La seigneurie des Molières (2) les "de la Rochette" |
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J.P Dagnot --------------------------------------------------------------------------------------------------avril 2011 Chronique du vieux Marcoussy
Cette chronique est le second volet de l'histoire des Molières. Nous avions terminé la première chronique sur la fin de la dynastie d'une famille qui avait régné sur cette paroisse dès la fin de la guerre de Cent Ans.
Les "de la Rochette" seigneurs aux Molières Cette famille arrivée dans la région parisienne depuis plus d'un siècle, s'est illustrée à Bruyères-le- Châtel et Ollainville. Au décès de Jacques de la Rochette, un partage a été fait entre les cinq enfants de ce dernier. De ce fait, la part de chacun étant restreinte, ils sont amenés à se défaire progressivement des châtellenies de Bruyères et Ollainville. En 1555, Jehan de la Rochette est toujours seigneur d'Ollainville en partie. Son frère Jacques jouit du château de Bruyères et Jehan doit trouver un point de chute. Jehan, fils aîné, rend encore aveu d'Ollainville et de partie de Bruyères en 1564, qu'il vend à Jehan de Baillon en fin d'année. On retrouve Jehan de la Rochette, l'un des cent gentilshommes de la maison du roy, seigneur des Molières en 1569. Ce sera une des rares fois où il sera en position pour estre paié de 375 livres de rentes constituées par le sieur Daubray qui a acheté Ollainville et dont la seigneurie a été saisie. Son frère Jacques fait de même. Notons cette année, plusieurs achats de terre aux Molières faits par un bourgeois de Paris, Jehan Bergeon ou Bergeron selon l'acte. Serait-il le père de Loyse que Jacques de la Rochette fils de Jehan épousera plus tard? En 1571, Pierre de Ficte rend aveu de Bruyères, il fait état de son acquisition à Guillaume de Baillon, qui en avait hérité de son père Jehan, ce dernier l'ayant acquis de Jehan de la Rochette alors seigneur de Bruyères devenu de présent seigneur des Molières. L'année suivante, un aveu est rendu par Jehan de la Rochette, écuier, seigneur des Molières à Thomas de Balsac, seigneur baron châtelain de Gometz le Châtel, pour raison du fief des Molières, de Grignon, de Gizy, du Fay, de Quincampoix, Mallassis, Villetain, et Soligny. Cette information provient d'un inventaire de titres du XVIIIe siècle et ne contient que l'énoncé de l'acte. Également extrait d'un mémoire du XVIIe siècle sur le comté de Limours dont l'origine est complexe, nous trouvons qu'il dépendoit de cette terre et seigneurie des Mollières, un domaine consistant en moulin et pré et aulnoyes situé dans la seigneurie de Montabé et tenu en la censive de ce seigneur; ce moulin et pré, contigüs aux bois de Soligny, appartenoient au seigneur de Limours et, furent conquis par le seigneur des Mollières en 1572. Depuis cette époque ce moulin fait toujours partie de la seigneurie des Mollières et n'a cessé d'estre en la censive de Montabbé... On voit ce peut arriver d'une telle situation. Fin 1574, noble homme Jehan de la Rochette, seigneur des Mollières,..., nomme un procureur pour plaider avec Jehan Mayzoille lesné, musnier dudit en son moullin de sa terre et seigneurie des Mollières, d'un décret de prinse de corps par les officiers du duché de Chevreuse... pour empêcher les meuniers du duché de Chevreuse d'aller chasser sur ses terres des Molières ... Côté religion, nous retrouvons le détenteur des droits de l'église déjà cité en 1559, François de Dampmartin, docteur en théologie, qui baille les fruits de la cure Sainte Marie Madeleine des Molières, moyennant 120 lt par an, à Edmé Chaulmont, prestre curé des Mollières. Les habitudes n'ont pas évolué, la cure des Molières est toujours considérée comme une source de revenus. En 1574, le seigneur et son épouse habitent le lieu seigneurial. Pour améliorer leur quotidien, ils vendent des terres fraîchement acquises: Jehan de la Rochette, escuyer, seigneur des Molières, demeurant audit lieu des Molières prez Chevreuse, gentilhomme ordinaire de la maison du roy, tant en son nom que comme se faisant fort de damoiselle Jehanne Prevost sa femme, par laquelle il sera tenu de faire rattifier, transporte à honorable homme Martin Regnou, garde des prisons de la conciergerie du Palais, six arpens de terre assis au dit lieu des Molières au lieudit le grand champ, tenant au seigneur des Molières d'autre part au chemin par lequel on va de Saint Clerc de Gometz aux Molières, aboutissant d'un bout au chemin de Bris à Chevreuse, en la censive du seigneur des Molières, moyennant treize vingt dix livres. N'ayant pas retrouvé l'acquisition de la terre des Molières par Jehan de la Rochette, il faut se contenter des déclarations du suzerain Thomas de Balsac, seigneur de Marcoussis, Saint Clerc de Gommetz, qui lui-même rend aveu de ses biens et de ceux de ses sujets, et déclare au chapitre les Molières: En 1575, Jehan de la Rochette, escuyer, seigneur des Molières et y demeurant, confesse avoir vendu à Pierre de Ficte, seigneur de Soucy, ..., 75 lt de rente constituée par damoiselle Jehanne de la Rochette, sa cousine, dame en partie de Bruyères, femme de Jehan d'Allonville, seigneur dudit, tant sur la part appartenant à la damoiselle sur le chastel & terre dudit Bruyères, et sur tous les autres héritages, fait par Robert Bardin commis de Denis Robert tabellion de Bruyères... moyennant 900 lt. A la suite de la vente: Pierre de Ficte confesse que Jehan de la Rochette a reçu 900 lt pour le principal de 75 lt de rente. On voit que le seigneur des Molières continue de vendre son patrimoine pour subsister. Son patronyme néanmoins est toujours reconnu et réputé dans la région au vu des personnages qu'il rencontre. La suite nous montrera que cela lui a permis de se surendetter. L'année suivante, on retrouve Jehan de la Rochette, sieur des Molières et Jehan Bergeon, bourgeois de Paris; Ce dernier se porte caution pour 75 lt de rente envers la veuve de Pierre de Ficte. Nous avons ici une confirmation du rapprochement de ces deux familles et de la future union entres Jacques et Loyse Bergeon. Un acte du début XVIIe siècle précisera que les Bergeon résidaient au Fay. Notons en 1576 une vente faite par Fabien Roger, prestre curé des Mollières à un laboureur de Troux, de 30 perches de terre en la censive de monseigneur des Molières . Le seigneur des Molières a probablement acquis les fiefs du grand et petit Armenon et la seigneurie des Molières à la famille Fontaine. Une saisie est demandée par Pierre Morize, tuteur et curateur de Guillaume et Anne Trappu, seigneurs de Belleville, sur Pierre de la Rochette, écuyer sieur des Molières, faute de devoirs non faits et dénombrement non baillés. Cette affirmation vient d'un mémoire et le prénom doit être erroné il s'agit de Jehan . La saisie n'a pas été retrouvée et le seigneur a dû régulariser. Cette même année, les besoins de liquidités deviennent pressant, Jehan de la Rochette, escuier, seigneur des Molières,..., vend une rente de 75lt à Charles de Meurcent, trésorier de la maison de monseigneur de France et frère unique du roy, demeurant à Paris, venant de Jehannne de la Rochette sa cousine, dame en partie de Bruyères, femme de Jehan d'Allonville, la vente faite moyennant 900 lt. Ce personnage est un voisin et réside à Quincampoix, paroisse de Fontenay-les- Briis. La fin de vie de Jehan de la Rochette voit ce dernier s'endetter et constituer des rentes dont une caractéristique, datée de 1579, pour 66 escus de nominal qui créeront 889 escus de dettes en 1602 . En 1583, suite au décès de ce dernier, Jacques, le fils aîné escuyer, devient seigneur des Molières et va, de ce fait, porter foy et hommage aux différents suzerains dont ses biens relèvent. Parmi ceux-ci, le fief de la Bastille, sis aux Molières, est mouvant du duché de Chevreuse. Il se rend donc à Chevreuse, trouve Macé Huges tabellion dudit duché, et déclare qu'il estoit venu icy exprès pour faire et porter les foys et hommages, serments de fidélité pour luy et ses frères et soeurs. On apprend ainsi qu'il a un frère Guillaume aagé de 19 ans, une soeur Jehanne aagée de 23 ans ayant épousé Nicolas Bazanier. L'acte est classique, transport au chasteau de Chevreuse, là il rencontre Mathurin Huges serviteur et Anthoine Poullet cappitaine pour Monseigneur qui a pouvoir... un genou en terre ... Également, le même mois, il procède de même pour les terres des Molières et de Soligny, en portant hommage à Thomas de Balsac. Deux ans après, relevons une donation de maison faite par Marie Trechard, une paroissienne des Molières. Son testament : pauvre femme veufve de feu Jehan Duc? dans son lit malade ... donne ung espasse de logis couvert de chaulme assis au terroir des molières en l'enclos dudy lieu, le jardin qui luy appartient, cour devant & derrière, grande mare estant ... tenant à Jehan Meslier, au chemin qui va à la grande rue... à la charge de nourriture & entretien par Olivier Saint Simon son légataire. L'enclos dudit lieu laisse à penser à un début de fortifications.
En 1586, extrait des registres du tabellion des Mollières, Jacques de la Rochette escuyer seigneur des Molières et de Solligny, l'un des cent gentilhommes de la maison du roy, advoue tenir en pleinfief de hault et puissant seigneur "en blanc" seigneur de saint Clerc de Gometz, deux fiefs: l'un le fief des Mollières et l'autre Solligny .. relevant de Gometz le Chastel : La situation financière de la famille ne s'améliore pas, les troubles dans la région accentuent la détérioration de cet état. Un document qui réapparaîtra dans la saisie de 1597 et daté de 1588, est une transaction financière entre Jacques de Bohan dit de la Rochette et Loys de Camprémy sieur de Chastenay, d'un partage d'une quatorzième partie... À cette époque la région est ravagée par les guerres de religion. En 1593, une procuration est faite par la mère de Jacques, Jehanne Le Prévost veuve de deffunt Jehan de la Rochette vivant escuyer sieur des Molières, qui demeure dans l'Yonne à Sernon, au couple Jacques de la Rochette et Loyse Bergeon, ses procureurs généraux et spéciaux, pour poursuivre les arrérages d'une rente du magasin et grenier à sel de la ville de Paris ... L'année suivante, Jacques de la Rochette promet paier à Jacques Lambert marchand de Chevreuse la somme de 21 escus sol ... Et en juillet on retrouve notre personnage cy-devant prisonnier des prisons du petit Chastellet. Il est redevable envers Jehan Lesaige marchand et bourgeois de Paris. Nicolas Legendre va payer les dettes et pareillement les frais de ladite garde, et tous autres despens, dommages et interests ... desquelles prisons il auroit esté depuis eslargi à la garde dudit Legendre ... Notons un acte troublant en 1595, Estienne Tende musnier demeurant au moulin à vent paroisse des Mollières, confesse devoir paier à Jacques de Lisle marchand boucher de Chevreuse 8 escus... Il y aurait eu un moulin à vent aux Molières. Cette chronique est la narration d'une suite de problèmes financiers, en 1596, Guillaume Dugast à cause de dame Sydonie Dupuis sa femme, auparavant veuve de Guillaume de la Rochette, en son vivant escuier sieur de Baudreville (1) demeurant à Briis ... Guillaume en 1592 a emprunté au 5.000 livres... Ledit Jacques héritier de son frère Guillaume ... Il s'agit d'un arrangement entre les familles de la Rochette et Dupuis . Les deux frères avaient épousé les deux soeurs . On apprend à cette occasion que Jacques de la Rochette a eu trois fils de sa première épouse Anthoinette Dupuis: Alexandre, Maximilien et Loys. Le mois suivant, Jacques de la Rochette vend à un marchand les bleds pendant par les racines de la ferme de la grange saint Clair à Péqueuse. Arrive enfin le désastre en 1597, la saisie officielle de la terre et seigneurie des Molières. Nicolas Londelle procureur de noble homme Pierre Poussepin sieur des Aulnay (Orsay), poursuivant les criées des lieux cy après saisy sur noble homme Jacques de la Rochette, escuyer sieur des Mollières: Le château et lieu seigneurial des Molières, consistant en maison seigneuriale, fief et arrière fiefs, terre, prés , bois, cens, rentes, dixmes, ensemble tous les grains fruits et herbes estant sur icelles, lesquels biens saisis faute de paiement d'obligations du seigneur contenues dans 14 lettres... La déclaration de la saisie date d'août 1596. Suivent les oppositions aux criées qui vont s'étaler sur plusieurs années: Au final, la terre et seigneurie des Molières avoit esté adjugée audit Philippe Hurault comte de Cheverny par sentence et décret dudit prévost de Paris ou son lieutenant, du 3 mars 1599. Va suivre une joute entre Loys Hurault, héritier de Philippe Hurault et Alexandre Legrand qui sera décrite dans la prochaine chronique.
En 1600, les créanciers non indemnisés s'en prennent maintenant aux biens venant de feu Guillaume de la Rochette. Une branche de la famille représentée par le procureur de Mary Dupuis écuyer, contre Jacques de la Rochette escuyer seigneur des Molières sur le fond et trefond: Notons en mars un changement à Gometz le Chastel, la baronnie aussi saisie passe des mains d'Anne de Balsac à Louis Hurault. En novembre de la même année, parmi les biens restant à Jacques de la Rochette, on avait oublié le moulin de Saint Paul! Cette fois c'est le procureur d'Alexandre Legrand, seigneur de Troux et Montabbé, qui déclenche la saisie d'un vieux moulin et héritage sur Jacques de la Rochette:
Extrait d'un plan de la capitainerie de Limours du XVIIIe siècle.
En 1602, l'ancien seigneur des Molières se voie de nouveau en difficulté. Il a quitté les Molières et demeure dorénavant à la Granche Saint-Clair à Pecqueuse; c'est toujours Alexandre Legrand, seigneur de Troux et Montabbé, qui fait saisir le grand et petit Armenon aux Molières, ainsi que d'autres biens à Pecqueuse. Curieusement on lui attribue toujours le titre de sieur des Molières. Les biens seront décrits dans une chronique spécifique à Armenon. De nouveaux créanciers se manifestent: Nous arrivons en 1611. Entre temps Jacques de la Rochette est décédé. Son épouse, Loyse Bergeon, demeure à la Grange Saint-Clair. Pour terminer avec cette famille aux Molières citons le testament de Loys fils de Jacques daté de 1617 aux Molières: Loys Bohan, escuier, seigneur de la Rochette, gisant au lit malade touttefois saint d'esprist, et entendement si comme il disoit déclare et ordonne de dernières volontés ainsi par la forme qui ensuit: À suivre…
Notes (1) Baudreville est un écart de Gometz-la-Ville qui était également appelé le petit Déluge et relevant du grand Déluge à Marcoussis.
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