La seigneurie de Méridon (XIIIe siècle - 1598)

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------- --------ajout juillet 2011-août 2010 --------------------------- _------------------------------

Extrait d'un plan de 1954.

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est dédiée à Pierre-Yves Louis qui fut un brillant historien, toujours serviable, et dont j'ai emprunté quelques références, trouvées récemment dans un mémo sur Méridon (aimablement donné par Michèle Eschtruch). Ce lieu éloigné de Marcoussis est traité en raison de la présence de la "famille Baillon" qui l'a habité au XVIe siècle. C'est un écart de Chevreuse qui possède actuellement un château du XIXe siècle méritant un détour.

 

 

 

Les premiers documents

L'Abbé Lebeuf, dans son "Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris", ne consacre que quelques lignes à Méridon qu'il cite parmi les écarts de Chevreuse: " Méridon qui est au midi est connu depuis le XIIIe siècle, qu'il se trouve un Archambaut de Mériduno, qui avait proche Paris, une censive entre Saint-Marcel et Villejuifve (1)... Ce personnage est-il l'ancêtre du document de 1369?

Ce lieu était nommé "Mesnildum" dans la liste des fiefs et arrière-fiefs que le châtelain de Chevreuse tenait de l'évêque de Paris, sous l'épiscopat d'Eudes de Sully.

Le premier aveu date du mardi après la Saint-Jean-Baptiste, l'an 1369, Jehan de Méridon, écuyer, advoue tenir en fief de Pierre, sire de Chevreuse, à cause des fiefs de Guigneville, qui avaient été autrefois à feu Ferry de Denisy , chevalier, et qui étaient maintenant dans la main dudit seigneur, les fiefs de Méridon, la Boissière et Sous-Forêt, à cause de sa châtellenie de Chevreuse. Dans cet aveu, retenons ce qui nous intéresse : premièrement Lostel et maisons de Méridon avec les jardins devant et derrière ledit hostel si come le tout se comporte et les friches, buissons et larris, tenant de toutes parts auxdits jardins d'un costé et d'autre aux jardins dessusdits (2). L'ensemble représente déjà une demeure aisée.

Un autre aveu semblable est cité en 1382 dans un document du XVIIe siècle. Si l'on se réfère à Moutié, le déclarant est soit Guyot soit un autre Jehan de Méridon qui sont tous deux cités dans des actes annexes de l'époque. Les voisins limitrophes sont Thibaut Girard, le seigneur de Chevreuse, Pierre et Jehan Savadin. Les lieux: les Ruéaux de Méridon, le bois d'entre Trousse et Méridon, les bois du petit et du grand Trousse.

 

Extrait d'un plan de Chevreuse de 1701.

 

 

Méridon au XVe siècle

Le patronyme des Méridon disparaît au profit d'un dénommé Jehan Langlois. Ce dernier rend aveu en 1408 des trois fiefs déjà cités en 1369, Méridon , la Boissière et Sous-Forêt, toujours relevant du sieur de Chevreuse, à cause du fief de Guigneville.

En 1414, une copie d'aveu et dénombrement du fief de Méridon, mouvant du duché de Chevreuse, est rendue par Guy de Méridon. Cette date, citée dans l'acte du XVIIe siècle, est sans doute erronée.

Nous arrivons en l'an 1464. Ce sont toujours les aveux qui nous renseignent sur le domaine et notamment celui rendu par Jehan Langlois, écuyer, demeurant à Méridon et qui advoue tenir à trois foys et hommages de Colard, seigneur et baron de Chevreuse, à cause du fief de Guigneville, qui fut autrefois à Ferry de Denisy:
- à une fois et hommage, le fief et hôtel de Méridon comme il se comporte avec grand jardin et touts les autres jardins tout autour dudit hotel en une grande quantité de patures et paturages qui de présent, par la fortune des guerres, sont en haut bois", lequel hotel jardin et paturages sont tous entretenus en une pièce...
Dans les tenants et aboutissants, aucune mention n'est faite de murailles, uniquement des chemins, fossés, caves et égouts... Suivent les terres qui descendent jusqu'à la rivière. Ensuite les droits dont 60 sols de menus cens sur plusieurs héritages dont par la fortune des guerres l'on n'a pas la connaissance ... lesquels héritages sont tous en ruine et les maisons démolies,
- item à une fois et hommage lhostel et fief de la Boissière, où souloit avoir maison close à grands fossés garnie de cour, colombier, cave, grange, qui de présent sont en ruine...
- à une autre fois et hommage lhotel et fief de Sufforests avec les jardins qui de présent sont tous en ruine...

Notons en 1496, l'intitulé du testament de Jehan Langlois escuyer seigneur de Méridon et Jehanne Chartres sa femme. La date de 1408 est probablement erronée ou les Langlois se prénomment Jehan de génération en génération...

La région sort de la guerre de Cent Ans et n'a donc pas été épargnée. Quinze ans après un autre document cite le sieur Jehan Langlois toujours sieur de Méridon. Ce Jehan Langlois, escuyer, épousa Jehanne de Chartres, veuve de Jacques de Harville, laquelle avait eu de son premier lit, une fille Antoinette de Harville. Ces derniers adressèrent leur dernières volontés à l'église de Chevreuse en 1496. Antoinette fut mariée à Hélie de la Cauchonnerie, par son beau-père, Jehan Langlois, qui lui donna en dot Méridon. Ce couple vit à Méridon jusqu'à la fin du siècle.

 

 

Méridon au XVIe siècle

Anthoinette de Harville décède à Méridon le 10 juin 1504. Elle est inhumée en l'église de Chevreuse. Son époux est encore vivant en 1526. Il est présent lors d'un bornage de la terre et seigneurie de Méridon, réalisé par Philbert Lemazuyer. "Elie de la Cauchonnerie" décède en 1527.

 

 

Son fils Dauphin lui succède, et à cette occasion, rend le traditionnel hommage à Yde de Chevreuse, des fiefs de Bévilliers et de la Grange, dans la paroisse de Choisel, et de celui de Méridon qu'il tenait tous les trois d'elle, à cause de sa baronnie de Chevreuse. Cet aveu qu'il donna est plus complet que les précédents. On voit que Méridon avoit alors un hôtel et manoir avec cour, granges, étables, colombier, bergeries et une petite tour qui servait autrefois de prison ; lequel hôtel est clos de murailles tout autour, avec le grand jardin et d'autres jardins tous tout autour dudit hôtel, et grandes quantités de pâtures et pâturages convertis en haut bois par fortune des guerres et lesquels jardins et pasturages sont entretenus. Ces mots de haut bois indiquent suffisamment que la conversion des pâtures en bois n'étaient pas nouvelles en 1527, et que, selon toute probabilité, elle remontait aux guerres qui désolèrent la région sous les règnes de Charles VI et Charles VII, et ruinèrent les manoirs de la Boissière et Sous Forest.

Dauphin mourut sans alliance et sans enfants laissant sa terre de Méridon à Marie de la Cauchonnerie sa soeur, femme de Mathurin Chauderon, écuyer sieur de Bièvres-le-Châtel . En 1528, Yde de Chevreuse fit saisir féodalement les fiefs de Méridon, la Boissière et Sous-Forêt.

En 1543, Pierre Chaudron se rend à Paris. Ce dernier, escuyer, seigneur de Méridon, demeurant audit lieu se faisant et portant fort de damoiselle Marye de la Cochonnerye, sa mère, veufve de feu Mathurin Chauldron, en son vivant escuyer seigneur de Bièvres le Chastel, tant en son nom que comme ayant la garde, gouvernement et administration des enffans myneurs dudit deffunt et delle, aussi des enffans de Charles Vaujour? et de feue Marye Chauldron d'une part, ... Le reste de l'acte décrit une transaction à l'amiable sans intérêt pour cette chronique.

De son mariage avec Mathurin Chaudron, Marie eut Pierre I Chaudron, écuyer. Ce dernier fit en 1555, au nom et comme procureur de Marie de la Cauchonnerie sa mère, dame des fiefs de Méridon et de la Boissière, le double hommage de ces deux fiefs, à Messire Hurault, fondé de pouvoir du cardinal de Lorraine, duc de Chevreuse. Pierre I Chaudron épousa damoiselle Gilette Dupuis, fille de Jean, écuyer, demeurant à Ville-sur-Terre près de Chaumont au baillage de Bar-sur-Aube et de damoiselle Marguerite de Villiers. De ce mariage naquirent trois enfants:
- Pierre II, écuyer sieur de Méridon;
- Jehan, écuyer, qui eut en partage le fief de la Boissière, et mourut sans avoir été marié;
- Marie, femme de François de Louveciennes.

La confirmation du décès de Pierre I est clairement exprimée par son fils Jehan, devenu sieur de la Boissière, qui demeure néanmoins à Méridon. Il agit au nom de sa mère dans un paiement d'une somme de 20 lt. Ce document fait allusion à une constitution de rente constituée le 19 juing 1488 et revendue l'année suivante par Jehan Langlois sieur de Méridon à Symonnet Vaultier, hostellier de Chevreuse. L'intérêt est multiple, mis à part le décès, Jehan Langlois est confirmé sieur de Méridon et enfin nous voyons que la famille Vaultier est installée à Chevreuse. Il semble évident que les Vaultier qui viennent de s'installer à Marivaux (Janvry) sont issus de la même famille.

Revenons à Méridon, quatorze ans après, Pierre II, comme seigneur de Méridon, fils de Pierre I et héritier de sa grand-mère Marie de la Cauchonnerie, rend aveu de son fief au duc de Guise.

L'inventaire des titres de la seigneurie de Chevreuse, cite en 1582, une sentence du bailly de Chevreuse faite au profit du cardinal de Lorraine contre le sieur de Méridon pour son usaige.

 

 

Méridon aux Baillon

Faisons un retour en arrière pour mieux connaître cette famille. Nous sommes au mois de juin 1565, Jehan de Baillon, seigneur de Janvry et sa seconde épouse Marie de Hacqueville vivent à Paris. Ils donnent naissance à leur fille Geneviève et la font baptiser en l'église de la paroisse Saint-Paul.

 

Le seigneur de Janvry décède subitement en 1567. Ce brillant personnage, trésorier de l'épargne, manipule des sommes très importantes et des engagements qu'apparemment lui seul, sait gérer. Sa succession au sein d'une nombreuse famille, et des engagements méconnus du trésorier vont conduire cette famille à une descente aux enfers. Les deux branches correspondant aux deux mariages ne vont rien arranger. Marie de Hacqueville va essayer de "caser" ses enfants dans de modestes conditions. Geneviève est âgée de deux ans à la mort de son père. Sa mère l'élève chichement à Janvry. Marie de Hacqueville décède en 1576 laissant Geneviève, une adolescente de 11 ans. Le mariage de Geneviève de Baillon avec Pierre Chaudron doit se situer en 1593 après les troubles des guerres de religion.

Les Chaudron demeurent toujours à Méridon. Le couple s'y est installé dès le mariage conclu et peu de temps après, Pierre II de Chaudron, escuier, sieur de Méridon et de la Boissière et Geneviève autorisée par son mari, recongnoissant la bonne amytié qu'ils ont eu depuis leur mariage et aussy pour que le survivant d'eux puisse avoir le meilleur moien d'entretenier leur estat ont volontairement ... C'est une donation entre vifs classique, tant meubles, que conquest, qu'immeubles. N'oublions pas que nous sommes dans une période d'épidémies et que leurs nièces de Janvry sont décédées l'année précédente.

L'année suivante Pierre confirme qu'il demeure à Méridon, et ayant des besoins de liquidités, constitue une rente de 30 escus d'or soleil à un marchand bourgeois de Chevreuse. Cette rente, adossée au lieu seigneurial de Méridon, va nous faire connaître sommairement le domaine: consistant en corps d'hostel, cour et autres lieux où demeure le sieur dudit lieu, et avec pressoir, granche, cour, estables, avec la quantité de 120 arpents de terres labourables et 100 arpents de boys taillis, tenant le tout à monseigneur le duc de Guyse, n'estant chargé envers ledit seigneur que des foys et hommages. La constitution est faite moyennant le prix et somme de 300 escus sol.

Le couple doit être dans une période critique, car deux mois après, le même processus se répète. Il s'agit cette fois-ci d'un échange du fief terre et seigneurie d'Invilliers assis en la paroisse de Briis-sous-Forges contre des rentes. L'acheteur est le seigneur de Briis, Amos du Tixier et son épouse Françoise Hurault. Le bien provient de la succession de feus Jehan de Baillon et Marie de Hacqueville père et mère de ladite Geneviève. En contre eschange Amos du Tixier cède 937 lt de rente, revenant à 312 escus sol. L'acte est passé en la maison seigneuriale dudit Méridon. L'année suivante une rente de 116 escus provenant de la vente d'Invilliers est vendue et Pierre Chaudron reçoit la somme de 1.400 escus sol . Vu l'importance de la somme, quatre mois après, Geneviève ratifie la vente.

L'année 1596 Pierre II de Chauldron décède. Pierre de l'Estoile, célèbre chroniqueur, et également son beau-frère cite sa mort: un jeune gentilhomme, qui avoist espousé la soeur de feue ma femme, décédé d'une pestilente fièvre en sa maison des champs.

Au mois de mai a lieu l'inventaire après décès. Ce document indique que la mère a la garde noble de sa fille aagée de 13 moys et qu'elle renonce à la succession en faveur dicelle. Notons au début de l'acte la phrase "de temps de guerre que avoit pour le présent en ce royaume de France".
Reconstituons les bâtiments du lieu seigneurial:
- salle, salle à manger, scellier, petite chambre , fournil, pavillon,
- chambre haulte, garderobe joignant ladite chambre, chambre joignant la garde robe, chambre où est décédé le deffunt, grenier,
- granche à blé, granche à avoyne, pressoir,
- estable à vaches, estable à chevaulx, estable à porc, bergerie, poulailler.

Ce ne sont que les termes trouvés dans l'inventaire, on peut penser qu'un certain nombre de pièces n'a pas été cité.
Retenons également les animaux décrits: un cent de poulle, six bestes à layne, deulx truyes, treize pourceaux, huit vaches à lait, un toreau, trois génisses, deulx grands chevaulx de selle, troys autres chevaulx de traye.
Enfin les armes de défense du lieu: six harquebouzes à rouet et une à mesche, dans une autre pièce trois harquebuzes à mesche et une à rouet. Une remarque concerne les thuilles trouvées: 6.000 vieilles et 10.000 neufves, ce qui représente l'équivalent de 300 m2 de bâtiments. En l'absence d'inventaires des titres et papiers, il est difficile de statuer sur le lieu seigneurial. Situé dans un lieu isolé, néanmoins comportant des animaux en nombre important et également plusieurs muids de grain comptabilisés en différentes pièces, le couple aménageait son domaine qui n'était pas encore devenu un château.

En juillet, la veuve, au nom et comme tutrice de Geneviève leur fille, confesse estre détemptresse, propriétairesse, et puissante de deux pièces de terre des plus beaux et meilleurs de la terre de Méridon, et par iceux l'église Mr Saint Martin de Chevreuse, acceptant par ses marguilliers, a droit de prendre la somme d'un escu sol en deux fois par an, à cause des obits fondés en ladite église pour faire célébrer à l'intention des deffunts Jehan de Chauldron en son vivant sieur de la Boissière et damoiselle Marye de la Cossonnerie en son vivant dame dudit Méridon . Laquelle somme d'un escu sol ladite dame Geneviève de Baillon s'engage à payer tant qu'elle sera détemptresse desdits héritages. Les marguilliers se font confirmer les obits célébrés pour les grands-parents.

Trois mois après, la veuve confesse devoir à Martin Vadureau la somme de 70 escus sols (rayé) pour ses affaires tant durant sa maladie que auparavant ... passé audit lieu de Méridon... À la suite du document une phrase laconique mentionne qu'a été exécuté la saisie des biens pour exécution de l'obligation.

Le même mois Geneviève a dû contracter la maladie de son époux, elle rédige un testament classique. Ne retenons les points qui nous intéressent:
- veut estre inhumée en l'église Saint-Martin de Chevreuse, proche le deffunt sieur de Méridon son mary,
- item veut et ordonne que sa "petite fille" soit mise en tutelle en les mains de Madame de Soucy, et non ailleurs,
- item donne ...
en espèces à son charretier, à sa servante, à son cocher, à sa nourrice, ... ,
- item à l'église Saint-Martin de Chevreuse un escu trente sols de rente, à la charge pour ladite église de célébrer à l'intention de son deffunt mary que d'elle, ...
- item a nommé exécuteur du présent testament la personne de noble Adam de Baillon, escuyer, sieur de Vallence, auquel elle d
onne plain pouvoir ...
Il est
à remarquer que ce ne sont pas ses frères qui sont choisis! Elle souhaite que sa fille soit élevée par sa tante maternelle.

La dame de Méridon doit décéder peu de temps après, car deux mois plus tard, une quittance est signée par le frère aîné de la défunte. Jehan (II) de Baillon, escuyer, seigneur de Janvry comme tuteur de Geneviesve de Chaudron, fille myneure de deffunts Pierre de Chauldron et Geneviève de Baillon, ses père et mère... Il confesse avoir reçu de Adam de Baillon, sieur de Vallence, naguères exécuteur du testament de la defunte damoyselle de Baillon, la somme de 524 escus sol correspondant au reliquat des comptes, pour estre quitte de la succession du feu sieur de Méridon. Que se passe-t-il? les dernières volontés de la défunte ne sont pas respectées? Les poursuites envers les héritiers de la succession de Jehan I de Baillon, trésorier de l'épargne en sont-elles la cause ?

Les Baillon de Janvry vont gérer les biens de leur nièce. En avril 1597, Charles de Baillon, sieur de Fresneau, se porte fort pour Jehan II de Baillon, son frère. Il agit au nom et comme tuteur de Geneviève de Chauldron et confesse avoir constitué 1 escu 30 sols de rente annuelle non rachetable, léguée à l'église Monsieur Saint-Martin de Chevreuse, par Geneviève de Baillon dans son testament. Cette fondation pour faire dire et célébrer deux messes haultes d'obits, à l'intention tant du défunt son mary que delle à pareil jour qu'ils sont décédés, à prendre sur les biens de Geneviève de Baillon appartenant au jour de son décès, et à la décharge d'Adam de Baillon, présent pour estre agréable. Le mois suivant, le seigneur de Janvry ratifie la fondation. Jehan de Baillon reconnaît avoir reçu les titres du sieur de Méridon...

La succession de Pierre de Chaudron ressemble à celle de Jehan I de Baillon de Janvry, les créanciers du sieur de Méridon se manifestent en juin 1597, les biens sont saisis et mis en criée par Decosse huissier, sergent à cheval du Châtelet ... pour paiement non fait par ledit Lepicard pour trois années d'arrérage de 8 lt de rente... et pour deus années d'arrérages précédant les troubles...

Au début de l'année suivante, on retrouve René Rat seigneur d'Orsigny, adjudicataire de la terre & seigneurie de Méridon, qui baille des bestiaux, à Nicolas Vadureau, marchand demeurant à Méridon.

Il faut se contenter des rares documents trouvés pour admettre que Méridon n'appartient plus aux Baillon. Le mois suivant, dans un registre du Châtelet de Paris, nous apprenons que la succession Chaudron n'a pas été reprise au profit de sa fille Geneviève: Christophe le Dannois comme procureur d'André Lepicard sieur de Revigny, auditeur en la chambre des comptes, poursuivant les criées de la terre et seigneurie de Méridon, cy après déclairée, saisie sur Nicolas Person, clerc au greffe civil du Chastelet de Paris, au nom et comme curateur ordonné par justice à la succession vacante de défunt noble homme Pierre II Chauderon, vivant écuyer et seigneur de Méridon, des terres de Méridon et la Boissière:... " consistant scavoir ledit fief, terre et seigneurie de Méridon en:
- deux grands corps d'hostel et manoir,
- de haultes murailles à carneaulx,
- coulombier à pied, granche, pressouer,
- avec une petite tour servant de prison,

le tout clos à murs,
- 22 arpens de jardins et pasturages, partie en buissons et l'aultre partie en plant d'arbres,
- 120 arpents de terres,
- 80 arpents de bois taillis
- arpents de pré...
- Le fief de la Boissière ... où soulloit avoir manoir clos et grands fossés...
Lesdites terres et seigneuries saisies et mises en criées le 14 juin 1597 faute de paiement non fait par ledit curateur... et d'autre part par une sentence rendue par le prévost de Paris le premier septembre 1597 au profit du sieur de Revigny.

Les créanciers se manifestent alors au Châtelet pour s'opposer aux criées:
- en mars, Philbert Lemarquant, Estienne Villepeau, Pierre David, et Pierre Montgelay, tous demeurant à Chevreuse, pour diverses sommes,
- en juin, maistre Simon Folin, prestre curé de Chevreuse, réclame des grains que lui doit Adam de Baillon sieur de Valence, curateur à la succession et Jehan de Baillon seigneur de Janvris comme tuteur de Geneviève de Chaudron.
- le même mois, Jehan Rogerin, procureur en parlement héritier de Mr Hebert, réclame 10 années d'arrérages d'une rente faite au sieur de Méridon en 1582.
- puis en juillet, René Rat sieur d'Orsigny, et Charlotte de Louveciennes, sa femme, réclament 1.000 escus sol, dus par Pierre de Chaudron ...,
- le 17août, Vincent de Marle sieur de Vaugien, réclame 47 escus de rente constitués par Pierre de Chaudron, en décembre 1584...,
- le 10 septembre, Anne du Tixier, femme du seigneur de Briis et François Hurault pour restitution de l'eschange fait par le sieur de Méridon et sa femme de la terre et seigneurie des Mollières (Invilliers) avec le sieur de Meridon...,
- le 9 octobre, Nicolas Person, le curateur s'oppose également aux criées pour reliquat de comptes!
- le 10 novembre, Jehan de Baillon, sieur de Janvry, tuteur de Geneviève de Chauldron, fait de même pour 500 escus pour le préciput de sa soeur défunte, 12.300 livres pour le réemploi de la vente d'Invilliers propre de Geneviève de Baillon, 4.200 livres pour rachat de 116 escus de rente, 60 escus payés au sieur Baguereau, item en son nom pour 57 escus de droits cédés à René Rat sieur d'Orsigny,
- le 9 décembre, Jehan Janault pour 30 escus ... ,
- le 12 décembre Nicolas Lefebure et Philbert Goyer pour 30 escus... ,
- le 12 décembre, Louis de Lorraine duc de Guyse réclame des droits de relief, et Maximilien de Chevreuse une rente sur deux arpents. Martin Vadureau marchand pour deux factures.
Ces demandes seront closes le 13 février 1599. Entre temps la terre et seigneurie de Méridon est adjugée début décembre aux Péricard.
Comme nous le verrons dans le chapitre suivant les créanciers ont obtenus gain de cause notamment Jehan de Baillon.

 

 

Geneviève de Chaudron quitte Méridon

Terminons cette première partie de l'histoire de Méridon par la vie de Geneviève de Chaudron qui va demeurer à Janvry, sous la tutelle de Jehan II de Baillon, dont la réputation laisse à désirer, comme l'avait compris la mère de Geneviève. Nous allons voir que le tuteur a certainement utilisé à son profit une partie des biens de la mineure...

La présence de Geneviève est confirmée par les registres paroissiaux de Janvry:
- en 1605, le baptême de Charlotte, fille de Jehan de Brys, greffier de Janvry, le parrain est le seigneur de Fresneau, noble homme maistre Jehan de Mariton, advocat en parlement à Paris, la marraine damoyselle Geneviesve de Chaudron fille de deffunt Monsieur de Méridon.
- en 1609, le
baptême de Geneviève , fille de Gabriel Petel, le parrain noble homme Jacques de Baillon, fils du tuteur, la marrainne Geneviève de Chaudron dit de Méridon.

Comme nous l'avons vu dans la chronique sur les derniers Baillon de Janvry les déboires financiers de cette famille continuent et en 1625 la seigneurie de Janvry est mise en adjudication.

Geneviève a entre temps épousé Imbert Camus, seigneur de Bagnols. Elle fait partie des créanciers, ce qui confirme les mauvaises manières de son tuteur. Les derniers créanciers font partie des héritiers de la famille: Adrien Portail, Pierre Poussemothe en son nom et se portant fort pour Marguerite de Lestoille devenu veuve d'Adrien Lepelletier, Anne de Lestoille veuve de Jehan Poussemothe demeurant à Paris rue de Lyrondelle, Edouard Duranty, Imbert Camus divorcé de Geneviève de Chaudron également demeurant rue de Lyrondelle (3).

Geneviève de Chaudron, femme autorisée par justice de Imbert Camus, va recevoir une somme de 4.888 livres, tant pour les frais de justice extraordinaires, que pour exécuter l'arrêt de septembre 1625 indemnisant la mineure sous la tutelle du feu Jehan de Baillon. La dite de Chaudron tient quitte Marthe et Jacques de Baillon qui étaient également inclus dans la succession de Jehan de Baillon.

À suivre…

 

 

Notes

(1) Abbé Lebeuf , Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris (édition de 1754).

(2) Moutié, Recherches historiques, archéologiques et généalogiques (édition de 1874)

(3) Serait-ce une des maisons d'Ambroise Paré échue par suite d'héritages ?

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