Jean Alexandre Pauquet de Villejust (3)

Chronique du Vieux Marcoussy ----------------------- ----------- _----------Ajout mars 2013- Février 2010

La famille de Jean Alexandre Pauquet .

JP. Dagnot

 

 

Cette chronique est le troisième volet de l'histoire de notre personnage. Elle a pour but de compléter l'histoire initiale du fameux Pauquet de Villejust. Egalement d'illustrer la philosophie d'acquisition de notre spécialiste de l'immobilier dans des lieux qui deviendront des quartiers chics de Paris et sa banlieue ouest. D'évaluer sa succession sur Paris, reconstituée partiellement en vue de connaître l'étendue de ses biens notamment sur la capitale. Enfin de montrer le partage entre ses héritiers collatéraux, puisqu'il n'a jamais eu d'enfant. À ce sujet, pour montrer, l'usurpation du titre de Villejust, Une généalogie de Thierry Pauquet est ajoutée à la fin de cette chronique.

 

 

Acquisitions sur Paris et alentours

Montrons quelques achats types, pour voir qu'il sélectionne une région bien définie Neuilly, Passy, Chaillot et notamment un secteur qui deviendra le XVIe arrondissement ...

En 1817, La famille Janot représentée par Madeleine Chabanne veuve Jean François Janot et Jacques Julin, pêcheur marinier, époux de Jeanne Janot, lesquels vendent à Jean Alexandre Pauquet:
- 410 m2, à Chaillot tenant au chemin de ronde de la clôture de Paris,
- 273 m2, à Passy lieudit la Roche proche le moulin Cheneau,
- 854 m2, à Passy lieudit chemin vert,
- 751 m2 à Passy lieudit la Biche, tenant à l'acquéreur,
La vente faite moyennant 545 frs.

En 1820, notre personnage accroît les biens venant de cette famille. Jean-Baptiste Muzard, palfrenier aux écuries du roi, place du Caroussel, et sa femme qu'il autorise Marguerite Janot qui demeurent à Chaillot, division des Champs-Elysées, vendent au nouveau chevalier de la légion d'honneur :
- 854 m2 à Passy lieudit la Biche
- 751 m2 à Passy lieudit la Biche,
représ
entant un quart tenant à l'acquéreur, les trois autre quarts appartenant audit Pauquet! de sorte qu'au moyen de la présente vente il se trouve propriétaire de la totalité des deux pièces. Ladite vente faite moyennant la somme de 100 frs!

La méthode à Paris comme à Villejust, consiste à définir une zone d'intérêt, puis de procéder à des achats financièrement intéressants, le facteur temps étant secondaire.

En 1825, un document fourni par un lecteur de nos chroniques, donne l'historique de deux lots de terre à Passy, cadastrés 871 et 872 vendus par Pauquet à un dénommé Dosne, moyennant la somme de 400.000 frs. Ces terres situées à Passy, font partie actuellement du XVIe arrondissement de Paris. C'est un exemple typique d'opération réalisé par notre spéculateur avisé et sa concubine devenue son épouse. Ces deux parcelles proviennent de la réunion de quatre portions achetées à diverses époques et contenant ensemble 2.730 m2. Les trois premières portions acquises par Denise Elizabeth Ponson, "veuve Pic de Horville" et son concubin, la quatrième pendant l'union du couple :
- 717 m2, échangés en 1821, par des acquisitions équivalentes de 1793,
- 683 m2, achetés par Pauquet en 1793,
- 649 m2, achetés par Ponson en 1787,
- 649 m2, achetés par Pauquet en 1815, à une veuve Bresseau, pour 2.740 frs.
Di
x ans après, la revente de l'ensemble se réalise avec un prix du m2 trente cinq fois supérieur à celui de 1815! Le personnage est vraiment très doué pour flairer les bonnes affaires.

 

 

Contexte de la succession

Notre personnage décède en octobre 1839, en sa demeure au 7 rue du 29 juillet. Reprenons les plans parisiens et le cadastre parisien qui nous montrent le rez-de-chaussée de sa dernière demeure. Connaissant notre personnage, il a eu vent qu'une rue nouvelle allait être créée. Il a donc acheté un emplacement vide jouxtant la nouvelle voie, puis réalisé une construction. C'est un petit immeuble représentant 240 m2 au sol avec cour intérieure de 60 m2. Apparemment ses appartements commencent au premier étage, le rez-de-chaussée est réservé aux communs.

Dernière maison de Pauquet à Paris

 

Ce lieu existe toujours mais vu la hauteur des plafonds de l'époque, il représente maintenant quatre niveaux au lieu des deux précédents!

Revenons à la succession, l'inventaire après décès du 24 octobre 1839 a disparu, il est donc nécessaire de recourir aux transcriptions d'hypothèques attachées aux transactions. Ledit Pauquet réside à Paris et à Villejust, il faut consulter sur Paris, Corbeil, et Versailles.

Actuellement seules les tables de Versailles sont accessibles, celles de Corbeil sont payantes malgré une origine supérieure à un siècle, quant à celles de Paris, les archives de la Seine sont en pourparler avec Meaux, lieu de détention, pour obtenir les tables d'accès.

La raison de la disparition de l'inventaire: ce dossier est un acte important et remarquable, une fiche mentionne à la date du compte de liquidation de la succession, que la minute est reliée et se trouve dans une vitrine du principal clerc de l'étude!
En outre et comme nous le verrons par la suite, cette succession est sans héritier direct. Le tribunal de la Seine, dont les archives ont été détruites par les communards, va piloter une succession complexe. Le jeu va consister à rassembler les documents indirects pour reconstituer le patrimoine de notre personnage.

Deux mois après son décès, du fait de l'importance des biens et du nombre important d'héritiers, une ordonnance du tribunal civil de première instance de la Seine, est rédigée pour obtenir la levée des scellées. Les pouvoirs sont conférés à Fabien, le notaire de la succession, pour la gestion & administration de cette dernière.

Le notaire va, dans un premier temps réunir les héritiers qui font tous partie des descendants de Jean-François Pauquet marchand de soye, père de Jean Alexandre.

 

 

Les héritiers

Des trois branches possibles, deux se font connaître. La branche exilée en Russie pourtant présente en 1787 ne s'est pas manifestée... Existe-t-elle encore?

1°) Branche Marie-Anne Pélagie Pauquet

Les personnes suivantes sont présentes:
- Antoine Benjamin Paix de Coeur, ancien officier, agit pour Madeleine Mulotin rentière, veuve Alexandre Paix de Coeur, demeurant à Rouen, pour 2/16
- Félix Mulotin, chef de bureau Ponts & Chaussées demeurant à Versailles, pour 2/16
- Jean Louis Mulotin, officier en retraite, à Versailles, pour 2/16
- Alexand
re Charles Vigot, propriétaire à Paris, représentant Aimable Mulotin demeurant à la Rivière-saint-Sauveur, pour 2/16.

2°) Branche Marie Geneviève Pauquet

Cette famille est représentée par:
- Alexandre Marc Bled, avocat, demeurant à Paris rue du coq Héron, en son nom et comme tuteur des enfants Saivre héritiers de leur mère décédée, Adrienne Bled. en son nom pour 2/16, les mineurs chacun pour 1/16,
- Jules Saivre ancien sous préfet, demeurant à Paris rue Notre Dame des Victoires,
- Henri Pottier, professeur de rhétorique au collège Charlemagne, et Laure Bouchet son épouse, demeurant à Paris rue saint Nicolas, pour 2/16,
- Augustine Bouch
et, épouse Bohain, séparée judiciairement, représentée par un clerc, pour 2/16.

 

 

Chronologie de la succession

A la mi-janvier, le greffier de Palaiseau, mandaté par le notaire de la succession, procède en la maison de campagne de Pauquet à Villejust, à la vente aux enchères de la coupede bois sur 12.500 m2 à Villejust, lieudit le Bois-Courtin. On retrouve sur place tous les héritiers présents, lesquels font procéder à l'adjudication.

Adjudication pour 1.540 frs à Claude Denis Cossonet marchand de bois à la Grange aux Cercles.

Début février, un extrait des minutes du greffe du tribunal de première instance du département de la Seine est très instructif. Il résume:
- la liste des héritiers ainsi que leur quote part,
- des valeurs de ducas, de rentes de Naples, d'actions industrielles, de rentes sur l'Etat et sur particuliers,
- des immeubles dont la liste suit:
1) le domaine de Villejust consistant en une ferme, logement de fermier, trois pavillons et terres prés bois sur les communes de Villejust & Orsay
2) un grand nombre de pièces de terre friche et bois situés aux territoires de Villejust Orsay et Villebon, à Saulx les chartreux, à Genevilliers, Treuilly,
3) plusieurs pièces de terre à Passy, Neuilly & Chaillot , canton de Neuilly, arrondissement de Saint Denis,
4) six maisons à Passy , arrondissement de Neuilly,
5) une maison aux Thernes,
6) deux maisons à Paris grande rue de Chaillot , quatre jardins à la suite,
7) plusieurs portions de terrains à Maillot dans Paris,
8) deux pièces de terre lieudit la Croix du Roule
9) une maison à Paris rue du 29 juillet (habitée par le défunt),
10) une maison à Neuilly dite le Pavillon, 4 avenue de Neuilly;
11) la régularisation de l'abandon fait par le défunt à la ville de Paris de 953 m2 livrés à la voie publique tant sur le chemin de ronde que sur la rue croix Boissière? à Chaillot, moyennant une indemnité de 5.719 frs.
Ces divers
es valeurs sont indivises entre les héritiers. Un agent de change procédera à la vente des ducats, rentes... Les biens mobiliers seront vus par des experts et pourront être attribués aux héritiers. Ils prépareront les lots et remettront leur dossier au tribunal pour préparer la vente par adjudication. Fabien est confirmé pour liquider la succession. Cet extrait a eu le mérite de connaître l'intégralité des biens du défunt.

La vie continue en février, on procède à l'adjudication d'une nouvelle coupe de bois:

C'est Hypolite Bessin, marchand de bois demeurant à Orsay qui est déclaré adjudicataire moyennant la somme de 6.350 frs.

Toujours en février les héritiers se partagent les rentes. En mars, le notaire insère une annonce dans la presse de Seine-et-Oise, pour louer la ferme de Villejust.

Vont alors commencer les ventes par adjudication des biens immobiliers du défunt. Fin août, le cahier des charges pour la vente des terres à Saulx-les-Chartreux est déposé chez un notaire de Longjumeau. Il s'agit de 18 pièces de terre à Saulx.

 

En fin d'année, la dernière série d'adjudication est publiée dans la presse:

En janvier, un rappel de des adjudications avec dates et mises à prix est de nouveau publié. Ces encarts ne concernent que la région géographique concernée, il manque pour nous les ventes sur Paris et Passy et Neuilly dépendant de l'arrondissement de Saint Denis.

En février, c'est la mise en adjudication des valeurs mobilières qui se réalise, il s'agit de ;
- six actions du théâtre du vaudeville, ancienne société, à liquider reste le terrain rue Saint-Thomas du Louvre formant l'emplacement de l'ancien théâtre; une maison rue st germain l'auxerrois; 4.613 frs de rentes;
- une action du journal politique la Quotidienne,
- treize de la banque générale assurance contre l'incendie dite du Soleil,
- quatre de la banque de prévoyance;
le tou
t fixé à 13.800 frs. La vente a lieu en mars et, mis à part l'action de la quotidienne, c'est l'héritière Madame Paix-de-Coeur qui achète l'ensemble.

Pour corser la succession, l'un des héritiers Aimable Mulotin décède en mars 1841 à Saint Sauveur (Calvados).

En mai, une transcription du cahier des charges approuvé par le tribunal de la Seine, le 16 décembre 1840, va nous rappeler les biens à vendre ainsi que leur mise à prix:

1°) Biens à Paris
- une mais
on à Paris, 7 rue du 29 juillet, mise à prix 220.000 frs
- une mai
son 85 rue de Chaillot, mise à prix 26.000 frs
- une maison, même rue n°89, mise à prix 2.000 frs, ces deux maisons formant deux lots qui pourront être réunis,
- un terrain à Paris lieudit les jardins, dépendant de la maison 85 rue de Chaillot, mise à prix 4.840frs,
- un terrain même lieu dit derrière les jardins, mise à prix 10.260 frs
- un terrain chemin du Roule allant à la barrière de Longchamps à celle des bassins, à l'angle de la rue de la Croix Boissière, anciennement ruelle des champs ou sente Boissière; .. mise à prix 7.000 frs;
- un terrain face le précédent ormant l'angle opposé de la rue de la croix Boissière, indiqué comme jardin; mise à prix 800 frs;
- un terrain rue de Longchamp à Paris, mise à prix 2.920 frs
- un terrain à Paris ancien clos du Roule, mise à prix 1.500 frs
- un terrain à Paris à la croix du roule en trois lots, mise à prix 2.875 frs
2°) Biens dans l'Oise
- six pièces de terre labourables à Crespy (Oise) mise à prix 30.000 fr
3°) Biens à Saulx-les-Chartreux
- une maison et jardin contigu à l'église, mise à prix 9.000 frs
4°) Biens à Villejust
- une ferme dite des Pavillons , mise à prix 11.000 frs
- la ferme de Villejust & maison de maître, mise à prix 155.000 frs
- maison avec cour commune & jardin dite du presbytère et du maître d'école, mise à prix 4.000 frs,
- maison Chappe, mise à prix 3600 frs.
5°) Biens à Orsay
- bois du petit Plan, mise à prix 5.500 frs,
- bois de la Cyprenne, mise à prix 7.000 frs,
- m
aison mise à prix 1.000 frs.

Nous ne voyons pas apparaître la maison de Neuilly dite le Pavillon, 4 avenue de Neuilly, ni les six maisons de Passy. Il faut supposer qu'elles ont été vendues avant cette date et dépendaient de Saint Denis.

En juin a lieu la dernière adjudication des biens de Pauquet en l'audience des criées du tribunal de la Seine.

Finalement il faut attendre le 7 mars 1842, pour que le compte de liquidation de la succession soit rédigé : "une chemise vide, mentionnant que la minute reliée se trouve dans un placard du cabinet du principal clerc!!"

 

 

Conclusion

De tout ce qui vient d'être écrit, il est évident que le patronyme "Pauquet de Villejust" s'est éteint avec Jean Alexandre. Les héritiers collatéraux descendant des soeurs Pauquet confirment cet état de fait.

 

Généalogie de Thierry Pauquet

 

Une personne actuellement porte ce titre. Sa généalogie, sans ambiguité, a pu être remontée jusqu'en 1777. Relevons par le détail les dates les plus anciennes:
- la naissance le 30 mars 1851 à trois heures du matin, de Jean Pauquet, fils de Arnaud Pauque
t, vigneron, âgé de 33 ans, et de Jeanne Favorie, âgée de 27 ans, mariés, demeurant à Cenon la Bastide dans la banlieue de Bordeaux. le père signe POQUET.
- ses parents, Pierre Pauquet et Marie Bibonne se marient à Lormont, commune voisine, le 22 février 1810. Ils ne savent pas signer, la famille est vigneronne.
- Pierre est né en 1777, toujours à Lormont, fils de Jean
et de Jeanne Constantin.

Il est évident que cette famille des environs de Bordeaux n'a aucun rapport avec la branche russe de Jean-Pierre PAUQUET. De plus ces derniers se sont manifestés en 1787 lors de la succession de Jean François Pauquet.

Le détail des biens concernant Villejust n' a pas été abordé dans cette chronique. Les lieux concernés feront l'objet de chroniques distinctes: ferme et maison seigneuriale, cure et maison de maître, presbytère et maison de l'instituteur, ferme des 3 pavillons.

 

 

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