La Révolution à Marcoussis (6) 1797 (nivose an 5- nivose an 6)
Cette chronique est le septième volet concernant la période révolutionnaire à Marcoussis. Reprenons notre récit chronologique au début de 1797.
J.P Dagnot - Octobre - 2014
Sceaux de l'époque révolutionnaire.
Le premier pluviôse an 5, devant un notaire de Soissons, le citoyen Armand Jacques Chastenet Puységur, lequel constitue son procureur le citoyen Louis Etienne Boudier notaire public à Marcoussis, pour le représenter et acquérir la maison appelée le baillage, les pressoirs et friches du petit parc, ainsi que le potager...
Notons le 3 pluviôse dans les charges locales de l'an 4, 67 livres pour la confection du rôle des contributions foncières 67 livres et 40 livres pour le loyer du corps de garde. Cet acte confirme que la municipalité loue le bâtiment vis à vis le baillage aux héritiers Esclignac et à la Nation.
Le lendemain, Louis Etienne Boudier constate le décès de Pierre Alexandre Charmagne Lhomme, officier de santé, âge de 35 ans. C'est la fin de cet officier de santé plus intéressé par les bonnes affaires que par son métier, et qui à chaque période a su être au bon endroit: agent national, agent municipal à Palaiseau...
Le 12 pluviôse, les administrateurs du département de Seine-et-Oise, vendent à toujours au citoyen Armand Chastenet Puisegur, demeurant à Buzancy, trois cinquièmes appartenant à la République dans deux corps de bâtiments contenant pressoir, chambre d'habitation et un terrain dans le petit parc contenant 15 arpens clos de murs... Le même jour, les mêmes intéressés procèdent de façon identique pour une maison et jardin potager avec terrain de cinq arpens... Enfin, la même démarche avec la maison dite du ci-devant baillage et le jardin attenant... Armand Puységur est enfin propriétaire de ces lieux qu'il partageait avec la Nation.
Relevons le 16 pluviose, un acte de décès de la commune de Marcoussis permet d'affirmer que Boudier est agent municipal de la commune.
Le premier ventôse, l'administration cantonale de Palaiseau, décide que pour recouvrer les contributions par les percepteurs, il leur sera alloué si nécessaire des garnissaires... pour Marcoussis Louis Arnoud Richard est nommé. Un garnissaire est celui qui habite provisoirement chez celui qui n'est pas à jour des ses impôts et à qui il doit lui assurer gîte et couvert.
La semaine suivante, Julie Matton (dite madame Récamier) épouse Jean Bernard, l'un des receveurs des impositions du canton de Paris, laquelle vend à André Christy, au Déluge, la maison de chef... la grange servant autrefois d'église... terres ,.... moyennant 14.000 frs en numéraire métallique ...
Nous arrivons en floréal, Armand et Louise Puységur, écrivent à l'administration cantonale de Palaiseau, propriétaires en indivis avec la nation du domaine de Marcoussis exposent que le mur du parc a été entièrement construit à neuf durant les années 1789-1790, que les intempéries et quelques personnes mal intentionnées ont pratiqué des bresches en différents endroits et y ont commis nuittamment les délits les plus atroces... demandent de faire les réparations... Signé Boudier, fondé de procuration.
Le même jour, l'administration cantonale mentionne la nomination de Charles Arranger agent et de Jean Maitrejean ajoint. Finalement on peut dire que quatre personnes ont influé l'histoire de Marcoussis: Charlemagne, Lhomme Etienne Boudier, Charles Arranger et Jean Maitrejean.
Le 19 floréal, le presbytère fait de nouveau l'objet d'une vente, la veuve de Pierre Alexandre Lhomme, demeurant à Marcoussis, cède au citoyen Louis Richard, cultivateur, la maison presbytérale ... moyennant 2.500 livres francs écus...
Notons côté local, le mariage le 8 prairial, du citoyen Jean Baptiste Petit, instituteur de la jeunesse, demeurant à Marcoussis, veuf , avec Elizabeth Manon...
La décade suivante, le conseil des Cinq-Cents vote la répartition foncière de l'an 5... payable en numéraire métallique...
Fin messidor, suite du feuilleton de la propriété des Célestins, le citoyen Charriot qui a fait en floréal une soumissission pour cette propriété avec tous les payements, s'étonne que le commissaire des guerres demande les lieux, pour de nouveau servir de dépôt des chevaux de la République, et fait observer que la maladie contagieuse y a fait de tels dégats, que ceux qui y étaient ont pratiquement tous péri...
Le 16 thermidor, les propriétaires du potager, Armand Puységur et sa soeur, baillent pour 6 ou 9 ans, à Louis Wandrille Maubert, la maison du potager avec 456 arbres fruitiers, moyennant 450 livres.
Trois jours après, nous retrouvons le citoyen Crespy vivant à Bellejame, qui est autorisé à retourner à Toul dont il est natif... et qui obtient un passeport...
Le 3 fructidor, a lieu enfin l'adjudication au rabais pour faire les réparations du mur du grand parc, le citoyen Songeux, maçon à Marcoussis a été adjudicataire comme étant le moins offrant, moyennant la somme de 2.400 livres.
Le premier vendémiaire an 6, Sébastien Lenoble, ministre du culte catholique dans la commune de Marcoussis, prête le serment de fructidor an 5, de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la république, et à la constitution de l'an 3. Cet acte affiché dans le lieu désigné pour l'exercice du culte catholique de la commune de Marcoussis.
La quinzaine suivante, le citoyen Marc Meteyer demeurant à Linas est dans l'intention d'acquérir:
- 100 arpens de bois à Marcoussis provenant des ci-devant Célestins
- les bastimens enclos de la maison conventuelle desdits, contenant 10 arpens,
- 162 arpens de bois provenant du ci-devant ordre de Malthe
L'administration répond que la maison est aliénable contrairement aux bois qui ne le sont pas.
Le 2 brumaire, le citoyen François Morand, demeurant à Paris déclare qu'il est dans l'intention d'acquérir la maison ci-devant abbaye, avec 10 arpens provenant des Célestins. Le document mentionne la soumission précédente.
Le 19 brumaire, Joseph Martin, âgé de 38 ans, pensionné de l'état demeurant à Versailles d'une part, et Marie Joseph Carbonnet, âgée de 34 ans, domiciliée à Marcoussis, ... se prennent pour époux. La veuve aura attendu quelques mois avant de se remarier.
La semaine suivante, François Perroud vend à Laurent Frizon le domaine appelé Bellébat.
Sans date mais à cette époque, une enquête de la police des cultes, mentionne Sébastien Lenoble, 68 ans, célibataire, exerce ses fonctions dans un édifice public; est astreint à la constitution civile du clergé, a prêté ce serment, a fait la déclaration ordonnée par la loi du 19 fructidor, n'a point été condamné, on ne se plaint pas de sa moralité ni de ses principes. De cette enquête on est enclin si l'on se réfère au fichier STAES, à croire quil exerce le culte catholique à Marcoussis? Ce qui est probable c'est que l'ancien curé a satisfait aux demandes de la République pour percevoir une pension. Toujours extrait du même fichier Lenoble ex-curé de Marcoussis y demeurant en l'an 6.
Le 13 frimaire, Marguerite Crécy, veuve Renoult se plaint à l'administration centrale de Palaiseau, fermière de la grande ferme de Marcoussis par laquelle elle expose que son exploitatation est d'environ 330 arpents en terre labourable auxquels elle joint 16 arpents de pré et qu'elle est propriétaire d'un troupeau de 250 bêtes à laine, qu'elle porte à 500 à la saison du parcage. qu'elle est dans l'intention de enoncer à son droit de vaine pâture établi par l'usage établi en 1791, . Qu'elle est portée à cette résolution par l'abus que le citoyen Minot, cultivateur de la ferme du chêne rond, fait journellement à la tête d'une exploitation de cent arpents au lieu de régler le nombre de ses bêtes à laines sur ses propriétés, entretient dans sa ferme un troupeau très considérable qu'il envoie journellement paturer sur les terres de la commune... L'administration demande à l'agent de Marcoussis de lui faire un rapport sur cet usage...
Pour terminer cette chronique notons le 22 frimaire, le président de l'administration cantonale de Palaiseau écrit au président de l'administration centrale du département, concernant l'aliénabilité de la maison conventuelle des Célestins, que cette dernière n'est plus destinée à un service public et que les bois des Célestins et de l'ordre de Malthe de masse 2.000 arpens ne peuvent l'être. Cette réponse est faite en raison d'une demande de la section des ventes des domaines nationaux.
À suivre...