La Révolution à Marcoussis (5) 1795 (nivose an 3- nivose an 4)
Cette chronique est le cinquième volet concernant la période révolutionnaire à Marcoussis. Reprenons notre récit chronologique au début de 1795.
J.P Dagnot - Octobre - 2014
Partie de plan ayant servi à vendre la ferme de l'Hôtel-Dieu.
Le premier pluviôse an 3, le registre des paiements à Longjumeau, mentionne le verserment par Martin Moutard la somme de 807 livres pour la location annuelle de différents bâtiments dépendant de la maison ces ci-devant Célestins de Marcoussy.
Le 15 pluviôse, la veuve Renout fermière à Marcoucis expose qu'elle a dans son fermage un étang de 81 arpens dans lequel elle est tenu de détenir neuf milliers de rempoissonnement; que quatre moulins de Linas sont fournis en partie par cet étang; que les meuniers lui ont demandé de lever la bonde de cet étang en eaux basses, moyennant 15 sols par jour, ce qu'elle a fait. Les eaux étant fort basses elle craint que la gelée fasse périr le poisson, et demande soit d'abaisser la bonde soit que la Nation reprenne cet étang en lui versant une indemnité...
Trois jours après, la commune de Marcoussis délivre un laisser passer pour les voitures du dépôt des convois et transports militaires établis en cette commune allant ce jour dhuy en la commune d'Ablis pour voiturer du bled ainsi qu'au citoyen Jean Baptiste Cintrat notre commissaire; fait en la maison commune...
Le 20 pluviose, le préposé des transports militaire, établi à Chartres écrit au chef du dépôt de Marcoussis que son district vient de faire verser dans le magasin destiné à l'approvisionnement de Paris des bleds que de prétendus commissaires achetoient à prix défendus... deux de ces voitures étaient conduites par le citoyen Cintrat... je te prie de m'envoyer des informations...
20 pluviose, un procès verbal de la commune de Palaiseau, chef lieu de canton du district de Versailles relate que les citoyens de ces communes assemblés en la maison commune sous la présidence de Pierre Songeux capitaine de la garde de Marcoussis, plus ancien en âge, avoit pour objet de remplacer le citoyen Ladey mort, commandant le deuxième bataillon, ... les citoyens Noel Potron et François Coixpeaux de Marcoussis, scrutateurs, ... suit le vote de 23 citoyens ... Noel Potron élu avec 22 suffrages commandant en chef, ... François Coispeaux 21 suffrages élu adjudant... Les élus ont prêté le serment de maintenir la liberté et l'égalité et de mourir en les défendant.
Le même jour, le maire de Marcoussis écrit à l'agent des transports militaires: la disette où se trouve les concitoyens de notre commune, ainsi que vingt familles des employés du dépôt militaire nous a porté à nommer des commissaires pour se transporter dans la plaine de Beauce pour acheter bled et farine... nous vous invitons à nous prêter chevaux et voitures du dépôt pour faire l'arrivage desdits grains pour le besoin de plus de 600 individus...
Toujours en pluviôse, Noel Potron, marchand de bois, écrit au canton de Palaiseau, dit qu'il accepte sa nomination de chef de bataillon de la garde nationale... avec les sentimant du vray répubiquin, et toujours zélé à aitre hutil à la chosse publique.
Le lendemain, notons dans un procès verbal de livraison de bled, 108 marcoussissiens recevant 520 boisseaux. Il s'agit de distribuer le blé acheté aux environs et véhiculé par les transports militaires.
Le même mois, un tournant national s'amorce suite aux abus de la Terreur, c'est la fin des municipalités élues au suffrage universel; Charles Delacroix représentant du peuple en mission dans le département de Seine et Oise disant que les circonstances difficiles dans lesquelles se trouve la République exigent ... justice sévère mais impartiale... j'arrête ce qui suit la municipalité de Marcoussis sera composée comme suit :
- maire, Hacot l'aîné ancien serrurier,
- officiers municipaux, Jean Maitrejean, René cheval, Germain Petit, François Coispeaux Pierre Vavasseur
- notables, Jean Lamy tailleur, Pierre Lhomme, Adrien Hacot épicier, Jean Dupé garde vente, Charles Petit le jeune, Jean Boulanger, Jean Pierre Manon, Pierre Lambert le jeune, Jacques Lucas, Louis Houdon cultivateur, Germain Brizard, Jean Louis Roux,
- agent national, Charles Arranger cultivateur .
Encore en pluviôse, de nouveau le conseil municipal demande un équipage au dépôt de Marcoussis pour quérir des grains payés à Ablis... L'agence générale des transports tance le chef du dépôt de Marcoussis cette initiative n'est pas de son ressort.
Le 27 pluviôse, Manon, officier municipal déclare à l'agent national du district, que depuis deux ans qu'il exerce cette fonction, il m'en a couté beaucoup pour faire cultiver ma propriété, ... chargé d'une nombreuse famille, j'ai sacrifié ce temps pour la chose publique... C'est le début des refus de responsabilités dans les institutions.
Fin pluviôse, l'achat de grains du côté de Chartres refait surface, l'attelage et les commissaires ayant acquis 44 quintaux de bled chez deux cultivateurs ont été arrêtés à Cheron...
Nous arrivons en ventôse cette fois il s'agit d'achat par le citoyen Buisson, commissaire pour la commune de Marcoussis, qui obtient un reçu de Pierre Barié de la commne de Boissy-le-Sec, pour six septiers de grain ...
Le 20 ventôse, un nouveau un refus de poste municipal est écrit par Charles Arranger, qui préfère sa place de garde magasin des subsistances militaires.
La semaine suivante, la pénurie alimentaire est illustrée par un nouvel inventaire de livraison de 2.310 livres de farine, revenant à 3.025 livres. 75 habitants représentant 151 individus sont concernés.
Le 29 ventose an3, 120 livres sont payées au citoyen Boudier pour raccommodage et pose de l'horloge.
Le lendemain, 315 livres sont payées au citoyen Guidon pour le prix de l'arbre de la liberté.
Le même jour, l'ancienne municipalité rend ses comptes la nouvelle. Ce volumineux document permet de connaître de nombreuses informations sur la vie locale.
Fin ventôse, l'amour de la patrie n'existe plus, c'est maintenant Jean Maitrejean, bourrelier, qui expose qu'il n'a cessé de faire tous les sacrifices dans plusieurs municipalités comme membre du conseil, capitaine de la garde nationale, membre du comité de surveillance, receveur du sequestre de la fabrique et que sa nouvelle élection est incompatible et qu'il ne peut exister que par le fruit de son travail...
Le 2 germinal, le registre des délibérations de Seine-et-Oise mentionne qu'au vu d'un certificat de la commune de Marcoussis, que Madeleine Peuvrier femme Lebas a rempli ses fonctions de portière de maison séquestrée et doit être payée...
Un état est dressé le 23 germinal an 3, des effets existans dans la maison commune; relevons les pièces citées :
- lieu des séances du conseil,
- chambre du greffe,
- ressert ou magasin.
Le 2 floreal, extrait du registre des délibérations de Versailles, les ci-devant presbytères non vendus sont à la disposition des communes pour servir de logement aux instit qu'à recevoir les élèves pendant la durée des leçons.
Le lendemain, l'agent national Petit répond à un questionnaire sur les ecclésiastiques de manière négative, sur des prêtres condamnés à la réclusion, la présence de ex-prêtres insermentés, la célébration de la messe.
Le 15 floréal, le registre des paiements de Longjumeau mentionne Charles Arranger, garde magasin des fourrages de Marcoussis, pour la somme de 768 livres pour la jouissance d'un petit pavillon et de terre des ci-devant Célestins, loués en l'an 2.
La semaine suivante, Pierre Caron, agent de change demeurant à Paris, loue à Louis Roch, également parisien, 20 arpents proches le chemin de Janvry, moyennant 27 septiers de bled pur froment... Il s'agit de terres de l'ancienne commanderie.
Le premier prairial, un nouvel état de la composition de la municipalité est établi mentionnant les fonctonnaires actuels, les places vacantes, le citoyen à remplacer, le motif, le citoyen proposé pour remplacer. Retenons deux noms: Boulanger dénonciateur, et Coispeaux ivrogne et dénonciateur.
Trois jours après, le jury d'instruction publique du district de Versailles examine les candidatures des citoyennes qui se destinent à l'instruction dans les écoles primaires, ainsi figure pour Marcoussis, Marie Françoise Moreau, âgée de 23 ans, institutrice à Marcoussis... suit la liste des instituteurs reçus, Jean Baptite Petit instittuteur à Marcoussis et une place vacante pour Marcoussis... L'institutrice a raté son examen.
La même semaine, la ferme de l'Hôtel Dieu devenue bien national est mise en vente. Suivie de l'adjudication, où deux marcoussissiens se disputent ce bien, Arranger et l'adjudicaire Lhomme pour 330.300 livres. Comment ces deux personnages peuvent-ils enchérir de telles sommes occupant des postes modestes...
Le 12 prairial, Claude Paupe, fermier demeurant au Déluge verse à la caisse de Longjumeau 3.057 livres pour le bail de la ferme dépendant de la commanderie dudit lieu...
La quinzaine qui suit, la commission des revenus du comité de salut public met à disposition à titre de location, un clos attenant à l'établissement de Marcoussis pour mettre au vert une une nouvelle levée de chevaux...
Fin prairial, Louis Augustin Dubois propriétaire et cultivateur loue à Nicolas Groulon son concierge, la ferme des prés avec des terres ..., moyennant la somme de 8.000 livres.
Le 3 messidor, le district de Versailles fait dresser un état estimatif de la location de la ci-devant abbaye de Marcoussis et du château dudit lieu, la ci-devant abbaye composée d'un pavillon, trois ailes en retour, grange, église... la ci-devant église avec pièce attenante servant actuellement de magasin de fourrage.
Le lendemain, le comité de salut public autorise les étrangers résidant en France dont les gouvernements sont en guerre avec la République, à retourner dans leur pays.
Le 21 messidor, le jury d'instruction publique du district de Versailles dresse un état des instituteurs parmi lesquels figure Jean Baptite Petit, âgé de 30 ans, comme instituteur à Marcoussis.
Côté national, un changement intervient par la constitution de l'an 3 : pour terminer la révolution deux conseils sont créés celui des anciens qui entérine les lois et celui des Cinq-Cents qui les propose. le suffrage censitaire est rétabli au détriment du suffrage universel .
Côté local, le 14 thermidor an 3, Jacques Lucas, Louis Noel et Jacques Noel ont acquis 8 arpents de terre au Déluge, moyennant la somme de 8.000 livres.
Le 2 sans culotide, les entrepreneurs de chevaux d'artillerie et transports militaires s'adressent au directoire de Seine-et-Oise, demandent l'état des batimens de Marcoussis, propriété nationale et qu'il faut réparer.
Le 28 vendémiaire an 4, Jean Maitrejean, officier municipal, se transporte au dépôt de chevaux pour constater la mort d'un employé Jean Sauvanot âgé de 67 ans... suit l'inventaire des maigres biens du défunt.
Notons le 3 brumaire, l'ouverture du premier registre des divorces à Marcoussis.
Le 12 brumaire, Armand et sa soeur Flavie Puységur demandent le partage avec la Nation, on en arrive à un projet d'arrêté.
À la même époque, les municipalités ont vécu, nous passons maintenant à une administration cantonale, et Marcoussis dépend de Palaiseau. Sont nommés Cantien Richée agent national, Jean Jacques Mousseux adjoint, et commes assesseurs du juge de paix, Jean Dupré, Jacques Petit le jeune, Pierre Lambert fils, et Pierre Vauglin.
En brumaire, relevons le paiement à la recette de Longjumeau de 107 livres dues par Peuvrier pour la location d'un petit pavillon et d'un petit jardin dépendant des ci-devant Célestins adjugés en pluciose an 2.
Le 14 frimaire, le ministre des finances examine la contribution foncière de l'an 3, payable moitié en assignats moitié en grains... Les assignats ont vécu.
Deux jous après, les charretiers du dépôt de Marcoussis écrivent au commissaire des guerres: citoyen, la disette est immense, nous avons demandé au chef du dépôt, un local pour un cantinier pour préparer à manger, ... nous nous trouvons privé de nourriture... Le citoyen Dormois a engagé le citoyen Moutard, traiteur et locataire, ce dernier a refusé en raison de l'augmentation des denrées de bouche... signé par 17 charretiers.
La même semaine, le citoyen Boudier règle pour Gabriel Leroy 200 livres pour une année de Jouissance de 37 perches de pré provenant de la ci-devant cure de Marcoussis.
Le 18 frimaire, le propriétaire du Déluge répond au citoyen Moussu, adjoint municipal de Marcoussis, qu'il lui est impossible de fournir au magasin de Versailles la quantité de 40 quintaux de paille. Son fermier quitte la ferme tant en raison de son mauvais renom qu'à cause de son défaut de paille...
Trois jours après, une lettre du président de l'administration de Seine-et-Oise aux membres de l'administration de Palaiseau mentionne une contribution foncière en nature à verser au magasin militaire de Versailles. La république demande maintenant des règlements concrets.
La même semaine, le président de l'admistration du département de Seine-et-Oise écrit aux présidents des administrations cantonales de faire appel aux citoyens aisés qui doivent prêter une portion de leur fortune... il s'agit de l'emprunt forcé décrit en détail; les contributeurs aisés des cultivateurs et des vignerons...(une demande aux citoyens que l'on utilise encore de nos jours!).
Le 2 nivose, le président de l'administration du canton de Palaiseau écrit à son homonyme de Seine-et-Oise qu'il lui est impossible de former l'organisation de son canton... À Marcoussis, l'agent national et l'adjoint ont démissionné, en conséquence le citoyen Potron a été nommé agent temporaire et comme il est commandant de la garde nationale il a opté pour cette dernière place; il a ensuite nommé le citoyen Hacot, celui-ci refuse par ce qu'il n'est pas assez instruit, qu'il ne sçait pas lire... Signé Macé Baigneux... La révolution entre dans une phase de méfiance.
Le lendemain, le Conseil des Anciens (institué par la constitution de thermidor an 3), déclare que les assignats provenant de l'emprunt forcé seront barrés par les percepteurs et brûlés à Paris, également ceux provenant de la vente des biens nationaux. C'est la fin de la monnaie de singe et de l'enrichissement des opportunistes.
À suivre...