Les presbytères de Janvry (1790-2012) (2)

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis-----------------------------------------__--------- juillet 2012

attention ce site change d'hébergeur à l'adresse *** (*)

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est le second volet consacré au presbytère qui va être vendu comme bien national, puis passera entre les mains de nombreux propriétaires et dont une partie forme aujourd'hui le restaurant de la Bonne Franquette. Une autre chronique concernant la religion détaillera notamment à la Révolution, les relations peu cordiales entre les habitants et leur curé, et qui mèneront ce dernier en exil. Pour faciliter la compréhension, le presbytère comprend, de la Révolution jusqu'en 1832, tous les bâtiments. Ensuite ces derniers seront séparés en trois: le restaurant actuel dans l'angle, l'immeuble mitoyen dénommé "maison bourgeoise", enfin le bâtiment au nord dit "le pavillon de chasse". Également sera décrite l'histoire du presbytère bâti par Anjorrant dans les années 1830.

 

 

Le presbytère pendant la Révolution

Le curé en 1790 se nomme Louis Delanoé, il vient de Coutances et est âgé de 45 ans. Ange-François Talaru, évêque de Coutances a dû influer sur le personnage, c'est un curé traditionnel. Il a, à son service, une servante et un jardinier. Les habitants se plaignent que leur curé refuse de prêter le serment civique.

La même année, nous maire, officiers et procureur de la commune accompagnés des sieurs Hébert et Sevrin, marguilliers en charge de la fabrique de la paroisse Notre-Dame du Mont Carmel, sommes transportés en la maison curiale et presbitérale, où étant depuis longtemps placé le coffre fort de la fabrique, pour la plus grande sureté où sont renfermés tous les titres et papiers concernant les biens fonds ainsi que les rentes appartenant à ladite église, ainsi que les fondations de charité pour les pauvres dudit lieu, et le tout au dessin de messieurs les membres du district de Versailles... En conséquence de ce qui est dit ci-dessus, en la présence de Monsieur De la Noë, curé, il a été noté ce qui suit:
- un titre de fondation de trois arpents de terre légué par de Goulet curé, pour l'entretien d'un vicaire
(pas de date),
- une déclaration de la totalité des terres dont jouit la fabrique, faite au seigneur de Janvry, soit 54 arpents, 3 sur Bris et 1 sur Bruyères-le-chastel,
- une maison contenant deux espaces de bâtiments occupée par le maistre d'école,
- la maison presbytérale, gran
ge, cour, jardin, contenant un arpent et demi,
- une rente de 250 livres léguée par feu Mr Pigiste, de Marivaux, pour l'entretien d'un vicaire, en eschange de deux messes par semaine;
- ....
- une rente de 48 lt au principal de 2.400 lt ,
- une rente de 66 lt au principal de 3.720 lt ,
- une rente de 200 livres sur la compagnie des Indes passée en 1756 au proffit d'un maistre d'écolle;
- item une rente de 616 livres pour les pauvres infirmes, léguée par Gérard Heusch, administrée par le curé,
- des rentes de divers particuliers pour 184 livres.
Le loyer des terres rapporte 1.284 livres, et celui des bancs 76 livres. Soit un total des revenus de la fabrique de 1.548 livres... Les documents justificatifs mis dans le coffre...
La suite de l'inventaire se fait dans la sacristie pour le linge ... les objets du culte, ... signé Arnaud maire, Delanoë curé. Extrait du registre des délibérations. En résumé, c'est ce que les habitants de Janvry vont perdre au bénéfice de la Nation.

L'année suivante, extrait du registre des délibérations et envoyé aux administrateurs du district de Versailles: "Nous maire officiers municipaux notables & procureur étant assemblés, il a été délibéré qu'il seroit fait une demande au district d'une grange qui servoit ordinairement à recevoir les dixmes de la cure de Janvry, comme ladite grange est détachée étant au bout des bâtiments du presbitaire et donnant sur une rue, il seroit à propos que les administrateurs ordonnent que la municipalité en prit possession pour en former d'abord:
- d'un costé la chambre d'assemblée et le greffe de ladite municipalité,
- de l'autre costé en f
ormer une école pour l'instruction des enfans de la paroisse et le logement du maître d'école, comme étant apporté de l'église et dans l'enceinte de la paroisse et qu'en outre il se trouve un dessous de colombier qui sera utile pour former en cas de nécessité une prison.

Ayant perdu également ces locaux, les habitants les redemandent et nous verrons qu'ils devront payer un loyer pour l'occuper!

Fin 1792, notre curé, n'ayant pas prêté les nouveaux serments, s'exile; il obtient un certificat pour se rendre à Dieppe et émigrer. Nous retrouvons début 1793, le maire et les officiers municipaux qui se transportent au presbytère où nous avons demandé au citoyen Pinon, curé du lieu, de nous renseigner sur la chambre du sieur Auffroy ancien curé, ayant résigné sa charge au sieur Delanoë, sous réserve d'une chambre... Apparemment rien à récupérer sinon des boiseries, c'est Boudier qui rédige. Le même jour, la même équipe se transporte chez le citoyen de Joguet en sa maison de Janvry et parlant à sa personne, l'avons sommé de faire l'ouverture de plusieurs chambres occupées par le ci-devant Delanoë curé de Janvry au lieudit de la petite ferme; lequel nous a répondu qu'il alloit donné la femme de son chartier, qui le représente, pour le procès verbal du contenu des effets dans deux chambres... Rien de particulièrement intéressant, sinon 114 volumes de livres ecclésiastiques. L'ancien curé avant son exil était hébergé chez l'ancien seigneur de Janvry.

Fin 1793, les curés se succèdent, le citoyen Duclos, curé de Janvris donne sa démission verbale et a remet ses lettres de prêtrise.

Début 1794, le curé ayant remplacé Delanoë, le citoyen Pinon, ex-curé démissionnaire, de la commune de Janvris, s'adresse au district de Versailles sur une réclamation faite à la municipalité au sujet des treillages du jardin du presbitère, la municipalité reconnait cette vigne appartenir au ci devant curé. Il demande une indemnité.

Le mois suivant, extrait des registres de délibération de Janvry, le conseil général de la commune, le comité de surveillance et tous les citoyens présents intéressés par l'annonce du bail par adjudication à loyer du jardin du cidevant presbitère; et dans l'instant il a été déclaré par la susdite assemblée qu'il était à propos de faire la demande à l'administration du district, du local en ce lieu de la maison cidevant presbitérale pour y établir la maison commune pour l'assemblée municipale, pour l'assemblée du comité de surveillance, ainsi que pour l'instituteur & l'institutrice...

En mai 1794, toujours extrait du registre des délibérations, nous maire, officiers, agent national et membres du comité de surveillance, tous assemblés en notre maison commune, assemblés au son de la cloche (église), il a été procédé à l'adjudication du jardin du ci-devant presbitaire, on ne touchera pas au parterre planté en buis en face du bâtiment, et des fleurs, il sera permis de semer des poix ou des arricots dans les allées , suivent les enchères ...

En mars 1794, le district voit la pétition de la municipalité de Janvris, laquelle expose que les treillages qui garnissent le jardin du presbitère appartiennent au citoyen Pinon cy devant curé, et qu'il demande la faculté de les prendre où d'être indemnisé. Oui l'agent national en ses conclusions, l'administration considérant que la loi a consacré les presbytères à servir à l'instruction publique, que la dépense que propose la municipalité est un objet qui lui devient particulier et ne peut être à la charge de la République. signé Macé de Baigneux.

En juillet 1794, la municipalité écrit au district: nous ne détenons aucun bien d'émigrés. A l'égard de la vente des effets de notre cidevant église, une partie a été portée a Versailles, une autre a été vendue, le reste fera l'objet d'une vente. Au sujet du presbytère: le jardin est loué pour l'année 360 livres à un citoyen de Janvry pour un an seulement , au sujet des bâtimens, nous en avons disposé en conséquence de vos ordres pour l'instituteur, maison commune et pour le comité de surveillance. En marge, répondre à la municipalité qu'elle ne jouira qu'à la charge de payer le loyer!! Debrie agent national. Le presbytère est devenu mairie et école, et devra payer le loyer de la maison commune à la Nation.

En octobre 1794, la municipalité envoie une lettre aux administrateurs du district: le jardin de nôtre cidevant presbitère n'étant loué que pour l'année qui va finir le 11 novembre prochain vieux style, & que voila le moment pour le louer ainsi que la maison où étoit le maître d'écolle ainsi que le jardin y attenant; nous sommes en attente de savoir si c'est la municipalité qui adjugera les objets ci dessus ou l'agent national de l'enregistrement. La réponse du district mentionne que la municipalité soit autorisée de louer par adjudication. Le maître d'école a quitté les lieux.

En 1795, une confirmation par l'agent national de la commune de Janvry qu'il ne s'est point dit de messe depuis la cessation du culte.

Nous avons omis la vente des terres de la fabrique. En 1796, une soumission d'acquérir le presbytère, bâtiments & jardins, est faite par le citoyen Peron, représentant Guillaume Ignace Joguet demeurant à Janvry; une première consignation de 1.500 livres est déposée pour le quart présumé, puis une autre de 2.500 livres le trois messidor pour supplément, et enfin 2.000 livres le 11 thermidor pour le troisième quart. Le tout fait au nom d'Ignace de Joguet.

À la même époque une seconde soumission d'acquérir la maison presbytérale est faite par Girault fondé de pouvoir de Courtin demeurant à Janvry, avec consignation de 3.000 livres pour le premier quart, puis 1.800 livres pour supplément, et enfin 2.000 livres pour le troisième quart.

Suite à ces demandes, un projet d'arrêté de l'administration du département de Seine-et-Oise, au regard des deux soumissions et vu une pétition de Girault du 8 prairial qui s'oppose à la mise en possession au citoyen Joguet, attendu que les 1.500 livres ne faisaient pas le quart, vu l'estimation du presbitère à 4.500 livres, déboute Girault au profit de Joguet qui a fait les paiements en temps voulus, et déclare la soumission de Péron bonne et valide.

Notons à cette période la réouverture de l'église de Janvry, rendue à l'exercice du culte, en assé bon état, déclaration passé par l'agent municipal (les maires ont disparu pendant quatre ans, remplacés par une administration de canton).

Avant la vente du presbytère et de la maison de l'ancienne école, il est procédé à l'estimation de ces biens. Ainsi, relevons le procès verbal d'expertise du presbytère : le notaire de Limours, expert nommé par l'administration du département, et Nicolas Courtois maçon de Janvriis, fondé de pouvoir d'Ignace Joguet, demeurant à Paris rue Thérèze, procèdent à l'estimation en revenu et en capital sur le pied de 1790. En présence d'un commissaire pris aux Mollières, le presbitère consiste en :
1°) un corps de batimen principal de 58 pieds de long sur 23 de large hors oeuvre 18 pieds de haut sous égout, construit en moellons et terre, recrespi en chaux sable avec comble à deux égouts couvert en thuille, distribué en rez-de-chaussée, premier & grand grenier au dessus,
- le rez-de-chaussée inégal, ayant une cuisine et une salle à cheminée et trois cabinets froids, cage d'escalier avec escalier en bois et passage communiquant de la cour au jardin,
- le premier étage également inégal composé d'une grande pièce à deux cheminées, d'une autre pièce aussi à cheminée, avec arrière cabinet, autre cabinet pratiqué dans la cage d'escalier, au dessus du passage conduisant au jardin,
- grenier au dessus pareillement inégal. Les bayes de croisées garnies de barreaux de fer au rez-de-chaussée.
La construction est en moyen état. A l'extrémité nord du batiment, une cave sous une ancienne réserre de 28 pieds de long sur 9 de large de 5 pieds sous voute, construite en moellons et terre.
2°) Un batiment servant de grange ayant 48 pieds de long sur 22 de large et 11 de haut sous égouts, ladite grange de trois travées de charpente avec comble à deux égouts couvert en paille, portail en avant couvert en thuille, construction en moellon et terre recrépi en chaux et sable en mauvais état.
3°) Un autre batiment en retour de la grange et séparé d'elle par un passage de deux pieds de large de 55 pieds de long et de 15 de large, 10 de haut sous égouts, distribué en écurie, remise, & chartrie partie avec plancher et couverture en thuille partie sans plancher et couverture en paille en mauvais état;
4°) un appenti à la droite de la porte charretière et d'entrée de la cour de 17 x 8 pieds; sert de poullailler et de lieu d'aisance .
5°) un trou à fumier entouré de murs ;
6°) une cour devant et au milieu des batiments, fermée par un mur sur la place dans lequel sont pratiqués une porte chartière devant, les remises écuries et autre petite porte en face du batiment principal.
7°) un jardin derrière ledits batimens formant hache rentrante au midy, entouré de murs, dont partie écroulée, canal au bout de la grange , de 15 thoises de long sur 26 pieds soutenu par des murs en pierre, mare au milieu du jardin en pointe au bout de la remise.
La totalité cour jardin ainsi que l'emplacement des batimens contenant un arpen, tenant du levant à la place ou carrefour de Janvriis, du midy au chemin de Janvriis à la Brosse, et par hache aux héritiers François, du couchant et du nord au citoyen Joguet soumissionnaire. Ces batiments occupés par le citoyen Lyot, ministre du culte à titre d'instituteur provisoire.
Ces biens dépendants de la cidevant commune de Janvry revenu estimé 345 livres formant un capital 6480
. Retenons dans l'estimation, que le culte catholique est de retour, et que le curé assume l'enseignement.

Fin 1796, a lieu la vente par les administrateurs du département de Seine -et-Oise, à Ignace Joguet moyennant 6.480 livres. Louis Peron, de Janvry, en vertu de sa procuration achète la maison presbitérale, jardin & dépendances ...

Trois mois après, Guillaume Ignace Joquet,demeurant à Paris rue Thérèse, lequel a vendu à Jean Pierre Courbec, marchand de vin demeurant rue du coq Héron, division du contrat social, (on se croirait en juillet 2012!!) la maison cy-devant presbitérale, ...
- description des bâtiments du devis d'estimation, contenant un arpent
- un arpent au bout du jardin,
La vente faite pour la somm
e de 3.500 livres dont 3000 pour la maison jardin et dépendances et 500 livres pour l'arpent. Ledit Joguet reconnait avoir reçu en espèces d'or les 3.500 livres.

La quinzaine suivante, les mêmes intervenants procèdent à un contre échange: Guillaume Ignace Joguet, citoyen Français et Jean Pierre Courbec rappèlent la vente et mentionne que le jardin du presbytère se termine par un point coupé touchant ladite maison. Joguet échange cette portion contre deux perches au bout de son jardin du côté de l'arpent.

En 1803, l'acheteur a dû s'endetter de manière inconsidérée, il procède à deux ventes à quinze jours d'intervalle :
A) le citoyen Jean Pierre Courbec ancien marchand de vin demeurant à Paris rue Lepelletier, division de la réunion, lequel en conséquence d'un jugement rendu au tribunal de première instance de la Seine en date du 22 brumaire, par ces présentes vend dès maintenant au citoyen Pierre Joseph Poupart marchand de bois, menuisier non sujet à patente, demeurant à Paris aussi rue Lepelletier:
1°) la maison cy devant presbitérale de Janvry consistant en:
- un principal corps de bâtiment, distribué en rez-de-chaussée, premier étage, grenier, en mauvais état de réparation;
- un autre bâtiment servant de grange couvert de chaume,
- un autre bâtiment en retour de ladite grange et séparé par un passage, servant d'écurie remise & charterie
- un à droite de la porte charretière ....,
le tout en très mauvais état & menaçant ruine,
- un trou à fumier, une cour devant et au milieu des bâtiments sur la place du village,
- enfin jardin derrière lesdits bâtiments, ...
2°) deux hectares, 73 centiares en cinq pièces qui viennent de plusieurs adjudications du district.
Cette vente faite à la charge des obligations classiques et en outre moyennant 9.000 frs en numéraire métallique.
Cette vente correspond au presbytère en son intégralité plus deux hectares de terres.
B) Les mêmes intervenants pour deux hectares 89 ares en plusieurs pièces moyennant la somme de 3.300 frs.
Les deux sommes, la première affectée au corps des créanciers, la seconde à l'oncle de Courbec dont il est débiteur.

 

Extrait d'un plan de Janvry (1809).

 

Ce lieu doit poser des problèmes sérieux en 1806, devant Thibault notaire à Briis, Pierre Joseph Poupart, marchand de bois, menuisier, demeurant rue de Seine faubourg Saint-Germain, lequel vend à Jean-Baptiste Dutilloy, marchand de laine, demeurant à Paris rue du faubourg Saint-Germain, la maison presbitérale (description de 1803), la vente faite moyennant 6.000 frs. Le même jour, Jean Baptiste Dutilloy, marchand de laine, lequel cède sous la faculté de reméré cy-après expliqué et faire jouir le sieur Poupart acceptant, la maison ci devant presbitérale, cour, et tous les bâtiments en dépendant, jardin, à la suite 46 ares de terres, sans aucune réserve. Cette vente est faite moyennant mille francs à payer dans le délai de six ans. En cas de non paiement, une simple sommation mettra de plein droit le sieur Dutilloy dans la jouissance de ladite maison. À cette date le presbytère comporte, "le restaurant", "la maison bourgeoise" et "le pavillon de chasse".

 

 

En 1810, du jugement à Versailles de 1809, de l'achat de 1803, les consorts Courbec, d'une part, et le sieur Poupart d'autre part, remboursent Simon Delaporte qui leur avait prêté respectivement 10.000 frs et 3.000 frs hypothéquant l'ancien presbytère.

Le cadastre mentionne les parcelles E188 à 193 pour Pierre Joseph Poupart. La page 114 note le passage à Dutilloy marchand de meubles à Paris rue du faubourg Saint-Germain, passé folio 126 à Ratel pour les parcelles E189-190-191.

En 1813, un jugement du tribunal de la Seine autorise Jean Baptiste Dutilloy à rentrer dans la propriété de la maison presbytérale rétrocédée à Poupart en 1806. Ce qui entraîne un exploit d'huissier à la demande de Dutilloy pour payer le montant de la condamnation, puis un début de la saisie du mobilier garnissant le domicile de Poupart; la fille Poupart s'oppose en disant que le mobilier lui appartient, enfin un acte sous seing privé où Poupart consent que le jugement soit exécuté. Décidemment l'histoire de ce lieu n'est qu'une suite de procès s'enchaînant les uns aux autres!

Notons en 1832 le décès de Jean Baptiste Dutilloy. À partir de cette date le récit va être fractionné par lieux qui deviendront le pavillon de chasse, le restaurant, et la maison entre ces bâtiments.

 

 

Pavillon de chasse

Des informations restent à trouver pour ce bâtiment. En 1841, une adjudication de ce lieu est faite au profit de Claude Adolphe Anjorrant. La construction de ce pavillon se situe entre 1852 et 1856 comme le constate une note particulière de dépenses.

Les matrices cadastrales n'ayant pas évolué, la parcelle E191 désigne indifféremment les trois bâtiments. Ainsi Claude Anjorrant est cité pour une maison de 1882 à 1888. Puis Georges du Luart entré en 1888 comme pavillon de chasse.

Dans sa monographie de 1899, l 'instituteur décrit un pavillon de chasse, qui a servi jadis d'école et de presbitère, il est affermé actuellement aux locataires de la chasse.

Ce bien reste dans la famille Reille et comme le presbytère va passer à la famille Murat dont Pierre- Antoine est actuellement le propriétaire, ne l'habite plus, et l'a loué comme habitation classique.

 

 

"Maison bourgeoise"

En 1835, Jean-Baptiste Dutilloy décède. Félicité Delaporte, sa veuve, et ses trois enfants vendent à Louis François Ratel, charron et marchand épicier de bois, de tabac, demeurant à Janvry:
1°) un corps de logis dite la maison presbitérale, consistant en étable, écurie, grange ensuite,greniers sur l'étable et l'écurie,
- en côté portion de jardin réservée par les vendeurs, d'autre côté portion de cour, un bout de cellier réservé par les vendeurs
2°) une portion de cour devant le corps de logis ...
cette portion tient à la rue du Marchais allant au carrefour de la maison commune sur laquelle rue est une grande porte cochère
3°) une portion de jardin derrière , enfin un petit canal qui tient au jardin au chemin de Janvry à la brosse, droit de puiser l'eau,
Cette description correspond aux bâtiments, au nord du restaurant actuel et au sud du pavillon de chasse. Ledit biens vendus moyennant la somme de 1.600 frs.

En 1843, Louis François Ratel, commis de Monsieur Lemoine, entrepreneur de ponts et chaussées, et Victoire Leroy sa femme, lesquels ont vendu à François Marchais, garde particulier de Monsieur Héluis, une maison couverte en en paille, dépendant autrefois de la maison presbytérale, consistant en une grande salle de danse, écurie à côté, étable à la suite, grenier au dessus de ladite salle et de l'étable, cour devant le bâtiment close de murs, jardin derrière planté en fruitiers clos de murs… La vente fait moyennant 1.200 frs. Janvry à cette époque possédait une salle de danse!

En 1851, Jacques François Marchais, propriétaire et Louise Huvet son épouse, lesquels vendent à Jean Paul Billard propriétaire et Geneviève Hébert son épouse: une maison consistant en une chambre à feu, autre chambre froide à côté, fournil à la suite, écurie à côté, grenier au dessus, cour devant les bâtiments close de murs, dans laquelle sont un cellier et un toit à porc, jardin derrière planté d'arbres fruitiers, clos de murs. La présente vente faite moyennant une rente de 132 frs. L'activité de boite de nuit n'a pas duré longtemps. Les Billard possèdent alors la maison bourgeoise et la grange qui va devenir auberge.

 

Le presbytère sur les plans napoléoniens.

 

En 1887, du partage des biens du couple Billard, extrayons: Théodore Rage, cultivateur de Briis, et Henriette Coret veuve Jules Gilbon, lesquels se sont partagés les biens de leur tante. Ce partage à l'amiable commence par définir la masse:
1°) ...
2°) une maison bourgeoise entre court et jardin, close par une grille sur la rue du Marchais et élevée sur terre plein d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage avec grenier dessus, couvert en ardoises, deux autres bâtiment à usage d'écurie et de remise dans la cour, puits avec pompe... fournil ... lavoir... cabinet d'aisances... tenant .... au nord à la comtesse du Luart
(pavillon de chasse) estimé 2.250 frs
Monsieur Rage se voit attribuer la maison bourgeoise .

En 1934, devant Lorrain, notaire à Briis, a lieu la vente par Suzanne Cugnot, propriétaire demeurant à la ferme d'Armenon aux Molières, veuve de Georges Léon Jullemier, Maurice Léon Jullemier cultivateur à la ferme d'Armenon, se portant fort de Georgette Hélène, mineure, Simone Suzanne mineure, à Louise Adrienne Roulet, veuve Belmont, résidant 7 rue de Sèvres à Paris, d'une maison, moyennant 44.000 frs. Cette vente est confirmée sur les matrices cadastrales en 1936, à la cadastre case B97, mentionnant maison, remise, écurie.

Ensuite d'après certains, il y aurait eu un cinéma peut-être dans cette maison?

En 1978, le propriétaire est Baron.

 

 

Restaurant

En 1830, Joseph Adolphe Anselme, étudiant demeurant à Orsay, mandaté par Jean-Baptiste Dutilloy, marchand de laine, demeurant à Paris, rue du faubourg Saint-Germain, vend au sieur Jean Paul Billard, cultivateur demeurant à Janvry:
- une grange de trois espaces couverte de chaume, faisant partie des dépendances de la cidevant maison presbitérale, tenant ladite grange au nord à la cour de la maison, au midi et au levant sur la rue de Janvry & au couchant au jardin des vendeurs.
La porte de la grange qui communique sur la cour sera supprimée et le preneur devra mettre une fenêtre à la place,
- 4613 m2 de terre derrière le jardin de ladite maison presbitérale, tenant au nord à l'avenue en face le château, au midi sur le chemin perdu, à l'est audit jardin à l'ouest en pointe sur le chemin perdu.
la vente faite moyennant 2.500 frs.
La maison du curé tombant en ruine a été remplacée par une grange.

En 1840, un bail de la grande ferme de Janvry est intéressant par les garanties que donne le fermier Jean Paul Billard. Ce dernier et son épouse Geneviève Hébert affectent en hypothèque :
- une grange de trois espasses, faisant partie des dépendances de la cy-devant maison presbitérale, tenant au nord à la cour de ladite maison, appartenant à Mr Ratel, au midi sur la rue de Janvry & au couchant au jardin de Mr Ratel,
- 4613 m2 de terre derrière le jardin de ladite maison presbitérale , tenant au nord à l'avenue en face le chateau, du midi au chemin perdu...
Ces biens viennent de l'acquisition qu'ils en ont faite de Jean-Baptiste Dutilloy, marchand de laine en 1830.
On a la confirmation, dix années après, que l'auberge n'est pas encore construite.

En 1857, Jean Paul Billard et son épouse lesquels font donation entre vifs à:
- Louis Julienne Billard, épouse Jean Louis Richard fermier à Janvry,
- Lucie Madeleine Billard, épouse Denis Coret, cultivateur à Briis,
de
1°) la somme de 20.000 frs,
2°) quinze pièces de terres...
3°) une maison à Janvry composée d'un grand corps de bâtiments élevé d'un rez-de-chaussée, premier étage, grenier au dessus, grange à la suite,le tout couvert de tuiles, hangard adossé à la grange au fond du jardin...
4°) autre maison, façade sur la route de Montlhéry et sur la rue du Marchais, composée d'un principal corps de bâtiment élevé de deux étages et couvert en ardoise, petite cour au nord, jardin derrière, clos du midi et du couchant...
C'est le restaurant. Le couple Billard a fait construire la maison sur l'emplacement d'un bâtiment par eux acquis de Dutilloy en 1830.
5°) autre maison attenant à la précédente, élevée d'un rez-de-chaussée et d'un grenier ... jardin derrière, ...
C'est la maison bourgeoise.
Ces deux maisons font partie du second lot attribué à Mme Louise Billard épouse Louis Dominique Richard.

Ce couple en reste propriétaire jusqu'au décès de Louise en 1887. Son mari lui survit quelques mois. Les héritiers sont des collatéraux: Théodore Rage, cultivateur de Briis, et Henriette Coret veuve Jules Gilbon, lesquels se sont partagés les biens de leur tante. Ce partage à l'amiable commence par définir la masse:
1°) une maison de produit située à l'angle de la rue de Montlhéry et de la rue du Marchais, actuellement à usage d'auberge et de café, élevée sur terre plein, d'un rez-de-chaussée et de deux étages avec grenier dessus, couvert en ardoises sauf la partie du couchant qui est à usage d'atelier dans toute la hauteur de la maison, avec cellier ayant son ouverture du côté de la cuisine, estimé 12.000 frs
2°) ....
... suite ne concerne pas le presbytère
Madame Gilbon née Coret se voit attribuer l'auberge.

 

 

Côté cadastre qui réagit toujours avec un à deux ans de retard, notons en 1889, l'entrée de Jules Gilbon, cultivateur pour E191, case B31, maisons remises et écurie et au folio 70, deux maisons et deux écuries et une remise passées à Jullemier.

En 1908, Eugénie Gilbon recueille l'auberge dans la succession de sa mère Henriette Coret, dont elle était seule héritière. Eugénie Gilbon décède à Janvry en 1909. Son fils, seul héritier, recueille entre autres l'hôtel des voyageurs. Léon Jullemier, époux survivant et donataire de l'usufruit de la moitié des biens, les conservera jusqu'à son décès en 1915. Notons en 1912 une donation entre vifs où Suzanne Cugnot devient donataire de l'usufruit de tous les biens du couple.

La carte postale figurant le restaurant mentionne Jeulin hôtelier Janvry. Le monument aux morts de Janvry cite Louis Jeulin (guerre de 1914-1918). De ces deux informations, ainsi que de la mention auberge en 1887, on peut penser que les héritiers successifs ont loué ce lieu. Louis Jeulin, natif de Saint-Michel-sur-Orge, est mort au champ d'honneur, en août 1914, à Este Belgique; c'était probablement le fils de l'hôtelier.

Au début de l'année 1934 Georges Léon Jullemier était propriétaire de l'hôtel des voyageurs. Il décède en janvier. Les héritiers présents au partage, sont sa veuve et ses trois enfants, chacun pour un quart. La veuve est donataire de l'usufruit et de ce fait rien ne se produit avant 1968 année de son décès. Les plans cadastraux de l'époque ainsi qu'une photocopie informe de 1935, montrent clairement les bâtiments de l'ancien presbytère.

 

 

La seconde guerre mondiale arrive, que devient le restaurant? En 1944 le locataire se nomme Dartijaz. En 1950, il est remplacé par Gousset; certains disent qu'à cette époque, il y avait "une lanterne rouge"... La fille de l'acheteur qui suit me dit que le gérant du restaurant en 1968 s'appelait Mr Lefèvre.

En 1968, le décès de Suzanne Cugnot éteint l'usufruit des biens de la famille Jullemier. Trois ans après, Maurice Léon Jullemier, agriculteur à Armenon aux Molières, Georgette Hélène et Simone Suzanne Jullemier, lesquels ont vendu à Etienne Levrault, maçon, et son épouse Germaine Letexier, commerçante, une maison à usage de commerce comprenant :
- un rez-de-chaussée divisé en salle de débit et billard, à la suite petite salle ayant servi de salon de coiffure et salle à manger,
- un premier étage composé de grenier et salle de réunion,
- un second étage composé de 4 chambres,
- grenier au dessus couvert en ardoises,
- cuisine et petite cour au nord des bâtiments,
- ancienne écurie servant de débarras…
La vente est faite moyennant 50.000 frs.

L'auberge des voyageurs n'existe plus. Le bâtiment est un débit de boisson, accessoirement salon de coiffure. La famille Levrault reprend les lieux et une partie de l'hôtel sert à loger les dix enfants du couple. L'activité restaurant comporte l'accueil des chasseurs, qui, lorsqu'ils se réunissent après la chasse, occupent entièrement la grande salle du restaurant. Accessoirement deux à trois chambres sont louées, notamment lors des travaux de l'aérotrain et de ceux du pipeline d'hydrocarbures passant à Janvry. Deux autres restaurants existent encore à cette époque:
- chez Christiane, activité de restaurant épicerie,
- chez Jeanine, activité de restaurant, tab
ac, pompe à essence.

Nous arrivons en 1978, devant Solus notaire à Paris, se sont présentés Etienne Levrault, maçon et Germaine Letexier, commerçante son épouse, demeurant à Janvry, rue de Gometz, lesquels ont vendu à Gérard Delplanque, industriel, demeurant à Charenton :
Une maison à usage de commerce et d'habitation comprenant
- un rez-de-chaussée divisé en salle de café, salle de restaurant, cuisine, entrée, autre salle de restaurant, WC chaufferie, 3 caves, cabine téléphonique, chambre froide, douches, buanderie,
- un premier étage composé de cinq chambres, une autre avec salon et bureau,
- un second étage divisé en quatre chambres,
- grenier au dessus couvert en ardoise,
- cour avec sortie sur la route,
- au fond de la cour petit bâtiment comprenant une chambre.
Le tout cadastré B48. La prés
ente vente est consentie moyennant le prix principal de 800.000 frs, dont 300.000 frs pour le restaurant, 100.000frs pour le fonds de commerce. Monsieur et madame Levrault s'interdisent de se rétablir dans un rayon de 10 km.

Six ans après, notre industriel devenu pour l'occasion, gérant de société demeurant actuellement à Dijon et précédemment, 1 rue du Marchais à Janvry, expose qu'il a acheté en 1978 à Etienne Levrault une maison à usage de commerce et d'habitation (description ci-dessus) et qu'il a partagé en trois la parcelle B48 en B315-316-317. Suite à ce partage Delplanque conserve le rez-de-chaussée divisé en salle de café, salle de restaurant, ...

Notons en 1984, la vente au premier et au second étage de six appartements.

En 1989, Gérard Delplanque, demeurant à la Varenne-Saint-Hilaire, d'une part, et la SCI du DEVON au capital de 50.000 frs d'autre part, représentée par Jean Jacques Van Aeken, demeurant à Fontenay-les-Briis, d'autre part, lesquels rappellent la division de 1984. Par ces présentes Mr Delplanque vend une maison à usage de commerce et d'habitation, 1 rue du Marchais, comprenant:
- au rez-de-chaussée, salle de café et salle de restaurant,
- au premier étage quatre chambres dont un séjour. Cadastré B316,
- contigu au restaurant une cave et cuisine
cadastrée B317.

L'acquéreur sera propriétaire des biens, ces derniers loués à la société "La bonne Franquette", SARL de 50.000 frs de capital, domiciliée 1 rue du Marchais pour un loyer annuel de 114.000 frs en vertu d'un bail sous seing privé de novembre 1989. La vente faite moyennant 520.000 frs. Le montant du loyer sera versé à la banque qui a prêté 420.000 frs.

Ce restaurant va temporairement changer de nom pour s'appeler "Bacchus friand". Deux ans après, des problèmes financiers surviennent, un  commandement de saisie est envoyé à la SCI Devon. Le restaurant restera fermé pendant un an. Un cahier des charges est réalisé pour vendre le restaurant par adjudication. l'adjudication est proposée à 400.000 frs et sera renvoyée plusieurs fois. Fin 1996, des publicités sont insérées dans le Républicain et dans le Parisien. En décembre, l'adjudication sur saisie immobilière contre la SCI Devon, dont le siège à Janvry pour la vente de maison à usage de commerce... Crié et mis à prix pour 400.000 frs, adjugé a l'avocat Cohen pour 405.000 frs. L'avocat Cohen a agi pour le compte de la SCI BEAU MONDE, en cours d'immatriculation dont le siège est à Janvry, en vertu d'un pouvoir donné par Jean Luc Moulinet.

À ce jour, les propriétaires actuels sont Mrs Blanchet et Moulinet qui exploitent l'excellente table de la Bonne Franquette.

 

 

Maison à l'ouest du restaurant

Ces bâtiments font parties du restaurant jusqu'en 1978. Gérard Delplanque divise son acquisition. En 1984, il vend à Philippe Blin, agent d'assurance demeurant à Igny :
- la maison contigüe au restaurant, une cour avec sortie sur la rue du Cèdre et un petit bâtiment à gauche de la cour. Le tout cadastré B315.
- une chambre au dessus des cuisines du rest
aurant casdastré B317.

En 1989, devant le notaire de Limours Philippe Blin revend son habitation à Jean-Marie Collet. Ce dernier occupe toujours les lieux.

 

 

Nouveau presbytère après la Révolution

 

Extrait du plan de construction du presbytère.

 

Nous allons voir que ce bâtiment va être construit sur l'emplacement de la ferme Saint-Simon. Donc nous pouvons affirmer qu'en 1825, Claude Anjorrant baille cette ferme et de ce fait il n'y a pas encore de presbytère.

En 1827, extrait du registre de délibération de la commune lors de l'analyse du budget: " le logement du desservant et de l'instituteur ne sont pas nécessaires, puisque le vote de ces sommes est couvert par Mr le marquis Anjorrant propriétaire du presbitère, d'une partie des sacrifices qu'il fait pour améliorer le sort du desservant ... Il s'agit bien entendu du nouveau presbytère.

 

Plan où figure le presbytère.

 

En 1842, la ferme Saint Simon est partagée, Claude Anjorrant va échanger une partie du clos Saint-Simon avec Pierre Charles Gabriel Gager, marchand de couleurs demeurant au faubourg Saint-Antoine. Dans la description retenons ... par hache rentrante au terrain servant de basse-cour au presbytère, dans lequel est un petit pavillon carré, au jardin de ce presbytère... Une seconde vente est faite un an après entre les mêmes parties d'autres biens au même endroit ...le terrain au couchant contenant 275 m2, séparé au nord du jardin du presbitère actuel ... La jouissance de ces biens n'interviendra qu'à l'époque où Mr Héblot, curé de Janvry, cessera d'habiter la commune. Ces deux documents, ainsi que le plan confirment que le curé jouit du presbytère et également d'un surplus de terre.

Notons en 1859, la location verbale du nouveau presbytère à la commune moyennant 150 frs payable le 11novembre de chaque année. Le châtelain qui a également des démêlées avec le conseil municipal, loge l'ecclésiastique mais réclame le loyer, ce que nous voyons provisionné à chaque budget.

 

 

Le temps passe, ce bien comme l'a demandé Claude Anjorrant reste dans la famille et du fait de l'absence de curé à Janvry de nos jours, ce presbytère est habité par Charles Marie, prince Murat, six générations après.

 

Ces sujets peuvent être reproduits " GRATUITEMENT" avec mention des auteurs et autorisation écrite