La seigneurie de Méridon (1598 - 1673)

Chronique du Vieux Marcoussy ---------------------------------------------------------------SepOctobre 2010 --------------------------- _------------------------------

Extrait du plan d'intendance de Chevreuse

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est la seconde partie de l'histoire du domaine de Méridon. Nous nous étions arrêtés lors de la succession vacante des époux Chaudron. Le domaine ne comportait pas encore un château.

 

 

Méridon aux Péricard

Du fait de la vacance de la succession de Pierre de Chaudron, une mise en adjudication est réalisée en 1598. Le bénéficiaire de la terre de Méridon est le secrétaire et intendant des affaires du duc de Guise et de Chevreuse, Jehan de Péricart. Il est qualifié également à cette époque de président au bureau de finance d'Orléans, conseiller du roi en son conseil d'estat.

Notre personnage s'installe dans sa seigneurie de Méridon qui est pourvue de la moyenne et basse justice. Ces conditions ne conviennent pas au rang qu'il prétend avoir pour sa résidence d'été. Il obtient en 1600, de Charles de Lorraine, duc de Guise et de Chevreuse, ... admiral des mers du Ponant, de lui octroyer, concéder et donner la haulte justice à nous appartenant pour sa terre et seigneurie de Méridon & fiefs de la Boissière & Poissy, mouvants et relevant du duché de Chevreuse... Fait en considération des recommandables et singuliers services qu'il avoit faict tant à feu Monseigneur le duc de Guise son père qu'à luy depuis son décès. Le duc donne également pour son chauffage, trois arpents de bois taillis à prendre chacun an dans ses bois de Chevreuse le plus proche dudit Méridon. Il obtient également de la part de l'archevêque de Paris, la permission de construire une chapelle dans l'église paroissiale de Chevreuse.

La même année, il contracte plusieurs marchés avec un maçon de Saint-Rémy: Martin Dufour maître maçon de Saint Rémy les Chevreuses avec noble homme messire Jehan Péricard, avocat et conseiller du roy en ses conseils destat privé, et super intendant des affaires de Monseigneur le duc de Guise, escuyer, sieur de Méridon, c'est à savoir de faire et parfaire bien et duement au lieu et maison seigneuriale de Méridon, bezognes et ouvrages de massonnerye à exécuter en l'hôtel seigneurial de Méridon. Le premier de faire et parfaire ce qui ensuit, a scavoir tout alentour du fossé prenant au coing du jardin, revenant à la tournelle de ladite garenne:
- de faire une muraille de 18 pieds de haut, neuf pieds dans le fossé de deux pieds et demy d'épaisseur, jusqu'au rez de chaussée puis faire un cordon de pierre de meulières avec un demi rond de briques, à continuer après la muraille jusqu'auxdits 18 pieds ...seront fait de briques et entablement iceulx crénaulx...
- sera tenu ledit Dufour de faire deux pavillons aux deux coings dudit fossé de quatre pieds en tous costés, faire les enciognures de pierre de mollières revestus comme dessus de cordons de briques et aux encoignures ... auront lesdits pavillons 10 pieds en oeuvre en carré et quant aux fenestres et huisseries seront moitié pierre et moitié brique...,
- sera tenu ledit entrepreneur de faire entre les deux pavillons au milieu de ladite closture une grande porte moitié pierre moitié brique ... fera deux bons piliers de pierre pour prendre lesdites portes et sera fait en fasson icelle portes pour assoire un pont levys en fasson et pour ouvrir ledit pont, cacher les flesches dicelluy ... faire des crénaux de briques au dessus dicelle couverture...
- sera tenu de faire allentour des murailles aux endroits nécessaires, 8 chesnes de chaux de 4 pieds de large pour chaque chesne,
- crespir les blocs en chaux et sable toutes les murailles et pavillons jusqu'au pied du fossé,
- sera faite par ledit entrepreneur une muraille pour clore le jardin dudit sieur depuis l'encoignure du jardin contre l'encoignure du tupot,... d
e hauteur 9 pieds...

Le second marché concerne la remise en état des estables à vaches, et autres à chevaux proches la maison,..., abattre et desmolir et refaire à neuf et couvrir de thuilles ... rebastir le collombier... En résumé le nouvel arrivant remet à neuf, construit deux pavillons et fortifie l'ensemble par des créneaux et un pont-levis.

Six mois après, ce personnage va au baillage de Chevreuse pour rendre aveu de son nouveau domaine. Jehan de Péricard, seigneur de Méridon, La Boissière et Poissy près Chevreuse avoue tenir en fief à une foy et hommage de Monseigneur le duc de Guyse et de Chevreuse:
1°) le fief terre et seigneurie et château de Méridon qui consiste en deux grands corps d'hôtel manoirs clos de hautes murailles à carneaux, colombier à pied, pressoir, avec plusieurs étables et cour, petite tour servant de prison, et une auditoire pour tenir la justice; le tout clos de murailles et fossés à pont-levis.
2°) 22 arpens de jardins et paturages partie en buissons, tenant le manoir ou y a plain d'arbres fruitiers, tenant aux terres labourables cy après, d'autre aux bois de Troussay de Monseigneur,
3°) item 120 arpens de terres labourables, tenant à la ferme de Doinvilliers aux jardins aux paturages et aux bois de Tartelet et de Bailly,
4°) item 80 arpents de bois taillis tenant aux jardins et paturages, aux terres de Tallon,
5°) item 4 arpens de pré près sous Forest...
6°) item le droit de chasse à toutes bestes,
7°) item le fief de la Boissière, consistant en 23 arpens où souloit avoir manoir à grands fossés...
8°) le fief de Poissy pour le droit de justice moyenne et basse s'étendant également sur Méridon et la Boissière...
Notre personnage confirme par écrit toutes les transformations et acquisitions de droits réalisées depuis son arrivée et qui maintenant en font un seigneur à part entière. C'est la première fois que le terme château est employé pour ce lieu.

En 1602, Jehan Péricard avance 1.600 escus sol à Charles de Lorraine, duc de Chevreuse, demeurant en son hôtel de Guise à Paris, son patron! On apprend à cette occasion qu'il demeure à Paris, rue des blancs manteaux, paroisse Saint-Jean en Grève.

La même année , il baille à loyer à plusieurs chasseurs, tout le circuit de la garenne de Méridon, près le moulin d'Escarbouton, pour en joyr le peupler de lapins, lapereaux masles et femelles ainsi que bon leur semblera; ils pourront tendre des filets, autres engins, et furets . Ce bail fait moyennant la quantité de 50 lapins.

Il loue ensuite, pour six ans, à titre de moison de grain à Nicolas Gussy, laboureur demeurant à Maincourt, c'est à savoir la ferme dudit lieu de Méridon, consistant en maison manable, granges, estables, cour, jardin avec le collombier, pressoir, toutte la basse court dudit lieu, et lieu clos selon la monstre qui en a été faite par le bailleur avec la quantité de 105 arpents de terres labourables en la terre et seigneurie de Méridon, et un pré de la garenne dudit Méridon et les prés de dessous que le bailleur a acquis de mondit seigneur. Ce bail fait à la charge de conditions classiques: culture par solles,..., moyennant la quantité de 8 boisseaux de grain deulx parts mestail un tiers avoyne, revenant à six muids par chacun an, dans les greniers dudit Méridon, demy poinsson de cidre ... 12 hottes de pommes ou poyres au choix, 8 douzaines de pigeonneaux, dix chappons d'un an, de paille, un pourceau gras valant 4 escus, et un millier de boteaux de foing.
- labourer les arbres fruitiers qui sont dans les clos dallentour de ladite maison,
- faire quatre voyage de sa voiture en la ville de Paris en nourrissant le charretier,
à la réservation du grand jardin de sa maison , la garenne & pépinière que la cerisaye qui est au dessous du jardin .
Comme tout parisie
n aisé, son garde-manger est constitué par les annexes de sa résidence d'été, qui, dans le cas présent, représentent une ferme importante avec des avantages en nature conséquents.

Après avoir réglé le principal, il faut agrémenter les alentours du château, un marché pour travaux de jardinage est conclu avec Toussaint Deville, jardinier demeurant à Chevreuse, lequel entreprend de Messire Jehan Pericard, toujours surintendant des affaires du duc de Guyse, de bien et duement faire le jardin du sieur en sa maison de Méridon, iceluy semer planter tout ce qui sera nécessaire aux saisons, la pépinière étant au pied du jardin, la planter en arbres, labourer... Luy sa femme et sa famille à Tallon y faire une maison à ses despens ...

En 1614, ce seigneur et Madeleine Galmet son épouse vont marier leur fille unique, Jeanne Louise avec Henry de Poilley gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, fils de Jehan Poilley, bailli et gouverneur de Mortain et de feue Anne de Sourdeval. Les informations s'amenuisent du fait de la non consultation des minutes de Chevreuse. Jean Péricart décède en 1626, malheureusement l'acte est absent aux Archives Nationales. Il aurait été également ambassadeur en Flandres durant la dernière partie de sa vie.

La terre de Méridon continue de rester dans la branche Péricard-Poilley, en 1637, Charlotte de Poilley fille d'honneur de la reine, enfant de Henry de Poilley et de Jeanne Louise Péricard s'unit à François de Romilly, seigneur de la Chesnelay, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy. Les parents, sieur et dame de Poilley, apportent Méridon dans la corbeille de mariage. L'union a lieu à Fougères. Ils y vivront et de ce fait, deux ans après, ils vendent le domaine de Méridon.

 

 

Méridon aux Mesmain

Donc en 1639, François de Romilly , chevalier des ordres du roy, gentilhomme ordinaire de sa chambre, seigneur de la Chesnelaye, Ardennes, demeurant en son château d'Ardennes, paroisse de Saint-Georges de Rétembaud, duché de Bretagne, évesché de Rennes, baronnie de Fougères ..., se portant fort de Charlotte de Pilloy son espouze, icelle dame fille de messire Henri comte de Poilley et de dame Jeanne Louise de Péricard ses pères et mère d'une part, et noble homme Pierre Mesmin sieur de Nangeville, demeurant à Paris rue des Prouvairs, paroisse Saint-Eustache, d'autre part, confessent avoir fait les eschanges qui ensuivent:
- Romilly cède la terre & seigneurie de Méridon proche Chevreuse, concistant en
1°)
maison et antien chasteau avec pont-levis , douves et fossés, droit de prison, basse-cour close et fermée en laquelle y a colombier à pied, droit de chasse, garenne et pâturages et bois dudit duché conformément aux anciens adveux rendus de la terre & seigneurie de Méridon par les seigneurs d'icelle et entre autre par deffunt Messire Jean de Péricard , vivant, conseiller du roy et son ambassadeur extraordinaire en Flandre ,
2°) cent arpents de terre labourables, clos fruitier et autres jardins,
3°) 80 à 100 arpents de bois taillis, allées, mail, bois de décoration,
3°) onze arpents de pr
és en deux pièces fiefs de Méridon, la Boissière, et Poissy , avec droits de haute moyenne et basse justice; 4°) droit de deux bancs clos dans la chapelle notre dame de l'église de Chevreuse, appartenant aux dits de Chenelaye au moyen de la donation de leur mariage.
Les biens appartenaient à la comtesse de P
oilley de son propre comme unique héritière du sieur Péricart son père;
- Mesmin cède 1.940 lt de rente d'un principal de 35.000 livres.

Signalons qu'apparaît toujours la rente à verser à la fabrique de Chevreuse pour le repos des "Chaudron et Baillon" du siècle précédent. L'épouse Charlotte est âgée de 21 ans donc mineure; sa procuration nous apprend qu'elle est devenue "marquise" par son union.

Le mois suivant, le nouveau propriétaire, escuyer, sieur de Villiers-le-Bâcle, Nangeville, Méridon, la Boissière, mandate un clerc pour porter foy & hommage à Chevreuse des fiefs terre & seigneuries dudit Méridon appartenances et dépendances situés en la paroisse de Chevreuse, à cause de l'acquisition qu'il a faite de François de Romigny ...

En juillet, Jehan Commire, concierge du château de Méridon, chargé par Pierre Mesmin, seigneur de Méridon, confesse avoir vendu à Vincent Dorsay? et Pierre Badin, marchands fruitiers tous les fruits tant poires & pommes propre à faire du cidre qui sont dans le jardin clos de murs de la maison seigneuriale... moyennant le prix et somme de 640 livres.

À la fin de l'année, le nouveau seigneur effectue le paiement des droits de relief à Claude de Lorraine duc de Chevreuse, son suzerain.

 

 

Méridon aux Chauvin

Au début de 1652, un changement intervient dans la propriété de la terre et seigneurie de Méridon. Cette transaction est réalisée entre Pierre Mesmyn, seigneur de Méridon et Nangeville, et Simon Chauvin conseiller notaire et secrétaire du roy et conseiller au conseil des affaires de la reine mère, son neveu, il s'agit de:
- l'échange de la moitié de la terre de Méridon avec réserve d'usufruit,
- et la donation, avec réserve d'usufruit, de l'autre moitié de la terre de Méridon.
L'acte est malheureusement déficient aux Archives Nationales.

 

Extrait de plan de la terre de Méridon fin XVIIIe siècle.

 

Un point sur la seigneurie peut être fait en 1655, donc après la Fronde. En effet, un aveu est rendu par le neveu :
Simon Chauvin, écuyer, seigneur de Méridon, la Boissière, Poissy et Point Pierre, secrétaire du roy maison couronne de France advoue tenir en fief de Claude de Lorraine duc de Chevreuse les fiefs terre et seigneuries ... (acquis selon l'acte de 1652), nous ne retiendrons que les bâtiments et alentours:
1°) le fief terre et seigneurie et château de Méridon qui consiste en deux corps d'hôtel, manoir sis entre les deux cours, en l'une desquelles y a une chapelle,
2°) la basse cour où y a colombier à pied, pressoir, plusieurs étables, granges,écuries, appartement de receveur et jardinier, une auditoire pour tenir la justice et prison,
le tout clos de murailles et fossés à eau excepté du côté de la grange où il n'y a de l'eau, avec ponts levis à la principale entrée dudit château et à la basse cour et au jardin.
3°) un jardin clos à murs d'un côté, et de l'eau des fossés du château en forme de canal, contenant ledit canal 106 thoises et le jardin 3 arpents, divisé en deux, l'un en terrasse ou y a parterre et servant de potager, l'autre en arbres fruitiers.
4,5,6,7°)
description des allées de décoration (également visibles sur le plan ci-dessus)...
Le bailly de Chevreuse prononce un blâme concernant l'aveu et notamment le nom de château donné par l'avouant au lieu seigneurial, ne pourra être tiré à conséquence à l'avenir pour se pouvoir qualifié seigneur châtelain dudit Méridon, ny prétendre aux droits appartenant aux seigneurs châtelains.

Trois ans après, Pierre Mesmyn, l'oncle, renonce à l'usufruit de la terre de Méridon. Cet acte libère les hypothèques sur la seigneurie et l'année suivante, le neveu peut céder à messire Jacques de Langlade, la terre & seigneurie de Méridon et de Poinpierre, paroisse de Chevreuse, consistant la dite terre &seigneurie de Méridon et Point Pierre en maison & ancien chateau avec trois ponts levis , douves & fossés droit de prison, basse cour, clos fermé en laquelle il y a colombier à pied, jardin, mail, quatre autres allées de décoration, haute moyenne et basse justice, 127 arpens de terres. droits honorifiques en l'église de Chevreuse, le tout bien réglé avec Madame de Rohan, duchesse dudit Chevreuse...relevant à deux foy et hommages du duché de Chevreuse ... La vente faite avec le bois à bâtir présent au château de Méridon, ,les meubles en la basse cour moyennant 67.000 lt.

En 1673, dame Catherine de Campagnac, épouse de Messire Jacques de L'Anglade, conseiller du roi en ses conseils, seigneur de Méridon, Poissy, Pontpierre et autres lieux, au nom de comme ayant charge dudit seigneur de l'Anglade baille pour 6 années à Guy Boudier, laboureur demeurant en la ferme du château de Chevreuse et Marie Brée sa femme:
la maison et logement accoutusmez d'ordinaire tenus par le fermier de Méridon avec les écuries, bergeries, estables, pressoir, granges, qui sont autour de la basse cour dudit Méridon, cent arpents de terre labourable en une pièce entre ledit Méridon et Doinvillier, 26 arpents en 6 pièces à Poissy avec les friches et pasturages dépendant de la ferme de Méridon et fruits des arbres plantez sur lesdites terres friches et pasturage, à l'exception des fruits des arbres du jardin et enclos de la vigne reservez par ladite dame esdit nom, de la consistance de laquelle ferme les preneurs se sont tenus pour contents, disant le tout bien savoir et connaître, comme aussi jouiront les preneurs des lisières des bois taillis dependant desdits terroirs, 7 arpents de pré proche la garenne de Méridon, non compris le petit morceau de terre loué au vigneron que ledit vigneron sera tenu clore et faire en sorte que les bestiaux n'endommage ledit pré, et quatre arpents de pré à Sousforest, le droit de pasturage tel qu'il appartient au seigneur de Méridon dans les bois du duché de Chevreuse à cause dudit Méridon, comme aussi droit de pasturage dans le bois dépendant dudit Méridon après le 5 février, à la charge que le preneur ne pourra couper lesdites lisières qu'une fois pendant son bail et si elles sont agées de 3 années, les couper dans trois années d'huy, en temps convenable.
(1)

À suivre…

 

 

Note

(1) document communiqué par Michèle Eschtruth.

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