Les seigneurs de Janvry (1763-1815)

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis------------------ -----------------ajout juillet 2012 - mai 2012

Extrait du plan napoléonien de Janvry.

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est le neuvième volet de l'histoire des seigneurs de Janvry. Nous nous étions arrêté au décès de Gérard Heusch. La chronique reprend avec son légataire universel le duc d'Ayen.

 

 

Louis de Noailles, duc d'Ayen

Reprenons une des dernières dispositions de Gérard Heusch qui institue son légataire universel, le duc d'Ayen, capitaine des gardes du roy .

Louis de Noailles, attend un an avant de vendre les biens de Gérard Heuch, la raison en est simple, il lui faut obtenir le renoncement des cinq héritiers collatéraux. Cela obtenu, très haut & très puissant Monseigneur Louis de Noailles, duc d'Ayen, marquis de Maintenon,...., lieutenant général de ses armées, premier capitaine des gardes du corps de sa majesté, gouverneur et capitaine des chasses de Saint-Germain-en-Laye, légataire universel de feu Messire Gérard Heusch, écuyer, seigneur de Janvry, demeurant en l'hôtel de Noailles, rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Roch, lequel a vendu à Messire André Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay ...., conseiller secrétaire du roy maison & couronne de France et de ses finances, demeurant rue du Boulloy paroisse saint-Eustache, les terres seigneuries, maisons, fermes, terres, sçavoir:
- la terre & seigneurie de Janvry, consistant en un château, plusieurs bâtiments, colombiers, fossés revêtus de pierres, parc fermé de murs, fermes, terres, prés, fiefs, arrière-fiefs, censives, rentes, haute moyenne et basse justice, droit de tabellionnage et de greffe, droit de chasse,
- le fief de la Brosse, bâtiment & logement du fermier, terres ....
Ces biens venant du marquis de Saint-Germain-Beaupré,
- le fief terre & seigneurie de Fresneau consistant en batiments, terre et 160 arpens, plus 130 arpens de terre bois et prés composant divers fiefs et 100 arpens de brières et terres en friches,
- une maison au fief du petit Fresneau, bâtiment, jardins clos de murs, plus 50 arpens,
- une maison à Chantecoq, bâtiments, grange, écuries, ...
- le fief de Bligny, batiments, jardin, ...
- le fief d'Invilliers, composé par la plus grande partie de la ferme de Mulleron, relevant de l'abbaye du Val Notre-Dame de Gif. Le surplus de ces terres et les précédentes composent la ferme de Bligny soit 260 arpens,
- 260 livres de rentes...
Le duc d'Ayen laisse également les glaces, boiseries, embellissements, meubles, qui restent dans les chateaux de Janvry et Bligny. La vente faite moyennant 475.000 livres
A la fin de l'acte, une estimation des revenus de la seigneurie et notamment des fermes de Bligny, Mariveaux, la Brosse, petit Fresneau et Janvry.

 

 

André Haudry

Rappelons que ce personnage a rédigé son testament huit jours avant l'achat au duc d'Ayen. L'année suivante, Jacques Susanne, notaire et procureur à Montlhéry, est pourvu de l'office de bailly de la haute moyenne justice du lieu de Janvry. Il a obtenu des lettres de provision d'André Haudry, l'un des fermiers généraux de sa majesté.

En 1766, le nouveau seigneur de Janvry se rend au baillage de Versailles, André Haudry, écuyer, ..., demeurant à Paris, rue du Boulois, paroisse Saint-Eustache, lequel a porté au roy la foy et hommage et serment de fidélité pour raison des terres, fief et seigneurie de Janvry, composé d'un château, plusieurs autres bâtiments, colombier, fossés revêtus de pierres, parc fermé de murs, terre, prés, censives et rentes seigneurialles, moyenne et basse justice, relevant le tout du domaine de cette ville dont la seigneurie de Buc a été réunie en 1693. Ledit Haudry dit qu'il ne fait aucune offre des droits dûs à sa majesté pour raison de mutation, attendu que Mr le duc Dayen étant depuis longtemps chevallier aux ordres du roy, ce que luy étant secrétaire du roy du grand collège, il renferme un double motif d'exemption de ces droits.

 

 

Le même jour, l'aveu est fait au roi à cause de son château, jardin, grand et petit parc de Versailles et de Marly, dont relève la terre de Buc et par suite celle de Janvry acquises par Louis XIII et XIV pour former les parcs et jardins de Versailles en décembre 1693. Le domaine consiste:
- un château couvert en thuille, flanqué de six tourelles quarrées couvertes en ardoises, entouré de fossés revêtus en pierres, grande cour d'entrée précédé d'une avenue de cinq à six cents toises de long, plantée en quatre rangs d'arbres dans les terres,
- devant et à côté duquel château est un parc d'environ soixante arpents clos de murs, dont partie est en bois de moyenne futaie et le surplus en un ancien parterre, plusieurs potagers en terre semé en luzerne à côté duquel château du côté du parc, se trouve assez proche une porte d'entrée dans la chapelle seigneuriale qui est dans l'église paroissiale à côté du choeur.
- item plusieurs bâtiments couverts en tuille et joignant le château qui sont appliqués en conciergerie, écuries, remises, granges et étables, tant pour le service du château que pour l'exploitation de la principale ferme.
- item plusieurs autres bâtiments, cour et jardins qui sont dans la campagne et qui servent à l'exploitation des autres fermes.
- item 20 livres et plusieurs poules de censive,
- ladite terre forme un continent d'environ 1.598 arpents à la mesure de 18 pieds pour perche.
Le fief de la Brosse est séparé de ladite terre de Janvry et relève de la seigneurie de Vaugrigneuse.
Le fief du grand Fresneau consistant en plusieurs bâtiments avec 160 arpents et relève de la seigneurie de Monceaux réunie au comté de Pontchartrin.
Suit une description de plusieurs pages de l'étendue de la seigneurie.

Le seigneur s'est préoccupé de son principal suzerain le roi , il a négligé le seigneur de Vaugrigneuse, Guillaume de Lamoignon, ce dernier lui signifie un blâme! L'aveu envoyé en début d'année est inexact et André Haudry rend un nouvel aveu du fief de la Brosse (1).

En 1767, Janvry change de curé, Jacques Susane, tabellion de Janvry enregistre la prise de possession de la cure par Louis Jacques Auffroy, prestre, bachelier en Sorbonne. Le rituel est classique: libre entrée en ladite église, par la principale porte dicelle, le toucher de ladite porte, prise d'eau bénite, prière à Dieu faite à genoux devant le maître autel, baiser dudit autel, toucher du tabernacle, du pupitre, des fonds baptismaux, de la chaire à prêcher, du confessionnal, son des cloches, séance en la place affectée au sieur curé, tant au choeur qu'au bureau de l'oeuvre, chant du Te Deum Laudamnus, exhibition et lecture des lettres de provision ...

Nous renvoyons le lecteur à la chronique sur Soucy, où le détail de la vie d'André Haudry ainsi que celle de son fils André Pierre sont développées plus amplement.

Notons le bail de la ferme de Marivaux en 1768 avec la perception des dixmes de Loppigny (1).

Pour terminer avec le père, avec mon testament a été joint un état estimatif de mes terres:
- Soucy a été acheté 183.000 livres? Fontenay 200.000 livres, le fief de Marivaux 62.000 livres ... revenant au total à 625.000 livres.
- Janvry le prix total de l'achat est de 475.000 livres, plusieurs experts que j'ai envoyé avant et depuis l'acquisition se sont accordés à dire qu'il y avait en bois de hautes futayes pour au moins 120.000 livres ... Soit un total de 1.000.000 livres.
- Segrez ... 120.000 livres.

André Haudry décèdera entre le 30 décembre 1769, date du dépôt du testament, et le 4 janvier 1770, jour du début de son inventaire après décès. Si on prend en compte Guilhermy , il ne reste plus que le 30 ou le 31 décembre comme dates possibles.

 

 

André Pierre Haudry

Ce chapitre ne comporte que les actes spécifiques à Janvry. Lorsqu'il vient dans la région, ce personnage demeure au château de Soucy. Le château de Janvry comporte le baillage seigneurial et le tabellionage et sert de lieu pour passer des actes:
- en 1771, il baille la ferme de la Brosse pour neuf ans à Pierre Machelard (1) avec 350 arpents moyennant 2.400 livres. À noter que le fermier viendra s'approvisionner en arbres fruitiers dans la pépinière du château de Soucy. Également il fournira les voitures nécessaires pour remplir les glacières dudit château.
- en 1772, André Pierre Haudry de présent au château de Janvry fait marché avec Jean Richelet, carrier paveur, pour le temps et espace de neuf années, c'est à savoir d'entretenir le chemin pavé neuf que le seigneur a fait faire depuis peu, allant de Mulleron audit Janvry y compris le retour pour aller à la ferme de Fresneau.
- En 1773, le seigneur de Soucy se rend au château de Janvry pour établir le bail de la ferme de Fresneau à Jean Baptiste Divivier, laboureur y demeurant 293 apens , également 193 arpens de la ferme de Marivaux moyennant 5901 livres (1) .
- Il procède le même jour au bail de la ferme vis à vis l'église, appelée le petit Fresneau, à Janvry à Madeleine Debrye, veuve Chartier avec 448 arpens moyennant 5580 livres (1) .
- Notons que le fermier de la Brosse est le marguillier de l'église de Janvry. La famille Machelard est également présente dans les fermes de Marivaux et Ollainville.
- La même année, comme to
us les syndics de la châtellenie, Michel Bonneteste établit la liste des feux de la paroisse au nombre de 64.

 

 

En 1775, un bornage des terres est fait entre les seigneurs de Marcoussis et de Janvry. Laurent Poullet, procureur fiscal & régisseur de la terre & seigneurie de Marcoussis et Nicolas Daussy notaire greffier de Janvry représentant leur seigneur sont présents. Ils font référence à un bornage de 1573 fait par Guillaume Bellesoeur tabellion et greffier du baillage de Marcoussis . Quelques anciennes bornes sont retrouvées . Un sentier de trois pieds a été créé passant de bornes en bornes... Un plan est annexé au document (absent!). Sont ainsi décrites 33 bornes qui sont aussi à rapprocher de celles qui sont décrites pour délimiter les communes des plans napoléoniens. À utiliser pour les chercheurs de bornes de la région.

En 1776, André Pierre Haudry se rend à Marivaux pour porter foy hommage et serment de fidélité à Edmont Huet, commandeur du Déluge pour le fief de Marivaux (1).

L'année suivante, il rend l'aveu rendu au roi, à cause de sa terre de Buc située dans le parc de Versailles et réuni au domaine de ladite ville par édit de décembre 1693. André Pierre Haudry, écuyer, seigneur de Janvry et fiefs en dépendants, pour raison du château, domaine en censive composant l'ancien fief de Janvry, pour lequel une foy & hommage a été rendu en 1776 et plus anciennement un aveu en 1645. Le dénombrement comprend:
- le château seigneurial, cour, bastiments, basse-cour joignant au midi, le tout couvert de thuiles, clos de fossés remplis d'eau en partie, parterre et jardin, parc, prairie et bois contenant en fond de terre 38 arpents, clos de murs au pourtour
(fig 1 d'un plan non annexé!!)
Observe ledit avouant qu'au côté droit dudit château et près le parterre d'icelui, il y a un passage pour entrer à la chapelle seigneurialle qui est à côté du choeur de l'église, dans laquelle ledit seigneur a tous droits honorifiques de patronage.
- item une petite ferme dans laquelle sont les pressoirs et un collombier à pied, derrière l'église, jardin potager au long et au midi des murs du parc...
- Suit une liste de pièces de terre ...
- item la grande avenue en fa
ce du château plantée en arbres arrachés cette année ...
- item 30 arpents domaine de la ferme de Fresneau, le fief de Fresneau mouvant du seigneur de Pontchartrain. Ces 30 arpents formaient anciennement un fief dit de la Borne.
Les 37 articles ci dessus donnant un domaine de 442 arpents. S'ensuivent les censives, oboles, cens, poulles... L'ensemble du fief de Janvry représentant 573 arpents.
- Droits de justices moyenne et basse...

En 1778, un acte anodin mais intéressant le château de Janvry, le bail de ce dernier à un parisien. Messire André Pierre Haudry, écuyer, seigneur de Soucy, Fontenay, Janvry et autres lieux, demeurant à Paris, rue Montmartre paroisse Saint-Eustache, de présent en son château de Janvry, lequel fait bail à loyer pour six années, à Messire François Comte de Boyseuilh , mestre de camp de cavallerie, demeurant à Paris, rue de Bellechasse, faubourg Saint-Germain, la jouissance des lieux cy après:
- le château de Janvry ainsi que tous les bâtiments en dépendant, le tout environné & clos de fossés remplis d'eau en partie,
- item les potagers actuels dudit chateau et les fruits des arbres en iceux, ainsy que la maison servant de logement au jardinier,
- item des terres en labours dans l'enclos du parc ,
Le présent bail fait moyennant 1.800 livres comprend également le doit de chasse dans la terre & seigneurie de Janvry pour lui et ses amis. À été consenti de plus à mondit sieur de Boyseuilh, de faire faire dans le château et les bâtiments en dépendants, toutes les distributions et les arrangements qu'il trouvera à propos.
Un additif au bail le prolonge jusqu'en 1790.
 

Le mois suivant, c'est l'époque où les seigneurs reprécisent les limites de leur seigneurie. André Pierre Haudry comme seigneur de la Brosse et Catherine Mortier comme dame de Thuillières transigent amiablement les limites de leurs fiefs de Janvry, Thuillières et la Brosse.

 

Plan à rapprocher de celui du bornage entre Janvry et Marcoussis pour les 33 bornes.

 

En 1778, notons l'aveu des bois de l'Hôtel-Dieu qui se déroule dans une salle basse du château de Sainte-Geneviève-des-Bois... La description des origines du fief remonte jusqu'en 1556... Suit l'aveu: Nous sommes entré dans une salle basse... lequel fief devait douze ou treize livres parisis et huit poules de censive sur plusieurs maisons, masures, jardins, prés, terres assis à Janvry, Forges, Briis... mais qu'actuellement il ne reste plus que Janvry pour 52 arpens de bois taillis.

Côté vie locale en 1780, relevons à l'occasion du baptême d'Alexandre Weler, fils du garde chasse de Mr le comte de Boysseuilh, le parrain Alexandre fils du comte, et la marraine Marthe fille du comte. La mère desdits signe Estaing de Boysseuilh.

En fin d'année, André Pierre Haudry, en son château de Janvry, baille la ferme de Marivaux (1). Sa passion pour la danseuse Mademoiselle Laguerre, a eu raison de sa position sociale, il est ruiné et ses biens vont passer entre les mains de ses créanciers.

 

 

Janvry sous les créanciers d'André Pierre Haudry

En 1781, le fermier général a laissé ses biens à ses créanciers . Ces derniers obtiennent que les biens soient gérés par un fermier: François Grignon de Blaincourt, fermier judiciaire des biens saisis sur le sieur Haudry, seigneur de Janvry à lui adjugé à la barre de la cour du Palais à Paris le 12 juillet dernier, lequel fait bail à loyer pour trois ans, à René Chartier, tous les bâtiments de la ferme seigneurialle de la grande ferme de Janvry... les deux tiers des terres. Un second bail est fait à Claude Duvivier de la petite ferme de Janvry (derrière l'église) avec l'autre tiers des terres. Un troisième bail de la ferme de Fresneau est accordé à Jean-Baptiste Duvivier (1).

En fin d'année le vicomte de Boisseulh, locataire du château, assiste au mariage d'une demoiselle demeurant au château. Nicolas Subrain, musicien, d'une part et damoiselle Jeanne Boyeldieu, fille de Joachim, musicien, infirme, demeurant chez Madame la vicomtesse de Boysseuilh, en présence de Charles vicomte de Boysseuilh ...

Après avoir fait louer les biens de Janvry, les créanciers vont monter un dossier pour vendre cette terre. Ce mémoire a pour but de décrire les lieux pour un éventuel acheteur:
- situation à 7 sept lieux de Paris à 6 de Versailles, relevant du roy à cause de Versailles ,
- haute moyenne et basse justice relevant de Montlhéry,
- droits honorifiques dans l'église paroissiale,
- la chasse s'étend sur plus de 1.800 arpents, tant en bois qu'en plaine, fertile en gibier,
- sol très bon, bois en bon état.
La terre & seigneurie consiste en:
- château composé d'un corps de logis et de deux ailes, dans lequel il y a cuisine, office, salle à manger, salon, environ 12 appartements de maître,
- basse-cour séparée où il y a remise, écuries, chambre de domestique et autres commodités,
- le château entouré de fossés, une terrasse en face du chateau et un parcq clos de murs d'environ 40 arpens, potager planté à neuf depuis cinq ans, autre petit potager séparé d'environ un arpen. Ces éléments loués au comte de Boisseuil pour 1.800 livres.
- ferme de Janvris, batiments et 400 arpens de terre & 18 de prés loués 5.000 lt. Cette ferme est divisée en deux depuis deux ans,
- ferme de Fresneau avec 300 arpens de terre et 5 de pré louée 3.600 lt,
- ferme de la Brosse, bâtiments 300 arpens et 10 de pré louée 2.400 lt,
- ferme de Bligny, bâtiments avec 200 arpents louée 1.600 lt,
mention d'autres postes donnant un total de 21.800 lt de revenus.


Suivent des appréciations:
- l'église est en très bon état, près du château,
- il y a un vicaire, ...
le brouillon est suivi d'une refonte:
- les murs du clos biens crépis ,
- il n'y a point de puits au château, mais un tout proche de l'entrée, pour enroser il y a des puisards dans le potager qui ne tarit point,
- Janvris compte 50 à 60 habitants, y compris deux hameaux, ces derniers sont aisés,
- la fabrique dispose de 600 livres de rente pour les pauvres que Gérard Heusch, précédent seigneur, a fondé,
- le château de Bligny, enclos, loué 600 lt .

 

 

Guillaume Ignace de Joguet

 

 

Résumons la vie de ce personnage avant son arrivée à Janvry:
- En 1765, il se marie avec Marie Anne Louise Maréchal et apporte sa charge de maître de comptes pour 165.000 livres ainsi qu'une maison à Bordeaux.
- De cette union sont issus André Marie et Mari
e Louise.
- En 1771, sa femme décède en accou
chant d'une fille, Marie, enfant morte à trois jours.

Revenons aux créanciers, en 1784, ils ont créé trois dossiers, correspondant à trois adjudications, que deux dénommés Heussard et Geoffrenet acquirent aux enchères pour le compte de Guillaume Ignace Joguet:
- le château et les grande et petite ferme de Janvry,
- la ferme de Fresneau,
- la ferme de la Brosse.

Pour acquitter le prix de ces adjudications le nou
veau seigneur de Janvry va s'endetter. Le montant global représente 451.700 livres.
En août, 1784, Guillaume Ignace de Joguet, chevalier, maître ordinaire en sa chambre des comptes demeurant rue Thérèse paroisse Saint-Roch, constitue à André Eynaud , 850 livres de rente annuelle, remboursable 17.000 livres, la dite rente à prendre sur la terre de Janvry cy-après énoncée et sur tous les biens dudit Joguet. Ladite somme employée au paiement de partie du prix de l'adjudication à la barre de la cour de la terre de Janvry et autres lieux, abandonnés par André Haudry de Soucy, fermier général de sa majesté ... En décembre, le sieur de Joguet reconnaît devoir à :
- François d'Isangremel de Clérigny , 150.000 livres,
- Amélie de Glatigny, mineure, représentée par Spire Barbeau et Etienne Gigot, 158.000 livres.

Pour cautionner ces prêts les terres des trois adjudications sont hypothéquées.

Le nouveau seigneur s'installe, en 1786, il nomme un nouveau bailly, Guillaume Ignace de Joguet conseiller du roy, maître en sa chambre des comptes, seigneur de Janvriis, fief de Fresneau, la Brosse, salut faisons savoir que sur le bon rapport fait sur la personne de Jacques Susane, notaire à Montlhéry,... nous lui octroyons l'office de bailly à Janvry...

La Révolution arrive, les deux enfants mineurs deviennent émancipés d'âge, et devant notaire, leur représentant déclare qu'ils renoncent à la communauté et s'en tiennent aux biens de leur mère représentant 200.000 livres. Ils héritent chacun pour moitié de leur mère et aussi du tiers que leur soeur avait droit et qui a vécu trois jours; également ils ont hérité deux fois du côté maternel, cousin et bisaïeul. Leur père se retrouve de nouveau devant un problème de liquidités. Pour apurer la situation, le compte de tutelle des enfants est dressé. Un historique de la situation est rédigé, on apprend que le père a investi 40.000 livres dans l'équipement du vaisseau "le Dauphin" expédié pour la Chine, le même investissement pour un autre vaisseau " le Laverdy" également parti pour la Chine, enfin un troisième "le Durac" même montant même destination. Afin de conserver ses biens, terres et immeubles, il n'y a qu'une solution, constituer une rente à chaque enfant hypothéquant les biens du père. André Marie et Marie Louise de Joguet reçoivent ainsi 3.750 livres de rente annuelle, représentant une partie de leur héritage soit 75.000 livres.

À cette époque les biens appartenant tant aux religieux qu'à ceux de la paroisse vont être saisis par la Nation (1). La fabrique de la paroisse de Janvry va perdre, ses rentes, ses maisons, ses terres (54 arpents), qui permettaient, entre autres, d'instruire les enfants, de loger le maître d'école, et d'aider les pauvres...

Après la demande de rente de ses enfants, notre ex-maître des comptes, âgé de 68 ans, se rend à Bordeaux et revient marié à Marie Sophie Denor, suivant un régime de séparation de biens. Il la dote de 3.000 livres de rente. Les enfants ont dû apprécier...

La vie continue à Janvry, fin 1790, notre personnage est toujours qualifié de ses titres. Jacques Pasquier est décédé à la Brosse; ses héritiers doivent partager en raison d'une rente avec le sieur de Joguet du fait de son acquisition à André Pierre Haudry. Il devra être indemnisé pour 11 arpents.

Nous arrivons en 1793. Le sieur de Joguet a dépassé la "septantaine", les assignats apparaissent, il continue ses acquisitions:
- les héritiers Cranson propriétaire de la ferme Saint-Simon, sont obligés de vendre par adjudication, sur la licitation poursuivie entre les héritiers du sieur Louis Cranson, ancien marchand à Nogent-sur-seine, (héritier des biens de Simon Cranson & Elizabeth Langlois), à l'audience des criées du département de Paris, adjugé à de Lamarre, lequel a passé déclaration de ladite adjudication au profit du sieur de Joguet et de dame Sophie Marie Denort pour l' usufruit des biens, et une rente de 35 livres à la fabrique. Le montant atteint la somme de 106.200 livres. Le cahier des quittances du paiement montre un règlement terminé en brumaire an 2.
- par l'intermédiaire de Ricqbourg, notaire à Versailles, il se rend également acquéreur par adjudication des terres de la fabrique de Janvry.
Il oubliera de régler le montant et sera redevable envers la République.

Fin 1793, le vieillard oublie de déclarer sa présence à l'administration (inquisition républicaine!), on trouve dans les délibérations du district de Versailles, un état des propriétaires de la commune de Briis ? qui ne résident pas dans le département, desquels il appert que le citoyen Guillaume Ignace de Joguet, faute d'avoir satisfait à la loi du 8 avril 1792, a été compris sur la liste des personnes réputées émigrées; que ses biens meubles immeubles ont été mis sous séquestre. Au vu d'un certificat de résidence de la commune de Paris de la section de la Butte des Moulins attestant que ledit Joguet, qualifié d'ancien conseiller à la cour des aydes, demeurant depuis 1783 en ladite section, l'administration déclare que son inscription sur la liste est une négligence et que son nom sera rayé de la liste, ses biens dégagés du séquestre.

Les démêlées du sieur de Janvry ne sont pas terminées en juillet 1794, la section de l'homme armé à Paris entreprend une inquisition sans fondement à l'encontre de la famille de Joguet. Vu l'invraisemblable attaque, ce récit fera l'objet d'une chronique particulière le fils André, le père Ignace, la brue enceinte et d'autres sont incarcérés. Devenu inquiet à juste titre il constitue pour son procureur général, le citoyen Louis Péron, demeurant à Janvry, auquel il donne pouvoir de recevoir tous ses fermiers, locataires, rentiers, débiteurs, à cause de ses propriétés de Janvry, soit pour fermage, loyer, soit pour billet de toutes administrations, comme aussi pour vendre par adjudication ...

En décembre, ayant de nouveau exhibé ses papiers il obtient un arrêté du comité de législation de la Convention, commission des revenus nationaux, qui déclare que Joguet sera rayé définitivement de la liste des émigrés et que ses biens saisis lui seront rendus ...

Ses besoins de liquidités continuent en 1795, le citoyen Joguet fait procéder à la vente avec affiche par adjudication de douze arpents de pré en douze pièces se situant à Egly, Bruyères le Châtel, Villelouvette et Basville... La semaine suivante Nicolas Paille cultivateur à la Brosse lui rembourse une rente d'un principal de 488 livres en assignats!

Du côté administration, cette fois c'est Limours qui envoie un courrier mentionnant la radiation définitive de Joguet, au sommier des recettes, pour exécution et règlement des frais et restitution des sommes séquestrées. L'affaire aura duré près de trois ans. Ce n'est pas terminé, début 1796, on revient sur l'argenterie saisie en l'an 2 dans votre maison de Genvry par les membres du comité révolutionnaire de la section de l'homme armé,"comme armoriées" , ainsi que des pièces à l'appui de votre demande et particulièrement d'un procès-verbal dressé le 12 brumaire dernier au magasin des dépouilles des églises (où les objets ont ét déposés), à l'effet de constater soigneusement l'état de votre argenterie, je viens d'autoriser le garde général à vous remettre les objets non armoriés où dont les armoiries sont effacées, savoir:
- une épée à garde d'argent pleine, un couteau de chasse, quatre fusils de chasse, diverses pièces de monnoie et médailles, ..... quant aux autres objets sur lesquels subsistent des armoiries, ils sont confisqués.

Que se passe-t-il dans la tête du sieur de Janvry? il avait délégué à Louis Peron la gestion des affaires courantes qui se passaient officiellement devant notaire... En germinal an 4, il loue aux Saunier père et fils la petite ferme de Janvry, par un écrit sous seing privé, d'une durée de neuf années ; il s'agit de la bagatelle de 114 arpens moyennant huit boisseaux par arpent, et comme dans l'ancien temps, 12 poulets, 4 canards, 2 poules dinde, 76 septiers de froment.

La même année sa fille Marie Louise décède. Le mari Claude Anjorrant devient tuteur des enfants, et André Marie de Joguet son beau-frère, subrogé tuteur de ces derniers. André Marie de Joguet, citoyen français, demeurant à Eaubonne, tuteur de Claude Adolphe et Marie Sidonie Anjorrant, seuls et uniques héritiers de leur mère Marie Louise Joguet, lequel après l'inventaire des biens et le conseil de famille déclare qu'il renonce à la communauté de biens plus onéreuse que profitable pour s'en tenir aux avantages du contrat de mariage.

Enfin, la dernière acquisition du sieur de Janvry a lieu via son procureur le citoyen Peron, de l'ancien presbytère et de l'école de Janvry (1).

 

Extrait de l'interdiction de Joguet.

 

Nous arrivons en 1798. Un conseil de famille des parents et amis de Guillaume Ignace de Joguet, a lieu leurs conclusions l'interdisent du gouvernement de ses biens. Les relations avec la belle-mère ne doivent pas être simples, on peut ainsi voir que par un extrait du jugement d'interdiction du citoyen Ignace de Joguet , père, rendu au tribunal civil du département de la Seine, duement insinué et enregistré, par lequel ladite citoyenne Marie Sophie Denors, sa femme, a été nommée sa curatrice, pour n'avoir néanmoins que la simple administration des biens de son mari et le droit de toucher ses revenus sur lesquels elle payeroit les intérêts des sommes dues , les dépenses ordinaires de la maison, et acquiterait toutes les charges domestiques. Dans le cas d'aliénations mobiliaires ou immobiliaires, le remboursement de rentes et même de passer les baux, elle ne pourroit le faire que du consentement du citoyen Anjorrant que le tribunal a nommé curateur adjoint.

L'année suivante, le ministère des finances aux administrateurs du département: la citoyenne "de Noel" (Denors), épouse Joguet expose en sa qualité de tutrice de son mari, dont l'interdiction a été prononcée, qu'elle n'a pu encore payer 1.619 frs réclamée par le receveur des domaines du prix de l'adjudication des 23 arpents, et que l'interdiction lui a causé de nombreux embarras; actuellement elle liquide 4.000 frs sur une ancienne charge; elle réclame également l'argenterie de son mari qui lui fut enlevée puis déposée à la trésorerie nationale, en attendant de statuer, et demande un sursis.

En 1800, le bail de la petite ferme de Janvry est renouvelé. Cette fois c'est l'épouse Joguet qui se rend chez le notaire de Briis, les termes sont différents le bail est fait a moitié de croix, tant pour les récoltes de grain, luzerne, foin, que pour les fruits, plus 4 dindes, 12 poulets , 6 canards. Les preneurs sont les mêmes et l'ancien bail sous seing privé annulé.

L'année suivante Sophie Denort, baille pour 9 années la grande ferme de la Brosse avec 114 hectares, la récolte des arbres à fruits, moyennant 225 septiers de bled pur froment les cinq premières années puis neuf boisseaux par arpent...

L'année 1802 voit le décès à Janvry, d'Ignace de Joguet, âgé de 80 ans, la déclaration faite par son fils et son gendre. Des scellées sont apposées le jour même à Paris et au château de Janvry. Trois jours après, André Marie Joguet demeurant rue de Matignon, habile à se porter héritier d'Ignace Joguet son père et créancier de sa succession, nomme Jean-Baptiste Bretin comme procureur pour le remplacer à l'inventaire, liquider les reprises, créances, droits de la veuve Joguet...

Une semaine plus tard, l'inventaire rue Thérèse à Paris commence. Présents :
- André Marie Joguet, son fils,
- Etienne Anjorrant, son gendre pour ses enfants,
- Marie Sophie Denort, sa veuve, mariée, non commune en biens.
Passons à l'essentiel, les revenus de la terre de Janvry s'élèvent 20.250 frs annuels. Les dettes du défunt sont de 305.113 frs. L'interdiction de 1798 s'explique! La veuve, non commune en biens, n'aura droit qu'à 3.000 livres de rente. Parallèlement, l'inventaire à Janvry débute plus d'un mois après le décès, les titres et papiers seront rassemblés à Paris. A la requête:
- d'André Marie Joguet demeurant à Paris rue de Matignon division des Champs Elizées, habile à se dire et porter héritier pour moitié du deffunt son père, propriétaire décèdé en son château de Janvry et créancier de la succession, représenté par son fondé de procuration,
- Claude Nicolas Etienne Anjorrant, propriétaire demeurant à Paris rue du faubourg Montmartre, division du Mont Blanc, tuteur de Claude Adolphe Marie & Maxime Sidonie ses deux enfants mineurs d'avec Marie Louise Joguet son épouse deffunte, également créancier de la succession, les enfants héritiers de leur ayeul maternel,
- Marie Sophie Denort épouse du défunt aussi créancière, demeurant rue Thérèse division de la Butte des Moulins
Notons les pièces visitées :
- les caves du château ,
- cuisine au rez- de-chaussée, dans l'aile gauche, une pièce derrière, chambre de la cuisinière au dessus,
- office ensuite de la cuisine, arrière office ensuite,
- chambre n°11;
- chambre de l'aile gauche occupée par madame Joguet n°10, cabinet toilette ensuite,
- chambre du deffunt n°9,
- dans la basse-cour, logement du charretier,
- remises,
- fournil,
- charbonnier,
- cave au cidre,
- laiterie,
- étable, écurie,
- logement du concierge, pièce ensuite,
- bûcher,
- chambres et grenier à grain et à fourrage,
- vestibule,
- salle à manger à gauche du vestibule, cabinet à gauche, petit cabinet à côté,
- salon à droite du vestibule, cabinet ensuite faisant salon d'hiver, cabinet en retour derrière le salon,
- chambre à coté du salon,
- grange,
- vestibule du grand escalier
- chambre n°19 vue sur la basse cour,
- chambre au premier n°17 à droite,
- chambre n°24 à gauche de l'.escalier ..., 25, 26, 29,
- chambre n°38 dans le pavillon à gauche, ... 32, 33, 36,
- garde meuble,
- logement du jardinier,
Mention de la petite ferme attenant le château. Cette énumération montre que la visite se fait sans suivre un itinéraire précis. Il n'y a pas moins de 38 chambres.

 

 

Janvry à André Joguet et aux enfants Anjorrant

La succession, comprenant des dettes envers la Nation, se passe au tribunal de première instance de la Seine. En 1803, un jugement déclare la terre de Janvry indivise en deux moitiés l'une à André Joguet, l'autre aux enfants Anjorrant. Le préfet vu l'acquisition des 23 arpents de 1793 par Descloseaux pour Joguet, moyennant 46.550 livres, prononce la mention de la déchéance qui sera faite sur Joguet, avec paiement des revenus qu'il auroit perçu sur les lots. Le cycle de remise en vente commence. Lepelletier, expert patenté, nommé par le préfet, estime 16 lots de 1793, maintenant 8 hectares à 5.698 frs.

Le conseiller d'état à Briis écrit au préfet: le citoyen Anjorrant, tuteur de ses enfants mineurs, et fondé de pouvoir du citoyen Joguet, ceux-ci héritiers de Guillaume Ignace, sous acquéreur des 23 arpents et que la négligence de sa veuve avait exposé les héritiers à la déchéance faute de payement en temps utile des sommes réclamées par le receveur des domaines pour solde. L'administration pouvant déclarer folle enchère et revendre, octroit un an aux héritiers pour se libérer. L'affaire traîne, en 1804, le citoyen Anjorrant écrit au citoyen ministre des finances:
- le citoyen de Joguet et le citoyen Anjorrant tuteur de ses enfans mineurs, chacun héritier pour moitié de leur père et grand-père, réclament votre justice pour une déchéance prononcée contre eux dont ils vont vous exposer la cause;
- le citoyen Ricqbourg notaire à Versailles, s'est rendu adjudicataire sous le nom de Descloseaux des 23 arpens de 1793;
- le citoyen Ricqbourg a échangé des terres avec Joguet et à la charge de payer par Joguet ce qui restait dû sur le prix de l'adjudication, Ricbourg ayant payé 20.662 frs; le citoyen Joguet fort agé, ayant la tête très faible, et sa seconde femme nommée curatrice à son interdiction, plus occupée de ses intérêts que ceux des enfans de son mari ayant la négligence de payer le reliquat. Les héritiers ont reçu ce vendémiaire dernier une signification de déchéance prononcée contre eux, les délais expirés, et oppositions formées aux locataires des terres qui devront verser leurs fermage au receveur des domaines; ils demandent que des 16 lots au vu des 20.662frs certains ont été entièrement réglés et méritent de leur revenir.
Cette affaire durera jusqu'en fin 1805! La religion ayant repris ses droits les marguilliers essaient de récupérer leurs anciennes terres...

La même année la grande ferme de Janvry sera louée (1). On apprend qu'André de Joguet est sous-préfet de la Gironde et a retrouvé sa terre d'origine. les terres représentent 102 hectares et les neuf boisseaux de pur froment ont été remplacés par un hectolitre cinquante six litres. Les grains seront livrés soit au château de Janvry soit au marché de Montlhéry.

 

 

Janvry aux enfants Anjorrant

L'année 1806 voit un changement de propriétaire au château. André Marie de Joguet , sous-préfet à la Réolle (Gironde), et dame Adélaïde Gérard de Rayneval son épouse, vivent dans la région bordelaise et ne voient pas l'intérêt de conserver leur part de Janvry. Ainsi, de passage à Paris ils vendent à Claude Nicolas Etienne Anjorrant, propriétaire demeurant à Paris grande rue du faubourg Montmartre, division du Mont blanc, la moitié indivise des biens héritages connus sous la dénomination de la terre de Janvry, Briis, Gometz , la terre consistant en un château, bâtiments jardin, cinq fermes qui sont celle de la Grande & Petite ferme de Janvry, celle de Fresneau, la Brosse et celle de Saint-Simon, terres .... bois le tout contenant 600 ha, compris également dans la vente, la moitié des meubles décrits dans l'inventaire fait à Janvry en l'an 11. La vente faite moyennant 188.000 frs.

 

Extrait de l'atlas de Janvry réalisé en 1810 pour Anjorrant.

 

Une annexe de la vente donne une description sommaire du château représentant 14 hectares: château, cour, bâtiment, basse-cour, fossés, parc, bosquet, parterre, allées, lavoir, jardin potager, chemin conduisant au château. La même année, la seconde femme de Joguet est "succombée" dans sa prétention de l'usufruit de la ferme de Saint-Simon" envers les héritiers de son mari.

La vie quotidienne à Janvry voit également le bail par Claude Anjorrant de la grande ferme de la Brosse (1), représentant 114 hectares, à raison de 7 boisseaux par hectare, ce qui représente une baisse de plus de 20%. Fin 1806, le sieur de Janvry, propriétaire, cède à titre de rente foncière perpétuelle à Christophe Gondoin, 513 m2 à la Brosse, moyennant 12 frs de rente.

En 1808, notons le bail de la grande ferme avec celle de Fresneau, à Pierre Poisson les terres représentent 220 hectares moyennant 9 boisseaux à l'hectare (1), de nombreux avantages en nature sont cités. Ces terres doivent être meilleures que celles de la Brosse. Le même jour, il baille la petite ferme à Marie Thérèse Courtin, à l'exception du pressoir, avec 59 hectares moyennant 156 hectolitres et 35 paragraphes de conditions (1)...

Claude Etienne Anjorrant sent sa fin arriver, il rédige son testament en 1809; retenons qu'il lègue 60.000 frs par préciput, à son fils, à prendre sur la petite ferme de Janvry, à charge de payer les rentes viagères:
- à Marguerite Lerondeau, sa domestique entrée à son service en 1791, 30 frs de rente, autant de fois le nombre d'années resté à son service,
- Etienne Lerondeau, domestique entré à son service en 1807, 25 frs de rente par chaque année passée à son service,
- suivent les bijoux, à sa soeur la bague en diamants qu'elle préfère, à sa cousine une tabatière et une bague en diamants, à sa fille, les boucles d'oreille et deux bagues en diamants, à son fils le surplus des diamants,
- à Guioux son portier, 200 frs,
- à Lajotte son garde chasse 200 frs,
- à Hélène Hacquet veuve Lerondeau 200 frs,
- à Pierre Didier son ancien domestique 600 frs, et à sa femme 300 frs,
- à Philippe Gressin son jardinier de Janvry, 150 frs,
- aux pauvres de la paroisse de Janvry, 200 frs.

Ce dernier décède à Paris en 1811. Passons sur son inventaire après décès

AE

Regardons la liquidation et le partage en 1815, entre le marquis d'Anjorrant et le mari de Sidonie, alors mineure . Le frère et la soeur héritent chacun par moitié de leur aïeul Ignace Joguet. Il faut également procéder à la liquidation des biens de leurs parents. Il reste à partager les maisons de Bordeaux et pour un préciput de 60.000 frs légué par le père au fils , la petite ferme de Janvry abandonnée par la soeur.
Estimation de Janvry:
1°) Chateau et parc, composé d'un principal corps de logis avec aile à droite et à gauche d'une cour d'honneur, le tout entouré de fossés, basse-cour ayant divers bâtiments d'exploitation, avenue plantée d'arbres, parc clos de murs, divisé en trois parties dans l'une desquelles est le grand potager, la seconde forme une grande pelouse verte devant du château, et la troisième contient une pépinière, un bois planté à l'anglaise et une grande pelouse verte; petit potager hors l'enceinte du parc le tout estimé à 42.500 frs.
2°) la petite ferme de Janvry composée de bâtiments pour le fermier et de 55 ha en 22 pièces estimé 67.500 frs.
3°) la grande ferme de Janvry bâtiments et 108 ha en 47 pièces pour 170.000 frs .
4°) la ferme de Saint-Simon, bâtiments et 37 ha en 44 pièces pour 55.900 frs.
5°) la ferme de Fresneau bâtiments et 108 ha pour 202.350 frs.
6°) la ferme de la Brosse bâtiments et 122 ha pour 138.813 frs.
7°) diverses pièces de terres dont la Butte Brulée à Bruyères pour 11 ha.
8°)
suivent les bois ...
Total 810.000 frs. Masse à partager 1.329.333 frs. Le partage par moitié donne à Mr Anjorrant la terre de Janvry moins la petite ferme. Le marquis a acquitté les dettes d'Ignace s'élevant à 87.152 frs.

À suivre…

 

 

Note

(1) Chronique à venir.

 

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