Le domaine de Méridon (1673 - 2010) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --------------------------------------- _ajout novembre 2011- Octobre 2010
Extrait d'un plan des environs de Versailles (1687).JP. Dagnot
Cette chronique est le troisième volet de l'histoire du domaine de Méridon. Nous nous étions arrêtés avec les Chauvin seigneurs du lieu vendant Méridon à Langlade. Nous verrons dans une chronique consacrée aux seigneurs des Troux et de Montabé qui sont voisins, que ces derniers au travers de la famille Legrand ont détenu cette terre depuis le milieu du XVIe siècle, ces biens passant ensuite aux Dugué.
Méridon aux Dugué Donc en 1678, Jacques de Langlade ci-devant secrétaire du cabinet de sa majesté, & Catherine de Campagnac son épouse, vendent à Messire Pierre du Gué, chevalier, seigneur de Saint-Jean-des-Troux et Montabé, demeurant à Paris place royale, paroisse Saint-Paul, toutes les terres et seigneuries de Méridon et de Poinpierre, consistant à scavoir: L'année suivante, en la compagnie d'Achille Vallet principal tabellion du baillage de Chevreuse, Pierre Dugué se transporte devant la grande porte du chasteau de Chevreuse, pour rendre un hommage classique, pas de duc mais Jean Comé procureur fiscal, s'est mis en debvoir de vassal, sans épée ny éperons, en raison de l'acquisition faite à Jaques Langlade... Les années passent le duché de Chevreuse passe entre les mains des religieuses de l'abbaye royale de Saint-Louis établie à Saint-Cyr. Comme la coutume le veut, Pierre Dugué rend de nouveau hommage aux religieuses et obtient également l'inféodation de la ferme de Doinvilliers qui sera rattaché à Méridon. En 1699, un échange intervient entre les religieuses et Pierre Dugué, seigneur de Bagnols, Les Troux, Méridon, Pointpierre et autres lieux. Les dames confectionnent leur terrier, notent des anomalies, et de ce fait les parties font des échanges de petits droits respectifs sur des terres assises à Méridon et Pointpierre.
De nouveau en 1702, un aveu détaillé est rendu entre les mêmes parties par les héritiers de Guillaume Dugué. Ne retenons que ce qui concerne Méridon:
Les derniers seigneurs de Méridon
En 1728, Anne Millet, mère de Pierre et Gabrielle Dugué, décède. Ces derniers sont héritiers chacun par moitié de leurs parents. Passons sur les biens à Lyon et à Paris, ainsi que sur les offices , la terre & seigneurie de Troux, ferme & bois, justice, Montabé, ce document volumineux est peu instructif sur la terre & seigneurie de Méridon, qui consiste en un ancien château entouré de fossés, cour et jardin, vieilles petites tourelles, basse-cour ... Bref, il n'est plus entretenu et part à l'abandon. Pierre du Gué laissa sa seigneurie à son fils, Dreux Augustin du Gué seigneur de Bagnols, qui fut reçu conseiller au parlement de Paris le 3 septembre 1698 et devint maître des requêtes de l'hôtel le 23 mars 1703. Il épousa Madeleine Helizabeth Françoise Charon de Ménars qui lui donna trois filles, dont deux restèrent célibataires et la troisième épousa François Mydorge, qui devint ainsi seigneur des Troux (aujourd'huy Boullay-les-Troux) de Méridon et Montabé. Ce seigneur laissera son blason d'azur au chevron d'or, accompagné de trois épis d'or, sur la façade de l'ancien château de Méridon, dont il ne restait que des ruines en 1750 (1).
Méridon aux Hallwyll En 1757, Marie-Thérèse-Nicole Mydorge, fille unique de Nicolas Mydorge et de Marie-Françoise Du Gué de Bagnols se marie avec François Joseph de Hallwyll, colonel du régiment suisse en son nom, au service du roi de France... Les époux seront logés dans un appartement de l'hôtel des parents de la future, rue Michel Lecomte à Paris. Cet hôtel sera ultérieurement loué à la banque Thelusson et occupé par Necker, sa femme et sa fille la future Madame de Staël. Six ans après, Le comte de Hallwyl, devient seigneur des Troux, Montabé et Méridon. Ce personnage au travers de deux mariages, le premier avec la fille d'un très riche financier M. de la Garde, puis en secondes noces avec Marie-Thérèse Mydorge, également à la tête d'un patrimoine important, va inviter aux Troux la noblesse d'armes. De ce second mariage il eut une fille Marie-Françoise, dite Fanny, qui fut considérée à Versailles, comme une des plus riches héritières du royaume. Valentin Esterhazy, comte sans réelle fortune, ressemblait au comte de Hallwyl, aristocrate étranger, de 25 ans plus âgé que Fanny, l'élégant officier, familier de Marie-Antoinette, obtint l'assentiment de la jeunette! Revenons à Méridon en 1778, très haut et très puissant seigneur, François-Joseph, comte de Halweyll, maréchal des camps et armées du roy, gouverneur de Colmar, chevalier de l'ordre de l'aigle blanc, seigneur à cause de Marye Thérèse Demydorge son épouse, demeurant à Paris, paroisse Saint-Nicolas des Champs, présente foy et hommage des fiefs, terres et seigneuries de Troux, Méridon, Montabé, Lambert, Poissy et Doinvilliers, aux dames de Saint Cyr.
Méridon pendant la Révolution En septembre 1792, le juge de paix du comté de Limours se présente au château de Troux pour en dresser l'inventaire... Un couple dont le mari est militaire et suisse... ils ne sont plus en France! En effet le dernier certificat de résidence de la comtesse date du 3 avril et a été dressé à Lille! La comtesse ne reviendra jamais aux Troux. Veuve d'un suisse, elle sera rayée du tableau des émigrés par arrêté du comité de salut public du 13 floréal an III. Elle décèdera en 1799 en Suisse. Du fait de son mariage avec un suisse, ses biens n'ont pas été adjugés. En l'an X elle demande à être réintégrée dans ses biens, l'administration lui répond que les bois dont Méridon sont réunis à d'autres bois nationaux. Un arrêté du 2 ventôse an XI, le séquestre sur les 123 ha de bois est levé. Un comparatif des biens avant et après Révolution montrera un état inchangé aux murs près.
Méridon sous la Restauration En 1813, Fanny est devenue veuve et réside à Vienne en Autriche . Elle vend par l'intermédiaire d'un mandataire, à: Le château médiéval est donc déjà en ruines. D'après une note de Louis Morize, ce qui restait des bâtiments a été abattu en 1814 par les Blanchet de la Sablière. Les Blanchet demandent une réduction d'impôts en conséquence de cette démolition (2). Le plan cadastral de 1819e t plus tard, en 1844, puis 1869, les croquis de Louis Morize, confirment cet état de fait.
Méridon par Morize (vers 1870).
Méridon à Marquez di Braga Passons sur la période Blanchet de la Sablière, leurs décès, partages, liquidations et autres jugements, pour en arriver à la vente faite en 1858 , à Mme Grandemange, veuve du sieur Jose Antonio Marquès di Braga et à ses enfants mineurs Pierre et Joseph Pierre Marquès di Braga. L'acte de vente de 1858, très long en ce qui concerne l'origine de propriété des Blanchet de la Sablière, ne mentionne même plus le domaine de Méridon, en ruines comme nous l'avons déjà constaté. La vente mentionne la propriété des Troux, la terre de Doinvilliers (ferme de Doinvilliers, ferme de la Chanterie, les bois, une maison de garde aux Troux…). En 1880, au décès de sa mère, son frère Joseph Pierre étant prédécédé en 1870, Pierre Marquès di BRAGA reste seul héritier du domaine. En 1882, il décide de faire construire le château actuel sur l'emplacement de la terrasse des ruines du château médiéval. Pour cela, en mai 1882 il emprunte au Crédit Foncier la somme de 250 000 francs , avec affectation hypothécaire sur une maison à Chevreuse, du domaine de Doinvilliers dit aussi domaine de Méridon avec le château en cours de construction. Ce bâtiment terminé en 1883, dont le style pastiche l'architecture seigneuriale de l'époque Louis XII (ou style néo-renaissance), et dont l'architecte est un nommé Eugène Bruneau (3) semble être destiné à un rendez-vous de chasse. En effet les bois alentour sont très giboyeux. Quoi qu'il en soit, M. Pierre Marquès di Braga, conseiller d'Etat, officier de la Légion d'honneur demeure au château de Méridon à Chevreuse. Il y demeure avec la fille de son épouse décédée, dont il est tuteur, lorsque la jeune demoiselle épouse en 1889, Eugène Bazin, fils de notaire. Il emprunte, en 1899, la somme de 100.000 francs et remet à sa belle-fille, devenue Mme Bazin son compte de tutelle le 28 mars. En mars 1904 quelques jours avant la vente du château il met en adjudication le droit de chasse sur le domaine de Méridon, Choisel, Boullay-les-Troux, en tout sur 320 ha , dont 160 de bois, avec le droit d'habiter le pavillon, ou salle de chasse, situé dans le parc du château, le droit au chenil, à la faisanderie et à la pelouse entourant le pavillon. Le parc autour du château n'est pas compris dans le bail.
Armes des Le Tonnelier de Breteuil au château de Méridon. Devise : Nec Spe, Nec Metu (ni par espoir, ni par crainte)
Méridon à la famille de Breteuil La construction et l'entretien de cette propriété dépassent probablement les ressources du nouveau châtelain. Il le cèdera à la famille de Breteuil à la fin du XIX e siècle: en 1904 M. Pierre Marquès di Braga, conseiller d'état honoraire, gouverneur honoraire du Crédit Foncier de France, commandeur de la Légion d'honneur, demeurant au château de Méridon , vend le domaine à Mme Marcellite T. GARNER épouse de M. Henri Charles LE TONNELIER, marquis de BRETEUIL , ancien député, chevalier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris. Un château de construction récente, situé à Méridon, commune de Chevreuse, comprenant: "Cette acquisition a eu lieu pour le prix principal de 750.000 francs ; 348.470 francs ont été affectés à l'extinction par l'acquéreur en l'acquit du vendeur du passif hypothécaire grevant les immeubles vendus. 163.304 francs ont été payés comptant ; les 238.226 francs restants ont été convertis en une rente viagère et annuelle de 18.000 francs au profit et sur la tête du vendeur…"
Méridon à des Néerlandais La famille de Breteuil loue le château après la fin de la Seconde Guerre mondiale à l'Association des Ecoles Populaires Supérieures néerlandaises afin d'y organiser des stages de formation pour des agriculteurs néerlandais. En janvier 1958, cette association achète la propriété, en empruntant auprès de ses membres. Des travaux importants sont réalisés, notamment en y installant le chauffage central. La fréquence des stages diminue et l'association se diversifie en organisant des séjours culturels, stages de langues, voyages scolaires... Ces activités sont subventionnées par le ministère néerlandais de la culture jusqu'en 1981. Depuis cette date, cette association a poursuivi les mêmes activités en élargissant l'accueil à d'autres groupes, belges, anglais, américains et... français. Le centre s'ouvre également à d'autres associations culturelles ou sportives (yoga, concerts... ). En 2011, le château semble changer sensiblement d'affectation si l'on en croit la publicité trouvée sur Internet et à l'Office du Tourisme. Voici une de ces publicités : "Le Château de Méridon, situé dans un parc de 7 hectares au cœur du Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse , offre un cadre idéal pour vos séminaires , réunions , fêtes de familles et vos mariages . Mais nous vous accueillons également pour des repas d'associations ou d'entreprises . N'hésitez pas à nous demander conseil pour l' organisation de votre manifestation !
Notes (1) Boyé, Un village janséniste, Boullay-les-Troux, (1974) . (2) Information Michèle Eschtruch. (3) Eugène Bruneau, né en 1836 à Morsang sur Orge (Seine-et-Oise), élève d'Henri Labrouste. Il remporta le premier prix pour un monument commémoratif de la défense de Paris à Châtillon-sur-Seine et fut chargé de son exécution. E. Bruneau débuta également une carrière d'architecte des monuments historiques vers 1880 avec la charge des départements d'Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Maine-et-Loire. Il restaure le château de Loches, l'église de Beaulieu et l'abbaye de Fontevrault.
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