La Révolution à Marcoussis (6) 1796 (nivose an 4- nivose an 5)
Cette chronique est le sixième volet concernant la période révolutionnaire à Marcoussis. Reprenons notre récit chronologique au début de 1796.
J.P Dagnot - Octobre - 2014
Extrait du plan terrier de Marcoussis.
Pour tenir ses engagements, en nivôse an 4, le citoyen Lhomme, officier de santé, rembourse une prime de 6.350 livres en assignats, reçue de la Nation, en raison de l'achat de la ferme de l'Hôtel Dieu; les bénéficiaires sont une cinquantaine d'acheteurs, pour les 88 arpents vendus. En final, Lhomme et son épouse ont conservé une dizaine d'arpents ainsi que les bâtiments de la ferme.
Le 23 nivôse, le conseil des Anciens, donne des directives pour célébrer la juste punition du dernier roi des Français, dans toutes les communes... discours, serment des représentants du peuple qui jureront haine éternelle à la royauté ... Combien de temps durera cette rancune?
Fin nivôse c'est le dernier jour où les assignats peuvent être utilisés à raison de 100 contre un.
Le premier pluviose, les membres composant le conseil d'administration se sont réunis pour célébrer l'anniversaire de la juste punition du dernier roi des françois, ... pour Marcoussis point d'agent, Mousseux adjoint absent pour cause de maladie, ..., comme fonctionnaires publics salariés, ... Marcoussis, Boudier notaire, Arranger garde magasin du dépôt, Lhomme officier de santé, Lamarche préposé aux achats, Dormois chef du dépôt, Jean Baptiste Petit, instituteur, absent, ..., lesquels ont prononcé haine à la royauté, ..., il a été procédé ensuite à la nomination d'un agent et d'un adjoint dans la commune de Marcoussis sur la démission du citoyen Potron agent et Mousseux adjoint, l'administration a nommé le citoyen Boudier agent et le citoyen Lhomme adjoint temporaire, lesquels ont accepté... Boudier et Lhomme connaissent les ficelles pour être à l'affut d'affaires juteuses et en prime être rétribué comme fonctionnaires.
Le 19 pluviôse, à la requête de Marie Crécy, fermière de la ferme des héritiers Esclignac, le notaire de Marcoussis organise par voie d'affiche, la vente de la pêche du poisson de l'étang au plus offrant et dernier enchérisseur. L'adjudicataire, Louis Lamy, marchand épicier de Versailles, a obtenu le marché moyennant 6.350 livres.
Notons toujours en pluviôse an 4, le citoyen Jacques Récamier, négociant, demeurant à Paris rue du Mail, baille à loyer pour neuf années au citoyen Charles Boudinet, cultivateur demeurant à Beauvert, un demy arpen de friches au lieudit le cimetière du Déluge, tenant d'un côté du levant en pointe, d'autre du couchant et d'un côté du nord au bois du citoyen Laideguive et d'autre au midy au chemin pavé de Versailles à Dourdan, à charge de le défricher et moyennant trois septiers de pommes de terre en la maison du Déluge. Cet acte permet d'affirmer qu'un cimetière très ancien a existé dans la commanderie, probablement avant la guerre de Cent Ans, qui, non utilisé et non désacralisé durant plusieurs siècles, est devenu une friche.
L'emprunt forcé de l'an 4 est l'objet de rectificatifs et de nombreuses réclamations, passons sur ces dernières et relevons la liste des intéressés divisés en deux parties:
1°) ceux sans modération, Charles Arranger 2.000 frs, Augustin et François Dubois 6.000 frs, François Perroud 4.000 frs Louis Roch 5.000 frs, Nicolas Minot 800 frs, la veuve Renoult 6.000 frs, Claude Paupe 1.800 frs,
2°) ceux avec modération, Pierre Charlemagne Lhomme 500 frs, Pierre Retourné , François Cornu , François Groulon, Jean Petit le jeune, Charles Cornu le jeune, Etienne Mouton, François Petit, ces derniers 50 livres.
Le premier germinal an 4, le citoyen Boudier, agent de la commune de Marcoussis dit que le citoyen Sébastien Lenoble exerçoit dans sa commune les fonctions de son culte; compulsion faite du registre de la commune, il a été reconnu qu'il avait pleinement satisfait à toutes les lois relatives aux fonctionnaires publics. L'ancien curé de Marcoussis a prêté tous les serments et de ce fait est considéré comme fonctionnaire avec retraite.
Le 8 floréal, Armand et Elizabeth Puységur réclament toujours leurs biens indivis avec la nation...
À partir de cette période, les biens religieux vont faire l'objet d'adjudications:
- Le 29 floréal, extrait du registre des délibérations de l'administration centrale du département, son directeur s'est fait présenté la soumission du citoyen Etienne Chainot pour la ci-devant église et la maison conventuelle des Célestins avec neuf arpents de terre clos de murs contenant les bâtiments.
- Le 2 prairial, Louis Etienne Boudier, soumissionne 500 frs pour le presbytère, jardin et 30 perches de pré, ladite somme payable en mandat territorial (nouvelle monnaie remplaçant l'assignat).
Le même jour, une soumission est présentée pour l'adjudication du baillage par les héritiers Esclignac, la valeur locative est estimée à 334 livres d'apès la matrice des rôles.
En messidor, le citoyen Dormoy, chef du dépôt est surpris de voir des scellées sur trois portes du dépôt.
Le même mois, une expertise du presbytère est établie et représente 3.566 livres.
Le 11 messidor, extrait des délibérations de Palaiseau, l'aasemblée aborde la fête de l'agriculture, le président a dit que cette fête approchoit et qu'il convenoit de désigner un agriculteur pour les représenter...
Le lendemain, le percepteur des contributions de 1793 certifie que les maisons, bâtiments, cour, jardin, prés, qui composent la ci-devant cure de Marcoussis, compris au rôle 84, sont imposés 39 livres. Signé Lambert certifié par Lhomme. Cet acte va permettre de valoriser le lieu.
Le même jour, un document intéressant le même lieu est rédigé par Lhomme adjoint municipal. La totalité du presbytère soumissionnée par le citoyen Boudier n'étoit pas affermé en 1790 mais occupé par le ci-devant curé du lieu, que depuis deux ans il a été occupé par la municipalité et ensuite pour le logement d'un instituteur qui vient d'être supprimé par le dernier règlement du département concernant les lieux des écoles primaires.
Toujours en messidor, l'agent communal Boudier lève les scellées du dépôt. Quelle en était le motif?
Le 15 messidor, Lhomme adjoint municipal écrit au directoire pour certifier, qu'une petite chambre, les pressoirs et 15 arpents de friches faisant partie du petit parc saisis sur les héritiers Esclignac, ne sont point affermés la petite chambre étoit occupée par le corps de garde et les pressoirs à vin régis par la république. Associé à ce document suit l'estimation du revenu de ces biens soit 321 livres.
Le même jour, Lhomme fait le point pour le baillage, loué à Charles Arranger, marchand, ainsi que l'estimation des revenus, la maison 300 livres et le jardin 34.
Encore le même jour, Boudier fondé de procuration des héritiers Esclignac soumissionne pour acquérir le potager et sa maison.
Deux jours après, Marin Angiboust obtient un certificat de résidence nécessaire pour toucher sa pension de retraite.
Le premier thermidor, le bureau des charois écrit à Dormoy, inspecteur au dépôt de Marcoussis, que la culture de l'escourgeon qu'il a faite doit être consacrée au vert des chevaux de la république. Curieusemment, l'administration cantonale prend le contrepied et va jusqu'à dire qu'il n'y a plus de chevaux au dépôt.
La semaine suivante, Louis Boudier, notaire à Marcoussis, se voit adjuger la maison presbytérale moyennant 3566 livres.
Le 8 thermidor, devant un notaire parisien, Louis Roch vend à Pierre Simonard une maison de chef (Déluge) avec ses meubles, une maison servant de ci-devant chapelle... avec 87 arpents en plusieurs pièces moyennant 150.000 livres
La semaine suivante, l'administration cantonale reçoit une lettre d'un commissaire parisien des dépôts de charois, s'étonnant que Palaiseau veuille faire vendre l'escourgeon destiné aux chevaux malades, ...
Toujours en thermidor, Etienne Boudier fait constater devant notaire qu'il a agi pour Jean Baptiste Septier, employé à l'artillerie, afin d'acquérir le presbytère.
Le 22 thermidor, le bureau des charois via le ministre de la guerre écrit aux administrateurs du département pour préconiser le dépôt de Marcoussis aux chevaux malades où se trouvent encore tous les ustancilles, et qu'il a fait réparer 20 thoises de chemin pour ce projet.
Fin thermidor, les bâtiments du Déluge font l'objet de partage entre Matton et Récamier ( Julie future amante de Chateaubriant).
Le 13 fructidor, cette fois il s'agit du baillage, Louis Boudier agissant pour les héritiers Chastenay Puységur, soumissionne pour l'acquisition du lieu.
Trois jours après, en exécution des instructions du ministre de la guerre, un courrier mentionne que le dépôt de Marcoucy, dont le local qui a appartenu aux Célestins, a servi ensuite d'écuries et affecté à l'établissement d'une infirmerie encore garnie de tous les ustanciles et n'est point occupée en ce moment ...
Le 2e jour complémentaire de l'an 4, une estimation du baillage est rédigée à la demande de Boudier, représentant 5.400 livres de revenus.
En brumaire an 5, une expertise du pressoir et de friches au petit parc est réalisée: François Coispeaux charpentier désigné par Boudier représentant les héritiers Esclignac, les pressoirs consistent en deux corps de bâtiment formant équerre de 34 x 22 pieds, ledit bâtiment distribué en emplacement de pressoir et chambre d'habitation en moyen état, deux pressoirs à vin dont l'un hors d'état de servir, terrain devant de 9 perches ...
Le 21 brumaire, l'ancien presbytère de Marcoussis soumissionné par Boudier est revendu par Jean Baptiste Septier au citoyen Lhomme officier de santé moyennant 1.500 livres francs deniers payé comptant en louis d'or ...
Notons dans un état financier de la commune que le corps de garde est logé aux pressoirs et est loué par les héritiers Esclignacs et la Nation.
Relevons fin frimaire, lors d'une séance du conseil municipal de Palaiseau, l'agent Boudier propose ses services pour dresser la matrice des rôles de contributions de deux fermes adjugées entre plus de 150 propriétaires. Où l'art de suggérer des prestations à son profit. Durant la même séance, sont examinées les pétitions des citoyens Puységur et Juliard:
- le premier propriétaire indivis avec la république du domaine de marcoussis, que ce domaine rapporte annuellement21.042 livres sur lesquelles est à déduire 2.400 livres tant pour l'appointement des trois gardes bois que l'entretien des bastiments de la ferme du baillage et de la maison du potager, rest des revenus 18.400 livres que les citoyens Puységur frère et soeur sont imposés au rôle des contributions foncières de l'an 5 à la somme de 9575 livres ce qui dépasse le quart prévu par la loi.
- Les héritiers Juliard propriétaires de la ferme du chêne rond, pour un revenu de 1545 livres sont imposés pour la somme de 689 livres...
Le citoyen Lhomme est nommé commissaire pour régler le taux d'imposition des intéressés...
À suivre...