Le fief de Lunaisy à Nozay (1253- 1630) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------------------- --ajout janvier 2011-- Juillet 2010
Extrait du plan terrier de Nozay existant à Auteuil avant son transfert aux AD91.JP. Dagnot C. Julien
Cette chronique relate l'histoire d'un fief à Nozay (Essonne, arr. Palaiseau). Bien que Nozay soit un lieu templier, nous verrons que le terme « Lymessi » de consonance proche de Lunezy ne peut être attribué au fief qui nous intéresse. L'étymologie semble complexe. Nous proposons deux hypothèses. En vieux français lunze (loigne) désigne une longe, une lanière, une longueur. Il s'agirait ici probablement d'un domaine de forme allongée, à moins qu'il s'étende dans le vallon étroit du Rouillon jusqu'au Plessis-Saint-Père. La seconde proposition provient du latin linum , "le lin". Lunézy aurait été une terre où l'on cultivait le lin, plante herbacée récoltée pour les fibres textiles de sa tige. Linas pourrait avoir la même origine. En 1672, Dom Lhoste, desservant la cure de Nozay, écrit Lunaizy sur le registre paroissial et Lunaisi en 1673. Sur la carte des environs de Paris dressée par Viiier en 1700, on peut lire Lunzy . On trouve aussi l'orthographe Lunazy en 1723. Le vicaire de Nozay écrivait Lunési vers 1750. Sur le plan de 1785, on peut voir deux variantes orthographiques différentes, Lunézy et Lainézy (cf. planche). Le cadastre napoléonien (1809) mentionne Lunezi Ch au . On peut y voir dessiner un parc à la française. Il faut donc comprendre que la demeure était spacieuse et considérée comme très confortable
Les documents anciens Peu de documents décrivent l'antiquité de ce lieu-dit situé au bord du plateau qui domine la vallée du Rouillon, au nord-est du territoire de Nozay. L'abbé Lebeuf ne consacre que quatre lignes à « Lunezy qui est un écart de la paroisse de Nozay », dit-il Comme à l'accoutumée c'est dans les cartulaires habituels que se trouvent les informations. Au XIIe siècle, selon la charte CCLXXXII du cartulaire de Longpont, qui énonce l'achat de la moitié de la dîme par le prieur Thibaut 1er à Bouchard de Chailly, cette terre était dans la mouvance du seigneur Milon de Marcoussis « Milo de Marcolciis de cujus feodo movebat ». Dans celui de Linas il est question de Pierre de Lunaisy en juillet 1253. La même année le même Petrus de Lunaisiaco et Aalipedis sa femme, reconnaissent qu'ils possèdent 32 arpents de terre arable à Mondétour ... qu'ils vendent aux religieux de Sainte Katherine du val des escoliers... En 1289, un acte déjà vu dans la chronique sur le site templier de Nozay , l'acquisition de prés chargés de 8 deniers de cens par arpent à la ville de Lymessi , semble séduisant, mais il s'agit plus probablement de Villemoisson!
Lunaisy au XIVe siècle Dans le classique document de 1314, où Enguerrand de Marigny acquiert de Béraud de Mercœur les droits de justice sur plusieurs fiefs du sud parisien, nous lisons « Philippe par la grâce de Dieu Roy de France savoir faisons à tous présente et devenir que notre amé et féal homme et chambellan Enguerans sire de Marigny… de nous tenir et posséder à tous jours en la manière que nous les avions, tenons et possédons, c'est à sçavoir la haute, la moienne et la basse justice des lieux dessous nomez pareillement des villes de Locummel, de Champlant, de Villebon, de la Roche-lez-Palasel, de Orçay et des hameaux déppendants à la paroisse d'Orçay, de Cortabuef, de Ville Just, de Fretoy, de la Granche Potevine, de Villarson , de la Saussoie, de Ville Arcueil, de Ville Vent, de Linesi, de Ville seeur, de la Meson de la Plesse de Villiers-souz-Sauz, de Villegueur-de-Sauz … ». Le premier acte concernant directement ce fief date de 1371. C'est un aveu & dénombrement rendu par dame Marie la Marcette à Messire Louis Pasté de: Ce document montre une habitation avec terres et bois relevant de la seigneurie du Plessis Pâté. Une vingtaine d'année après, Nicolas Giffart, à cause de Marie Lamarcette sa femme, présente de nouveau un aveu, toujours pour la moitié des biens indivis consistan scavoir en: La propriété s'agrandit pendant cette période de la guerre de Cent Ans.
L'hôtel de Lunezy aux Sanguin (1) Contentons nous du peu d'informations provenant du seigneur dominant en l'occurence du Plessis Pâté. La guerre de Cent Ans s'achève et en 1433, un acte de foy & hommage est passé devant François et son confrère, notaires au Chatelet, par Mre Guillaume Sauguin à dame Marie Paté du Plessis, veuve de Mre Bastien de Mazière pour raison du fief de Lunaizy consistant en: Le propriétaire, Guillaume Sanguin, si l'on se réfère à la généalogie des Sanguin par Etienne Pattou, est un personnage important et Lunaisy n'est qu'un bien secondaire. on peut suivre les descendants de Guillaume Sanguin qui correspondent également aux propriétaires de Lunaisy pendant un siècle environ.
Extrait de la généalogie des Sanguin par Etienne Pattou.
Le même aveu est réitéré en 1456, par Antoine Sauguin fils, comme procureur de Jean Sauguin son père, à Mr Rogerin Blosset seigneur du Plessis pour raison du fief de Lunaisy. Les biens n'ont pas varié. La dynastie des Blosset remplace celle des Pasté. Du côté de Lunaisy, les Sanguin conservent le fief correspondant à une ferme. En 1486, Antoine Sauguin porte le titre de seigneur de Lunaisy. Dans l'aveu qu'il rend nous relèverons que l'hôtel comporte maintenant un colombier et un jardin, les vignes sont retournées en friches. Le dernier acte passé par cette famille date de 1509, est un hommage passé devant Comtesse et son confrère, par Jean Sauguin, seigneur de Lunaisy, au fondé de procuration de Messire Jean de Blosset seigneur du Plessis.
Bernard Tricquot En 1539, Jean Sanguin a du rendre l'âme, son frère Antoine, dit le cardinal de Meudon, fait une donation entre vifs à Bernard Tricot. Ce dernier reçoit la terre & seigneurie de Lunaisy, et comme le veut la coutume, il présente ses hommages en l'an 1542, à Jehan Blosset, seigneur du Plessis Pâté . Les actes notariés étant peu nombreux à cette époque, signalons en 1552, noble homme Bernard de Tricot, écuyer, seigneur de Lunaisy, demeurant à Chastres, qui constitue Jehan Ernault, son procureur général... Le domaine consiste toujours en une ferme tenue par des laboureurs, ce qui est confirmé par des actes secondaires tels que:
Lunaisy à Jehan Regnault et Marguerite Lemaistre L'histoire de Montlhéry, annotée d'après Malte-Brun, cite dans la liste des prévôts, Geoffroy Lemaistre de 1493 à 1527, puis Jehan Regnault de 1541 à 1551. Pour apporter un jour nouveau sur ces personnages, nous dirons que Marguerite, fille de Geoffroy Lemaistre et de sa seconde épouse Catherine Lefèvre, s'est mariée en 1537 avec ledit Jehan Regnault, licencié en droits, et qu'à cette occasion, Geoffroy Lemaistre a résigné son office de prévôt de Montlhéry au profit de son futur gendre. Également, il a apporté tant en deniers qu'autres choses, la somme de 3.600 livres. Les quelques actes qui suivent confirment cette qualité au gendre et également son intérêt dans l'acquisition de terres à Nozay. En 1547, un document autorise les Célestins de Marcoussis de nommer deux gardes pour leur bois du Fay ; le début du texte commence par cette phrase classique " A tous ceux qui par ces présentes verront Jehan Regnault, licencié en droits, advocat en parlement, garde pour le roy nostre sire de la ville et prévosté et chastellenie de Montlhéry...". La même année, nous le retrouvons en qualité de noble homme Jehan Regnault, avocat au Parlement de Paris, comme tuteur de Jullien Lemaistre (son beau-frère), recevant du propriétaire de la ferme Saint-Philibert la somme de 7 lt ( 6 lt pour vente de 8 cent de chaulme et 20 st pour 4 « chartiees de fiens », menés en un demy arpent de vigne appartenant au dit mineur).(2) Une troisième information (2) concernant ce personnage nous est donnée en 1548. Noble homme Jehan Regnault , avocat au Parlement et prévôt de Montlhéry, achète à Nozay 3 arpents et 3 quartiers de terre à Nozay, à Symon Cordeau, marchand à Linas, époux d'Estiennette Picquet, sa femme. La même année, Jehan Cordeau, marchand boucher à Montlhéry, s'unit à Denise Picquet; notons parmi les témoins de la future Henry Picquet, laboureur à Lunaisy, paroisse de Nozay, son oncle. Un nouvel achat par Jehan Regnault a lieu trois ans après, cette fois il est désigné comme garde de la prévosté de Montlhéry et il s'agit de terres à "Lignesy", les vendeurs sont Jehan Bourgeron le jeune et Jehan l'aîné. La même année noble homme et saige Messire Jehan Regnault, advocat en sa cour de parlement, prévost de Montlhéry, demeurant à Paris, achète à Antoine Barreau, procureur en parlement, 25 livres de rente perpétuelle sur une maison assise à Paris, autres lieux .... cette constitution faite moyennant 300 livres. Pour terminer sur ce couple, signalons le testament de Marguerite Lemaistre en 1549 (3). Sans avoir trouvé le document, il a épousé en secondes noces Michèle Luillier qui lui a survécu de nombreuses années.
Lunaisy à Jehan Regnault et Michelle Lhuillier Il faut composer avec les actes peu nombreux à cette époque. L'acquisition de Lunaisy par Jehan Regnault n'a pas été trouvée. Citons en 1553, Gervais Persault, laboureur à Lunaisy, paroisse de Nozay, âgé de 26 ans, qui vend un quartier de terre à Guillaume Gelin (2). En 1560, notre personnage réapparaît: noble homme & saige Messirer Jehan Regnault , seigneur de Lunesy et advocat en cour du parlement, devenu propriétaire du domaine, agrandit son acquisition, il achète à honorable homme Jehan Boullanger, praticien en arlay demeurant à Montlhéry, aagé suffisamment, se portant fort de sa femme Nicolle Cordeau, un espasse de masure appelé granier, portion de jardin assis à Lunesy, un arpen de bois taillis aussy audit lieu, sept arpens en deux pièces au même terroir, tenant au chemin de Lunesy à Rouillon, au ruisseau blanc, ... chemin de lonjumel, le tout en censive du sieur acheteur, à cause de sa terre & seigneurie de Lunezy ... Les achats continuent en 1565, c'est Anthoine Panyerbert, laboureur de vignes demeurant à Nozay, curateur de la succession Panyerbert, qui confesse avoir vendu à noble homme Jehan Regnault, advocat au parlement, seigneur de Lunezy, deulx tiers d'un demy arpen faisant partie d'une pièce de boys tailliz, tenant à 14 arpens appartenant audit Regnault, tenu en censive de la seigneurie de Lunezy, chargé de douze sols par aprpent et deux chappons, la vente faite moyennant 10 lt. Destin tragique ou mort subite, quinze jours après, dame Michelle Luillier, veuve de noble homme Jehan Regnault, seigneur de Lunaisy, avocat au parlement, baille 2 vaches (l'une sous poil rouge, et l'autre sous poil brun) pour trois ans à Jehan Caiger laboureur à la Fosse aux moynes, paroisse de Nozay, et Martine Heurtault, sa femme, moyennant la somme de 100 sols tz et de 6 livres de beurre de loyer annuel (2).
La veuve et les enfants de Jehan Regnault à Lunezy Après le décès du père, les enfants héritent de leur part et doivent donc porter la foy et hommage au seigneur du Plessis pour raison du fief terre & seigneurie de Lunaisy. Ceci est réalisé en 1574, devant Desnoyers par Claude Regnault, se portant fort pour ses frères & soeurs et comme seigneur du fief de Lunaisy, à Messire Jean Blosset ...
La mère gère les affaires courantes et en son nom et tutrice des enfans dudit deffunt, baille & délaisse à titre de moison de grain jusques à neuf ans, à Claude Goy, marchand demeurant à Villiers soubz Nozay, c'est à savoir: Du fait du colombier et de la ferme nommés précisément, cette famille doit certainement considérer Lunezy comme sa villégiature d'été, avec une maison d'habitation attenant à la ferme. La même année, une saisie est faite au terroir de Marcoussis: Mr René Capperon, procureur de noble homme Charles Gastenay, conseiller du roy et auditeur en sa chambre des comptes, poursuivant les criées des héritages cy après déclairés, envers Guillaume Maillard, escuyer sr du Plessis, En 1576, le fermier du domaine, Jehan Roussel, laboureur demeurant à Lunaisy, paroisse de Nozay et sa femme de lui authorisée confesse avoir donné à honorable femme Michèle Luillier veuve de Jehan Regnault, advocat en la cour de parlement & Mr Jean Jacques Regnault son fils, la quantité d'un muid de bled que ladite Luillier leur avoit baillé du bail de la ferme de Lunaisy appartenant à ladite Luillier... En 1579, le même fermier toujours à Lunaisy, et sa femme Henriette Ledourf, vendent des terres à Villejust. La vie continue, en 1581, Michelle Luillier règle des problèmes d'intendance avec son fermier Fiacre Petit. L'année suivante ce dernier toujours à Lunaisy, confesse avoir baillé et délaissé à titre de loyer & moison de grain jusqu'à sept ans à Adam de la Marre et Jehan Alliot laboureurs de Nozay, cinq espasses de logis, granges estable fournil, cour puy, avecque ung jardin derrière en la grande rue de Nozay... avec la quantité de 40 arpens de terres. Un nouveau bail de la ferme est fait en 1584, entre Michelle Lhuillier, tant en son nom que comme tutrice des enffans myneurs, à Jehan Durand laboureur demeurant à Rouillon paroisse de Nozay et Ambroise Bellot aussi laboureur. Le contrat est prévu à titre de ferme & moison de grain par an jusqu'à neuf années et neuf dépouilles. La description des lieux, c'est à savoir : En 1585, un acte intéressant nous fait connaître mieux Claude Regnault. Il est qualifié de noble homme, conseiller du roy au parlement de Bretaigne et également seigneur de Lunaisy. Il fait marché avec deux marchands de Marcoussis, Jehan Heruet et Gilles son fils. Il s'agit de la coupe du bois contigü au logis, moyennant 3 escus dor soleil par arpent. Gilles Heruet paye ce jour 40 escus, le solde après mesurage. Apparemment le bail de 1584 a cessé, un nouveau est rédigé en 1586. La mère s'est effacée au profit de son fils Claude. Ce dernier demeure à Paris rue de la Harpe, il baille jusqu'à sept années, à Michel Bourgeron, laboureur demeurant à la Ville du bois & Jehan Alliot son gendre aussy laboureur demeurant audit Nouzay, la ferme dudit Lunaisy qui se consiste en maison granches estables court jardin cloz & arbres fruitiers avec la quantité de six vingts arpents de terres labourables ... La description est sommaire le bailleur dit que ces biens lui appartiennent. Ce bail est cette fois fait à titre de loyer d'argent, soit la somme de vingt cinq escus soleil. Le bailleur avance un muy de bled mestail et un muy d'avoyne à rendre pendant le bail. Dans les clauses annexes : pendant les vendanges, amener le marc au pressoir et ramener le vin dicelluy marc, fournir douze poulardes et comme au précédent bail, prendre deux vaches à moitié de croix. On retrouve Michel Bourgeron en 1586, toujours laboureur demeurant en la ferme de Lunaizy, dans une vente de terres déjà décrite dans la chronique sur le Plessis-saint-Père. L'année 1587 est un tournant dans la vie de Michel Bourgeron, il délaisse à son gendre Jehan Alliot et à sa fille Martine tous les droits qu'il pourrait avoir en ladite ferme & mestairie, à cause du bail à loyer fait par le sieur de Lunaisy. Egalement, il lui laisse troys chevaulx garnis de leurs harnais gros & menus avec charette, deulx charrues & quatre pièces qu'ils ont achetés et paier ensemble. Le gendre achète également cent quatorze bestes à laynes, tant brebis moutons & agneaulx moyennant la somme de 94 escus d'or à Mathieu de Fontenay, advocat en la cour de parlement. La raison du départ de Michel Bourgeron peut s'expliquer par la santé de sa fille. En effet six mois plus tard Jehan Alyot se remarie à une veuve Pauline Courtoyer. Le fils mineur de Jehan agé de quatre ans, et celui de Pauline agé de neuf, seront nourris, entretenus & autres choses, mesme des escolles jusqu'à l'âge de douze ans, .... En 1594, le début des problèmes concernant cette famille voit le jour dans la région. N'oublions pas que les guerres de religion ont causé des dégâts et qu'en outre il y a eu changement de roi. Noble homme Messire Claude Regnault, advocat en la cour de parlement de Paris seigneur de Lunaizy, demeurant à Paris rue de la truanderie, paroisse Saint-Eustache, déclare par ces présentes qu'il est opposant, et de faict opposé à la saysie faicte sur son fief terre et seigneurie de Lunaisy par Nicolas Héruy sergent royal à Montlhéry le sept du présent mois à la requeste de Mr Pierre de Villar..? les biens de Lunaizy à luy appartenant et non à dame Michelle Luillier sa mère sur laquelle on veut saisir... La cause de cette saisie n'est pas explicitée. En 1595, Claude Regnault, sieur de Lunezy, doit finaliser une cession difficile de l'estat et office de conseiller du roy au parlement de Bretaigne qui se termine par une décharge disant qu'il ne prétend plus rien à cet office. L'année suivante apparaît Demoiselle Françoise Regnault femme de noble homme François Bourlon, bourgeois de Paris, demeurant rue de la Truanderye estant de présent au lieu seigneurial de Lunaisy nomme son mari procureur spécial sur une rente. La famille Regnault frère et soeur résident au même endroit à Paris. Le même mois, le seigneur dominant du fief de Lunaisy, Louis de Montbron, fils héritier de feue dame Claude de Blosset sa mère, héritière de feu Jean de Blosset rend aveu de la terre et seigneurie du Plessis Pâté au seigneur de Sucy. Il déclare un château composé de deux grands corps de logis, corps de chapelle, colombier et jeu de paume , le tout couvert de thuiles et ardoises, cour pavée enclos de fossés à cuve de poissons, pont-levis, basse-cour, étable, pressoir, jardin clos de murailles... 3 arpents en bâtiment, 303 arpents en terre et en fossés, 8 en jardin en jardins et 167 en bois taillis . Citons les arrière-fiefs qui nous intéressent : En 1596, nous assistons au début de déboires importants qui s'installent. La mère a perdu son fils Jean-Jacques qui assumait une charge lucrative mais risquée, la recette des finances à Tours. Dame Michelle Lhuillier, veuve de noble homme Jehan Regnault, advocat en parlement sieur de Lunaisy, laquelle déclare qu'elle a plusieurs fois dit que deffunt Jean Jacques Regnault son fils, vivant conseiller du roy receveur général des finances à Tours disant que son estat et office auroit esté perdu & tourné au profit du roy qui n'en auroit fait aucune récompense, combien qu'il fut du prix de 10.000 escus sol, qu'il auroit laissé plusieurs comptes de ladite recette des années 1590 & 1592 desquels son commis Pierre Thomas avoit la charge .... et n'a pas rendu compte. De ce fait, elle n'a pas voulu se porter héritière et auroit accepté ladite succession que sous le nom de Philippe Bourlon son petit fils. Elle entend qu'après son décès tout ce qui dépend de sa succession soit partagé également entre Mr Claude Regnault sieur de Lunaisy & damoiselle Françoise Regnault ses enfans frères & soeurs dudit deffunt .... La même année elle nomme un procureur, la dite dame Lhuillier, tutrice de Philbert Bourlon, son petit fils, nomme un procureur pour plaider un différent concernant la succession de Jean-Jacques Regnault, receveur général des finances à Tours, oncle de Philbert, dont il hérite entièrement. Passé au lieu seigneurial de Lunaisy ... Notons encore en cette année l'achat par Claude Regnault à Denis Rousseau de 7 arpents à Lunaisy. Michelle Lhuillier va même jusqu'à demander à François Hotman, conseiller du roy en son conseil et trésorier de son épargne, de la représenter pour plaider et récupérer 600 escus en deux vacations dus audit Jean Jacques Regnault pour des frais, dépenses et vaccations par luy faites pour le service de sa majesté dont il n' avoit été payé. Elle voit les ennuis s'amonceler et agit de même avec son fils Claude, pour recevoir des rentes à elle dues provenant de la succession de son fils Jean Jacques. On apprend à cette époque que ce receveur imprudent a signé des blancs seing à Pierre Thomas, commis dudit deffunt. Pour couronner le tout, son gendre Mathieu Bourlon, confesse qu'il s'engage conjointement avec sa belle-mère à emprunter jusqu'à la somme de 1.500 escus, gagés sur les meubles bagues joiaux vaisselle d'argent dudit Bourlon . Cette affaire ne se présente pas sous de bons augures et tourne au drame, Mathieu Bourlon a dû obtenir 1.250 escus de Charles Duboys, marchand et bourgeois de Paris. Ce dernier fait une déclaration surprenante: il déclare devant notaire que Mathieu Bourlon lui doit 1.250 escus pris & emportés de la maison dudit Duboys nuittamment dedans ung coffre fort dudit Duboys il y a six mois! ... il joint à l'acte trois preuves: La pauvre femme est paniquée, elle vit maintenant à Lunaisy et rédige son testament. Elle git au lit mallade, ..., C'est un testament classique, nous ne retiendrons que ce qui concerne Nozay et les termes sortant de l'ordinaire: Elle reconfirme le mois suivant qu'elle doit bien de l'argent à Charles Duboys. La justice est expéditive et efficace à cette époque, Michelle Lhuillier, est originaire de la région d'Orléans où elle possède des rentes et héritages qui sont à leur tour saisis et de ce fait elle mandate un procureur pour vendre ces biens au plus offrant dans le baillage d'Orléans. Nous arrivons en 1598, toujours à Orléans. Claude Lhuillier, bourgeois de cette ville, est décédé. Claude Regnault, ayant pouvoir de sa mère Michèle Luillier, nomme un procureur en blanc pour la représenter à la succession. Ce document semble de peu d'intérêt. Il va nous permettre de retrouver l'ascendance de Michèle Lhuillier.
Michèle Lhuillier entre néanmoins dans le XVIIe siècle. La succession d'Orléans lui a apporté quelques écus, et elle constitue une rente de quelques écus à son petit fils Philbert devenu escuier.
Claude Regnault II En 1585, Claude Regnault, a acheté la charge de conseiller du Roy au parlement de Bretagne. C'est dans ces qualités et comme seigneur de Lunaisy, qu'il vend à Jehan & Gilles Heruet, marchands demeurant à Marcoussis, la couppe & dépouille d'une pièce de bois taillis assis audit lieu de Lunaisy tenant à la maison du lieu; cette vente est faite moyennant huit écus d'or soleil par chaque arpent le tout évalué à quarante écus d'or. Sont énoncées ensuite les conditions du paiement, de la coupe et de la vendange. Il n'apparaît à Lunaisy que rarement : - en 1594, il s'oppose à la saisie faite sur ses terres et biens de Lunaisy par Nicholas Hervy, sergent royal à Montlhéry, à la requête de Pierre de Villan..? ces biens venant de sa mère Michelle Luillier. - en septembre 1600, après le décès de sa mère, il est nommé par jugement tuteur de son neveu Philbert Bourdon, toujours en raison de la décision de la grand mère de le nommer héritier de son oncle Jean Jacques.
Françoise Regnault et Mathieu de Bourlon Ce couple, au décès de Michèle Lhuillier, demeure à Lunaisy. Ils font une déclaration rappelant les mésaventures de la défunte et concluent que par le moyen de son décès icelle succession aux décès de Jean Jacques Regnault est advenu à noble homme Mr Claude Regnault advocat en parlement et à ladite Françoise Regnault sa soeur, de laquelle déclaration ledit Claude a requis et demandé la succession à luy octroyé pour luy servir et valoir en temps & lieux ... On arrive en 1618, Françoise Regnault est décédée. Mathieu de Bourlon, est devenu seigneur de Lunaisy, avec Philbert et Charlotte, ils nomment un procureur pour engager des poursuites sur 125 livres de rentes en deux parties ... De nouveau en 1624, la famille Bourlon apprend que la branche Lhuillier d'Orléans leur réserve une surprise agréable. Lors d'un passage chez le notaire de Montlhéry pour la procuration habituelle avec les acteurs déjà cités, cette fois les soeurs se portent fort pour leurs frères Philibert & Jehan Jacques; il s'agit de percevoir quelques livres d'héritages. La famille vit chichement et pour améliorer l'ordinaire, en 1628, ils confessent avoir vendu à noble homme Pierre Allix , le nouveau propriétaire de la Grand Maison à la Ville-du-Bois, commissaire ordinaire des guerres, maréchal des logis au régiment de Navarre, absent, représenté par Jehan Laurent, deulx arpents à la fosse aux moines, moyennant 40 livres. Deux après, une vente curieuse se produit Mathieu Bourlon, vend à Jullien Cabar et à Catherine Bourlon, son gendre et sa fille, demeurant aussy audit Lunaisy : Le mois suivant, on se doute des raisons de la vente factice., ... Jullien Cabart (gendre de Mathieu Bourlon), escuyer de sr de Mirebebeau demeurant ordinairement à Lunaisy, au nom de François Daniel, bourgeois de Paris, demeurant rue des hauts moulins paroisse Saint-Symphorien, curateur aux biens vacants de deffunte Michel Lhuillier et de Claude Regnault, vivant sr dudit Lunaisy & de luy fondé de procuration par devant Dupuy notaire au chatelet le septième jour du présent mois, nous sommes transportés avec Pierre Prieur notaire de Linoys devant la principale porte du chasteau du Plessis Paté, demandé Jehan de Montbron, pour présenter les f&h , à cause de la terre & seigneurie de Lunaisy pour François Daniel curateur reste classique. La branche Regnault s'est éteinte en laissant une seigneurie pratiquement sans valeur, d'où la vente du mobilier et des animaux pour ne pas être saisi, comme cela s'était produit au début du siècle. Deux ans après, le registre paroissial nous apprend que noble homme Mathieu Bourlon en son vivant escuier, sieur de Lunaisy, a été inhumé dans le coeur de l'église de Monseigneur Saint-Germain de Nozay, ayant reçu tous les sacrements de notre mère l'église. A suivre ...
Notes (1) Suivant les documents on trouve indifféremment les deux orthographes Sauguin ou Sanguin. (2) Documents fourni par Pascal Herbert. (3) Le détail de ce testament sera fait dans une chronique à venir sur les "Lemaistre".
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