Le baillage à Marcoussis (1824 à nos jours)
Cette chronique est le troisième volet de l'histoire du baillage et des activités liées à ce lieu, qui est depuis la fin de la Révolution une résidence secondaire de qualité associée à un domaine, tant terre que bois, très important.
J-P Dagnot octobre 2013.
Extrait d'une numérisation réalisée à l'orphelinat d'Auteuil.
Rappelons que nous allons nous intéresser à la résidence secondaire, aux pressoirs de l'autre côté de la rue et à l'ancien auditoire mitoyen des pressoirs.
La chronique débute en 1824 par un congé donné par Louis Boudier, ancien notaire de Marcoussis, y demeurant, devenu régisseur des biens du comte Delamyre. Il donne congé à François Chaimbeaux, journalier, locataire par convention verbale, d'une maison audit lieu carrefour des pressoirs et d'une portion de terre servant de jardin dans le petit parc.
Quinze jours après, Alexandre Gabriel, comte Delamyre, demeurant en son château de Davencourt, maintenant en son domaine de Marcoussis, baille pour neuf années à François Wisselle, tailleur d'habits:
- une maison place du champ de foire, composée de deux chambres basses à feu dont une avec four, grenier au dessus, couvert en tuiles, tenant au nord à la cour, étant en face de la grange des pressoirs, d'autre côté à François Retourné, d'un bout à la rue tendant au Ménil, d'autre bout à la grange.
- un jardin dans le petit parc près de ladite maison de 1.213 m2 , tenant à la grange des pressoirs. Le
bail fait moyennant la somme de 70 frs en numéraire métallique.
Il est clair que ces deux actes concernent l'ancien auditoire de Marcoussis.
Notons en 1834, la venue du comte de Lamyre à Marcoussis en sa maison de campagne pour louer des portions de l'ancien grand étang de Marcoussis asséché.
La même année, un cahier des charges est rédigé pour adjuger une maison sur le champ de foire et qui contient un pressoir, les biens venant des familles Payen-Blin et pour le lot n°24 d'une maison lieudit le carrefour du champ de foire contenant:
- au rez-de-chaussée, une chambre carrelée à solives apparents, éclairée sur la rue par une croisée, porte d'entrée à un vantail,
- au dessus une chambre carrelée à solives apparentes éclairé par une croisée,
- comble en charpente couvert de tuiles,
- derrière est un autre bâtiment contenant un fournil, avec four à cuire le pain,
dans la motte? en saillie à l'extérieur, éclairée sur la ruelle par une croisée, pierre d'évier.
- chambre au dessus avec croisée sur la ruelle, grenier sur le tout,
- attenant est l'escalier desservant la chambre,
- bâtiment ensuite contenant le pressoir à vin, lequel est garni de tous ses accessoires, comble en charpente couvert de tuiles,
- jardin derrière, clos de murs, sous ce jardin est une cave voutée, dont l'entrée se trouve dans le pressoir ,
l'ensemble tenant au levant à la ruelle ou chemin de Marcoussis à Nozay, d'un bout au midi sur la rue, au nord à la veuve Wissel. Bien que contenant un pressoir, il s'agit de la maison dans l'angle face au baillage. Cette maison a été occupée par Mr Lachaume au XXe siècle.
La mise en adjudication a lieu le mois suivant et le lot n°24 a été adjugé à Elizabeth Aglaé Lepelletier, comtesse de la Myre, moyennant 1.790 frs de principal. Un autre mois passe, cette fois c'est la vente aux enchères publiques de tout les bois, charpente, cordages et ustenciles composant le pressoir à vin se trouvant dans une maison au lieudit le champ de foire. C'est Lejemble, clerc de notaire mandaté par Gabriel, comte de la Myre et Aglaé Lepelletier d'Aunay son épouse, qui organise la vente. Manifestement la comtesse fait nettoyer les lieux.
En octobre de la même année, la comtesse loue l'ancien auditoire pour neuf années, à François Pinguet, tisserand, d'une maison place du champ de foire composée de deux chambres basses à feu, grenier au dessus et d'un jardin dans le petit parc près de ladite maison, moyennant 70 frs de loyer.
Le mois suivant, la comtesse de la Myre vend les meubles et les matériaux à provenir de la démolition d'une partie de la maison adjugée en juin:
- tous les matériaux de pierres, tuiles, bois et charpentes, à provenir de la démolition d'une maison au champ de foire,
- plusieurs planches, persiennes et autres objets.
L'adjudication comprend la démolition: laisser le mur de façade jusqu'à 1,95 m ainsi que celui sur la rue conduisant à Nozay jusqu'à l'extrémité du bâtiment du pressoir, il laissera subsister l'ouverture qui servait d'entrée au pressoir, ainsi que la porte qui s'y trouve et le linteau au dessus de cette porte. Il bouchera les ouvertures des autres portes et croisées jusqu'à 1,95 m . La grosse borne en grès étant à l'angle de ladite maison et donnant sur la ruelle, ne fait pas partie desdits matériaux. Le pignon mitoyen avec la veuve Wissel doit posséder des trous rebouchés où se trouvaient les solives. Il devra reboucher l'emplacement de la cave. Pierre Legendre, maître maçon, se rend adjudicataire moyennant 400 frs.
Notons, ce qui est rarissime, pour délimiter ce champ de foire, une recopie faite en 1838 dans un registre de délibération, de la description du champ de foire avec mention des pressoirs et du baillage. L'information provient du terrier de Marcoussis et reprend également le style d'écriture de l'époque.
La comtesse Delamyre fait une demande en 1840, pour faire construire une tranchée couverte traversant le chemin vicinal de Marcoussis à Nozay : " les eaux provenant de la plaine de Nozai pour rejoindre le ruisseau appelé le ruisseau de l'église étant sans cesse encombré par la chute des sables du chemin, je demande l'autorisation, autant dans l'intérêt de la commune que pour l'écoulement des eaux qui s'amassent sur ma propriété, de faire construire à mes frais et en prenant l'entretien à ma charge une tranchée couverte traversant le chemin" . Approbation du préfet et du maire.
Extrait de la généalogie des personnages
Aglaé Lepeletier d'Aunay, comtesse de Lamyre, décède début 1843. À la requête de:
- Alexandre Joseph Gabriel, comte de Lamyre, son époux,
- Antoinette Stéphanie Rouillé, veuve Gabriel Charles Philippe de Lamyre, sa fille, mandataire de ses cinq enfants,
- Claude Adolphe Marie Anjorrant, mari de Marguerite Louise Elizabeth de Lamyre,
Antoinette et Claude chacun héritiers par moitié... L'inventaire commence à Paris se poursuit à Marcoussis; nous avons retenus les pièces visitées:
- basse-cour,
- lingerie,
- autre remise, grenier au dessus,
- fruitier,
- sellerie,
- remise de la cour d'honneur, grenier au dessus,
- autre chambre éclairée sur la cour,
- écurie, autre écurie,
- pavillon situé dans le parc,
- pièce au premier étage du pavillon,
- logement du garde au rez-de-chaussée,
- buanderie au rez-de-chaussée,
- cuisine,
- office éclairé sur la rue,
- salle à manger éclairée par deux fenêtres, l'une sur la place , l'autre sur la route,
- vestibule,
- pièce ensuite éclairée par une fenêtre sur le jardin,
- salon ensuite de la précédente donnant sur la route et sur le jardin,
- chambre au premier, cabinet, éclairée par le jardin,
- autre chambre, cabinet, éclairée sur le jardin,
- pièce éclairé sur le jardin, cabinet,
- chambre ensuite de la précédente, cabinet attenant à l'alcove,
- pièce ensuite éclairé sur la route et sur la place,
- pièce ensuite de la précédente servant de bibliothèque,
- chambre éclairée par une travée sur la rue,
- chambre éclairée par une travée sur la cour,
- pièce ensuite de la précédente,
- chambre éclairée sur la place,
- chambre au second étage éclairée par une croisée sur le jardin, trois autres pièces,
- grenier au même étage,
- cave.
Cette énumération montre une résidence de qualité. Le total de la prisée s'élève à 25.863 frs dont les bois coupés dans le parc. Nous avons confirmation également que le bâtiment des anciens pressoirs seigneuriaux a été converti en grange et que la maison acquise en 1834 sert "d'habitation au garde", deux lieux différents portent la même dénomination probablement pour un concierge et un garde forestier.
Notons en 1851, Jean-Jacques Defresne, notaire à Paris, agissant comme administrateur des biens dépendant des biens de la communauté d'Alexandre de Lamyre avec Elisabeth Le Peletier et ceux de la succession d'Aglaé de la Myre , constitue son mandataire Alexandre François Ruotte, maire de Marcoussis pour gérer les terres et prés.
Alexandre Delamyre décède en 1852. Dès lors les héritiers vont pouvoir se partager les biens. Ainsi, l'année suivante, un partage sous seing privé donne la terre de Marcoussis aux cinq enfants d'Alexandre Delamyre. A chacun 177.107 frs. La liquidation s'opère trois ans plus tard. L'opération fait même l'objet d'un jugement qui a été déposé en 1856.
Le niveau de vie de cette famille s'élève, Marcoussis n'est plus le summum . Le mandataire d'Antoinette Rouillé de Fontaine, comtesse Delamyre, mandataire de ses enfants baille et donne à loyer pour six ou neuf années à Jacques Marie Louis Léon Sagnier , ingénieur entrepreneur d'appareils de chemin de fer, demeurant à Paris rue du faubourg Saint-Denis, :
1°) une maison de campagne dite le Baillage consistant en maison bourgeoise, cour, bâtiments en dépendant, parterre auquel on accède par une grille, le tout dans l'enclos du parc à l'exception de la maison du garde dans l'arrière cour où existe le chenil,
2°) le droit de chasse dans le parc,
Ne sont pas compris, la maison du garde, la grange et la petite maison à côté sur le champ de foire, le pavillon de chasse au grand étang. Le preneur devra supporter l'exploitation de la carrière dans le parc fait au sieur Lesieur concessionnaire. Le bail fait moyennant un loyer annuel de 3.000 frs. À la même époque ledit Sagnier loue également les 52 hectares des terres de Bel Ebat.
En 1862, le mandataire de Stéphanie Rouillé, comtesse de la Myre, demeurant rue de Grenelle à Paris, ..., baille à Mr Léon Sagnier:
- une maison construite en pierre et couverte en tuiles sise sur le haut de la place du champ de foire, consistant en deux pièces à feu dont une avec four, grenier au dessus, tenant à Alexis Retourné d'un côté et à la grange cy après,
- une grange aussi construite en pierre couverte en tuile avec terrain à bâtir se trouvant au devant,
- 54.128 m2 de terre labourable, friche et genêt faisant partie de 58.772 m2 lieudit le petit parc enclos de murs et par la rivière la route de Corbeil. Ne font point partie 4.500 m2 plantés en bois et 1.700 m2 près de la fontaine. Le bail fait moyennant un loyer 972 frs.
De nouveau en 1865, le mandataire des Delamyre loue pour trois années , à Jacques Marie Sagnier:
- une maison de campagne dit le Baillage consistant en maison bourgeoise, cour , bâtiments, parterre, le tout compris dans l'enclos du grand parc,
- le droit de chasse exclusif pour le preneur et ses amis dans le parc sus désigné.
Ne sont point compris dans la location:
- la maison de garde dans l'arrière cour du baillage,
- la grange et la petite maison sur la place du champ de foire et contigus au petit parc,
- la maison d'habitation du pavillon, appelée le pavillon des chasses sis au grand étang.
Dans les conditions le preneur devra ne pas laisser trop accroître le nombre de lapins,
il devra accepter l'exploitation de la carrière du parc de Marcoussis. Le loyer annuel est de 3.000frs.
Stéphanie Rouillé décède en 1866. Sa fille, Geneviève de Civrac, jouira rétroactivement des biens sur Marcoussis au premier janvier 1867.
À la sortie de la guerre de 1870, le partage Civrac s'effectue. La part de la succession de Stéphanie Rouillé à ses trois filles donne pour sa fille Geneviève, comtesse de Civrac 2.213.511 frs, ses soeurs pour parvenir à cette somme lui laissent la terre de Marcoussis avec toutes ses dépendances, comprenant château?, parc, terres, maisons, pressoirs pour 415.560 frs. Ce document volumineux traite du partage des successions de plusieurs parents. On ne parlera que de Marcoussis qui représente peu de chose... Ont comparu:
- Marie Henry Louis de Durfort-Civrac comte de Civrac, ministre plénipotentiaire et Gabrielle Geneviève Louise de Lamyre son épouse demeurant en leur hôtel rue de Grenelle,
- Louis Joseph Elzéar Alban, vicomte de Villeneuve Bargemont et Elizabeth Gabrielle Marguerite de Lamyre demeurants au chateau de Davenencourt (Somme),
- Henri Gaston, vicomte de Contades et Clotilde Gabrielle Sophie de Lamyre, demeurant au chateau de Guyencourt (Oise),
Lesquels ont procédé au partage des biens de:
- Charles Philippe Gabriel comte de Lamyre père des dames,
- des immeubles provenant de la succession de leur aieulle Aglaé Lepelletier,
- des immeubles provenant de la succession de leur aïeul Alexandre Joseph Gabriel de Lamyre,
- des biens de la succession d'Antoinette Cécile Stépanie Rouillé de Fontaine leur mère.
Observons que la comtesse de Civrac a eu dans sa corbeille de mariage le cinquième de Marcoussis. Que pour ce partage elle a droit au tiers de la masse à partager soit 2.213.511 frs. Que ces biens correspondent en partie à Marcoussis, au grand parc et à 70 hectares de terres.
L'année suivante, une vente aux enchères publiques est faite d'un grand et beau domaine patrimonial:
1°) connu sous le nom du baillage ou grand parc, clos de murs contenant 118 ha dans lequel se trouve une belle chasse, une maison bourgeoise avec communs, logement de garde, kiosque, et la quantité de 62 hectares de terres, prés, aulnaies, en quinze pièces.
- Grande et belle maison bourgeoise élevée en deux étages au rez-de-chaussée, cuisine, office, laverie, salle à manger, salon, salle de billard et vestibule au premier étage plusieurs chambres de maître, au second étage chambres de domestiques,
- écuries et remises, en entrant à droite logement de garde à la suite des remises, jardins clos de murs séparant d'avec le grand parc, caves voûtées sous une partie de la grande maison appelée le baillage.
- Grand parc planté en chêne, ormes ..., kiosque en pavillon situé dans ledit parc. Petit jardin en face la maison du garde.
Cinquante ares propres à bâtir dans le petit parc qui se trouve en face;
mise à prix 236.000frs en un seul lot .
2°) le petit parc, ...
3°) 31 hectares au grand étang où se trouve le pavillon de chasses donnant sur la route de Dourdan à Versailles, lequel construit en pierres et couvert d'ardoises comprend plusieurs pièces d'habitation, grenier au dessus. Division en 84 lots.
4°) 8 hectares lieudit la mare à Hubert,
5°) 4 hectares au petit étang, Marsaultx et la chaussée dudit...
Apparemment de nombreuses petites acquisitions mais ni le grand parc ni la maison bourgeoise. Ce lieu s'est ainsi enrichi de cour d'honneur, de parterre, de kiosque.
En 1875, les représentants de Marie Henri Louis de Durfort, comte de Civrac, propriétaire, membre de l'assemblée nationale, et de Gabrielle Geneviève Louise de la Myre son épouse, demeurant rue de Grenelle à Paris vendent à la société en nom collectif Francastel frères, entrepreneurs de travaux publics demeurant rue Voltaire & quai de Valmy à Paris:
- un terrain boisé en un seul tenant dit le grand parc,
- la maison dite le baillage qui existe dans l'angle de la route de Versailles à Corbeil et du chemin de Marcoussis à Nozay, avec les divers bâtiments servant d'écurie, vacheries, remises, logement du jardinier, et chenils... maison élevée sur cave, rez-de-chaussée, premier et second étages lambrissés divisé en chambres et greniers,
- un kiosque dans la partie haute dudit terrain boisé,
le tout d'une superficie de12 hectares avec la future carrière avec limite au reste du grand parc restant appartenir aux vendeurs,
- 5.128 m2 au petit parc en nature de terre labourable, roches résidu de carrière et prairie, dans lequel existe une fontaine couverte d'une construction élevée en forme de grotte.
Compris dans la vente le droit de passage du futur chemin d'exploitation à l'extérieur de la propriété vendue, partie nouvelle sortie sur la route de Versailles jusqu'à l'extrémité nord est de ladite propriété. Cette faculté pour assurer l'extraction des grès de la carrière qu'ils se proposent d'y ouvrir.
La vente faite moyennant 52.000 frs. L'entrepreneur acquiert ainsi 12 hectares du grand parc. Relevons ce qui a été oublié dans les chroniques sur les carrières sur Marcoussis que le petit parc a été aussi exploité.
En fin d'année, le reste du Grand Parc fait l'objet d'une vente. Il s'agit de la bagatelle de 103 hectares constitués de bois, roches et anciennes carrières exploitées. L'acquéreur n'est autre que le propriétaire de Bellebat qui agrandit quelque peu son domaine... De tout ce qui vient d'être dit, nous avons la preuve que des anciennes carrières ont été exploitées tant dans la partie achetée par les Francastel que dans le reste du grand parc.
Deux années passent, Charles et Emile Francastel, entrepreneurs de travaux publics, demeurant à Paris Bd Voltaire, membres de la SNC "Francastel frères", lesquels ont vendu à Victor Delzant, propriétaire, membre du conseil municipal de la ville de Paris et du conseil général de la Seine, demeurant rue Duquesne:
- un terrain boisé appelé le grand parc contenant 5,97 ha ,
- la maison dite du baillage avec les cours et jardins, divers bâtiments servant d'écurie, vacherie remise, logement du jardinier et chenil contenant 1,34 ha ,
La carrière est exclue de la vente.
La vente est faite moyennant la somme de 28.487 frs. Le détail de la description mentionne des toits en tuiles.
L'année suivante, les frères Francastel vendent à Delzant 51 ares dans le petit parc moyennant 3.000 frs.
En 1879, notons un acte sous seing privé par lequel Victor Delzant loue à Théodore Amiet, propriétaire demeurant à Marcoussis, pour trois six ou neuf années la maison ou pavillon d'habitation à étage, avec cave, bucher, chenils, cour et jardin appelé le petit baillage et dépendant de la propriété du baillage moyennant un loyer annuel de 500 frs ... Il s'agit des communs à l'exception de la salle de bain avec buanderie.
Deux années après, un changement de propriétaire qui va durer, Victor Delzant, ancien conseiller général, et son épouse demeurant à Paris rue Aubert, vendent à Marie Marguerite Joséphine de Viella, marquise de la Baume Pluvinel, épouse de Charles Alexandre, marquis de la Baume Pluvinel résidant à Paris rue de Courcelles, une propriété comprenant:
1°) maison d'habitation dite du baillage, construite à la fin du 18° siècle, mais complètement restaurée ces derniers temps ,
cette maison se trouve à l'angle de la route de Corbeil à Versailles et du chemin de Marcoussis à Nozay avec porte cochère sur ce chemin; elle est élevée partie sur cave, partie sur terre plein
- au rez-de-chaussée antichambre, grand et petit salon, salle à manger, office, grande cuisine, arrière cuisine avec sortie sur cour,
- au premier étage, six chambres de maître,
- au second étage, sept chambres mansardées dont deux avec cheminées, grenier à la suite, le tout couvert en ardoises,
- grande cour devant ces bâtiments, écuries, remise, vacherie, salle de bain servant aussi de buanderie, grenier à fourrage au dessus,
- logement du concierge à côté, le tout couvert en tuiles avec puits et citerne.
- derrière ces bâtiments, pavillon d'habitation ayant son entrée sur le chemin de Nozay, communicant avec le parc avec une grille à claire voie, élevé d'un rez-de-chaussée distribué en quatre pièces, et d'un premier aussi divisé en quatre pièces; cave et lieux d'aisance dans cette cour devant ce pavillon, petit jardin avec parterre entouré de murs, petit parc au couchant desdits bâtiments, dessiné en jardin anglais. contenant 1,8 ha clos,
2°) le grand parc 5 ha , fermé au sud ouest par un mur de 150 mètres sur laquelle existe l'entrée principale de l'habitation formée par deux grilles circulaires.
3°) potager,situé en face au petit parc, planté en fruitiers, traversé par la fausse rivière, accès par la route de Corbeil, avec fontaine au bout sur la rivière contenant 5.125m2
La vente faite moyennant 80.000 frs. Notons que la marquise possède le château de Marcoussis. Remarquons que la toiture du baillage est maintenant en ardoise, ce qui laisse à penser qu'elle a du être refaite qu'également le premier étage comporte des chambres de maître et que des jardins à l'Anglaise agrémentent le tout.
Quatre années passent, les carrières au dessus du baillage doivent être épuisées, Charles et Emile Francastel, ..., lesquels ont vendu à Marie Marguerite Joséphine de Viella, marquise de la Baume Pluvinel, une propriété consistant en un petit bois, une ancienne carrière de grès récemment exploitée et un kiosque le tout d'une contenance de 50.732 m2 . La vente faite moyennant 11.000 frs. La marquise utilise le remploi des fonds venant de la vente de la terre de Viella dans le Gers. La marquise récupère ainsi le baillage en entier.
Le marquis de la Baume fils décède en 1883. Son père le suit en 1891. Un inventaire après décès a lieu Le début se déroule au château de Marcoussis puis continue au baillage:
1°) au rez-de-chaussée
- cuisine1, fenêtre sur rue
- cuisine2, fenêtre sur rue
- office, fenêtre sur rue,
- salle à manger, deux fenêtres sur rue,
- salon fenêtre sur jardin,
- cabinet de travail fenêtre sur jardin,
- chambre à la suite, fenêtre sur jardin,
2°) au premier étage:
- bibliothèque,
- 5 chambres,
- 2 cabinets toilette,
3°) au second étage:
- 3 chambres de bonne ...
4°) dans les communs:
- chambre, cuisine,
- deux chambres,
- buanderie.
Apparemment au vu du mobilier, ce lieu ne semble pas occupé.
Côté cadastral, retenons :
- 1895, notons l'entrée d'Aymard de la Baume Pluvinel, comte, parcelle B24 pour une maison et un logement de concierge.
- 1927 Aymard est remplacé par Marie Marguerite de la Baume.
Eugène Séraphin Aymard décède en 1938 à Vic sur Cère.
Le baillage à la fondation d'Auteuil
La donation, notamment du baillage, a été réalisée par Mademoiselle Marie Marguerite Honorine Geneviève de la Baume Pluvinel, célibataire, propriétaire demeurant rue de Grenelle à Paris, à la fondation d'Auteuil, en décembre 1940.
À la sortie de la seconde guerre mondiale, le père Duval, arrive à l'oeuvre d'Auteuil de Marcoussis et prend sa direction. Il constate que les maisons de cette oeuvre ont besoin de religieuses et s'adresse à plusieurs congrégations pour leur demander des soeurs afin de s'occuper des petits enfants. Les réponses sont négatives. Il contacte l'archevêque de Paris qui lui conseille de créer un groupe de religieuses. Il passe une annonce en ce sens dans le courrier d'Auteuil. Cette fois des réponses se font jour et il créé ainsi la congrégation des servantes de Sainte-Thérèse de l'enfant Jésus. Cette congrégation s'installe au Baillage à Marcoussis.
La mission de ce groupe est de former ces religieuses en vue de l'éducation et l'accueil de jeunes en âge scolaire. Dès la formation de la religieuse effectuée, cette dernière est attachée à une des maisons de l'oeuvre en France.
Ces religieuses au nombre de trois à quatre s'occupaient de jeunes enfants et occupaient le pavillon du baillage avec les enfants. Elles étaient surnommées les Duvalettes en raison de la création de leur ordre par le père Duval. Elles ont exercé à Marcoussis jusqu'en 1975 environ.
Deux autres religieuses sœur Marie et sœur Hélène se trouvaient à Auteuil et s'occupaient de l'aumônerie au château. Ainsi, en 2008 j'ai eu une discussion avec la première qui est arrivée en 1950 à Marcoussis, elle part ensuite dans une maison des Ardennes jusqu'en 1968. Elle revient enfin dans la maison d'Auteuil de Marcoussis.
Vers 1971, Patrick Bourgueuil est arrivé à l'œuvre d'Auteuil de Marcoussis et a été logé au baillage dans les communs du château avec con collègue Roger Lebrun.
En 2008, après avoir croisé soeur Marie, qui vient chaque semaine à l'aumônerie de la maison Saint-Antoine de Marcoussis, j'ai pu recueillir ses souvenirs. À cette époque, elle est âgée de 89 ans, bon pied bon oeil, et vient par les transports publics, depuis sa nouvelle congrégation d'Anthony à Auteuil. Patrick Bourgueil m'a appris récemment qu'elle vit encore et vient toujours depuis Anthony pour faire des visites à Auteuil. Quant à soeur Hélène elle a pris sa retraite à Lisieux. L'aumônerie existe toujours et est tenue par un responsable pastoral.
La mévente du baillage par la fondation d'Auteuil
En juin 1977, le conseil municipal de Marcoussis demande l'estimation du baillage par les domaines. En août le géomètre Gros fournit un plan des lieux. Les domaines répondent que ce domaine a une valeur de 1.900.000 frs.
Que se passe-t-il à Auteuil? une manoeuvre maladroite? un manque de réalisme? Toujours est-il qu'en mai 1978, le conseil d'administration des orphelins a consenti à vendre à Mr Toueg le baillage avec 12 hectares, pour un million de frs. Regardons la description du bien:
- un bâtiment partie sur cave et partie sur terre plein élevé d'un rez-de-chaussée et de deux étages couverts en ardoises,
- un bâtiment divisé en écuries remises garage...
- un bâtiment d'habitation élevé sur terre plein d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage,
- cour entre les bâtiments, parc, bois , carrière,
le tout d'un seul tenant de 12 hectares.
La municipalité s'aperçoit en juillet qu'un acheteur privé a les mêmes intentions! elle déclare alors son intention d'aliéner ce bien. Donc en août, elle vote à l'unanimité l'acquisition du baillage avec droit de préemption, et demande à l'Agence Foncière et Technique de la Région Parisienne (AFTRP) d'exercer son droit de préemption. En septembre une convention est conclue avec cet organisme pour l'acquisition. Reste à trouver l'argent ce qui est fait en décembre par le Commission Départementale des Opérations Immobilières et de l'Architecture qui donne un avis favorable à l'AFTRP au prix amiable de 1.000.000 frs, estimés par les domaines à 2.100.000frs (inflation oblige).
Début 1979, le conseil municipal rappelle que l'acquisition va servir à:
- un centre aéré municipal,
- un parc public destiné à la population,
- la construction d'un collège.
En février, la demande d'utilité publique est accordée et signée par le préfet. Début avril, une requête est demandée par Toueg pour faire annuler cette demande au tribunal administratif. Fin avril, le même demande devant le tribunal de grande instance l'annulation du droit de préemption. Il sera débouté. Notons qu'à cette époque les jugements ont été rendus en moins de trois mois...
Nous arrivons en juin, l'acte de vente est signé devant notaire entre l'AFTRP et la fondation des Orphelins et apprentis d'Auteuil. Toueg décide faire appel du jugement d'avril. La vente est faite moyennant la somme d'un million de frs. Les orphelins ont donc perdu 1.000.000 frs.
En 1980, le conseil municipal délibère et autorise l'acquisition à l'AFTRP. Cette affaire se terminera en février 1981, la commune fera son affaire des locataires Patrick Bourgueil et Roger Lebrun. Notons que la carrière de sable au dessus du baillage est louée à Di Marco depuis 1965, et constitue une source de revenus.
En septembre, le maire envoie un courrier au directeur d'Auteuil:
Les logements occupés par Bourgueil et Lebrun, employés à la fondation, conservent un droit d'occupation gratuit de deux ans à compter du jour de la signature de l'acte qui remonte en juin 79 "pour l'AFTR" je vous prie pour conserver nos bonnes relations de libérer les locaux pour le 12 octobre . Il donne un congé de 15 jours...
Fin 1983, le conseil municipal délibère pour rétrocéder la partie de terrain du collège Marcoussis-Nozay, au comité de construction. Cela se passe en famille, en juin 1984, par une délibération entre Jean Montaru, maire, et Ghislaine Benady, représentant le syndicat du collège Mendes France. La parcelle de 13.761 m2 sur laquelle a été construit le collège est revendue 481.635 frs. Après cette vente on peut affirmer que le baillage et plus de 10 hectares de terre et bois ont été acquis par la commune moyennant la différence soit 518.365 frs.
Récupération des murs.
En 2013, ce lieu a probablement été remanié pour raison de sécurité. Sa dénomination, centre de loisirs sans hébergement, a fait l'objet de treize marchés se montant à la coquette somme de 3.200.420 euros ramenée en francs à 21.000.000 frs, soit quarante fois le montant de l'acquisition de 1981 (on néglige l'inflation)... Les dépenses non liées à ces marchés non comptabilisées. Les gestionnaires ne sont plus les mêmes...