L'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis (6) (de 1720 à 1790) |
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Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------- ---- _------------------------------ Février 2010 Croquis de l'église fin XIXe siècleJP. Dagnot C. Julien
Nous présentons le sixième volet de l'histoire de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis. Après avoir évoqué les débuts de la paroisse, présenté les phases de construction de l'église, évoqué les ravages causés par les guerres, donné les évènements survenus aux XVIe et XVIIe siècle, nous poursuivons la présentation des évènements survenus au cours du XVIIIe siècle.
L'église de Marcoussis au XVIIIe siècle Devenu vacant par le décès de Messire Jean-Baptiste Bourguignon en 1715, « dernier paisible possesseur d'iceluy », le bénéfice ecclésiastique de Marcoussis fut donné en faveur de Messire Louis d'Illiers d'Entagues, prestre du diocèze de Paris, docteur de Sorbonne, et aumosnier du Roy par acte passé devant le notaire, garde-note et garde-scel de Sa Majesté en son Châtelet de Paris. Ainsi, l'illustre cadet de la famille Balsac d'Illiers d'Entragues devenait patron de l'église de Marcoussis, terre de ses ancêtres. Baltazard de Saint-André devient curé de la paroisse Sainte-Marie Madeleine secondé par le vicaire Dauvillié (1). Durant l'activité de Messire Baltazard de Saint-André, prestre curé de Marcoussis, assisté de Lucas, receveur et procureur fiscal, des deux marguilliers, et du notaire Blondeau, greffier et tabellion au baillage, ils procèdent à l'inventaire des titres de la fabrique, en raison de la mauvaise foi de certains débiteurs, suivi par : En 1731, Anthoine Lhéritier, bailly du baillage en la châtellenie de Marcoussis et Messire Baltazar de Saint-André, prestre curé et prieur du prieuré Saint-Wandrille de cette paroisse, visitent la maison prieuriale, lieux et bastiments, le chœur et clocher de l'église, et font la prisée et estimée des grosses réparations qu'il convient de faire. François Legendre masson en plastre, en présence du procureur fiscal, se transportent au dedans du coeur et du clocher ainsi qu'aux bastimens du prieuré. Ledit Legendre estime qu'il convient : En 1735, Mesire Baltazard Saint-André, prêtre prieur curé, les marguilliers et quelques habitants assemblés au son de la cloche en la manière accoutumée, d'une part, et le sieur Mathieu Pradet, maistre menuisier, bourgeois de Paris, demeurant rue du Bout du Monde, d'autre part, lesquels parties ensemble pour conclure le marché d'ouvrages et convention de faire fabriquer à neuf avec du bois de chesne bon loyal pour deux tables d'autels à poser dans ladite église, dans la neffe d'icelle à gauche en entrant au dessus de la chaire pour l'autel de la sainte Vierge et l'autre à main droite en entrant pour autel au lieu de celuy présent nommé des (?), le tout conforme au plan et dessein vu et signé par les parties. « Iceux autels de cinq pieds et demi de large dehors avec un marchepied seul et de hauteur pour le dit autel en proportion de la largeur aux pilastres niches et cul de lampe. Ce marché de construction ainsi fait moyennant le prix et somme de six cents livres... ». Monsieur l'abbé Balthazard de Saint-André décède à Marcoussis le 3 septembre 1735. Il fut inhumé dans le chœur de l'église. Son successeur, Mathieu Rousseau est nommé curé de Marcoussis, secondé par le vicaire Dauvillié. Le 8 octobre 1742, Mathieu Rousseau, prestre prieur et curé de Marcoussis, reconnaît qu'en inhumant comme il l'a fait dans l'église de sa paroisse le cœur de Messire le marquis d'Entragues, il na point entendu préjudicier aux droits des Célestins qui ont inhumé le corps entier et sans distraction dudit seigneur, comme successeur de l'ancien fondateur de leur maison...
Extrait du registre paroissial de Marcoussis (1754) signé par le curé Mathieu Rousseau et le vicaire Dauvillié.
En 1778, à l'issue de la messe paroissiale, les habitants de Linois réunis à l'effet de délibérer sur la nécessité de refondre la seconde des deux grosses cloches, le sieur Divry, syndic perpétuel qui a convoqué l'assemblée, mentionne la refonte d'une cloche à Marcoussis et que les ouvriers ont encore leur fourneau, et qu'il serait judicieux d'en profiter pécuniairement. Ladite cloche cassée depuis plus d'un an, l'assemblée autorise le sieur Divry à traiter avec les ouvriers du prix de la refonte. Le sieur Claude Petit présent a offert 150 livres à condition qu'il soit inscrit :" J'ai été refondue par les soins de la paroisse aux frais de Claude Petit " accepté par les habitants. À ladite assemblée se sont trouvés Christophe et Nicolas Dormy, fondeurs à Robecourt en Lorraine, travaillant actuellement à Marcoussis, consentent pour 150 livres à refondre et mettre d'accord avec la grosse et d'y mettre l'inscription. Cet acte confirmé à Linas: à l'issue de la messe, ..., pour refaire fondre la seconde des deux grosses cloches qui servent à sonner les offices, à l'initiative de Pierre Divry, syndic perpétuel au sujet qui vient de se faire une fonte à Marcoussis d'une cloche le jour d'huy, qu'il seroit d'avis de profiter de cette occasion pour traiter avec eux d'un prix avantageux... Un arrêt du Parlement, signé par le roi le 29 juin1784, défend, sous peine d'amende, de sonner les cloches pendant le temps des orages. « La Cour fait défenses aux marguilliers et bedeaux des paroisses, et à tous autres, de sonner ou de faire sonner les cloches par les temps d'orage, à peine de 10 livres d'amende contre chacun des contrevenants, et de 50 livres enn cas de récidive, même de plus grande peine s'il y échet : ordonne que les cloches ne pourront être sonnées que pour les différents offices de l'église, messes et prières, suivant l'usage et les rites des diocèses ; ordonne, en outre, qu'il sera seulement sonné une cloche pour la tenue des assemblées ; et que, dans le cas extraordinaires qui pourront exiger une sonnerie, elle ne sera faite qu'après en avoir prévenu les curés, et leur en avoir déclaré le motif, à peine de 20 liv. d'amende contre chacun des contrevenants, et de plus grande peine s'il y échet ; enjoint les substituts du procureur du roi… »
L'état de l'Église à la veille de la révolution Avant d'aborder l'histoire de Marcoussis pendant la Révolution, nous voulons parler de la réforme de l'administration provinciale et municipale introduite par les édits de juin 1787. L'assemblée municipale est composée du seigneur de la paroisse et du curé qui en feront toujours partie, et de trois, six ou neuf membres, choisis par la communauté - 3 si la communauté contient moins de 100 feux ; 6 pour 200 feux et 9 si elle en contient davantage – le syndic ayant voix délibérative est chargé de l'exécution des résolutions. Le syndic et les membres actifs sont élus par l'assemblée de toute la paroisse composée de tous ceux qui paient 10 livres et au-dessus d'imposition foncière ou personnelle. Pour être élus, le candidat doit avoir 25 ans accomplis et payer au moins 30 livres d'impôt. Les membres sont élus pour trois ans et renouvelés par tiers sans pouvoir être réélu qu'après deux ans d'intervalle. Le seigneur ou son fondé de pouvoir préside l'assemblée municipale, le curé siège à la gauche et le syndic à la droite. L'assemblée élit son greffier. À la fin de l'Ancien régime, la France était peuplée de 26 millions d'habitants constituant le tiers-état, 400.000 nobles et 120.000 clercs dont 137 évêques. C'est une Église riche et qui vit de ses richesses. Le constituant Rabaut Saint-Etienne disait que l'Église possédait un cinquième du sol et Treilhard en estimait la valeur à quatre milliards, Chasset évaluait à 303 millions le produit des dîmes (3). La période pré-révolutionnaire commence à Marcoussis par les assemblées de village et la rédaction d'un cahier de doléances envoyé à Paris pour la rédaction du cahier de l'élection de Paris « hors les murs ». L'assemblée du tiers-état de Marcoussis a été réunie le 14 avril 1789 « à l'issue de la grand'messe, même paroisse, à l'auditoire dudit lieu, par les syndic, officiers municipaux » sous la présidence de Louis Didier Ladey, notaire et greffier du bailliage et châtellenie de Marcoussis, à cause de l'indisposition de M. le bailli. Aucun article ne se rapporte au clergé si ce n'est que « la réformation des privilèges, exemptions et abonnements », alors que les paroisses voisines demandent la suppression des communautés religieuses, la gratuité des sacrements et un salaire pour les prêtres. Au surplus, l'assemblée présente une requête parce que « la paroisse de Marcoussis a payé de trop, en 1784, une somme de 482 livres 15 sous, pour le privilège de M. le prieur de Saint-Vandrille, de ce lieu de Marcoussis, et en 1785, autre somme de 457 livres 10 sous pour ledit prieuré ». Trente habitants apposèrent leur signature au bas du document.
Sachant que les articles des cahiers étaient recopiés d'une paroisse à l'autre, il semble que les Marcoucissiens fussent des chrétiens convaincus puisqu'ils sont encore moins hardis et moins exigeants en matière religieuse ou peut être par ce que les éléments virulents ne sont pas dans la salle. Dénonçant seulement les abus seigneuriaux, nulle récrimination n'est faite contre le clergé. Plusieurs historiens médiévistes ont prétendu que le monde rural aimait le bas-clergé, les curés les dessevants, les vicaires, avec qui il vivait familièrement, et qui étaient peuple comme lui. Citons par exemple les plaintes du tiers-état d'Egly, succursale de Boissy-sous-Saint-Yon : Parmi les députés aux Etats généraux de 1789, pour Paris hors-les-murs , il y avait
L'église de Marcoussis sous la Révolution Notre propos ne consiste pas à retracer l'histoire et les difficultés de l'Eglise au cours de la Révolution. Toutefois rappelons quelques faits et les décrets réorganisant le clergé de France : À Marcoussis le couvent des Célestins avait été fermé pendant la décennie précédente, car les vocations n'allant pas très fort, les communautés commençaient à disparaître. Seul subsistait le prieuré Saint-Wandrille dont le prieur était curé de l'église Sainte-Marie-Madeleine, assisté par un vicaire (4). En 1789, la paroisse était desservie par Dom Sébastien Le Noble, curé et Dom Villette, vicaire. Les portions congrues sont fixées par le décret du 10 décembre 1790 à raison de 1.200 livres pour les curés et 700 livres pour les vicaires. Selon ce décret portant sur les traitements et charges du clergé, le comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale propose de déduire les charges suivantes : La Constitution civile du clergé fut votée par la Constituante le 12 juillet 1790. À partir de 1791, les hommes d'églises durent jurer fidélité à cette Constitution civile. Ce fut un grand schisme, car les oppositions s'exacerbaient, des prêtres démontraient que cette Constitution n'était pas contraire aux principes de l'Eglise, d'autres attendaient un mot ou une réaction du roi ou du pape (5). On prêta serment par intérêt ou par crainte, plus que par conviction. Sur le plan religieux, on chercha à se concilier les deux types de clergé, constitutionnel et réfractaires , puis, on tenta d'isoler les prêtres réfractaires, et les traitant de "faux pasteurs" et en utilisant divers moyens de vexation. Le refus de serment entraînait automatiquement par le curé l'abandon de son presbytère et la suppression de son traitement. Certains pouvaient donc se trouver du jour au lendemain sans ressources et sans logement. La déchristianisation commença en 1792, les églises furent pillées. Pendant la Terreur, le clergé fut abattu ou laïcisé ou encore emprisonné. Le mariage d'un ex-prêtre donnait droit à une pension de 800 livres. Enfin, à la fin de l'ère Thermidorienne en septembre 1794, les esprits se calmèrent. Les décrets du 22 février 1795 et 30 mai 1795 (11 prairial an 3) autorisaient la liberté du culte, la réouverture des églises aux prêtres qui feraient publiquement une déclaration de soumission aux lois de la République (6). Le décret du 19 octobre 1790 donne un délai pour la déclaration des biens ecclésiastiques. Nous trouvons la première page d'un inventaire des effets d'or et d'argent alors existant en la " ci-devant église de la commune de Marcoussis " par les citoyens Vilaine, commissaire du district de Versailles à cet effet, Angiboust maire, Le Noble curé, Louis Courbois marguillier, et Charles Arranger secrétaire greffier, de ladite commune de Marcoussis. L'inventaire des vases sacrés et argenterie désigne :
Signatures du vicaire Villette et de l'abbé Sébastien Lenoble, curé de Marcoussis sur le registre paroissial d'état-civil de1789.
Suivant le décret de l'Assemblée nationale du 12 septembre 1789, Dom Sébastien Le Noble, curé de Marcoussis rédige, le 22 février 1790, la déclaration des biens de la cure qu'il présente aux officiers de la municipalité. Voici le texte intégral : « L'an mil sept cent quatre-vingt-dix, le vingt deux février, après midi, je soussigné frère curé de la paroisse de Sainte Marie Magdeleine de Marcoussis, diocèse de Paris, comparant devant Messieurs les officiers municipaux dudit lieu, en l'hôtel du baillage en obéissance du décret de l'Assemblée nationale du 12 septembre, leur ai dit et déclaré l'état de ma cure pour la quantité est qualité de tous les biens meubles et immeubles, revenus, fruits et produits en dépendants et charges annexées, après avoir préalablement fait afficher huit jours auparavant, à la principale porte de l'église de Marcoussis, la dite déclaration dont suit la teneur . Les biens et les revenus sont :
Les charges sont les suivantes Laquelle déclaration je certifie véritable, je déclare en outre et certifie que de ma connaissance, il n'a été fait ni directement, ni indirectement aucune soustraction des titres, papiers, meubles ou immeubles appartenant à la dite cure. Je déclare enfin et certifie qu'il n'y a dans la maison presbytérale aucun effet mobilier appartenant à la cure, et que tous les meubles, tapisseries, boiseries, glaces et généralement tous les effets qui s'y trouvent m'appartiennent en propre. En foi de quoi, j'ai signé à Marcoussis les jour et an que dessus.
Déclaration de Dom Le Noble du 22 février 1790.
Dépassant les demandes formulées dans les cahiers d'avril 1789, l'Assemblée nationale avait suspendu l'émission de tous les vœux monastiques. Le décret du 13 février 1790 est le grand décret sur la matière : interdiction de faire des vœux, suppression de tous ordres et congrégations qui en ont fait. La loi du 18 août 1792 supprima les confréries et toutes les congrégations même hospitalières. D'autres évènements concernant l'église de Marcoussis viendront alimenter la chronique prochaine. À suivre….
Notes (1) Jean-Baptiste Bourguignon, curé et prieur de Marcoussis, décéda à Marcoussis le 28 mars 1715. Il fut inhumé dans le chœur de l'église en présence des curés des environs : Roux curé d'Orsay, Morel curé de Linas, Chaveire curé de Beauregard, Gaillard curé de Bruyères, Malnion curé de Nozay et Ville-du-Bois et du frère du défunt. (2) Le coffre mentionné fait partie du banc d'œuvre réservé aux membres du conseil de fabrique ou marguilliers de la paroisse. Il désignait le banc où étaient assis les marguilliers, conseillers paroissiaux ou personnes notables de la paroisse. Ce coffre comportait trois serrures dont les clefs étaient distribuées à trois personnes de confiance qui devaient être réunies pour en avoir accès. (3) Un simple calcul donne une somme de 2.525 livres par tête pour le seul revenu de la dîme. (4) Sous le règne de Louis XVI, le clergé suivait un cursus dans les séminaires mis en place par le Concile de Trente. Les études y durent cinq ans : deux ans de philosophie suivis de trois années de théologie. Après l'ordination, les prêtres apprenait les fonctions de curé par une période de vicariat, souvent dans une paroisse de leur diocèse d'origine. (5) Dès 1789, l'abbé Grégoire avait exposé "L'intention de l'Assemblée est de réduire l'autorité du pape à de justes bornes […] mais elle est égaleme nt de ne pas faire de schisme" . (6) F.-A. Aulard, Le Christianisme et la Révolution Française (F. Rieder, Ed., Paris, 1927).
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