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Le domaine de Marcoussis (1790-1825)

 

Cette chronique est le cinquantième volet de l'histoire des propriétaires du domaine de Marcoussis. Nous nous étions arrêtés au décès de la dernière dame de Marcoussis, Elizabeth Chevalier, comtesse d'Esclignac.

 

 

J.P Dagnot - Décembre 2013

 

Vue du château en 1806.

 

Le partage des biens d'Elizabeth Chevalier est complexe. Cette dernière, mariée à Charles Frédéric Kadot a eu trois enfants : un fils Bernardin décédé en 1749, une fille Françoise décédée en 1752 et son autre fille Madeleine en 1762. Ses petits-enfants Mailly sont mort jeunes. De ce fait, elle n'a pas d'héritiers directs.

 

 

Les héritiers d'Elisabeth Chevalier

 

 

Généalogie simplifiée montrant la parenté entre la défunte et les branches qui héritent des biens sur Marcoussis et le Plessis-Pâté.

 

 

Faisons maintenant un rappel sur la famille Chevalier. Ces derniers depuis la seconde moitié du XVIIe siècle exercent la fonction de receveurs généraux à Metz. Trois frères, Jacques, Claude et Louis sont à l'origine de la réussite familiale. Philbert Antoine fils de Louis sera le dernier à exercer cette fonction entre 1704 et 1724. De son union avec Madeleine Combaud, naîtra Elizabeth Thérèse leur unique fille.

Une autre branche issue du couple Louis Chevalier-Marguerite Estienne va conduire à deux autres branches:
- celle des Puységur,
- celle des La Rivière.

Donc après le décès de la comtesse d'Eslignac ses héritiers collatéraux sont cités en 1791 dans une note de l'administration de Seine-et-Oise :
- Marie Marguerite Chevalier femme séparée de Charles Gabriel vicomte de la Rivière, légataire pour un tiers,
- Marguerite Le Pellerin, épouse Anne de la Bonnière, comte de Beaumont pour un sixième,
- Joseph Louis Dusauzay pour Jean Baptiste Dusauzay et Marguerite de Blottesière pour un sixième,
- Les Puységur, Armand Marc Jacques, Jacques Maxime Paul, Antoine Hyacinthe Anne, Louise Flavie épouse Charles Lepelletier comte d'Aunay, Antoinette Louise Maxime épouse Antoine Nicolas Vidard marquis de Saint- Clair chacun un quinzième faisant le dernier tiers.
Ces héritiers désirant jouir séparément et par divis des biens ont défini la masse des biens:
- la terre de Pontdeveyle et Marmont dans l'Aisne 760.000 livres
- la terre de Marcoussis, Nozay, ... 404.000 livres,
- la terre de Plessis, Bondoufle, ... 484.000 livres,
- la maison rue des Prouvaires 100.000 livres,
- une maison rue Saint-Honoré 50.000 livres,
- deux autres maisons 50.000 livres,
- 434.000 livres en liquidités,
Soit 2.280.000 livres.
Décompositions des lots:
- premier lot terre Pontdeveyle 760.000 livres,
- second lot Marcoussis, rue de Prouvaires et liquidités 760.000 livres,
- troisième lot terre du Plessis, trois maisons et liquidités 760.000 livres.
Tirage au sort :
lot 1 à mesdames de Sauzay et Beaumont,
lot 2 à la famille Puységur,
lot 3 à madame de la Rivière.

Début 1792, Les héritiers n'ont pas encore hérité réellement et déclarent qu'ils sont en indivis et leurs représentants s'accordent pour bailler la ferme du château de Marcoussis pour dix années à Jean François Plisson ... À la même date, la citoyenne de la Rivière émigre et la conséquence directe est la mise en vente du Plessis-Paté par la Nation.

Suivons les travaux de la municipalité de Marcoussis, en septembre: la municipalité évalue les revenus de la terre de Marcoussis, Nozay, Ville-du-Bois, cens et rentes et grain sur Fretay et la Poitevine, se consistant en :
- un château composé de quatre grosses tours enfermé de fossés, non habité que par deux gardes estimé 500 livres,
- la ferme composée de logement ... estimé 9.600 livres,
- le potager loué 450 livres,
soit un total de 10.550 livres.
Notons un château inhabité de peu de valeur en revenus.

Le même mois, un point est réalisé sur les héritiers de la comtesse: le directeur de la régie nationale de l'enregistrement des domaines s'adresse au administrateurs du district: la liste des émigrés comprend les héritiers de Madame Esclignac, à l'exception de messieurs Lepelletier et Puységur qui ont justifié de leur résidence, les trois autres sont émigrés. Je vous joins les coordonnées de ces derniers trouvés dans un bail de Ladey du 8 février:
- Armand, maréchal de camp, inspecteur d'artillerie,
- Jacques, colonel du régiment cidevant de Monsieur,
- Antoinette, épouse Antoine Vidar de Saint-Clair, major de vaisseaux,
- Dame Marie Marguerite Chevalier, femme séparé de Charles Gabriel de la Rivière, brigadier des armées,
- Dame Marguerite de Bouttesière veuve de Jean-Baptiste Dussauzay, lieutenant général des armées,
- Dame Marguerite Le Pellerin, épouse d'Anne Claude de la Bouvinière de Beaumont ancien officier au régiment du roi infanterie.
Les émigrés ont tous un militaire dans leur rang.

En fin d'année, le gestionnaire qui s'occupe de Marcoussis et du Plessis-Pâté, résume le compte d'exploitation des lieux: le citoyen Ladey, notaire résident à Marcoussis, receveur et régisseur, déclare aux officiers municipaux de Marcoussis que du résultat des comptes de recette et dépense des terres de Marcoussis et du Plessis-Sebbeville, appartenant aux héritiers d'Esclignac, que:
- par le compte de Marcoussis pour 1791 , à cause des anciens arrérages, le comptable est redevable aux héritiers de la somme de 1.467 livres,
- par le compte de ladite terre pour 1792, ce sont les héritiers qui sont redevables de 273 livres,
- d'autre part comme comptable depuis 1781, comme gratifications et soins relativement à ces deux terres et y ayant été employé comme greffier des ci-devant justices, notaire, receveur, régisseur, soit 2.000 livres; il ne reste pour le comptable que 175 livres que le déclarant s'offre de payer à la première réquisition.
Je déclare en outre que l'argenterie et meuble meublants existant dans les trois chambres à feu et antichambre du premier étage donnant sur le jardin du cy-devant baillage et tout ce qui est dans l'étude et dans l'audience et ceux étant dans le nouveau salon par bas à cheminée, enfin tout ce qui appartient aux héritiers, sont sous la garde de Jean Baptiste Cheval, par moy commis, plus tous les meubles et effets étant dans le château, bois de charpente, échelles, vieilles menuiseries étant dans le grand salon, linge, sont à la garde d'Alexandre Lebas à cause de sa femme qui est depuis longtemps portière et gardienne desdits effets.
Deux remarques, l'étude de Marcoussis se trouvait avant la Révolution au Baillage, et le château n'a jamais servi sous la comtesse, on n'y trouve que les restes laissés par la dame de Xaintrailles.

Début 1793, un inventaire est fait au château en prévision d'une vente des meubles sur Marcoussis. En février, Antoine, Jacques et Louise sont considérés émigrés et c'est la Nation qui hérite de leur part. À ce moment, les cinq parts sont en indivis et Armand gère l'ensemble. Un papier informe mentionne la terre de Marcoussis appartenant à cinq héritiers, régie par des intendants qui distribuent quelques pains aux pauvres pour faire taire, font passer de gros sous aux émigrés. Deux ou trois des cinq héritiers sont émigrés. Nous sommes sous la Terreur... Les habitants commencent à se servir: il manque 39 toises de pierres aux murs du parc de Marcoussis.

En octobre, la mise aux enchères des meubles du château gardés par Jean-Baptiste Cheval et de ceux du baillage gardés par René Cheval est finalisée. Passons sur le détail de la vente qui va durer quatre jours; l'argenterie est conduite à Versailles, quelques pièces de literie, paillasses, matelas, sommiers, draps, couvertures, au baillage sont emportées pour les hôpitaux et armées de la Nation. Les quatre jours d'adjudications enregistrent un montant total de 12.050 livres. Notons que la pêche du poisson dans les fossés du château a été adjugée à un marchand Versaillais pour 950 livres. Le couchage de la chambre de Clérambourg est adjugé pour 960 livres. Après cette adjudication, on peut affirmer que le château est totalement vidé.

C'est aussi à cette époque que les Marcoussissiens pour la sépulture de leurs frères et soeurs défunts, les dits seroient enterrés publiquement en présence d'un membre du conseil municipal qui coifferait un bonnet rouge. Cela revient à la mode de nos jours...

En pluviôse an 2, l'administration demande de plus en plus de documents aux héritiers, généalogie, certificats baptistaires, certificats de résidénce, et espère un abandon des héritiers qui ne s'en laissent pas conter. Néanmoins la branche Combaud se voit refuser ses droits.

Notons en ventôse an 2, une visite de l'administration de Seine-et-Oise, qui examine plusieurs châteaux dont celui de Marcoussis en vue d'en faire une maison de force au lieu de celle existant de présent à Dourdan... Nous sommes arrivés au château de Marcoussis, d'un aspect de force et solidité vraiment imposante, dont les fossés plein d'eau, nous promettoient de grands avantages, mais notre erreur fut de courte durée, car ayant reconnu non sans danger l'intérieur, nous avons reconnus:
- qu'à l'exception du rez-de-chaussée, servant aujourd'hui d'infirmerie pour quelques chevaux malades, le surplus est inhabitable et partiellement ruiné, quelques planchers n'existant déjà plus, d'autres crevant sous nos pieds...
- de cet examen il résulte que ce château datant de Charles VI est dans un tel état de dégradation, qu'il ne peut être d'aucune utilité à la République, que par sa prompte démolition laquelle sera une occasion de dépenses plus ou moins considérable... quelque soit la décision il convient d' ordonner l'enlèvement du plomb, de la tuille, de l'ardoise, du bois, de la brique et des carreaux de terre cuite qu'on peut extraire avec peu de dépenses,
- c'est d'après ces vues et en retenant le château d'Orçay et en considération de la distance de deux petites lieux les séparant que cette récupération serait utile...

Suit la description des réparations pour faire d'Orçay une maison de correction. Serait-ce cette visite qui serait à l'origine de la légende du château de Marcoussis prévu pour en faire une prison? Cette visite a-t-elle été suivie d'effet? Dans l'affirmative, la vue du château de 1806 s'expliquerait... Déjà en l'an 2, la valeur du château est nulle.

Côté héritiers, en floréal an 2, Armand et Elisabeth réclament le partage avec la Nation. Le même mois, extrait du registre des délibérations de l'administration de Versailles, deux mémoires sont présentés par les gardes des bois des séquestrés Esclignac pour obtenir le paiement de leurs gages depuis huit mois et de leur chauffage depuis qu'ils sont en activité.

En vendémiaire an 3, Louis Gouget, Alexandre Lebas, Simon Potin, tous trois gardes des propriétés d'Esclignac sur Marcoussis, demandent aux membres de l'administration de Seine-et-Oise, que le fixe de 400 livres par an, ne peut les faire vivre sans faire la charité du pain et autres choses, n'ayant ni chaufé, nÿ habillement; salut égalité fraternité.

En brumaire an 3, la municipalité écrit aux administrateurs du district: citoyens, nous vous donnons avis qu'il existe en notre greffe et dans les archives du ci-devant château de ce lieu des titres féodaux:
1°) en notre greffe les titres féodaux des fiefs ci devant de Bellejame et autres déposés par le citoyen Dubois propriétaire dudit Bellejame et ceux du prieuré de Saint-Laurent,
2°) en les archives du château, de pareils titres et autres registres concernant l'antiquité dudit château.
Nous vous invitons de nous dire si:
1°) les titres de Dubois doivent rester en notre greffe,
2°) et si ceux du ci-devant château doivent rester dans les archives, dans le cas contraire indiquez nous le lieu où il faut les déposer et à quelle époque.
Salut et fraternité. Boulanger maire, Boudier greffier, Lhomme agent national.

Le 3 frimaire an 3, une lettre est adressée au juge du tribunal de l'arrondissement de Paris, Louise Combauld d'Auteuil, veuve Jean François Joseph Blegier Taulignan demeurant à Paris rue du Cherche Midi, section Bonnet, d'après les dispositions du 17 nivose dernier, est héritière en partie du côté maternel de la comtesse (petite fille du couple Combaud Blottefine). Cette lettre concerne l'héritage dans l'Aisne.

Notons en ventôse an 3, une loi qui permet aux héritiers non émigrés de gérer leurs biens indivis avec la République.

Le mois suivant, la municipalité atteste de la bonne conduite de Madeleine Peuvrier, femme Lebas qui exerce la fonction de portière de la maison séquestrée sur les émigrés, et réclame le paiement de neuf mois de ses appointements... son dernier salaire a été payé par le commissaire chargé de vendre les meubles pour une période de trois mois.

En brumaire an 4, un extrait des délibérations du directoire de Versailles, par un projet d'arrêté pour accorder la jouissance provisoire du domaine de Marcoussis, à Armand Jacques et Elizabeth Flavie Louise Chastenet Puységur ; ils ont eu ces biens par partage sous seing privé en 1791, ce domaine est en indivis avec la Nation qui représente Antoine Hyacinthe, Jacques Maxime Paul et Louise Maxime Chastenet Puységur, tous trois prévenus d'émigration.

En germinal an 4, les décisions traînent, le fondé de procuration d'Armand et d'Elizabeth Puységur s'adresse au citoyens composant l'administration centrale du département, que d'après la loi du 13 ventôse, leur est accordé la jouissance provisoire de la terre de Marcoussis en indivis avec la Nation. Ils demandent alors le partage...

La terreur est passée, néanmoins, en pluviôse an 5, par devant le notaire de Soissons, le citoyen Armand Marc Jacques Chastenet Puységur, citoyen français, demeurant à Soissons, constitue Louis Etienne Boudier pour le représenter pour passer des contrat de vente à son profit sur Marcoussis: le baillage, les pressoirs et friches du petit parc, et le potager.

La gestion des biens par le frère et la soeur se fait à chaque fois avec des demandes à l'administration, en germinal an 5, un courrier est adressé aux citoyens de l'administration municipale du canton de Palaiseau, Armand et Elizabeth de Puységur, frère et soeur, propriétaires en indivis avec la République et ayant la jouissance du domaine de Marcoussis, vous exposent que le mur du parc dudit domaine a été construit à neuf en 1789 et 1790, que depuis aucun entretien n'est réalisé et encore que quelques personnes mal intentionnées y ont pratiqué des bresches en différents endroits et se sont permis d'en emporter les pierres et même plusieurs portes pour commettre nuitamment les délits les plus atroces. L'intérêt de la République est de faire réparer ce mur et de nommer un expert pour estimer les réparations. Signé Boudier.

Le temps passe, en prairial an 6, nous sommes sous administration cantonale, un extrait des délibérations de l'administration centrale du département de Seine-et-Oise, concerne les émigrés Puységur : les héritiers non émigrés ont été mis en jouissance du domaine de Marcoussis en l'an 4, le citoyen Boudier, procureur d'Armand a demandé de faire procéder à la liquidation et au partage des terres et domaine de Marcoussis; l'administration considère qu'elle a droit à trois cinquièmes des biens des émigrés, elle nomme Charles Arranger de Marcoussis, désigné par Boudier pour évaluer le domaine, de faire cinq lots, puis de les tirer au sort.

Le mois suivant, Charles Arranger, propriétaire, cultivateur, marchand de bois, expert nommé par l'administration centrale du département, et François Coispeaux, charpentier expert nommé par les Puységur non émigrés, propriétaires indivis avec la République du domaine de Marcoussis; en vertu de l'arrêté du département du 28 prairial dernier, les sus-nommés font l'estimation des biens. Présent le procureur d'Armand et de sa soeur.
Masse des biens:
- le ci-devant château de forme quarrée, ...., le tout en très mauvais état et à l'antique,... fermé sur l'avant cour par deux grilles en fer, 12.000 frs
- le jardin potager de 1.712 m2 derrière le château avec entrée des caves,
- une pièce de pré de 42.542 m2 avec une pièce d'eau vive, les terres pour 5.000 frs;
- corps de ferme ....

L'opération se finalise en fructidor an 6, les citoyens Arranger et Coixpeaux propriétaires à Marcoussis se présentent à la barre, Arranger obtient la parole: " citoyens administrateurs, l'administration centrale pour faire droit à la pétition présentée par Boudier, fondé de pouvoir d'Armand et Elizabeth Puységur, demandant à ce qu'il fut procédé à la liquidation et partage du domaine de Marcoussis, m'a nommé à l'effet d'expert de la Nation, conjointement avec Coixpeaux, pour estimer les biens de la succession Esclignac et que nous vous présentons. Le citoyen Macé Baigneux, président donne lecture:
- les meubles qui garnissaient le château et ceux du Baillage ont été vendus par Degoutte, huissier à Longjumeau et le revenu versé à la caisse du district,
- la masse des immeubles s'élève à 420.182 frs,
- cette masse est grevée de 14.055 frs de charge,
- de cette masse les experts ont composé cinq lots, les plus égaux possibles :
lot 1, corps de ferme, terres, friches, bois,
lot 2, grand parc de Marcoussis, terres, grand étang, pavillon royal,
lot 3, château de Marcoussis, bois,
lot 4, ferme de la Ronce, terres,
lot 5, terres,
... ces lots sont tirés au sort, billets roulés par le président placés dans un vase, tiré par un administrateur :
- lot 1 Armand Marc de Puységur,
- lot 2 Elizabeth de Puységur,
- lot 3, 4, 5 restés à la Nation,
Le commissaire a requis la mise en possession aux deux propriétaires.
Notons dans la description que le château est toujours couvert partie en ardoises partie en thuilles. Résumons, Armand possède la ferme du château et des terres, Elisabeth le grand parc, le grand étang et son pavillon, et la Nation le château ...

De ce partage l'administration fait visiter le château, il est fait mention de solives, portes, croisées sans carreaux, lambris, parquet, carrelages... le château mentionné couvert; les matériaux pour la maison de force d'Orsay n'ont pas été emportés.

En messidor an 9, le maire de Marcoussis écrit au préfet, suggère de louer la Ronce et le château avec son potager ainsi que les prés adjacents. Le château avec les 10 arpents, 200 frs, soit 20 frs/arpent que l'on peut comparer à la Ronce 950 frs pour 44 arpents, soit 21 frs, on en conclue que le château a une valeur locative nulle.

La semaine suivante, le directeur du domaine national, vu la pétition du maire de Marcoussis, ordonne l'adjudication du bail à ferme du château, dont le bail en cours expire le 12 novembre; la valeur locative est estimée à 200 francs, soit le pré et les pièces d'eau.

En thermidor, le receveur des domaines nationaux écrit au préfet: le château de Marcoussis n'a selon moi aucune valleur locative, étant privé de boiseries et parquets, mais avec le terrain on peut espérer 240 francs de loyer. Le même mois, l'état loue les terres autour du château, ce dernier en prime. La description sommaire rappelle les chapelles, caves, et prison, le tout à l'antique, les fossés sont remplis d'eau vive; l'entrée des caves sous le chemin et dans le grand parc.

En fructidor an 9, devant le préfet de Seine-et-Oise, il a été procédé au tirage au sort des lots 3,4,5, échus à la République en l'an 6, desquels trois lots il n'en demeure encore deux à la République par représentation d'Antoine Hyacinthe et Jacques Maxime Puységur, l'autre appartient à Antoinette Marie Vidard de Saint-Clair, femme d'Eugène Salperwick, rayée définitivement de la liste des émigrés, comme héritière d'Antoinette Louise Maxime Chastenet Puységur, veuve de Nicolas Vidard de Saint-Clair. De ce tirage :
- le lot 3 est échu à Antoine Hyacinthe Puységur,
- le lot 4 à Antoinette Marie Vidard,
- le lot 5 à Jacques Maxime Paul Puységur.

Le tirage ci-dessus signé par Antoinette Vidard.

En fructidor an 10, vu la décision du préfet de la Seine du même mois, en conséquence du certificat d'amnistie accordé au citoyen Jacques Maxime Paul Chastenet Puységur , le préfet de Seine-et-Oise arrête qu'il sera procédé à la levée du séquestre existant sur les propriétés dudit Chastenet, particulièrement sur le cinquième lot échu par partage ,

Le mois suivant, Anthoine Hyacinthe Anne Chastenet Puységur, dernier héritier rentre en France, amnistié, le grand juge et ministre de la justice ordonne la levée du séquestre. Émanant de l'administration générale des forêts de Paris, le conservateur du premier arrondissement, vu l'arrêté du préfet , et le certificat d'amnistie, Antoine obtient la levée du séquestre de son héritage; le lot n°3 qui lui était échu est resté intact et il peut en jouir. Notons que le château fait partie dudit lot.

Donc, Antoine Hyacinthe est de retour, il demeure à Paris, place du Corps Législatif n°1550 , il va liquider sa part d'héritage sur Marcoussis:
- en floréal an 11, il vend à Pierre Laurent Frizon, ancien inspecteur des subsistances militaires, demeurant à Bellebat, deux pièces de terre, la première d'un hectare à la garenne de Bellebat, l'autre de 2.500 m2 au Buisson Rond ou hautes Maresses... Ces pièces viennent du lot n°3 de la succession Esclignac.
- en fructidor an 11, il passe à Marcoussis et vend à Jean Dieudonnat, entrepreneur de routes nationales demeurant à Marcoussis, treize hectares de bois, dits des bois de Monsieur, moyennant 5.000 francs. De cette rencontre, il a dû apprendre que son acheteur était un spécialiste de la démolition de bâtiments.

Voyons ce que fait Armand:
- en brumaire an 12, son fondé de procuration vend 1.100 m2,
- en messidor an 12, Armand est présent à Marcoussis et vend des terres,

Nous sommes en 1807, Armand Marc Chastenet propriétaire demeure à Soissons ... Le château de Marcoussis appartient à Antoine, ce dernier réside près de Chinon, dans un autre château en meilleur état. Ayant vendu des terres et des bois il lui reste encore le château de Marcoussis qui ne représente pour lui que peu de biens. Qu'a-t-il fait entre son retour et 1809? A-t-il fait marché avec Dieudonnat ou un autre? Peu avant sa mort en 1809, il voit son frère Armand et décide de lui vendre les cinq hectares de terres, friches, fossés, pièce d'eau, et "terrain composant l'emplacement du château de Marcoussis", suit la description de la situation géographique du lieu, ce bien provenant du troisième lot attribué à la nation en l'an six... La vente est réalisée moyennant 5.000 francs deniers en espèces sonnantes... Si l'on compare les valeurs de ces biens, le château est considéré comme n'ayant aucune valeur et de ce fait on peut également penser que ses pierres ont été vendues durant cette période.

La légende de la démolition du château par Armand est donc démentie. Les visites de l'an 2 pour prendre certain matériaux, la description des lieux ensuite au fil des ans, et accessoirement son utilité à plus d'un Marcoussissien comme source de matériaux . Nous verrons en 1825, que quelques restes des ruines sont encore présents. Notons que c'est Malte-Brun qui est à l'origine de la légende (p 260) et qui sera reprise ensuite par l'instituteur dans sa monographie. Cette période comporte de nombreuses erreurs dues en partie à la mémoire de Marcoussissiens qui ont notamment affirmé avoir vu une dame de Puységur inhumée aux Célestins ... Ces derniers ont quitté le monastère avant la Révolution et la famille Puységur n'est arrivée à Marcoussis qu'après 1790!

L'étude des différents actes des héritiers indique que la Révolution les a rendu très méfiants, ils habitent tous en province, leurs biens sur Marcoussis sont tous loués, et seulement certains d'entr'eux s'en réservent une faible partie comme pied à terre. Armand se fait souvent représenter et ses mésaventures pendant les années de la Terreur ont fait qu'il a préféré Buzancy près de Soissons dont ensuite il en a été le maire pendant dix ans.

Notons en 1809, la construction d'un lavoir à la source de la Pellerine, "on alla chercher les pierres et le pavé pour les murs et le fond du lavoir, on acheta au château de Marcoussis des dalles de grès piqué provenant de démolition, et l'on en couvrit le pourtour des murs et le quartier de la Pellerine pût jouir d'un lavoir public pour douze femmes ensemble".

Rappelons la vente de 1809 par Antoine Hyacinte à son frère Armand, des 5 hectares de terres avec l'emplacement du château. Cette année-là Jean Dieudonnat réside encore à Marcoussis. Également Antoine Hyacinthe demeurant à Beugny en Indre-et-Loire, vend au marquis de Salperwick 64 hectares de bois dit le vente des Roches et de la Justice moyennant 41.251 livres. Cette dernière vente faite sous seing privé. On peut penser que Hyacinthe utilise les écrits sous seing privé et le marché de démolition non retrouvé a été fait de cette manière.

Après le décès de son père Antoine, Anne Jacques son fils, demeurant à Beugny, continue la vente de 17 hectares de bois au parc aux boeufs à Marcoussis.

Armand Jacques de Puységur n'est plus très jeune, il mandate en 1820 Louis Boudier, son procureur, pour bailler à Louis Dubocq, pour neuf années, 3 hectares faisant partie de l'ancien château et de la ferme du lieu à savoir :
- le jardin du château clos du fossé du château et de murs, planté de 28 arbres à hautes tiges, vignes en espalier, n°1 du cadastre, le preneur aura la jouissance d'une portion du passage qui communique sous la route du jardin aux caves du grand parc, ladite portion à prendre depuis ledit jardin où est l'entrée sans fermeture, jusqu'au milieu de la route.
- un hectare soit les parcelles 17 et 18, tenant à un canal,
- les parcelles 10, 11, 12, 13, pour un hectare, mention de l'abreuvoir,
- une pièce de friche avec une tourelle
(chapelle actuelle), sis au devant de l'ancien château
- le droit de puiser l'eau aux fossés, canal et rivière.
Sont réservés au bailleur:
- le droit de chasse sur les terres dépouillées,
- l'emplacement du château où sont les démolitions , les fossés qui l'entourent et ceux étant en face faisant les parcelles 2 et 15,
- le canal faisant le n°16 avec droit de réservoir dans la rivière, lors de la pêche du canal, pour y déposer le poisson,
Le bailleur devra refaire les murs et supprimer la porte du jardin étant près des caves et la faire mettre près de l'ancienne porte des maîtres. Ce bail est fait moyennant quarante francs par 3.418 m2 ou arpent.
Les preneurs seront tenus de faire deux tranchées empierrées pour assécher le bourbier des parcelles 17 et 18, pour ce, ils emploieront les pierres provenant de la démolition du château que des fondations de murs existants.

Deux ans après l'ancien notaire Boudier procède de même pour Armand de Puységur demeurant en son château de Buzancy, pour bailler l'espace de neuf années à Pierre Leroy cultivateur, Denis Leroy charcutier, dix hectares de terres labourables:
1°) 17 ares près la ferme et l'emplacement du château tenant d'un ôté à la chaussée neuve de Marcoussis à Beauvert, ...
2°) ... tenant aux bâtiments de la ferme, mention de la grange à blé près l'entrée principale de la ferme, des écuries et bergerie,
le second château n'est apparemment pas commencé.

L'année suivante, le maire de Bordeaux, Maxime de Puységur, mandate un procureur pour vendre des coupes de bois.

Enfin, le 27 avril 1825, bien mal acquis ne profite jamais, une loi d'indemnisation des émigrés a imposé à l'état de reverser ce qu'il avait perçu lors de la vente du baillage, des pressoirs et du potager en janvier 1797. Les bénéficiaires: Anne Antoine Hyacinthe, Jacques Maxime Paul et Louise Maxime, femme Vidard de Saint-Clair recoivent 826 frs.

De cette chronique, on peut voir que la succession de la dernière dame de Marcoussis a amorcé le morcellement des terres et le domaine de 1790 est partagé au moins en cinq.

À suivre...