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La dame de Plancy-Montlhéry et ses descendants (1)

Cette chronique est la première partie de l'histoire d'une branche de la maison de Montlhéry qui fit souche dans le comté de Champagne, du chef d'une des filles de Milon 1er, seigneur de Montlhéry et de Bray-sur-Seine et de Lithuise de Soissons, vicomtesse de Troyes (*). Cette demoiselle de Montlhéry reste avec un prénom inconnu dans les généalogies des historiens du XVIIe siècle : «  N… de Montlhéry fut conjointe avec le seigneur de Plancy en Champagne…  ». Il en était de même pour Philippe son époux qui a été identifié depuis ce temps. Nous prenons le parti de la nommer «  Adélaïs » par pure conjecture suivant la tradition qu'une des filles de la famille prenne le prénom de sa grand-mère. Remarquons, toutefois, que les seigneurs de Montlhéry ont la particularité de diffuser systématiquement les quatre prénoms Elisabeth, Hodierne, Guy et Milon à leurs progénitures comme le montre le tableau généalogique.

En fait, il convient de remarquer que les seigneurs de Montlhéry, issus d'une branche de Montmorency, étaient attachés à leurs racines champenoises. Il est significatif de voir la plupart des enfants, et notamment les filles alliées à des maisons vassaliques du comte de Champagne : les Dampierre, les Plancy, les Ervy, les Courtenay, les Villemaur, les Broyes. Rappelons que le comté de Champagne avait été formé par la fusion des anciens comtés de Meaux et de Troyes réunis par les comtes de Vermandois. Au début du XIIe siècle (1102), Hugues 1er, fils de Thibaud III de Blois, gendre du roi Philippe 1er, fut le premier à s'intituler comte de Champagne. Son neveu Thibaud le Grand, fils du comte de Blois Etienne-Henri lui succéda en 1125, puis, en 1151, son fils Henri 1er le Libéral, puis, en 1181, Henri II devint comte palatin de Champagne puis roi de Jérusalem, laissant, en 1197, le comté à son frère Thibaud III, mort en 1201.

 

C.Julien - Janvier - 2015

 

Généalogie simplifiée de la maison de Plancy-Montlhéry (XIe-XIIe s.).

 

La dame de Plancy

En prenant le parti de donner le prénom d'Adélaïde ( Adélaïs français du Moyen âge) à la femme du seigneur de Plancy, notons la signification de ce nom de baptême: prénom féminin issu du mot germanique «  adalheit  », qui signifie la noblesse, non pas celle du cœur mais celle du sang. Selon les généalogistes « ce vieux prénom germanique était, à l'origine, réservé aux princesses et cette tradition s'est longtemps maintenue. Il fut pendant longtemps confiné en Europe continentale, Allemagne et France, en particulier, à "la bonne société". Sainte Adélaïde était la très pieuse épouse d'Othon le Grand, le fondateur du Saint Empire romain germanique. Restée veuve en 973, elle exerça la régence avec une remarquable sagesse, témoignant d'une qualité rare à cette époque : la charité. Elle mourut du reste, en 999, dans un monastère près de Strasbourg, au service des pauvres. Ce prénom fut transcrit en langue latine sous diverses formes " Aélis ", " Adelaidis ".

Notons que ce prénom était usuel dans la famille maternelle de notre héroïne. En effet, sa grand-mère, femme de Renaud de Vermandois, mère de Lithuise de Soissons, vicomtesse héréditaire de Troyes, portait également le prénom d'Adélaïde. Elle avait pour ancêtre la princesse Liégarde de France fille du roi Robert 1er et d'Aélis d'Alsace. Ainsi ce prénom était souvent donné aux filles de cette maison.

Plusieurs anciens documents signalent qu'une demoiselle de Montlhéry a épousé un seigneur de Plancy sans donner les prénoms. André Duchêne, le célèbre généalogiste des maisons nobles du XVIIe siècle donne plusieurs variantes. Dans l'histoire de la maison de Broyes et Châteauvillain, nous avons : «  Hugues de Plancy, fils de l'un de leurs autres seurs  » en parlant du neveu de Marguerite et Emmeline de Montlhéry, filles de Milon 1er le Grand.

Il faut lire l'extrait de la continuation de l'Histoire d'Aimoinus (livre V, chap. XLVII), pour connaître la fratrie de Montlhéry : «  Milo de Brayo, frater Guidonis Rubei, genuit Guidonem Trossellum, Theobaldum la Bose, Milonem quem Hugo de Creceio furtim strangulavit, Rainaldum episcocum Trecesem, matrem Simonis de Breiis, matrem Guidonis de Dominapetra, martem Hugonis de Planceio, matrem Milonis de Erucio, matrem Salonis vicecomitis Senonensis  ». On remarque que l'auteur prend garde de ne pas citer le prénom des filles, en les évoquant en tant que mère «  matrem de…  ». Une charte de 1122, nous apprend que le septième enfant «  née du légitime mariage de Mile de Montlhéry et de la vicomtesse de Troyes  » fut l'épouse du seigneur de Plancy, gentilhomme feudataire de Champagne.

 

Texte d'André Duchesne (Hist. Généal. de la maison de Montmorency, 1624).

 

Nous retrouvons la même syntaxe dans le volume III des « Grandes Chroniques de France » où l'auteur donne, en vieux français, les enfants de Milon 1er de Montlhéry : « Cil Mille de Bray engendra Guy Troussel (qui puis s'en a fui d'Antioche et laissa en la cité la chevalerie assiégée des Sarrasins), et si engendra Thibaut La Bouffe et Millon, que Thibaut de Creci estrangla en trayson, et Renaut, l'évesque de Troies, et la mère Simon de Broies, et la mère Simon de Dampierre, et la mère Hues de Plancy , et la mère Mille Crecy [d'Ervy], et la mère Salon, le visconte de Sens ; et Guy engendra Hugues de Crecy, et Biotte, la mère le visconte de Gastinois, et la mère Ymbert de Beaujeu, et la femme Anseau de Gallande et Biétris, contesse de Pierrefons  » (1).

Dans un charte de l'an 1122, il est dit : «  N. de Montlhéry, septième enfant de Milon, premier du nom, vicomte de Troyes, croisé en 1096, épouse N. de Montlhéry [erreur du traducteur], seigneur de Plancy, gentilhomme feudataire de Champagne  ».

 

 

La seigneurie de Plancy

Dans son mémoire intitulé Recherches sur le canton de Méry-sur-Seine , M. Hariot mentionne que l a seigneurie de Plancy était une ancienne et citée dans de nombreux diplômes et chartes. Le bourg de Plancy est situé sur la rive droite de l'Aube, formant une île entourée au nord par le canal de dérivation, et au sud par le bras principal de l'Aube; à 10 kilomètres nord-est de Méry-sur-Seine, 13 kilomètres d'Arcis, 40 kilomètres au nord de Troyes . Au début du Moyen Âge un château fort est construit et la première mention des seigneurs de Plancy apparaît vers 1076. Les XI et XII siècles virent l'épanouissement de ce bourg. Les seigneurs de Plancy participèrent aux Croisades (2).

L e nom de Plancy vient de Planci villa , la demeure d'un homme nommé Plancus. C'est à l'origine un domaine agricole au bord de la voie romaine qui reliait Reims à Troyes. Plancy, Planceyum, Planceium , est cité dans une charte de Henri 1er, comte de Troyes, pour l'abbaye de Saint-Loup, en 1161, Planciacum , cité dans une charte de Thibault, abbé de Molesme, pour la même abbaye, en 1168, Planceiacum , cité dans une charte de Guiard-Bordel, pour le prieuré de Foicy, au XIIe siècle et Planceum , cité dans une charte de Louis VII, pour l'évêque de Troyes, en 1177.

Le prieuré de l'Abbaye-sous-Plancy, proche le bourg de Plancy, dépendait de l'abbaye de Molesme (3). Dès le XIe siècle, Plancy était le siège d'une baronnie dans la mouvante du comté de Troyes puis de Champagne. Dans une charte de 1168, le scribe écrit : le prieuré de Plancy vugairement appelé l'Abbaye «  prioratus de Planciaco qui vulgo Abbatia dicitur  ». L'église de Plancy, ecclesia de Planceio , appartenait également à l'abbaye de Molesme. Elle figure dans l'énumération des possessions de l'abbaye dans le diocèse de Troyes, ainsi qu'il est constaté par un privilège du pape Innocent II, daté de 1135. Nous trouvons l'église de Plancy, ecclesia de Planteicio , au nombre des possessions de l'abbaye de Molesme, relatées dans la charte de Philippe, évêque de Troyes, datée de 1110, et dans celle de Hatton, un de ses successeurs, datée de 1128. La donation en avait été faite de 1097 à 1108 par le même Philippe : ecclesia de Plantiniaco , dit la charte.

Notons qu'au début du XIIIe siècle, il y avait une synagogue à Plancy. Le principal propriétaire des juifs de Champagne, après le comte, paraît avoir été le seigneur de Dampierre, cousin de celui de Plancy (cf. la chronique Marguerite de Montlhéry ). Le prêt à usure était pour les juifs une source d'immenses bénéfices. Ils étaient serfs, c'est-à-dire "taillables et corvéables à merci", en fait c'était le seigneur qui profitait des actes d'usures, tandis qu'aux yeux de la population, les juifs en supportaient tout l'odieux ; c'était aussi un moyen «  très-légal  » de s'emparer du bien des débiteurs de ces juifs.

 

 

Philippe 1er de Plancy

Philippe de Plancy, 1er du nom, serait né vers 1060 (certains généalogistes donnent 1040, ce qui est peu probable). Nous ignorons les noms de ses parents, toutefois, une charte mentionne l'existence de Gilia, (Gille ou Gilette), dame de Plancy (v. 1060- av. 1089) qui pourrait être la sœur de Philippe. Cette dame était mariée avec Clérembault de Chappes, seigneur de Chappes, dont un fils Gautier de Chappes (v. 1080-1114).

Gilia de Plancy fonda, en 1080 (certains historiens écrivent par erreur 1090), le couvent de Montier-aux-Ormes, premier nom jusqu'en 1163 de l'Abbaye-sous-Plancy «  abbatia subius Planceyum ou monasterium ad Ulmos  ». Jacques Laurent, transcripteur du cartulaire de l'abbaye de Molesme dit, à propos du couvent en question « … ce monastère, réputé dès l'origine, "nobilissimum", fut établi au plus tard en 1090 par la très noble dame Gilie, dame de Plancy, qui l'éleva de toutes pièces non loin de son château, à l'occident, en un lieu planté d'ormes  ». Nous reviendrons sur ce sujet dans la suite. Elle y créa un aître avec les droits utiles que comporte semblable terre, et y fit envoyer par le premier abbé de Molesme une communauté (4). Une autre indication sur les ancêtres de Philippe de Plancy est donnée par une charte de l'abbaye de Mores (5). Vers 1010, Robert de Saint-Fal, fils de Ponthus II de Saint-Fal précepteur du roi Robert le Pieux et de Judith de Néelle, est présenté comme étant le frère de Mélaine mariée à Thibault, seigneur de Plancy.

 

 

Vue générale de Plancy, arrondissement de Nogent sur Seine par D. Royer, graveur et A. Oudin, dessinateur (1866).

 

De l'union d'Adélaïs de Montlhéry avec Philippe de Plancy, probablement célébrée vers 1095, nous ne connaissons qu'un fils, Hugues 1er qui serait né vers 1095. Nous savons que Philippe de Plancy n'assista pas, au prieuré de Longpont, aux funérailles de son beau-frère, Milon II de Bray, puisque seul son fils est cité. Ce qui voudrait dire qu'il était mort avant cette date. Des généalogistes donnent l'an 1117 quand son fils devient seigneur de Plancy et Saint-Parres.

Dans un pouillé de l'abbaye de Molesme, conservé aux archives de la Côte-d'Or, on trouve que le prieuré de Plancy, «  prioratus de abbatia juxta Planceyum  », fut donné à saint Robert, par Philippe de Pont, évêque de Troyes (fils de Mélissende de Montlhéry, dite Chèrevoisine), en 1110, qu'en 1143, les seigneurs de Plancy et de Broyes abandonnèrent un grande quantité de biens à ce nouveau prieuré qui avait droit de haute, moyenne et basse justice ; que d'autres donations furent faites par Hugues de Troyes, Philippe de Plancy et Thomas de Curiaco.

 

 

Hugues 1er de Plancy

Hugues 1er de Plancy « Hugo de Planci  », «  Hugo de Planceio ou Planciaco »  que les généalogistes font naître en 1093 est qualifié de seigneur de Plancy et de Saint-Parres. Il est cité pour la première fois dans la charte de Longpont, de 1118, se rapportant aux funérailles de son oncle (charte LXXXIV) . À part, ce diplôme nous n'avons aucune information sur la jeunesse de ce seigneur qui aurait épousé une demoiselle nommée Emeline ou Ameline, née vers 1100 (6). Nous ignorons de quelle maison était issue Emeline. Toutefois, Jacques Laurent, dans son introduction des cartulaires de l'abbaye de Molesme, mentionne : «  Névelon de Bazoches, abbé de Molesme tenait aussi de près à la maison de Plancy, car il était l'oncle d'Hugues de Plancy, et d'Haïce son frère qui fut tour à tour chancelier du comte Henri 1er , comte de Troyes, et évêque de cette cité en 1190  ». Donc Névelon ne peut être que le frère d'Emeline, dame de Plancy.

En analysant les chartes et vieux documents du XIIe siècle, nous constatons le cousinage des seigneurs champenois. En effet, nous nous apercevons que, parmi les vassaux du comte de Champagne, on comptait des seigneurs qui descendaient de la maison de Montlhéry, tous cousins germains ou issus de germain dont Guy 1er de Montlhéry et Hodierne de Gometz étaient leurs aïeux.

Tous d'abord nous trouvons plusieurs personnages, dont la plupart sont de jeunes hommes à peine sortis de l'adolescence, lors de l'enterrement de leur oncle, Milon II de Bray, après que ce dernier fut assassiné par son cousin Hugues de Crécy. Cette tragédie fut donnée par de nombreux auteurs médiévaux, qui ont tous tiré leur récit de la célèbre charte du cartulaire du prieuré Notre-Dame de Longpont et de la biographie du roi Louis VI le Gros écrite par Suger. Dans sa généalogie, le père Anselme reprend cette charte pour donner les noms des six seigneurs présents avec le roi et les dignitaires de la curie parisienne. Un extrait de cette charte donnée en l'an 1118 renseigne sur les seigneurs champenois venus à Longpont. «  Rainaldus, frater ejus, tristis mestusque a Trecassina urbe cum nepotibus suis et Manasse, vicecomite Senonensi, venit ad Longum Pontem videre fratris sui sepulturam … Quod viderunt et audierunt hii : Manasses de Villamor, Milo, filius ejus, Symon de Breis, Guido de Dampetra, Hugo de Planci, Clarembaldus de Cappis  ». Ce sont Renaud de Montlhéry (Regnault, Renolt ou Ramald), frère du défunt, prévôt de l'Église de Troyes, qui en deviendra évêque à la mort de son oncle Philippe de Pont, puis les beaux-frères du défunt Manassès vicomte de Sens et Manassès de Villemaur, et enfin les jeunes neveux Milon de Villemaur, Simon de Broyes, Hugues de Plancy et Guy de Dampierre. Un autre seigneur champenois est également cité : Clérembaud de Chappes, mari de Gilie de Plancy qui accompagna son neveu Hugues de Plancy.

 

 

Extrait de la biographie de Milon de Bray par le André Duchesne.

 

Hugues 1er de Plancy serait mort en 1146 comme l'indique la prise de fonction de son fils cette même année. De l'union d'Hugues et d'Emeline sont nés :
• Hugues II, seigneur de Plancy et de Longueville (1125-1189), épousa Élisabeth Traynel, dame de Pâlis (1135-1192) qui continua dans la seigneurie de Plancy.
• Haïce de Plancy ( ?-1193), connu aussi sous le nom de Barthélemy « Bartholemeus », chanoine, chancelier du comte de Champagne et évêque de Troyes (cf. ci-dessous).
• Miles de Plancy (v. 1130-1175) qui se croisa et vécut en Terre Sainte, seigneur de Montréal en Syrie. Il épousa, en 1174, Étiennette (ou Stéphanie) de Milly (1145-1187). Il est, sans aucun doute, le personnage le plus prestigieux de la famille (cf. ci-dessous).

Avant 1145, Atton, évêque de Troyes «  Ato, Dei gratia Trescensium episcopus  », eut à intervenir dans un différend entre les religieux de l'abbaye de Toussaints-en-l'Île, au diocèse de Châlons et Hugues 1er de Plancy, gendre de Raoul «  Hugo miles de Planceio, gener Rodulfi  » qui s'était emparé de la terre allodiale de Meix-Tiercelin et du tiers des dîmes de Buxeuil «  querela de alodio mansi Tecelini et de decima ville Buisoil  ». Atton adjugea ce tiers à l'église de Toussaints. Hugues et sa femme concédèrent la paix sur toutes les choses faisant l'objet de la chicane et reconnurent que l'abbaye possédait le moulin donné par Rainier.

 

 

Hugues II de Plancy

Pour certains généalogistes, Hugues II de Plancy, fils de Hugues 1er et d'Emeline, serait né vers 1125 et mort avant 1189. Une charte de 1181 montre que ce seigneur survécut à son suzerain, le comte Henri de Champagne. Hugues II de Plancy fut témoin, entre 1152 et 1179, de moins 25 chartes données par le comte de Champagne. Il est qualifié comme chevalier en 1160 et baron en 1166. Dans les rôles des vassaux du comte de Champagne Hugues est qualifié «  sire de Plancy, 1152-1182  » avec les dates extrêmes où ils paraissent dans les actes des comtes. Le règne d'Hugues sur le siège de la châtellenie de Plancy commence en 1146 à la mort de son père.

Hugues, seigneur de Plancy épousa Élisabeth de Trainel, qui vivait encore en 1189. Elle est la fille d'Anseau 1er le Vieux, seigneur de Trainel (v. 1105-1153) et d'Hélissente de La Ferté-Gaucher. La dame de Plancy eut en partage la terre de Pâlis, qu'elle donna à l'abbaye du Paraclet pour en jouir après sa mort. De son vivant, elle donna déjà à la Grange de Pannetière, même finage, dépendant de la léproserie de Troyes, l'usage du bois mort, tombé ou coupé dans la forêt de Pâlis. Nous connaissons les noms de ses deux enfants : Gilon, marié dès 1189 à Oldéarde, et Capraria, qui, à la même époque, était religieuse au Paraclet (7).

Le 12 des calendes d'août 1158, devant le roi Louis VII et l'évêque de Soissons, plusieurs seigneurs champenois dont Thibault comte de Blois [frère de Henri le Libéral, époux d'Alix, fille de Louis VII], Hugues II de Plancy et son cousin Guillaume de Dampierre assistent Henri, comte palatin de Troyes qui, à la prière de son fidèle et amé Gaucher de Châtillon, donne à perpétuité, aux pauvres nonnes de Longueu, tout ce qu'elle possèdent et pourront acquérir dans son fief de Champagne et de Brie, soit par vente, soit par donation, franc et libre de tous impôts présents et à venir. Le 18 avril 1161, Hugo de Planceio est cité comme souscrivant la charte du comte Henri le Libéral confirmant à l'abbaye de Saint-Loup de Troyes des donations et des échanges concernant l'étang et le moulin de Baire-Saint-Loup, dix arpents de pré à Pont, le pré de Grandchamp à La Bretonnière, etc.

En l'an 1167, Hugues de Plancy est témoin de la charte d'Henri, comte de Troyes «  Henricus, Trecensium comes palatinus  » pour l'abbaye Saint-Pierrre-le-Vif de Sens «  ecclesiam Sancti Petri-Vivi  ». Le comte raconte comment, étant allé à sens, par dévotion, dans l'église de Saint-Pierre-le-Vif, invoquer les saints martyrs Savinien, Potentien et Altin, l'abbé Eudes et les moines lui firent don de saintes reliques des martyrs Potentien et Altin qu'il transporta à Troyes et déposa dans l'église Saint-Etienne. En reconnaissance, il donna à l'abbaye de Saint-Pierre deux maisons à Provins et tout ce qu'il possédait à Naud, à l'exception des fiefs. Plus tard, en 1176, le même seigneur Hugo de Planciaco , en compagnie de ses beaux-frères Anseau et Garnier de Trainel, souscrit la charte du comte de Troyes, qui, à la prière de son frère Guillaume, archevêque de sens, l'autorise à établir un marché à Brienon «  mercatum fiat apud Briennium  » et permet que les hommes de sa terre y viennent en sécurité, à condition que, pendant la vacance du siège, le serviteur du roi qui régira Brienon jurera de lui rendre bon compte du produit du marché.

Le monastère de Macheray ou Macheret «  Macheretum  » (Marne) , de l'ordre de Grammont, fut fondé l'an 1168 dans le diocèse de Troyes et à sept lieues des cette ville par Guillaume de Dampierre et Hugues II de Plancy. Ces deux bienfaiteurs avaient donné à l'abbaye le bois de Macheray. Dans une charte de la même année, le comte Henri le Libéral fait connaître un traité entre Guillaume de Dampierre, Hugues II de Plancy et les prieurés de Saint-Just et Macheret. Un procès s'étant élevé entre eux et les moines de Saint-Just, de l'ordre de Cluny, au sujet de l'usufruit de ce bois que réclamaient ces derniers, l'évêque de Troyes et Henri, comte de Champagne, adjugèrent cet usufruit aux religieux de Grammont, à la fin de 1168 ou au commencement de l'année suivante. À cette époque, les fonctions de bouteiller furent remplies pendant toute la durée du règne, par Anseau, seigneur de Trainel, beau-frère d'Hugues de Plancy. Il semble qu'Anseau avait été l'un des plus intimes conseillers du comte. Il figure comme témoin dans cent dix-neuf chartes d'Henri le Libéral, c'est-à-dire dans plus du tiers de celles que nous avons relevées (8).

Au chartrier du couvent d'Andecy, on trouve un acte de 1171 mentionnant que Hugues II de Broyes donne deux parts de la dîme de Reuves, le quart de celle du vin, celle de la terre dite Venatorum et de celle dite Perte. Pour sa part, Hugues, seigneur de Plancy donne 14 arpents de prés à Plancy.

En 1174, au temps de Guillaume, abbé de Saint-Pierre d'Oye, Hugues II de Plancy, frère de Haïce de Plancy et chancelier du comte et beaucoup d'autres seigneurs sont cités dans la charte «  carta de Monte Mardi  » confirmée par Henri comte de Troyes faisant savoir que Engeliner Rufus, Renaud Baez, Girard Baez de Sézanne, Simon Gaarce «  et heredes de Cosreio  » ont donné tout ce qu'ils possédaient au mont Alard, près de Saint-Genest d'Oye. À la même époque, le chanoine Garnier de Plancy est témoin de la charte donnée par Henri, évêque de Troyes, faisant connaître qu'après procès Gervais, chevalier de Pleurs, et l'abbaye d'Oye, il a été convenu que Gervais renonçait à ses prétentions sur le tiers de la dîme de Rivulo « de decima de Reveillon  » .

En 1178, le comte Henri de Champagne fait plusieurs dons au prieuré de Saint-Jean-en-Chastel. Après avoir constaté qu'il a cédé au même prieuré Engermer de Pouilly, en échange d'une serve, l'épouse d'Isambard Pilate, dont il a fait don à Hugues II de Plancy, accorde la liberté aux hommes, appartenant à l'abbaye de Montiéramey et habitant sous les portes de la ville de Troyes. Le comte après avoir constaté cet échange, déclare qu'à l'avenir que les habitants ne relèveront que de la justice du prieur de Saint-Jean-en-Chapelle .

En 1180, Hugues, seigneur de Plancy donne à l'abbaye de Clairvaux, du consentement de son fils Gilon, soixante sous de rente annuelle à prendre dans l'octave de Pâques sur le péage et le marché de Plancy, pour la pitance des moines au jour de son anniversaire. Parmi les témoins se trouvent : Manassès, évêque de Troyes, Haïce, frère du donateur, Herbert, archidiacre, Gautier de Chappes, Gautier de " Cudes ", Grimaud, chevalier, Isabeau femme du donateur, et Mélissende de Méry (charte CCLXXVII). En 1192, la comtesse Marie donne au prieuré de Fontaine vingt muids de vin de rente à Lagny, dont ce prieuré n'entrera en jouissance qu'à près le décès d'Isabelle de Plancy (il s'agit d'Élisabeth ou Isabelle de Trainel, veuve d'Hugues II).

À suivre…

 

 

Notes

(*) De la même manière que pour les chroniques précédentes nous nous limitons au commencement du XIIIe siècle.

(1) Communiqué par Claude Audigié que nous remercions chaleureusement.

(2) L'Histoire de Plancy, remarquable ouvrage de Mr Hubert Richard est disponible à la Mairie de Plancy.

(3) En 1168, Jean est prieur de Plancy quand Thibaud, l'abbé de Molesme autorise ce prieuré à vendre à l'abbaye de Saint-Loup de Troyes, moyennant 300 sols, la dîme de la censive de Longsols «  decima de Lonsodo  ». La même année, Mathieu, évêque de Troyes, constate que le prieuré de l'Abbaye-sous-Plancy a vendu à saint-Loup, moyennant 300 sols, tout ce qu'il possédait à Longsols et en confirme la vente.

(4) Jacques Laurent, Cartulaire de l'abbaye de Molesme, tome I (Alphonse Picard, Paris, 1907).

(5) abbé Charles Lalore, Chartes de l'abbaye de Mores, Aube (Impr. de Dufour-Bouquot, Troyes, 1873).

(6) Certains généalogistes ne tiennent pas compte de «  l'Art de vérifier les dates  ». Ainsi, le mariage d'Hugues 1er de Plancy, né vers 1095 avec Emeline est donné 1100 ( sic ) année de la naissance de cette dame.

(7) H. d'Arbois de Jubainville, Histoire des ducs et des comtes de Champagne , tome II (A. Durand, Paris, 1865).

(8) T. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne méridionale (1870