L'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis (7) (de 1790 à 1792)

Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------------- ---- _------------------------------ Février 2010

Carte postale vers 1900.

JP. Dagnot

C. Julien

 

 

Nous présentons le septième volet de l'histoire de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis. Après avoir évoqué les débuts de la paroisse, présenté les phases de construction de l'église, évoqué les ravages causés par les guerres, donné les affaires survenues aux XVIe et XVIIe siècles, nous continuons son histoire au cours des années 1790-92 qui furent riches en évènements. Rappelons que la paroisse de Marcoussis comptait 260 feux en avril 1789, un des villages les plus peuplés du sud parisien.

 

 

Les décrets de l'Assemblée nationale

Suivant la grande loi du 4 août 1789 et celle du 3 novembre suivant, le décret du 13 avril 1791 se prononce sur l'abolition de plusieurs droits seigneuriaux, notamment de ceux qui étaient ci-devant annexés à la justice seigneuriale, et le mode de rachat de ceux qui ont été déclarés rachetables. Ce décret concerne principalement le droit de troupeau à part , les droits de déshérance , d'aubaine , de bâtardise , d'épaves , de varech et de trésor-trouvé et celui de s'approprier les terres vaines et vagues ou gastes . Nous apprenons que le droit seigneurial exclusif d'avoir des girouettes sur les maisons est aboli , et il est libre à chacun d'en placer à son gré, et dans telle forme qu'il jugera à propos. D'autre part, le régime féodal étant détruit, nul ne peut aliéner tout ou partie d'un fonds à titre d'inféodation ou d'acensement.

Le décret du 6 mai 1791 est relatif aux biens meubles et immeubles dépendant des églises paroissiales ou succursales supprimées ou à supprimer. En exécution du décret du 12 juillet 1790, l'Assemblée nationale décrète que les églises et sacristies, parvis, tours et clochers seront vendus, après le décret de suppression de la paroisse. Les cimetières des dites paroisses seront également vendus dans la même forme que les biens nationaux. Les ventes prescrites ne pourront être effectuées qu'après avoir pris les précautions qu'exige le respect dû aux églises et aux sépultures. Les cimetières ne pourront être mis dans le commerce qu'après 10 années, à compter depuis les dernières inhumations.

Le décret du 25 juin 1791 énonce que des cloches supprimées seront fondues et coulées en monnaie à raison de 24 pièces d'un sou à la livre et de 48 pièces demi-sous. Dans la totalité de la fabrication, il y aura les deux tiers de la valeur en pièces d'un sou, et l'autre tiers en demi-sous. Selon la loi du 9 avril, l'effigie du Roi sera empreinte sur toutes les monnaies du royaume, avec la légende «  Louis XVI, Roi des Français  ». L'empreinte du revers sera un faisceau traversé par une pique surmontée d'un bonnet de la liberté ; autour une couronne de chêne, avec la légende «  La Nation , la Loi et le Roi  ». Sur toutes les monnaies, le millésime sera en chiffres arabes, suivi de l'année de la liberté.

 

 

L'église de Marcoussis en l'an 1790

La fin de l'année 1789 avait été décisive pour l'avenir de l'Église de France. En 1789, nous avions trouvé Dom Sébastien Le Noble, curé de Marcoussis . Il semble que ce prêtre traversa la période révolutionnaire sans problèmes majeurs ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé. Le décret du 27 nombre 1790 définissait le serment des ecclésiastiques fonctionnaires assujettis à l'article 39 du décret du 13 juillet précédent «  Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de cette paroisse qui m'a été confiée, d'être fidèle à la Nation , à la Loi et au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi  ». Le serment devait être prêté un jour de dimanche, à l'issue de la messe «  en présence du conseil général de la commune et de tous les fidèles  » après avoir obtenu le consentement du maire pour arrêter le jour. Le décret du 7 janvier 1791 prescrit les qualités requises pour être éligible à une cure «  que tout Français, prêtre, actuellement curé, ou ayant été fonctionnaire public pendant cinq ans, sera éligible dans tous les départements  ». Pour compléter le dispositif législatif, le décret du 5 février 1791, relatif au serment des prédicateurs stipule «  que nul ne pourra prêcher dans quelque église que ce soit, sans avoir au préalable justifié de sa prestation de serment, conformément audit décret  ».

En 1790, le curé de Marcoussis adresse un mémoire aux administrateurs du district de Versailles afin de défendre la paroisse Sainte-Marie-Magdeleine en justifiant sa demande par «  eut égard la population de Marcoussis, il faut un curé plus un vicaire et récupérer la maison priorale et son jardin pour le logement des desservants  ». Le prêtre avait conscience que le décret du 5 juin 1790 organisant la saisie et vente des biens ecclésiastiques, permettait au district de disposer du presbytère. D'autre part, le mémoire pose le problème de la dévolution des biens des Célestins, dont les revenus se montant à 10.000 livres seraient utiles aux paroissiens et permettraient la distribution de pains aux pauvres en précisant «  les gens de Marcoussis sont si misérables, qu'ils leur feraient assistance…  ». Enfin l'abbé Le Noble fait remarquer que la paroisse de Marcoussis comprend plus de 1.000 âmes, qui font une population plus grande qu'à Limours, chef-lieu du canton.

 

Signatures du curé, du vicaire et du maître d'école de Marcoussis en novembre 1791.

 

Le curé de Marcoussis continua «  son pieux ministère  » jusqu'au 22 octobre 1792. En exécution de la loi du 20 septembre 1792 établissant que l'état-civil soit laïcisé à partir du 1er janvier 1793, on continua, dans de nombreuses communes à choisir les curés pour officier de l'état-civil (1). Ce fut bien le cas à Marcoussis où l'on trouve le " ci-devant curé " signer le registre par «  Sébastien Le Noble, officier d'état-civil  » étant devenu semble-t-il membre de la municipalité. Monsieur l'abbé s'était donc parfaitement intégré au nouveau personnel de la République. Le sieur Le Noble resta dans cette fonction jusqu'en octobre 1793. Il rédigeait les minutes d'état civil par une écriture fine et régulière en commençant par «... par devant moi Sébastien Le Noble, membre du conseil général et officier public de la commune de Marcoussis, département de Seine-et-Oise, est comparu…  ». À cette époque, les citoyens Jean Boullanger, âgé de 49 ans et Charles Arranger, âgé de 30 ans, sont respectivement maire et secrétaire greffier de la municipalité de Marcoussis.

 

Signatures des maire, greffier et officier public de Marcoussis en mars 1793.

 

À la fin du mois d'août 1793, Sébastien Le Noble cesse sa fonction d'officier d'état-civil ; son dernier acte d'état-civil date du 15 août, c'est l'acte de naissance de Jean-Charles, fils de Jean Bonnet, journalier dont la femme Denise Julienne Vaudron a accouché avec l'aide du chirurgien Pierre-Alexandre Charlemagne Lhomme. Le citoyen Le Noble est remplacé un temps par le maire «  procédant à défaut d'officier public  » puis par Jean Maîtrejean à partir du 20 octobre qui se déclare «  officier municipal et officier public  », fonctions qu'il gardera jusqu'en germinal an 4, remplacé alors par Louis Étienne Boudier, maître d'école, âgé de 30 ans.

Nous reviendrons plus tard, à l'histoire du curé Le Noble, personnage débonnaire, plus que conciliant qui nous apparaît comme avoir été l'exemple même du brave curé de campagne proche de « ses brebis  ».

 

 

L'inventaire de la fabrique de Marcoussis

L'inventaire de la fabrique de Marcoussis a été dressé en août 1790 en présence de Dom Le Noble, curé de Sainte Marie Magdeleine.

«  Nous Jean Pierre Villaine administrateur du district de Versailles, et commissaire nommé par l'Assemblée générale du même district suivant sa délibération du 5 juillet dernier, à l'effet de procéder aux termes du décret de l'Assemblée nationale et notamment de l'article 12 de ceux des 14 et 20 avril dernier, et des lettres patentes données par le roi sur lesdits décrets le 22 du même mois, à l'inventaire mobilier, titres et papiers dépendans de tous les bénéfices, corps, maison et communauté de l'un et l'autre, se sont transportés en la paroisse de Marcoussis et en l'église paroissiale dudit lieu pour y procéder audit inventaire, où étant y avons trouvé le sieur Sébastien Le Noble, prêtre curé de laditte paroisse, le sieur Louis Courtois, marguillier en charge d'icelle auxquels nous avons annoncés le sujet de notre transport et de suitte leur avons fait faire par le sieur Charles Arranger, secrétaire greffier de la municipalité dudit lieu que nous avons connu pour notre secrétaire et la présence du sieur Marin Augiboust, maire de ladite municipalité. Lecture des décrets sus dits, ce fait avons audit sieur curé et marguillier pris et reçu le serment que depuis les décrets sus énoncés, il n'a été détourné, fait détourné, ny aucune connaissance qu'il ait été détourné, caché, ny diverti aucun effet, titre ny papier appartenant à la dite fabrique, si ce n'est qu'ils nous ont déclaré que les titres justifiants la propriété des rentes dues à la dite fabrique on été remis au sieur Barbier, procureur en ce lieu par le sieur Soyeux, cy devant marguillier de ladite fabrique, à l'effet de faire l'inventaire d'iceux qui étoient en très mauvais ordre, à faire passer titres nouveaux desdites rentes qui étoient la plupart prescrites. Après lequel serment, il a été par nous commissaire procédé à l'inventaire des papiers trouvés et restés dans le coffre de ladite fabrique et des effets dépendans d'icelle de la manière et ainsy qu'il suit.

« Ouverture faitte du coffre où se trouvaient ordinairement lesdits papiers, y avons trouvés trois registres, le premier couvert de parchemin contenant quatre vingt treize feuillets datté du vingt-trois mars 1581 et le dernier le dix-huit juillet 1588.

« Le second relié en parchemin contenant trois cent soixante neuf feuillets sur lesquels sont inscrits les comptes rendus par les marguilliers et les commissaire de banc relatifs à la dite fabrique sur le premier feuillet est l'intitulé d'un compte rendu par Etienne Beaunise, marguillier des années 1662 et 1664 et le dernier l'acte de commissaire du banc en date du 8 mai 1790 fait audit.

« Et le troisième, aussi relié en parchemin servant à inscrire les comptes des marguilliers contenant cent quatre vingt seize feuillets, le premier desquels compte est en datte du 18 mai 1738 et sur le cent trente neuvième feuillet est une délibération que le commissaire des comptes a rendu le 7 novembre 1786.

Vases sacrés et argenterie. Deux calices avec leurs patennes, un soleil, un petit ciboire pour le Saint Viatique, deux burettes, un encensoir, une croix de procession avec son bâton, une hampe, une coquille, une petite boëte pour le baptême, deux couronnes, un petit reliquaire de ver monté en argent, un ciboire dans le tabernacle du maître autel.

Effets de cuivre . Six christs, vingt chandeliers, quatre aubes petites avec giraudoles, deux lampes, deux petits bras pour la niche, quatre pots à fleurs, deux bénitiers portables, un encensoir avec une cueillere, deux sonnettes, deux bassins pour l'offrande, deux instruments pour donner la paix, un grand bassin pour l'eau bénite de Pâques, une boëte dorée servant de ciboire, une fontaine à laver les mains.

Étain . Quatre burettes, deux bassins et trois petits vaisseaux pour les Saintes huiles.

Livres . Deux missels, un petit pour les messes des morts, un grand graduel, un grand autiphonier, un psautier, deux prossimeaux ( ?), cinq offices des morts, deux testaments anciens et un nouveau.

Ornements . Dix-huit chasubles, six tuniques avec les étoles, vingt-deux chapes, deux tuniques et une chape d'enfant de chœur, une bannière, trois guidons, deux niches pour le Saint Sacrement et un bâton de la Vierge , une chasse de bois, deux robes de bedeau, une balaire montée en argent, une plaque d'argent étant à l'une des dites robes, neuf cartons pour les autels.

Linge . Quinze aubes, treize surplis, six robes, treize nappes et un assortiment

Soutane et étoles . Neuf soutanes, neuf étoles et huit bonnets carrés.

Dans le chœur . Un lutrin de bois, quatre bancs autour trois sièges pour les ( ?), deux bancs des deux côtés du chœur scellés .

Dans le sanctuaire . Le maître autel avec ses accessoires, un grand tableau, deux crédences à dessus de marbre des deux côtés, un grand tapis de vieille tapisserie servant à mettre sur les degrés de l'autel à côté sont des sièges et une banquette en tapisserie pour le célébrant et ses ministres.

Dans le clocher . Quatre cloches garnies de leur charpente et corde, dont une des dittes cloches est cassée, une horloge sans valeur.

Déclaration . Déclarant les dits sieurs curé et marguilliers qu'il a été donné à la dite fabrique une rente de 100 livres par l'Hôtel de Ville de Paris légué à la dite fabrique par Monsieur de Xaintraille, et qu'il n'y connaissent aucun titre justificatif la propriété de la dite rente qui néanmoins est toujours exactement payée.

Que les marguilliers des années 1767 à 1768, 1775 à 1776, 1782 à 1783, 1783 à1784, 1784 à 1785, 1786 à 1787, 1787 à 1788 et 1788 à 1789 n'ont pas encore rendu leur compte, pour quoi ils ignorent le montant ou reliquat soit actif ou passif, cy mémoire.

Que la plus grande partie de ceux qui ont rendu leur compte n'en sont point déchargés attendu qu'ils n'avaient pas fait la recette totale des rentes dues à la dite fabrique et qu'ils prétendoient employer en reprises, cy mémoire.

Passifs . Déclarant les dits sieurs curé et marguilliers que la fabrique paye annuellement

•  audit sieur curé une somme de 289 livres 10 sols pour l'acquis des fondations,

•  à Monsieur le vicaire une somme de 40 livres pour son assistance auxdites fondations,

•  que ladite fabrique est chargée du logement du sieur vicaire pour quoi elle paye une somme de 60 livres ,

•  qu'elle est chargée de payer au maître d'école une somme de 136 livres 16 sols pour les assistances aux choses pour enseigner aux pauvres et pour son logement, cy 136 lt. 16 s.

•  au bedeau 45 livres ,

•  au chantre 12 livres ,

•  une somme de 15 livres qu'elle paye aux pauvres pour une fondation faite par Marie Magdeleine Caperly épouse du sieur Barillet.

Ce fait, ne s'étant pas trouvé d'effet méritant description par le peu de valeur, de papier à inventorier et de déclaration à nous faite par lesdits sieurs curé et marguilliers, nous avons tout le contenu laissé en la charge garde et possession desdits sieurs curé et marguilliers es dits noms, lesquels s'en sont chargés comme ils l'étoient et disent et promis remettre les clefs quand et à qui il appartiendra. Signé : Le Noble curé, Angiboult maire, L. Courtois, Vilaine, commissaire.

Retenons de cet inventaire, qu'il existait encore à cette époque les registres décrivant la vie de la paroisse depuis la fin XVIe siècle. Qu'un noble, Joseph de Xaintrailles, avait fait une donation pour l'enseignement aux pauvres, et qu'elle sera supprimée. Que Marcoussis a perdu depuis cette époque des objets de valeur, lutrin...

------La bannière qui existe ---------------Le lutrin qui a disparu

Après les inventaires faits suivant l'instruction du comité d'aliénation (décret du 19 octobre 1790), le décret du 3 mars 1791 organisa la collecte de l'argenterie des églises pour être envoyée «  aux hôtels des monnaies les plus voisins  ». Les pièces d'or et d'argent doré furent envoyées à la monnaie de Paris pour être fondues et converties en monnaie versée au Trésor public.

 

 

L'inventaire de la cure de Marcoussis

L'inventaire de la cure de Marcoussis fut dressé le même mois par le commissaire du district, le maire et le curé de Marcoussis, assistés par le sieur Arranger secrétaire. Ainsi nous constatons que Jean Pierre Villaine, l'administrateur de Versailles, resta trois jours entiers à Marcoussis pour satisfaire à la délibération de l'Assemblée générale du district du 5 juillet 1790 relative aux biens ecclésiastiques. Voici les termes du procès verbal d'inventaire :

«… nous sommes transportés au bourg de Marcoussis et en la maison curiale dudit lieu, où étant y avons trouvé le sieur Sébastien Le Noble, prêtre curé dudit Marcoussis auquel nous avons annoncé le sujet de notre transport et de suite lui avons fait faire par le sieur Charles Arranger secrétaire de la municipalité dudit lieu que nous avons commis pour notre secrétaire et en présence du sieur Marin Augiboust, maire de ladite municipalité, lecture des décrets…

Il a été procédé à l'inventaire d'aucun effet mobilier de ladite cure, ledit sieur Le Noble nous ayant déclaré que tous ceux qui sont dans le presbytère lui appartiennent ne lui en ayant été remis aucun. Le sieur Le Noble nous ayant représenté une liasse de titres, nous les avons mis en ordre et avons procédé à l'inventaire d'iceux ainsi qu'il suit :

•  premièrement une liasse contenant cinq pièces, la seconde desquelles est une acquisition faite par la communauté des habitants dudit Marcoussis, d'une maison sise audit lieu, bâtiments et jardin en dépendant contenant le tout environ un quartier et demi de terrain compris la cour étant devant iceux, de Jean Roger et Marie-Madeleine Fotais, sa femme, pour servir de presbytère moyennant les charges, clauses et conditions y énoncées par lequel acte Messire Léon de Balsac d'Illiers, marquis seigneur d'Entragues et son fils lors seigneur de Marcoussis a donné en toute propriété, une place de terre nue étant sur le champ de foire à prendre à droite ligne suivant l'alignement qui servit lors donné par le procureur fiscal, ensuite duquel acte en est un portant ratification d'icelui par Blaise Parent, Etienne Chartier et Marie Parent, sa femme, Alexis et Jean Parent frères héritiers de Jean Parent.

•  la première de 1643 est la grosse en parchemin d'un acte justifiant la propriété du tiers desdits bâtiments en la présence de Geoffroy Parent.

•  la troisième est l'expédition en papier d'un acte par lequel le sieur Louis Barillet vend au sieur Saint-André lors curé dudit Marcoussis une place de terre sans désignation de la contenance moyennant la somme de 130 livres et aux charges, clauses et conditions y énoncées.

  la quatrième est aussi l'expédition en papier d'un autre acte passé devant ledit Blondeau entre ledit Saint-André curé et Jacques Constant et Avoye Morel sa femme a l'occasion du mur de clôture lors à bâtir par lequel il a été convenu que ledit mur seroit mitoyen.

•  la cinquième et dernière est aussi l'expédition en papier d'une quittance passée donnée par ledit sieur Barillet audit Saint-André de la somme de 130 livres pour les causes contenues en l'acte ci-dessus.

Lesquelles pièces ont été de nous commissaire susdit cottées et paraphées par premier et dernier sous la cotte A du présent inventaire.

Item une autre liasse contenant trois pièces qui sont baux à loyer de deux arpents quarante une perches de terre en une pièce sise terroir dudit Marcoussis chantier de la Levreterie dont le dernier passé en mai 1782 fait par ledit sieur Le Noble à Charles Petit et sa femme moyennant la somme de 45 livres de loyer par année et sont lesdites pièces cottées et paraphées comme es devant la cotte B du présent inventaire.

Déclare ledit sieur Le Noble curé qu'il dépend de la dite cure deux pièces de pré contenant deux arpents soixante perches ou environ sis audit Marcoussis sur le chemin allant au Mesnil dont il ne connoit aucun titre qui en justifie la propriété.

Ce fait, ledit sieur Le Noble curé nous ayant déclaré n'avoir d'autres titres en sa possession dépendants de ladite cure, nous avons ceux compris au présent inventaire laissé en sa possession lequel s'en est chargé comme il étoit ci devant, et promis les représenter toute fois et quand il en sera requis et a signé avec ledit Augiboust maire, nous et notre secrétaire commis, lequel nous avons requis de faire deux expéditions qui seront signés de nous conforme au présent inventaire dont l'une sera remise es mains dudit sieur curé et l'autre restera au secrétaire de la municipalité dudit Marcoussis. Signé : Le Noble curé, Augiboult maire, Vilaine commissaire, Arranger secrétaire.

 

 

Les travaux dans l'église

À partir d'octobre 1792, nous allons assister à la transformation de l'église avec des travaux de menuiserie, de maçonnerie, de charpenterie et de couverture. En novembre 1792, une assemblée du conseil général de la commune du bourg de Marcoussis est tenue en l'église «  à l'effet d'adjuger au rabais la reconstruction à faire du porche de l'église de cette commune, ainsi qu'il a été indiqué pour ce jourd'huy et heure de quatre heures de relevé, en laquelle assemblée après adjudication faite de la reconstruction dudit porche, il a été proposé par plusieurs membres de l'assemblée que les matériaux de l'ancien porche ne pouvant servir à aucune construction communale, ils requirent que l'assemblée procède à l'instant à l'adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur des matériaux dudit ancien vieux porche ».
Vu par l'as
semblée les représentations, ci-dessus ensemble le procureur de la commune tout considéré, l'assemblée a arrêté que dans l'instant il soit procédé à ladite adjudication des matériaux ci-dessus aux charges clauses et conditions suivantes :
1° de démolir le porche dans le délai de huit jours et délivrer les lieux vuides et vagues pour la reconstruction du nouveau porche,
2° de payer entre les mains du receveur de cette commune la somme de son adjudication en un seul payement au dernier novembre prochain…
Pour quo
i, il a été allumé une bougie sur laquelle Charles Arranger a enchéri et mis à prix des matériaux à 100 livres. Sur la même bougie l'enchère a été portée par le citoyen Fauve laboureur demeurant en ce lieu à 150 livres. Et après qu'il a été allumé une seconde bougie sur laquelle personne n'ayant surenchéri la bougie s'est éteinte vierge. En conséquence l'assemblée adjuge audit citoyen Fauve ; ce consentant le procureur de la commune les matériaux ci-dessus désignés aux charges, clauses et conditions ci-devant énoncées et moyennant ladite somme de 150 livres , laquelle somme ledit Fauve a promis payer et observer lesdites charges, clauses et conditions ci-dessus, pour quoi il a signé avec nous. Fait et arrêté en ladite assemblée les jours, mois et an que dessus. Signé : Fauve, Petit officier, Boulanger, Jean-Louis Roux, Louis Petit et Gilles. Notons que Fauve connaissait bien l'église de Marcoussis puisqu'il avait été marguillier de la fabrique.

Les travaux ont été terminés en pluviôse an II ( janvier 1794). Avant de donner en détail les mémoires des entrepreneurs, nous les résumons brièvement :
• 23 octobre 1792, démolition de la banquette du coté de la porte du clocher, pose des lambris pour le plancher,
• 30 octobre 1792, scellement de la banquette, coté droit porte du clocher,
• 6 novembre 1792, pose des tasseaux de soutien du lambris,
• 14 novembre 1792, pose tasseaux de soutien des corniches,
• 18 novembre 1792, achat par le citoyen Fauve des matériaux du porche de l'église,
• 30 novembre 1792, scellement de lambourdes du coté de la chapelle,
• 7 décembre 1792, pose de carrelage à la place de "l'oeuvre" et en d'autres endroits, 70 sacs de plastre sont employés pour la maçonnerie.
• 15 décembre 1792, 56 journées de menuiserie pour transformation et curieusement on ne trouve pas mention de l'achat des matériaux utilisés, à la même époque ont été faits des transports depuis les Célestins

Laissons parler les menuisiers qui ont travaillé dans l'église de Marcoussis au travers du mémoire présenté le 15 décembre 1792. «  Mémoires des ouvrages de menuiseries fait par moy Dunand, menuisier, et Jacques Louis Manon, menuisier, pour l'église de Marcoussis commandés par le maire et les officiers municipaux faits à la journée, prix convenus à raison de trois livres chaque jour qui fait six livres par jour  » :
• du 16 octobre au 4 nombre : 15 journées et demie à deux compagnons, pour 93 lt.
• du 15 novembre au 15
décembre : 12 journées et demie à deux compagnons, pour 75 lt.
• soit un t
otal de 168 livres , et pour la porte de la sacristie, pour 0 lt.

Nous soussignés reconnoissons avoir reçu de la municipalité la somme de cent soixante livres à quoi a été arrêté le présent mémoire, à Marcoussis le seize janvier mil sept cent quatre vingt treize, l'an deuxième de la république. Signé : Jacques Louis Manon, Pierre Dunand.

 

Signature des deux menuisiers de Marcoussis au bas du mémoire du janvier 1793.

 

Nous donnons dans son intégralité la quittance de Jacques Manon du 21 décembre 1792. Le menuisier avait reçu quelques rudiments d'écriture, mais bien fâché avec l'orthographe. «  J'ay reçu par les mins de Piere Peuvriez, mer, la somme de quinze livres à conte par les journées que j'ay travaillez à l'héglise de mon nethat de menuisier, à Marcoussis ce 21 décembre 1792  ». Signé : Manon.

Retenons simplement que la municipalité en place est maintenant composée de personnages radicaux qui ne font pas les travaux pour la célébration du culte, mais plutôt pour tenir réunion dans un lieu non religieux.

 

 

Les comptes de la fabrique Sainte-Marie-Madeleine

Pendant la période transition 1791-1792, le pouvoir avait progressivement agi pour éliminer toute trace du pouvoir du clergé. Une des difficultés résidait dans l'autorité des fabriques, groupements purement démocratiques du fonctionnement de l'église et de la gestion des maigres biens au profit de la communauté chrétienne. Après les évènements d'août 1792, les fabriques avaient été placées sous séquestre. Celle de Marcoussis avait été mise dans les mains d'un officier municipal, le nommé Jean Maitrejean, âgé de trente cinq ans bourrelier de son état, homme redoutable et redouté pendant la période de la Convention montagnarde (2).

Le compte que rend le citoyen Jean Maîtrejean officier municipal de la commune de Marcoussis désigné par le conseil général de la dite commune à l'effet de recevoir les rentes et arrérages dus à la fabrique, et faire toutes les dépenses nécessaires à la dite fabrique déclarées qui rembourse les différents mémoires levés sur les «  fonds adictionels  » de la commune pour l'année mil sept cent quatre vingt douze et quatre vingt treize.

Chapitre premier à cause des deniers reçus par le comptable pour l'année 1792. La fabrique compte 35 débit-rentiers habitants Marcoussis dont le citoyen François Petit dit Michoton, le citoyen Cornu dit Danton, le citoyen Ratelle pour la veuve Grillard, le citoyen Arnoult Arranger paie un loyer pour les terres appartenant à la fabrique. La somme totale des rentes pour l'année 1792 se monte à 487 livres 12 sols 7 deniers sur quoy le quart à déduire au terme de la loi.

Deuxième chapitre à cause des dépenses ordinaires et extraordinaires . Dans ce chapitre nous retrouvons les dépenses occasionnées par les travaux : au citoyen menuisier Dunant, le citoyen charpentier Coispeaux, le citoyen maçon Michel Legendre. D'autres artisans ou commerçants sont nommés tels : Chevrier cordier à Linas pour fourniture de cordes à raison de 7 lt., le citoyen Galimard, maréchal, pour la réparation de la cloche, Hacot marchand épicier pour fourniture de marchandises se montant à 44 lt, le citoyen Auclaire de Linois. La quittance de 27 lt. 15 s. est payée à la citoyen femme Jacques Manon pour le blanchissage du linge de l'église alors que le citoyen Arnoult Lot reçoit 41 lt. pour le blanchissage du linge du vicaire. Denis Brizard reçoit 25 lt pour ses gages de chantre de l'église Sainte Marie-Magdeleine, 104 lt au citoyen Ferret bedeau pour ses honoraires. Les honoraires du maître d'école Etienne Boudier sont également à la charge de la fabrique pour 136 lt. 16 sols par an. Les dépenses se montent à 739 lt. dont 62 lt. 17 s. 8 d. ont été payés sur les fonds additionnels de la commune.

Troisième chapitre de la recette des bancs pour l'année 1792. La fabrique recevait une rente pour 10 bancs et deux chaises payées par François Petit Michoton et Louis Petit. Le citoyen Fauve occupait deux bancs. Le total des recettes se monte à 18 lt. 10 s.

Recette de l'année 1793. Le 22 frimaire an II, le citoyen Fauve a versé le reliquat de compte de marguillier se montant à la somme de 62 lt. 10 s. 8 d. qui, ajoutée aux rentes font une recette brut de 391 lt. 19 s. 7 d. Après avoir fait la balance des recettes et dépenses pour 1792 et 193, sur proposition du maire Jean Boulanger, le conseil général de Marcoussis décide de payer le déficit, 80 lt. 10 s., sur les fonds additionnels pour payer les dépenses des travaux précédemment faits dans le chœur de l'église dudit Marcoussis. Le débit sera renseigné au receveur des droits de Longjumeau. Fait à Marcoussis le onze ventôse an II de la république française une et indivisible. Signé : Boulanger maire, Delorme officier, Maîtrejean officier, Legendre notable, Coispeau notable, Lhomme agent national.

Désormais le budget de la fabrique est géré par la commune. Ainsi nous trouvons deux mémoires adressés à l'officier municipal, pour le paiement des travaux de blanchissage du linge de l'église pour l'année 1793. Il s'agit de la blanchisserie effectuée par la citoyenne Manon, femme du menuisier. Encore une fois nous donnons le texte dans la lettre et la forme.

Le premier mémoire est écrit sur papier timbré de minute à 2 sols 6 deniers la feuille «  La loi, le Roi  » «  Dép. de Seine et de l'Oise  » avec fleur de lys et feuille de chêne. «  Mémoire du blanchissage du linge de l'église de Sainte Marie Magdeleine de Marcoussis du mois de mars 1793  ». Il se termine par la mention «  Je soussigné reconnois avoir reçu le contenus du présent fait à Marcoussis le 9 avril 1793  ». C'est le mari qui signe Jacques Louis Manon, bon pour ma femme.

 

 

Le second mémoire de blanchisserie fut adressé sur papier timbré minute à 2 sols 6 deniers la feuille «  La loi » «  Dép. de Seine et de l'Oise  » et feuille de chêne (cette fois la mention «  le Roi  » et la fleur de lys ont été supprimés, la République est bien établie). «  Mémoire du blanchissage du linge de l'église de Sainte Marie Magdeleine de Marcoussis de mars courant année 1793 reçu par Jean Boulanger, maire le 1er septembre 1793  ».

 

 

La citoyenne Manon a paraphé son mémoire en ces termes «  Je soussigné reconnois avoir reçu le montant du présent mémoire cy dessus, fait à Marcoussis le 15 septembre 1793  », et signa d'une écriture maladroite «  fe Manon  ».

À suivre….

 

 

Notes

(1) La plupart des actes de 1793 mention «  l'an second de la République » dès le 1er janvier. Bien évidemment, il convient de rectifier car l'an II commença le 1er vendémiaire ou 21 septembre 1793 (vieux style).

(2) À partir du 21 septembre 1792, la Convention nationale fut l'assemblée qui gouverna la France en proclamant «  la République française une et indivisible  ». Après l'éviction des Girondins, la seconde période de l'histoire de la Convention nationale dominée par les Montagnards ouvrit la période du 14 prairial an I (2 juin 1793) au 9 thermidor an II (27 juillet 1794).

 

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