Mélisende de Montlhéry et ses descendants (1) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------------------------_--Octobre 2012Octobre 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse http://julienchristian.perso.sfr.fr Généalogie simplifiée des descendants de Mélisende de Montlhéry (d'après l'abbé Lalore).C. Julien
Cette chronique est le premier volet consacré à l'une des pages de l'histoire de la famille des sires de Montlhéry, celle qui concerne Mélisende, l'une des filles de Guy 1er le Grand, deuxième seigneur de Montlhéry et de dame Hodierne de Gometz. Les descendants de cette demoiselle furent vassaux du comte de Champagne (1). Au cours de cette étude, certes, nous nous éloignons de Montlhéry pour retourner sur les terres des ancêtres, pour la bonne raison que l'une des filles de Guy s'allia, ou retourna, dans le pays d'origine de la famille, c'est-à-dire la Champagne méridionale et plus particulièrement dans le diocèse de Troyes. En puisant dans les cartulaires du XIe siècle, nous explorons la vie de Mélisende, connue sous le nom de Caravicina , et celle de son fils Philippe-Milon qui fut évêque de Troyes. L'abbé Charles Lalore dressa un catalogue de 325 chartes ou documents généalogiques des anciens seigneurs de la maison de Traînel ( Traisnel ou Traynel ) issue de Pons 1er, mari de Mélisende de Montlhéry, qui avait reçu le surnom de Chère voisine « Caravicina » pour la distinguer de sa sœur du même prénom qui épousa le seigneur de Rethel dont furent issus les rois de Jérusalem (2). Bien évident nous nous contenterons de donner certaines de ces chartes, les plus significatives pour l'histoire de la famille et nous nous limiterons au XIIe siècle. Puisqu'il s'agit des seigneurs de Pont-sur-Seine « Pons » et de Traînel « Trianguli », précisons que Traînel était le chef-lieu d'une châtellenie puissante située « en Champagne sur le ruisseau de Loing, qui tombe dans la Seine , elle est un fief mouvant du comté de Champagne » rapporte Levesque de La Ravalière (3). De nos jours cette petite commune est peuplée d'un millier d'habitants (cant. et arr. Nogent-sur-Seine, Aube). Au XIIe siècle, la famille comptait la branche aînée de Pont et de Traînel, les tiges cadettes de Marigny, Voisines et Echemines. Quant à Pont-sur-Seine (cant. et arr. Nogent-sur-Seine, Aube), cette commune est située à 16 km au nord-est de Traînel sur la rive gauche de la Seine en amont de Nogent. Pont « Pontis castri » était le chef-lieu du Pagus Morivensis qui correspondait à l'ancien doyenné de Pont-sur-Seine. Ca pagus formait encore au milieu du IXe siècle un comté. En 878, Pont faisait partie du comté de Champagne, dont il n'est plus sorti. Dans le rôle du comte Henri, rédigé en 1170, nous trouvons : « Ce sont li fié de la chastellenie de Ponz-suz-Saigne » (A. Longnon, Le livre des Vassaux , p. 174).
Un peu de généalogie La généalogie des seigneurs de Montlhéry fut donnée au début du XVIIe siècle par André Du Chesne, géographe du roi (4). Dans un premier ouvrage publié en 1621 ( Histoire de la maison de Chastillon sur Marne , p. 30) Du Chesne fut hésitant dans la généalogie des seigneurs de Montlhéry « de Guy et de Hodierne, dame de la Ferté et de Gommeth sa femme issirent deux fils et plusieurs filles ». Il place Melisende en ne mentionnant pas de prénom en ces termes « N… de Montlhéry troisiesme fille de Guy I, seigneur de Montlhéry espousa le seigneur de Pons sur Seine, dont vint entre-autres enfans Philippe de Pons, évesque de Troyes ». Trois ans plus tard, Du Chesne reprit la généalogie ( Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval , 1624, p. 688). Cette fois, huit enfants (trois garçons et cinq filles) seraient nés du mariage de Guy 1er de Montlhéry avec Hodierne de Gometz-le-Châtel. Suite à Milesende, femme du comte Hugues de Rethest (Rethel), Du Chesne cite la sœur puînée « Milesende la jeune surnommée Chère-Voisine par une charte du prieuré de Longpont, et dans la Continuation de l'Histoire d'Aimoinus Bonne-Voisine, espousa le seigneur de Pons sur Seine. Où estant elle donna aux religieux de Nostre-Dame de Longpont la terre qu'elle avoit à Ver, du consentement de Philippe lors evesque de Troyes son fils ». Ainsi, Mélisende fut la sœur de deux grands féodaux du XIe siècle : Miles le Grand qui partit pour Jérusalem lors de la première croisade en 1096 et mourut en Palestine en l'an 1102 et de Guy le Rouge, seigneur de Rochefort, sénéchal et premier ministre du roi Philippe 1er. Une de ses autres sœurs épousa le redoutable Hugues du Puiset qui fut en guerre avec Louis VI le Gros. Dans son mémoire historique sur la ville, comté, prévôté et châtellenie de Montlhéry, Boucher d'Argis ( Mercure de France , 1737, p. 1499), n'énonce que sept enfants (deux fils et cinq filles) de Guy de Montlhéry, qui fut en grande estime et réputation du temps du roi Henri 1er, époux « d'une dame vertueuse nommée Hodierne ». Deux des filles reçurent le prénom de Mélisende. L'aînée fut mariée à Hugues, comte de Rethel (cf. la chronique « la Saga des Montlhéry en Terre Sainte »), la puînée est la demoiselle surnommée Chère voisine « Caravicina » qui épousa Ponce (ou Pons) seigneur de Pont-sur-Seine. Au commencement du XIIIe siècle, on regardait la maison de Traînel comme fort ancienne. Les seigneurs de Traînel occupèrent la scène de l'histoire pendant plus de trois cents ans, jusqu'à ce que les seigneuries de Traînel et de Marigny se réunissent dans la maison des Ursins au XVe siècle. Nous n'avons que peu d'éléments pour décrire la biographie de Mélisende que l'on trouve sous les variantes : Mellicent , Melisende , Melesinde , ou Milesende pour Du Chesne. C'est Milesendis en latin qui vient de « mel » le miel. Nous ignorons sa date de naissance et l'ordre d'arrivée dans la fratrie, ni même la date de son mariage et la date de sa mort. Les généalogies restent incertaines pour donner des années des hasardeuses entre 1035 à 1060 pour sa naissance. Nous pouvons les discuter en considérant les naissances précédentes des frères et sœurs : Caravicina connue par Mélisende la jeune pour la différentier de sa sœur Mélisende l'aînée est l'une des cadettes de la famille (5). L'an 1035 est improbable car Guy et Hodierne se seraient mariés en 1031 pour donner naissance à Mélisende leur premier enfant vers 1032-1033, le premier garçon étant Milon né vers 1035. Le frère uîné, Guy le Rouge serait né vers 1037. La date extrême de la naissance de Caravicina ne peut être qu'antérieure à 1060 pour deux raisons : d'une part sa mère Hodierne était âgée de 46 ans à cette époque et, d'autre part, ses trois fils sont nés bien avant 1079 (voir la discussion qui suit). Il vaut donc revenir dans la décennie 1040-1050, ce qui serait compatible avec l'année 1079, et son mariage vers 1060.
Ponce et Mélisende Les époux de Traînel furent, à l'image du temps, des bienfaiteurs de l'Église, ne désirant qu'une récompense divine comme il est souvent dit dans les chartes de ce temps « pro animæ suæ parentumque suorum remedio ». Mélisende de Montlhéry épousa un des seigneurs de la haute noblesse champenoise dont nous ignorons également la biographie : Ponce 1er, de Traînel dit l'ancien (ou Pons) qui pourrait être le fils de Déodat de Traînel, témoin d'un privilège accordé au Chapitre de Troyes vers 1062. Cinq enfants sont issus du mariage de Pons avec Mélisende : Ponce, « dominus Pontis castri » seigneur du château de Pont-sur-Seine, qui réunit les seigneuries de Traînel et Pont-sur-Seine, est l'auteur, au mois de juin 1079, de la charte de donation à l'abbaye de Cormery de l'église de Stabulis dans l'ancien diocèse de Sens (c'est l'église Saint-Gervais-des-Tables à Traînel, Aube) pour y établir un prieuré. À cet effet, Ponce remit volontiers l'église de Traînel entre les mains de Richer, archevêque de Sens, du consentement de son épouse, Caravicina, et de leurs enfants, Anseu, Garnier et Philippe, aussi appelé Milon . Cette charte est aussi citée dans Gallia Christiana, t. XII, Instr. Col. 14. Cette fameuse charte est très importante puisqu'elle prouve que les trois fils, en état de donner leur consentement, étaient nés bien avant cette date. Ce qui invalide l'intronisation de Philippe-Milon sur le siège épiscopal de Troyes dès 1183 (voir la suite). L'an 1095, au plus tard au mois de novembre, date donnée pour être celle de la mort de Ponce l'Ancien semble acceptable pour plusieurs raisons : 1° nous voyons son second fils Garnier être qualifié de seigneur de Pont-sur-Seine dans les lettres du pape Urbain II, 2° sa femme Mélisende est veuve au plus tard en 1096 quand elle donne sa terre de Ver aux moines de Longpont. Certains auteurs font une erreur pour donner une date après 1100, en confondant Ponce l'ancien et Ponce le jeune, fils de Garnier. En 1104, Ponce le jeune, seigneur de Traînel, fait partie des barons qui accompagnent Hugues, comte de Champagne, à l'abbaye de Molême. Le comte partait pour la croisade. En 1110, il figure parmi les seigneurs témoins de la donation des coutumes de Rouilly-Saint-Loup, faite à l'abbaye de Saint-Loup de Troyes, par le comte Hugues.
Les chartes du prieuré de Longpont Le Cartulaire de Notre-Dame de Longpont mentionne Mélisende de Montlhéry sous le nom de « Caravicina ». Il s'agit des trois chartes de donation de la terre de Ver (Vert-le-Grand, Essonne) que la demoiselle avait reçue, pour une moitié, du patrimoine maternel (6). Le premier acte est la donation de la terre à Ver par dame Chère-Voisine. Nous donnons la transcription intégrale en langue latine de Jules Marion : « Notum fieri volumus omnibus quod quedam matrona, Cara Vicina nomine, concedente et volente filio sua, Philippo, Trecacensi episcopo, terram de Ver monachis sancte Marie de Longo Ponte dedit. Hoc autem donum fecit suprascripta domina in castello quod vocatur Pons ; et per Hertaudum, monachum, loco testimonii, frustulum ligni sambucis super altare sancte Marie transmisit. Hujus rei sunt testes : Hugo de Mauriaco ; Hugo de Venelaco ; Garnerius Malus Filiaster ; Burdinus, filius Vinonis ; Rainaldus Ruffus ; Durannus, major de ipsa villa ; Hugo, cocus ; Ansellus, pistor ; Heinricus ; Ingenoldus, monachus ; Yvo, coquus ; Normandus » (charte CXCVI). La traduction succincte donne : «Nous voulons faire savoir à tous que la Dame nommée Chère-Voisine, donna, aux moines de Sainte-Marie de Longpont, sa terre de Ver avec le consentement et la volonté de son fils Philippe, évêque de Troyes. D'autre part, cette donation a été faite par la susdite Dame dans le château appelé Pont-sur-Seine; et le bâton de commandement fut transmis sur l'autel de Sainte-Marie par le moine Hertaud, témoin en ce lieu. Les témoins de cette chose : Hugues de Mauriaco, Hugues de Venelaco, Garnier Malus Filiaster, Burdin, fils de Vinonis, Rainald Ruffus, Duran, doyen de ce village [Ver], le cuisinier Hugues, le boulanger Anseau, Henri, le moine Ingenold, le cuisinier Yvon, et Normand». Cette libéralité pieuse fut donnée à Pont-sur-Seine « in castello quod vocatur Pons » dans le château de la famille Traînel. La date de 1100, donnée par Marion, semble invraisemblable puisque cette charte fut donnée avant le départ de Milon le Grand pour la Croisade en 1096 (pour la raison de la charte suivante). Il semble également que Mélisende de Montlhéry, épouse de Pons 1er, agisse en " dame de soi " pour un bien qui lui vient de sa mère. Conformément à la coutume féodale, son troisième fils, Philippe-Milon donne son accord ; c'était un religieux qui fut évêque de Troyes, mort en 1121. L 'acte de la donation avec le morceau de bois de sureau associé « frustulum ligni sambucis » (symbole du bâton de commandement) est confié au moine Hertaud pour être déposés sur l'autel de Sainte-Marie à Longpont. En conclusion, cette charte fut donnée entre deux dates extrêmes : 1095 alors que Mélisende était veuve, statut confirmé par l'absence de Ponce et le consentement de Philippe-Milon, et 1096 départ de la première Croisade. La seconde charte, pour laquelle la donation de Mélisende Chère-Voisine est confirmée par son frère Milon, est, à juste raison datée par Jules Marion, de l'an 1095-96, c'est-à-dire au moment des préparatifs de la première Croisade, puisque Milon le Grand, sur le point de partir à Jérusalem, règle ses affaires et celles de sa famille. « Domnus Milo, dum esset in via Jherosolimitana, penitens reatus sui, terram de Ver, quam Milesendis, cognomento Caravicina, Deo et sancte Marie de Longo Ponte dederat, quantum ad ipsum pertinuit reddidit, et per legatos suos filio suo, Guidoni Trossello, mandavit ut pecuniam redderet, si ei pro hac terra data suisset si autem data non suisset, nullam omnino acciperet. Hujus rei sunt testes : Galterius, dapifer ; Stephanus Panel ; Hilduinus, clericus ; Stephanus, coquus » (charte CCI). Voici la traduction sommaire : «Le seigneur Milon, en route pour Jérusalem, se souvient parfaitement que la terre de Ver qui avait été donnée par Mélisende Chère Voisine à Dieu et à l'église Sainte-Marie de Longpont, appartenait à lui-même et par l'intermédiaire de son légataire, Gui Troussel, son fils, chargea [celui-ci] pour que cette richesse soit rendue aux moines de Longpont, si même cette terre avait été donnée, ou n'avait pas été donnée, personne ne l'a entièrement reçue. Les témoins de cette chose : le sénéchal Gautier, Étienne Panel, le clerc Hilduin, et le cuisinier Étienne». Dans son lexique, Jules Marion précise : « Milesendis, cognomento Cara Vicina, Mélisendre dite Chère Voisine était la troisième fille d'Hodierne et soeur de Milon le Grand. Elle épousa le seigneur de Pont et son fils Philippe devint évêque de Troyes ». Il semble que Mélisende Chère-Voisine était décédée avant 1096, année du départ de Milon le Grand pour la Croisade. Tout en confirmant la donation de sa sœur, le seigneur de Montlhéry oppose une restriction : « nullam omnino acciperet », nul ne la totalement reçue ! C'est-à-dire qu'en tant que premier seigneur, Milon n'avait pas accepté le transport de la justice. Un peu plus tard, une troisième charte relative à la terre de Ver est donnée par Guy Troussel qui confirme le legs de sa tante Mélisende Chère-Voisine. « Hoc est donum quod fecit Guido, filius Milonis, de terra que set apud Ver, videlicet concedens ut, si supravixerit patrem suum et ejus hereditas in potestate sua venerit, illud totum quod domna Caravicina habebat apud Ver, quod ecclesie sancte Marie et ejusdem ecclesie monachis pro anima sua dimisit et pater ejus abstulit, post obitum patris sui, libere et absque ulla conditione habeant monachi. Hoc autem fecit Guido, filius Milonis, vicecomitis, super altare sancte Marie cum textu evangelii, die dominica in octabis Pentechostes, videntibus istis : Guidone de Lynais ; Teoderico, prefecto ; Gaufredo, major sancte Marie ; Oylardo, famulo ; Hugone de Perrolio ; Oberto de Perrolio » (charte CCVIII). Nous en donnons une traduction succincte : « Ceci est la donation de la terre située dans le village de Vert-le-Grand que fit Gui, fils de Milon, en concédant de telle sorte, bien entendu si survivant à son père, tout ce que dame Chère-Voisine possédait à Ver, qu'elle avait abandonné à l'église Sainte-Marie et aux moines de cette église pour le salut de son âme, et que son père avait retenu, après sa mort cet legs est libéré et les moines ont ceci sans autre condition. Cette donation est faite par Gui, fils du vicomte Milon, sur l'autel de Sainte Marie avec les livres des Évangiles le jour de dimanche de l'octave de la Pentecôte , en présence de : Gui de Linas, le préfet Théodore, Geoffroy, le régisseur de Sainte Marie, le serf Oylard, Hugues du Perray et Aubert du Perray ».
Histoire généalogique de la maison de Montmorency par André Du Chesne (1623). La charte, dont nous venons de parler, exige quelques explications. Nous reconnaissons bien Guy Troussel, seigneur de Montlhéry, fils aîné et exécuteur testamentaire de Milon le Grand, vicomte de Troyes « vicecomitis », du chef de sa femme Lithuise de Soissons. Nous sommes donc à l'époque où Milon est n'est pas revenu de Palestine. Le dimanche de l'octave de la Pentecôte , mai ou juin, vers 1112, date donnée par Jules Marion, est inexacte car Guy Troussel est mort vers 1108. Le problème de la possession de la terre de Ver est éteint puisque le premier seigneur (Milon) est mort. Tout le bien reste dans les mains des moines de Longpont. Par cette charte, Guy Troussel fonde un obit en quelque sorte. La date de 1107 ou 1108 semble possible.
La compatibilité des dates Nous tentons dans ce paragraphe d'utiliser « l'Art de Vérifier les Dates » pour rétablir une chronologie compatible avec l'Histoire pour résoudre l'énigme des dates de naissances (*). Nous partons de la charte de juin 1079, citée par Gallia Christiana et l'abbé Lalore (charte n°2 des pièces justificatives, Généalogie des seigneurs de Traînel ), dans laquelle les trois fils de Ponce l'Ancien et Cravicina sont cités. Les trois enfants vivant en 1079, il est probable que l'aîné était âgé d'au moins 14 ans, ce qui le fait naître en 1065. Donc sa mère pouvait être âgée de 19-20 ans, ce qui donne 1045 sa date de naissance (proche de celle proposée). En ce qui concerne les cadets, en prenant un espace de 3 ans entre chaque grossesse, il est probable que Garnier et Philippe-Milon soient nés vers 1068 et 1071, respectivement, à moins qu'une fille vienne s'intercalée entre les garçons. La date de naissance de Garnier, fils puîné de Caravicina, semble raisonnable quand on sait qu'en 1106 Ponce le jeune, fils aîné de ce Garnier avait épousé par force, en 1106, Mathilde, fille de Hugues le Blanc et qu'il accompagna le comte de Champagne à la Croisade en 1104. Ce jeune homme serait né vers 1084 quand son père était âgé d'une vingtaine d'année. Le cas de Philippe-Milon est plus complexe. Sa naissance, en l'an 1058, donnée récemment paraît être par trop anticipée, puisque Mélisende n'aurait été âgée au plus de 18 ans (considérant la borne inférieure de sa naissance en 1040) aurait été primoparturiente à 14 ans, situation peu probable au XIe siècle. Gallia Christiana , t. XII, Instr . col. 496 (et tous les auteurs qui suivirent) donne Philippe-Milon de Pont, évêque de Troyes de 1083 à 1121. La date de 1083 est reprise par l'abbé Lalore, alors que des auteurs contemporains donnent 1081 parce qu'ils considèrent la mort de Hugues 1er cette même année. D'abord, il est vrai que Philippe-Milon, accompagnant ses parents, était en âge de donner son consentement en 1079 lors de la charte de Richer. On pourrait penser, en suivant le raisonnement précédent que Philippe-Milon était un enfant d'environ dix à douze ans. Donc, l'auteur du Gallia Christiana a fait une erreur. Si l'on considère qu'il y eut un seul évêque du nom de Philippe de Pont intronisé en 1083, ce prélat aurait eu 12 ans. Ce n'est pas impossible, mais peu probable au XIe siècle (ce phénomène fut courant au XVIIe siècle). Nous sommes amenés à considérer l'existence d'un autre personnage de la famille de Traînel. C'est-à-dire qu'il y ait eu deux prélats du même nom, Philippe de Pont ou plus exactement, un Philippe de Pont, évêque de Troyes dès 1083 jusqu'à ..., ce Philippe pourrait être un frère de Ponce l'Ancien de Pont-sur-Seine, seigneur de Traînel, puis ensuite vient Philippe-Milon (surnom donné pour ne pas le confondre avec son oncle, car sinon pourquoi lui donner un surnom), et au décès de son oncle, il aurait été nommé évêque de Troyes. Il se peut que le Gallia Christiana ait fait une erreur (ce ne serait pas la première), suivit par les historiens qui auraient confondu les deux personnages, l'oncle et le neveu. Néanmoins, plusieurs chartes attestent de la prélature de Philippe-Milon. La première est de 1095 quand son frère Garnier, tout jeune seigneur de Pont, fit un acte de piraterie contre Lambert, l'évêque d'Arras, lequel se rendait au fameux concile de Clermont. Une charte du cartulaire de Molesme donnée vers 1108, atteste que Philippe-Milon est évêque de Troyes quand il donne, le jour de l'Epiphanie, l'église de Planty à l'abbaye de Molesme après l'avoir retiré » des mains de Garnier, seigneur de Pont, son frère qui la tenait en fief. En disant « nefas », ce qui est contraire à la volonté divine.
Les alliances avec les barons champenois Il est logique de voir les sires de Montlhéry alliés aux barons champenois puisqu'ils étaient issus de la terre et seigneurie de Bray-sur-Seine, dont Milon 1er l'ancien, puis son fils Milon II le jeune, étaient qualifiés de seigneur de Bray. Nous voyons donc les enfants du seigneur de Montlhéry revenir en Champagne pour y prendre épouses ou époux dans les maisons de Bray-sur-Seine « Braico », Traînel « Triangulo », Pont-sur-Seine « Pontus », Plancy « Planci », Villemaure « Villamaur », Chappes « Cappis », Dampierre « Dampetra ». L'abbé Lalore marque les seigneurs de Traînel contractèrent de nombreuses autres alliances, avec les maisons de Bar-sur-Seine, Brienne, Polignac, Melun, Châteauvillain, Vergy, Mello... Ils donnèrent deux évêques de Troyes, un évêque de Verdun et un évêque de Metz. La maison de Traînel a donné un grand panetier à la couronne de France; un bouteiller et un maréchal au comté de Champagne; un maréchal au comté de Nevers. Les comtes de Brienne-le-Château (Aube) furent alliés plusieurs fois aux descendants de Guy de Montlhéry (marqués en italique). Nous trouvons Agnès de Brienne, dame de Bragelone (1185-1240, fille de Thibaud et de Marguerite de Salmaise mariée à Philippe de Plancy , seigneur de Praslin (1185-1236), sa cousine Pétronille de Brienne, comtesse de Bar-sur-Seine, fille de Milon II et de Agnès de Beaudement, épousa Hugues du Puiset , vicomte de Chartres (1145-1218). Félicité, fille d'Erard 1 er , comte de Brienne et d'Alix de Rameru, épousa en premières noces Simon 1er de Broyes (m. 1132), Adélaïs de Traînel , fille d'Anseau seigneur de Venizy et d'Elisabeth de France épousa André de Brienne, fils de Gauthier II, seigneur de Ramerupt, mort en 1189 en Terre-Sainte à Saint-Jean d'Acre. Au XIIIe siècle, les alliances continuèrent avec Erard II, seigneur de Rameru et Venisy (m. 1245) qui épousa Hélisende de Rethel (m. 1234). Plusieurs auteurs ont marqué par erreur qu'Isabeau de Brienne (1155-1211), fille de Gui, comte de Bar-sur-Seine et de Pétronille de Chacenay, avait été la seconde femme d' Anseau II de Traînel (1110-1198). À suivre…
Notes (*) Madame Cendrine van Klaveren, descendante de cette famille, est remerciée pour ses remarques et suggestions pertinentes. (1) M. Quantin, Cartulaire général de l'Yonne: recueil de documents authentiques , volume 2 (Perriquet et Rouillé, Auxerre, 1860). (2) Abbé Charles Lalore, Documents pour servir à la généalogie des anciens seigneurs de Traînel , dans Mémoires de la Société académique d'agriculture, des sciences, arts et des belles lettres du département de l'Aube, t. XXXIV (Dufour-Bouquot, Troyes, 1870), pp. 177-271. (3) M. Levesque de La Ravalière , La vie d'Étienne 1er du nom, comte de Sancerre , in : Mémoires de littérature tirés des registres de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-lettres, vol. XXVI (Impr. Royale, Paris, 1759), p. 680. (4) André Duchesne, Histoire généalogique de la maison de Montmorency et de Laval (chez S. Cramoisy, Paris, 1624). - Histoire de la maison de Chastillon-sur-Marne (chez S. Cramoisy, Paris, 1621). (5) Certains généalogistes modernes confondent, sans aucune preuve, en une seule personne les deux filles nommées Mélisende, en mariant successivement cette demoiselle à Hugues 1er comte de Rethel (1075) puis à Pons de Traynel (1080). (6) J. Marion, Le cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont de l'Ordre de Cluny au diocèse de Paris (Impr. Perrin et Marinet, Lyon, 1879).
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