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L'église Sainte-Trinité de Montlhéry (7)

Cette chronique est la septième et dernière partie de l'histoire de l'église Sainte-Trinité de Montlhéry. Un historien des Environs de Paris précise en 1779 que «  la Paroisse de la Trinité qui est située dans la ville est la seule et unique paroisse de Montlhéry depuis 1739  » (1). Dans la précédente chronique nous étions arrivés en 1781, à la veille de la Révolution que nous allons traiter dans la suite.

 

J-P Dagnot C.Julien décembre 2013.

 

Plan napoléonien de Montlhéry (1810).

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L'église sous la Révolution

Au début de l'année 1790, au moment où le roi Louis XVI convoque les États généraux, le prône du curé de Montlhéry s'adressant à ses paroissiens est le suivant : «  Mes enfants, après le service divin, il n'en est pas de plus sacré que celui de son pays. Vous me demandez ce que sont les états généraux, et quel est le sujet de la querelle qui divise les nobles et les bourgeois. Il s'agit d'obtenir de bonnes lois que le roi nous invite à faire nous-mêmes. Les grands seigneurs, les évêques et les gentilshommes ne voudroient pas que le Peuple que l'on appelle le Tiers état eût le droit de réformer les anciennes lois qui sont à leur profit et à notre charge. Ils ne veulent pas que notre représentation à l'assemblée de la nation soit égale à la leur, que le nombre de députés soit de même. La mission à cette assemblée sera d'établir cette égalité dans la répartition des impôts. Enfin pour vous représenter il est préférable de choisir de riches bourgeois plus éclairés plutôt que de simples paysans qui ne sçauroient pas se défendre  ». Notre curé est légitimiste et, comme tous les membres du bas-clergé, se place du côté des petites gens, appartient de fait au Tiers-État.

Un discours pour la prestation du serment civique, est prononcé dans l'église Sainte Trinité de la ville de Montlhéry, le dimanche 25 avril 1790. Puis, le serment de fidélité des prêtres de Montlhéry à la constitution civile du clergé est donné le 6 février 1791 . «  L'an mil sept cent quatre-vingt onze, le dimanche six février, jour consacré pour MM. les curés et autres ecclésiastiques cy après nommés, pour les articles 1er, 2 et 3 du décret de l'Assemblée nationale du 27 septembre dernier et sanctionné par le Roy le 26 décembre suivant et publié dimanche dernier, nous maire, officiers municipaux, procureur de la commune et notables composant le conseil général de ladite commune de cette ville dûment réunis, convoqués par M. le maire en la manière ordinaire  ».

« Nous sommes réünis en la salle de l'assemblée de la commune vers les 9 heures et demie du matin et de là nous sommes transportés en corps à l'église paroissiale de la Sainte-Trinité , où après avoir pris les places qui nous avaient été destinées nous avons entendu la messe solennelle célébrée par Monsieur le curé et à l'issue de la messe MM. Nicolas Turbin, curé, et Louis Couguet, premier vicaire et Joseph Louis Cacheux, second vicaire et chapelain amovible, revêtus de leur chasuble sacerdotaux et placés sur le degré du maître autel, ont prêté individuellement en notre présence et en celle des fidèles, le serment civique auquel ils étaient assujettis par l'article XXXIX du décret du 13 juillet dernier et réglé par les articles XXI et XXXVIII dudit décret du 12 du même mois dans les termes et selon les formules insérées dans les articles 1et et 3 de celui dudit jour 27 septembre sans restriction, et ensuite M. Jacques Henry Gabriel La Perruque , prettre cy-devant chanoine de Linas, aumônier de la Garde nationale de cette ville y demeurant, a prêté le même serment dans les termes et selon la formule portée audit art. 11, aussi sans restriction et il a prononcé un discours analogue à cette sainte et auguste cérémonie, dans lequel il a développé le sentiment du patriotisme le plus pur et les principes de la morale et éclairée où il a démontré en peu de mots que la constitution du clergé décrétée par l'Assemblé nationale, loin de donner atteinte à la discipline et l'église, les porte au contraire à son institution primitive, l'on y a remarqué particulièrement les traits suivants. Après avoir en distrait que quoi qu'il ne fut point fonctionnaire public, il se réunit au clergé de Montlhéry pour prêter le serment décrété par l'Assemblé nationale, qu'il n'oublierait jamais que le ministre de l'église étoit l'enfant de la patrie, qu'avant d'être ecclésiastique, il étoit citoyen, à qu'après avoir prescher la soumission à la loy, il étoit de son devoir et de son honneur de donner l'exemple de cette soumission, il a réclamé le sentiment de l'humanité en faveur des fonctionnaires publics qui ont refusé prêter le serment humblement "Eh Messieurs, s'ils se retirent paisiblement, s'ils baissent autorité soumise devant l'arrêt qui les frappe, expulsés, prives de leur offices, s'ils ne machinent rien contre la liberté et la tranquillité commune, pourquoi les persécuteroit on ? Pourquoi agraveroit-on leur prière ? Pourquoi serait-on plus sévère que la loy ? Elle est juste mais elle est rigoureuse : ils ne sont pas tous méchants, que dis-je, il y en a parmi eux de vertueux et de respectables ….Voyons en eux que des hommes qui n'ont aucune part à l'administration, respectons leur retraite et leur solitude et s'ils ont gardé notre confiance, conservons leur notre charité". Il est passé delà à la loy du serment. Puis, faisant l'énumération de tous les fonctionnaires auxquels la loy du serment est imputée, il en déduit que le serment exigé des ecclésiastiques n'en n'est qu'une en conséquence naturelle et nécessaire. Montrant ensuite que l'assemblée nationale en réformant toutes les parties de l'administration civile avoit pû et dû reformer aussi la partie de l'administration ecclésiastique. Il a expliqué pourquoi la constitution ecclésiastique éprouvait autant d'obstacle ; il en a montré la cause dans les esprits de parti, dans les ennemis de la Révolution … "Qu'il me suffise de vous dire que depuis près de dix-huit siècles que Jésus-Christ à fondé son église…" ».

Un Te Deum est célébré pour le rétablissement de la santé du Roy . Voici la délibération du conseil municipal du 28 mars 1791 : «  L'an mil sept cent quatre vingt onze, le vingt-huit mars, après-midy, l'assemblée municipale tenante au lieu ordinaire. Il a été rendu compte du rétablissement de la santé du Roy dont la maladie avoir paru sérieuse et même dangereuse et donné une juste inquiétude à tous les bons citoyens et vrais patriotes amis de la Constitution et de ce monarque chers restaurateurs de la liberté et le corps municipal a marqué la plus grande satisfaction de cette heureuse nouvelle et délibérant sur ce qu'il conviendroit faire pour rendre à la divine providence des actions de grâce de la protection éclatantes que dans sa miséricorde elle a donné au peuple françois en conservant des jours aussi précieux pour luy, surtout étant les circonstance difficiles où la Nation le trouve et donner à sa Majesté et au peuple de France un témoignage public du patriotisme en la commune de cette ville et de son attachement inviolable à la personne d'un si bon roy, ainsi que la Constitution  . Ouy le procureur de la commune a arrêté à l'unanimité des suffrages que dimanche prochain trois avril, il sera chanté dans l'église paroissiale de Sainte trinité de cette ville issue des vêpres un Te deum auquel seront invités MM. les notables et autres fonctionnaires publics et la Garde nationale en corps ou par un détachement et que le soir du même jour touttes les maisons de la ville et faux bourgs seront illuminés convenablement aux frais des propriétaires ou locataires qui seront invités par proclamation à s'acquitter du devoir de citoyen et devoir patriotique  ». Cette cérémonie montre l'attachement du peuple français en la personne du Roi. La déférence fut brisée en juin 1791 quand Louis XVI tenta de fuir la France. Depuis lors, le régime de royauté constitutionnelle était condamné à court terme.

 

 

La délibération du conseil municipal du 26 septembre 1791 est relative aux deux bancs du chœur de la paroisse de cette ville «   a comparu Thomas François Violette, régisseur des terres et fondé de la procuration de M. Philippe de Noailles maréchal de Mouchy lequel a dit que ledit sieur de Noailles pour se conformer à la loi du 13 avril dernier sanctionnée par le Roi le 20 du même mois a dans l'intention de faire retirer du chœur de l'église de cette ville les bancs qu'il y avoit fait placer, mais que lui comparent avant de mettre en exécution la volonté dudit sieur de Noailles, a désiré consulter l'assemblée sur les moyens à prendre pour la suppression de ces bancs, pourquoi il la prie de prendre à cet effet telle délibération qu'elle jugera convenable. Et ce signé Violette. Et le procureur de la commune a répondu qu'il ne trouveroit aucune difficulté que Monsieur le Maréchal de Monchy se retire du chœur de l'église de cette ville les bancs dont il s'agit, et par lui remettre ce rétablissement les choses en tel et semblable état qu'elles étoient aux temps où il a usé du droit qu'il avoit alors pour les faire construire, mais que comme les bancs sont construits de manière à pouvoir suppléer à l'ancien état des choses, il estime qu'il seroit à propos de proposer à Monsieur le maréchal de Mouchy de les laisser subsister tels qu'ils sont en l'assurant que la municipalité n'ordonnera aucune suitte ultérieure à cet égard à la loi du 20 avril dernier. Et signé Loyal. Sur quoi la matière mise en délibération le corps municipal a arrêté à l'unanimité des suffrages qu'il sera proposé à Monsieur le maréchal de Mouchy, soit de faire retirer les bancs dont il s'agit en remettant et réetablissant les choses semblables et auxquelles étoit auteur où il a usé du droit qu'il avoit alors pour les faire construire, soit de ces choses substituer tels qu'ils sont en assurant que le corps municipal donnera aucune suite ultérieure à cet égard à la loi du 20 avril dernier. Ensuite il a été remis sur le bureau et fait lecture puis l'inscription de lois et notamment une loi relative à l'instruction pour le paiement des dixmes de l'année 1791…  ».

Une cérémonie est organisée le 9 octobre 1791 pour célébrer la «  loi constitutionnelle française  », à l'issue des vêpres, le corps municipal de Montlhéry s'est rendu à l'église où il a assisté au Te Deum avec Monsieur le Major et un détachement de grenadiers de la Garde nationale. Il y a eu un défilé dans les rues et faux bourgs avec «  la satisfaction de trouver toute chose dans le meilleur ordre possible et de la tranquillité publique  ».

Le conseil général de la municipalité de Montlhéry est assemblé au lieu ordinaire le 30 octobre 1791. Après avoir transcrit les lois votées par l'Assemblée nationale, le maire et les officiers municipaux délibèrent «   Ensuite Monsieur Cassart a remis sur le bureau un extrait du registre des délibérations du département de Seine et Oise du 2 aoust dernier qui n'est parvenu à la municipalité que le 22 présent mois relativement à la demande faitte par la commune parce que les frais faits à sa requête en 1777 par le sieur Pinon son procureur contre les cy devant prieur et bénédictins de Longpont pour raison d'une imposition de la somme de 2507 lt 1 st qu'ils prétendent être due par lesdits religieux pour leur part de contribution aux réparations du chœur et du casuel de la paroisse Sainte-Trinité de laditte ville soyent payés par le receveur du district attendu que Me Pinon paroit disposé à poursuivre la municipalité pour le payement d'une somme de 738 lt 18 st 3 deniers qu'il réclame pour lesdits frais  ». Encore une fois, on veut faire appliquer la règle de la coutume de Paris pour l'entretien du chœur par le gros décimateur . À cette époque, les moines de Longpont, qui avaient emprunté des sommes considérables pour refaire à neuf leur monastère, sont en cessation de paiement et ne peuvent plus honorer leurs charges.

La délibération de la municipalité du 20 décembre 1791 autorise les marguilliers à faire servir provisoirement de la cloche de la chapelle du château «  Messieurs Jean-Jacques Blin et Antoine René Rondel tous deux marguilliers de la paroisse Sainte-Trinité de cette ville sont présents en vue expose à la municipalité que le grand âge de monsieur le curé le mettoit hors d'état de sonner la messe tous les jours parce que les cloches sont trop grosse et on demande qui leur fut permis de faire usage de la cloche provenant du clocher de l'ancienne chapelle du château qui est déposée dans la salle de ville. La matière mise en délibération et oui sur ce le procureur de la commune, l'assemblée à l'unanimité des suffrages a permis aux dits sieurs Blin et Rondel, marguilliers sus nommés de faire placer la ditte cloche dans le clocher de la paroisse Sainte-Trinité à la charge pour eux de la représenter et de la livrer quand ils en seront requis, l'assemblée ne pouvant mieux disposer de la ditte cloche qui est un bien national et dont on ne peut disposer que de l'avis et de l'ordre des administrateurs supérieurs. Fait et arrêté en la ditte assemblée, les jour, mois et an, et ont les mêmes officiers municipaux, procureur de la commune, secrétaire signé, avec les dits Blin et Rondel marguilliers qui sont devenus gardiens de la ditte cloche  ».

Depuis la loi sur la confiscation des biens du clergé et la vente des Biens nationaux ( décret du 2 novembre 1789), les ordonnances du district de Corbeil parviennent sur le bureau de la municipalité. La concession du banc d'œuvre de Montlhéry a lieu le 15 avril 1792 «  si dans ladite église il y a cloches, argenterie, chandelliers, tableaux peints sur toile, et autres effets à l'usage du culte, ils ne feront pas partie de l'adjudication  » (2). Le 17 octobre 1792, les biens de la cure sont baillés ; il s'agit de quatre arpents de prés, en trois pièces, loués par adjudication avec mise à prix de 750 livres .

Une assemblée de la fabrique se tient le 29 avril 1792 dans la sacristie de l'église pour régler les dégradations dues aux eaux des égouts entourant l'église au seuil de la porte principale. Voici le procès-verbal de cette assemblée « L'an mil sept cent quatre vingt douze, le quatrième de la liberté, le dimanche vingt neuf avril, issüe des vêpres tenue en la sacristie, lieu ordinanire des assemblées de la fabrique, annoncée au prône dimanche dernier et convoquée ce jour d'huy au son de la cloche en la manière accoutumée, MM. les marguilliers en charge ont représenté que le mauvais état du pavé des rues et ruelles qui règnent aux deux côtés de cette église est tel que les eaux des égouts partent dans les terres et minent les fondations de l'église, en sorte que s'il n'y est pas remédier il en résulteroit des dégradations qui occasionneroient des grosses réparations et une dépense, vraisemblablement très considérable à la charge de la commune. Ce à quoi, il leur paroit très inéressant être instant de pourvoir, en prenant les voyes convenables et les arrangement nécessaires, soit avec la commune, soit avec les propriétaires riverains des côtes desdites ruelles apposées à ladite église, et peut être avec les uns et les autres qu'il y a aussy des réparations à faire aux murs du Grand Cimetière et à la porte d'iceluy et qu'il est également instant d'y pourvoir pour rétablir la clôture dans l'état où il convient qu'elle soit ; qu'il y en a encore.

Surquoy l'assemblée ayant délibéré, il a été arrêtté, que MM. les marguilliers feront faire un devis estimatif de touttes la réparation dont il s'agit, pour que le rapport qui en sera fait en la prochaine assemblée être délibéré, ce qu'il appartiendra et sauf aussy à prendre ultérieurement les mesures et les arrangements convenables avec qui il appartiendra relativement à la contribution aux frais desdites réparations.

Fait et arrêté en ladite assemblée à laquelle ont assisté M. Herblin, curé, MM. Blin et Rondelle, marguilliers en charge, Cassart, ancien marguillier et procureur de la commune, Loyal, ancien marguillier et ancien procureur de la commune, Aufray, ancien marguillier et maire de la commune, Sanner et Blavet aussy anciens marguilliers qui ont signés  ».

On remarque que tous les présents sont aussi membres du conseil municipal de Montlhéry. Les temps ont bien changé car maintenant on parle de travaux à la charge de la commune et non de la fabrique, mais ceci qui revient au même, car ce sont les habitants-paroissiens qui payeront finalement. Il y a aussi des réparations à faire aux murs du grand cimetière «  et à la porte d'iceluy  » et aux degrés du parvis dégradé en plusieurs endroits ainsi qu'au seuil de la porte principale qui est trop bas.

 

Signatures au bas du procès verbal du 29 avril 1792. On remarque l'écriture tremblante du curé, montrant son grand âge.

 

Au cours de la réunion du corps municipal du 9 juillet 1792, le procureur de la commune évoque la lettre du district de Corbeil «  en forme d'invitation à l'effet de célébrer le 14 du présent jour de la fédération universelle des Français,…, en conséquence il sera fait une invitation à M. le curé pour célébrer la fête solennellement  ». Le jour de la fête de la Fédération 1792, un conflit éclate entre la Municipalité et la Garde nationale de Montlhéry qui est accusée d'insubordination. Le 12 juillet, les gardes nationaux avaient refusé d'accompagner le secrétaire et le tambour de ville pour annoncer la cérémonie «  fête de la liberté de l'égalité  ». Le 14 juillet le greffier écrit sur le registre «  en attendant l'heure de la messe, en sommes sortis en corps et nous sommes transportés en l'église Sainte-Trinité de Montlhéry au lieu et place ordinaire de la municipalité, la messe étant venue à commencer, aucun garde national ne s'y est présenté, et la messe étant chantée et célébrée, il a été ensuite chanté un Te Deum en action de grâce de la conquête de notre liberté ensuite et le Te Deum étant fini, sommes sortis de l'église de même que nous y sommes entrés et sommes rentrés en ladite maison commune  ».

Le 2 octobre an 1er de la république devant le corps municipal «  Ensuite le citoyen Nicolas Herbin, curé de cette paroisse s'étant présenté a requis l'assemblée de recevoir son serment conformément à la loi et la formule ayant été dite et prononcée par le maire a dit "Je le jure" ayant la main levée  ».

Nous retrouvons le même situation le 8 octobre suivant quand le citoyen Jean Charles Klotz, prêtre vicaire de cette paroisse «  lequel a dit ses affaires n'ayant pas permis de se rendre à l'assemblée le 2 octobre dernier jour où tous le conseil général de la commune ainsi que plusieurs autres fonctionnaires publics ont pretté le serment prescrit par la loi du 15 août dernier et que n'ayant pas en être satisfait, il requiert l'assemblée de vouloir bien le recevoir en conséquence le citoyen maire ayant prononcé la formule du serment " Vous jurez de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir à votre poste ", ledit citoyen ayant une main levée a répondu " Je le jure ». On comprend la frayeur de ce pauvre vicaire qui aurait pu être considéré comme un réfractaire et puni de prison en conséquence.

Le 15 octobre 1792, en application de la loi du 19 août précédent, une délibération est prise pour la reddition des comptes de fabrique, confréries et bureau de charité. En conséquence, les administrateurs « s eront tenus de rendre dans le mois aux municipalités le compte de leur gestion et de payer les reliquats considérant que le temps s'écoule et qu'il est instant de procéder à ces opérations…  ». Le procureur de la commune est chargé de l'exécution de cette décision.

L'inventaire des biens de la cure de Montlhéry est dressé le 20 octobre 1792. Il s'agit de quatre arpents ou environ de pré en trois pièces en la prairie de Saint-Michel-sur-Orge, Longpont et Brétigny. Voici le détail :
• la première contenant sept quartiers en la prairie de Longpont, chantier de la Chastre, tenant d'une part aux prés de la fabrique Sainte-Trinité, d'autre aux héritiers et représentants d'Auguste Decourchant, d'un bout au sieur Glanon de la Chateigneraye et d'autre à une boëlle.
• la deuxième de cinq quartiers en la prairie de Saint-Michel-sur-Orge, chantier des Blancs Manteaux tenant d'une part aux prés du cy devant domaine de Sainte-Geneviève-des-Bois, d'autre au prieuré de Saint-Pierre et Saint-Laurent du cy devant château de Montlhéry, d'un bout aux représentants de ladite Sigonneau et d'autres aux terres labourables.
• et la troisième, un arpent prairie de Brétigny, chantier dit Champcueil tenant d'un côté aux propriétaires dudit Sainte-Geneviève-des-Bois et des deux bouts à deux boëlles.
Le tout estimé à 2.112 livres . Il est mentionné que le sieur Bouchet acheta ces prés pour la somme de 4.875 livres .

Le 5 novembre 1792, le procureur de la commune a représenté qu'il existoit dans l'église de cette paroisse sur la chaire une couronne royale que cette couronne dans le temps actuel ne doit plus exister qu'il est instant de faire disparaître dans le règne de l'égalité et de liberté , tous signe de despotisme et d'ancien vestige de la féodalité. L'assemblée ayant applaudy, ..., l'autorisation de destruction est donnée.

 

 

La concession de banc est encore faite le 16 mai 1793 avant fermeture de l'église !!! Nous sommes à moins de quinze jours de la Convention montagnarde qui sera gouvernée par le triumvirat : Robespierre, Couthon et Saint-Just, farouches opposants à la religion catholique.

En l'assemblée du conseil général et du comité de surveillance tenue publiquement le 7 novembre 1793, en la salle ordinaire il est statué sur le don qu'il conviendrait de faire des ornements en argent de l'église...

Le 12 novembre 1793, quatre commissaires sont nommés pour porter l'argenterie au district de Corbeil. Nicolas Bachelier est l'un des quatre !!! Lors de l'assemblée du 12 décembre suivant, l'article 7 de la Déclaration des Droits de l'Homme est cité «  le libre exercice des cultes ne peut être interdit ...  ». La fin de cette assemblée est aussi celle du registre de la fabrique !!!

 

 

L'église de Montlhéry au XIXe siècle

Le 27 septembre 1801, le receveur du domaine national et de l'enregistrement écrit au sous-préfet pour les réparations des halles, de la maison ci devant presbytérale louée à la commune et à celle d'instruction publique. Le receveur insiste «  seules les réparations des halles sont faites. Aujourd'hui les deux maisons susdites sont menacées d'une destruction totale très prochaine  ».

En 1802, des travaux de couverture du clocher et de la sacristie sont à prévoir. La sacristie devra comporter: quatre soutanes, quatre surplis,... une croix, un bénitier en cuivre argenté, une robe de bedeau, trois chappes et deux tuniques. On procède à la nomination de trois " fabriciens " (!!!) pour administrer le temporel de l'église. Le desservant sera payé sur le produit des bancs, chaises et un surplus de 200 frs, une corde de bois et un demi cent de fagots. Il est fait mention du dénuement et du délabrement de l'intérieur de l'église, il y a besoin de planches dans le clocher!! Le même dossier mentionne des réparation faites «  au presbitère », à la maison d'école, aux halles et à la maison d'arrêt.

Un décret du Consulat en date du 9 février 1803 statue sur le rétablissement des fabriques et de leurs rentes. Le 15 août 1804, la ville se présentant pour être tête de circonscription, tout est beau ; on peut y entendre la messe, l'église est grande en très bon état bien décorée et fournie de tous les ornements nécessaires au culte !!

Le 19 février 1808, le sous-préfet au maire demande la convocation du conseil municipal concernant la maison dite des prêtres servant à l'instruction publique . Une délibération de réparation à l'école est donnée le 6 mai 1808. Il est dit « que parmi ces réparations, il en étoit quelques unes qui avoient été jugées nécessaires lorsque la maison étoit habitée par un vicaire, mais qu'aujourd'huy, on pourrait s'en dispenser sans aucun inconvénient, la commune n'étant point dans le cas d'avoir un vicaire  » .

La concession de la chapelle Saint-Nicolas est faite le 31 janvier 1809 par devant maître Charbonneau notaire impérial de la résidence de Montlhéry. Il s'agit du droit de chapelle qui avait appartenu jadis à Jean Fontaine, ancien propriétaire d'une maison scise audit Montlhéry, Grande rue attenante à la porte descendante à Linas (3), suite à un acte passé devant, Me Leroy, notaire, entre MM. le curé, les marguilliers et les habitant de Montlhéry. C'était le 24 octobre 1694. L'acte de 1809 est passé entre MM. Thomas Gaillard et Louis Delaplanne, administrateurs anciens et MM. André Lallemant et Pierre Cochin administrateur en service de la fabrique de l'église Sainte-Trinité, M. Jean-François Marie Marabail, prêtre desservant l'église d'une part, et M. Pierre Gaudron Dutilloy, maire de la ville de Montlhéry et dame Catherine Louise Darnandin sa femme d'autre part. Le nouvel attributaire devra supporter «  les frais des grilles et balustrades d'appuy en bois ou fer pour fermer ledit autel Saint-Nicolas, poser un banc, …  », etc. Il s'agit du droit attaché à la maison de la Souche, la mairie actuelle.

Après l'abdication de Fontainebleau, l'empire est aboli et le nouveau régime politique s'installe. Le maire et le conseil, les fonctionnaires et employés, accompagnés de la garde nationale se rendent à l'église le 21 juin 1814, pour une cérémonie funèbre pour le repos de l'âme de leur majesté Louis XVI, Louis XVII, Marie Antoinette, le duc d'Enghien et son épouse Elisabeth .... Nous sommes sous la Restauration.

Une ordonnance du roi Louis XVIII, signée à Paris le 9 janvier 1822 (n° 12,240), autorise l'acceptation de deux legs faits par la dame veuve d'Herbecourt : le premier, d'une rente de 100 francs, aux pauvres de Montlhéry, département de Seine-et-Oise ; et le second, d'une pareille rente de 100 francs, à la confrérie de la sainte-Vierge, et de deux autres rentes de 76 francs ensemble, à l'œuvre et fabrique de l'église de Montlhéry.

En 1833, l'historien Jacques Dulaure venu visiter Montlhéry pour rédiger son Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, décrit l'église de la manière suivante : «  Notre-Dame de la Trinité est aujourd'hui la seule église paroissiale de Montlhéry ; elle est vaste et offre des constructions de diverses époques. La nef et un des bas-côtés appartiennent à des temps plus récents que le reste de l'édifice. Le tableau du grand autel est peint par Barthélemy, sous le règne de Louis XV, comme on peignait alors; mais la conception du sujet en est ingénieuse et originale. Le nombre des habitants de Montlhéry s'élève aujourd'hui à 1.836  ».

Un lettre du curé est adressée au maire le 10 février 1868 en «  remerciement pour assister au baptême de notre nouvelle cloche, et demande de contribution pour remonter l'ancienne dont la fixation menaçait et montage commun pour les deux d'où 350 frs à l'ancienne  ». En novembre de la même année, une demande du curé est faite pour «  réinstaller l'ancienne cloche et assister à la bénédiction de la nouvelle...  ».

 

Le puits, l'Hôtel-Dieu et le parvis de l'église (Photographie de 1902).

 

La restauration du portail dans le style du XIIIe siècle est effectuée en 1880, aux frais de Madame Saintin selon les plans d'Auguste Rousseau pour un montant de 10.000frs. En 1887, F . Martin dans son histoire de Montlhéry, décrit l'extérieur de l'église ainsi que l'intérieur : curieux. Fait aussi l'inventaire fonds baptismaux, vitraux tableaux... En 1888, le curé écrit qu'il existe un plan de restauration du clocher.

Une décision catastrophique du point de vue du patrimoine est prise le 21 juin 1943 : la démolition du puits parvis de l'église . L'architecte fait savoir au ministre qu'il ne présente pas un intérêt historique justifiant sa protection; néanmoins il faut attirer l'attention de la municipalité, sur l'intérêt de maintenir l'ouvrage.

Une proposition d'inscription à l'inventaire des monuments historiques des trois dernières travées de la nef et du collatéral gauche (XIIe et XIIIe siècles) est faite en décembre 1947. Il est fait mention de restauration au XVIIe siècle, fonts baptismaux, donation Bourdon, etc. Un accord sur l'inscription est donné.

 

 

Notes

(1) Pierre-Nicolas Hurtaut, Historique de la Ville de Paris et de ses Environs , tome III (chez Moutard, rue des Mathurins à Paris, 1779), p. 573.

(2) En 1825, Dulaure écrivait à propos de l'église de Montlhéry «  Le tableau du grand autel est peint par Jean Simon Barthélemy, sous le règne de Louis XV, comme on peignait alors; mais la conception du sujet en est ingénieuse et originale  ». Il s'agit du tableau «  la Sainte Famille  » placé dans le chœur. Commandé par le séminaire de la congrégation du Saint-Esprit à Paris, il fut envoyé à Montlhéry en 1806 ; il est titré à l'époque sous le nom allégorique " La sainte Vierge pose l'Enfant Jésus sur les ruines de l'idolâtrie "

(3) Cette maison n'est autre que l'actuel château de la Souche, aujourd'hui hôtel de ville de Montlhéry.