Pierre Ferrand et Hélène Gillot (1643-1672)

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis------------------ ---------------------------__--------- Juin 2010

Janvry sur la carte des Chasses.

JP. Dagnot

 

 

Cette septième chronique continue l'histoire des seigneurs de Janvry. Dans la précédente chronique nous avions laissé Michel Ferrand et Anne du Tixier gérer le quotidien du château de Janvry.

 

 

 

Pierre Ferrand et Hélène Gillot

Pierre Ferrand est le fils aîné de Michel et d'Anne du Tixier. Il demeure rue des Ratz paroisse Saint-Estienne-du-Mont. En 1643, en son nom, il s'unie avec Hélène Gillot. Non présenté par ses parents, il a dû être déjà marié. Ses parents apportent à l'occasion de son mariage :
- l'office de conseiller du roy en sa cour de parlement obtenu pour la somme de 114.000 livres,
- la terre & seigneurie de Janvris , ses appartenances & deppendances,
- les parents s'engagent également de loger et nourrir les futurs époux avec leurs chevaulx pendant deux ans
.
- Pierre Ferrand a doué sa future espouze de 3.000 livres de rentes.
On apprend également que les époux sont communs en biens, que la future est mineure, ses parents sont décédés et son tuteur apporte 84.000 livres venant de la succession des parents.

 

 

L'année 1645 est une année noire pour les Ferrand, ils perdent leur dernière fille, subissent un incendie et Michel Ferrand est sérieusement malade. Anne du Tixier souffre de maladie pulmonaire et sa fin a duré six jours tant elle avait du mal à cracher. Bien entendu ses proches et son confesseur étaient près d'elle. Sa soeur, supérieure de Sainte Elizabeth, et sa fille, révérende mère de Sainte Madeleine faisoient quantités de prières.

La veille de sa mort, elle dira à son fils Pierre: "aymer votre frère et luy rendez office de bon père puisse que ses grandes affaires luy en ostent le moyen". Et à sa bellefille Hélène Gillot ma très chère et aymée fille, veillez les enfants si Dieu vous en donne, dressez votre frère de Vausselle, et vos sujets à la campagne... La suite de ce récit montre qu'Hèlène Gillot appliquera à la lettre ces principes!

Revenons au quotidien, peu après son mariage, Pierre Ferrand prend les rênes de la seigneurie et procède lui-même à un échange avec une veuve Estiennette de la Mare, qui demeure à la Brosse. Il s'agit de 2 arpents échangés sans soulte pour harmoniser leurs biens.

Nous retrouvons également le nouveau seigneur qui procède comme ses parents à un marché d'entretien des jardins du château: Simon Donat, jardinier demeurant à Janvris, lequel volontairement fait marché avec monseigneur maistre Pierre Ferrand, seigneur de Janvris, de bien & deubment faire son jardin du chasteau de Janvris, jusques à 3 ans :
- semer les graines du jardin,
- planter les herbes potagères,
- mettre des artichauds,
- semer des graines de melon, concombre, citrouille,
- faire les tontures des allées et palissades, du parc et parterres,
- tenir les allées du jardin et parc nettes en tous temps
- labourer celle de l'espalier deux fois par an,
- remplir les fossés desdites allées tant de l'estoille qu'autres,
- entretenir les tapis, tant des grandes que des petites,
- regarnir les deffaults qui se trouveront auxdites palissades, dont il prendra les plants dans le parc,
- entretenir la cerisaye de labours,
- aussi entretenir de fossés et rigoles pour escoules les eaux,
- labourer et entretenir de deux labours les pépinières dudit parc, et enter les sauvageons qui se trouveront,
- labourer et esplucher les arbres fruitiers qui sont dans le parc et jardin,
- tailler le muscat qui est dans le parc,
- oultre le preneur s'est obligé de mettre en estat la grande allée qui est le long du chemin de Paris, et rendre pareille aux autres, ensemble les quatres allées qu'on prétend faire dans le bois qui est un trait carré dans l'estoille. Pour cet effet coupera les arbres pendant l'hiver et arrachera les souches, enfin les rendra pareilles aux autres dedans deux ans.
- entretenir l'allée de la cerisaye pareillement que celle du parterre après que le seigneur l'aura fait sabler,
... et ce moyennant 180 livres. ne pourra ledit Doucet entreprendre ouvrage ailleurs, travailler sinon dans son jardin seulement ...
L'intérêt de ce marché qui semble être une fastidieuse énumération tient en deux remarques:
- la première est la continuation de la culture des concombres, melons, artichauds, et autres légumes ainsi que la présence de raisin muscat,
- la seconde réside dans l'analyse des termes employés et relatifs au parc, c'est-à-dire que ce dernier est constitué d'allées en étoile avec un carré dans l'étoile. En regardant le plan du XVIIIe siècle, on retrouve la même géométrie!

Le même jour, le seigneur fait un échange de terres sans grand intérêt avec Guillaume Couppel, prêtre vicaire de l'église Notre-Dame de Janvry.

Ce seigneur va laisser son empreinte sur les lieux. Après le parc, il procède à l'aménagement des fossés du château: Catherin Mesnager, fendeur de grais demeurant à Gif, lequel a ce jourdhuy fait marché à Pierre Ferrand, seigneur de Janvry, de fendre et fournir de grais qui seront nécessaires pour lesdits fossés de son chasteau dudit Janvry, moyennant la somme de 28 livres du cent de quartiers de grais, lesquels seront de pareille largeur que les murs sur lesquels on les apposera sur la plus grande longueur qu'il pourra, et aux conditions que ceux qui auront trois pieds passeront pour deux, et que ceux qui auront deux pieds ne passeront que pour un, de payer audit Mesnager au fur & à mesure qu'il avancera son ouvrage, sera tenu ledit entrepreneur de livrer lesdits quartiers en place comode pour charger aisément sur une charette en baillant un homme qui l'aidera ... fait en présence de Guillaume Gohory secrétaire dudit seigneur, Pierre Le Soeurre domestique de Mr de Beaufort.

Notons qu'à la même époque un marché analogue est passé par les marguilliers et le curé de Janvry pour l'aménagement du cimetière (1). Rappelons que, dans l'inventaire après décès de Pierre Ferrand, il était fait mention des devis des ouvrages de massonnerie, de boys, de taille et bugue qu'il convient de faire pour le chasteau de Janvry avec lesquels sont attachés les desseings dudit chasteau. Les marchés correspondant n'ont pas été retrouvés malgré des recherches dans l'étude de son notaire parisien sur une quinzaine d'années...

Comme c'est la coutume, le nouveau seigneur, présente ses foy et hommage au seigneur de Buc dont Janvry relève: Messire Pierre Ferrand, conseiller du roy en sa cour de parlement de Paris, seigneur de Janvris , s'est transporté par devant Messire Guillaume Hébert, aussi conseiller du roy , seigneur de Buc et lui a fait la foy & hommage à cause de sa terre et seigneurie de Janvris à luy appartenant par la démission que Messire Michel Ferrand son père luy en avoit faict par son contrat de mariage .... ledit foy & hommage fait en une seule fois, le fief consiste en:
- château fermé de fossés à eau, basse cour, jardin et parc, l'allée qui est au dehors du parc plantée en arbres fruitiers en allant vers Montfaucon,
- 87 arpents de terres labourables en quatre pièces, la première appelée la mare David pour 22 arpents, la seconde 30 arpents en dessous de ladite mare, la troisième au petit Chantecocq pour 7 arpents, la quatrième au dessous de la précédente pour 28 arpents,
- tous droits de justice moyenne & basse,
- 15 livres de cens et quatre poullets

Mention d'arr
ière fief pour le Petit Fresneau, Boissy le Rassicot et la Brosse. Ce document présent pour une fois l'intérêt par sa description, on a la confirmation de l'aménagement des douves.

Pour lui faciliter la vie ses parents lui allouent 1.500 lt de rente annuelle.

Décidemment ce seigneur ne reste pas inactif. Fin 1646, il fait avec Jean Carré, poulailler de Linois, le marché qui ensuit, c'est à savoir de repeupler à neuf le colombier dudit sieur de pigeonneaux jeunes dans la volée du mois de mars prochain au choix du seigneur, enlèvera les vieux pigeons du seigneur quand bon lui semblera en prenant deux douzaines et demy desdits vieux et rendre une douzaines de jeunes pour eddiffier deux douzaines et demy à la charge par ledit Carré de nourrir les jeunes jusqu'à ce qu'ils soient capables de se norrir aux champs. Fait à Janvris en présence de Zacharie Durand, domestique et Simon Donet jardinier. Le 11 juin, ledit Carré reconnait avoir reçu dudit seigneur la quantité de 52 douzainnes de vieux pigeons, de la ruine et démolition de son colombier... Le 18 aoust ledit Carré, a confessé avoir reçu 89 livres du seigneur venant en déduction du marché .

L'année suivante, pour ne pas être contraint par la gestion de ses biens, il s'adresse à Guillaume Gausselin, procureur en la justice et prévosté de Janvry et à Marie Vadureau sa femme, et leur baille pour l'espace de neuf ans, la terre et seigneurie dudit Janvris se consistant:
1°) 150 arpents ou environ pour la ferme du chasteau,
2°) 92 arpents environ dépendant de la ferme du Petit Marchais, dont 9 arpents sont baillés à Simon Doucet,
3°) la quantité de 50 ou 60 arpents de bois taillis dépendant de ladite seigneurie,
4°) item une autre ferme se consistant en maison, granges, estables, couvert de thuile et chaulme assis à la Brosse avec la quantité de 55 arpents ou environ de terres labourables.
5°) item une autre ferme et mestairie scize audit lieu de la Brosse, se consistant en maison grange estable bergerye, pressoir, cour jardin, 240 arpents de terres labourables.
6°) item 6 arpents de pré sciz en la prairie de Bruyères le Chastel ....
Et pour le logement diceux preneur, sera dans le pavillon dudit chasteau et dans la basse-cour , scavoir la cuisine ... laisser seulement au sieur bailleur un lit et meubles où le seigneur bailleur pourra coucher ou ses amis quand bon lui semblera... Comme aussi le bailleur délaisse les cens lods et ventes jusques à 30 lt, le parc et colombier dudit chasteau, à charge par le preneur de fournir 5 douzaines de pigeonneaux tant du colombier dudit janvry que de celui de la Brosse.
Ledit bail fait moyennant la somme de 2.400 lt à payer au bailleur en sa maison de Paris .... La vendange des vignes du chasteau se fera au pressoir de la Brosse et le vin rapporté au chasteau.

La seigneurie s'est accrue d'une quantité impressionnante de terres qui seront détaillées dans les chroniques spécifiques à ces fermes. Ce dynamique personnage s'occupe également d'élevage il conclue deux baux à titre de loyer & moitié de croix de troupeaux de bestes à layne:
- le premier avec Pierre Laudermain laboureur de Gometz, la quantité de 80 bestes à layne ...
- le second avec Charles Baudin laboureur de Pecqueuse, la quantité de 50 bestes à layne.

À partir de 1648, Pierre Ferrand, porte désormais le titre de seigneur de Janvriis & de la Brosse en raison de ses acquisitions à la Brosse (4). Son choix du bail de la seigneurie ne s'est pas avèré judicieux, il s'adresse cette fois à un marchand. Il baille volontairement à titre de loyer et de moison de grain jusqu'à neuf années, à Denis Daultier, marchand demeurant à Chastres, et Marguerite Buffeteau sa femme, la terre & seigneurie dudit Janvriis circonstances et dépendances consistant ... Les termes du bail sont analogues à celui de 1647.

L'année 1649, voit le décès d'Anne du Tixier, mère du seigneur de Janvry. Notons également un fait rare: Gilles Gratien, marchand est collecteur des tailles de Janvry, reconnait l'emprisonnement fait en la personne de Jacques Debrye, escroué aux prisons de la justice de Janvry, à la requeste du collecteur des tailles de l'eslection de Paris, pour la somme de 170 livres, et ce jourdhuy descharge ledit Jacques Debrye dudit emprisonnement se mettant en son lieu et place aux prisons dudit Janvry jusqu'à l'entier paiement dicelle somme...

L'année suivante, Pierre Ferrand recherche cette fois la distinction de sa seigneurie. Il obtient de Gaston, fils de France, duc d'Orléans et seigneur de Montlhéry, la concession de la haute justice avec le tabellionnage dans toute l'étendue de la paroisse de Janvry. Une condition est néanmoins liée à ces droits, les appellations ressortiront par devant le prévôt de Montlhéry. En 1671, des lettres patentes de ladite justice seront enregistrées à la chambre des comptes de Paris. Y a-t-il eu une relation entre ces faits?

Fin 1650, Pierre Ferrand procède à deux acquisitions:
- La première, avec Pasquiette Durand veuve de Thomas Jubin concerne 70 arpents à la Brosse en une multitude de pièces moyennant 900 lt.
- La seconde, avec damoiselle Marie Robin, veuve de deffunt Pierre Lenoir, vivant escuier, sieur de Penevar, demeurant à Paris paroisse Saint Benoist, laquelle vend à Pierre Ferrand, seigneur de Janvris, ..., 30 livres de rente sur une ferme appelée la Chevallerie
(2) , size au terroir de Janvris consistant en maison appliquée à plusieurs bastimens et 150 arpens tant de terre labourables que bois & prés à elle appartenant par l'eschange fait avec son deffunt mary & elle d'une part & René du Belloy, vivant évesque de Troyes demeurant en ladite ferme . La vente faite moyennant 500 lt.

La dame de Janvry apparaît pour la première fois en 1651, dans un bail de vache. Elle délaisse à titre de loyer et quantité de beurre pour trois ans à Nicolas Jupin, marchand de Janvris, une vache à lait, moyennant 20 livres de beurre par an.

Son mari se préoccupe de l'alimentation en eau des habitants, il finance la construction d'une machine à tirer l'eau du puits de Janvry (3). En fin d'année nous trouvons le dernier acte réalisé par Pierre Ferrand qui concerne un échange de terre fait avec Henry Guimard, marguillier de l'église de Janvris avec l'avis de messire Nicolas de Goullet, prestre curé de ladite église, Jacques de Briis, Jehan de Briis, Gilles gratien, Jehan Panetier, Jehan Chapelle, tous assemblés faisant la plus grande partie des habitants lesquels ont fait eschange permutation, le seigneur délaisse un quartier et demy de terre champtier de la grande allée derrière le parc ...

 

Hélène Gillot dame de Janvry

Nous sommes en juin 1652, en pleine période de la Fronde, les maladies contagieuses et la dysenterie sévissent. Pierre Ferrand a-t-il été victime d'une de ces maladies, il décède entre juin et juillet.

Son inventaire après décès est fait à la requête de son épouse et du père du défunt Michel Ferrand, curateur au ventre & postume dont ladite dame de Janvris est enceinte... C'est un document classique d'où nous ne retiendrons que les postes sortant de l'ordinaire:
1°) à Paris en l'hôtel rue des Rats:
- 5 muids de vin de Bourgogne,
- 1 muid de vin de Beaulne,
- les deniers comptants: 710 louis d'or, 108 escus d'or, 3892 livres ... le tout 12.922 livres!
- une paire de p
istolet d'ébène à bout d'argent. Une autre paire de pistolets façon Paris,
- l'hôtel parisien compte trois étages,
- l'époux faisait chambre à part et logeait au second étage.
- une petite chapelle jouxte la chambre de l'épouse.
Dans les papiers du défunt notons la cotte 23 quatre pièces attachées ensemble, qui sont devis des ouvrages de massonnerie, de boys, de taille et bugue qu'il convient de faire pour le chasteau de Janvry avec lesquels sont attachés les desseings dudit chasteau.
2°) à Janvris
Curieu
sement, aucune mention d'un inventaire fait dans le château, ni des autres biens?

D'après plusieurs remarques faites au cours de l'inventaire, on sous entend que l'harmonie ne règne pas entre Michel Ferrand et sa bru. Cette dernière a ensuite attendu que le calme revienne en France et a choisi ensuite de vivre sous un autre toit, en l'occurrence Janvry. On l'y retrouve fin 1653 dans une quittance de rente à la dame de Janvris par Jehan Pannetier, vigneron. Notons les qualités de la veuve: elle agit au nom et comme tutrice de Hellenne Ferrand, fille mineure de deffunt Pierre Ferrand et d'elle...

L'année suivante, Denis Moulin, fendeur & paveur de gresserie, demeurant à Briis, confesse avoir entrepris et fait marché avec madame de Janvris de faire et paver la cour principalle du chasteau dudit lieu, ou bon semblera à ladite dame, à charge par ledit Moulin d'employer tout ce qu'il trouvera de vieux pavés dans ladite cour, à raison de 18 sols la thoise, et pour le surplus qu'il faudra, pour parfaire ledit ouvrage, s'est obligé ledit Moulin de fournir de pavés neuf et iccelluy employés aux lieux qu'il conviendra à raison de 50 sols par chaque thoise,... à charge par ladite dame de fournir de chaux et sable qu'il faudra pour lesdits pavés... témoin Nicolas de Goullet prestre curé dudit Janvry. Cette femme va continuer l'entreprise d'amélioration du château et de ses abords.

Elle n'oublie pas pour autant les devoirs de vassal qu'elle doit au seigneur de Buc et en 1655, elle obtient un accord de souffrance pour la terre et seigneurie de Janvry, comme tutrice d'Hélène Ferrand, pour sa fille par Hélène Gillot jusqu'à sa majorité.

Au quotidien, elle baille un troupeau à moitié de croix de 200 bestes à laynes. Egalement elle passe un marché d'entretien des toitures tant du château, que du colombier que des fermes. Le marché d'entretien des jardins parterres et parc est renouvelé à François Bessin moyennant 200 livres.

L'année suivante, pour finaliser le droit d'exercer la haute justice, obtenu par son mari en 1649, elle fait dresser un procès verbal par Guillaume Dode, lieutenant au baillage de Limours, et également au baillage de Janvry. Un rappel est fait des droits de haute justice obtenus, et ensuite, est dressé le constat d'un auditoire pour y faire rendre la justice, comme aussy les lieux pour planter les pilliers et fourches patibullaires et le poteau et carcan accordés audit sieur de Janvry, et pour faire planter iccelluy poteaux avec carcan, pilliers et fourches patibullaires audit lieu désigné par le procès verbal... C'est pourquoi il nous auroit requis et à nous transporté au milieu du carrefour de la Croix pour y mettre et planter iceux et mettre et attacher ledit carcan... Janvry est devenu une seigneurie à par entière!

En 1657, la dame de Janvry prend les services d'un maçon réputé, Jacques Jagu qui vient de réaliser le château de Bellejame à Marcoussis. Le marché proprement dit n'a pas été retrouvé, néanmoins comme notre spécialiste sous-traite certains travaux, on peut avoir une idée de ce qui se construit. Jagu fait marché avec Jehan Lebon, masson limozin. Les travaux concernent des ouvrages au bout du parterre du jardin, déplacement de terre, faire de la chaux, fendre, desmollition qu'il convient de faire tant aux ponts qu'en autres lieux... la somme allouée est de 250 livres donc un travail conséquent.

Le même mois un second marché de sous-traitance concerne cette fois les arches du pont du château. Sont concernés Jehan Bartol et Pierre Dumas massons limozins, le marché est cette fois plus clair, il s'agit de deux arches qui font cintre du pont de la porte du costé de la Brosse ainsi qu'un pignon à un ferme de la Brosse. Jagu fournira le cintre nécessaire à la construction de l'arche, le marché est conclu moyennant la somme de 105 livres.

Janvry est en plein travaux, Jacques Jagu, maître masson, refait également le presbytère à la demande du curé Nicolas de Goullet (6).

La même année, le procureur de Messire Jean de Baillon, seigneur de Louans et du fief de la Brosse, du Petit Fresneau, Boissy Rassicot, se présente devant la porte du chateau de Janvry, demande dame Hélaine Gillot veufve Pierre Ferrand, tutrice de damoiselle Hélène Ferrand leur fille, dame de Janvry. C'est Henry Guignard recepveur de la dite dame qui le reçoit. Le procureur présente la foy et hommage classique pour le fief du Petit Fresneau et Boisy Rassicot. Il propose également de faire l'aveu et démembrement dans le temps de la coutume mais surtout il demande la main levée de la saisie féodale que ladite dame a fait sur lesdits fiefs! Il se plaint qu'il a rendu ces hommages à Montlhéry (encore une conséquence des abus de Josias de Rouen qui agissait au nom du seigneur de Montlhéry). Deux mois après, cette fois c'est Jean de Baillon, lui-même, seigneur de Louans, qui se présente et c'est Anthoine Landais, procureur fiscal de Janvry qui le reçoit pour l'aveu et dénombrement et aussi pour recevoir les protestations contre la saisie ... qui est valable!

En 1658, haute & puissante dame Hélainne Gillot, ..., de présent en son chasteau de Janvris, baille des terres... l'intérêt de l'acte, la mère de la dame de Janvry est devenue haute et puissante. D'autres actes concernant les fermes montrent que la dame de Janvry en assure la gestion.

En 1661, une mise au point est faite entre les habitants et la dame de Janvry. Les faits remontent du vivant de Pierre Ferrand. Ce dernier avait fait construire autour de son chateau et basse-cour d'icelluy, notamment du costé du presbytère dudit lieu, des fossés à eau de grande largeur et proffondeur qu'ils sont encore de présent , et qui pour ce faire avoient pris du consentement verbal de deffunt Mathieu Petrau anciennement prestre curé de Janvris, et des principaux habitans dudit lieu, quelques petites parties de la cour du presbitaire, pour accroitre la voye et chemin au lieu de partie d'icelluy qui auroient esté pris pour faire lesdits fossés du costé dudit presbitaire. La dame dudit Janvry, tutrice de sa fille mineure Hélène Ferrand, lesquels pour éviter aux différents et procès qui pourroient avoir donne un demy arpen au jardin du sieur curé, tenant à ladite dame.

L'année qui suit, Hélène Gillot, demeure rue Saint-Antoine, paroisse Saint-Paul. Elle agit toujours comme tutrice de sa fille mineure. De présent en son château seineurial, elle convoque son tabellion et baille à titre de ferme et prix d'argent, jusqu'à six ans à Jean Arsac, laboureur demeurant à la Poitevine, c'est à savoir la terre & seigneurie de Janvris, cens, rentes, péage, avec 300 arpens de terres labourables, 13 de prés, 90 de bois taillis friches pastures, avec les bastimens de la bassecour du chasteau, occupés actuellement par Jean Guyot, à l'exception de la ferme de la Brosse, et du chasteau de Janvris, jardin et parc d'icelluy, coulombier, clos de vignes, petit plan de bois.., des droits d'aubaine déshérence bâtardise moyennant le prix somme de 1.800 livres à payer en son hotel à Paris. Mention est faite de replanter des arbres pris dans la pépinière de la Brosse. La dame prête également trois chevaulx, garnis de leur collier pour 180 livres, un cent de bestes à laine moyennant 400 livres. Également de pouvoir faire le cidre au pressoir de la Brosse appartenant à ladite dame.

Au début de l'année 1665, un autre procès-verbal concerne la haute justice dans toute l'étendue de la paroisse de Janvriis. Nicolas Vadureau, ancien procureur au baillage de Janvriis, assisté de Claude Legrand nostre greffier, sommes transportés en nostre auditoire ou seroit comparu Guillaume Gohory, secrettaire de Messire Michel Ferrand, comme ayant charge soi-disant, de dame Hélène Gillot, ... comme tutrice d'Hélène Ferrand ... ( rappel du contenu du premier PV, la haute justice s'étendant dans tous les hameaux de la paroisse) ... plantation d'un poteau avec ses armes au carrefour principal dudit Janvriis en 1656, ... avec ledit Gohory sommes transportés aux lieux cy après déclairés:
- à l'encoignure d'un clos de hayes vives despendant de la ferme de Fresneau, le sieur Gohory auroit fait planter un poteau de neuf pieds de hault auquel a esté apposé les armes de ladite dame...
- sur le chemin de Marivaux à Chastres, au dela de l'enclos du jardin dudit Marivault, ... planté un poteau de pareille haulteur,
- au lieu de la Bro
sse, proche la maison des héritiers Couppel, entre les deux chemins de la Brosse à Vollaron, et de la Brosse à Chevreuse, ... planté poteau de pareille haulteur...
Fait en la pr
ésence de Nicolas de Goullet, prestre curé et de plusieurs habitans... Plus rien n'arrête Hélène Gillot et nous verrons que le meilleur reste à venir dans la prochaine chronique.

Le château n'est pas encore digne de cette dame. En 1667, de présent au chasteau seigneurial, elle fait marché, avec Maturin Mathieu et François Nanot, massons demeurant à Lymours, des ouvrages qui ensuivent, c'est à scavoir:
- desmolir entièrement le pont qui est au devant de la grande porte de la basse cour, le refaire et restablir tout à neuf, à la réserve des pieds droits des arches dudit pont en cas qu'ils soient bon, faire les pieds plus hauts qu'il ne sont actuellement, crespir le dehors et le dedans dudit pont,
- s'obligent à retirer dedans les fossés la graisserye servant de bahuts crappins qui s'y trouveront, repiquer et retailler iceux & les replacer aux endroits où il conviendra,
- desmolir et refaire de neuf un pan de muraille attenant et proche dudit pont du costé du cimetière, pour retenir et soutenir la terre jusqu'à l'angle du costé de l'église aussi avec chaux et sable
(dito pour la graisserye tombée), pour tenir et soutenir la terre jusqu'à l'angle du costé de l'église,
- item la graisserie qui estoit sur les murs servant d'appui,
- paver les troux autour des fossés,
- paver en plusieurs endroits la chambre du jardinier,
- refaire le ceintre de la porte charretière de la ferme de la Chevalerie,
- boucher les trous de boullin qui sont autour des fossés où les piegeons font leur nid aussi reboucher les trous de la basse cour cour qui sont dans la vacherie,
- refaire les appuis de graisserye qui sont autour du canal, ...
Fournir tous les matériaux, moyennant 280 livres, présents Nicolas de Goullet prestre curé et Jehan Arsac receveur de la terre & seigneurie.
Le curé doit être une personne proche de la Dame de Janvry! Les travaux débutent, on vide l'eau des fossés, la dame voyant les immondices fait marché avec Jean Panettier, Jean Goutet et Charles Nicolas, manouvriers demeurant audit Janvris: c'est à savoir que ces derniers s'engagent de tirer et jeter dehors toutes les boux et immondices qui sont au fond des fossés qui enclose le chasteau et la basse cour, les curer et nettoyer bien vides et fouiller jusqu'au fond, rendre bien net comme neuf, moyennant 240 livres.

Afin de pas rendre le récit trop indigeste les baux des fermes de la seigneurie sont volontairement ignorés et seront repris dans les chroniques les concernant.

En 1671, la chambre des comptes à Paris recommence ses tracasseries, elle fait saisir la terre de Janvry. Hélène Gillot est contrainte d'adresser une supplique rappelant qu'en 1576 appartenoit aux enfants de feu Jehan de Baillon, seigneur de Janvry, conseiller du roy & trésorier de son épargne, ladite seigneurie, Pierre de l'Estoille & Guillaume de Baillon tuteur et curateur desdits enfants ont demandé au seigneur de la terre de Buc dont relève Janvry, souffrance pour lui rendue par les mineur la foy & hommage, aveu et dénombrement feraient à l'âge de leur majorité ... Evidemment elle avait raison et ne pouvait relever de Buc et du roi pour un même bien.

La même année, la dame de Janvry baille la terre et seigneurie. L'intérêt de l'acte: le lieu où demeure ladite dame faubourg Saint-Jacques, au couvent & monastère des filles de la Visitation de Sainte-Marie, paroisse Saint-Jacques. Le bail classique est accordé à Gilles de Brie marchand laboureur demeurant à Saulcier paroisse de Saulx et Marie de Crécy sa femme, l'étendue des terres louées est maintenant de 300 arpents de terres, 120 de bois, et les preneurs logeront dans la basse-cour du château. Item les preneurs jouiront du colombier estant dans le parc du chasteau. Le bail fait moyennant 2.000 livres. Notons la condition de charrier les pierres pour les réparations du château.

La prochaine chronique sera consacrée à sa fille, Hélène Ferrand, devenue émancipée d'âge. Sa mère ne décèdera qu'aux environs de 1706.

À suivre ...

 

 

Notes

(1) Acte qui sera détaillé lors d'une chronique sur l'église.

(2) Cette ferme, adjacente à l'église, sert actuellement de centre culturel et de loisirs.

(3) Ce document sera repris dans l'histoire du puits de Janvry.

(4) Suite à venir de la chronique du fief de la Brosse.

(6) Ce document sera détaillé dans la chronique à venir sur le presbytère.

 

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