L'Armement de l'ost bourguignon à la bataille de Montlhéry
La célèbre bataille de Montlhéry, « indécise », se déroula sur la « plaine des larmes » (Commynes), il y a 550 ans, le 16 juillet 1465 (1). L'affrontement eut lieu entre l'armée royale et la coalition de la « Ligue du Bien Public » menée par le prince bourguignon, le comte de Charolais « le conte de Charroloys » connu plus tard comme Charles le Téméraire. L'histrien Philippe de Commynes (ou Comines) parle de cet évènement par « Icy commance la journée de Montlehery » (2).
C. Julien . Septembre 2015.
La bataille de Montlhéry (enluminure, 1465-1500) [Ref. www.montlhery.fr/image/decouvrir/ville/G_1465g.jpg]
Dans cette chronique, nous présentons l'état de l'armement de l'armée bourguignonne au cours de l'été 1465. Le corpus est un résumé de l'ouvrage de Jules Finot (1896) qui utilise un document exceptionnel deposé aux Archives du Nord (Chambre des Comptes de Lille. Art. B. 3.516) et constitué par un rouleau original formé de onze feuilles de parchemin cousues ensemble, scellé du sceau en cire rouge, en parti rompu, de Waleran de Soissons, pendant à simple queue de parchemin (3).
La Ligue du Bien Public
De Barante [ Histoire des ducs de Bourgogne , tome V, page 287 et suiv.] et, après lui, Henri Martin [ Histoire de France , tome VI. p. 556 et suiv.] ont recherché en s'appuyant sur le témoignage des chroniqueurs contemporains, Philippe de Comines, Olivier de la Marche et Duclerc, les causes de la prise d'armes connue sous le nom de Ligue du Bien Public , et ont raconté les événements qui en furent les conséquences. Il nous paraît donc inutile de refaire leur récit, n'ayant pas rencontré de documents inédits pouvant le modifier au point de vue de l'histoire générale et politique. Mais il n'en est pas de même sous le rapport des faits militaires et surtout de la campagne de l'armée bourguignonne commandée par le comte de Charolais, car les pièces comptables de la Recette de l'Artillerie nous fournissent à cet égard quelques renseignements assez intéressants pour être particulièrement signalés.
On sait que dans le cours de l'année 1464, la rupture avait éclaté entre le roi Louis XI et le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ce dernier, affaibli par la vieillesse et la maladie, effrayé d'une prétendue tentative d'enlèvement dont son fils, le comte de Charolais, aurait failli être victime en Hollande, de la part du bâtard de Rubempré, agent du roi de France, avait pris définitivement le parti de son fils et chassé de sa cour les Croy, représentants de l'influence française. Le comte de Charolais était entré en alliance avec le duc de Bretagne, les princes du sang et les grands feudataires, le duc de Bourbon, les comtes d'Alençon et de Dunois. Le duc de Berry, frère du roi, s'était même mis à la tête de ces mécontents du gouvernement de Louis XI qui, prétendaient-ils, ne tenait pas assez compte de leurs privilèges. Cependant, ils n'osaient pas mettre en avant ce motif purement personnel, quoique le seul véritable de leur opposition. Ils prirent pour prétexte de leur révolte « le bien de la chose publique et le soulagement du pauvre peuple ». Le duc de Berri, échappant à la surveillance du Roi, réclama en même temps l'aide de son beau-frère, le comte de Charolais (mars 1465).
Celui-ci n'avait pas attendu cet appel pour faire ses préparatifs militaires. Malgré les efforts des ambassadeurs de Louis XI, le duc Philippe le Bon, entraîné par les conseils de son neveu le duc Jean de Bourbon pour qui il ressentait une affection toute particulière, avait accédé à la Ligue. Comme le fait remarquer le perspicace Comines, « le bon duc Philippe consentit que on mist sus dès gens (levât une armée) » ; mais le nœud de cette affaire ne lui fut jamais découvert et tout en donnant les ordres nécessaires pour les préparatifs de la guerre, il ne s'attendait point à ce que les choses vinssent jusqu'à des hostilités déclarées. Cependant, on se mit aussitôt à réunir des troupes. Le comte de Saint-Pol (4) fut rejoint par le maréchal de Bourgogne, Thiébaut de Neufchâtel. Le véritable motif politique pouvant légitimer cette animosité, c'est qu'on accusait les Croy d'avoir amené le Duc à consentir à la restitution des villes de la Somme et de la Picardie à Louis XI, moyennant 400.000 écus d'or, rachat stipulé, d'ailleurs, dans le traité d'Arras et contre lequel par conséquent, il n'était pas, en bonne justice, convenable de s'élever.
L'armée bourguignonne
Au milieu du XVe siècle, les armées européennes avaient bénéficié des progrès de l'armement developpé pendant la guerre de Cent ans ; notamment l'artillerie était appelée à jouer un grand rôle dans les guerres futures. Tour à tour, les belligérants furent ainsi à même de connaître tous les perfectionnements de ce service militaire chez leurs nations. Ils comprirent surtout de très bonne heure, la nécessité de lui donner une forte organisation avec un contrôle sérieux des dépenses. C'est grâce aux mesures qu'ils prirent, que l'artillerie bourguignonne devint bientôt une des plus considérables de l'Europe devenant l'élément le plus solide des armées de l'archiduc Maximilien d'Autriche et de Charles Quint. La puissance de cette artillerie fut néfaste à François 1er vaincu à Pavie (1520).
D'après Comines (2), l'armée bourguignonne qui se mit en route le 15 mai 1465 était menée par le comte de Saint-Pol « le principal conducteur de ses affaires et le plus grand chef de son armée ». Il pouvait bien avoir sous ses ordres 300 hommes d'armes et 4.000 archers avec un bon nombre de chevaliers des pays d'Artois, de Hainaut et de Flandre. Le comte de Ravestein, frère du duc de Clèves, et Antoine, grand bâtard de Bourgogne, commandaient chacun à autant d'hommes d'armes et d'archers, ce qui permet d'évaluer le nombre des combattants de l'armée bourguignonne à environ 1.400 hommes d'armes et 12.000 archers. Les nombreux chevaliers renommés qui accompagnaient le comte de Charolais étaient « nourry ès anciennes guerres de France et d'Angleterre ». Comines ajoute que : « les hommes d'armes estoient très fort bien montez et bien accompaignez, car peu en eussiez-vous veu qui n'eussent cinq ou six grands chevaulx ». Il pouvait bien y avoir 10.000 à 12.000 archers, et quand la monstre (revue) fut faite, il y eut plus à en renvoyer qu'à en prendre on ne choisit que les meilleurs. À ces 1.400 lances ou 6.000 cavaliers et aux 10.000 archers, il faut ajouter, dit Henri Martin, environ 2.000 crénequiniers (arbalétriers à cheval), coutilliers, coulevriniers, pionniers, piquiers, etc., ce qui portait la force totale de l'armée bourguignonne à 18.000 ou 20.000 hommes. Enfin, d'après Duclercq, elle emmenait avec elle « tant de bombardes, serpentines, crapaudeaux, mortiers et autre artillerie à poudre, que c'étoit merveille ».
Portraits de Charles le Téméraire et du comte de Saint-Pol (4).
État de l'armement
L'armement des armées du XVe siècle comportait les nouvelles technologies telles que les canons et les divers engins utilisés pour le siège des villes et des châteaux. L'artillerie de campagne ne comprenait que quelques serpentines et coulevrines un peu moins massives que les bombardes, et pouvant souvent se démonter en plusieurs pièces, ce qui les rendait plus transportables. Les anciennes armes offensives et de jet lances comprenaient les piques, vouges, maillets de plomb, arcs, flèches, ribaudequins et arbalètes, qui jouaient le principal rôle dans les combats en rase campagne.
Depuis le traité d'Arras (1435), le service de l'artillerie, au lieu d'être négligé, fut au contraire, l'objet de toute la sollicitude du duc de Bourgogne qui tint à honneur de le voir rivaliser avec celui que Gaspard Bureau, grand maitre de l'artillerie du roi Charles VII, avait organisé en France. L'administration de ce service était confiée à des officiers qui prenaient le titre de gardes de l'artillerie. Ainsi, on trouve, en 1434, Jean Cam, dit le Camus, garde de l'artillerie du duc. Leurs fonctions paraissent s'être réduites alors à celles de simples gardiens ou conservateurs des pièces et engins de guerre déposés dans les châteaux et places fortes et principalement à Lille au palais de la Salle ainsi qu'aux châteaux de Courtrai et de la Poterne. C'était à Lille, en effet, que de bonne heure avait été établi l'arsenal renfermant la réserve de l'artillerie et surtout celle destinée aux expéditions soit en France, soit dans les Pays-Bas. Cette ville convenait admirablement à cette destination, grâce à sa position centrale et aux nombreux canaux qui la reliaient déjà par la Deûle, à la Lys, à la Scarpe et à l'Escaut et facilitaient ainsi le transport des pièces qui parvenaient de cette manière plus rapidement à proximité des champs de bataille que par les voies de terre. Au contraire, les fonderies de canons avaient été établies plus en arrière, à Malines, à Huy et à Liège sur la Meuse.
L'importance de l'artillerie est clairement énoncée dans la lettre de l'archiduc Maximilien au receveur de l'artillerie Laurent Le Mitre : « Receveur d'artillery, Lorens de Muter, il y a aujourduy ung mois que je vous a assingné et appunkté (appointé) beacop de mylle livres, et je n'é (ai) point artilery prest pour une livre ; dont il fault que je me combate demain sans artilery; lequel est vostre faulte et que vous entendés gaingner (faire du profit), mais il vous repanteray, car je vous promés, en parolle de prince, que à mon retour, à l'ayde de Dieu, vous saerez banniz hors de tous mes païs et confiscarez vos biens tousjours à bon conte. Je layré (laisserai) en cest chasteau de Gasbeke aujourd'huy jousques au dîné, II cens chevaux pour conduyre vivres de Bruxelles après moy sy il y a possibilité de nous trouver de nuit entour Gramont, sy il i a aucune artilery en chemin, faites les haster par aultrement, il ne pourra venir servir, ne au tems (à temps) mès (mais) vous nous monstres point estre bon serviteur » [Archives du Nord. B. 3521].
Jules Finot a essayé de déterminer approximativement l'importance de la grosse artillerie bourguignonne qui partit de Lille, où se trouvait son dépôt général, le 22 mai 1465 et y rentra le 27 janvier 1466. Elle était placée sous le commandement supérieur du grand maître, le sire de Moreul, qui avait remplacé François l'Aragonais, seigneur de Sisy.
Heureusement cette lacune peut être en partie comblée par l'inventaire de l'artillerie du duc de Bourgogne déposée dans ses châteaux de Lille et au palais de la Salle, dressé les 16, 17 et 18 octobre 1458, en présence de François l'Aragonais, seigneur de Sisy, et de deux autres commis. Il est probable, en raison surtout de la paix qui régna dans cet intervalle de sept ans, qu'il ne dut pas y avoir un mouvement considérable d'entrée et de sortie parmi les pièces composant la grosse artillerie déposée dans les châteaux de Lille entre 1458 et 1465 et qu'elle était sensiblement la même à la seconde de ces dates qu'à la première.Il se trouvait donc, d'après cet inventaire, au château de Courtrai, à Lille :
1° une grosse bombarde de fer, composée de deux pièces dont la chambre ou culasse mobile était aussi de fer elle était appelée Bourgogne et lançait des pierres de 32 à 83 pouces de diamètre,
2° une autre bombarde de fer plus petite, aussi en deux pièces, appelée Flandre , lançant des pierres de 21 pouces de diamètre,
3° une grosse bombarde de fondue (probablement bronze), composée de trois pièces s'emboîtant et réunies au moyen de vis, faite en 1457 ou 1458 en l'hôtel de Leuwe en Brabant, par Jacquemin de l'Épine, fondeur de bombardes, pesant environ 32.000 à 34.000 livres et lançant des pierre, de 17 pouces de diamètre; on avait adapté à sa culasse une plaque de plomb pesant 1.300 livres pour pouvoir la tirer plus sûrement et éviter le recul; en l'hôtel de la Selle se trouvaient 1° une bombarde de fer, d~une seule pièce, appelée Artois, venant de St-Omer et lançant des pierres de 16 pouces de diamètre,
4° une autre bombarde de fer, aussi d'une seule pièce, appelée le Berger , lançant des pierres de 13 pouces de diamètre,
5° une bombarde de fer du même genre et du même calibre, appelée Mons ,
6° une bombarde du même genre et du même calibre appelée Ath ,
7° une autre bombarde de bronze, en deux pièces, dont la culasse est aussi en bronze, appelée la Bergère lançant des pierres de 13 pouces de diamètre.
Total 8 bombardes. Mortiers : 6 grands mortiers de fer, achetés dernièrement au fondeur Lambillon, lançant des pierres de 12 pouces de diamètre et pourvus de leurs affûts ; 2 autres mortiers pourvus de leurs affûts, lançant des pierres de 10 pouces de diamètre; 2 mortiers de fer fondu, donnés au duc de Bourgogne par le duc de Clèves, pourvus de leurs affûts à la façon du pays de Clèves et lançant des pierres du calibre de 12 pouces . [Les mortiers, comme les bombardes, étaient des pièces d'artillerie très courtes, lançant des pierres comme elles, mais d'un calibre moindre]. Total 10 mortiers.
Détail de l'artillerie
– Serpentines [Pièce d'artillerie assez longue, dont la volée était vissée avec la culasse, et tirant horizontalement.] : à l'hôtel de la Salle, deux serpentines de bronze, achetées au duc de Clèves, pesant ensemble environ 5.000 livres de cuivre, pourvues de leurs chariots et affûts de bois tout neufs et garnis de grosses chevilles de fer, lançant des plommets (boulets de plomb), de 2 pouces de diamètre ; une autre serpentine, plus petite, aussi en bronze, enchâssée sur un chevalet de bois, lançant des plommets d'une livre et demie et se chargent avec deux livres de poudre ; une autre grosse serpentine de fer, d'une seule pièce, fermant à clef sur le devant, lançant des plommets de 32 livres , achetée à Lambillon ; une autre serpentine à culasse mobile ( à chambre ), lançant des plommets de 13 livres ; une autre serpentine du même genre lançant des plommets de 9 livres 2 autres serpentines du même calibre, l'une ayant deux culasses mobiles et l'autre une seulement, lançant des plommets de 12 livres 2 autres serpentines aussi du même calibre, enchâssées sur des chevalets de bois au moyen de grosses bandes et de crampons de fer, chacune avec sa culasse mobile, lançant des plommets de 10 livres ; une autre serpentine, enchâssée de même, ayant deux culasses mobiles et lançant des plommets de 9 livres ; sept autres serpentines du même genre, mais plus petites. Total 17 serpentines de bronze ou de fer.
– Ribaudequins [Le ribaudequin était primitivement une machine de guerre assez semblable à la baliste des anciens; et lançant des pierres ou des traits ; mais ce mot désigna plus tard et désigne ici une petite pièce d'artillerie lançant des pierres ou des boulets de plomb d'une livre et demie à deux livres ; elle était montée avec deux autres canons semblables sur des charrettes garnies de fer, appelées ribaudeaux ] : 72 chariots portant 194 ribaudequins formés chacun de deux canons de fer ou de bronze accouplés, chaque volée garnie de deux culasses, lesdits chariots pourvus de coffres ou de caissons fermant à loquet pour renfermer les pierres, projectiles et ustensiles nécessaires, avec 33 culasses de rechange et une queue et 2 poinçons de chaînes de fer pour fermer lesdits ribaudeaux .
– Perdriseaux ou Orgues [ Le mot perdriau a désigné au XVIIe siècle un petit mortier lançant des grenades ; mais dans le cas particulier, comme il est synonyme d'orgue. Il s'agit selon Littré, d'une machine composée de plusieurs canons de faible calibre, attachés ensemble comme des tuyaux d'orgue et dont on se servait surtout pourla défense des brèches des villes assiégées. La célèbre machine de Fieschi avait beaucoup de ressemblance à cet engin qui peut être considéré comme une mitrailleuse rudimentaire. ] 14 pièces de bâtons (canons), appelés perdriseaux ou orgues, en bronze, dont huit lancent chacune 12 plommets , semblables à ceux des coulevrines, et les six autres pièces, chacune 5 plommets de même sorte.
– Coulevrines [ La coulevrine était plus petite que la serpentine, deux hommes soient pour la manœuvrer ] 2 grosses coulevrines de bronze, montées sur chevalet ou pivot de bois 4 coulevrines moyennes, aussi en bronze et montées sur chevalet avec 2 culasses de bois; 100 autres coulevrines de bronze, aussi avec manches de bois, ayant clef comme arbalète, c'est-à-dire dont la culasse se fermait avec une clef, accompagnées de 99 torcays (carquois), pourvu chacun d'un bluchotois (petite mesure) en fer blanc pour doser la charge de poudre, d'un moule en pierre blanche pour fondre les plommets et d'une estampe de fer (chargeoir) pour mettre la poudre; toutes ces coulevrines étaient de fabrication récente et à la devise ducale; 2 grosses coulevrines de fer ; 5 autres moyennes, munies de leurs chevalets ; 68 coulevrines de fer peintes en rouge, plus petites et à manche de bois ; 10 autres coulevrines de fer, limées et brunies, à manche de bois ; 9 broches de fer à estamper (charger) la poudre dans les coulevrines avec 68 petits entonnoirs de fer blanc pour y mettre la poudre. Total 190 coulevrines, tant grosses que moyennes et petites.
Ainsi, lors de son entrée en campagne, l'artillerie de l'armée du comte de Charolais comprenait 8 bombardes, 10 mortiers, appelés aussi veuglaires lorsqu'ils étaient d'un fort calibre, 17 serpentines, 194 ribaudequins montés sur 72 chariots, 14 perdriseaux ou orgues, 190 coulevrines de toutes dimensions, soit 433 bouches à feu, si l'on compte comme telles les coulevrines qui doivent être considérées plutôt comme des armes à feu portatives, des arquebuses primitives. On comprend toutefois que par son importance, cette artillerie ait émerveillé les contemporains qui n'étaient pas habitués à en voir une aussi nombreuse à la suite des armées.
Le compte du receveur Guillaume Bourgois
Le receveur nous a laissé un compte des armes diverses et des munitions brisées, perdues ou dépensées pendant la campagne de la Ligue du Bien Public [Archives du Nord. B. 3516] mais nous donnerons ici que les articles qui concernent la bataille de Montlhéry.
La dépense de poudre à canon, caques de poudre, de salpêtre et de soufre se décompose comme suit : 5 caques dépensées le 16 juillet, jour « où mondit seigneur de Charrolois ot la bataille à l'encontre du roy de France et de sa puissance, en get de serpentines et de ribaudequins »,
• une caque dépensée les mercredi 17 et jeudi 18 juillet pour le tir des serpentines et autres engins contre les troupes de la garnison de Montlhéry.
Les bombardes, veuglaires, mortiers et ribaudequins lancèrent pendant la campagne, plus d'un mille de pierres de différents calibres dont la dépense se répartit ainsi :
• 26 pierres, perdues par les charretiers pendant la route,
• 32 pierres de 9 pouces , dépensées tant au pont de Conflans lorsque le comte s'y trouvait « à tirer ung canon de cuivre nommé courtault qui fut gaigné sur le Roy à la bataille de Montlehéry »,
• 12 pierres de 2 pouces dépensées depuis le 22 mai 1465 jusqu'au 27 janvier 1466, par les ribaudequins à plusieurs reprises en diverses circonstances.
La dépense de plomb en petits boulets appelés plommets , lancés par les serpentines se monte à 8.170 livres , ainsi réparties :
- 60 livres au comte de Saint-Pol pour l'approvisionnement de la ville d'Athies,
- 1.800 livres dépensées au siège du château de Beaulieu,
- 150 livres à Maillart de Le Lentille, commis à la garde des ponts Sainte-Maxence, « pour servir à deux serpentines de métail qui lui furent délivrées avec six coulevrines pour la défense dudit lieu, en nature de plombets et ploncq en masse »,
- 70 livres à Oste de Le Motte, pour la garde du pont de Saint-Cloud,
- 1.500 livres dépensées à la bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465,
- 100 livres dépensées les 17 et 18 juillet aux escarmouches qui eurent lieu devant la place de Montlhéry.
L'état de la distribution des fûts et fers de lance présente un véritable intérêt historique puisqu'il nous a conservé la liste des chevaliers dont les hommes d'armes prirent part au combat de Montlhéry. La distribution de fûts et de fers de lance en remplacement de ceux brisés ou perdus pendant la campagne se monte à 532 fûts et 150 fers de lance, ainsi répartis :
- 8 fûts de lance délivrés aux hommes d'armes de la compagnie du comte de Saint-Pol, le 2 juin 4 fûts au bâtard de Bourgogne, le 12 juin,
- 6 fûts à monseigneur de Ravestein le même jour,
- 1 fût et 1 fer à Robinet de Merlessart, le 13 juin,
- 1 fût à Veaul de Bousenten, hommes d'armes de la compagnie de Mr d'Aymeries, le même jour,
- 5 fûts à Henri Kenobot, écuyer, Antoine de Poix; écuyer; tous les deux hommes d'armes de la compagnie du sire de Moreul, Jehannot Postel et Jean de Boscrept, ledit jour,
- 100 fûts de lance en bois de tilleul envoyés par le receveur de l'artillerie à l'armée pendant qu'elle était à Saint-Denis et qui furent enlevés par la garnison française de Senlis au marchand qui les amenait;
- 20 fûts aux hommes d'armes de la compagnie du comte de Saint-Pol lorsqu'ils furent envoyés au pont de Saint-Cloud,
- 76 fûts et 76 fers délivrés à plusieurs hommes d'armes le 16 juillet « à la bataille que mondit seigneur eut ce jour contre le Roy et sa puissance »,
- 25 fûts aux hommes d'armes de la compagnie du bâtard de Bourgogne, pour le même motif;
- 26 fûts à ceux de la compagnie du sire de Ravestein, idem,
- 1 fût à Eurard Barton, idem,
- 1 fût à Jacques d'Orsans, écuyer, idem,
- 3 fûts aux hommes d'armes de la compagnie de monseigneur Jacques de Bourbon, idem,
- 1 fût à Jacquemin de Luxy, idem.
Distribution de vouges (sorte de pique ou d'épieu muni d'un fer large, à la fois aigu et tranchant) égale 288, ainsi réparties :
• 144 à plusieurs hommes d'armes, archers et autres gens de l'armée qui, le 16 juillet, avaient rompu leurs lances à la bataille de Montlhéry,
• 2 à monseigneur de Contay, maître d'hôtel du comte de Charolais, le 17 juillet,
• 8 délivrées le 20 juillet à huit archers de corps du comte, qui avaient perdu leurs bâtons à la bataille de. Montlhéry,
• 1 à l'archidiacre d'Avallon, ledit jour.
Distribution de piques ferrées. Total de ces piques distribuées 704, savoir :
• « le sixième du mois de juillet oudit an mil CCCC soixante-cinq, qui fut le jour de la bataille que mondit seigneur de Charrolois ot encontre le Roy et sa puissance, laquelle mondit seigneur obtint par la grâce de Dieu, fut prins par pluiseurs compaignons de ladite armée sur les chariotz de ladite artillerie pour la deffence de leurs corps », le nombre de 360.
Distribution d'arcs à main, de flèches et de cordes d'arc 4.573 arcs, 6.564 douzaines de flèches et 1.077 douzaines et demie de corder d'arcs. On remarque la mention suivante, relative à la journée de Montlhéry « item, le seixième jour dudit mois de juillet audict an LXV, mondit seigneur de Charolois, arrivé auprès du Mont-le-Héry, auquel lieu le Roy et sa puissance estoient en bataille à l'encontre des gens de mondit seigneur, ordonna que tous les coffres et tonneaux de son artillerie feussent ouvers, et que tous ceulx de son armée preisserit de ladite artillerie autant que besoing seroit, auquel jour mondit seigneur obtint ladite bataille et demoura victorieux; et fut ledict Roy et ses gens mis en fuicte, et pour ledict jour a esté deppensé par les archers d'icelle armée dix-huit coffres plains d'arcs, où avoit: dix-huit cens arcs à main; item, feurent deffoncez cedit jour seize tonneaux de flesches, en-chascun desquelz povoit avoir environ deux cens douzaines de flesches qui furent tous despensez; pour ce icy: trois mil deux cens XII aines de flesches; et si fu deffonsé une queue de Beaune et un poinçon plains de cordes d'arcs à main, où povoit avoir, assavoir en la queue cinq cens douzaines et ou poinçon deux-cens douzaines de cordes pour ce icy: sept cens douzaines .
Distribution de viretons ferrés ou traits pour les arbalétriers appelés crènequiniers . Total: 1.900. Distribution de maillets de plomb : 885.
Distribution d'artillerie :
• 2 serpentines de fer et 8 de métal (bronze),
• 28 coulevrines de fer,
• 124 pavois (sorte de blindage en forme de bouclier destiné à mettre à l'abri les canonniers et les pionniers),
• 16 leviers de fer, répartis ainsi à Maillard de Le Lentille, écuyer, commis à la garde des ponts Sainte-Maxence, délivré le 30 juin 1465, pour la garde desdits ponts, deux serpentines de métal d'une sorte (de même calibre), garnies de leurs roues et aoûts, pesant environ 250 livres pièce, « lesquelles ont été perdues audit lieu après la journée de Montlhéry; à Oste de Le Motte, le 14 juillet 1465, pour la plaice du pont de Saint-Cloud »,
• 6 coulevrines de fer qui y furent perdues le 16 juillet, à la journée de Montlhéry, «furent rompues à tirer sept autres serpentines de métail de pareille sorte que celles cy-dessus, dont il y eut pluseurs piècesf perdues « a esté desrobé devant Conflans une serpentine de pareille sorte »; délivré, le 24 août, au marquis de Rothelin,
• 10 coulovrines de fer,
• 6 autres coulevrines de fer ont été rompues pendant la campagne.
Si nous rapprochons des chiffres que nous donne le document que nous venons d'analyser, celui des tués et des blessés de l'armée française à la bataille de Montlhéry, fourni par Comines, on voit que pour tuer environ 800 hommes, en blesser 2.000 et obtenir un succès douteux, on peut même dire nul au point de vue stratégique, puisque le comte de Charolais n'empêcha pas Louis XI de pénétrer dans Paris ce qui était pourtant le but qu'il se proposait, l'armée bourguignonne employa à la journée du 16 juillet 1465 :
• 5 caques de poudre pour les serpentines et ribaùdequins et 1 caque, les 17 et 18, lors des escarmouches qui eurent lieu devant le château de Montlhéry,
• 1.500 livres de plommets ou petits boulets de plomb le 16 et 100 les 17 et 18 juillet,
• 223 fûts et fers de lance,
• 154 vouges,
• 360 piques ferrées,
• 1.800 arcs à main,
• 3.200 douzaines de flèches avec 700 douzaines de cordes d'arc,
• sept serpentines de bronze éclatèrent ou furent rompues pendant la bataille.
Il est facile, d'après ces indications, de se rendre compte de l'importance du rôle joué alors par les archers à la guerre . Les sept à huit mille archers bourguignons lancèrent pendant la journée du 16 juillet, 38.400 flèches, soit une moyenne de 5 flèches chacun. Si les archers français les imitèrent, ce qui paraît assez vraisemblable, le soleil, comme aux Thermopyles, dut un instant être obscurci par les traits se croisant en l'air. D'ailleurs Comines, qui avait assisté à la bataille de Montlhéry, fait à ce propos la réflexion caractéristique suivante « combien que mon advis est que la souveraine chose du monde, pour les batailles, sont les archiers mais qu'ilz soient par miliers (car en petit nombre ne valent riens) et que ce soient gens mal montez, à ce qu'ilz n'ayent point de regret à perdre leurs chevaulx, ou que tous poinctz n'en ayent point; et vallent mieulx, pour vray un jour en cest office, ceulx qui ne virrent riens que les bien exercitez » [Mémoires, édit. de Chantelauze, p. 23]. Quant à l'artillerie, son rôle en rase campagne était encore, au milieu du XVe siècle, assez peu important puisqu'il ne fut lancé par les 32 serpentines ou coulevrines qui prirent part à la bataille de Montlhéry que la quantité de 1.500 livres de plommets ou boulets de plomb.
Inventaire du receveur d'artillerie
« Senaievent les parties d'artillerye que Guillaume Bourgois, receveur de l'artillerie de monseigneur le duc de Bourgoigne, a délivrées au commandement de monseigneur le conte de Charrolois, filz de mondit seigneur et son lieutenant général, et du sceu et ordonnance de monseigneur de Moreul, maistre de ladicte artillerie, depuis le vint-denxiesme jour du mois de may l'an mil quatre cens soixante-cinq, que lors mondit seigneur fist partir ladicte artillerie de la ville de Lille pour mener avec lui ès voiages par lui faiz en armes oudit an LXV ès royaulme de France et pays de Liège, jusques au vint-septiesme jour de janvier ensuivant oudit an que ladicte artitterie fut chargée sur l'eaue en la ville de Louvain pour la ramener audit lieu de Lille; et desquelles parties d'artillerie ainsi distribuées et despensées par l'ordonnance dessus dicte durant lesdits voiages, la declairacion est cy aprez mise par ordre selon les jours que la distribucion en a esté faicte par ledit receveur de l'artillerye ».
Distribucion et despense de pouldre de canon faicte à pluseurs fois et en divers jours durant l'armée dessusdicte. Item, le sexième jour d'icellui mois de juillet oudit an LXV, que mondit seigneur de Charrolois ot la bataille à l'encontre du Roi de France et sa puissance; fut despencé pour ledit jour en get de serpentines, et, ribaudequins…… cinq caques de pouldre. Item, les mercredi et jeudi dix-sept et dix-huitiesme jours dudit mois de juillet, a esté despencé en gettant de serpentines et autres engiens, contre ceulx de la garnison de Mont-le-Héry…… ung caque de pouldre. A esté despensé treize cens cincquante neuf pierres.
Despense de ploncq pour serpentines faicte durant ledit voiaige en la manière qui s'ensuit : assavoir le sexième jour de juillet oudit an LXV, a esté despensé à la bataille qui fut ledit jour à Mont-le-Héry, ainsi que cy dessus est dit, pour les serpentines qui tirèrent, pour ledit jour, environ….. quinze cens libvrez (de) ploncq. Item, les dix-sept et dix-huitiesme jours dudit mois de juillet, a esté despensé aux escarmuches qui se feirent à l'encontre de ceulx de la plaice dudit lieu de Mont-le-Héry, environ….. cent libvrez de ploncq. Item, le jour dudit mois, a esté despensé à tirer les serpentines de l'artillerie de mondit seigneur environ deux cens cinquante libvrez dudit ploncq, lesquelles icellui seigneur fist lors tirer par deux fois quant messeigneurs de Berry et de Bretaigne vindrent veoir ladicte artitterie. Pour ce yci, despensé…….. deux cens cinquante libvrez de ploncq.
Aultre distribucion de fustz et fers de lanches faicte durant ladicte armée en la manière qui s'ensuit. A pluseurs hommes d'armes de l'armée de mondit seigneur de Charrolois, le sexième jour dudit mois de juillet, à la bataille que mondit seigneur eult ce jour contre le Roy et sa puissance…… soixante seize fustz de lances. Et soixante seize fer.
Autre distribucion de vouges faicte par l'ordonnance de mondit seigneur de Charrolois durant ladicte armée, aux personnes et ès jours qui s'ensievent. A plusieurs hommes d'armes, archiers et autres gens de l'armée de mondit seigneur qui le sexième jour de juillet oudit an LXV avoient rompu leurs lances et autres bastons à la bataille qui fut ledit jour lez Mont-le-Héry, a esté délivré cedit jour par l'ordonnance que dessus……… sept-vins-quatrevouges. A monseigneur de Contay, maistre d'ostel de mondit seigneur de Charrolois, le dix-septiesme jour dudit mois de juillet…… deux vouges. A huit archiers de corps de mondit seigneur de Charrolois, lesquelz avoient perduz leurs bastons à ladicte bataille de Mont-le-Héry, fut délivré le vintiesme jour dudit mois de juillet, à chaseun ung vouge Pour ce…… huit vouges. A monseigneur l'arcediacre d'Avalon, cedit jour……. ung vouge.
Aultre distribucion de picques ferrées. Assavoir, le séxieme jour du mois de juillet oudit an mil CCCC soixante cinq, qui fut le jour de la bataille que mondit seigneur de Charrolois ot encontre le Roy et sa puissance, laquelle mondit seigneur obtint par la grâce de Dieu, fut prins par pluseurs compaignons de ladicte armée sur les chariotz de ladicte artillerie, pour la deffense de leurs corps, le nombre de…… trois cens soixante piques ferrées.
Aultre distribucion faicte durant l'armée dessusdicte d'arcs, flesches et cordes, par le commandement de mondit seigneur en la manière qui s'ensuit. Item, le sexième jour dudit mois de juillet, oudit an LXV, mondit seigneur de Charrolois arrivé auprez de Mont-le-Héry. auquel lieu le Roy et sa puissance estoient en bataille à l'encontre des gens de mondit seigneur, ordonna que tous les coffres et tonneaux de son artillerie feussent ouvers et que tous ceulx de son armée preissent de ladicte artillerie autant que besoing seroit; auquel jour mondit seigneur obtint ladicte bataille et demoura victorieux et fut ledit Roy et ses gens mis en fuicte et pour ledit jour a esté despensé par les archiers d'icelle armée dix-huit coffres plains d'arcs ou avoit…… dix-huit cens arcs à main. Item, furent deffonsez cedit jour seize tonneaulx de flesches en chascun desquelz povoit avoir environ deux cens douzaines de flesches qui furent tous despensez. Pour ce y ci……. trois mil deux cens XII es (de) flesches. Et si fu deffonsé une queue de Beaune et ung poinçon plains de cordes d'arcs à main ou povoit avoir assavoir, en la queue cinq cens douzaines et ou poinçon deux cens douzaines de cordes. Pour ce yci……. sept cens douzaines de cordes.
Autre distribucion de maillets de ploncq faicte durant le temps de ladicte armée, en la manière cy-aprez déctairée. A huit vins dix pyonniers estans ou service de mondit seigneur de Charrolois qui leur fut délivré à Rosey, par l'ordonnance de monseigneur de Moreul, maistre de ladicte artillerie, pour la deffense du charroy d'icelle, à chascun ung maillet de ploncq. Pour ce. huit vins-dix mailletz. Item, le sexième jour de juillet, oudit an LXV, qui fut le jour de la bataille que mondit seigneur ot contre le Roy de France et sa puissance au lieu de Mont-le-Héry, fut distribué à pluseurs gens de guerre de l'armée de mondit seigneur de Charrolois, archiers et autres et meismement aux charretons d'icelle armée, le nombre de…… (blanc).
Autre distribucion de picqs, hoiaux, cuigniés, louchetz et sarpes faicte ladicte armée. Autre distribucion d'artillerie, par l'ordonnance que dfssus, faicte en la manièrequis'ensuit. Primo, à Maillart de le Lentille, escuier, commis à la garde de Ponts Sainte Maxence, qui lui fut délivré le dernier jour de juing oudit an LXV, par l'ordonnance de mondit seigneur, pour la garde et deffense dudit lieu, deux serpentines de métail, toutes d'une sorte, garnies de leurs roes et affustz, pesans environ deux cens cinquante libvrez la pièce; lesquelles ont esté perdues audit lieu aprez la journée de Mont-le-Héry. Pour ce…. deux serpentines et les affustz. A lui, ledit jour, par l'ordonnance que dessus…….. six culevrines de fer. A Oste de le Motte, le quatorzième jonr de juillet oudit an LXV, pour la plaice du Pont Saint-Clou; par l'ordonnance que dessus, six culevrines de fer qui furent perdues. Pour ce….. six culevrines de fer. Item, à la journée de Mont-le-Héry, qui fut le XVIe jour dudit mois de juillet, furent rompues à tirer sept autres serpentines de métail de pareille sorte que celles cy dessus, dont il y ot pluseurs pièces perdues. Pour ce……sept serpentinesde métail.
Waleran de Soissons, seigneur de Moreul et de Mareul, chevalier, conseillier et chambellam de monseigneur le duc de Bourgoigne et maistre de son artillerye, certiffions à tous appertendra que, par l'ordonnance et exprez commandement de monseigneur le conte de Charrolois, filz de mondit seigneur le Duc et son lieutenant général et de nostre sceu et consentement, toutes les parties d'artillerie cy dessus….. l'an mil quatre cens soixante cinq.
Pendant les trois journées (16, 17 et 18 juillet) de Montlhéry, l'armée bourguignonne utilisa massivement l'artillerie pour la première fois. Sept serpentines de bronze éclatèrent pendant la bataille. Quoi qu'il en soit, cette bataille fut la seule importante de la campagne menée par la Ligue du Bien Public. Le comte de Charolais, après avoir fait sa jonction avec l'armée du duc de Bretagne, vint repasser la Seine à Moret et camper à Charenton, menaçant Paris. Mais il n'y eut là que des escarmouches sans conséquence entre, ses troupes et celles du Roi. Bientôt des négociations furent entamées. Elles aboutirent d'abord à une trêve conclue le 1er octobre, puis au traité de Conflans. Le comte avait hâte de rotourner dans les Pays-Bas pour mettre fin à la révolte des Liégeois.
Citons Commynes en guise de conclusion : « De prisonniers bons, les gens du royen eussent des meilleurs de ceulx qui fuyoient. Des deux partyes y mourut deux mille hommes du moins, et fut la chose bien combattue, et se trouva des deux costéz des gens de bien et de bien lasches. Mais ce fut grand-chose, à mon advis, de se rallier sur le champ et estre trois ou quatre heures en cest estat, l'un devant l'autre. Et devoyent bien estimer les deuc princes… Ung de noste costé perdit auctorité et, privé de la présence de son maistre, ung moys après eut plus d'auctorité que devant… ».
Notes
(1) Les opérations militaires se déroulèrent depuis Châtres (Arpajon) jusqu'à Épinay-sur-Orge. Les premières escarmouches eurent lieu sur le plateau, à l'ouest de la basilique de Lonpont alors que l'affontement principal eut lieu dans le vallon du Mort-Rû au nord de Longpont.
(2) P. de Commynes, Mémoires , éd. par J. Calmette (Les Belles Lettres, Paris, 10981) p. 19.
(3) J. Finot, L'artillerie bourguignonne à la bataille de Montlhéry (Impr. L. Daniel, Lille, 1896).
(4) Louis 1er de Luxembourg (1418-1475), connu sous le nom de comte de Saint-Pol, fut à la fois vassal de Louis XI et du duc de Bourgogne et exerça les plus hautes fonctions militaires. Commandant l'avant-garde de l'armée bouguignonne ; c'est sa fougue et son manque de tactique qui provoqua la bataille de Montlhéry. Il devint connétable de France par le traité de Conflans (5 octobre 1465). Il fut condamné à mort pour haute trahison par le Parlement de Paris le 19 décembre 1475 et décapité le même jour.