Le domaine de Marcoussis (1825 à nos jours)
Cette chronique est le cinquantième et unième volet de l'histoire des propriétaires du domaine de Marcoussis. Nous nous étions arrêtés à la fin du partage en 1825. Ce récit sera comme toujours chronologique.
J.P Dagnot - Décembre 2013
Héritiers d'Armand-Marc de Puységur
Fin 1824, Armand Marc de Puységur rédige son testament à Buzancy. Il décède huit mois plus tard laissant pour héritiers ses enfants et sa femme. L'inventaire à Marcoussis est fait à la requête de Marguerite Baudard de Saint-James veuve du marquis de Puységur, commune en biens et légataire de la motié en usufruit en présence de :
- Jacques Paul, marquis de Puységur, lieutenant colonel des hussards,
- Nicolas Royer, épicier de Marcoussis, représentant Barbe Pauline, comtesse de Puységur, chanoinesse du chapître de Saint-Anne de Munich,
- Charles de la Noue, ancien officier de cavalerie, époux de Marie Amélie de Puységur,
- Julie Amandine Puységur épouse de Jacques Maxime Puységur, maréchal de camp, demeurants à Bordeaux,
- Elizabeth Cécile de Puységur épouse de Jean de Loynes, propriétaire
Lesquels sont héritiers chacun pour un cinquième du marquis leur père.
Six mois après, Jacques Maxime Puségur mandataire de ses beaux-frères et belles-soeurs, Jean Claude Royer marchand de Marcoussis représentant Barbe Pauline de Puységur domiciliée encore à Buzancy, lesquels mettent en vente 26 lots par voie d'affiches. De cette adjudication retenons:
- le lot n°4 est attribué au comte de Salperwick pour 48.260 francs, il s'agit de 15 hectares en deux pièces à la Ronce.
- lot n°25, un hectare 94 centiares de pré appelé la Saussaye près de l'ancien château, contigu à la maison en construction située sur partie des bâtiments de la ferme de Marcoussis, est acheté par Pauline moyennant 10.000 frs.
- le lot n° 26 est délaissé par les héritiers, à titre de partage, pour la somme de 35.500 frs à Pauline de Chastenet et se compose de:
1) une maison en construction, non achevée, située sur partie de l'emplacement des batiments de la ferme de Marcoussis, du surplus de ces bâtiments et de tout le terrain attenant,
2) des cours, abreuvoirs, et jardin de la ferme,
3) de l'emplacement de l'ancien château, avec une tour en ruine y existant (le chateau ancien est démoli) , des cours, fossés, jardins dudit chateau avec partie du petit parc, laquelle est en marais terres labourables, prés et canal, tout ce que de dessus clos en murs. Terres hors les murs avec l'ancienne avenue conduisant au château et au nouveau bâtiment le tout pour huit hectares, plus des pierres bois de charpente, tuiles, carreaux, boiseries, menuiseries, et autres matériaux quelconques sans exception qui se trouvent invendus dans les bâtiments et sur les lieux qui viennent d'être indiqués.
Les héritiers conviennent que ce lot n'est pas compris dans les ventes par adjudication et est abandonné à Pauline de Puységur. Ils mentionnent que les sommes engagées par le défunt pour la nouvelle maison représentent 10.000 francs que les matériaux valent 2.000 francs, que les titres de propriété seront remis à Pauline lors du partage.
Pauline, via son représentant, abandonne en usufruit à la douairière femme d'Armand, les biens qui viennent d'être cités. Cette dernière en échange s'engage à faire achever incessamment la maison sur les plans existants, de faire enclore les dépendances adjacentes, pour être agréable. Dans la procuration de Barbe Pauline on apprend qu'elle demeure encore à Buzancy.
Deux mois après l'ancienne chanoinesse se marie avec Louis Henri Labbaye de Viella, contre amiral. Cet acte passé devant deux notaires parisiens n'a pas été retrouvé. De cette courte union va naître une fille Marie Marguerite Joséphine qui probablement va causer le décès de sa mère. Cette dernière a le temps de rédiger son testament donnant la jouissance de ses biens à sa fille.
L'inventaire après décès suivra en mai 1827, à la requête de Louis Henri de Labbey, comte de Viella, contre amiral, à cause de la communauté de biens d'avec Pauline vicomtesse de Puységur, créancier de sa communauté, donataire de la moitié en usufruit, ... la mère jouit de la maison en construction non parachevée, située sur l'emplacement de la ferme, jardin, avenue, cour, bâtiment de la ferme, abreuvoir, canal, fossés, emplacement ancien château avec une tour en ruine, partie petit parc en marais le tout pour huit hectares. La mère s'engage à achever la maison en construction, les clostures...
Apparemment le cadastre ne tient pas compte du partage entre les héritiers les biens passent à la veuve Marguerite Bodart jusqu'à son décès.
Vue des ruines vers 1830.
Donc début 1837 Marguerite Baudard de Saint-James, décède à Marcoussis. Voyons son testament:
- Je désire être enterrée dans la chapelle de Marcoussis auprès de ma chère fille Pauline de Viella, sinon à Buzancy,
- je laisse 150 frs pour dire des messes à Marcoussis, et 200 frs à Buzancy,
- je laisse 200 frs aux pauvres de Buzancy...
- je donne à Marguerite de Viella, une croix en or dans laquelle est un morceau de la vraie croix dont on trouvera l'autentique signé de l'évêques de Soissons ...
Fait à Marcoussis le 17 septembre 1831.
Château construit en 1825.
Son inventaire après décès est demandé à la requête de :
- Jacques Alexandre, marquis de Puységur, colonel de cavalerie demeurant à Buzancy,
- Amélie de Puységur, comtesse de la Noue,
- Julie Amandine de Puységur, épouse de Jacques Maxime Paul, de Bordeaux,
- Elisabeth de Puységur, comtesse de Loynes,
- et Louis de Labaÿ, comte de Viella, contre amiral, demeurant à Paris, tuteur de sa fille Marie Marguerite,
Les sus-dits héritiers chacun pour un cinquième de la défunte. Le tuteur de la mineure est Charles Louis Marie comte Lepelletier d'Aunay. On note les lieux:
- serre au bout de la remise,
- remise en forme de hangard,
- basse cour,
- clapier au bout du hangard,
- charbonnier entre la basse cour et la remise d'équipage,
- remise d'équipage,
- sellerie attenant à la remise,
- écurie au nord-est attenant à la sellerie,
- laiterie,
- buanderie,
- petit grenier se trouvant au dessus du carré,
- garde manger,
- office à coté de la cuisine ayant vue sur le parterre,
- chambre de la cuisinière au dessus de l'office éclairée par une croisée à tabatière,
- lingerie au dessus de la cuisine éclairée par une fenêtre au nord-ouest et une autre à tabatière,
- cave sous la salle à manger dont l'entrée est au nord-ouest,
- jardin,
- chapelle isolée des autres batiments de forme ronde,
- salon à l'extrémité sud-est du château, entrée sur le jardin sud est, une porte sur la salle de billard,
- salle de billard ayant sa principale entrée sur le vestibule éclairé par deux fenêtres au nord-est
- vestibule entrée au nord-est ainsi que le cabinet sous l'escalier,
- salle à manger entrée par le vestibule, une porte sur la cuisine eclairée de deux fenêtres vers le levant sur le parc,
- chambre à coucher de la deffunte ayant entrée par la salle à manger éclairée au sud-ouest par deux croisées,
- couloir servant de passage de la chambre à la salle de bains,
- salle de bain,
- cabinet entrée sur le billard,
- chambre à feu au premier au dessus du cabinet,
- chambre à feu éclairé par une fenêtre au nord-est,
- cabinet n°4 au nord-est,
- cabinet d'aisance n°6, fenestre au sud-est,
- chambre jaune n°9 éclairée par deux croisée au nord-est,
- petit cabinet n°1,
- chambre n°7 au second étage éclairé par une fenêtre au sud-ouest,
- chambre n°8 éclairé au sud-ouest, à la suite du n°7
- chambre à feu n°9 en face éclairée par une fenêtre au nord-est
- chambre froide n°10 face n°7 éclairée au nordest
- pièce n°11 ou prend l'escalier du grenier éclairé par une fenêtre au nordest
- chambre froide n°12 attenant n°11 éclairé au nord-est,
- chambre à feu n°13 éclairée au nord-est,
- chambre à feu n°14 face n°14 éclairée au sud-ouest,
- grenier au dessus du second étage par échelle de meunier.
Notons en 1841, sur le registre des délibérations de Marcoussis, que Marguerite de Baudard de Saint-James, veuve de Mr le marquis de Puységur décédée à Marcoussis en 1837, a fait un legs en faveur des pauvres de Marcoussis de 150 frs. Hors, Marcoussis ne possède pas de bureau de bienfaisance et demande au préfet l'autorisation d'accepter le legs.
Les derniers propriétaires de Marcoussis.
En 1840, Louis Henri comte de Viella décède à son tour. Son frère Louis Charles de Viella, contre amiral chargé d'affaires à Constantinople, agit comme tuteur de Marie Joséphine de Viella, fille de Louis de Labaÿ comte de Viella et de Barbe Pauline Chastenet de Puységur. On peut admettre que l'inventaire correspond au pavillon à l'italienne servant actuellement de cantine à l'orphelinat. La description est analogue à celle de 1837.
Le tuteur augmente le patrimoine de Marguerite en achetant 24 hectares nommés la vente des coffres à Antoinette de Puységur moyennant 66.000 frs.
Également en 1842, Philippe Camet de la Bonnardière, propriétaire du château de la Roue, vend à Marguerite de Viella, mineure, âgée de quinze ans, 21 hectares de bois appelés la vente de Beauvairs, moyennant 43.058 frs.
En 1845, Marguerite de Viella se marie avec Charles Alexandre de la Baume Pluvinel. De cette union quatre enfants naîtront dont deux nous intéresseront à Marcoussis Alice et Aymard.
Nous arrivons en 1864, le couple entreprend la construction du troisième château, qui va durer cinq années, ainsi que l'agrandissement des écuries et une construction de remise.
Notons en 1871, l'incendie des écuries, le jour où les prussiens sont entrés à Marcoussis. En 1873, l'exhaussement et reconstruction d'une partie de la chapelle.
Rappelons en 1881, l'achat aux Delzant, du Baillage avec cinq hectares au grand parc et 5.400 m2 de potager au petit parc, par Charles Alexandre de la Baume, moyennant 80.000 frs .
Côté cadastral en 1882, la matrice mentionne Charles de la Baume pour le château avec sortie en 1895. Leur fils Gondran décède en 1883 à Pontrésina en Suisse.
Le couple de Viella continue l'agrandissement de ses biens en achetant aux Francastel entrepreneurs de travaux publics, leur ancienne carrière avec un kiosque contenant cinq hectares moyennant 11.000 frs. Les fonds proviennent de la vente de la terre de Viella. Également un achat aux héritiers de la succession Ladislas de Puységur, 58 hectares en plusieurs pièces moyennant 97.000 frs.
En 1889, Charles de la Baume rédige un testament très instructif, rappelant la chronologie ci-dessus à partir de 1864. Il décède en 1891, son testament nous apprend :
- le don à son épouse 260.000 frs pour rembourser les dépenses depuis 1864, pour la construction du nouveau château et l'agrandissement de son parc. Ceci pour qu'après ma disparition elle puisse entrer en jouissance de la propriété. La tenue de compte mentionne:
1°) construction du château 180.338 frs,
2°) terrassement du parc 30.000 frs,
3°) agrandissement du parc, 9.655 frs,
4°) ...
- je désire reposer dans le caveau de notre chapelle de Marcoussis à côté de mon père & ma mère.
(apparemment pas réalisé).
La semaine suivante, un inventaire est fait à la requête de :
- Joséphine de Viella, marquise de la Baume Pluvinel, demeurant dans le 8ième rue de la Baume,
- Eugénie Pozzo di Borgo, veuve de Séraphin Tancrède comte de la Baume, mère de Jérôme Henri et Louis Gondrand mineurs,
- Alice de la Baume Pluvinel, célibataire majeure, propriétaire,
- Aymar comte de la Baume Pluvinel, propriétaire, tuteur des mineurs,
les mineurs, Alice et Aymard héritiers chacun pour un tiers du marquis. La veuve déclare qu'il a été construit un nouveau château, terrassements, plantation et drainage du parc, agrandissement des écuries, construction d'une remise, exhaussement de la chapelle. La prisée du mobilier permet de localiser les pièces :
au sous sol
cuisine, office, cave,
au rez de chaussée
- office une fenêtre sur jardin,
- salle à manger, deux fenêtres sur jardin, office à la suite,
- salon, deux fenêtres sur jardin,
- salle de billard deux fenêtres sur jardin,
- antichambre, deux fenêtres sur jardin,
- bibliothèque éclairée par trois fenêtres, 2.500 volumes,
- autre pièce fenêtre sur cour,
au premier étage
- six chambres, sacristie,
- bibliothèque,
deuxième étage
- huit chambres
au troisième étage:
- six chambres de bonne.
Cet inventaire rappelle, les achats de plusieurs bois, du baillage, de partie du petit parc, des carrières au dessus du baillage, de terres venant de Jacques Ladislas de Puységur.
La même année, la veuve de Charles , marquis de la Baume, étant actuellement en son château de Marcoussis, vend la récolte de foin ... Cette vente est pratiquée par tous les parisiens ayant de grands espaces à entretenir.
Aline Godon de Frileuse demeure au château de Briis, c'est une personne charitable tout comme son amie Alice de la Baume, antiquaire et archiviste émérite. Elles se passionnent pour l'histoire et entrent à la SHARY (société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline) en 1892 sous les n° 382 et 383.
Marie Marguerite de Labaye de Viella décède en 1893, son inventaire après décès est réalisé à Paris. Bien que non étudié, les héritiers sont les mêmes que deux années auparavant.
Côté cadastral, notons en 1895, donc en remontant de deux années, à la succession de Marguerite de Viella, l'entrée d'Aymard de La Baume Pluvinel. À Marcoussis comme nous l'avons vu dans les chroniques sur l'école Saint-Joseph et la congrégation des dominicaines à la Ronce, Alice, soeur d'Aymard, soutient l'enseignement catholique et va en justice contre l'état pour obtenir raison.
Melle de Frileuse, octogénaire, meurt le 15 décembre 1913. Elle était arrière-petite-fille des Plancy par sa mère à qui elle s'était vouée. L'acte de décès mentionne qu'Aline de Frileuse était la fille de Godon de Frileuse magistrat. Les funérailles sont faites en présence de son amie de coeur mademoiselle de la Beaume, sa voisine de Marcoussis, et la comtesse de Beauregard.
À la fin de la guerre, Alice de la Baume rédige son testament et fait promettre à son frère Aymar de poursuivre l'oeuvre des religieuses dominicaines. Elle décède deux ans plus tard au Plessis-Pâté.Elle laisse comme héritier:
• Aymard, comte de la Baume, son frère pour trois quart,
• Jérôme Henri, marquis de la Baume, son neveu pour un quart.
À défaut d'inventaire après décès, un acte de notoriété est réalisé. Le partage n'a lieu qu'en 1922. Nous sommes au XXe siècles les minutes ne sont pas encore versées. Néanmoins, via le cadastre, en 1926 Aymard es t mentionné pour le château. L'année suivant c'est au tour de sa fille Marie Marguerite, d'apparaître. Eugène Séraphin Aymard décède en 1938 à Vic-sur-Cère. Sa fille unique Geneviève, est seule héritière de son père.
La donation, notamment du baillage, a été réalisée par Mademoiselle Marie Marguerite Honorine Geneviève de la Baume Pluvinel, célibataire, propriétaire demeurant rue de Grenelle à Paris, à la fondation d'Auteuil, en décembre 1940.
Des archives de la Ronce et de la donation de Geneviève à l'oeuvre d'Auteuil on sait que cette oeuvre possède toujours le domaine en partie. Pour terminer avec ces donations relevons un courrier fait en 1942 : Georges Flamant, docteur en droit, à l'attention de la mère générale des sœurs dominicaines de Châtillon : de retour après deux voyages en zone libre, … je suis heureux de voir terminer cette question du Pavillon Royal, j'avais précisé que mademoiselle de la Baume entendait rester en dehors de cette affaire… Mademoiselle de la Baume avait offert à votre communauté 135 hectares de terres sur Marcoussis, vous avez décliné cette offre en disant que vous préfériez la remise d'une somme d'argent. Lorsque vous êtes venu m'informer que vous désiriez acquérir le pavillon Royal, j'étais en pourparler avec un acquéreur… Si ces soeurs avaient été moins pointilleuses, elles auraient eu le château de Marcoussis avec les terres, qui fut alors donné à la fondation d'Auteuil.
À la sortie de la seconde guerre mondiale, le père Duval, arrive à l'oeuvre d'Auteuil de Marcoussis et prend sa direction.