Les Templiers et Hospitaliers à Longjumeau |
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Chronique du vieux Marcoussy _________________ ___________ajout septembre 2013_ juillet 2011 Extrait de la carte de l'Archevêché (1706). Le point rouge désigne le moulin de Gravigny JP. Dagnot C. Julien
Dans cette chronique nous présentons plusieurs textes dont les originaux en langue latine sont déposés aux Archives Nationales. Elle s'inscrit dans la série que nous présentons sur l'Histoire de l'Ordre des Templiers et celui des Hospitaliers dans la région de Montlhéry (1). Cette fois, les documents sont des actes notariaux relatifs à des ventes, donations ou échanges de biens situés sur le territoire de Longjumeau. Pour la plupart, ces immeubles deviennent la propriété des Templiers, le célèbre Ordre de chevalerie détruit par le roi Philippe le Bel en 1307 (2). Dès leur fondation, les Templiers constituèrent leur énorme patrimoine au cours des XIIe et XIIIe siècle. À Paris la censive du Temple était considérable où les frères possédaient plusieurs granges « granchia Templi, in censiva Templi », comptoirs de l'Ordre pour les arrivages par la rivière, dépendances immédiates du prieuré. La rue du Temple principale rue de la censive ; d'abord sous un seul nom, puis divisée en deux, sans compter la rue Barre-du-Bec, qui en est le commencement. Cette rue, très longue et très peuplée, est toujours inscrite la première, en tête de tous les censiers et livres de comptes. Hors des murs de l'enceinte de Philippe-Auguste laissait l'Enclos et une bonne partie de la censive dans la campagne : c'était donc une barrière fort gênante pour les habitants des deux côtés et pour les officiers du prieuré. De là l'ouverture de quelques poternes, qui furent octroyées à la demande générale des habitants par un acte de Philippe le Bel, de 1287. Outre, les possessions purement parisienne, les Templiers reçurent des biens en région parisienne et notamment dans le Hurepoix : Balizy, Nozay, Ris-Orangis, Fromont, les Trous, etc..., qu'il ne faut pas confondre avec ceux acquis par les Hospitaliers. Sur la couverture d'un dossier du XVIIIe siècle nous lisons « Ballisy, Chailly, Longjumeau, Gravigny et Noray, membres dépendant de la commanderie du Temple de Paris ». Puis, « Deux cent six liasses de titres et pièces concernant le domaine de la terre et seigneurie de Ballisy membre dépendant de la commanderie du Temple de Paris, l'une des chambres prieurales du Grand Prieuré de France qui sont, sçavoir baux et titres de cens et rentes et baux à ferme de la terre de Ballisy et ses déppendances touchant les dixmes de grain et de vin de Chailly et une rente de 4 muids de vin sur les dixmes prétendue par le Chapitre de Notre-Dame de Paris, une autre rente de 6 livres sur la maison du Cygne de Longjumeau, titres nouveaux de plusieurs maisons et héritages assis à Ballisy et autres pièces touchantles cens et droits seigneuriaux de ladite terre de Ballisy. Le tout datté depuis l'an 1280 jusques et compris 1650 ».
Les Hospitaliers à Gravigny Les frères Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (ordre devenu militaire depuis 1099) s'étaient installés dans le sud parisien depuis le milieu du XIIe siècle. Dans la région de Montlhéry, les Hospitaliers possédaient la commanderie du Déluge dont nous ignorons la fondation. Il va de soi que ces frères-chevaliers attirèrent les libéralités pieuses, mais aussi, étant immensément riches, firent de nombreuses acquisitions. Notons toutefois qu'ils achetèrent des biens dont le revenu était assuré avec un fort rendement. Ce fut le cas du moulin à blé de Gravigny. Au début du XIIIe siècle, le moulin de Gravigny, situé sur la rivière d'Yvette en aval de Longjumeau appartenait en indivis à plusieurs personnages, à la suite de transmissions successorales. Au cours du mois d'août 1211, les frères hospitaliers firent l'acquisition de la quatrième partie du moulin de Gravigny « De quartam parte molendini de Graviniacum nobis venditu a Stephano le Paumer ». La vente est passée devant les autorités diocésaines qui donnaient une garantie suprême à la transaction. Le parchemin de 1211 comporte le sceau de Pierre II de Nemours, évêque de Paris de 1208 à 1219. En voici une traduction brève : « Pierre, évêque de Paris, par la grâce de Dieu, à tous ceux que ces présentes lettres verront, au nom du Seigneur, salut. Que tous sachent, qu'en notre présence, Étienne le Paumers « Stephano le Paumer », sa femme Emeline et son fils Guillaume confessent avoir vendu aux frères de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem la quatrième partie du moulin de Gravigny « quartam partem molendini de Graviniaco » pour trente cinq livres parisis et promettent, garantissent, fortifient et défendent la vente de cet héritage. Gui, sire de Vaugrigneuse « Guido de Valle Grinosa », suzerain de qui appartient le droit féodal sur le susdit moulin, approuve la vente de cette part. Avec instance, Guillaume de Vaugrigneuse « Willelmus de Valle Grinosa », Raoul de Plessis « Radulphus de Plesseis », Jehan Le Paumers « Johannes Lepaumers » et Étienne de Fresnes « Stephano de Fraxina » sont les plèges de cette chose et garantissent tous les droits. En mémoire de cette chose et pour affermir les présentes lettres nous apposons notre scel. Fait en l'an de grâce 1221 au mois d'août « mense Augusto ». Ainsi, toutes les précautions d'usage sont prises dans cette vente. D'une part, la femme et le fils du vendeur se joignent à lui, par précaution envers toute contestation, mais également pour qu'ils soient tous réunis dans les prières de religieux auxquels ils avaient consenti d'aliéner leur bien patrimonial. Puis, plusieurs personnages interviennent : le suzerain qui accepte le transfert de propriété mais qui semble garder les droits féodaux éminents, et les plèges, ceux qui donnent caution de garantie. Ici, nous rencontrons les seigneurs Gui et Guillaume de Vaugrigneuse, chevaliers de la châtellenie de Montlhéry. Sous le roi Philippe-Auguste nous trouvons Gui de Vaugrigneuse « Guido de Valgrinose » et Hugues de Vaugrigneuse « Hugo de Valgrinose » qui, en compagnie de beaucoup d'autres dont Thomas de Bruyères, Pierre de Chastres, Gui de Varennes, …, devaient deux mois de garde au château. Gui de Vaugrigneuse est nommé comme étant de ceux qui tenaient leur fief du roi « Isti sunt de Castellania Montis Letherici tenentes de Rege » (3). Un second acte d'avril 1219, concerne le moulin de Gravigny à Longjumeau, avec la mention « censives du Motage » sur le parchemin. Il s'agit de l'acquisition de la quatrième partie dudit moulin « De quartam parte molendini apud Longemel ». Cette fois la confirmation est donnée par l'adjoint de l'évêque de Paris, c'est-à-dire l'archidiacre de Josas, sans doute immédiatement après le décès de Pierre de Nemours. Voici le texte simplifié : « À tous ceux que ces présentes lettres verront, Étienne archidiacre de l'Église de Paris, en notre Seigneur, salut. Que chacun sache qu'en notre présence, Pierre de Chatepon et Marguerite sa femme vendirent pour six vingt livres (120) parisis à l'Hôpital de Jérusalem à Paris la quatrième partie du moulin sis à Longjumeau « apud Longemel » avec le cens de Morangis, un muid moins un setier de blé que détient Genoucf de Bosea dans ledit moulin. De plus, Marguerite dont le moulin faisait partie de sa dot consent et approuve cette vente et le chevalier Nicolas de Chenanville premier seigneur et Godefroy de Condpeta second seigneur et le chevalier Simon de Vaugrigneuse qui possédait des droits féodaux et qui se sont constitués plèges, donnent et concèdent leur caution et les frères (de l'Hôpital) Renaud, Barthélemy et Guillaume sont témoins. Fait l'an de grâce 1219, au mois d'avril ».
Le but ultime des frères Hospitaliers étant la possession entière du moulin de Gravigny, un acte donné au mois de juin ou juillet 1299 au profit de l'Hospital Sainct-Jehan a pour titre « Moulin de Gravigny et droict de Motage ou gazon », c'est en résumé un « accord touchant ledict droict pour la quatrième partie dudict moulin ». Voici le résumé du parchemin donné par l'Official du diocèse de Paris : « À tous ceux que ces présente lettres verront, l'Official de la curie parisienne, au nom du Seigneur, salut. Nous faisons savoir que devant nous Jean dit Bataille « Johannes dicta Bataille » et demoiselle Jeanne sa femme d'une part et frère Jehan Bonnet, trésorier de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem à Paris et autres supérieurs et trésoriers dudit Hôpital d'autre part, qui ont fait un accord touchant la quatrième partie dans le moulin de Gravigny « i n molendino de Guvigniaco » situé sur les bords de la rivière Yvette « Yvete » pour plusieurs droits : celui de molage, du droit de gazon « cespites » et du droit de pâture « pastura » qu'ils possèdent de leur conquêt…. Pour rendre stable, ferme et permanent cette chose, nous apposons sur les présentes lettres le scel de la curie parisienne. Fait en l'an de grâce 1299, le dixième jour d'octobre 1299 ». [On levait plusieurs impôts sur les marchandises : droit de rivage, ripaticum , droit de roue, rotaticum , droit de pont, pontaticum , droit de gazon, cespitaticum , droit de boit, saltuaticum ]. Ainsi, le dessein des frères de l'Hôpital qui consistait en l'acquisition en totalité des droits sur le moulin de Gravigny était réalisé. Le second achat est fait moyennant plus de trois fois le montant de la première transaction. Nous remarquons la complexité féodale par la présence d'un premier seigneur suzerain et d'un vassal possédant un arrière-fief. Il s'agit de Simon de Vaugrigneuse qui pourrait être le frère de Gui de Vaugrigneuse que nous venons de rencontrer. La dernière transaction est faite par le nommé Jean Bataille qui était sans doute le fils ou un parent de Guillaume Bataille, seigneur de Balisy, celui qui avait vendu sa terre et seigneurie au frères Templiers. Ainsi, nous constatons que les deux ordres militaires étaient voisins et se partageaient en grande partie le territoire de Longjumeau.
Les Hospitaliers à Longjumeau Enfin, un troisième acte donné au mois de juin 1227 concerne un autre bien à Longjumeau « Acquisition desdicts quatre arpents de pré par eschange et par achapt ». Cette fois, c'est le vendeur lui-même qui appose son sceau de garantie « Moi, Josus, comte de Vienne et Misticonen, et Aalis ma femme, faisons savoir à tous ceux que ces lettres verront que nous avons donné en aumône aux frères de l'Hôpital de Jérusalem à Paris deux arpents de pré que nous possédions à côté de Longjumeau « juxta Longemellum » contre une terre qui se trouve à côté du marché de Longjumeau. Ensuite, deux autres arpents ont été vendus moyennant 50 livres parisis pour que les frères puissent posséder et tenir pacifiquement ces biens. Nous avons apposé notre scel pour affermir cette chose. Fait en l'an de grâce 1227, au mois de juin ». Rappelons que les altérations du toponyme ancien « Noïumeau , Noïomaellum » sont devenus Nongemel en langue romane. Le Pouillé de Paris met la paroisse de Montgimel en 1270. A propos du marché de Longjumeau, nous savons que le premier seigneur connu de Longjumeau a été le chevalier Ansoud de Chailly qui possédait le fief du marché de Longjumeau. C'est vers 1125 que le nommé Guillaume, fils d'Ebrard Chosi, légua au prieuré de Longpont deux sols dans la part qu'il avait au marché de Longjumeau « in parte sua in foro Mongemelli », la donation fut accordée par Ansoud, du fief duquel cela était (charte CCL du cartulaire de Longpont). À l'époque concernée, Pierre de Dreux , dit Mauclerc , second fils de Robert II, était titré seigneur de Chilly-Longjumeau. Il avait été fait chevalier à Compiègne par le roi Philippe Auguste à la Pentecôte 1209. Il fut l'un des seigneurs qui se liguèrent contre la régente Blanche de Castille mais finit par rendre foy et hommage au roi en novembre 1234. Il épousa, en 1213, Alix comtesse de Bretagne, fille aînée et héritière de Gui de Thouars, comte de Bretagne, à cause de sa femme Constance. Avec Pierre de Dreux, la seigneurie de Chilly-Longjumeau entrait, par engagement , dans la famille de Bretagne avec l'accord du roi Louis IX (4).
Les Templiers à Longjumeau Au mois de mai 1235, un acte de vente fait apparaître les templiers à Longjumeau. Il s'agit de l'acquisition du pré du Rocet, proche Longjumeau. « À tous ceux que ces lettres verrons, révérend R(adulph) doyen de Longjumeau « Longogemello », au nom du Seigneur, salut. Nous faisons savoir qu'en notre présence Guillaume de Champ « Guillermi de Campania », chevalier, reconnaît vendre une prairie appelée le Rocet « in Roceto » pour 10 livres parisis 10 sols aux frères chevaliers du Temple de Paris « fratibus milicie Templi parisiensis ». Ladite prairie sise en la censive des susdits frères. La mère de la femme dudit Guillaume, dame qui avait le droit seigneurial, accepte et consent à ladite vente. Nous avons apposé notre scel pour affermir ledit acte. Fait l'an de grâce 1235, au mois de mars ». Encore une fois, la vente est fait sous la protection d'un ecclésiastique. Il s'agit du doyen de Longjumeau, c'est-à-dire le religieux placé sous l'autorité de l'archidiacre de Josas. D'après les pouillés du diocèse de Paris, avant le XIVe siècle, le doyenné de Montlhéry avait pris successivement le nom de doyenné de Linais (Linas) de Maci et de Longjumel (Longjumeau). Cet acte nous apprend que les frères du Temple possédaient déjà une censive à Longjumeau. Nous en ignorons l'origine, mais ce fait va avoir une grande importance dans ce qui suit. En juillet 1277, les chevaliers du Temple font l'acquisition d'une maison à Longjumeau. Sans doute, faute d'héritiers et pour le salut de son âme, le seigneur de Villemoisson accorde cette faveur aux frères. L'acte est donné devant l'Official de la curie parisienne. « À tous ceux que ces présentes lettres verront, l'Official de la Curie de Paris, en notre Seigneur, salut. Que chacun sache qu'en notre présence le seigneur Guillaume de Milliaco seigneur de Villemoisson « Villa Messiam » reconnaît et confesse avoir vendu aux chevaliers du Temple de Jérusalem une maison qui était en sa possession située à Longjumeau « apud Longum Jumellum » avec le consentement du seigneur Emelin, neveu dudit Guillaume, moyennant la somme de cent livres tournois « centum libras turnensis »…. Fait en l'an de grâce 1277, au mois de juillet ». Un parchemin du début de 1280, relate la présence d'un banquier, changeur de monnaie à Longjumeau qui habite dans la censive des frères Templiers. « À tous les présents et futurs que ces lettres verront, l'official de l'évêché de Paris au nom de notre Seigneur, salut. En ma présence, d'une part Aubert Bertrand Lombard « Aubertus Bertrandi Lombardus » et Jacqueline sa femme reconnaissent être en possession de la part du trésorier et des frères de la maison du Temple de Paris « thesaurio et fratribus domus Templi parisis » soit rendre en retour ou soit délivrer audits trésorier et frères de ladite maison du Temple et à leurs successeurs ou ayant cause, chaque année, quatre deniers parisis de cens sur une maison proche la maison de Pierre dans la mesure que cette maison comprend des parties de devant et de derrière, inférieures et supérieures que le trésorier et des frères du Temple possèdent en mainmorte au village de Longjumeau dans la grande rue au-delà du pont proche la maison de Pierre « villam Longi Jumelli in magno vico ultra pontem contiguam domum Petri », et d'autre part leur fils Geoffroy promet et s'oblige de rendre les susdits quatre deniers de cens auxdits trésorier et frères du Temple. Et pour rendre cette chose permanente, nous apposons notre sceau sur cet acte en présence de Jacqueline et d'Aubert. Donné au mois de janvier l'an 1280 du Seigneur ». En octobre 1280, un parchemin concernant des biens à « Balisy, Limessy » désigne l'indemnité pour acquisition de cens, rente, droictures de neuf livres dix sols trois deniers parisis.
La commanderie templière de Balisy Situé entre Longjumeau et Epinay-sur-Orge, le hameau de Balisy fut le siège d'une célèbre commanderie templière au XIIIe siècle. Jusqu'en 1288, la " terre et seigneurie de Balisy " appartenait à un chevalier, du nom de Guillaume Bataille qui l'avait reçu de son oncle Guillaume de Balisi, chevalier, et de feu Ysabel, sa nièce. Par des lettres du mois de juin 1288, le seigneur de Balisy vendit son domaine à frère Jehan de Tour, trésorier de la maison du Temple, à Paris, pour le prix de 1.400 livres parisis. Comme cette terre relevait directement de la couronne, Philippe le Bel en approuva et confirma la vente par une charte, datée du mois de juin de l'année suivante. Le parchemin de juin 1289 porte le titre donné au XVIIIe siècle « Amortissement du roi Philippe le Bel pour l'acquisition faicte par les frères de la chevalerie du Temple de Guillaume Bataille, chevalier ». Introduction est écrite en langue latine avec sa formulation classique : « Philippe roi de France par la grâce de Dieu, nous faisons savoir tant aux présents qu'au futurs que ces lettres ont été copiées en leur contenu ». La traduction du vidimus du roi Philippe le Bel donne : « … Et de tout comme de simple détail dessus dits, nous voulons, concédons, louons et approuvons et nul ne pourra retenir en justice les susdits droits féodaux. Pour rendre stable, ferme et permanent cette chose, nous apposons notre scel sur les présentes lettres. Fait à Saint-Germain-en-Laye, l'an de grâce 1289, au mois de juin. « Actum apud Sanctum Germanum in Laya anno dominus millesima ducentesimo octogesimo nono mense Junio »
Charte de donation de la seigneurie de Balisy aux chevaliers du Temple (1288).
En fait, l'acte de 1289, reprend l' acte de vente de la seigneurie de Balisy aux chevaliers du Temple de Paris en juin 1288, dont l'écriture est donnée en vieux français par un fonctionnaire de la prévôté de Paris. Texte qui nous transcrivons intégralement . « À tous ceux que ces présentes lettres verront Pierre Saymel garde de la prévosté de Paris, salut. Nous faisons à savoir que par devant nous vint monseigneur Guillaume Bataille , chevalier, affirma que il maintenoit et poursuivoit tant de la descendue comme de lesceoite de feu monseigneur Guillaume de Balisi, son oncle, chevalier, et de feu Ysabel, nièce du denant dit monseigneur Guillaume Bataille en la vile de Balisi ou terrouer et es apartenances dicelle vile les héritages qui sensuivent. Premièrement quarante sis arpenz de terre arable ou environ assis à Balisi et es lieus à desouz nommez : premièrement au desus de lourme de Balisi douze arpens, derechief desous lavoie neuf arpens, derechief à lavoie des prez dis arpens et un quartier, derechief à la fontaine de Raier un arpent, derechiefaus praiaus quatre arpens et demi, derechief à ruillon un arpent, derechief aus braies deus arpens, derechief derrières lacaue trois arpens, derechief deles la meson feu Etienne de la Ruelle trois arpens et demi si comm il disoit, derechief dis et neuf arpens de prez, derechieffaucotes et pastez, derechiefonze arpens et demi de vigne, derechief trois jardins, derechief un arpen de terre à champart, derechief le four de la vile, derechief la rivière, derechief sis cornées à fener les gains des prez, derechief neuf livres dis neuf sols et sis deniers de menus cens, derechief les ventes les saisines, les esploiz, les relevemens et les aventures dudit cens et le forage de ladite vile, derechief douze droitures, derechief un fié que Chaumas Bourg tient dudit monseigneur Guillaume Bataille si comme il disoit, derechief cinquante deus arpents de terre arable, derechief un arpen de pré, derechief demi arpent de vigne, derechief environ vint et quatre hostises avec la joustice quil a en la dite vile ou terrouer et es apartenances, derechief et trois maners. Lesquelles choses toutes desus dites le douaire de monseigneur Guillaume Bataille tient manu en foi et hommage de nostre seigneur le Roi de France et sont chargées de quatre livres huit solz parisis une mine de bled et un minot d'orge de aumosne tant seulement si comme il disoit. Lesquieux héritages desus ditz si comme il se comportent en lonc et en le avecques tous ceux dits et leur apartenances. Le denant dit monseigneur Guillaume Bataille de sa bone volonté non mie contraint recongnit et confesse en sagement par devant nous … de pure vente quirez, octroiez et delessiez deforendroit à toujours à Religieux homme et honneste frère Jean de Tour, trésorier de la meson de la noble chevalerie du Temple de Paris , aus frères de celle meson, à leurs successeurs et à ceus qui auront cause deus. Pour le pris de quatorze cens livres parisis siens quites que le denant dit venant à euz et receuz en deniers couranz et dont il se tint entièrement pour paié par devant nous. Et renonça à ce quil ne puisse dire que ces deniers ne li seussent bailliez et délivrez et qu'il ne les ait receuz de tout en tout et expressement. Et transporta et mist du tout des orendroit le denant dit vendeur par devant nous es diz acheteurs et leur successeurs et en ceus qui auront cause deus, tout le droit joustice, seigneurie, possession, propriété et toute action que il avoit et povoit avoir et denoit par quelcomque cause ou reson quece fust es héritages desus diz en la dite joustice et es apartenances des dites choses sanz n'ens retenir en iceles à lui ne à ses hoirs des ors en avant. Et promist ledit vendeur par devant nous et par son loial gré que contre la vente la quittance, l'octroi et le transportement des héritages desus diz ne vendra ne venir sera par droit deritage par reson de conquest et escheoité, ne par nul autre droit quelque il soit commun ou espécial par lui ne par autre anuliour ou tansauemt. Amcois les héritages desus vendiez si comme il fust desus quitez et délivres de tous empeschements de toutes obligations et de toutes redevances sois tant seulement quatre livres et huit solz une mine de bled un minot d'orge d'aumosne sanz nulz autre charge. Garantira, délivrera et défendra à ses propres couz et despens en jugement et hors jugement toutes les fors que sera aus diz acheteurs à leur successeurs et à ceus qui auront cause deus, aus us et aus coustumes de France à toujourz les contre tous. Ainsi que tout le dit vendeur tendra et paiera aus acheteurs ou à leur successeurs touz cous depers despens et dommages se aucuns en j'avoient par défaute de garantie si comme il le promist en jugement par devant nous. Et quant à toutes les choses desus dites et chacune par foi tenir garder et fermement acomplir en la manière denant dite, le deuaire dit vendeur a obligé aus acheteurs desus dit à leur successeurs et à ceus qui auront cause dels foi ses hoirs touz ses biens et les biens des ses hoirs meubles et immeubles présenz et avenir ou qu'il soient et pourroit estre trouvéz et jousticier à nous ou à noz successeurs prévosts de Paris et baille et oblige le dit vendeur des orendroit especialement en contre plège aus diz acheteurs et à leur successeurs tout quanque il a en la vile de tentem puisse nommer, lesquels choses le denant dit vendeur tient de noble dame madame Jehanne contesse d'Alençon si comme il disoit pour assener pour saisir et pour esploitier de la propre auctorité des diz acheteurs ou de leur successeurs comme de contre plège toutes les foiz que le denant dit vendeur ou ses hoirs seoient defaillans de garantir les choses desus vendues ou aucune dicelles se defaute j'avoit en aucune manière. Belachant par devant nous le dit vendeur du tout aus diz acheteurs et à leurs successeurs tout besoins de denonciation quant à toutes les choses desus dites. En renonçant en ce fait à touz les privilèges, droits, prise et à prendre à toute exception de mal de fraude de trie, à toutes concillacions, barres, deffenses, exceptions et refons de droit de fait et de coustumes que il pourroit dire alléguer ou opposer contre ces présentes lettres ou contre aucune des choses dedenz contenues. En testimonie de ce nous à la requeste dudit monseigneur Guillaume Bataille, vendeur avons mis le scel de la prévosté de Paris en ces lettres avecques le scelle de celui monseigneur Guillaume duquel il usoit à présent et estoit sien propre si comme il disoit. Ce fut fait l'an de grâce mil deus cenz quatrevinz et huit au mois de juing. Dès l'achat de la terre de Balisy, les frères templiers en font une commanderie dépendance du grand prieuré de France à Paris. La commanderie de Balisy avec ses dépendances à Longjumeau, Gravigny, Ballainvilliers et à Nozay est avant tout une possession terrienne de rapport pour financer l'action des frères en Terre Sainte. Le domaine consistait en une maison seigneuriale, bâtie en forme de pavillon, dans la Grand'rue de Balisy, et en cent dix arpents de terre au terroir dudit lieu, avec haute, moyenne et basse justice, four banal et autres droits seigneuriaux. Le commandeur avait droit de pêche dans la rivière d'Yvette, depuis le gril de la prairie de Balisy, jusqu'au moulin de Gravigny. Il avait également un droit de pâturage à La Jonchère, sur la montagne d'Epinay et au Roullon. Il possédait en outre des censives à Balisy, ainsi qu'à Longjumeau et Ballainvillers.
Sceau royal de Philippe le Bel (1289).
Les religieux de Saint-Éloy Dans le même dossier nous avons trouvé un acte relatif au couvent Saint-Éloi de Longjumeau. Fondé en 1234 par Jean de Dreux pour les religieux de Sainte Catherine du Val-des-Écoliers, le prieuré Saint-Éloi eut une très florissante réputation au Moyen Âge. Outre la censive seigneuriale, le prieuré possédait de nombreuses terres, prés et bois dans la région et avait son propre moulin à farine construit au XIIIe siècle. Le document est une donation a titre gratuit « in perpetuam elemosinam », en aumône à tout jamais, comme l'on disait. Le legs a été confirmé par les lettres données en février 1261 par l'archidiacre de Josas. Trois arpents de terres à Fontenelle donnés par Jean seigneur de Louans (de nos jours Morangis) et Jeanne sa femme sont amortis pour 17 livres 4 sols de rentes ont donné Voici la traduction du parchemin : « À tous ceux que ces lettres verrons, Radulph archidiacre de l'église de Paris, en notre Seigneur, salut. Nous faisons savoir que devant nous vinrent le seigneur Jehan de Louans, chevalier « Johannes de Loancio, miles » et dame Jeanne sa femme qui reconnaissent devant nous que suivant les dispositions testamentaires et pour honorer sa mémoire de défunt Eudes, archidiacre de l'église de Paris qui possédait 17 livres parisis de rente sur une prairie qu'ils avaient reçu dudit défunt et amortissent pour la somme de 33 livres parisis à nos Religieux, prieur et frères de Saint-Éloy de Chilly « prior et fratribus Sancti Eligii apud Challiacum » en pure aumône consacrée. Les susdits chevalier et sa femme, par devant nous, avaient vendu quitté et délaissé pour lesdits 17 livres parisis aux susdits prieur et frères trois arpents de terre arable qu'ils avaient et tenaient au lieu-dit qu'on appelle Fontenelles « quod dicitur Fonteneles » proche d'une autre pièce de terre des Religieux dans le fief noble de la comtesse Marchie qui approuve et concède la donation de ces trois arpents qui seront possédés à toujours contre tous ceux qui pourraient réclamer ces trois arpents. Donné en l'an de grâce 1261, au mois de février. À suivre
Notes (1) Contrairement à ce qui est écrit parfois, Montlhéry n'a jamais été une possession templière, mais elle joua néanmoins un rôle dans l'histoire de l'Ordre quand dans la célèbre Tour, le pouvoir royal y incarcéra, le 13 octobre 1307, huit frères du Temple. Cet épisode est très bien décrit dans "Les prisonniers de Montlhéry" . Sur le même site, le lecteur prendra connaissance des extraits de la thèse de Henri de Curzon « La Maison du Temple à Paris », publiée en 1888. (2) Le lecteur est invité à consulter les chroniques " Les Frères de la milice du Temple " et " Les Frères de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem ". (3) Selon l'abbé Lebeuf, à cette époque, les habitants de Montlhéry « se plaignirent de ce que au lieu que quand les hommes de Montlhéry cuisaient aux fours de Guy de Vaugrigneuse, la coutume étoit de prendre pour la cuisson d'un sextier deux tourteaux ( tortellos ) qui se faisaient d'un seul pain, maintenant ses héritiers vouloient avoir deux pains pour la cuisson de chaque sextier, et empêchoient qu'on ne fit d'un sextier plus de trente pains ». (4) Le domaine de la couronne, soit ancien ou nouveau, grand ou petit, est inaliénable de sa nature; c'est pourquoi les actes par lesquels le roi cède à quelqu'un une portion de son domaine, ne sont considérés que comme des engagemens avec faculté de rachat. Après la réunion de la châtellenie de Montlhéry au domaine royal par Louis VI le gros, son fils Louis VII engagea Longjumeau au profit de son frère cadet Robert de Dreux. En 1305, le roi Philippe le Bel fit jouer la clause de retour en engageant Longjumeau au profit de Béraud de Mercœur, connétable de Champagne. (5) Selon Eugène Mannier [ Les commanderies du Grand-Prieuré de France, chez Aubry et Dumoulin, Paris, 1872 ] : « La maison de Balisy avait sa chapelle qui était desservie en 1456, par un religieux de l'Hôpital, frère Regnault Gouré, à qui le Grand-Prieur avait donné, en récompense de ses services, la jouissance viagère du domaine de Balisy, à la charge de lui payer, chaque année, une maille d'or valant 25 sols tournois. Le revenu de Balisy était de trente livres en 1529, de 100 livres en 1571, de 800 livres en 1635, de 1400 en 1643, de 4.000 livres en 1737 ».
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