçue au XVIIe siècle pour garer les voitures et carrosses du propriétaire ou des visiteurs. On y dételait les chevaux qui étaient conduits dans les écuries en passant par le passage de l'aile méridionale. Depuis l'arrivée des automobiles, la remise des voitures a changé de destination. Les arcades ont été fermées. Au début du XXe siècle, un petit théâtre a été construit dans ce lieu qui est resté intact. Le bâtiment abrite également plusieurs pièces à usage de communs, cuisine, office, cellier. Une grande cuisine avec une cheminée monumentale de plus de deux mètres de large permet de cuire des pièces de gros gibier. Le plafond est supporté par de grosses poutres de chêne.

 

La cuisine de l'aile septentrionale.

 

L'aile méridionale fait face à la basse-cour. Elle est entièrement utilisée par l'habitation avec sa propre entrée privée, une cuisine et un grand salon, salle à manger au premier étage. Le deuxième étage est accessible par un escalier privé. Quatre chambres à coucher et une salle de bains se trouvent au deuxième étage éclairé par des lucarnes orientées au midi. Initialement prévue pour le personnel de service, l'aile possède une entrée utilisée comme cellier ; un appartement séparé existe au premier étage: la cuisine était une chambre à coucher et l'actuel séjour, salle à manger était un petit studio. Les chambres du deuxième étage sont accessibles par les escaliers au sud de l'aile ouest.

Le château est aujourd'hui une belle demeure avec son confort moderne, où de nombreux travaux de rénovation ont été réalisés dans le style et le charme de ce château de style Louis XIII.

 

L'aile septentrionale du château de Janvry.

 

 

L'intérieur du corps de logis

Après avoir parlé en général de l'ordonnance extérieure, nous allons donner une brève description de la disposition intérieure du château. Le corps du logis central du château comprend au rez-de-chaussée l'entrée principale, le grand salon, la salle à manger et bibliothèque, la salle de billard. Avec de hauts plafonds et de grandes croisées, le vestibule du château est monumental. Toutes les chambres ont des fenêtres orientées à l'est et à l'ouest, éclairées par la lumière jour depuis le lever au coucher du soleil avec des vues sur le parc, sur les champs et l'allée des peupliers. Au premier étage, une galerie distribue les chambres, éclairée par les baies donnant sur la cour d'honneur, imitée des constructions royales. Toutes les chambres avec cabinet et garde-robe s'ouvrent sur le parc à l'orient. Les murs de certaines pièces comme le salon et plusieurs chambres, sont habillés par des panneaux de bois sculptés.

 

 

La verdure à Janvry

On image les parterres de Janvry sous le règne de la famille Ferrand, grandes pièces de verdure de peu de relief, entourées de plates-bandes de fleurs, ou de bandes de gazon qui occupent l'espace découvert qui environne le château. À en croire l'état actuel du parc, la scrupuleuse proportion des parterres, la correspondance relative entre leur longueur et leur largeur donne, depuis la façade orientale, un effet de perspective, de même l'espace végétal est distribué de sorte que le potager et le verger soient placés au nord du château sur l'endroit découvert par les des bois qui encadrent le parc. De nos jours, ces parterres sont de vastes pelouses qui conservent le dessin symétrique du jardin.

 

La demi-lune et l'allée des peupliers, perspective du côté de l'occident.

 

Le château est entouré d'un parc de 14 hectares qui préserve complètement la vie privée des propriétaires, étant entouré de murs de pierre (à l'exception d'une petite section de grillage). L'intérieur du parc comprend une forêt de 10 hectares avec de grandes allées de promenades et loisirs, plus deux hectares de prairie, dont la moitié est tondue en pelouse, plus un lac d'un hectare. Le parc est accessible aux véhicules modernes par le biais de la petite cour, ainsi que par l'intermédiaire de deux portails situés à l'est et au nord de la muraille. Le parc a été conçu au cours des siècles à l'aide de nombreuses essences : chênes, hêtres rouges, ormes, noisetiers et châtaigniers. C'est le chêne qui trône en majorité ; on trouve de grands chênes, dont certains atteindront la maturité dans quelques années. Parmi ces vieux chênes centenaires, le plus ancien est âgé de plus de trois cents ans, selon les experts.

Au nord du château se trouve un grand verger avec des arbres fruitiers et un jardin de légumes biologiques qui est renouvelé tout au long de l'année. Jouxtant ce jardin, sont les poulaillers et autres petits animaux de la ferme (oies, pintades, etc.). La glacière du château, où la glace, apportée par des chevaux, était stockée sous fraîcheur des chênes, se trouve à proximité du portail est. Cette glacière a longtemps été utilisée par le personnel du château.

Une légende populaire dit que le château voisin de Saint-Jean-de-Beauregard et un monastère aujourd'hui disparu situé dans la forêt d'Arpajon auraient été reliés par un réseau de souterrains. Ces tunnels auraient été construits pour permettre aux propriétaires d'échapper en cas de danger. Les traces de ces tunnels sont clairement visibles dans le parc, mais, jusqu'à ce jour, aucune confirmation n'a été donnée sur leur destination, ni de leur longueur.

En arrivant au château par l'ouest, on découvre une belle et majestueuse allée longue de 180 mètres , bordée par des peupliers, appelée d'ailleurs "l'Allée des Peupliers". À l'origine, cette allée constituait la voie d'entrée au château ; de nos jours, c'est un chemin herbeux. La cour d'honneur est entourée par des parterres engazonnés et des plantes qui séparent la cour en zones symétriques de telle façon que les visiteurs aient une vue en perspective du bâtiment principal dès leur l'arrivée.

 

Parc de Janvry au début du XIXe siècle (plan terrier Anjorrant).

 

Le parc du château de Janvry (2012).

 

Nous ignorons l'arrangement du jardin de Janvry au XVIIe siècle, mais le choix de Michel Ferrand pour un jardin dessiné à la française est le plus probable. Toutefois, rien ne reste du dessin des parterres, des bosquets et des surfaces d'eau qui constituaient l'esprit du jardin classique, seule, une pelouse aux compartiments de verdure fait face, de nos jours, au château du côté oriental.

Sur le plan terrier de Janvry dressé par le marquis d'Anjorrant, le parc dessiné à l'anglaise s'organise selon des cheminements sinueux, style «  pittoresque » du XVIIIe siècle. Loin du système géométrique du jardin classique, la composition est mise en valeur par des arbres rares au feuillage coloré, des troncs torturés, des pelouses multiformes. La perspective atmosphérique remplace la perspective optique obtenue par la variation des feuillages des différents bosquets du jardin. Ce jardin peut-être attribué à Gérard Heusch escuyer, seigneur de Janvry , qui, dès la fin 1714, décide de créer l'avenue d'arbres devant l'entrée du château.

 

 

Les douves et fossés

Nous avons appris que les douves entouraient déjà le premier château. L'architecte du XVIIe siècle les conserva. Vers 1660, Pierre Ferrand fit construire autour de son chasteau et basse-cour d'icelluy, notamment du costé du presbytère dudit lieu, des fossés à eau de grande largeur et proffondeur qu'ils sont encore de présent . Cette construction fut l'objet d'un litige avec les villageois car le seigneur avait utilisé une partie de la cour du presbitaire, pour accroître la voye et pour faire lesdits fossés du costé dudit presbitaire . La chicane fut éteinte après avoir donné un demy arpen au jardin du sieur curé, tenant à ladite dame de Janvry.

 

 

En 1667, de présent au chasteau seigneurial, elle fait marché, avec Maturin Mathieu et François Nanot, massons demeurant à Lymours, des ouvrages qui ensuivent, c'est à scavoir:
- desmolir entièrement le pont qui est au devant de la grande porte de la basse-cour , le refaire et restablir tout à neuf , à la réserve des pieds droits des arches dudit pont en cas qu'ils soient bon, faire les pieds plus hauts qu'il ne sont actuellement, crespir le dehors et le dedans dudit pont,
- s'obligent à retirer dedans les fossés la graisserye servant de bahuts crappins qui s'y trouveront, repiquer et retailler iceux et les replacer aux endroits où il conviendra,
- desmolir et refaire de neuf un pan de muraille attenant et proche dudit pont du costé du cimetière , pour retenir et soutenir la terre jusqu'à l'angle du costé de l'église aussi avec chaux et sable
(dito pour la graisserye tombée), pour tenir et soutenir la terre jusqu'à l'angle du costé de l'église,
- item la graisserie qui estoit sur les murs servant d'appui,
- paver les troux autour des fossés,
- boucher les trous de boullin qui sont autour des fossés où les piegeons font leur nid aussi reboucher les trous de la basse cour cour qui sont dans la vacherie,
- refaire les appuis de graisserye qui sont autour du canal, ...
Les travaux se montent à la somme de 280 livres ; le contrat est signé en présence de Nicolas de Goullet, prestre curé, et Jehan Arsac, receveur de la terre et seigneurie.

 

Les douves, côté de l'entrée de la basse-cour.

Les travaux débutent, on vide l'eau des fossés, la dame voyant les immondices fait marché avec Jean Panettier, Jean Goutet et Charles Nicolas, manouvriers demeurant audit Janvris: c'est à savoir que ces derniers s'engagent de tirer et jeter dehors toutes les boux et immondices qui sont au fond des fossés qui enclose le chasteau et la basse cour, les curer et nettoyer bien vides et fouiller jusqu'au fond, rendre bien net comme neuf, moyennant 240 livres .

 

 

À suivre….

 

 

Notes

(*) La visite (de fond en comble) de la propriété de Janvry fut un moment très agréable pendant lequel nous avons ressenti tout le poids de l'Histoire dont cette maison est chargée.

(1) Léon Palustre, L'architecture de la Renaissance , liv ; II, ch. 1er (Impr. Réunies, Paris, 1892).

(2) Manière de bastir pour touttes sortes de personnes  » par Pierre Le Muet, architecte ordinaire du Roy et conducteur des deffenses et fortifications de la province de Picardie (chez Melchior Tourquier, Paris, 1623).

(3) La clé du portail, longue de 30 centimètres , pèse un kilo environ.

(4) On pourrait évoquer le château de Chamarande dont le quadrilatère est entouré de douves, construit dans le plus pur style Louis XIII, attribué à Nicolas de l'Espine, architecte du Roi. Le château de Saint-Jean-de-Beauregard, construit à partir de 1612 possède un bâtiment principal, en grès clair.

 

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