Le petit étang de Marcoussis (1700-2012) |
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Chronique du Vieux Marcoussy --Marcoussis--------------- _---------------------------- -_--septembre 2012 Attention ce site change d'hébergeur à l'adresse *** (*)
Extrait du plan terrier de la comtesse d'Esclignac (avant départ de Marcoussis).JP. Dagnot
Cette chronique est le second volet consacré à l'histoire du petit étang de Marcoussis. Nous nous étions arrêtés sur un problème de bonde et de sécurité posé devant la chambre des requêtes du Palais suite à la succession vacante de Messire d'Illiers d'Entragues. Nous verrons que cet étang va disparaître pendant deux siècles.
L'étang au XVIIIe siècle L'année 1707, nous trouvons un bail d'affermage passé par Louise-Madeleine de Grimonville, veuve d'Henry, marquis d'Illiers, demeurant à Paris, rue des Tournelles, qui confesse avoir baillé pour neuf années la terre et seigneurie de la Ronce, ..., avec les étangs, grand et petit... Faire chaque année la pesche d'un estang, à commencer par le grand qui sera empesché au carême de ladite année, suivant les usages de l'ordinaire , ... qu'il laissera dans le petit estang 60 mères carpes, et 8.000 autres tailles... Fin 1709, Alexandre d'Illiers, mandaté par sa belle soeur, résilie le bail précédent pour impayés, on apprend à cette occasion que le grand étang n'a pas été rempoissonné à cause de la rupture de la bonde du grand étang, et que Louise de Grimonville se réserve le droit de pêcher au carême prochain le petit étang et disposer du poisson en déchargeant ledit Thibault du rempoissonnement du grand étang. Deux ans après, au baillage de Marcoussis (le bâtiment qui vient de perdre sa toiture et ses étages intérieurs) est comparu, Jean Lanoullier, marchand bourgeois de Paris, fermier de la ferme de la Ronce, qui rédige l'acte d'empoissonnement du grand étang. En 1720, à la requête d'Alexandre de Balsac et suite à l'acquisition de la Ronce et des étangs faites à Jacques d'Illiers, « attendu que les deux chaussées qui soutiennent les étangs de la terre de la Ronce sont en danger de s'ouvrir et de se rompre et que cette rupture, si elle arrivoit causeroit une innondation dans tous le pays, il a plu à la cour ordonner que lesdites chaussées seroient vues et visitées par experts et gens connaissants ... ». Suite à ce constat, Guillaume Cordeau, marchand et fermier demeurant en la ferme de la Ronce, chargé par Monsieur le marquis d'Entragues, d'une part et François Augros, maçon demeurant à Marcoussis, lesquels conviennent de ce qui suit, ledit Augros s'oblige de travailler suffisamment sans retard à rétablir refaire la massonnerie de la chaussée du petit étang appartenant audit seigneur aux endroits où la chaussée est endommagée et rompue, le tout sur et ainsy qu'elle a été eddifiée et entretenue sur ce qui sera montré et indiqué audit Augros, auquel à cet effet sera fourni sur les lieux, la chaux et les pierres nécessaires pour faire ledit ouvrage. Ledit Augros s'oblige d'armer à fer dessous les murs moyennant le prix, à savoir pour chacune thoise desdits ouvrages depuis le cordon du milieu de ladite chaussée, jusqu'au haut d'icelle et replacé les gros grais ainsi qu'ils ont été ci devant, la somme de vingt livres la thoise et l'autre ouvrage qui sera fait sans remettre lesdits gros grais du hault de ladite chaussée, la somme de dix huit livres pour chacune thoise le tout bien & duement fait & retabli et visité, à payer par Cordeau au fur et à mesure, lesquels ouvrages pourront monter à la quantité de sept à huit thoises, et si par la suite est jugé à propos par le seigneur de faire faire de menues réparations à ladite chaussée, elle sera faite par ledit Augros et seront payées par journées. À cette époque la chaussée est continue et rejoint le chemin qui traverse le Guay et va à la Ronce. L'année suivante, Alexandre de Balsac baille à ferme à Guillaume Cordeau la terre et seigneurie de Marcoussis. Notons de faire par chaque année la pesche des étangs à commencer par le grand estang, qui sera mis en pesche en 1723, le texte analogue à celui de 1707... L' aveu et dénombrement du 30 mai 1730 rendu au roi par Alexandre de Balsac d'Illiers d'Entragues donne les droits généraux de la seigneurie de Marcoussis où apparaissent les droits de justice haute, moyenne et basse avec appellation au Châtelet de Paris, ceux de pressoir banal, foire, ..., chasse et pêche en l'étendue desdites terres et fiefs. Le domaine utile contient deux étangs à poisson au bout l'un de l'autre. Le Grand, contenant 130 arpents, à 18 pieds par perche, et 100 perches par arpent, tant en chaussée, bordage et pré et aulnoy, et l'autre, appelé le Petit-Étang, contenant, tant en eau, chaussée que prés et bordage, environ 110 arpents, dans lesquels prés ledit seigneur avouant a droit de réservoir en temps de pêche du Grand-Étang. Notons en 1737, devant Blondeau, notaire à Marcoussis, un titre nouvel de la rente constituée en 1599 sur l'arpent acheté par Louis Noel jardinier du potager de Marcoussis. L'année suivante, Nicolas Regnault, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis, comme fermier judiciaire de la maison et héritage cy après nommés, que comme tuteur des enfans de deffunt Guillaume Cordeau, baille à Nicolas Barbeau pour six ans, la maison appelée la maison de l'étang proche le petit étang avec la grange lieu jardin, tels qu'ils estoient du vivant Rousseau, moyennant 40 livres. L'acte étant une reconduction de bail ne précise pas les tenant et aboutissant; l'acte est rédigé en présence du maistre d'ecolle Louis Lucas. En 1749, nous sommes à la fin de la présence des Illiers d'Entragues à Marcoussis, Louis de Rieux et son épouse Claude d'Illiers, lesquels donnent à ferme et prix d'argent pour neuf années à Thomas Gurlier, marchand de Montlhéry, le grand et le petit étang de la terre de Marcoussis, dont ils auront le droit de pesche, moyennant la somme de 5.200 livres pour valeur du poisson..., comme aussi de fournir auxdits bailleurs 100 carpes de 11 à 12 pouces entre oeil et batte et 12 brochets de pareil échantillon que les carpes... , lesdits preneurs ne seront point tenus de rempoissonner les deux étangs mais devront laisser 120 carpes d'un pied et 80 de 22 pouces ... Le petit étang est toujours en eau. Arrive l'année 1751, les parents de Louise Jeanne d'Illiers d'Entragues, mineure âgée de 22 ans, femme de Louis de Rieux, et ce dernier font appel à un greffier des bâtiments pour dresser l'état de la seigneurie qui appartient à la mineure... et qui est redevable envers la branche de la Grimouille de 99.000 livres Notons ce qui nous intéresse pour cette chronique un étang appelé le petit étang contenant 70,36 arpents avec chaussée revêtue d'un bon mur de graisserie par retraites formant trois marches qui le sépare des prés vers Marcoussy, au bout vers le chemin de Chevreuse près la bonde un petit édifice servant de cabane pour le pescheur, au mesme bout par ledit chemin quatre anciens ormes et deux autres arbres vis à vis l'entrée de ladite cabane, et l'autre bout de ladite chaussée onze jeunes ormes rabougris. En juillet la vente de Marcoussis devient effective, au chapitre des baux en cours retenons de laisser jouir le vendeur des deux étangs jusqu'à la mi-carême de l'année prochaine 1752 auquel jour sera finie la pêche du grand étang pour laquelle jouissance sera tenu compte à madame de Sebbeville de la somme de 2.400 livres sur les intérêts des sommes principales qu'elle se trouvera devoir à madame de Rieux du petit étang jusqu'à la mi-carême 1753, pour laquelle jouissance luy sera tenu compte de la somme de 1.200 livres à prendre sur les intérêts..., et promet de fournir à la dame de Sebbeville par chacune desdites deux années, 100 carpes de 11 à 12 pouces entre oeil et batte et 12 brochets de pareil échantillon que les carpes et délaisse après lesdites pesches dans lesdits deux étangs 120 carpes dont 100 d'un pied ( dito bail aux Versaillais). Effectivement en 1752, Thomas Gurlier, cy-devant fermier des étangs pour Mr de Rieux et Laurent Poullet, concierge du château de Marcoussis, se sont transportés sur la chaussée du grand étang à l'effet d'être présents lors du rempoissonnement ... Louis Noel jardinier du potager seigneurial achète en 1767, à un bourgeois de Paris, trois maisons ainsi que neuf arpents dont un arpen de pré proche la chaussée du petit étang, tenant d'une part à la rivière, . .., d'un bout à ladite chaussée et d'autre à la vuidange. Cet arpent est celui que l'on voit encore sur un plan du XXe siècle. Cinq ans après, Louis Noel l'aisné, jardinier demeurant au jardin du château seigneurial en son nom et à cause de la communauté de biens avec sa deffunte femme Louise de Bury, et tuteur de ses enfans mineurs, se portant fort de Marie Louise et Louis le jeune, jardinier, passe un titre nouvel relatif à l'acquisition de biens de Charles Nicolas de Sayvre, d'une rente à la fabrique sur un arpen tenant à la chaussée du petit étang et à la Salmouille ... Dans son dictionnaire historique de la Ville de Paris publié en 1779, Hurtaut nous apprend que la paroisse est traversée d'occident en orient par un ruisseau nommé Sallemouille, et un autre appelé Gadanine (que certains ont confondu comme étant le même et qui a donné le nom à un magazine d'informations municipales). Il confirme au chapitre des revenus deux étangs que l'on pêche tous les ans. Son étude est donc antérieure à 1779. La même année, la comtesse d'Esclignac baille la ferme de la seigneurie de Marcoussis... notons plus 70 arpens ou environ de terre, prez et bois, qui composaient cy devant un étang appellé le petit étang, entourés de fossés d'un côté. L'étang est donc à partir de cette époque asséché. La confirmation de la transformation du petit étang en terres est vue en 1783, lors de la pêche du grand étang à des Versaillais... Relevons également en 1785, dans la ventilation des revenus de la châtellenie de Marcoussis, au chapitre étangs, seul est fait mention du grand étang, le petit a disparu. Nous arrivons à la période révolutionnaire, lors de la vente de la ferme de l'Hôtel Dieu, le plan de ces biens montre que le grand étang est en eau et le petit étang en terre prés et aulnoys. En l'an VIII , Marie Crécy, veuve Renoult, fermière de la ferme du "chateau", vend la pêche de l'étang de Marcoussis, on ne parle plus du petit étang.
L'absence d'étang au XIXe siècle En 1808, Ambroise Renoult, cultivateur, demeurant en la grande ferme de Marcoussis, fait avec six vignerons de Montlhéry, le marché suivant: Deux principaux propriétaires se partagent le lieu en l'occurrence les héritiers de la comtesse d'Esclignac. Ainsi en 1853, Alphonse Lajotte, garde particulier, demeurant au couvent, mandaté par le baron de Veauce, vend par adjudication la coupe de foins de deux parcelles, l'une au petit étang, l'autre au buisson Cayé. Deux ans après, Stéphanie Rouillé de Fontaine, veuve du comte de la Myre, et consors, baillent pour neuf années , à Denis Petit cultivateur et et Augustine Groulon son épouse, 26.933 m2 en trois pièces: À la fin de la guerre de 1870, un partage est fait entre les héritiers de la Myre et mentionne les parcelles L376,381,382, 396 ,397, 398, 399, 531. Le plan ci-dessous montre ces parcelles on notera la chaussée continue aboutissant sur le chemin de Marcoussis à la Ronce.
Partie de plan de la vente en lots de 1872.L'année suivante, Louis comte de Durfort Civrac, l'héritier concerné, vend aux enchères publiques un grand et beau domaine patrimonial: .... En 1882, François Amiet, propriétaire rentier, demeurant à Marcoussis, revend par adjudication au plus offrant, deux pièces de terres au lieudit les Marsaules du petit étang, décrites par affiches, cultivées en parties en fraisiers, tenant au chemin de la Ronce à la rivière . Il s'agit toujours des Marsault du petit étang redécoupé de 10 à 16 lots. Les Balay de la Bertrandière revendront l'ancien étang avec d'autres biens à la comtesse de la Baume Pluvinel, propriétaire du château de Marcoussis.
L'étang au XXe siècle Comme dans chaque chronique les actes notariés n'étant pas encore dans le domaine public, nous nous contentons des archives communales. Fin 1932, le syndicat intercommunal d'aménagement de la Sallemouille fait une demande d'autorisation pour supprimer la digue du Gué, permettre le libre passage de la rivière la Sallemouille et établir une vanne de sécurité pour réguler le débit de la rivière,
Notons sur le plan ci-dessus, la terre achetée au XVIIIe siècle par Louis Noel et qui est restée dans la famille. Suite à la demande du syndicat, deux ans après, un dossier est présenté pour réaliser les travaux, c'est la fin de la chaussée originale de l'étang qui va être détruite au niveau de la vanne et qui aura existé pendant 500 ans au moins! Ci-dessous, deux plans montrant la nouvelle vanne et avec une mention de la clef de voûte du tunnel qui servait de passage à la rivière.
En 1970, le syndicat de la vallée de l'Orge décide de recréer un étang au même endroit. des travaux de protection seront réalisés digue de terre entourant les côtés de l'étang... En juin 2001, la dernière crue de la Sallemouille, l'eau est arrivée au niveau du parjing de l'étang.
Petit étang du Gué Un petit étang a du exister dans le Guay qui servait de réservoir à un moulin dont il ne reste qu'un sentier appelé le sentier du vieux moulin. L'état des chemins de 1806 mentionne au n°42 le sentier nommé : le Sentier du vieux moulin. Le petit pont sur la Sallemouille, existe toujours avec au même endroit qu'actuellement, un terrain enjambant le ruisseau, le plus drôle qui n'est pas réaliste, on voit une roche dressée dans une pelouse, comme l'indique un acte, 530 ans après.
À noter sur ce plan, il n'y a pas de pont sur le ruisseau au niveau de la ferme de feu Emile Legendre, ce qui pourrait être une explication du nom du hameau. Notons aussi un second emplacement au niveau de cette ferme, le fond de la Sallemouille est pavé et aurait pu être aussi l'emplacement d'un moulin avec un réservoir tampon possible de chaque côté de la rivière. La présence d'une mare contre la digue n'est pas fortuite. Egalement le plan figurant en début de chronique montre un deuxième bras de la Sallemouille qui aurait pu amener l'eau au réservoir de ce moulin (mare ou autre).
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