La seigneurie du Plessis-Pâté (description par Nicolas le Dure)
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Chronique du Vieux Marcoussy ------------------------------ _---------------------- --------- Septembre 2010 Extrait du plan cadastral napoléonien du Plessis-Pâté montrant l'enclos primitif "plaxaticium" c'est-à-dire « le Clos » entouré d'une haie, ou "Plessis" .JP. Dagnot C. Julien
Cette chronique évoque un « Historique de la seigneurie du Plessis et des fiefs en dépendants » qui fut rédigée par Nicolas le Dure, commissaire aux droits féodaux (*), qui avait la charge des intérêts de Madame la comtesse d'Esclignac, propriétaire des seigneuries du Plessis-Pâté, de Marcoussis et des nombreux fiefs associés (**).
Les papiers terriers Les décennies précédant la Révolution virent tous les seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques occupés à refaire leurs terriers, non seulement pour réajuster les bases des redevances seigneuriales mais aussi pour résoudre les conflits entre propriétaires de fiefs. Les seigneurs de la région de Montlhéry étaient plus particulièrement concernés par la transaction entre le roi et Philippe de Noailles qui envisageait de former un duché dans le sud parisien. À ce propos, nous reproduisons la conclusion du feudiste qui rédigea les terriers de la comtesse d'Esclignac, dame de Marcoussis et du Plessis-Pâté. « Les avantages que Madame d'Esclignac venoit de retirer de la rénovation du terrier de la châtellenie de Marcoussis dont elle est aussi propriétaire, l'engagement à faire renouveler celui du Plessis et dépendances. Le même commissaire qui avoit été chargé de l'opération de Marcoussis le fut encore de celle du Plessis. Ce terrier fut renouvellé en trois années. Les actes ont été passés devant maître Brichard, notaire à Paris pendant les années 1784, 1785 et 1786 ». « Les fruits principaux de cette opération sont recueillis dans les transactions faites avec le seigneur de Sainte-Geneviève et surtout avec celui de Brétigny. Des procès qui duroient de temps immémorial ont été terminés. Les droits épars et méconnus de la terre ont été éclairés et rangés à la bienséance de l'habitation. La terre du Plessis ainsi que celle de Bondoufle étoient ouvertes de toutes parts aux usurpations. Les bornages exécutés contradictoirement, faux procès avec tous les seigneurs riverains assurent une possession aussi utile et agréable que tranquille à l'avenir ». Ainsi le terrier de Marcoussis fut confectionné en 1780-1784, notaires et géomètres furent employés à transcrire tous les titres anciens, à dresser un plan cadastral des seigneuries et à borner les fiefs afin d'éviter les « usurpation des seigneurs riverains ». Ce fut ensuite celui du Plessis-Pâté, dressé par le même feudiste et qui fut terminé en 1786.
Le chef-lieu de la seigneurie Le Plessis situé à six lieues de Paris, au sud de cette capitale, dans la vaste plaine qui s'étend depuis Corbeil jusqu'à la rivière d'Orge, à gauche du grand chemin de Paris à Orléans, duquel chemin il est éloigné d'environ une lieue et demie. Le château est bâti à l'occident du village, c'est un édifice fort simple composé d'un grand corps de logis à deux étages et de deux ailes en retour d'équerre sur la cour, dont l'une à gauche est aussi de deux étages et est couverte en ardoise comme le grand corps de logis, et l'autre n'est qu'un étage et est couverte en thuile. Le parc, au nord du château peut passer pour un des plus beaux et des plus agréables des environs de Paris, tant à cause de ses belles futaies, de ses percées que de ses diverses distributions. Au nord, à l'orient et au midi du village, la vüe n'étant bornée par aucun obstacle, s'étend jusqu'aux extrémités de l'horizon, sur la plaine qui, dans cet espace, présente tout ce que la nature a de plus utile. À l'occident du côté de Montlhéry, la vüe plus bornée et non moins agréable, offre un tableau varié terminé par l'éminence sur laquelle est bâtie la fameuse tour qui faisoit anciennement partie du château de Montlhéry. La principale richesse du pays consiste en grains de toute espèce qui, par la fécondité du sol et l'industrie des habitants, viennent en abondance dans la plaine.
L'origine de la seigneurie Il est difficile de remonter jusqu'à l'origine de cette terre. Les titres les plus anciens qui soient aux archives, ne sont que du XIVe siècle. Cependant à cette époque, elle étoit déjà ancienne. Dans les registres de Philippe Auguste contenant le nom des seigneurs qui étoient obligés à la garde du château de Montlhéry, à cause des terres qu'ils tenoient du roi, il est parlé d'un nommé Araudus, chevalier du Plessis, qui étoit tenu de garder pendant deux mois le château de Montlhéry à cause d'un fief sis à La Ferté-Alais « Arraudus de Plesseïo est homo ligius Regis, et debet custodiam duorum mensium ad Montem Lehericum, et propter illiam custodiant tenet Viller qui est ad calceiam de Ferritate ». Ce même chevalier fut nommé comme témoin dans un acte du prieuré de Longpont, vers l'an 1136, ce qui prouve qu'il étoit seigneur d'un Plessis voisin de ce monastère, et ce lieu ne peut être que le Plessis-Pâté, n'y ayant pas d'autre lieu de ce nom, voisin de Longpont. Le nom du Plessis commun à tant de lieux, vient, dit M. l'abbé Lebeuf, de ce que ces lieux étoient originairement des clos cultivés et entourés de branches d'arbres pliées et unies ensemble pour empêcher les bêtes fauves d'y venir causer du dégât. On nomma un lieu ainsi entouré « plexitium », d'où on forma Plessis (1). Le nombre de lieux qui portent ce nom étant considérable, il a fallu les distinguer les uns des autres soit en ajoutant le nom des plus anciens seigneurs connus ou des familles illustres qui les avoient possédés, soit encore en tirant cette distinction des endroits remarquables qu'ils avoisinoient. Celui dont je vais parler a d'abord été surnommé Pâté du nom d'une ancienne famille qui l'a possédé, ensuite il a successivement pris les noms d'Argouges et de Sebbeville, à cause de MM. d'Argouges et de Sebbeville qui en ont été postérieurement propriétaires et le nom de Sebbeville qui est le moins ancien est celui sous lequel il est plus universellement connu dans ses environs. La seigneurie du Plessis fut érigée en baronnie en faveur de M. Geoffroy de Laigues, alors propriétaire de cette terre, par les lettres patentes accordées par le Roi en (blanc)… La seigneurie du Plessis relève immédiatement de celle de Sucy-en-Brie autrement dit Villeneuve. Elle consiste en un château bâti à la moderne, un parc superbe contenant 91 arpents, avant-cour, cour d'honneur, basse-cour, jardin potager de 10 arpents 76 perches, 1013 arpents 55 perches de terre labourable en domaine utile formant deux fermes connues sous le nom de ferme Seigneuriale et ferme de la Justice, et faisant partie de deux autres fermes nommées la ferme des Bordes-Pied-de-Fer et la petite ferme de Bondoufle; 289 arpents 27 perches de bois taillis y compris la remise, 10 arpents de pré, en 169 livres 6 sols 2 deniers obole de pièces en argent et 21 chapons 5/8e de chapon, 17 poules ¼, 114 boisseaux de bled froment et 23 boisseaux 1/5e d'avoine en nature, le tout de cens et rente portant lods et ventes, défauts, saisines et amendes et payables les jours Saint Rémi et Saint Martin, droits de haute, moyenne et basse justice érigée en bailliage dont les appels ressortissent pour le criminel au Parlement et pour le civil… Lesquels droits de justice s'étendent sur la totalité de la seigneurie du Plessis, et la haute justice seulement s'étend encore au-delà de la paroisse sur le hameau et terroir de Bressonvilliers, et du côté opposé sur partie du hameau de Liers et la partie du terroir de Liers avoisinant le hameau entre Liers et le Plessis. Droit de patronage et de présentation à la cure, droits de chasse, droits d'échanges et autres droits et devoirs seigneuriaux et féodaux. De cette seigneurie du Plessis sont mouvant immédiatement sept seigneuries et fiefs, savoir le fief de Fretay annexé à la châtellenie de Marcoussis, le fief de la Grande Maison noble de Ballainvilliers, Orgeval, La Grange feu Louis, Lunezy, Launaiy et les Renouillers. Les fiefs des Bordes-Pied-de-Fer, de Lorme, du Clos Margot et de Saint-Philibert de Brétigny étoient autrefois mouvants de ladite seigneurie du Plessis ; mais les trois premiers ont été réunis à cette terre en différents termes, comme on le verra ci-après, et la mouvance de la dernière a été cédée au seigneur de Brétigny par la transaction de 1785. Cette seigneurie du Plessis est limitée au nord par les seigneuries de Fleury et Sainte-Geneviève, à l'orient par les seigneuries de Bondoufle et Verlegrand, au midi par ladite seigneurie de Verlegrand et par celle de Leudeville, et au couchant par les seigneuries de Saint-Michel et Brétigny. À cette seigneurie sont réunis ou annexés les fiefs de la Motte de Montlhéry, qui détenus immémorial sont possédés par les seigneurs du Plessis, les fiefs de la Motte de Montpipault, des Bordes-Pied-de-Fer, Bordes hachées de Lorme, du Clos Margot, la seigneurie de Bondoufle et le fief de La Cocatrix, de tous lesquels objets, il ne sera parlé qu'à l'époque de leur entrée dans la main des seigneurs du Plessis.
Les temps anciens Le plus ancien seigneur du Plessis connu par les anciens titres de cette seigneurie est Jean Paté, homme célèbre dit l'abbé Lebeuf dans son histoire du diocèse de Paris, tome 11, page 3, élevé dans le clergé de Chartres dont il devint doyen en 1320 étant déjà archidiacre de Thiérarche au diocèse de Laon, puis élevé sur le siège épiscopal d'Arras en 1326, et transféré deux ans après sur celui de Chartres où il mourut en 1331. Ce même Jean Pâté obtint du roi Philippe le Long des lettres patentes datées du mois d'octobre 1317, portant concession et donation de la haute justice tant pour lui que pour ses successeurs seigneurs du Plessis sur le village du Plessis et sur les hameaux de Liers, Charcoix et Bressonvilliers voisins du Plessis, et sur les territoires et appartenances d'iceux, pour en jouir aux mêmes conditions et charges seulement qu'il jouissoit de la Motte de Montlhéry, c'est-à-dire de la foi, aveu et charges féodales ordinaires. On voit par ces lettres que dès ce temps là le fief de la Motte de Montlhéry étoit annexé à la seigneurie du Plessis ; il est toujours demeuré depuis en la possession des seigneurs de ce lieu. Ce fief consiste en une butte ou motte de terre qui en est le chef-lieu, sise près les murs de Montlhéry, et qui servoit autrefois à couvrir la barrière du château de cette ville, et en 1 livre 3 sols obole de cens à prendre chacun an le jour de Saint-Martin d'hiver sur 3 arpents 59 perches de terre et vignes sises près la dite butte, il est mouvant du Roi à cause de sa tour de Montlhéry. À Jean Pâté succéda Louis Pâté qui réunit à sa seigneurie un arpent de terre sis au terroir du Plessis au moyen du déguerpissement fait à son profit par Jean de Beaune et Jeanne Huette sa femme le 10 juillet 1390 (2). Après la mort de Louis Pâté, Marie Pâté (3) sa fille unique hérita de cette terre que du fief de la Motte de Montlhéry ; elle fut mariée à Jean Bastien de Maisières, dit Jubin, dont elle resta veuve. Il y a apparence qu'elle n'eut point d'enfants de ce mariage, car par acte passé devant Bernard Miette et son confrère, notaires à Paris, le 17 septembre 1439, elle fit dont de la terre du Plessis et du fief de la Motte de Montlhéry, ainsi que tous ses autres biens, à Rogerin Blosset, à la charge par ledit sieur Blosset d'acquitter 220 livres tournois de rente annuelle et perpétuelle dont ladite donatrice étoit chargée, plus de la nourrir, entretenir, loger, chauffer et sa vie durant, et outre moyennant 120 livres payées comptant à la dite demoiselle Pâté pour être par elle employées à l'acquit des dettes provenant de son chef. Le 23 janvier 1462 Rogerin Blosset fit faire la chevauchée et circonscription de la haute justice du Plessis en présence du procureur du Roi de Montlhéry, du prieur de Longpont et autres personnes au nombre de 59, sur une requête à lui présentée à Louis Onze. Il obtint de ce roi des lettres patentes datées du 5 novembre 1462, portant permission de rétablir dans l'étendue de la haute justice du Plessis les fourches patibulaires à trois piliers. Rogerin Blosset laissa en mourant la seigneurie du Plessis à Charles Blosset son fils qui rendit foi et hommage à cause de la dite terre du Plessis le 29 octobre 1472 au seigneur de Sucy. Jean Blosset fils et successeur de Charles, acquis le 10 mai 1481 le fief de Montpipault, ses appartenances et dépendances, sis au terroir du Plessis de Messire Christophe Fourquault. Lequel fief de Montpipault consiste en un arpent de terre en domaine utile formant chef-lieu, et en 5 livres 5 sols 1 denier et un cinquième de poule de censive à prendre sur 100 arpents ou environ de terre labourable. Il relève immédiatement de la tour de Montlhéry. Ce fief est limité au nord par le bois des Roches dépendant de la seigneurie du Plessis, au midi par la seigneurie du Plessis, à l'orient par la seigneurie de Sainte-Geneviève et à l'occident par la seigneurie de Saint-Michel et par le fief de La Tremblaye (4). De ce fief sont mouvants deux fiefs, l'un appelé le Perray possédé pour les deux tiers par M. Berthier, seigneur de Sainte-Geneviève, et pour un tiers par M. le Bailli de Crussol, seigneur de la Gilquinière, et l'autre fief relevant de Montpipault est le fief des Cochets près le Plessis.
La seigneurie du Plessis au XVIe siècle Ce même Jean Blosset fit encore l'acquisition le 1er janvier 1499 de 7 sols parisis de censives à prendre sur sept arpents de terre au terroir du Plessis avec droits de justice sur lesdits sept arpents de Robert de Guillerville et demoiselle Gay sa femme. Jean Blosset, deuxième du nom, succéda à son père dans la propriété de la terre du Plessis et des fiefs de la Motte de Montlhéry et de Montpipault comme héritier par bénéfice d'inventaire. Depuis cette époque jusqu'en 1588 la terre d Plessis fut possédée par des seigneurs nommés Jean Blosset. Comme je n'ai aucun titre qui fasse mention de leur nom et que la perte de temps est trop considérable pour laisser croire que ce fut toujours le même seigneur, je me contenterai de rapporter dans leur ordre chronologique les différents changements arrivés à la terre du Plessis et à ses annexes depuis ce temps jusqu'au 1er octobre 1588, et je prendrai alors l'ordre de leur succession. Au moyen d'un échange qui se fit le 2 décembre 1564 entre le seigneur du Plessis et le fondé de la procuration de dame Antoinette de la Cerisaye, veuve de Messire François Olivier, seigneur de Leuville, tutrice de ses enfants mineurs. Le premier réuni à sa terre du Plessis 106 arpents 18 perches de bois taillis en deux pièces sises au lieu-dit les taillis des Roches, et 62 arpents de terre an quatre pièces, le tout situé au terroir du Plessis et étant de sa censive, et céda en contre partie 260 livres tournois de rente en deux parties. Le seigneur du Plessis acquit encore le 12 avril 1570 de Jean Rigault 40 arpents de terre en plusieurs pièces en divers chantiers au terroir de Charcoix et aux environs qu'il réunit à ladite seigneurie du Plessis. Le 12 décembre 1576, il se fit une transaction entre le seigneur du Plessis et les enfants et héritiers de Jean Lehoux, assistés de leur tuteur et curateur, par laquelle pour terminer le procès qui subsistoit entre eux sur la demande formée par le seigneur du Plessis en désistement de la part des héritiers Lehoux, de partie du fief de Montpipault dont ils s'étoient mis en possession en vertu d'une donation faite par Messire Jean Blosset père, au profit dudit Jean Lehoux, le 30 mars 1541, lesdits héritiers ont cédé, transporté tous les droits qu'ils pourroient prétendre dans ledit fief, à la charge par ledit seigneur de ne pouvoir exiger aucune restitution de fruits anciennement perçus, ni aucuns dommages et intérêts, et en outre moyennant la somme de 250 livres tournois qui leur a été payée comptant par ledit seigneur du Plessis. Le 16 novembre 1580, il y eut encore une autre transaction entre le seigneur du Plessis, d'une part, et les Religieux de Longpont d'autre part par laquelle lesdits Religieux ont cédé audit seigneur une maison, grange, bergerie, étable, cour, jardin et terres contenant la totalité 2 arpents et demi ou environ, 18 arpents de terre en une pièce au terroir du Plessis, derrière le bois du seigneur et toutes les censives et rentes foncières appartenantes auxdits Religieux et à prendre sur plusieurs héritages assis audit Plessis, Fontaine et autres villages étant des Parvisse, de Saint-Pierre et Saint-Philibert de Brétigny, dont la plus grande partie des censives a été cédée au seigneur de Brétigny par la transaction de 1785, ainsi qu'il sera dit ci-après. Et en contre-échange, ledit seigneur a cédé auxdits Religieux une maison, grange, étable couverte de chaume, avec 2 arpents et demi ou environ tant en cour, vignes, jardin que terres labourables près ladite maison sis au village de Charcoix, 18 arpents de terre en une pièce sis audit terroir de Charcoix vis-à-vis ladite maison et de l'autre côté de la rue, et 40 arpents de terre en deux pièces sis au même lieu, desquels 40 arpents les Religieux ont laissé jouir ledit seigneur du Plessis jusqu'à la récolte alors prochaine, seulement à la charge de leur payer pour ce 20 écus sols (5). Par cette transaction, il est encore stipulé que les parties jouiroient chacune à leur égard des héritages réciproquement cédés jusqu'au jour Saint-Martin d'hiver prochain, et que pour ce, ledit seigneur du Plessis payeroit encore auxdits Religieux une somme de 50 écus d'or sols. Le 11 mai 1584, il se fit un échange entre le seigneur du Plessis et messire Jean Olivier, seigneur de Leuville, par lequel ce dernier a cédé au seigneur du Plessis 20 arpents de terre en 3 pièces sises au terroir du Plessis et dépendantes de cette seigneurie, et en contre-échange le seigneur du Plessis lui a cédé 25 arpents de terre en une pièce à prendre dans un plus grande au terroir du Plessis, chantier du colombier, à la charge de tenir cette pièce en censive de ladite seigneurie du Plessis. Le dernier Jean Blosset, seigneur du Plessis fut conseiller d'Etat, capitaine de 100 hommes d'armes des ordonnances du roi et lieutenant général au gouvernement de Paris et de l'Île-de-France. Le 31 décembre 1578, il fut décoré de l'ordre du Saint Esprit par Henri III à la première promotion qui se fit lors de l'institution de cet Ordre. Il épousa en premières noces Anne de Berthevin laquelle mourut sans enfants en 1587, et en secondes noces à Marie de Rians, fille de Denis de Rians, président à mortier au parlement de Paris. Jean Blosset n'eut pas plus d'enfants de cette seconde femme que d'Anne de Saint-Berthevin sa première femme. Il mourut le 26 novembre 1592 et fut enterré en l'église de Saint-Pierre de Brétigny dans le caveau où étoit déposé le corps de la dame de Saint-Berthevin, sa première femme (6).
La seigneurie du Plessis au XVIIe siècle Dame Claude de Blosset, veuve de messire Louis de Montbron, héritière par bénéfice d'inventaire de messire Jean de Blosset, son frère, devint à ce titre propriétaire de la terre du Plessis et des fiefs de la Motte de Montlhéry et de Montpipault. Elle laissa en mourant cette terre et ces deux fiefs à messire Louis de Montbron, son fils. Par sentence des requêtes du Palis du dernier avril 1599, ce même Louis de Montbron fut condamné à continuer de payer aux prieur et religieux de Longpont 20 écus de rente foncière, ensemble huit années d'arrérages d'icelle. Un arrêt du Parlement du 22 décembre 1601 confirma cette sentence. Cette sentences condamnoit encore ledit sieur de Montbron à payer auxdits Religieux une autre rente de 5 muids et 2 septiers de grains, le 2/3 en bled et le 1/3 avoine, que ces Religieux prétendoient leur être due, mais l'arrêt du Parlement appointa les parties en droit à cet égard ; et par un autre arrêt du 24 juillet 1604, les parties furent mises hors de cour et de procès. Louis de Montbron mourut vers le commencement du XVIIe siècle, et laissa la terre du Plessis et ses dépendances à Jean de Montbron, comte de Fontaine, son fils qui l'augmenta beaucoup par les différentes acquisitions qu'il fit. Par différents échanges qu'il fit avec divers particuliers, il réunit à sa terre une maison et jardin sis au village du Plessis avec ses dépendances contenant en totalité 3 arpents, et 24 arpents 7 perches de terre en plusieurs pièces sis dans les Jardins dudit Plessis et dans les environs du village. Il acquit encore par échange le 25 juillet 1626, de Messire Jean Alleau, seigneur de Bondoufle et demoiselle Claude de Challou son épouse, la moitié de la terre de Bondoufle du côté de Montlhéry, relevant du seigneur de Marcilly en Corbeil, consistant en droits honorifiques et de patronage, droits de justice et censive, droits de péage, barrage, forage, vanage et autres droits seigneuriaux et féodaux.
Détail du plan d'intendance du Plessis-Sebbeville (XVIIIe s.) montrant le château.
Et il céda en contre-échange deux métairies sises au paire du Perche avec leurs dépendances et appartenances ; il s'obligea en outre de payer en l'acquit desdits sieur et dame Alleau, la somme de 4.000 livres tournois par eux due aux sieur et dame Berthelot, ci-devant seigneur de ladite moitié de Bondoufle, leurs vendeurs, et une pension viagère de 100 livres rachetable à la volonté dudit sieur de Montbron, moyennant 1.600 livres au sieur de Chailleau, père de la dame Alleau. En 1628, il acquit de Jacqueline Javotte, en son nom et comme procuratrice de Nicolas Lefevre son mari, une thuilerie sise à Saint-Michel ses appartenances et dépendances, un arpent de terre propre à faire de la thuile, dans lequel étoit un fourneau, halle et une loge et un arpent de terre près de ladite thuilerie, chantier de la Pierre-Laye, à la charge du cens envers les seigneurs dont relèvent lesdits héritages. Ce fut environ vers l'an 1639 que Jean de Montbron mourut et laissa la terre du Plessis et ses dépendances ainsi que la moitié de la seigneurie de Bondoufle à Charles de Montbron, comte de Fontaine, son fils, lequel ne fit augmentation. Ce Charles de Montbron garda la terre du Plessis jusqu'au 15 mars 1655 qu'il la vendit à Messire Geoffroy de Laigue, conseiller d'Etat, avec les fiefs en dépendant et la moitié de la seigneurie de Bondoufle, moyennant 34.000 livres tournois payables aux créanciers privilégiés de la succession de Jean de Montbron. Par le même acte, il vendit encore audit sieur de Laigue 20 arpents de pré ou environ, dépendances de la seigneurie du Plessis, moyennant 1.000 livres de rente au principal de 20.000 livres . Sur cette acquisition il fut poursuivi un décret au Châtelet de Paris à la requête de Messire Geoffroy de Laigue, lequel fut délivré sans opposition le 7 août 1658. Messire de Laigue acquit le 16 novembre 1655 de Messire Jean Louis de Faucon, seigneur de Ris et autres lieux, et de dame Bonne Royer son épouse, le fief de La Cocatrix sis à Bondoufle du côté de Corbeil. Lequel fief relève maintenant du Roi à cause de sa châtellenie de Corbeil (7) et consistant (blanc)…Il acquit encore le même acte le tiers de la seigneurie de Bondoufle du côté de Montlhéry, qu'il réunit à la moitié de la dite seigneurie par lui acquise conjointement avec celle du Plessis, et devint par ce moyen propriétaire des 5/6ème de cette seigneurie. Il s'éleva vers ce temps des contestations entre le seigneur du Plessis et le seigneur de Brétigny au sujet des censives qu'ils prétendoient l'un et l'autre avoir droit de percevoir sur divers héritages situés dans le territoire des deux seigneuries, ce qui donna lieu à un procès, mais au moyen des cessions réciproques qu'ils se firent par transaction du 9 mars 1660, le procès fut éteint sans que la source en ait été tarie ainsi que l'on verra par la suite. Ce fut M. de Laigues qui fit détruire l'ancien château du Plessis et fit édifier à sa place celui que l'on voit aujourd'hui. Il fit aussi planter un labyrinthe sur les dessins du célèbre Lenotre. Jusqu'alors le Plessis n'avoit été qu'un hameau dépendant de Brétigny ; mais par les soins de M. de Laigue, et en vertu d'une sentence du vicaire général de l'archevêque de Paris du 26 juillet 1657, il fut érigé une paroisse distincte et séparée de celle de Brétigny, sous le titre de la sainte Vierge Marie mère de Dieu, avec fonts baptismaux, cloches, clocher, presbytère et autres droits et prérogatives d'église paroissiale, à la charge par le curé et paroissiens de la nouvelle église de faire une procession en la nouvelle église de Brétigny le jour de Saint Pierre de chaque année, et de payer au curé dudit Brétigny 20 livres tournois de rente, et à l'œuvre 12 livres , et encore à la charge par le seigneur du Plessis d'assigner au nouveau curé et à ses successeurs 300 livres de rente perpétuelle en fond d'héritage et de fournir tous les meubles et ustensiles, ornements et autres choses nécessaires à la décoration et célébration du service divin, quoi faisant le seigneur du Plessis et ses successeurs auront droit de patronage et de présentation à ladite cure comme seigneurs du Plessis, fondateur et donateur. Laquelle paroisse s'étend sur le territoire du Plessis, Charcoix, les fermes de la Justice, de la Vatonne et des Bordes-Pied-de-Fer, sans néanmoins que le curé de Saint-Pierre de Brétigny et les autres décimateurs soient privés de leurs dîmes sur ce territoire. Les curés, marguilliers et habitants de cette paroisse de Saint-Pierre de Brétigny appelèrent comme d'abus de cette sentence d'érection ; mais par arrêt du Parlement du 14 février 1658, ils furent déboutés de leur opposition et l'exécution de la sentence fut ordonnée aux conditions ci-dessus. M. de Laigue vendit le 21 avril 1660 la terre du Plessis et ses dépendances avec le fief de la Cocatrix et les 5/6ème de la seigneurie de Bondoufle à Messire François d'Argouges, conseiller d'Etat et chancelier de la Reine lequel fit poursuivra un décret sur cette acquisition aux requêtes de l'hôtel du Roi, le 12 octobre 1662, lequel fut délivré faire opposition. Le 4 décembre 1666 M . d'Argouges acquit de M. Jean Machon les parties et portions qu'il avoit dans la seigneurie de Bondoufle relevant de Marcilly, avec tous les droits honorifiques et féodaux ; il acquit encore le 9 mars 1667, de Pierre Guérin et Marie Rochefort sa femme la part qu'il possédoit dans ladite seigneurie de Bondoufle avec tous les droits y attachés et devint par ce moyen propriétaire de la totalité de cette seigneurie ; ensuite à Gilles de L'Orme. Après sa mort les directeurs des créanciers de sa succession les vendirent le 30 mai 1667 à M. Pierre Hennequin, sieur de Chautal et à dame Antoinnette Taboulet son épouse par décret au Châtelet de Paris le 2 juillet 1692. M. François Luillier s'en rendit adjudicataire par le ministère de Jean-Baptiste Martin son oncle, et le 10 avril 1698, il les revendit à Messire François Lemaire lequel étant mort, dame Madeleine Muguet sa veuve les vendit à Messire Claude Dauvilliers, sieur d'Épinoy, après lequel ces fiefs furent vendus à Madame la comtesse de Sebbeville.
Madame la comtesse de Sebbeville Par sentence rendue le 5 août 1751 par les commissaires généraux députés par Sa Majesté pour juger en dernier ressort les contestations nées et à naître entre les héritiers bénéficiaires de feu César-Pierre Landais de Soisel et les créanciers et débiteurs de la succession de feu Alexis de Chateauvieux, il fut adjugé à Madame d'Esclignac, une maison sises au Plessis Sebbeville couverte de chaume contenant avec ses dépendances 3 quartiers, un espace de grange sis audit Plessis à prendre dans une grange de deux espaces située dans la cour de Charles Pottier et Jeanne Billard, et 10 arpents ou environ de terre en différentes pièces sises au terroir du Plessis. M. le comte d'Esclignac étant devenu propriétaire du Plessis par son mariage avec la comtesse de Sebbeville s'occupa de l'embellissement de cette terre. Il fit refaire le parc sur un nouveau dessin : il le rendit par sa distribution et la variété des objets qu'il renferme, l'un des plus agréables dans les environs de Paris. En 1770, il s'éleva des contestations entre Mr. et Mme d'Esclignac et Madame de Bréhant, dame de Launay Saint-Michel, au sujet d'un aveu et dénombrement de ladite seigneurie de Saint-Michel rendu par ladite dame de Bréhant, lequel aveu fut blâmé. Pour terminer les contestations, ils transigèrent ensemble le 3 mars 1775. Par cette transaction de dame de Bréhant reconnut que sa terre de Launay Saint-Michel ne formoit qu'une seule et même terre et relevoit en plein fief, foi et hommage du Plessis. Elle céda par ce même acte au seigneur du Plessis un arpent de terre au chantier des Bordes Cocherets, paroisse de Saint-Michel pour y établi à perpétuité la glèbe du fief de Montpipault perdue depuis longtemps avec la censive, directe seigneurie et chasse sur 100 arpents avoisinants ladite glèbe envers la ferme de la Nouë-Rousseau, pour former le fief de la Motte de Montpipault dont une grande partie de la directe étoit éparse en divers chantiers du territoire de Saint-Michel. Par cette transaction Madame de Bréhant céda à titre de percevoir dans l'Enclos et carrefour de Fresnes aux chantiers de la Marre Leteux, du Chêne à quatre oreilles, la Marre Charbonnée, la Marre aux Fèves près le clos du Plessis et au lieu-dit Liebles, ainsi que la totalité du fief de La Tremblaye sis en la paroisse de Saint-Michel, haute justice du Plessis, consistant en 2 arpents 25 perches de droiture et en la censive à raison de 15 deniers l'arpent sur 100 arpents au chantier de La Tremblaye, lequel fief est mouvant de la seigneurie de Launay. Et en contre échange, Madame la comtesse d'Esclignac a cédé à Mr de Juigné les droitures de censive et de seigneurie qu'elle avoit droit de prétendre sur le hameau de Rozières et les héritages l'avoisinant et sur la maison de La Garde et les héritages en dépendant et sur plusieurs maisons dans le village de Brétigny ; plus la mouvance féodale du fief de Rochebrune, de la maison presbytérale de Saint-Philibert de Brétigny et le droit qu'elle prétendoit sur d'autres fiefs non servis dans le territoire de Brétigny. Le seigneur de Brétigny a encore cédé à ladite dame comtesse d'Esclignac le droit de chasse sur 18 arpents 42 perches vers Rozières et en échange il lui a été cédé la chasse sur 50 arpents 50 perches avoisinants la maison de Fresnes.
Conclusion Cette note historique sera complétée dans une prochaine chronique par nos propres recherches. La fin du château mérite également un récit spécifique, sa destruction en dix ans montrant les effets de la Révolution sur de telles propriétés. Le fiefs de la Mothe de Montlhéry et de Montpipeau seront aussi traités dans un récit spécifique. Enfin suite aux fouilles réalisées par l'IMRAP sur un terrain destiné à la réalisation de 52 HLM, quelques notes montreront qu'un moulin à vent a existé au XVIe siècle au Plessis-Pâté et que les fondations de ce moulin sont uniques dans la région.
Notes (*) Sous l'Ancien régime des juristes étaient spécialisés dans le droit féodal et les droits seigneuriaux ; les feudistes , recrutés par les seigneurs, étaient chargés de la réfection des livres terriers (ou disait également les papiers terriers) lors des périodes de réaction seigneuriale et nobiliaire. Ce fut le cas dans les années 1780-1784 quand la comtesse d'Esclignac se fut vue contestée la haute justice dans ses fiefs par le duc de Noailles qui avait acquis le comté de Montlhéry par échange avec le roi et prétendait détenir la haute justice sur tous les fiefs du comté. (**) Comme nous en avons pris usage, le texte original est donné dans cette chronique.
Notes du feudiste (1) Ce mot n'a aucune analogie avec les verbes latins qui signiffient plier ; il auroit été mieux de dire « plicitum » comme étant le participe du verbe plico , plier : d'où on aurait pu former le nom de Plessis ; mais dans ces siècles reculés où l'ignorance dominoit, ceux qui étoient chargés du ministère public latinoient dans leurs actes les mots et les noms auxquels ils ne connaissoient point d'expressions latines, sans s'embarrasser d'où ils avoient pu originairement être formés. C'est ainsi que pour désigner un censitaire, un habitant de la campagne on a formé vilanus au lieu de villieus qui étoit en usage chez les Romains. (2) Suivant un aveu et dénombrement du fief de la Motte de Montlhéry rendu au Roi le 26 mai 1405, Marie La Pâté alors dame du Plessis, il paroit qu'il dépendoit de ce fief plusieurs censives sises en la ville de Corbeil, et notamment un jardin sis en ladite ville près le Saut Briard, et une maison sise en la même ville, où pendoit pour enseigne la Coquille. Ces deux articles paroissent être du fief mouvant de la Motte de Montlhéry. Le défaut de service et la part du temps ont fait perdre ces mouvants. (3) L'abbé Lebeuf qualifie cette Marie Pâté ou La Pâté de nièce de Jean. Il parle aussi d'une Jeanne qualifiée de dame du Plessis Pâté à peu près dans le même temps que Marie Lapaté en étoit propriétaire comme seule héritière de Louis Pâté son père, ainsi qu'il est mentionné dans un aveu et dénombrement de la seigneurie du Plessis rendu au seigneur de Sucy par Jean Bastien de Maisière dit Jubin, à cause de ladite Marie Pâté sa femme le 25 mai 1399… On trouve encore dans les archives des provisions du bailli du Plessis accordées par une dame Marguerite La Tremblaye aussi qualifiée de dame du Plessis le 13 janvier 1399, qutre mois avant l'époque de cet aveu du Plessis où Marie Lapaté en est déclarée propriétaire comme seule héritière de Louis Pâté ancien seigneur. (4) Ce fief consistoit autrefois en des censives éparses dans le territoire de Saint-Michel, dont une grande partie étoit située derrière le parc de Launay Saint Michel, mais au moyen de la transaction passée entres les seigneurs du Plessis et les seigneurs de Saint-Michel le 3 mars 1775, il fut fixé au chantier des Marres Yvon, de la Marre à Crapauds et des Bordes Hachées, ainsi qu'il existe aujourd'hui. (5) Quoiqu'il n'existe pas dans les archives du Plessis aucun titre qui prouve que cette redevance momentanée ait été convertie en une rente foncière et perpétuelle, cependant, il paroit vraisemblable qu'il y ait eu quelqu'acte entre les Religieux de Longpont et les seigneurs du Plessis qui a perpétué cette redevance, puisque ces derniers ont toujours joui de ces 40 arpents, et que le 22 décembre 1601 un arrêt de la cour de Parlement a confirmé une sentence des requêtes du Palis du 30 avril 1599, qui condamnoit messire de Montbron, seigneur du Plessis à continuer à payer au prieur de Longpont ladite rente de 20 écus, ensemble huit années d'arrérages d'icelle. Cette rente a toujours été payée depuis ce temps jusqu'à nos jours. (6) L'abbé Lebeuf rapporte dans son histoire du diocèse de Paris, qu'en 1710, c'est-à-dire 120 ans après la mort de cette dame, le sieur Ducarouge alors curé de Saint-Pierre de Brétigny, voulant inhumer le corps de Messire Charles Martel, comte de Fontaine-Martel, décédé seigneur de Brétigny, fit fouiller dans le chœur de l'église dans le dessein d'y pratiquer un caveau. Mais, comme on ignorait alors où étoit celui du sieur de Blosset et de ladite dame son épouse, il arriva qu'en travaillant à l'ouverture du premier on rencontra la voûte et l'entrée du second ; ce qui ayant excité la curiosité des ouvriers, ils y trouvèrent les deux cercueils de plomb du sieur de Blosset et de la dame de Saint-Berthevin sur lesquels étoient gravés leur nom et qualité. L'inscription de celui de la dame Blosset étoit connue en ces termes « Ci-git Anne de Saint-Berthevin, dame vertueuse de ce lieu, décédée l'an 1587 ». Ces ouvriers voulant ranger ces cercueils furent bien étonnés en les soulevant de trouver celui de la dame Blosset beaucoup plus lourd que l'autre. Le désir de découvrir la cause de cette différence de pesanteur les porta à les ouvrir tous deux. Ils ne trouvèrent dans celui du sieur de Blosset qu'un peu de cendres humides ; mais leur étonnement fut bien plus grand lorsqu'après l'ouverture de celui de la dame de Saint-Berthevin, ils trouvèrent son corps sain et entier. Sa peau avoit conservé toute sa fraîcheur et son incarnat ; un de ses bras qu'ils tirèrent hors du cercueil, fléchit aisément, enfin elle ne paraissoit que comme endormie. Le ruban qui lioit ses cheveux avoit aussi conservé sa couleur et n'étoit point gâté ; son linceul étoit un peu roux, mais il étoit propre et entier. Le bruit d'un évènement si extraordinaire s'étant répandu, il accourut une grande foule de peuple tant du lieu que des environs, pour être témoin de cette merveille. On tira le cercueil hors du caveau et l'on exposa le corps découvert dans l'église. Il resta dans cet état pendant trois jours ; mais on s'aperçut dès le second jour que la peau étoit devenue bise, le sieur Ducarouge qui s'étoit inutilement opposé à cette exhumation, donna avis de tout cela à Monseigneur le cardinal de Noailles alors archevêque de Paris, lequel ordonna aussitôt de remettre ce corps dans son cercueil et de le renfermer dans le caveau d'où on l'avoit tiré ; ce qui fut exécuté, et l'on plaça le cercueil du comte de Fontaine-Martel entre cette dame et son mari. (7) Ce fief relevoit anciennement de la seigneurie d'Yères, mais au moyen du désistement de Messire Louis Buzin, seigneur d'Yères en 1660 à la mouvance de ce fief et des lettres patentes accordées par Louis XIV le 8 octobre suivant, qui ratifie cette renonciation et qui ordonne que ce fief sera à l'avenir mouvant immédiatement de Sa Majesté. Il a depuis été mouvant du Roi à cause de sa châtellenie de Corbeil.
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