Michel Ferrand et Anne du Tixier

Partie de l'isle de France par vue par Lapointe

JP. Dagnot

Cette sixième chronique va décrire la vie d'une nouvelle famille régnant sur Janvry, les Ferrand. Rappelons les origines de la famille des Tixier qui ont eu des biens importants dans la région parisienne à Briis-sous-Forges, au Marais, à Maisons (Alfort)...

Près de Janvry, le seigneur de Briis-sous-Forges à la fin du XVIe siècle est Amos du Tixier , seigneur de Maison (Alfort). Ce gentilhomme est protestant, ce qui n'est pas apprécié par ces temps de guerre de religion. Il est marié à Françoise Hurault, catholique, dont il eut quatre filles. Suzanne, sa soeur va épouser Jean de Baillon et deviendra dame de Janvry dans un contexte financier pas très réjouissant pour elle. Sa nièce Anne, comme on le verra plus loin est plus ou moins contrainte d'épouser Michel Ferrand, financier avisé venant de Châtellerault, mais d'extraction plus modeste.

Rappelons ce que dit l'abbé Lebeuf au sujet d'Anne: " elle obtint par ses prières la conversion de son père, en sorte qu'il fit abjuration dans la maladie dont il mourut ".

Michel Ferrand et Anne du Tixier

Si l'on se réfère à la vie de cette pieuse dame publiée en 1650, elle fut élevée dans la religion catholique, et obéissant à sa mère celle-ci lui donna un parti à son insu :  Laquelle luy donna Messire Michel Ferrand, seigneur de Beaufort, conseiller du Roy en son Parlement de Paris, personnage autant signalé et recommandable par son intégrité, justice, et piété, qu'aucun de son aage et de sa robbe, et qui avoit avantageusement toutes les conditions tant souhaittées par cette pieuse Mère. Cette union doit dater des années 1614-1616. Ce couple, toujours d'après ce livre, a eu quatre enfants:
- Pierre l'aîné des garçons et qui fait l'objet de la prochaine chronique, reçoit par sa mère une instruction religieuse stricte. Son père se voulant voir un autre luy-même par une charge qui devait luy donner rang sur les fleurs de lys, en qualité de conseiller au parlement. C'est également sa mère qui va le pousser à s'unir avec Hélène Gillot: Vous avez donné une belle charge à l'aîné et l'avez lié à une femme pleine d'avantages de la nature et de grace.
- Jean le fils cadet, avait perdu un œil « d'un coup de pierre qu'il receut » alors qu'il était dans les mains d'une nourrice peu prévoyante te soucieuse. Il fut éduqué par le Révérend père Paulin, supérieur de la maison professe des Pères Jésuites. Anne du Tixier, la veille de sa mort dira à son fils Pierre: "aymer votre frère et luy rendez office de bon père puisse que ses grandes affaires luy en ostent le moyen". Cette prière confirme que Jean devait être handicapé mental.
- Angélique, la fille aînée, Melle de Janvry, donnée à un gentilhomme par madame sa mère, elle refuse... et par l'exaltation de la sainte croix, elle s'enferme souvent dans l'église proche du château, et demande à Dieu de recognoistre sa volonté sur elle ... , elle meurt quelques mois après le mariage de son frère sans être entrée en religion et est inhumé dans le cloistre des Filles de Sainte Elisabeth..
- la cadette, dont on sait peu de choses: le seigneur l'a enlevé du monde dans un âge si peu avancé...

Ce préambule fait, le récit commence en 1616. Les trois filles d'Amos du Tixier se réunissent par représentation de leurs époux pour Anne et Magdelene. Marye du Tixier, veuve de Charles Repault, Michel Ferrand et Christophe Suzanne de Cardaillac se partagent les rentes venant du défunt Amos du Tixier. Son épouse, Françoise Hurault, perturbée par les mésaventures de son mari, a choisi de finir sa vie comme relligieuse au monastère Sainte Claire de Verdun. Passons sur le détail du partage, notons néanmoins qu'elles ont a se répartir 16.953 livres.

Plusieurs documents de 1617 permettent de mieux connaître Michel Ferrand. À cette époque, il est, sieur de Beaufort, conseiller du roy en sa Cour de Parlement, représentant Pierre Ferrand, sieur du Gossay au duché de Touraine, son frère, et remet à un commissaire de l'artillerie de Tours, la somme de 16.000 livres, qu'il lui devait. Le même jour Michel comme mary de demoiselle Anne du Tixier, fait le point avec Christophe de Susanne de Cardaillac, baron de Montbrun seigneur de Briis, mary de dame Magdeleine du Tixier dans l'échange de rentes reçues l'année précédente.

Il semble être le représentant en droit du groupe familial. Il agit, trois mois plus tard, pour le compte de Philippe Hurault, sieur du Marais, Messire Jacques Hurault, sieur de la Boissière, héritiers de feu Jacques Hurault vivant sieur de Veuil & du Marais, maître des requestes et de dame Marie de Herbelot son épouze. Cette fois il s'agit de terminer plusieurs procès tant au parlement qu'au Châtelet de Paris avec Jacqueline Hotman veuve du receveur du duc d'Alençon, frère du roy.

Début 1618, Jacques Hurault, demeure en son château de Saint-Maurice, il rejoint Michel Ferrand qui représente Anne du Tixier son espouse. Le duo, se porte fort des cohéritiers de la succession de Marie de Herbelot, dame de Veuil et du Marais. Après examen de baux faits à deux poissonniers, notre personnage se charge de récupérer une somme de plus de mille livres due par un poissonnier parisien et un autre de Coulommier en Brye. L'épouse d'Amos du Tixier possédait un étang et une ferme près de Sezanne en Brye. Nos marchands ne pensaient pas tomber sur un Ferrand aussi opiniâtre, reprenant le dossier de la religieuse!

La même semaine il reçoit encore 800 livres pour le rachat d'une rente eschue à son épouse. La semaine suivante, c'est Guillaume du Gast de la famille des Baillon, qui lui remet 600 lt dues par une promesse... En septembre, Christophe de Suzanne de Cardaillac, cède à Michel Ferrand 440 lt.

En 1619, Michel Ferrand et Christophe de Susanne & Cardaillac, baron de Montbrun régularisent une rente de 30 lt... venant en reconnaissance de 800 lt de dette due par le baron.

Voyons maintenant le clan Ferrand.

Un acte de partage de 1620 permet de mieux connaître la famille Ferrand originaire de Châtellerault. Le père, dont la succession doit être réglée, était conseiller du roy et lieutenant général à Châtellerault. Le détail du document ne concerne pas notre région.

En 1621, notre personnage agit pour son frère Pierre, devenu sieur de la Saussoy et trésorier provincial de l'extraordinaire des guerres en Poitou. Il reçoit la somme de 5.000 livres que lui devait Bernard Thomas, également trésorier provincial ...

En 1622, signalons un nouveau suzerain qui acquiert Bucq . En effet une sentence d'adjudication par décret est faite au chastelet de Paris en faveur d'Henry Descoubleau évesque de Maillest qui obtient l'adjudication de la terre et seigneurie de Bucq, dont dépend Janvry, ladite seigneurie, saisie réellement sur damoiselle Marie Bolle veuve Henry de Chaalons. À cette époque les Baillon sont encore seigneurs de Janvry.

La même année, comme nous l'avions vu dans la chronique précédente consacrée aux derniers Baillon, Thierry Blondel, marchand drapier, bourgeois de Paris, demeurant rue des petits ponts paroisse saint Severin, lequel rétrocède à Michel Ferrand, ...., en l'acquit & descharge de Jacques de Baillon, escuyer, sieur de Janvry, la somme de 315 lt due par le sieur de Janvry envers le sieur Blondel. Suit un acte analogue, un autre marchand, Claude Hotte, mêmes qualités, vend 380 lt associées à une sentence du Châtelet, ledit Ferrand, seigneur de Beaufort réglant au moyen d'une cession de rente. N'oublions pas que Jacques de Baillon et Michel Ferrand sont cousins...

En 1624, notre personnage, toujours aussi dynamique voit une opportunité d'utilisation de deux rentes échues au couple par les décès de Philippe Hurault et du comte de Limours Louis Hurault. Une veuve, dame Renée Marie d'Albanye, fait eschange avec Michel Ferrand de la terre et seigneurie de Fontaine Denis sise prez Sezanne en Brye consistant en ferme enclose de murailles, terres, deux moullins, forêt... Lui cède en échange 1.250 lt de rentes.

L'année suivante , Marie Savignon, fille majeure demeurant chez Michel Ferrand, rue des Rats, en considération des services rendus à sa femme, obtient son intervention dans une succession la concernant et il lui cède en échange une rente de 600 livres de principal ....

Toujours en 1625, notre personnage apure les arrérages de dettes d'un bourgeois de Paris dont un marchand mégissier demeurant à Lynois, Gilles Hérué, qui s'était porté garant envers Jacques de Baillon, escuyer, et le mari de Marthe de Baillon...

En fin d'année, il constitue sa procuratrice Anne du Tixier son espouze, et lui donne tout pouvoir pour recevoir des sommes de deniers, même rachat de rentes jusqu'à 8.000 livres. Le grand jour arrive, cette dernière échange officieusement l'essentiel de la terre et seigneurie de Janvry contre 1.600 livres de rente.

Michel Ferrand seigneur de Janvry

Déjà en novembre 1625, Michel Ferrand, sieur de Beaufort, et pas encore seigneur de Janvry met les choses en place. Sa réputation dans la région fait autorité. Il convocque en son hôtel rue des Rats, Louys Janvier laboureur demeurant à Chantecoq. Il lui baille à loyer & prix d'argent, jusqu'à six ans, la grange estant en la bassecour, le lieu où estoit cy devant ung pressoir, les greniers au dessus, la bergerie & une escurye le tout estant en la bassecour du chasteau de Janvris avec la quantité de 146 arpents de terre en six pièces cy après déclarées: 22 arpens à la mare David, 37 arpens pièce de Jouvance, 30 arpens pièce au dessus de la mare David du petit Marchet, 7 arpens au petit Chantecoq, et au dessous du petit Chantecoq, une pièce de 28 arpens, et une autre de 22 arpens au dessous des 28, item trois arpens de pré. Le bail fait moyennant 372 lt, également fournir le fourrage aux chevaulx du bailleur. On devine un bail fait sans préparation où l'énumération des terres se fait au fil de la discussion.

En décembre, noble dame Anne du Tixier dame & espouze de Monsieur maistre Michel Ferrand, consiller du roy en sa cour de parlement à Paris, sieur de Beaufort Fontene Denis & de Janvrys, estant de présent en son lieu seigneurial dudit Janvris laquelle confesse avoir baillé à titre de loyer pour trois ans à Louis Janvier, c'est à savoir la quantité de huit vingt bestes alene tant brebis que moutons, lesdits preneurs seront tenus bien & dument nourir héberger & faire paturer moyennant trois livres par beste, la dame prendra la moitié des toysons. C'est un bail à moitié de croît. Également sont ajoutées six vaches moyennant six vingt livres. Fait en lotel seigneurial. Ladite dame fournit audit Janvier les logis en la basse-cour & lui donne permission de prendre des arbres au jardin du chateau pour son usage seullement. Comme aussi la ditte dame a lessé audit preneur les fumiers qui seront au colombier du chateau.

Également en fin d'année 1626, Michel Ferrand, confesse avoir baillé et délaissé à tiltre de loyer & prix d'argent jusqu'à neuf ans à Hubert Tollar, sergent au baillage de Sezannes, la terre & seigneurie de la Fontaine Denis près Sezanne, .... moyennant 600 livres.

Début janvier 1627, Michel Ferrand toujours sieur de Beaufort, ..., demeurant à Paris rue des Rats, paroisse saint Estienne du Mont, confesse avoir baillé à tiltre de ferme & prix d'argent, jusqu'à neuf ans, à Charles Dalichant, procureur fiscal, en la baronnie de Meudon, une partie de ses biens à Janvry:
- la bassecour et boullangerie, la laiterie, la chambre au dessus de la cuisine, le parc le colombier estant en iceluy, à la réserve du jardin,(bas de page détérioré)
- 146 arpents de terres labourables qui sont détaillés dans l'échange ci-dessous.

La semaine suivante a lieu l'échange officiel de Janvry devant notaire: Michel Ferrand, sieur de Beaufort, demeurant rue des Rats paroisse saint Estienne du Mont cedde 1.062 livres de rentes ... Marthe de Baillon, femme du sieur de Cormont, donne en contre échange la terre & seigneurie de Janvris, consistant:
a) chasteau, basse cour, jardin, parc l'allée qui est au dehors du parc plantée en arbres fruitiers et tirant vers Montfaucon le tout contenant 47 arpents,
b) 56 arpens de terres labourables ... la totalité 295 arpents,
c) le bois de la Martinière contenant 15 arpents, 6 arpens de prés
d) tous les droits de justice moyenne & basse, tous les cens, rentes, chappons, four, excepté ce qui est du fief du petit Fresneau, dans lequel sera compris une maison pour eux,... également fief de Boissy et le fief de la Brosse. Ces trois fiefs relevant dicelluy seigneur de Janvry,
e) a été consenti que le sieur de Cormont et son épouse et leurs enfants auront la faculté de se mettre après le sieur de Beaufort dans la chapelle seigneuriale de l'église de Janvry, également d'y pouvoir être enterrés avecq leurs prédécesseurs, sans pour en prétendre aucuns droits honorifiques en ladite église.

En février, devant le tabellion de Janvry, le nouveau seigneur de Janvry, Maistre Michel Ferrand, baille à moytié de croix pour neuf ans à Charles Dalichant devenu également receveur de la terre de Janvry, 128 bestes alene, tant brebis que mouton, fait en lotel seigneurial.

À cette époque, le suzerain de Janvry, Henry d'Escoubleau, évêque de Maillezais échange sa seigneurie de Buc avec Vincent Hébert. Cette famille conservera la seigneurie jusqu'en 1778, avant d'être priée par le Roy de la vendre aux religieuses de Saint-Louis qui s'installent près de Versailles!

Au mois de juin, Michel Ferrand, sieur de Beaufort, déclare que selon une nouvelle sentence, il confesse estre détempteur & propriétaire de la terre & seigneurie de Janvris consistant en chasteau & maison seigneuriale justice moyenne & basse, cens rentes... , acquises par eschange de Charles Becquet et Marthe de Baillon, fille et héritière pure & simple de dame Suzanne du Tixier sa mère, et encore de 200 lt de rentes faisant partye de 400 ... qui font aussy partye de 1.200 livres.... Bref, cette rente a permis au couple Jehan de Baillon - Suzanne du Tixier, d'emprunter une nouvelle somme de 100 livres en 1607... Au final le sieur de Beaufort apure la situation liée à la seigneurie en versant 980 livres!

La même année en août, Anne du Tixier, représente son mari et ne s'en laisse pas compter, le bail fait en novembre dernier avec son époux et Louis Janvier n'est pas honoré, et afin de terminer les différends ledit Jannier délaisse les grains sur les terres de ladite dame.

En 1628, Jehanne Fouillon, veuve Pierre Legris vend à Michel Ferrand sieur de Beaufort & Janvris et dame Anne du Tixier son espouze, un quartier & demy de terre en vigne tenant audit seigneur, tenant au chemin de Janvry à Paris ...

En 1629, monsieur maistre Michel Ferrand.., estant de présent en son chateau de Janvris, lequel confesse avoir baillé à titre de loier et prix d'argent pour letant de neuf ans à Jehan Diguet laboureur du Val Saint Germain, c'est à savoir la ferme du chateau de Janvris appelée la cour basse, ce consistant en escuries, bergerie, vacherie, fournil & autres lieux qu'il peut être dans ladite court avec le pavillon qui est attenant à ladite cour pour le logement dudit preneur exepté la cuisine qui est dans le bas dudit pavillon pour servir au bailleur lorsqu'il viendra en son chateau de Janvris seullement... avec la quantité de 240 arpens de terre assis au terroir de Janvris, compris également la grande allée d'arbres qui est au dessous de son parc, mention d'entretenir le parc. Ce bail fait moyennant 450 livres, six chapons. Passé à Janvris en lotel seigneurial. Apparemment la gestion des biens par un tiers n'a pas duré, le seigneur agit directement.

La même année, Claude Thiboust marchand, vend une pièce de vigne à Michel Ferrand.

En 1630, Mosieur maistre Michel Ferrand, ..., baille à Jehan Bodichon, laboureur à Janvris 52 bestes à laine, à titre de moitié pour trois ans, bail classique, passé en lautel seigneurial.

En 1633, Michel Ferrand, baille à Olivier de Jouy, marchand, la ferme du chateau de Janvris appelé la cour basse dudit chasteau se consistant en escurye ... avec 142 arpens de terre labourable... la description est analogue à celle du bail de 1629.

En 1635, la veuve de feu Jehan Diguet, laboureur, et Pierre Diguet, marchand, délaissent à honneste personne Olivier de Jouy, marchand laboureur demeurant à Jouy, les labours et semences ,fumage et autres travaux qu'ils ont fait sur les terres de la ferme du chasteau de Janvris appartenant à Michel Ferrand, seigneur dudit Janvris. Les terres correspondent à 47 arpens. De ce fait le laboureur reprend la totalité des terres de Michel Ferrand.

À la même époque, un jardinier demeurant à Briis, Fiacre Desmaret, fait marché avec Michel Ferrand de faire son jardin, cultiver & semer les graines de jardin, planter d'herbes potagères, y mettre des artichauts, semer des graines de melon, concombre et citrouille, faire les tontures des allées de palissades, moyennant 150 livres... Ce type de bail va se renouveler à Janvry et nous permettra de connaître les différents légumes appréciés par les seigneurs du lieu.

Curieusement, l'inventaire des titres de la châtellennie de Montlhéry mentionne pour 1635, la foy & hommage par rendu par Michel Ferrand pour la terre & seigneurie de Janvry mouvant de Montlhéry. Nous sommes à l'époque où Josias de Rouen promu par le frère unique du Roy abuse de son pouvoir, Janvry relevant de Buc. Le seigneur de Janvry obtempère mais déclenche une procédure qui lui donnera raison six ans plus tard.

Cette année est décidément difficile pour Mr Michel Ferrand, il se retrouve confronté avec 100 autres livres de rente, qui ont été crées par Charles de Becquet sieur de Cormont et Marthe de Baillon sa femme, sur des droits adossés à la terre et seigneurie de Janvris... Cette fois encore, le seigneur de Janvry rachète ladite rente moyennant 1.798 livres à Charles Paré!

Cette série interminable de mésaventures financières aura donc vu son début après le décès subit du trésorier de l'épargne en 1567. La famille n'a pas eu les compétences pour arrêter les montages financiers qu'il avait engagé, et dont les conséquences dureront plus de deux générations. Les héritiers dilapideront, petit à petit, l'ensemble des biens, en y associant les autres membres du clan des Baillon.

Citons en 1638, un marché entre Henry Giniard, vigneron de Janvris, et Monsieur maistre Michel Ferrand, ..., de présent en son chasteau, pour faire de toutte fassons la moytié des vignes qui sont dans son clos, pour six ans, moyennant 27 livres par arpen ...

Nous retrouvons l'année suivante un nouveau marché avec un jardinier demeurant à Janvris, Guillaume du Guay, lequel s'engage envers madame de Beaufort de bien et dubment faire son jardin du chasteau de Janvris, pour trois ans savoir labourer, porter les fumiers, semer les graines de jardin et les plantes d'herbes potagères mettre des artichaulx, semer des graines de melon, concombre, citrouille, faire la tonture des allées de palissade, tenir les allées du jardin, remplir les fossés, pour mettre les allées au niveau, ..., entretenir les pépinières dudit jardin et parc, enter les sauvageons, moyennant 40 escus, ledit du Guay aura le bois mort qu'il espluchera des arbres, entretenir son parterre de bouys de brebis un petit parterre de gazon vis à vis des fenestres de la grande salle et un petit de fleurs de l'autre costé entre les deux murailles, faire les espaliers pour la décoration et embellissement du parc. On voit ainsi s'améliorer les abords du château, gazon, fleurs, jardin, pépinières ...

En 1640, Michel Ferrand rend foy et hommage à Antoine Boyer, seigneur de Sainte-Geneviève-des-Bois, des bois de l'Hôtel Dieu.

La même année, on assiste à un mariage entre Estienne Feuger, receveur de la terre & seigneurie de Saint-Maurice, y demeurant, et Catherine Prévost, femme de chambre d'Anne du Tixier. Parmi les personnes assistant à cette cérémonie: le sieur de Saint-Maurice, Emillian de Bohan, escuier, sieur de la Rochette, Anne du Tixier, maîtresse de la future, Marie Angélique Ferrand. La future apporte 300 livres en bagues joyaux... Anne du Tixier 500 livres. Présent également messire Mathieu Petro, curé de Janvry.

En 1641, Michel Ferrand ne supporte pas le comportement de Jean de Baillon qui a racheté quelques années auparavant le fief du petit Fresneau à Charles Becquet et doit se considérer seigneur à Janvry en usant de façon immodérée du droit de chapelle de sa famille en l'église de Janvry. Une sentence du Châtelet va le condamner à rendre à Michel Ferrand la possession de la chapelle de l'église de Janvris & des droits honorifiques en icelle et également lui porter les foy & hommages comme vassal!

En 1643, Jean Panetier, vigneron demeurant à Janvris fait marché avec Michel Ferrand, seigneur de Beaufort & Janvry de bien et deubment cultiver & labourer de trois façons, tout le contenu de ses vignes qui sont deux enclos renfermés de murs, ... pendant six ans, moyennant 30 livres pour chaque arpen, curer les fossés dans les clos pour éviter tout dommages... fait & passé à Paris en présence de Pierre Leffeure domestique du sieur & Jean Bion, cocher.

La même année, Guillaume Duguay, jardinier demeurant à Janvris confesse avoir fait marché et entrepris avec madame de Beaufort de bien & duement faire son jardin du chasteau de Janvris pour six années:
- labourer de toutes façons ledit jardin ,
- porter les fumiers qu'il conviendra dans la cour du chasteau ou dans la basse court,
- semer les graines de jardin et le planter d'herbes potagères;
- mettre des artichaultz semer des graines de melon, concombre & citrouille,
- faire la tonture des arbres & palissades et du bouis
- tenir les allées du jardin ainsi que celles du parc,
- labourer à peler les allées de l'estoille et principalement celle des espaliers,
- entretenir les tapis et pallissades ....,
- entretenir la cerysaye
- labourer & entrenir les pépinières du parc, enter les sauvageons, labourer & éplucher les arbres fruitiers qui sont dans le parc & jardin,
- labourer & tailler le muscat qui est dans ledit parc
et ce moyennant cinquante escus, le bois ne peut être pris sauf pour faire des cabinets. Passé à Janvris au lieu seigneurial.

Les termes deviennent de plus en plus détaillés, une cerisaie a été crée. La suite sera décrite dans une nouvelle chronique consacrée à Pierre Ferrand et Hélène Gillot. La seigneurie sera apportée dans la corbeille de mariage.

À suivre ...

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