Les paroisses de Montlhéry au Moyen Âge

Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _------------------ajout juin 2012- Mars 2009

Veüe de la ville et du chasteau de Montleheri en Hurepoix à six lieües de Paris, 1704.

C. Julien

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est le préambule à une série consacrée à la vie religieuse de Montlhéry qui s'avère avoir été très complexe aux cours des siècles précédant le règne de Louis XIII, puisque, comme de nombreuses villes, Montlhéry possédait un statut particulier. Jusqu'en 1789, la paroisse, du latin « parochia  » désignait à la fois un groupe de personnes rassemblées autour d'un prêtre, le curé chargé du soin des âmes « curatus animarum  », le territoire de cette communauté chrétienne, mais aussi une aire géographique, unité administrative de base du royaume (1).

Depuis le Ve siècle des sanctuaires avaient été bâtis, préfiguration de nos églises paroissiales qui furent édifiées à partir du XIe siècle quand l'Europe occidentale se couvrit d'un «  blanc manteau d'églises  » comme écrivait le moine Raoul Glaber. Le passage du chroniqueur bourguignon est fort célèbre : « Comme approchait la troisième année qui suivit l'an mil, on vit dans presque toute la terre, mais surtout en Italie et en Gaule, réédifier les bâtiments des églises ; bien que la plupart, fort bien construites, n'en eussent nul besoin, une véritable émulation poussait chaque communauté chrétienne à en avoir une plus somptueuse que celle des voisins. On eut dit que le monde lui-même se secouait pour dépouiller sa vétusté et revêtait de toute part un blanc manteau d'églises. Alors, presque toutes les églises des sièges épiscopaux, celles des monastères consacrées à toutes sortes de saints, et même les petites chapelles des villages, furent reconstruites plus belles par les fidèles  » (2).

 

 

Montlhéry aux XIIe et XIIIe siècles

Nous ne parlerons pas de l'histoire de Montlhéry, où se mêle légende et réalité, mais arrivons à l'époque de la réunion de la seigneurie au domaine royal vers 1130. L'œuvre principale du cinquième roi capétien, Louis VI le Gros, est en partie réalisée : neutraliser les grands feudataires du sud parisien : les Montlhéry, les Rochefort, les Puiset, et agrandir le domaine royal en absorbant leurs fiefs. Il semble qu'à cette époque, Montlhéry soit un petit village groupé autour du château avec quelques masures assemblées dans l'ancienne enceinte féodale des premiers chevaliers « miles de Monte Leterico » .

Ainsi la paroisse primitive de Montlhéry apparut sous la dédicace de Saint-Pierre, devenue par la suite le prieuré Saint-Pierre du Château . Cette petite église est mentionnée par l'abbé Lebeuf qui écrit «  les deux églises qui subsistoient [au XIIIe siècle] alors dans l'enceinte du château y étoient comprises  » (3). Puis, le célèbre historien précise «  C'étoit lui [le seigneur Guy de Montlhéry] pareillement qui avoit fondé dans le Château de Montlhéry la Collégiale du titre de Saint Pierre, qu'une Charte de Louis VII dit avoir existé dès le temps des Seigneurs de Montlhéry, aussi-bien qu'une Eglise de Notre-Dame qui étoit dans le même Château, étant très-vraisemblable que la piété leur dicta de laisser des monumens de leur piété dans l'intérieur du Château avant que d'en faire élever dans le dehors  ». Il s'agit bien des églises Saint-Pierre et Notre-Dame du Château. Toutefois, il semble y avoir une ambiguïté sur l'emplacement de l'église Saint-Pierre. L'abbé Lebeuf dit «  dans l'enceinte du château  » ; aussi, un officier royal du XVIIe siècle écrivait « Dans l'ancienne enceinte dans l'avant-cour de ce chasteau et après la première porte dont on veoit encores quelques vestiges était l'ancienne paroisse de Montlhééry soubs le titre de Saint-Pierre ». Par contre, le plan d'intendance de 1787, porte l'église bien au-delà sur le chemin de la chapelle Saint-Laurent. Nous reviendrons sur ce problème en son temps.

Ce sont des diplômes du roi Louis VII qui constituent le fondement de presque toute l'histoire ecclésiastique de Montlhéry. La charte de l'an 1154 nomme ces deux églises, Saint-Pierre et Notre-Dame. Dans le contexte religieux décrit par Glaber, il est certain que les premiers «  barons héréditaires de Montlhéry  », Thibaud ou son fils Gui 1er avaient établi une église castrale devenue un chapitre de chanoines servant la paroisse primitive. Une chronique particulière traitera de ce sujet, car l'histoire de l'église Saint-Pierre est riche en évènements, sans oublier le séjour du roi Saint-Louis qui fit construire, dans l'enceinte du château, la chapelle qui porta son nom. En 1031, ce même Guy de Montlhéry, devenu un officier royal très influent, et avec sa pieuse épouse Hodierne, fit bâtir l'église Sainte-Marie de Longpont qui devint le fameux prieuré clunisien.

 

Ruines du château de Montlhéry. Dessin d'après celui de Claude Chastillon, 1610.

 

L'importance du territoire de Montlhéry au début du XIIIe siècle peut être simplement obtenue par la description qu'en fit le pouillé du diocèse de Paris écrit vers 1205. À cette date l'organisation épiscopale donne deux doyennés ruraux de l'archidiaconné de Josas : le doyenné de Châteaufort «  decanatu de Castri Fortis  » et le doyenné de Linas «  decanatu de Linais  » ; ce dernier deviendra beaucoup plus tard le doyenné d'Essonne «  decanatu Essonna  », puis de Montlhéry quand la population de cette ville aura supplanté celle de sa voisine. Le pouillé de 1205 nous apprend que Saint-Pierre et Notre-Dame étaient deux paroisses de Montlhéry «  Sancti Petri & Sancte Marie de Montis Letherici  » dont le prieur de Longpont «  prioris Longi Pontis  » était le présentateur. Dans le pouillé de 1260, l'église Saint-Pierre de Montlhéry «  sanctus Petrus de Monteletherico  » fait partie du doyenné du bourg de Longjumeau qui était nommé «  in dacanatu de Montis Gemelli  » qui semble avoir usurpé le titre détenu précédemment par Linas.

 

 

Le doyenné de Montlhéry

Les situations démographique et administrative de Montlhéry semblent avoir rapidement évolué au XIVe siècle. Le centre religieux a rejoint le centre économique de la ville "au bas de la montagne" dominée par le château. Montlhéry devient le siège d'un des deux doyennés de l'archidiaconné de Josais ou Josas «  archidiaconatu de Josayo  » ; En l'an 1525, ce doyenné contrôle 74 paroisses.

Les comptes de décime épiscopaux de 1352 «  registrum decime civitas et diocesis Parisiensis  » font désormais l'état des cures et chapelles du doyenné de Montlhéry «  curati et capellani in decanatu de Monteletherico  » où seul Saint-Pierre à Montlhéry est mentionné. La taxatio de cette église se monte à 14 livres et le tricesima du curé s'élève à 9 sols 4 deniers, qui sont des sommes très modiques comparées à celles de Notre-Dame de Montlhéry pour laquelle la taxatio est 30 livres et le tricesima de 20 sols. Dans le même temps, le curé de Longpont «  curatus de Longo Ponte  » payant la même somme, il faut y voir le même nombre de paroissiens dépendant des deux dernières cures bien que Longpont dénombre bien moins de feux que Montlhéry. La clef du problème nous est donnée par la suite.

Dans le pouillé de 1525, parmi le bénéfice de l'archidiacre de Josas, nous trouvons deux églises paroissiales à Montlhéry «  sequuntur ecclesie parrochiales in archidiaconato de Josayo in decanatu de Monte Letherico  » sous le patronage du prieur de Longpont : d'une part l'église paroissiale Notre-Dame de Montlhéry «  ecclesia parrochialis Beate Marie de Monte Letherico  » et l'église paroissiale de Montlhéry «  ecclesia parrochialis de Monte Letherico  », ici il s'agit réellement de l'église Saint-Pierre dont le titre n'est pas nommé.

Désormais, l'église paroissiale est située au cœur de la ville. Bien nommé sous le titre de Notre-Dame de Montlhéry, divers actes du XIVe siècle évoquait cette paroisse sous la dédicace de Sainte-Trinité. Dans des Provisions du 22 mai 1480, elle est dite Ecclesia Parochialis sanctae Trinitatis B. Mariae . Dans d'autres du 11 août 1490, il y a Ecclesia B. Mariae alias de Trinitate , et dans celle du 11 novembre 1525 la cure est appelée Cura B. Mariae antiquitus, nunc vero sanctae Trinitatis . Suivant le Registre de l'an 1496, où nous lisons qu'un nommé Jean Beuze avait fondé un bénéfice pour un chapelain dans l'église paroissiale Sainte-Trinité « Capellania dicta Johannis Berge in Ecclesia Parochiali S. Trinitatis » .

Mais, la particularité de Montlhéry voulait qu'il y eût quatre cantons paroissiaux dont les curés se sont partagés la ville jusqu'au XVIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, siège du domaine royal et comté du même nom, Montlhéry était aussi le chef-lieu de la subdélégation à la tête de laquelle se trouve le subdélégué, représentant de l'intendant de la Généralité de Paris. Vers 1710, vécut un des plus célèbres en la personne de Jean-Baptiste Bodin, sieur des Perriers, procureur du roi de Montlhéry, lieutenant de police et subdélégué de l'intendant à Montlhéry. À cette époque, Montlhéry ne compte qu'une seule et paroisse.

 

 

Les quatre paroisses de Montlhéry

Jusqu'ici, nous connaissons deux cantons paroissiaux à Montlhéry : l'ancestrale paroisse de Saint-Pierre du Château et la paroisse plus moderne de la Sainte-Trinité de Montlhéry. Un contemporain de Louis XIV écrivait «  le nombre des paroissiens venant "a saccroistio", feirent augmenter de la nef [de l'église Sainte-Trinité] qui s'y veoit à présent et est d'une construction plus moderne et différente de celle du chœur  ». Et quant aux autres habitans de la ville qui estoient de la paroisse de Saint-Pierre du Château, ceux cy au nombre de huict ou dix sont demeurés et sont encores à présent de son ancienne paroisse du chasteau.

Reprenons ce que l'administrateur royal de la prévôté de la fin du XVIIe siècle écrivait dans ses mémoires «  L'église où est à présent cette paroisse [Sainte-Trinité] est la seule qui soit dans la ville et n'estoit autrefois qu'une simple chapelle dédiée soubs le tiltre de Nostre-Dame, soubs lequel tiltre le curé de cette église paye encores à présent les décimes par luy deuës à cause de cette cure…, et depuis servit de paroisse aux habitans qui y estoient venus establir leur demeure en cet endroit après avoir quitté celle des environs du chasteau où estoit l'ancienne enceinte de la ville ».

C'est alors que l'auteur nous donne un renseignement capital sur le découpage de la ville en quatre cantons paroissiaux dont on peut facilement imaginer que les curés se partageaient âprement les prébendes «  Lors de l'érection de cette chapelle en paroisse qui fut environ l'an 1400 le tiltre de Nostre-Dame en fut changé en celuy de la Très Saincte-Trinité et certaines maisons sises proches, les portes de Linois et de la Cheurue furent attribuées à cette nouvelle paroisse au lieu qu'elles estoient auparavant de celle de Saint-Médéric  ». Ainsi, nous apprenons que la partie méridionale de la ville, du côté de la porte Baudry, la place de la Souche et la fameuse Cheurue, également nommée Chère-Ruë dans d'autres actes était dans le canton du curé de Linas. Et pour bien marquer l'attachement qu'ils avaient envers leurs anciens paroissiens, le curé et les chanoines de Linas organisaient la procession qui «  passe encores tous les ans le jour du Saint-Sacrement par cet endroit de la ville pour se maintenir toujours en quelque sorte de possession et entretenir la mémoire de cet ancien droit parrochial de manière que comme l'enclos de cette église ne consistait lors que dans la seule estendue du cœur  ».

Voici donc le troisième curé, celui de Saint-Merry de Linas qui avait des ouailles à Montlhéry ; ce sont ces paroissiens qui venant «  a saccroistio  », obligèrent les administrateurs de la fabrique de Montlhéry à augmenter la nef pour les y recevoir. Rappelons que, traditionnellement le chœur était à la charge du présentateur, c'est-à-dire le prieur de Longpont, alors que le reste du bâtiment de l'église incombait aux paroissiens représentés par la fabrique.

Continuons la lecture du vieux mémoire qui révèle que d'autres habitations de la ville «  estoient de la paroisse de Longpont  ». C'étaient les maisons de Montlhéry bâties sur les terrains situés du côté de la «  Plaine des Larmes  » entre la porte de la Borde et la porte de Paris «  mais à l'esgard de celles estans de la paroisse de Longpont et qui composoient au moins le quart de la ville, elles ont été en 1627 par les inductions et menées de Messire Bernabé Grante, lors curé de Montlhééry distraittes de leur ancienne parroisse et sont devenues de celles de Montlhééry après une longue involution de procès pour ce intentez tant au grand et privé Conseil qu'au Parlement et ès officialitez de Paris et Bourges  ».

Voici donc le quatrième curé, celui de Sainte-Marie de Longpont. C'était sans contestation la partie la plus âpre en affaire, car les habitants avaient devant eux la communauté clunisienne du prieuré Notre-Dame. Ces religieux avaient une solide réputation pour ester en justice et pour gagner tous leurs procès. Ainsi, nous voyons «  ledit Grante et la plus part des propriétaires et locataires des dittes maisons par luy industrieusement faict intervenus un procès d'une part et Messire Estienne Rioland, lors curé de Longpont, d'autre part tous lesquels procès furent enfin terminez par sentence du sieur primat de Bourges par devant lequel l'affaire avoit été renvoyée qui ordonna cette distraction du consentement du curé de Longpont moyennant une redevance de trente livres par an pour son dédommagement envers luy et ses successeurs ayant ce curé assez inconsidérement prétendu cette redevance à la construction d'une chapelle sur cette endroit de la ville estant de sa paroisse que bon luy auroit semblé et d'y entretenir un prestre à ses despens sur l'option que Monseigneur l'archevêque de Bourges luy donna lors de l'un ou de l'autre  ».

 

Plan simplifié de la division ecclésiastique de Montlhéry avant 1600.

 

Rappelons qu'à cette époque les paroissiens devaient fréquenter assidûment l'église pour leurs affaires privées (baptême, mariage, sépultures) et assister aux services divins : messes, vêpres, etc. D'ailleurs le dimanche était jour chômé où l'on venait écouter le prône et assister aux assemblées à la sortie de l'église. On devait venir communier aux principales fêtes et obligatoirement à Pâques sous peine d'amende. Chaque curé rendait des comptes en ce sens au visiteur épiscopal qui convoquait les récalcitrants devant l'official.

Ne serait-ce pas également une expression d'indépendance que les habitants de Montlhéry voulaient exprimer envers le curé et les religieux de Longpont ? Ce couvent exerçait un pouvoir certain à Montlhéry, outre la possession de nombreuses censives, le prieuré était le gros décimateur de Montlhéry (4).

Pour de nombreux Montlhériens, ce fut la ruine «  et quant aux habitans que le curé de Montlhééry avoit faict intervenir cette intervention a pensé causer la ruine d'aucuns d'eux par les poursuittes rigoureuses par eux souffertes faute de payement des sommes de deniers par eux empruntées pour soustenir ces procès que l'on peut dire estre encores à présent indécis, car comme la cure ou plutost la vicairerie perpétuelle de l'église parrochiale de Longpont est un bénéfice conventuel et que partant les prieurs, religieux et couvent de ce prieuré ont intérest en cette distraction comme curez primitifs ils ont prétendu que tout ce qui a été faict entre ces curez et parroissiens ne leur peut nuire  ».

Après avoir fait intervenir l'archevêque de Bourges, les moines de Longpont portèrent le différend devant le Grand Conseil, juridiction spécialisées dans les conflits ecclésiastiques «  ni preindiriez et faict de nouveau revivre ce procès au Grand Conseil juridiction naturelle et ordinaire de l'Ordre de Cluny d'où il a été remis par arrest du Conseil au Parlement de passer où il est à présent pendant et indécis. La cure de Sainte-Trinité de Montlhééry est un bénéfice dont Louis septième dit le jeune a donné la collation au prieur de Longpont qui a droit de prétendre et ainsy que par lettres de chartes faictes au couvent de Longpont, il est assez honorable pour estre la seule cure qui sort dans la ville et estre assise dans le lieu capital et le siège ordinaire de la justice royalle de tout le comté  » (5).

Dans ce nouveau contexte le curé de Montlhéry exigea l'augmentation de son casuel «  Aussy les curés de cette parroisse ont presque toujours depuis cent ans en çà été honorez de la commission de doyen Ruzana, mais elle est aussy fort onéreuse, et assez peu profitable à ceux qui en font bien leur debvoir. Le domaine non consistant qu'en trois arpens de terre ou environ assis en la vallée de Longpont et le surplus du revenu dans le casuel et en certaine somme de deniers que leurs est annuellement payée de quartier en quartier pour la cessation des messes de fondation et du surplus du service accoustumé de se dire en cette église  ».

Un nouveau concordat fut signé entre le sieur curé et les paroissiens représentés par les marguilliers (6) «  et au long contenu dans ce concordat pour ce passé en 1623 entre Messire Louis Le Royer, lors curé de cette paroissse et les parroissiens, par lequel cette somme est fixée à trois cens livres mais comme depuis ce tems il a été faict de nouvelles fondations ou concordat voicy la teneur. Par devant..., fut présent vénérable et discrette personne Messire Louis Le Royer, prestre, doyen et curé de l'église Sainte-Trinité de Montlhééry, demeurant au dict lieu lequel volontairement recognut et promet par ces présentes aux marguilliers habitans et paroissiens de la ditte église Sainte-Trinité, audict Montlhééry, ce acceptans par Messire Guillaume Divry et Toussaint Heruy, sergent royal, à présent marguilliers de la ditte église, Messire Antoine Heruy laisné, Antoine Heruy son filz commissaire examinateur audict Montlhééry, Guillaume Desues, Louis Bourdon, Antoine Lanoullier, Jacques Dubois, Louis Lhéritier, Pierre Hargenvilliers laisné, procureur au siège royal du dict Montlhééry, Michel Hargenvilliers, Jean Bourdon, Jean Divry procureur, Guillaume Divry laisné, Pierre Chasteau, Jean Dubois, Jacques Fontaine, sergent royal, Marc Patis, Jean Dupinceau, Jean Rousseau, Léon Fontaine, Louis Cordeau, Pierre Goix, Jean Cordeau et Mathias Bourgeron, marchands demeurans audict Montlhééry, à ce présents. C'est à sçavoir de dire ou faire dire, chanter et célébrer en la ditte église par chacun an le nombre de six vingt seize obits à quoy ont été réduits tous les obits qui sont fondéz en la susditte église jusques à huy à chacun desquels seront chantez vigiles, libera et commandaces ordinaires et acccoustumées. Item douze messes basses les premiers mercredis de chacun mois pour la fondation de feu Guillaume Durand et ses successeurs et pour raison de quoy Messire Louis Durand, procureur du Roy audict Montlhééry, l'un d'iceeux successeurs a faict instance à l'encontre desdits marguilliers en exécution de la sentence obtenue par feu Arnoul Durand son père de Messire l'official de Paris  ».

Suit un certain nombre de fondations que nous détaillerons dans la chronique suivante. «  L'an 1613, le 27 décembre après midy ès présences de Louis Divry et Jean Beauperrin, clerc demeurans audict Montlhééry, tesmoings et ont lesdicts sieurs Le Berger, marguilliers paroissiens et tesmoings ci-dessus nommez signé en la minutte des présentes ». Mais, comme depuis ce temps il a été fait de nouvelles fondations «  de l'exécution desquelles les successeurs curez se sont pareillement voulu chargez la somme de trois cens livres portée par ce contract a depuis peu à peu été augmentée à proportion des ces nouvelles charges, en sorte que en l'année 1664 elle a été réglée à la somme de six cens trente livres  ».

Ainsi, après de nombreux siècles de confusion, une seule paroisse existait à Montlhéry à partir de 1627.

Dans le Dictionnaire Universel de la France ancienne et moderne, t. III (chez Saugrin, Paris, 1726, p. 1395) nous lisons : «  À Montlhéry, il y a trois chapelains, propres à l'Université, le revenu desquels est pris sur la recette ordinaire de Paris, qui est cause qu'on les appelle les Chapelains du Châtelet ; chacune des ces chapellenies vaut vingt livres parisis de rente ; et la fondation en fut faite par l'Université même, qui achepta d'un seigneur nommé Guillaume de Lorme, la terre et revenu d'un lieu appelé les Vaux près de Lonjumau : mais parce que cette place dépendoit du fief de Montlhéry, le roi Philippe le Bel se saisit d'icelle, et au lieu, consigna et établit à l'Université soixante livres parisis de revenu annuel sur la susdite recette ordinaire de Paris à perpétuité, pour les trois chapelains établis et nommés  ».

À suivre…

 

 

Notes

(1) Par exemple, la paroisse devait élire un syndic et un procureur fiscal chargés de répartir la taille dont le montant était fixé par le représentant de l'intendant de la Généralité.

(2) Raoul Glaber ou le Glabre, moine clunisien dès l'âge de 12 ans, vécut presque toujours en Bourgogne, entre 1000 et 1050, passant d'un monastère à l'autre. Il s'attacha l'amitié de l'abbé de Cluny, Odillon, auquel il dédia ses Histoires achevées vers 1047-48. Ce célèbre chroniqueur, dont le témoignage compte parmi les plus belles pages écrites à l'époque, expressives et inspirées, retrace avec précision le déroulement du " mouvement de la paix de Dieu " mais discerne mal les rapports du mouvement avec les nouvelles structures de commandement (seigneuries, châtellenies), le développement des forteresses et l'avènement de la classe militaire des chevaliers.

(3) Dans sa notice sur Montlhéry, l'abbé Lebeuf consacre un chapitre entier intitulé « Des églises et chapelles de Montlhéry », c'est dire l'importance du sujet.

(4) Après l'échange des censives de Montlhéry par l'Hôtel Dieu de Paris au profit du prieuré de Longpont, de nombreux contentieux eurent lieu entre les moines et les vignerons de Montlhéry qui refusaient le paiement de la dîme de vin sur la nouvelle assiette imposée par le prieuré.

(5) Le Grand Conseil fut créé par un édit d'août 1497 afin de soulager le Conseil du Roi des requêtes judiciaires qui lui étaient adressées par des plaideurs. Composé de conseillers propriétaires de leur charge, il était présidé par le chancelier de France. Après le concordat de Bologne de 1516, il était chargé, par voie d'évocation, du contentieux des bénéfices ecclésiastiques .

(6) Remarquons que, sous l'Ancien régime, l'organisation paroissiale était exprimée par une vie totalement démocratique puisque les marguilliers étaient régulièrement élus par l'assemblée des paroissiens à qui ils devaient rendre compte, au banc de l'œuvre, des finances de la fabrique. Les paroissiennes devaient élire leur sage-femme sous peine d'amende.

 

 

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