Le château de Janvry (3) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _------------------------------_Décembre 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr Le château de Janvry sur le plan napoléonien (1809).JP Dagnot C. Julien
Cette chronique est le troisième volet de l'histoire du château de Janvry. Après avoir évoqué le premier hôtel seigneurial, l'architecture du second logis seigneurial du XVIIe siècle, nous poursuivons notre propos jusqu'à la fin du XIXe siècle (*).
Les cachots de Janvry Une prison avait été construite dans la tour terminant l'aile sud vers l'ouest où l'on trouve des cellules superposées au dessus desquelles se trouve la chambre du geôlier. Les portes garnies de clous et ferrures avec judas sont conservées. Par le bonheur de l'historien et du visiteur, les cachots de Janvry sont demeurées intactes depuis le XVIIe siècle. Ce sont deux petites cellules de deux mètres carrés environ avec un éclairage réduit assuré par des meurtrières. L'existence d'une prison seigneuriale est associée au droit de haute justice avec fourches patibulaires. Nous savons que vers 1560, Jehan de Baillon, escuier, seigneur de Janvry, La Brosse et Chantecoq prétendait détenir ce droit de haute justice à Janvry mais en fut débouté par un arrêt du Parlement de Paris. Néanmoins, il conserva tous ses droits de justice moyenne et basse. En 1573, un procès-verbal de séparation de seigneuries mentionne : « … noble damoiselle Marie de Hacqueville, veuve de noble homme Jean de Baillon, conseiller du roy, trésorier de son épargne, et dame de Janvry, Marivaux, Fresneau, Invilliers, la Brosse, Muleron et Chantecocq , ... laquelle n'avoit que le droit de moyenne et basse justice ». Au mois de juin 1627, Michel Ferrand, sieur de Beaufort, déclare que selon une nouvelle sentence, il confesse estre détempteur et propriétaire de la terre et seigneurie de Janvris consistant en chasteau et maison seigneuriale justice moyenne et basse, cens rentes ... , acquises par eschange de Charles Becquet et Marthe de Baillon, fille et héritière pure & simple de dame Suzanne du Tixier sa mère… ». L'année 1649, voit le décès d'Anne du Tixier, mère du seigneur de Janvry. Notons également un fait rare: Gilles Gratien, marchand est collecteur des tailles de Janvry, reconnait l'emprisonnement fait en la personne de Jacques Debrye, escroué aux prisons de la justice de Janvry, à la requeste du collecteur des tailles de l'eslection de Paris, pour la somme de 170 livres , et ce jourdhuy descharge ledit Jacques Debrye dudit emprisonnement se mettant en son lieu et place aux prisons dudit Janvry jusqu'à l'entier paiement dicelle somme... En 1650, Pierre Ferrand, seigneur de Beaufort et de Janvry, conseiller au Parlement, recherche cette fois la distinction de sa seigneurie. Il obtient de Gaston, fils de France, duc d'Orléans et seigneur de Montlhéry, la concession de la haute justice avec le tabellionnage et péage dans toute l'étendue de la paroisse de Janvry . Une condition est néanmoins liée à ces droits, les appellations ressortiront par devant le prévôt de Montlhéry . En 1671, des lettres patentes de ladite justice seront enregistrées à la Chambre des Comptes de Paris. En 1654, pour finaliser le droit d'exercer la haute justice, obtenu par son mari en 1649, Hélène Gillot, veuve de Pierre Ferrand, dame de Janvry, fait dresser un procès-verbal par Guillaume Dode, lieutenant au baillage de Limours, et également au baillage de Janvry. Un rappel est fait des droits de haute justice obtenus, et ensuite, est dressé le constat d'un auditoire pour y faire rendre la justice, comme aussy les lieux pour planter les pilliers et fourches patibullaires et le poteau et carcan accordés audit sieur de Janvry, et pour faire planter iccelluy poteaux avec carcan, pilliers et fourches patibullaires audit lieu désigné par le procès verbal... C'est pourquoi il nous auroit requis et à nous transporté au milieu du carrefour de la Croix pour y mettre et planter iceux et mettre et attacher ledit carcan... Janvry est devenu une seigneurie à par entière!
Photos de la prison du château de Janvry. Une cellule et la porte avec son juda.
La ferme du château de Janvry Plusieurs actes des XVIe et XVIIe siècles se rapportent à la gestion des communs du château de Janvry en nous donnant tous les détails sur les bâtiments. En 1626, la dame de Janvry baille sa ferme et « fournit audit Louis Janvier, les logis en la basse-cour et lui donne permission de prendre des arbres au jardin du château pour son usage seullement. Comme aussi la ditte dame a lessé audit preneur les fumiers qui seront au colombier du château ». Début janvier 1627, Michel Ferrand toujours sieur de Beaufort, ..., demeurant à Paris, rue des Rats, paroisse Saint-Estienne-du-Mont, confesse avoir baillé à tiltre de ferme et prix d'argent, jusqu'à neuf ans, à Charles Dalichant, procureur fiscal en la baronnie de Meudon, une partie de ses biens à Janvry, à sçavoir la bassecour et boullangerie, la laiterie, la chambre au dessus de la cuisine, le parc le colombier estant en iceluy, à la réserve du jardin, … avec 146 arpents de terres labourables…». En 1629, Monsieur Maistre Michel Ferrand.., estant de présent en son château de Janvris, lequel confesse avoir baillé à titre de loier et prix d'argent pour letant de neuf ans à Jehan Diguet, laboureur du Val-Saint-Germain, c'est à savoir la ferme du château de Janvris appelée la Cour basse , ce consistant en escuries, bergerie, vacherie, fournil et autres lieux qu'il peut être dans ladite court avec le pavillon qui est attenant à ladite cour pour le logement dudit preneur exepté la cuisine qui est dans le bas dudit pavillon pour servir au bailleur lorsqu'il viendra en son château de Janvris seullement... avec la quantité de 240 arpens de terre assis au terroir de Janvris, compris également la grande allée d'arbres qui est au dessous de son parc, mention d'entretenir le parc. Ce bail fait moyennant 450 livres , six chapons. Passé à Janvris en lotel seigneurial » .
En 1639, on voit ainsi s'améliorer les abords du château, gazon, fleurs, jardin, pépinières ... Janvry devient une demeure aristocratique. U n marché est conclut avec un jardinier demeurant à Janvris, Guillaume du Guay, lequel s'engage envers madame de Beaufort de bien et dubment faire son jardin du chasteau de Janvris, pour trois ans savoir labourer, porter les fumiers, semer les graines de jardin et les plantes d'herbes potagères mettre des artichaulx , semer des graines de melon, concombre, citrouille , faire la tonture des allées de palissade, tenir les allées du jardin, remplir les fossés, pour mettre les allées au niveau, ..., entretenir les pépinières dudit jardin et parc, enter les sauvageons, moyennant 40 escus, ledit du Guay aura le bois mort qu'il espluchera des arbres, entretenir son parterre de bouys de brebis un petit parterre de gazon vis à vis des fenestres de la grande salle et un petit de fleurs de l'autre costé entre les deux murailles, faire les espaliers pour la décoration et embellissement du parc. La basse-cour entourée par les granges, les écurie, étable, bergerie, et les greniers formant un quadrilatère fermé où l'on trouvait les volailles, les bovins et autres animaux de la ferme. Les granges ont encore de nombreuses traces d'activités passées. Dans une étable, nous lisons au mur les noms des vaches sur chaque stalle. L'écurie est toujours fonctionnelle et peut accueillir jusqu'à quatre chevaux. Au-dessus des bâtiments de la ferme, les combles sont spacieux avec des plafonds voûtés et des poutres de chêne provenant des forêts locales. La grande grange où l'on stockait les grains et les foins est haute de 15 à 20 mètres . Après avoir décrit les lieux, reprenons l'histoire du château de Janvry depuis le début du XVIIIe siècle en donnant toutes les descriptions du domaine au fil du temps et des successions.
Le château en 1710 Hélène Gillot, dame de Janvry, femme de feu Louis Foucault décède en 1710; Son inventaire est réalisé la semaine suivante. A la requeste de Nicolas Delaistre, comme exécuteur du testament d'Hélène Gillot, à la requeste également de ses deux petits enfants Armand Louis Joseph, chevalier, colonel d'un régiment d'infanterie, demeurant place royalle et Armand Louis François, maitre de camp d'un régiment de cavalerie, seuls et uniques héritiers de leur ayeulle maternelle, décédée en la maison de la place royalle le 23 octobre. Notons que le gendre Armand Louis Foucault, le panier percé de la famille n'est pas convié à l'inventaire. C'est le 22 novembre qu'on arrive à Janvry, distant de sept lieux, pour l'inventaire, présent François Joseph Foucault. Notons les pièces visitées:
v Le pont d'entrée du château de Janvry.
Le château de Janvry sous Gérard Heusch La seigneurie de Janvry passe dans les mains de Gérard Heusch, écuyer. Fin 1714, il décide de créer l'avenue d'arbres devant l'entrée du château. « Gérard Heusch escuyer, seigneur de Janvry , de présent en son chasteau de Janvry, et ce présent sous le chapiteau de l'église Notre-Dame de Janvry, ayant fait sonner la cloche en la manière accoutumée, les habitans estant en grand nombre des vespres qui viennent d'estre dites et célébrées en ladite église, auxquels le sieur curé, les marguilliers et habitans ci-après nommés, le sieur de Janvry auroit remontré qu 'ayant dessein de planter une avenue au derrière de la grande porte de façe de son chasteau, jusqu'à vue en deçà ... il plante ses arbres sur une portion appartenant à la fabrique ... cette dernière cède 92 perches et en échange le seigneur un arpen. Le même jour, il procède de la même manière avec Simon Crausson, marchand laboureur audit Janvry, c'est assavoir un arpen pour continuer son avenue commencée et pour y planter les arbres, ... contre 120 perches proches le clos dudit Crausson... ». En 1763, comme d'habitude notons les lieux visités au château: En 1764, Louis de Noailles attend un an avant de vendre les biens de Gérard Heuch, la raison en est simple : il lui faut obtenir le renoncement des cinq héritiers collatéraux. L'accord obtenu, très haut et très puissant Monseigneur Louis de Noailles, duc d'Ayen, marquis de Maintenon,...., lieutenant général de ses armées, premier capitaine des gardes du corps de sa majesté, gouverneur et capitaine des chasses de Saint-Germain-en-Laye, légataire universel de feu Messire Gérard Heusch, écuyer, seigneur de Janvry, demeurant en l'hôtel de Noailles rue Saint-Honoré paroisse Saint-Roch, lequel a vendu à Messire André Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay ...., conseiller secrétaire du Roy maison et couronne de France et de ses finances, demeurant rue du Boulloy paroisse Saint-Eustache, les terres seigneuries, maisons, fermes, terres, sçavoir: la terre et seigneurie de Janvry, consistant en un château, plusieurs bâtiments, colombiers, fossés revêtus de pierres, parc fermé de murs, fermes, terres, prés, fiefs, arrieres fiefs, censives rentes haute , moyenne et basse justice, droit de tabellionnage et de greffe, droit de chasse. Le duc d'Ayen laisse également les glaces boiseries embellissements meubles qui restent dans le château de Janvry . Remarquons que les inventaires évoquent toujours la présence d'un colombier, privilège du seigneur haut justicier. Nous ignorons la situation de ce colombier qui a disparu de nos jours.
Le château de Janvry sous André Haudry En 1766, le domaine consiste en un château couvert en thuille, flanqué de six tourelles quarrées couvertes en ardoises, entouré de fossés revêtus en pierres , grande cour d'entrée précédé d'une avenue de cinq à six cents toises de long, plantéée en quatre rangs d'arbres dans les terres, devant et à côté duquel château est un parc d'environ soixante arpents clos de murs, dont partie est en bois de moyenne futaie et le surplus en un ancien parterre , plusieurs potagers en terre semé en luzerne à côté duquel château du côté du parc, se trouve assez proche une porte d'entrée dans la chapelle seigneuriale qui est dans l'église paroissiale à côté du choeur . Nous retrouvons l'aspect actuel du château.
Le château de Janvry sous André Pierre Haudry En 1766, André Pierre Haudry, écuyer, fermier général de Sa Majesté, le nouveau propriétaire arrive au château de Janvry qui ne lui sert qu'à passer des actes seigneuriaux. En 1772, ce personnage, présent au château, passe un marché avec Jean Richelet, carrier paveur, pour le temps et espace de neuf années, c'est à savoir d'entretenir le chemin pavé neuf que le seigneur a fait faire depuis peu, allant de Mulleron audit Janvry y compris le retour pour aller à la ferme de Fresneau.
En 1778, un acte anodin mais intéressant pour l'histoire du château de Janvry, est un le bail passé à Parisien. Messire André Pierre Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry et autres lieux, demeurant à Paris rue Montmartre paroisse Saint-Eustache, de présent en son château de Janvry, lequel fait bail à loyer pour six années, à Messire François Comte de Boyseuilh , mestre de camp de cavallerie, demeurant à Paris, rue de Bellechasse, faubourg Saint-Germain, la jouissance des lieux cy après: En 1782, la chasse s'étend sur plus de 1.800 arpents, tant en bois qu'en plaine, fertile en gibier… La terre et seigneurie consiste en:
Façade nord du château de Janvry montrant le fruit du soubassement.
Le château de Janvry sous Joguet En 1784, une grosse du jugement rendu à la barre du parlement de Paris concerne André Pierre Haudry, fermier général de Sa Majesté dont l'achat par Ignace de Joguet par adjudication à la requête des créanciers Haudry, concerne le château et la grande et petite ferme de Janvry adjugé à Joguet vie Heussard. La description est la suivante : Claude Nicolas de Joguet décède à Paris en 1811. La liquidation et le partage sont faits en 1815, entre le marquis d'Anjorrant et le mari de Sidonie, alors fille mineure. Le frère et la sœur héritent chacun par moitié de leur aïeul Ignace Joguet. Il faut également procéder à la liquidation des biens de leurs parents. Il reste à partager les maisons de Bordeaux et pour un préciput de 60.000 frs, légué par le père au fils, la petite ferme de Janvry abandonnée par la soeur. Une estimation du domaine de Janvry donne : En 1842, le marquis a dépensé la somme de 50.000 frs pour faire les grosses réparations de la cour du château et des Grande et Petite ferme, ainsi que celle de Fresneau; également 12.000 frs sont utilisés pour la salle à manger et les gros travaux d'intérieur du château. De 1852 à 1856, la construction d'un pavillon de chasse dans un des bâtiments de l'ancien presbytère est réalisée pour une dépense de 23.000 frs. Ces travaux servent à rentabiliser le château en en louant une partie à de riches Parisiens. Fin 1859, l 'inventaire après décès du marquis est dressé par un notaire parisien. Notons les pièces visitées au château:
Note (*) La visite (de fond en comble) de la propriété de Janvry fut un moment très agréable pendant lequel nous avons ressenti tout le poids de l'Histoire dont cette maison est chargée.
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