Les derniers Baillon régnant à Janvry |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- ------------------------------------ Février 2010 Janvry sur la carte de CassiniJP. Dagnot
Cette cinquième chronique va être la dernière consacrée aux Baillon comme seigneurs dominants de Janvry. La chronique précédente décrivait la descente aux enfers des enfants de cette famille ayant perdu brutalement un père hors du commun. Le couple Jehan de Baillon-Suzanne du Tixier disparaîtra au cours des onze premières années du XVIIe siècle. Relevons une phrase de Pierre de Lestoille, célèbre chroniqueur, et beau-frère dudit Jehan: "Monsieur de Janvris, en sa maison de Janvris le dernier des frères de feu ma femme, l'honneur de la mémoire de laquelle (qui estoit meilleur que lui) me l'a fait regretter, et non autre chose, car il ma fait toujours du pis qu'il a pu, et n'ay receu que desplaisirs et ingratitudes de leur maison, l'honneur de laquelle emporta avec soi ma femme, quand elle mourut". Le fait d'être endetté, dans un contexte de guerre de religion, et également d'oublier d'honorer ses dettes familiales, ont fait que cet homme n'a pas été regretté!
Les enfants de Jehan de Baillon Les deux enfants du couple, Jacques et Marthe, élevés à Janvry, y vivent modestement. Ils ont pour compagnie, Geneviève de Chaudron, leur cousine qui a été recueillie au décès de ses parents. On les retrouve dans les registres paroissiaux comme parain et maraine de leurs sujets:
La succession de Jehan de Baillon Au décès du père, Jacques l'aîné devient seigneur de Janvry, sa soeur Marthe mineure sera sous la tutelle de Jehan Poussemothe, son cousin. Nous sommes en 1611, Fresneaux et Marivaux sont sortis de la famille à la fin du siècle précédent. Le père durant sa fin de vie a continué de vendre de petits biens et constituer des rentes en hypothéquant le reste des terres de Janvry. Du fait de ces emprunts, les déboires de la famille vont s'accroître durant une génération. Les dettes familiales non réglées vont se représenter au fil du temps, en 1616 le tuteur de Marthe de Baillon, Jehan Poussemothe, constitue 650 lt de rente à Christophe de Suzanne, seigneur de Briis. Deux mois après ces liquidités vont permettre d'éteindre une dette venant d'une constitution de rente de 1582, reprise avec arrérages en 1599 (style crédit revolving!). C'est une créancière, héritière, qui réclame son dû et perçoit ainsi 2.570 livres. Nous arrivons en 1618, sept ans après le décès de Jehan. Les Baillon se réunissent: Il s'agit d'une régularisation envers les Baillons de Louans par les Baillon de Janvry. Le sieur de Louans disant que lui et sa mère ont avancé plusieurs sommes de deniers au deffunt sieur de Janvry. Il s'agit de la vente par adjudication faite par décret de la terre et seigneurie de Marivaux ainsi que de la vente de la terre et seigneurie de Fresneau, et de la vente de leur maison de ville (Paris) ... que ledit sieur de Louans prétend luy estre encore deub des grandes sommes de deniers par ledit sieur de Janvry et sa soeur & pour éviter aux frais qu'il conviendrait paier lesdites parties ont convenus de bon gré et volonté, accordés entre eux à la somme de 2.800 livres dont le sieur de Janvry et le sieur Poussemothe reconnaissent estre débiteurs et redevables envers le sieur de Louans... Ils s'obligent à payer quatre rentes se montant ensemble à 128 livres constituées la première par le grand père Jehan de Baillon à Pierre de Ficte en 1564 ... Cette rente passant entre les mains de Pierre de Lestoille, puis transmise à Marie de Hacqueville leur grand mère... Suit la description des autres rentes ... Cette somme devra être réglée dans les deux ans prochains . Associé à cet arrangement figure un inventaire sommaire des titres, contrats & autres pièces que Jean de Baillon, escuier, seigneur chatelain de Louans a déclarez à Jacques de Baillon aussi escuier seigneur de Janvris. Trois mois, après un créancier cité dans l'acte précédent obtient une sentence rendue du Châtelet de Paris envers Jacques de Baillon. Du côté des Baillon de Louans la situation n'est guère plus brillante. Une sentence du Châtelet oblige Jehan de Baillon à rendre tout ce qu'a apporté Anne Laubigeois, lors de leur mariage. Son époux serait endetté à hauteur de 78.724 lt constituées depuis leur mariage. C'est un arrangement à l'intérieur de couple uni sans enfants qui pourra ainsi terminer sa vie tranquillement. L'année qui suit, Jacques et Marthe de Baillon sont contraints au paiement de quatre cents livres dues à Gilles Heruet, marchand demeurant à Linois. Le même jour il procède de même avec Hiérosme Salmatory, marchand bourgeois de Paris, agissant pour Jehan Croquet, aussi marchand, son beau-frère pour payer avant Pasques la même somme de 400 livres. En 1620, une autre sentence du Châtelet somme Jacques de Baillon au proffit de Blondel pour dette. Le mois suivant Thierry Blondel, marchand drapier, bourgeois de Paris, demeurant rue des petits ponts paroisse saint Severin, lequel rétrocède à Michel Ferrand, ...., en l'acquit & descharge de Jacques de Baillon, escuyer, sieur de Janvry, la somme de 315 lt due par le sieur de Janvry envers le sieur Blondel. Suit un acte analogue, un autre marchand, Claude Hotte, mêmes qualités, vend 380 lt associées à une sentence du Châtelet, ledit Ferrand, seigneur de Beaufort réglant au moyen d'une cession de rente. En 1622, Pierre Delaleu, receveur de la terre & seigneurie de Janvris, est la personne à qui l'on s'adresse pour régler les petits impayés, il confesse avoir versé à Loys Poirier, marchand de Paris, 60 livres pour Jacques de Baillon, escuyer sieur de Janvris, venant en déduction ... En 1623, Mre Jacques de Baillon, consent à un échange fait entre Messire René de Breslay esvesque de Troyes, conseiller du roy en son conseil d'estat, prieur & abbé de saint ...? les anges, et Claude Pannetier vigneron, de deux maisons dont une est chargée de rente envers ledit seigneur. L'intérêt de l'acte est qu'il est rédigé "au chasteau et lieu seigneurial dudit Janvriis". L'année suivante, Jacques de Baillon, escuier, sieur de Janvry & la Brosse, vend la plus grande partie des piesses de boys ... moyennant le pris & some de 250 livres ... passé en lautel seigneurial dudit lieu ... A la fin de l'année, toujours à la recherche de liquidités, le sieur de Janvry vend des chênes de son parc à Jacques Lebas marchand de Nosay moyennant 54 livres. En 1625, Conrad Luc mestre tailleur dabis, demeurant paroisse saint Sulpice, réclame la somme de 144 livres restant de 324. Il obtient satisfaction par un paiement avant six mois! ... passé à Janvris en lotel seigneurial. Cet acte est le dernier trouvé où Jacques de Baillon est encore sieur de Janvry.
Charles de Becquet et Marthe de Baillon à Janvry Revenons maintenant à la soeur cadette de Jacques. Pour une fois il ne s'agit pas de créances, nous sommes en 1621 Charles Becquet, escuyer, sieur de Cormont, fils légitime de Jacques, gentilhomme ordinaire de Madame la princesse de Conty, & de damoiselle Suzanne du Faussart ses père & mère, d'une part, damoiselle Marthe de Baillon fille de deffunt Jehan chevalier seigneur de Janvriis et deffunte dame Suzanne du Tixier, lesquelles parties font un contrat de mariage, présent Jacques de Baillon, escuyer, sieur de Janvry et de la Brosse, son frère. Les Becquet viendraient des environs d'Amiens. Le futur doue sa promise de 50 livres de rentes, Nous sommes très loin des unions aisées des années antérieures. L'année suivante, le nouveau mari a remplacé le tuteur. Jacques de Baillon, escuyer, seigneur de Janvry, demeurant audit Janvris, et Charles Becquet, escuyer, sieur de Cormont demeurant à Paris sur le Fossé entre la porte saint Victor et saint Marcel, paroisse saint Nicolas du Chardonneret, héritiers par bénéfice d'inventaire de leurs parents, et de ce fait, sommés d'honorer la rente de 1616. Cette rente a été depuis reprise par un personnage qui ressemble étrangement à l'ancien trésorier de l'épargne Jehan de Baillon l'aîné. Rappelons que cette rente de 650 lt représente un principal de 10.400 livres. Le détenteur, Michel Ferrand, sieur de Beaufort, est un homme avisé, calculateur, il deviendra seigneur de Janvry. Le même jour, les mêmes vendent à Michel Ferrand, 200 lt de rente, venant de plusieurs titres que les Baillon possèdent encore... Il faut ensuite pour relater cette chronique, trouver dans des actes postérieurs, des évènements qui ponctuent la fin du règne des Baillons sur la seigneurie de Janvry. Nous sommes en septembre 1625, la succession de Jehan de Baillon se termine par un arrest & adjudication au profit du sieur de Cormont et de sa femme qui obtiennent la terre et seigneurie de Janvry. Ces derniers vont ensuite conclurent avec le repreneur qui a préparé le terrain, Michel Ferrand. Le dossier prend forme l'année suivante et en novembre 1626 , Michel Ferrand, donne procuration à Anne du Tixier son épouse pour échanger la terre et seigneurie de Janvry contre des rentes au couple Cormont Baillon. De son côté, Charles de Becquet fait de même avec Marthe de Baillon sa femme à laquelle il donne plain pouvoir & puissance de rattifier de point en point selon sa forme et teneur le traité fait de la terre & seigneurie de Janvris avec Messire Ferrand, Geneviève de Chaudron... généralement les faicts deppendants de la succession de deffunt Jehan de Baillon et de dame Suzanne du Tixier ses père et mère. Egalement traiter avec le fermier de la terre et seigneurie de Janvris . Le mois suivant, Anne du Tixier comme dame de Janvry a emménagé en son lieu seigneurial. En janvier 1627 se déroule l'échange officiel devant notaire: Michel Ferrand, sieur de Beaufort, demeurant rue des Rats paroisse saint Estienne du Mont cedde 1.062 livres de rentes ... Marthe de Baillon, femme du sieur de Cormont, donne en contre échange la terre & seigneurie de Janvris, consistant:
La même semaine, Pierre Poussemothe, advocat, héritier de Jehan Poussemothe tuteur de Marthe, est également associé avec les acteurs ci-dessus. Se joignent également Jacques de Baillon escuyer frère de la damoiselle & Geneviève de Chaudron, femme autorisée par justice de Imbert Camus, sieur de Bagnaulx. Il s'agit de rendre claires et définitives les successions concernant deffunt Jehan de Baillon, et de Suzanne du Tixier, et également celle de deffunt Jehan Poussemothe (marié à Anne de Lestoille). Finalement le couple Becquet s'installe à Janvry "au petit Fresneau". Nous verrons par la suite que ce lieu correspond à une propriété comprenant la ferme actuelle face au château. A partir de cette époque les Baillon cesseront d'être les seigneurs de Janvry. En juillet de la même année, fut baptisée Renée fille de Mr Charles de Becquet escuier sieur de Cormont, de la Brosse, et de Janvris en partie et de damoyselle Marthe de Baillon. Le parrain révérentissime père en dieu René de Breslay evesque de Troyes et conseiller du roy en ses conseils d'estat privé & la maraine dame Anne du Tixier, femme de Mr Beaufort de Janvris. A partir de septembre et durant trois mois, une série d'actes extraits d'un document rongé par le temps et écrit avec de multiples contractions donne la clé des déboires de cette famille:
Ces sept textes ont été pris, abandonnés, et repris maintes fois. Néanmoins, en écrivant cette chronique, il a pu être trouvé ce quit suit:
De ce qui vient d'être dit, deux rentes sont constituées: Ensuite avec ces disponibilités et les rentes obtenues de Michel Ferrand début janvier, le couple Becquet rembourse en partie ses créanciers: La vie à Janvry se déroule normalement pour le couple. L'année suivante, Charles de Bequet, escuier, sieur de Cormont, la Brosse & de Janvris en partie, et damoiselle Marthe de Baillon son espouze vendent à Claude Tiboux, marchant demeurant à Chantecoq, paroisse de Brys, quatre arpens audit lieu, le paiement est mixte, argent & bestes à laine. Au mois d'octobre Marthe donne naisssance à sa seconde fille Magdalène . La maraine damoiselle Magdalène Ferrand, probablement une fille du seigneur de Janvry. En 1629, Charles de Becquet, ..., estant au lieu seigneurial de Janvris, vend la couppe et dépouille du reste des bois qui appartiennent audit sieur, appelé le bois de Bezelles, à Philippe Chedeuille, moyennant 28 livres par arpen. Le mois suivant, Charles de Becquet, seigneur de Cormont, la Brosse & Janvry en partie, baille à loyer d'argent pour six ans à Jehan Bodichon, laboureur à Janvry, neuf arpens en quatre piesses ... moyennant 18 livres deulx chapons, passé en lotel seigneurial de Janvris. La maison mitoyenne de la ferme est qualifiée d'hôtel seigneurial. Charles de Becquet vit donc à Janvry et on le retrouve renouvelant le bail de son principal bien, correspondant au fief du petit Fresneau, pour six ans à Jehan Peteil c'est à savoir 100 arpens tant terres labourables que pré en la paroisse de Janvris qui sont au dessous de la maison dudit sieur, à prendre depuis l'allée en ormes que depuis le colombier. Le détail sera repris dans la chronique sur cette ferme. Parmi ces terres la pièce du moulin à vent.
Citons encore quelques actes passés en 1630 par le couple Becquet :
La fin des Baillon de Janvry En 1632, un échange important est réalisé entre : Pourquoi cette vente? Le lendemain dans une autre étude parisienne, nous retrouvons les créanciers de 1627 ou leurs descendants à savoir: En 1633, Charles de Becquet, baille à Jehan Peteil, marchant & laboureur, 9 arpents de terres en une piesse dit la mare, à raison de trois livres l'arpent ... A Janvry, en août 1634, fut inhumé le corps de honorable damoiselle Marthe de Baillon, femme de Mr de Cormont. En 1636, Mathieu Petrau, prestre curé de l'église de Janvris, y demeurant lequel en son nom et se portant fort de Charles de Bequet, baille pour neuf ans à Jehan Bodichon, laboureur à Janvris, c'est à savoir une ferme se consistant en maison manable grange & estable parties d'icelles en péril iminant & non habitable, court devant jardin derrière assis à Janvris au lieudit le marchef tenant d'un bout à Mosieur Ferrand et à Monsieur Desnand avec 84 arpens de terre labourables en plusieurs pièces. L'acte fait mention de Charles de Becquet ayant la garde des enfants mineurs de deffunte Marthe de Baillon son espouse. Les terres louées sont en friches excepté 8 arpens. Ce bail fait moyennant 90 livres. En 1645, Jaques de Baillon est inhumé dans la chapelle de Mr de Janvry. Ce personnage ayant perdu ses biens vers 1625, sa vie a dû se dérouler simplement. à suivre ...
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