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La Révolution à Marcoussis (7) 1798 (nivose an 6- nivose an 7)

 

Cette chronique est le huitième volet concernant la période révolutionnaire à Marcoussis. Reprenons notre récit chronologique au début de 1798.

 

J.P Dagnot - Octobre - 2014

 

Extrait d'une vue de la collection Gaignières.

 

Le 18 nivôse an 6, l'agent de la commune de Marcoussis répond à la demande de l'administration concernant l'usage du droit de vaine pature qui de tout temps a été d'une tête et demi par arpent. L'administration demande à la citoyenne Crecy et au citoyen Minot de se conformer à cette usage. Lors de la même séance, on rappelle la cérémonie de la juste punition du dernier roi des français...

Le 2 pluviôde, la citoyenne de Bullion ci-devant propriétaire du domaine de Bellejame, laquelle laquelle est imposée au rôle des contributions mobiliaires pour l'année 1791 à la somme de 395 livres et à celle de 407 livres pour l'année 1792, qu'elle n'a pas acquitté au percepteur attendu que c'est un double emploi vu qu'elle a été imposée à Paris, lieu de sa résidence ... L'administration reçoit sa demande.

En fin de mois, la flèche de l'église des Célestins va enfin être déposée: l'agent de la commune de Marcoussis, pour faire disparaître les signes extérieurs du culte catholique, a employé le citoyen Gagneur couvreur de Paris, lequel a démonté la croix du clocher du ci-devant couvent des Célestins, qu'il a été obligé d'échafauder ne pouvant faire autrement, et qu'il demandait 400 frs pour ce travail, somme que la municipalité considère trop forte.

 

Extrait du plan de l'ouvrage de Malte Brun.

 

Le 17 ventôse, Pierre Boete, cultivateur, expert nommé par l'administration centrale du département, fait la prisée et estimation des bâtiments, cours et jardin, composant la ci-devant maison des Célestins. Accompagné du commissaire du directoire, ils demandent qui occuppe ladite maison, un journalier répond le citoyen Edmé Dormoy, ancien chef de dépôt de chevaux; le journalier nous a montré les lieux:
- la ci-devant église mesure 96 pieds de long sur 34 pieds de large, sur icelle une flèche, le tout couvert en ardoises et tuiles, lesquelles estimées 2.600 livres,
- item un grand corps de bâtiment, appliqué en une écurie, chambre et corridor sur icelle de 68 thoises de face couvert de thuilles, valant 4.300 livres,
- item une grille de fer adossée lelong des bâtiments sus nommés de 42 pieds de long évaluée 1.800 livres,
- item bâtiments de 34 thoises de long vue sur cour et face à un abreuvoir appliqué par bas en écurie et par haut en chambres et corridors évalué 1.480 livres,
- item un puits dans la cour muni d'une potence estimé 30 livres,
- item un autre bâtiment donnant face à un abreuvoir et potager de 32 thoises de long estimé 1.550 livres,
- item deux granges dont une à bled, l'autre à avoine, appliqué en écurie, de 19 thoises de long en très mauvais état valant 1302 livres,
- item un ancien bâtiment servant de lessiverie actuellement en écurie et chambres en très mauvais état de 12 thoises de long estimé 406 livres,
- ...
- dans une autre cour une écurie de 30 thoises de long estimée 1.160 livres,
- item un enclos de 5 arpents à côté de l'église estimé 3.000 livres,
- item autre clos en mauvais état contenant 8 arpents estimé 4.800 livres,
Aux archives municipales, nous avons rec
onnu par la matrice des rôles de 1791, que l'ensemble était estimé à un revenu de 1.241 livres.

Notons, que dans toutes les communes a été célébré le 30 ventôse, la feste de la souveraineté du peuple par les agents et adjoints...

Le premier germinal, les citoyens de l'assemblée primaire et communale des communes de Bures, la Ville-du-Bois et Marcoussis, composant la deuxième section du canton, assemblé au lieu ordinaire de Marcoussis, 57 votants élisent Macé de Baigneux président, qui a prêté serment de haine à la royauté, à l'anarchie ; ensuite un nouveau tour de scrutin pour nommer trois électeurs, Charles Arranger, François Potron et Jean Boullanger ... Vu le nombre de votants le lieu d'assemblée est probablement l'église.

Le 4 germinal, il est question du Déluge, Françoise et Eugénie Gourgaud lesquelles vendent à Jean Baptiste Senaire, huissier de justice, un domaine appelé le Déluge composé d'une maison de chef, ..., chapelle, avec les meubles, moyennant le prix et somme de 18.000 frs en numéraire métallique...

Le 26 germinal, l'admistration cantonale procède à la nomination des agents et adjoints, à savoir pour Marcoussis, François Petit dit Michoton, agent, et Charles Arranger, adjoint. Le même jour, les experts nommés pour chiffrer la descente de la flèche des Célestions estiment le travail à 310 frs.

Le 8 Floréal, Armand et Louise de Puységur, demandent à l'administration centrale du département de procéder au partage de la terre de Marcoussis. Cette demande aboutira le 28 prairial.

Fin floréal, le citoyen Etienne Charriot consigne 15.125 livres pour l'église, la maison conventuelle et neuf arpents provenant des Célestins de Marcoussis.

Le 17 prairial an 6, la citoyenne Marguerite Crécy, demeurant en la ferme du domaine de Marcoussis, d'une part, et Jean Amelin, marchand de mouton, pourvu d'une patente et demeurant à la Brosse à Janvry, d'autre part, lesquels ont arrêté ce qui suit, la veuve Renoult, fermière, loue pour un an le droit de faire paturer, avec les bergeries de la ferme et un grenier pouvant acceuillir 600 bottes de foin; ledit Amelin s'oblige à parquer 300 moutons; ce marché fait moyennant 200 frs.

Le même jour l'ex-curé Lenoble obtient une procuration en brevet comme rentier de l'état.

Le 23 prairial, deux adjudications ont lieu à Versailles:
- 33 hectares de bois au Ménil Forget;
- la maison conventuelle des Célestins.

Le 27 prairial, le citoyen Laurent Frizon, ancien administrateur des subsistances militaires, demeurant à Paris sixième arrondisement, ce jour en sa maison de Belébat, lesquel vend à Jean Frizon, notaire à Thaliauvillain, département de l'Isère, le domaine de Pachoudières à Ecloses... Le couple vient finir ses jours en région parisienne.

Le lendemain, Armand et Flavie de Puységur rappellent leur pétition pour exécuter la loi de du 13 ventôse pour obtenir la jouissance provisoire du domaine de Marcoussy, leur appartenant par indivis avec la république, Armand et sa soeur chacun pour un cinquième, la nation pour le reste venant des émigrés; l'administration acquiesce à leur demande en faisant procéder à l'inventaire des meubles, de faire cinq lots par experts et de les tirer au sort.

Le même jour, le citoyen Dormois, chef du dépôt des convois militaires établi dans la maison conventuelle des Célestins, déclare que depuis l'évacuation des chevaux, il a été chargé par les commissaires de guerre de Versailles à prendre soin de ladite maison, et en rester gardien jusqu'à ce que le gouvernement en dispose; il a été autorisé à labourer et ensemencer le terrain; compte tenu de la vente desdits lieux, il demande à l'administration de lui laisser faire la récolte ...

Le 21 messidor, Charles Arranger, expert nommé par l'administration du département et François Coispeaux expert nommé par Armand et Flavie Puységur, en présence d'un commissaire du directoire, procèdent à l'estimation du domaine de Marcoussis; les meubles du château et du Baillage ont déjà été vendus; la masse des biens :
- article 1, le château, ... en très mauvais état,... un jardin potager avec l'ouverture d'une cave tant sous le chemin que dans le grand parc, une pièce de prés de quatre hectares, estimés le château 12.000 frs, le jardin et les prés 5.000 frs,
- article 2, corps de ferme, et jardin, estimés 7.554 frs,

- articles suivants terres ...

Le 22 messidor, notons une lettre de l'administration centrale à l'administration cantonale disant que Marcoussis a adressé une pétition au corps législatif pour etre distraite de son canton pour être rattachée à Montlhéry, plus proche sans mauvais chemin, ...

 

Extrait du plan d'intendance.

Trois jours après, relevons un courrier du citoyen Charriot qui a fait une soumission pour le couvent servant de dépôt et disant qu'il vient d'apprendre avec surprise que cette propriété est demandée par les commissaires des guerres de Versailles pour servir de nouveau dépôt de chevaux de la République. Je vous fais observer que cette maison a servi d'infirmerie auxdits chevaux, que la malladie contagieuse pour ces animaux y a fait un tel ravage que presque tous ceux qui y étoient ont péri que la force de ce mal étoit telle que les écuries qui sont en cette maison sont toutes gâtées... Le soumissionnaire dénigre les lieux afin de pouvoir être retenu acheteur.

Le 27 messidor, adjudication de la maison conventuelle, parmi les enchérisseurs relevons Boudier 1.000.100 frs, Arranger pour 1.143.000 frs, enfin les adjudicataires les citoyen Joseph Boutron et Jean Donnat pour 1.170.200 frs. Nous voyons ainsi de nouveau les deux premiers enchérisseurs essayer d'obtenir un bien dépassant leurs moyens.

Le 14 thermidor, l'ex-curé Lenoble déclare à la municipalité de canton, je soussigné, ministre du culte catholique à Marcoussis, cy-devant curé dudit lieu, y résidant , déclare que je n'ai point rétracté mes serments, lesquels j'ai prêté sans exception, et que je n'ai reçu que ma pension comme démissionaire de la cure.

Le mois suivant, l'administation du canton au travers des citoyens Arranger et Coispeaux disent que pour faire droit à la pétition d'Armand et Louise Puységur, visant à la liquidation et partage du domaine de Marcoussis, duquel il résulte que:
- les meubles du château et du Baillage ont été vendus,
- la masse des immeubles s'élève à 425.182 frs,
- de cette masse les experts ont composés cinq lots,
- cinq billets ont été mis dans un vase, le premier lot échu à Armand Puységur, le second à Elizabeth Puységur, les trois autres lots sont restés à la nation.
Le premier lot comprend la ferme avec des terres, le second lot comprend le grand parc, des terres, le grand étang, le pavillon de chasse, le troisième le château, le quatrième la Ronce et des terres, le cinquième des terres.

Le 21 fructidor, le citoyen Jacques Ménard réclame le paiement d'une année de gages comme gardien de la maison du ci-devant couvent des Célestins, posé en cette qualité par le citoyen Dormois, chef du dépôt militaire, à raison de 20 sols par jour. Le conseil déclare que ce gardien doit être payé par les autorités militaires.

Le 15 vendémiaire an 7, Etienne Leblond entrepreneur de ponts et chaussées à Senlis rappelle qu'il s'est constitué caution des citoyens Bontron et Donnat, pour 26.235 frs en numéraire restant dû du prix de l'adjudication, laquelle somme se trouve réduite à 1.178.878 frs de bons de deux tiers et trois quarts suivant le cour de la bourse de Paris à raison de 2,26 %... On voit que les assignats ont été remplacés par des bons valant 50 fois moins.

La semaine suivante, une pétition des citoyens Boutron et Donnat, adjudicataires du ci-devant couvent des Célestins, exposent qu'ils ont payé la partie en numéraire du prix de leur adjudication et qu'ils offrent de déposer un certificat de dépôt de titres afin d'obtenir la mise en possession du domaine, ... vu trois certicifats, l'un de Donnat entrepreneur des ponts et chaussées demeurant à Longjumeau, créancier de la République d'une somme en numéraire de 290.470 frs , le PV d'adjudication du 24 prairial au profit de Boutron et Donnat d'une somme de 1.170.000 frs, une quittance du 5 thermidor disant qu'ils ont réglé la partie en numéraire, un acte sous seing privé du 16 fructidor, disant qu'Etienne Leblond, entrepreneur de travaux des ponts et chaussées à Senlis se rend caution des pétitionnaires pour raison des sommes qu'il reste devoir... qu'en conséquence ils doivent être mis en possession dudit domaine.

Le 15 brumaire, Armand et Flavie Puységur lesquelles parties font entre elles les échanges qui suivent:
- Armand cède à sa soeur les quatre cinquièmes du Baillage, également d'une maison sur la place du carrefour,
- Flavie cède le cinquième du potager, également les pressoirs et des terres.

Le lendemain, Armand vend à Charles Lepelletier d'Aunay, son beau-frère les pressoirs moyennant 2.100 frs. Également à Laurent Frizon, une maison appelée le potager moyennant 6.300 frs.

 

Extrait plan napoléonien de 1809.

 

Le 19 brumaire, le citoyen Jean Dieudonnat, après son acquisition du couvent revend:
- à Jacques Lucas une maison composée de deux travées chambre et grange au rez-de chaussée greniers au dessus moyennant un bail à rente de 100 frs,
- à Gabriel Leroy, vigneron, une maison composée de quatre chambres,..., avec l'usage d'un puits, moyennant un bail à rente de 100 frs.

Le 4 frimaire, après le potager Laurent Frizon rachète à la veuve Carbonnet les bâtiments de la ferme de l'Hôtel Dieu composés de septs espaces ... cette vente faite moyennant le prix de 5.000 frs.

La semaine suivante, l'administration cantonale certifie au citoyen Lenoble, ministre du culte catholique, demeurant à Marcoussis, qu'il réside en France depuis 1792 juqu'à présent sans interruption, qu'en conséquence il n'est point émigré et n'a point été détenu pour cause de suspicion ou de contre révolution... suit son signalement taille cinq pieds, cheveux et sourcils noirs, ...

Le 20 frimaire, les citoyens Lambert et Muny, percepteurs des contributions directes, demandent la nommination d'un garnissaire afin de faire rentrer les sommes dues par les contribuables, et présentent le citoyen Cantien Mouton, connu par sa moralité.

Terminons par le renouvellement du serment du citoyen Lenoble le 2 nivôse.

À suivre...