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Les écoles à Montlhéry (1) Les écoles de 1522 à 1822

Cette chronique est la première d'une série montrant que Montlhéry était un pôle d'enseignement pour la région. Aussi bien avant qu'après la Révolution, le nombre des établissements rend la narration peu aisée.

 

J-P Dagnot. Mars 2014.

 

Vue de la ville en 1704.

 

En 1551, le prévôt de Montlhéry et Joseph Poynet procureur du roy de la prévosté certifient qu'il est utile d'avoir une religieuse hospitalière en l'hôpital royal de ce lieu , pour apporter les soins aux malades et pour l'instruction des jeunes filles de Montlhéry; ils supplient l'abbesse Martume, d'autoriser soeur Magdeleine Gilbert, religieuse en ladite abbaye de devenir hospitalière de l'Hôtel-Dieu de Montlhéry. L'instruction des filles existe donc déjà dans l'enceinte de l'Hôtel-Dieu.

Deux ans après, un document judiciaire mentionne, aujourd'huy daté des présentes, en la présence de Gérard Fontaine et Mor Porcher, notaires royaux à Montlhéry, procureurs pour le roy, vénérable et discrette personne Maitre François Hédiard, prestre maistre des escholles dudit Montlhéry, ... réunion pour faire une procession... La qualité du religieux, sans conteste, montre l'instruction de l'école des garçons.

Notons en 1585, Jehan Olivier, seigneur de Leuville pour l'advancement en droit de son fils aisné Jehan, escolier estudiant en l'université de Paris, pour la bonne continuation de sesdites estudes, pour l'amitié paternelle, se déssaisit des biens de la succession de Messire Anthoine Bohier. Cet exemple montre que la poursuite des études se fait à Paris.

En 1607, le registre paroissial mentionne le baptême de Marie fille de Pierre Capot, maistre d'escole et de Jehanne Fromont ... L'enseignant n'étant pas religieux doit professer dans une école privée.

En 1620, une assemblée d'habitants affirme qu'en leur âme, qu'ils ont bonne congnoissance que Mr Martin Fourré, maistre escrivain demeurant audit Montlhéry habitant audit lieu depuis deux ans ou environ, lequel est venu demeurer audit Montlhéry sur la prière des habitans pour enseigner l'art à escrire à leur enfans à cause qu'il n'y avoit aulcunes personnes capables, lequel Fourré est de bonne vie et moeurs et est capable d'enseigner les enfans soit en l'art des sciences arithmétiques ... recognoisse qu'il a mesme plusieurs enfans pensionnaires des environs, qu'il est grandement nécessaire audit lieu à cause du grand nombre d'enffans... il peut enseigner l'art des escritures, lequel Fourré a demandé qu'on luy octroye l'autorisation pour luy servir et valloir... Ce personnage va exercer pendant cinquante cinq ans.

 

 

La même année, notons le baptême de Françoise Levasseur, fille d'Estienne, maistre d'escole et de Charlotte Danet, le parrain Loys Leroyer prestre curé dudit Montlhéry. Le même registre donne l'année suivante l'enterrement de Françoise Lehoux femme de Guy Danet, maistre escrivain à Montlhéry. Le milieu des enseignants cohabite.

Notons en 1647, la pension faite par Anthoine Leroyer, notaire royal, à son fils Hérard, estudiant en l'université de Paris, de 150 livres de pension viagère sur la ferme de Rosière proche Montlhéry. Cet acte est un autre exemple de l'instruction supérieure des fils de notables.

Notons en 1652, Martin Fourré, maistre écrivain en cette ville de Montlhéry, baille une maison ...

En 1654, inhumation de Sébastien Fourré, fils de François maistre escrivain à Paris ... Apparemment la famille Fourré réside à Montlhéry.

Fin 1658, devant François de Dinan, prévost de Montlhéry, une assemblée des habitans de Montlhéry, lesquels en nom collectif considérant les grands soins que Martin Fourré, escrivain et maitre des enfans de ladite ville, a continuellement pris depuis quarante deux ans et plus qu'il est habitué audit Montlhéry pour l'éducation et instruction en l'art d'escriture qu'il a monstré et enseigné aux enfans des habitans sans avoir quitté ladite ville sinon peu de temps à l'occasion de la guerre dernière, et aussi qu'il n'a rien pris de ses peynes et travaux pour ceux des pauvres de la ville pendant ledit temps et ainsy qu'il l'avoit promis lors de son établissement et de plus qu'il a depuis quelques années esté taxé et imposé aux rolles de la taille à des sommes fort excessives, ...avons consenti une réduction de la taille cette dernière sera ramenée à dix livres sans pouvoir estre changée. Cet acte montre que Fourré enseigne aux pauvres gratuitement, que l'enseignement a été suspendu pendant la Fronde.

Deux ans après, une autre assemblée des habitants de Montlhéry donne procuration à Nicolas Tollet, marchand à Montlhéry, pour les représenter en l'instance d'appel indécise au Parlement de Paris, entre Jean Leroy, maistre des petites écoles de Montlhéry, d'une part, et Martin Fourré, demeurant au dit Montlhéry, d'autre part. Les dits habitants persistent (suivant leur assemblée du 22 février 1660) « au choix et eslection mesmes en la nommination par eux faicte dudit Leroy pour monstrer et enseigner à lire et escrire aux enfans desdicts habitans ... sans en rien prejudicier à la liberté publique, lesdictz habitans par quelque raison que ce soit, ne pouvans estre contraintz estant en leur liberté de faire instruire leur enfans par qui bon leur semblera ainsy qu'ilz ont fait de tout le passé jusques à present, et d'aillieurs que ledit Montlhéry n'est une ville jurée et ny a aucun droict de maistrise tant à l'effect desdictes escolles, que aultrement joint que ledit Fourré estant d'aage plus que sexagenaire ne peult seul suffire ayant chez luy (sans les escolliers externes qui sont de soixante ou quatre vingtz) plus de quarante pensionnaires de la ville de Paris que des environs et en conséquence de ce requérir ledit Leroy estre maintenu et gardé au pouvoir d'enseigner lesdictz enfans suivant et conformément à la sentence de sa reception du deuxiesme mars dernier … » Extrait d'un document abîmé, on peut donc admettre qu'il y a dorénavant au moins deux écoles privées de garçons à Montlhéry.

En 1661, deux maîtresses d'écoles font un marché: fut présente Louise Boivin, maitresse des petites escoles demeurante Montlhéry, aagée de 67 ans, laquelle vollontairement de son bon gré fait donnation entre vifs et irrévocable de tous ses biens meubles et immeubles lui appartenant à Louise Lemareschal, fille aussy demeurant à Montlhéry, agée de trente neuf ans, pour la bonne amitié et oultre à la charge que ladite Lemareschal demeure avec ladite Boivin jusqu'à la mort, pour y faire conjointement l'exercice de maitresse des petites escolles, instruire la jeunesse ... ladite Lemareschal lui fait également donnation entre vifs de l'usufruit de ses biens si elle décède auparavant... Fait en la maison de ladite Boivin... Ce sont donc deux demoiselles enseignant à Montlhéry, n'habitant pas l'Hôtel-Dieu, et exerçant dans une école privée. Deux ans après, les mêmes intervenantes rappellent l'acte précédent et le déclarent nul. On a la confirmation qu'elles ont demeuré dans un local qui n'est pas l'Hôtel-Dieu.

En 1665, notons le baptême de Martin Poussin, le parrain qui luy a donné ce prénom est maistre Martin Fourré escrivain à Montlhéry. ☺Également la même année Martin Fourré, maistre d'escole, est parain de Marie Marchand. L'année suivante, Claude Fourré maistre écrivain, juré à Paris est le parain de Jeanne Angot.

En 1670, une assemblée d'habitans représentant la plus saine partie diceulx, lesquels sur l'advis à eux donnés par maistre Estienne Regnard, prestre habitué audit Montlhéry depuis 25 ans et plus, disant que Mathieu Fourré, soy disant escrivain, l'avoit fait assigner, tant à la requeste des enffans de Montlhéry, par devant Monsieur le prevost de Montlhéry et par exploit duquel il a fait ordonner que deffenses fussent faictes audit sieur Regnard de ne plus à l'advenir enseigner ni faire enseigner la langue latine, l'art d'escriture, lecture de la lettre à la main, à peine de cent livres d'amende et dommages et intérests, fondé sur ce que ledit Fourré prétendoit avoir obtenu en un jugement du 13 décembre 1627, ... après avoir meurement délibéré, qu'ils ne sont point d'advis d'authoriser cette poursuite et au contraire trouvent à propos que ledit Maistre Estienne Regnard continue d'enseigner et de faire enseigner par son nepveu maistre Jean Regnard à la jeunesse, la langue latine, l'art d'escriture, la lecture tant dans les livres imprimés qu'à la main et prendre pensionnaires si bon lui semble ainsi que peut le faire ledit Fourré... On voit une concurrence entre les religieux et les laïcs...

En 1672, Martin Fourré, maistre escrivain, constitue son procureur spécial, Sébastien Fourré son fils, prestre à Montlhéry pour recevoir les sommes et deniers des pensions des enfans qu'il a eu, et de poursuivre les débiteurs. Le mois suivant, Claude Fourré, escrivain juré à Paris, et Marie Badieu sa femme demeurants à Montlhéry, de présent en ce lieu de Linois, lesquels ont déclarés que depuis quatorze ans environ, ils ont estés en service chez Martin Fourré, maistre escrivain demeurant audit Montlhéry, lequel depuis quelque temps les auroit congédiez de son service et dit qu'ils se retirassent... Martin Fourré auroit ce jourdhui mis en la garde et possession de ladicte Marie Badieu, tous les enfans qu'il avoit en sa maison et pension pour continuer à les faire instruire et tenir pension, le mari séparé en bien acceptant de devenir domestique pour enseigner lesdits enfants moyennant cent livres. Le lendemain, ladite Badieu, de présent à Linois, constitue son procureur Claude Fourré auquel elle donne pouvoir et puissance pour prendre les cours des enfans qui se présenteront pour estre en penssion en la maison d'icelle constituante pour les instruire et enseigner à la lecture escriture et arithmétique et le latin, et mesme de recevoir toutes les penssions qu'elles seront deubs à icelle constituante... lequel Claude Fourré s'oblige à exécuter toutes les clauses. En bref, sur la fin de sa vie Martin Fourré se fache même avec sa famille.

Fin 1673, inhumation en l'église de Martin Fourré, maistre escrivain, âgé de 83 ans, fait en la présence de Sébastien Fourré, curé de Ballainvilliers, fils du deffunt, et de Charles Lhéritier petit-fils à cause de Marie Anne Fourré sa femme.

Notons en 1683, Romain Gilleton, maistre d'escolle, demeurant en cette ville de Montlhéry, se portant fort de Marie et Jean sa soeur et son frère, baille à loyer ...

L'année suivante, notons le baptême de Martin Fourré, fils de François escrivain juré à Paris ....

En 1700, une remise en état de l'Hôtel-Dieu est préparée: Frère François Romain, architecte commis par arrest du conseil d'Estat,... la réparation de l'hospital de la ville de Montlhéry:
- dans la sale d'en bas ....
- dans l'école et dans la chambre d'au dessus sera faite chacune une ouverture de croisée ...
- dans le mur du pignon, sera ouverte une porte par laquelle les enfans entreront dans l'escole...
Tous lesquels ouvrage
s ... Ce lieu possède des sanitaires, l'enseignement est prévu dans l'Hôtel Dieu pour les filles.

Relevons le nom de Louis Lecreux, maistre des écoles dans un acte de 1723.

Nous arrivons en 1759, le registre de la fabrique mentionne que le curé demande d'avoir le maître des petites écoles pour l'assister lors des derniers sacrements; une augmentation de son gage de vingt livres lui est allouée valable aussi pour assister le vicaire et le chapellain, instruire également les enfants de choeur pour servir les offices, leur apprendre à chanter ...

En 1764, le chapelain de l'église de la Trinité demande la chambre occupée à costé de la sienne dont jouit actuellement le maitre d'école et dont la porte de communication... le vicaire fait de même et demande une autre chambre également contigue à celle du maître d'école...

L'année suivante, le prévôt de Montlhéry reçoit une supplique, Jean Baptiste Bugros de Briais, bourgeois de Paris, y demeurant, paroisse Saint-Gervais demande qu'il vous plaise luy permettre de s'établir à Montlhéry pour y enseigner, tant pour lui que pour ses précepteurs, la langue latine, l'écriture, l'arithmétique, et généralement tout ce qui peur concerner son art, et à cet effet de mettre au dessus de la porte de la maison où il demeure écriteau indicatif de ce qu'il entend enseigner, prendre pensionnaire, demi pensionnaire, externes, enseigner en ville et en maison particulière. Le procureur du roy donne une réponse positive, mentionnant prestation de serment de bien remplir ses fonctions pour l'éducation de la jeunesse.

En 1768, ayant perdu leur procès, les Célestins de Marcoussis reçoivent une demande de Messire Nicolas Herbin, prestre curé de la Sainte-Trinité, ayant droit de nommer et de présenter à Messire le prieur des Célestins, un jeune garçon de la paroisse, pour jouir pendant trois années d'une somme de cent livres par chacune d'icelle, ...., stipulant Jacques Debrie, agé d'environ quinze ans, étudiant la langue latine, cy-devant chez le sieur Gremond prêtre de Ballainvilliers...

 

 

Nous arrivons en 1786, assemblés à la sacristie, lieu ordinaire des assemblées de la fabrique, suite aux arrangements pris pour le logement des ecclésiastiques et du maitre d'école dans la maison de la communauté, il est nécessaire de faire quelques réparations à l'ancienne classe que ledit maitre d'école est dans le cas d'occuper à l'avenir , mais qu'il n'a pas cru devoir prendre sur luy de les faire faire ... Ce lieu commun va ressurgir par la suite et deviendra en 1818 l'école de l'enseignement mutuel.

Le temps passe, nous arrivons à la Révolution et à son anticléricalisme. Peu après la fuite du roy, début juillet 1791, l'assemblée municipale se réunit avec les administrateurs de l'Hôtel Dieu et rapporte qu'il lui a été porté plainte par différents particuliers que les écoles pour les filles ne tenoient plus par le deffaut d'une soeur qui estoit chargée d'instruire les enffans, avoit quitté l'Hôtel Dieu, qu'il étoit de la plus grande nécessité de porter rémède et qu'il étoit du devoir de la municipalité de veiller à ce que les enffans ne manquent point de l'instruction et d'obtenir de la principale maison des filles de la Charité, une soeur en état d'instruire les enffans. Le conseil demande à ce que soeur Hératte, supérieure de l'hôtel Dieu de cette ville, est autorisée à écrire à la supérieure générale de Paris pour lui demander une soeur en état de faire les écoles et l'assurer que la municipalité se fera toujours un devoir de veiller à leur sureté individuelle et de ce qu'il ne soit fait aucune insulte... Suit la quinzaine suivante le rassemblement qui force les soeurs à prêter le serment civique... On peut penser que les religieuses ne se bousculent pas pour assurer l'enseignement.

Un mois après, à l'issue des vêpres, l'assemblée tenue en la sacristie, lieu ordinaire des assemblées de la fabrique examine la situation de la Dame Henriette, maitresse d'école des filles de cette paroisse, mérite d'être prise en compte et paroit exiger quelques secours; que depuis environ quarante cinq ans, elle s'est employée constamment à l'éducation des enfans à la satisfaction générale...On apprend également que le maréchal de Noailles lui payait un logement en ville qui lui servait également de salle de classe. Noailles en fuite, le conseille de fabrique octroie jusqu'à 100 livres pour payer le loyer.

Fin 1792, le budget de la commune fait apparaître au paragraphe logement du maître et de la maîtresse d'école une somme de 200 livres. Ce poste laisse à penser que l'enseignement par des religieux a disparu et annonce la fermeture prochaine de l'église.

En ventôse an 2, le citoyen Pierre Joseph Cotantin, ancien maitre des petites écoles de la dite commune, actuellement secrétaire de la société populaire, lequel en exécution de la loy du 29 frimaire dernier sur l'instruction publique, a déclaré qu'il avait l'intention d'ouvrir une école en cette commune pour enseigner la lecture, l'écriture et l'arithmétique, aux offres par lui faites de se conformer aux règles prescrites par la loy... l'assemblée a déclaré unanimement qu'elle nomme ledit citoyen pour instituteur.

La décade suivante, l'agent national somme les parents de déclarer leurs enfants au dessus de six ans conformément au décret sur l'organisation de l'instruction publique.

Le lendemain, la citoyenne Marie Magdeleine Prêterelle, âgée de trente six ans, épouse du citoyen Pierre Cotantin, instituteur de ladite commune, laquelle en exécution de la loy du 29 brumaire, déclare qu'elle est dans l'intention d'ouvrir en cette commune une école de filles, ... pour être déclarée unanimement par le conseil général, elle exhibe un certificat de civisme du comité de surveillance.

Pierre Cotantin, décède; en messidor an 2, le citoyen Nicolas François Cotantin, instituteur de la commune de Limours, a déclaré qu'il est dans l'intention d'ouvrir une école au lieu et place de deffunt Pierre Joseph son frère, pour enseigner ... et les principes de la grammaire française. De même il exhibe le certificat de civisme délivré par Limours.

En frimaire an 3, le citoyen Marc Kerwan, officier de santé, nommé par le district de Corbeil, commissaire pour le canton, pour examiner dans quelles communes il conviendroit de fixer les écoles primaires, et de prendre les renseignements les plus exacts sur l'état actuel de l'instruction, sur les moeurs, caractères principes et connaissances des citoyens et citoyennes qui dirigent actuellement les écoles primaires....

En pluviose an 9, les membres du conseil municipal, réunis pour réparer une porte commune entre eux et le presbytère, le conseil a répondu que cette maison étoit nationale, et sur le point d'être vendue . Le citoyen Lozeray invite le conseil à prendre mesure pour relever un mur de son jardin, mitoyen de celui de la maison qui a été destinée pour loger l'instituteur

Nous arrivons en vendémiaire an 10, l'administration centrale du département, avait autorisé la réparation de la maison presbytérale et celle de l'instruction publique en ventose an 8, aujourd'hui ces maisons sont menacées d'une destruction totale très prochaine, le citoyen Dutilloy déclare qu'il n'est plus possible de reculer et demande la marche à suivre pour procéder à la réparation... Le sous-préfet donne l'autorisation pour adjuger les réparations ci-dessus.

En frimaire an 10, les choses traînent, le préfet écrit au maire: vous sollicitez la confection des réparations à faire à la maison presbitérale et à celle d'instruction publique. Ces travaux sont nécessaires à la conservation de ces deux bâtiments qui sont loués au profit de la République, je vous autorise à l'adjudication au rabais des réparations d'après les devis montant à 184 frs à la maison presbytérale et à 655 frs à la maison d'école.

L'histoire n'en finit pas en floréal an 10 le receveur écrit au sous-préfet: il faut distinguer le presbytère de la maison dite des prêtres ou vicariat ou d'école. C'est au presbytère que s'appliquent les ouvrages en supplément .... La maison dite des prêtres ou d'école est mitoyenne avec le citoyen Bauquet qui demeure à Paris.

Ainsi en thermidor an 10, le bureau des domaines nationaux décide d'allouer au citoyen Bucheron maçon à Montlhéry la somme de 220 frs correspondant au mur mitoyen de la maison des prêtres d'avec le citoyen Bouquet.

Notons dans le budget de l'an 11, au poste logement du maître d'école, néant, et en observation, il a une maison. et au poste revenus affecté aux collèges, néant.

En messidor an 11, un mémoire fait par la municipalité de Montlhéry, nous apprend qu'au chapitre instruction, la ville compte deux pensionnats, l'un de garçons, l'autre de demoiselles.

Le budget de l'an 14 au chapitre renouvelle que le maître d'école a son logement dans une maison à cet usage. Il doit s'agir de l'ancien vicariat.

Fin 1807, il est toujours question de réparation au même endroit: 680frs sont alloués pour réparation de l'école à Genty maçon . L'année suivante, le sous préfet écrit au maire et demande la convocation du conseil municipal concernant la maison dite des prêtres servant à l'instruction publique... Le devis qui suit dit qu'il s'agit de la maison pour l'instruction publique, logement des prêtres et logement de l'instituteur , située place du carrefour derrière l'église. Le conseil municipal approuve le devis de Genty, du 3 novembre, que parmi ces réparations il en étoit quelques unes qui avoient été jugées nécessaires lorsque la maison étoit habitée par un vicaire, mais qu'aujourd'huy, on pourrait s'en dispenser sans aucun inconvénient, la commune n'étant point dans le cas d'avoir un vicaire. que différents articles de dépense n'ont pas été pris en compte donc revoir le devis. La semaine suivante nouveau devis de réparations. Sans recopier le détail du devis qui s'élève à 417 frs, relevons que le bâtiment à usage d'école comprend un rez-de-chaussée, un étage et une cave avec latrines, le tout avec jardin, et comprend une classe et une chambre. Pour terminer, Gaudron Dutilloy, maire procède à l'adjudication des travaux de l'école entre Gentil et Gallop, c'est Genty qui obtient le marché pour 360 frs.

Poursuivons le récit, en 1810 le conseil aborde l'éducation gratuite d'enfants de la commune: un membre a dit que l'instituteur ou maître d'école de la commune était logé gratuitement dans une maison entretenue aux dépens de la ville, qu'il ignoroit s'il avoit des élèves enfans du peuple dont il n'exigeoit, mais qu'à sa connoissance, le nombre n'en avoit point été déterminé jusqu'à présent; le maire a observé qu'en effet le nombre n'étoit point fixé, mais que cet instituteur lui avoit offert de se charger de l'éducation gratuite de huit enfans; le conseil considérant qu'en adoptant ce dernier chiffre, le service que rend ledit maître d'école se trouveroit proportionné à la valeur de son logement et que le choix des enfants ne peut être mieux fait que par les dames de la Charité, lesquelles sont à même de connoître les véritables indigens; arrête qu'il fixe à huit le nombre des enfans que ledit instituteur éduquera gratuitement en leur enseignant comme aux autres élèves, la lecture, l'écriture et les premières règles de l'arithmétique et que ces enfans seront choisis parmi l'un et l'autre sexe, de parens les plus malheureux... Retenons que l'instituteur instruit garçons et filles dans un même établissement ce qui paraît curieux.

L'année suivante l'instituteur remet en question l'accord ci-dessus: Le sieur Cotantin, maitre d'école de la commune, s'est présenté pour faire observer au conseil que lors de la délibération du 14 mai de l'année dernière, qui fixe à huit le nombre des enfans qu'il entend élever gratuitement, il y avait eu un malentendu de la part du prédécesseur de Mr le président, en ce que lui, sieur Cotantin, n'avait jamais déterminé la quantité des élèves ... en estimant que le sacrifice fait pendant un certain laps de temps, demande une réduction à 6 enfans. Le conseil considérant que si le logement du maitre d'école se compose d'une maison entière, il ne reçoit que de faibles rétributions de la paroisse et qu'il remplit ses fonctions avec intégrité...

En 1813, Nicolas Cotentin, instituteur primaire de cette commune, présente au conseil municipal, une lettre de l'inspecteur d'académie par laquelle "Son Excellence le Grand maître de l'université" autorise le sieur Cotantin à excercer provisoirement. Ce document montre que Cotantin quitte l'école communale pour créér son propre établissement .

Fin 1817, les membres du conseil municipal assemblées extraordinairement sur demande du préfet pour délibérer sur l'établissement d'une école d'enseignement mutuel , sur invitation du duc de Maillé (propriétaire de Lormoy), ainsi que de madame la duchesse, pour prendre cette institution sous leur protection. Le maire présente un plan du local qu'il conviendrait d'édifier en remplacement de celui de l'ancienne école, le devis s'élevant à la somme de 3.126 frs. Le conseil considère que la preuve de ce nouveau mode d'enseignement est suffisante, que les fonds excèdent les dépenses du budget actuel, et adressent au préfet une demande d'autorisation de construction d'une école d'enseignement mutuel qui sera dans le même lieu que l'ancienne école.

Le lendemain, la duchesse de Maillé écrit au préfet pour lui signaler que bien que demeurant à Longpont, elle préfère Montlhéry, lieu plus central pour la création de cet enseignement. Quinze jours plus tard, une nouvelle séance extraordinaire entérine une somme 777 livres pour l'ameublement des nouveaux locaux. L'instituteur ne sera pas salarié par la commune, si ce n'est pour une modique somme qu'il conviendra d'allouer pour l'enseignement gratuit des enfans des personnes indigentes; que le bureau de bienfaisance avoit pourvu à cette dépense jusqu'à cette époque...
Le conseil considérant
- que le local actuel de l'école appartenant à la commune n'ayant que 30 pieds de long sur 6 de largeur et de hauteur ne présente pas un espace assez grand pour y contenir un grand nombre d'élèves, que ce local est très humide, et malsain; que déjà par la visite qu'en fit l'administration, ce local a été reconnu impropre pour l'usage d'une école;
- qu'il n'existe dans la commune aucun local qui pût convenir à cet établissement,
- que l'espace de terrain vague dépendant des bâtimens où est situé l'école actuelle permet de construire le bâtimen projeté...
Par ces motifs arrête qu'il sera envoyé au préfêt une demande... Le sous-préfet, répond à la lettre de la duchesse et lui demande son approbation pour l'école lancastérienne
(1). Il écrit également au préfet signalant que l'instituteur actuel enseigne selon les nouvelles méthodes d'enseignement.

L'année suivante, l'école est construite, la séance du conseil sur instruction du préfet délibère sur le tarif de l'école d'enseignement mutuel. La salle de l'école peut contenir 100 élèves, qu'en conséquence on pouvait compter sur cette quantité pour en fixer le prix. Le conseil eu égard au nombre ci-dessus et à celui dès y a inscrits, sarrête un prix de 1,25 frs par mois et par élève, l'entretien du mobilier à la charge du maître. À l'instant Mr Cotantin, ancien instituteur, s'est présenté et déclare qu'après s'être imposé diverses épreuves pour chercher à connaître l'enseignement de la nouvelle méthode, et vû son âge, il demande au conseil à se procurer un maître pour le remplacer. De tout ce qui vient d'être dit, l'enseignement public de Montlhéry se fait par une méthode non conventionnelle.

L'année suivante, le conseil municipal se réunit pour délibérer sur les élèves indigens admis à l'école d'enseignement mutuel aux frais de la ville, il a été reconnu qu'ils sont au nombre de 17 appartiennent à des familles recevant les secours de la Charité. Pour encourager les élèves le conseil décide d'allouer 150 francs par an pour les récompenser; en marge du texte, il est mentionné école à la Lancastre. Signalons que Maillé, émigré, a séjourné en Angleterre pendant la Révolution, et qu'il a pu voir comment se faisait cet enseignement.

Notons en 1820, un changement dans le régime intérieur de l'hospice; le remplacement de l'économe et de la petite fille par trois soeurs de la Charité, supprime la grande inertie actuelle. La commune y gagne encore puisqu'elles sont forcées d'ouvrir une école gratuite pour les filles pauvres comme elle a ouvert une pour les garçons indigens au nombre de 21 (enseignement mutuel).

En avril le sieur Cotantin perd son épouse Marie Bachellier.

La même année, le conseil municipal se réunit suite à une demande du préfet pour nommer à la direction de l'enseignement mutuel le sieur Lepage, instituteur originaire de cette école. Le conseil signale que le préfet est mal informé, que le sieur Lepage a servi à instruire l'ancien maitre, Mr Cotantin, dans la nouvelle méthode et à dresser les élèves; que le maire l'a nommé en 1818 pour remplacer Mr Cotantin, lequel était incapable de jamais diriger cette école quoiqu'il s'y fut pris de différentes manières, que le sieur Lepage a dirigé cette école jusqu'au remplacement du sieur Cotantin; qu'il souhaite unanimement le retour du sieur Lepage...

Nous arrivons en 1822, Cotantin, 59 ans, instituteur, marie sa fille. Il se remarie en 1825, Nicolas François Cotantin, instituteur, âgé de 62 ans...

Relevons la naissance de Mathilde Weleker, fille de Nicolas, instituteur, et de Catherine Renaud.

Notons en 1831, dans un acte ne concernant pas l'enseignement, Antoine Nicolas Weleker instituteur de l'enseignement mutuel ... La même année, le chef d'instruction de l'école Lancastérienne ayant quitté volontairement le logement qu'il occupait gratuitement dans la maison dite de l'école appartenant à la commune, le conseil a décidé que le chef de l'ancienne école, Mr Cotantin qui avait déjà occupé ce logement avant l'établissement de l'école lancastérienne, occuperait le rez-de-chaussée, le premier sera réservé, cour jardin et grenier feront partie du logement du maître d'école; on apprend aussi que l'enseignement lancastérien est fait dans une maison particulière et compte 21 élèves. Mr Welcker, chef de l'école Lancastérienne est loué par le conseil.

L'année suivante, lors d'un conseil municipal, l'enseignement mutuel est abordé, Mr Cotantin lors instituteur primaire avait été mis à la tête de l'établissement, que son défaut de capacité l'a fait demander lui-même son remplacement, avec instantes prières d'être souffert de continuer son enseignement ordinaire comme par le passé, ce dont il avait besoin pour vivre; qu'il avait été entendu que Mr Cotantin venant à quitter, cette école serait supprimée. Enfin pour vuider la question, le conseil procède par vote à bulletin secret dont le résultat est le suivant, 14 votants, 9 contre l'école primaire, 5 pour. En conséquence le maire déclare qu'il n'y a pas lieu d'établir une seconde école primaire. Mr Cotantin décède et dès lors son logement et la classe deviennent disponibles.

En mai, lors d'un conseil le maire informe que mademoiselle Benoist, institutrice à Montlhéry, prévenu que le conseil avait décidé que son père, nommé récemment commissaire de police, devait occuper pour son logement les chambres composant le premier du bâtiment consacré à l'enseignement mutuel, et prie le conseil de lui accorder le reste de ce bâtiment qui forme la classe , deux pièces, une petite cuisine et le jardin, et demande en considération qu'elle abandonne la rétribution annuelle de 140 frs qu'elle reçoit du bureau de Charité pour l'éducation de 12 filles... Le conseil accepte. Montlhéry à cette époque n'a plus d'école primaire communale pour garçons et que l'enseignement pour les filles est faite dans les bâtiments occupés par Cotantin.

Pour terminer cette chronique reprenons ce que dit l'instituteur dans sa monographie: Mr Weleker, maître de pension depuis 1821, reçoit les élèves indigents moyennant 1,5 frs par jour payé par la ville. Cet état dure jusqu'en 1852 époque où Mr Weleker vendit son établissement.

À suivre...

 

 

Note

(1) École lancastérienne